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L’Université Catholique de Lille
Le Centre tchèque de Paris
présentent
du 6 au 30 mai 2009 à Lille
«Humaine Comédie»
une exposition de
Pavel Brázda
Contact presse :
Geneviève [email protected]
03 20 13 40 91
06 32 64 54 35
[email protected]
60 boulevard Vauban - Lille
Informations pratiques :
L’exposition sera ouverte au public du 6 mai 2009 au 30 mai 2009,
du lundi au vendredi de 13h à 18h,
Entrée libre et sur rendez-vous pour les groupes.
Vernissage le mercredi 6 mai à 18h
sous la présidence de
Martine Aubry,
Présidente de Lille3000,
Présidente de Lille Métropole Communauté Urbaine,
Maire de Lille
en présence de
S. Exc. M. Pavel Fischer, Ambassadeur de la République tchèque en France,
Arnaud Lefort, Consul honoraire de la République tchèque à Lille
Thérèse Lebrun, Président-Recteur de l’Université Catholique de Lille
Martin J. Bonhard, Directeur du Centre culturel tchèque à Paris
Jean-Gaspard Pálenícek, Directeur-adjoint, Centre culturel tchèque à Paris
et du peintre, Pavel Brázda
60 boulevard Vauban - Lille
Légende de la couverture :
Pavel Brázda – Clown avec la lune, 2008
impression sur toile, 120 x 85 cm
L’histoire tchèque est marquée au XXe siècle par toute une série de césures qui coïncident avec
des années en 8 : la fin du mois d’octobre 1918 voit l’effondrement de l’Empire austro-hongrois et la naissance de la Tchécoslovaquie ; septembre et octobre 1938 – la fin de la Première République à la suite des
accords de Munich ; en février 1948, le parti communiste tchécoslovaque met sous tutelle le pays ; en 1968,
après une déstalinisation longuement différée, le printemps tchécoslovaque est écrasé par les troupes du
pacte de Varsovie et c’est la fin de l’utopie de la réformabilité du système soviétique ; 1988 : l’URSS et ses
alliés connaissent des difficultés de plus en plus sérieuses qui vont mener à l’effondrement du bloc en 1989.
Bien entendu, ces événements ont touché plus particulièrement les Tchèques et les Slovaques. Mais ils ont
aussi été des événements européens, la Tchécoslovaquie étant en l’occurrence un véritable sismographe
de l’Europe au XXe siècle.
En effet, le destin de Pavel Brázda est particulièrement représentatif des affres que connut la
Bohème au XXe siècle. Envoyé aux travaux obligatoires pendant la Seconde Guerre mondiale, persécuté
sous le régime communiste, il fut de ceux qui, jusqu’à la Révolution de velours en 1989, ne purent avoir de
vie libre que dans la plus grande clandestinité. Enfin, en 2006, une grande exposition rétrospective qui
lui fut dédiée à la Galerie nationale de Prague le consacra définitivement comme une des plus grandes
personnalités de la peinture moderne tchèque. Il n’est pas aisé de qualifier son oeuvre en quelques
mots. Dans les années 50-60, certains de ses tableaux se situent entre art brut et art informel, d’autres
préfigurent le pop-art…
Cette exposition est la seconde exposition de ce peintre majeur tchèque en France. Elle présentera une sélection d’œuvres très récentes. (Ces dernières années Pavel Brázda s’est mis à l’informatique).
Un choix d’œuvres très récentes, qu’il désigne lui-même par le terme de «tableaux peints à l’électricité». Sa
méthode ici est de se baser sur des croquis anciens, souvent très détaillés, qu’il simplifie pour en faire des
dessins simplifiés graphiquement au maximum. Il scanne ces derniers ensuite et les travaille à l’ordinateur.
Du point de vue de la composition, il s’agit du même type de travail que pour des collages classiques, la
spécificité ici étant celle du choix des couleurs et notamment de leur texture «granuleuse».
