Le travail d`un enquêteur est le cœur qui fait vivre le secteur de la

Le travail d’un enquêteur est le cœur qui fait vivre le secteur de
la pêche
Il est près de 11h, le soleil tape très fort sous le ciel d’
Antsahanibingo, un petit village de pêcheur de Majunga,
situé à près de 12h de route de la capitale de Madagascar.
Razafindralaza Vincent Fleurys attend patiemment depuis le
matin l’arrivée des pêcheurs dans leur formidables bâteaux
qui sont juste poussés par le vent car dans cette région du
pays, les pêcheurs n’utilisent pas les moteurs. Fleurys est
un enquêteur de l’équipe du Ministère de la pêche et des
Ressources Halieutiques qui est chargé de collecter les
données sur la pêche au thon.
Le thon présente un intérêt non seulement social mais
également économique dans cette partie du sud-ouest de
l’océan Indien. Pour les Seychelles par exemple, le secteur
thonier est même un élément clé du secteur économique du
pays.
Le thon est un des poissons qui parcourent de longues
distances,
contrairement aux autres types de poisson
comme le rouget ou le mérou qui ne sortent pas des eaux
territoriales malgaches. C’est pour cela que sa gestion, tout
comme son exploitation doit se faire au niveau régional.
En 2010, les pays membres (près de 31 pays) de la
Commission thonière de l’océan Indien (CTOI) , y compris
Madagascar, a adopté les résolutions qui demande à ses
pays membres de fournir chaque année des données sur les
captures, l'effort, et les distributions de fréquences de
longueurs de thons, des thonidés et des autres prises
accessoires de la pêche, en particulier les requins pélagiques. Le Programme SmartFish, mis
en œuvre par la Commission de l’océan Indien (COI) conjointement avec la FAO a organisé
une formation visant à renforcer les compétences des statisticiens, des enquêteurs et des
administrateurs centraux du ministère de la pêche à Madagascar, sur les fonds de l’Union
européenne. Cette formation a regroupé les 13 régions marines (sur 22 régions) de
Madagascar et a pour but sur le court terme de restaurer la banque de données de la CTOI.
Fleurys est bien conscient de l’importance de son travail « c’est le cœur, le moteur qui fait
vivre tout secteur de développement dans un pays, surtout celui de la pêche ». Avec son
diplôme en agronomie, Fleurys a parcouru l’ensemble de la grande île en tant qu’enquêteur
« J’aime rester en contact avec le monde rural et avec les enquêtes, je suis bien servi »
En effet, originaire du sud-est de Madagascar, il
habite maintenant avec sa petite famille dans la
capitale pour être plus près des organismes
centraux de statistiques.
« Chaque enquête présente son lot de défis et
pour celle-ci, il faut savoir attirer et retenir
l’attention du pêcheur qui est une personne
très occupée et qui n’a pas beaucoup de temps
à nous accorder. Ce genre de savoir-faire ne
s’acquiert pas seulement dans les formations
mais aussi avec l’expérience »
En effet, à 29 ans, cela fait
bientôt 4 ans qu’il exerce le métier d’enquêteur.
Enfin, voilà quelques bâteaux qui arrivent sur la belle plage d’Atsahanimbingo, on voit Fleurys
s’affairer sans pourtant, perdre son calme et garder des yeux le contact avec les pêcheurs
« De loin, il faut très vite établir le contact car il arrive souvent que nous les suivons jusqu’à
leur logement pour pouvoir mesurer et peser les thons. Heureusement, grâce à la formation,
nous sommes à même capable d’identifier très rapidement les différentes sortes de thon car
les pêcheurs donnent souvent des noms « non repértoriés » à leur prise »
Fleurys a de la chance car aujourd’hui, il a pu trouver quelques pêcheurs, sa journée a
« rapporté ». Il en sera ainsi jusqu’à la fin du mois de mars. Ainsi, Madagascar peut espérer
améliorer significativement sa base de données sur le secteur thonier et avoir ainsi, toutes les
informations nécessaires pour prendre les décisions pertinentes qui serviront l’intérêt du
pays.
L’emploi direct généré par le traitement du thon est estimé à 1500 individus pour Madagascar
(Evert Liewes 2010)