conférences - Maison des ados de Strasbourg

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conférences - Maison des ados de Strasbourg
CONFÉRENCES
Journées nationales des maisons des ados
à Strasbourg – jeudi 16 juin et vendredi 17 juin 2016
• Serge LESOURD
est Professeur de psychopathologie
clinique Université de Nice Sophia Antipolis, Psychanalyste.
• Il est auteur du livre « Adolescences… rencontre du féminin,
Construction adolescente, Comment taire le sujet » aux éditions Erès.
Conférence I jeudi 16 juin 2016 • 15h15-16h45
I « Quand l’intime du corps apparait »
La poussée pubertaire vient réveiller ce qui s’est noué dans la toute petite enfance du plus intime
du rapport à l’autre, le lien corporel à l’autre et le plaisir qui lui est lié, mais ce réveil se joue dans
des coordonnées nouvelles qui rendent ce rapport au corps étrangement inquiétant pour le sujet en
adolescence.
De tout temps ce moment a été l’objet des préoccupations sociales et a été encadré par diverses
formes de rituels qui ordonnaient et rendaient compte des usages des plaisirs, comme le disait
Michel Foucault. Cette gestion des plaisirs régulait l’ordre social en donnant forme et limites à
l’usage de l’intime du corps rassurant ainsi le sujet en adolescence sur sa façon de vivre ce retour
de l’intime sur le devant de la scène.
La société postmoderne, celle de la libre décision et du choix individuel, laisse le sujet en
adolescence démuni de norme sociale face à ce qu’il est bon ou non de faire avec cette résurgence
de l’intime corporel et des usages possibles de ce corps nouveau dans ses rapports avec les autres.
Ce n’est pas un manque de réponse que propose la société, mais bien un trop plein de réponses,
et tout est possible jusque dans le choix de son genre sexuel qui ne dépend que du choix du sujet
le laissant ainsi seul face à ses actes et à des possibles infinis.
Face à cette absence de cadre, c’est au travers de ses actes que l’adolescent va tenter de construire
sa réponse à ce retour de l’intime qui n’est plus canalisé par l’adulte. L’addiction exprimera la
soumission à ce plaisir corporel de l’intime, comme l’anorexie dira son refus formel. L’usage des
réseaux sociaux viendra inscrire l’appel à une reconnaissance venue de l’Autre sur l’intime du sujet
présenté à son regard. Le tatouage viendra inscrire sur le corps l’histoire intime qui alors pourra
enfin faire trace et perdurer, là où les scarifications viendront inscrire dans l’intime corporel une
limite qui ne se rencontre plus dans le lien à l’autre.
I

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