Pavel Brázda,
peintre opprimé – peintre révélé
par Jean-Gaspard Páleníÿek
Pavel Brázda est né le 21 août 1926 à Brno, en Moravie (Bohème de l’Est), dans une famille
aisée. Son père, Osvald Brázda, est avocat et une des figures éminentes du parti agraire. Sa mère, Eva
Brázdová-Koželuhová, est issue de la famille des frères ýapek : la grand-mère de Brázda, Helena
Koželuhová-ýapková, était la sœur de Karel ýapek1, écrivain et auteur dramatique de renom mondial,
et de Josef ýapek2, qui fut un des plus importants peintres tchèques du 20e siècle. Celle-ci fut d’abord
l’épouse de Josef Koželuh, à l’origine de la fortune familiale. Après sa mort, elle se maria avec le poète
et diplomate auprès de l’Ambassade de Tchécoslovaquie à Paris, Josef Palivec. La famille Palivec et la
famille Brázda possèdent alors toutes deux d’excellentes collections d’art moderne tchèque.
Les premiers tableaux de Brázda sont
issus de l’expressionnisme et du cubisme. Dès
1943, il prend ses distances avec, d’une part, le
modernisme sous la forme qu’il revêtait dans les
années 30, et, d’autre part, le formalisme, le
surréalisme et le courant prôné par le Groupe
423.C’est alors qu’il fonde un mouvement qu’il
appellera l’« hominisme » et qui se veut un art pour
et sur les gens. Il s’inspire de la vie quotidienne et
des fêtes de la population des villes du 20e siècle,
notamment de sa ville natale. Il se base autant sur
les amères réalités sociales que sur le folklore
urbain et ses rêves, représentés à l’époque avant
tout par le parc d’attractions de Brno et son
« surréalisme pour les pauvres ». La Ruelle près
de la gare est un bon exemple de ce courant.
Pavel Brázda – Ruelle près de la gare, 1943-54
En réaction aux injustices sociales que son
détrempe et huile sur contre-plaqué scié, 47,5 x 42,5 cm
enfance favorisée lui fait à présent percevoir de
façon aiguë, et sous l’influence des mouvements d’avant-garde de gauche, le jeune Brázda est tenté
par l’aventure communiste. Mais, à partir de 1944, l’amitié avec les intellectuels Karel Teige4 et Záviš
Karel þapek (1890-1938), journaliste et occasionnel metteur en scène, il commence à écrire avec son frère Josef des
essais, puis il aborde à peu près tous les genres littéraires. Figure littéraire majeure de l’entre-deux-guerres, ses pièces et
ses romans ont rapidement connu un succès certain à l’étranger, qui contribua à l’expansion de la littérature tchécoslovaque
de l’époque. On y trouve des éléments de fiction parfois proches du fantastique (il est l’inventeur du mot robot).
2 Moins connu mais autrement plus intéressant que son frère Karel, Josef þapek (1887-1945), peintre, écrivain,
photographe et illustrateur, se fait d’abord connaître comme peintre cubiste. Il participe à diverses revues culturelles et est
l’auteur de textes littéraires expressionnistes et de profonds essais d’esthétique et de philosophie. Arrêté pour activités antifascistes et envoyé en camp de concentration en 1939, il décède au camp de Bergen-Belsen.
3 Fondé autour du théoricien de l’art JindĜich Chalupecký, le Groupe 42 rassemblait sept peintres, un sculpteur, un
photographe et cinq poètes dont JiĜí KoláĜ, connu en France surtout pour ses collages. Il constituait, avec un goût marqué
pour les ambiances de banlieue et la contingence de la vie quotidienne, un recoupement de l’existentialisme avec une
moralisation du surréalisme dont il récupérait certaines techniques.
