Fièvre new-yorkaise pour le tandem Monoski

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Fièvre new-yorkaise pour le tandem Monoski
La Gruyère / Jeudi 3 novembre 2011 / www.lagruyere.ch
Culture
Fièvre new-yorkaise
pour le tandem Monoski
DISQUES. Couple à la ville, Floriane
Gasser et Lionel Gaillard ont profité
d’un séjour de deux ans à New York
pour monter un groupe de rock minimal et bruitiste. Rencontre avec
Monoski, dans leur salon fribourgeois.
BANDE DESSINÉE
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LE GONCOURT À ALEXIS JENNI. Le Lyonnais Alexis Jenni a remporté hier le Prix Goncourt
pour son premier roman L’art français de la guerre (Gallimard). Encore inconnu avant cet été,
ce professeur de biologie de 48 ans livre «un récit épique entre Indochine
et Algérie, qui questionne l’héritage de vingt ans de guerres coloniales»,
peut-on lire à son sujet.
CHRISTOPHE DUTOIT
DISQUES
A
u mur, de part et d’autre
de la fenêtre: à gauche,
une vieille guitare vintage (une Silvertone des
années 1960) pend au repos,
tandis qu’à droite une ancienne
affiche du Musée de l’Elysée
évoque le souvenir d’une Amérique rêvée. En contrebas, une
Gretsch White Falcon (la guitare préférée de Neil Young)
défie une alignée de vinyles
qui attendent leur tour sur un
tourne-disque hors du temps
qui trône dans l’un des coins
de la pièce. Dans leur salon en
ville de Fribourg, Floriane Gasser et Lionel Gaillard en ont
déjà laissé entrevoir beaucoup
sur leurs goûts, avant même de
raconter l’aventure Monoski à
leur hôte d’un soir.
«Entre 2007 et 2009, Lionel et
moi sommes partis à New York
pour nos jobs respectifs. Très
vite, ça nous a démangé de
faire de la musique ensemble»,
se souviennent Floriane, violoniste adepte de musiques médiévales, et Lionel, alias Husky,
connu comme guitariste de
Voodoocake ou Hubeskyla.
Lionel Gaillard et Floriane Gasser, le duo crasseux et classieux qui se cache derrière Monoski. PATRICK VERMEULEN
vue de fonder un groupe de nanas, se marre-t-elle. Avec Lionel, on a d’abord essayé en version violon/guitare. Mais ça ne
fonctionnait pas. Alors, on a
commencé à jammer avec une
batterie et une guitare…»
Crasseux et classieux
“
Des compromis, j’en fais
tous les jours au boulot. Il
n’y a pas de raison que j’en
fasse dans ma musique.
”
LIONEL GAILLARD
Ainsi, le dimanche aprèsmidi, le couple ne tardait pas à
se retrouver dans un studio de
location en plein cœur du Lower East Side, à Manhattan. «Je
m’étais mise à la batterie en
Si vous imaginez, à ce stade
de l’article, un groupe du genre
The White Stripes, détrompezvous! Pensez plutôt à un truc
bruitiste comme Sonic Youth ou
puissant comme Queens of the
stone age. Avec des grosses guitares hirsutes, une rythmique
minimale et deux voix entremêlées pour une musique crasseuse et classieuse.
Après avoir tourné à deux
dans les mythiques bars de
l’underground new-yorkais, le
groupe enregistre huit titres à
son retour en Suisse. «On a travaillé à l’ancienne, sur bandes.
Juste deux ou trois prises au
maximum, sans aide informatique. Un peu comme un appareil de photo chargé avec un
film de douze poses», raconte
Lionel. Publié en mai de cette
année, No more revelations est
un petit bijou de rock intelligent, ultrasaturé et pleinement jouissif. Et surtout, sans
concession. «Des compromis,
j’en fais tous les jours au boulot. Il n’y a pas de raison que
j’en fasse dans ma musique»,
s’excuse presque Lionel.
être réaliste, c’est très cassegueule. On ne veut pas tout sacrifier pour jouer dans un bar
minable de Minneapolis», lance
Floriane. «On connaît beaucoup
de musiciens qui ont pris des
râteaux, qui doivent donner
des cours ou jouer dans des
groupes de reprises pour survivre», renchérit Lionel.
Oui, Floriane et Lionel sont
des purs, des vrais. A tel point
que leur 33-tours a été pressé
en vinyle, à 300 exemplaires.
«Mais on vend aussi un code
pour télécharger la version numérique.» ■
«Pas tout sacrifier»
Monoski, No more revelations,
Rowboat. Infos: monoski.bandcamp.com. En concert ce jeudi
(20 h), au Rossli de Berne
Très lucides envers leur musique, les deux artistes ont
d’ailleurs choisi de ne pas quitter leur emploi respectif pour
se consacrer à leur art. «Il faut
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
Roman Dirge
LENORE
Milady
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
Reine des corbeaux
Lenore, fille illégitime d’Edgar Allan
Poe, est bien gentille, pas mauvaise
pour un sou, même si elle ne cesse de
provoquer mort et chaos autour
d’elle. Des accidents, des coïncidences. Il faut dire que Lenore est maladroite. Et aussi, qu’elle est morte.