4 Karel Teige (1900-1951) est le plus important théoricien esthétique tchèque de l’entre-deux-guerres, il joua un rôle majeur
dans la création et l’organisation des principaux mouvements d’avant-garde tchèques. Outre ses études sur la littérature, le
cinéma, l’architecture (il enseigna au Bauhaus et prit parti pour le constructivisme, polémiquant avec Le Corbusier), il
1
Kalandra5 ainsi que la découverte des procès
staliniens d’avant-guerre, il commencera à
s’inquiéter de la direction pro-moscovite du PC
tchèque. Après un an de travail obligatoire
comme bûcheron en 1944-45, devenu employé
volontaire du secrétariat régional du Parti, il décide,
peu après, de rompre radicalement tout lien avec le PC.
En juin 1945, il rédige un rapport factuel
détaillé sur l’expulsion des Allemands de Brno,
intitulé « Ne sommes-nous pas patriotes ? ou Le
fascisme en Tchécoslovaquie », et l’envoie à tous
les journaux et magazines importants du pays.
Aucun ne le publie, ce thème étant alors tabou.
En 1945-46, il s’inscrit en histoire de l’art et
Pavel Brázda – Dobromil et Dobromila (Le lit est ton église), 1953
détrempe sur contre-plaqué, 53 x 53 cm
en philosophie à Brno, et en 1946-47 à l’Ecole
d’art, d’architecture et de design de Prague. Il est
expulsé de la classe d’Emil Filla6 pour manque d’intérêt pour la forme de l’enseignement et pour ses
nombreuses absences. Il est ensuite admis, en 1947, en troisième année directement, à l’Académie des
Beaux-arts, dans la classe de Vladimír Sychra. Il s’y
rapproche du peintre Ivan Sobotka – autre grand outsider
tchèque et, comme lui, véritablement découvert seulement à
la fin des années 90 – et y fait la connaissance de sa future
épouse, le peintre VČra Nováková, avec laquelle il vit
jusqu’à ce jour.
En 1948, lors des purges politiques qui ont lieu à
tous les niveaux de la société après la prise de pouvoir par
les communistes, le père de Brázda est privé du droit de
poursuivre son métier d’avocat et envoyé en travaux forcés
– une décision présentée non pas comme une punition,
mais comme un honneur. Tous les biens de ses parents
sont confisqués. En 1949, Josef Palivec est arrêté et
condamné à vingt ans de prison, en marge du fameux
procès-monstre avec Milada Horáková. Début 1949, Brázda
est lui-même expulsé de l’Académie, forcé au travail manuel
après que les portes de toutes les autres écoles lui aient été
fermées. VČra Nováková se voit frappée du même sort,
avec pour seule cause sa liaison avec lui.
Pavel Brázda
La Bête guette, la bête a tout son temps, 1949-50
détrempe et huile sur contre-plaqué, 78 x 44 cm
En 1949-50, Brázda devient apprenti peintre en
bâtiment, apprentissage qui passe alors encore par des
cours privés auprès d’un maître artisan. Bien qu’il ait terminé
produisit des dessins, des gravures, des photomontages, des collages et inventa le « tableau-poème ». Après la guerre, il fut
vilipendé comme trotskiste par les staliniens.
5 Journaliste, historien, critique de théâtre et de cinéma, proche des surréalistes, Záviš Kalandra (1902-1950) sera
condamné à mort lors du procès de Milada Horáková en 1950.
6 Fortement influencé par le cubisme et notamment l’œuvre de Picasso, l’art d’Emil Filla (1882-1953) situe entre l'expression
picturale passionnée, spontanée et la transfiguration poétique des qualités sensibles de la réalité.
son apprentissage avec succès, il n’exercera jamais ce métier. VČra Nováková, elle, est enregistrée
officiellement comme femme de ménage chez Helena Palivcová.
En 1950, Brázda est menacé d’enrôlement obligatoire dans un internat professionnel. Il en est
exempté après avoir plaidé son incapacité au travail. C’est à cette époque qu’il crée ses autoportraits
La Bête guette, la bête a tout son temps et N’avez-vous pas oublié de vous raser ?.