Avec Lenore, Roman Dirge a créé
un personnage gothique, à l’humour
noir et au cynisme joyeux et touchant.
On pense à Tim Burton (La triste fin
du petit enfant huître), aux œuvres de
Jhonen Vasquez (Johnny the homicidial maniac) ou à Emily the Strange en
beaucoup plus drôle.
Cette nouvelle édition qui sort
chez le très bon éditeur Milady a
aussi l’avantage d’amener de la couleur – malheureusement très électronique – dans l’univers faussement enfantin de Roman Dirge, plein de
poupées zombies et de chatons décédés. Il existe pourtant une vraie nostalgie chez lui, avec ses valeurs inversées, mais si communes. RM
Constance
ONCE TWICE
Tôt ou tard / Disques Office
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
Da Silva in english
Drôle d’idée: Constance Amiot (qui a
laissé tomber son nom de famille) reprend en anglais La tendresse des
fous, le bijou de Da Silva, sorti en
2009, qui en a eu lui-même l’initiative.
Le résultat est déconcertant. Evidemment, comme les chansons sont magnifiques, l’album n’est pas sans
charme. Les mélodies coulent toujours avec autant de naturel et la voix
douce de Constance (qui a notamment sorti l’excellent Fairytale en
2007) leur colle parfaitement.
Cet Once twice reste très proche de
l’original. Pas question ici de relecture de Da Silva, mais d’une simple
transposition. A quoi bon? Peut-être à
balayer l’argument de ces chanteurs
affirmant que l’anglais sonne tellement mieux que le français. Franchement, «de promesse en promesse, on
ne fait que courir dans les ornières»
c’est quand même autre chose que
«and we promise and we pledge, give
our souls and try our best», non? EB
Kid Chocolat
KALEIDOSCOPE
Poor Records
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
Green Lantern,
un phare dans la nuit
BANDE DESSINÉE.
Green
Lantern, l’homme à la bague verte
qui peut matérialiser la moindre de
ses pensées, vient d’arriver sur les
grands écrans. Moins connu que
ses homologues de DC (Superman,
Batman…), il est pourtant l’une
des bases du monde superhéroïque.
Mais son origine est bien dessinée et sa «renaissance» est due au
scénariste Geoff Johns. Dans la
guerre éditoriale qui oppose DC et
Marvel (Spider-Man, X-Men…), il
a redonné l’avantage au premier.
Sans posséder l’imagination littéraire ou alambiquée d’Alan Moore
ou de Frank Miller, Geoff Johns est
capable de mettre efficacement en
scène de solides histoires, lisibles,
sans fioritures. Assez pour en faire
la star actuelle du comic américain.
Son règne a commencé en 2004
justement avec Green Lantern,
lorsqu’il a redonné vie à Hal Jordan. Ce nouveau point de départ,
republié aujourd’hui en version «de
luxe», constitue un excellent point
d’entrée dans l’une des sagas les
plus rafraîchissantes de ces dernières années.
Saga qui continue de plus belle
avec le grand événement orchestré
par Geoff Johns et intitulé Blackest
night/brightest day. Pour voir comment une énergie noire s’est répan-
due dans l’univers, relevant les morts et les
chers disparus. Rien
de vraiment innovant,
mais diablement efficace et cosmique. RM
Geoff Johns et Ethan van
Sciver, Green Lantern,
Renaissance, Panini
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
Peter Tomasi et Patrick Gleason, Green Lantern Corps,
Blackest Night, Panini
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
Recyclage de luxe
Six ans après Zombiparti!, le Genevois
Kid Chocolat revient avec Kaleidoscope, un troisième album de pop bidouillée. Fermez les yeux et imaginezvous un instant dans un épisode de
La croisière s’amuse, mais avec des
sonorités électroniques et contemporaines: la bande-son idéale pour vos
soirées de l’ambassadeur! Moins synthétique que ses prédécesseurs, toujours en équilibre entre la musique
d’ascenseur et l’avant-garde, ce disque recycle avec luxe la pop insouciante des années 1960, aussi bien
que les tubes dansants des années
huitante (surtout avec la version amphétaminée d’Unbelievable d’EMF).
Mais ici, foin de samplers, place à
de bons vieux instruments! Enregistré
avec les collaborations vocales de
Mlle Shalala, Love Motel ou Land of
Bingo, ce pot-pourri d’ambiances
kitsch fera le bonheur des amateurs
d’humour au troisième degré… CD