Afin d’empêcher la confiscation de la
maison familiale en y enregistrant un habitant de
plus, le 24 août 1950, Pavel Brázda épouse VČra
Nováková. La suppression des informations
personnelles leur permet de s’inscrire tous deux à
l’Ecole d’art, d’architecture et de design de Prague
dont ils obtiendront le diplôme deux ans plus tard.
Ils deviennent alors « artistes de profession » –
dans un pays où l’absence d’emploi est passible de
poursuites pour parasitisme social – et sont
enregistrés auprès du Fond tchécoslovaque des
artistes peintres. Ils ne seront jamais membres de
l’officielle Union des artistes tchécoslovaques ni
n’en auront jamais le désir.
Grâce au soutien de Helena Palivcová, ils
sont logés et nourris, dans un premier temps. Ils
gagnent modestement leur vie en illustrant des
magazines et ouvrages spécialisés, principalement
d’anatomie et de botanique, très rarement en
illustrant des œuvres littéraires (H. ýapková, M.
Lermontov). En mars 1959 naît leur fille KateĜina.
Pavel Brázda – N’avez-vous pas oublié de vous raser ?, 1950
détrempe et huile sur contre-plaqué, 37 x 30 cm
Brázda crée alors divers cycles sur des
motifs figuratifs, comme par exemple ceux, proches
du pop-art, des Astronautes (1954) et des Pilotes
de course (1954-58). Dans la seconde moitié des
années 50 et dans la première moitié des années
60, il crée également divers tableaux, collages et
reliefs structurels entre art brut et art informel, ainsi
que des images brodées (en collaboration avec sa
mère). Au milieu des années soixante, il revient à la
peinture classique. Tout au long des années 70, à
ses tableaux de visions grotesques, en petits et en
grands formats, parfois avec une composition
complexe et grandiose, s’ajoutent des reliefs de
têtes.
Après l’écrasement du Printemps de
Prague, en 1968, il s’avère pour Brázda et son
épouse de plus en plus difficile de subsister. Enfin,
en 1977, Brázda trouve un emploi d’ouvrier dans la chaufferie à coke d’une clinique de dentiste. Il y a
pour collègues plusieurs intellectuels de l’underground tchèque et la chaufferie est le lieu de fabrication
Pavel et Eva Brázda – Garçon à lunettes, 1957-58
laine sur canevas, 19,5 x 19,5 cm
d’une des importantes revues samizdat, Kritický sborník. C’est d’ailleurs pour protéger l’existence de
cette revue qu’il ne signe pas la Charte 77, afin d’éviter d’attirer sur lui une attention plus soutenue de la
police d’Etat. Tout au long des années 70, Brázda et son épouse accueillent chez eux des séminaires
clandestins de philosophie que fréquentent de nombreux intellectuels éminents, dont le philosophe Jan
Patoþka7.
En 1987, Brázda prend
sa retraite et on lui autorise, à
lui et à son épouse, un séjour
aux Etats-Unis. A son retour, il
peint plusieurs grands tableaux
qui tentent d’articuler ses
impressions premières du
voyage d’une façon aussi
documentaire que possible. La
seconde moitié des années 80
est sous le signe de très
nombreuses
xérographies,
créées
à
l’aide
de
rudimentaires photocopieuses
– outil alors illégal en
Pavel Brázda – Pour certains ordonner, pour d’autres obéir, 1955-1959
Tchécoslovaquie. Dans les
huile sur toile, 60 x 85 cm
années 90 et 2000, il
continuera à en développer les très riches motifs, notamment dans le cycle de peintures Têtes
bigarrées (1994-1995) et dans celui des Tableaux peints à l’électricité (à partir de 2007) pour lesquels il
a recourt à l’ordinateur.
Au lendemain des premières grandes manifestations de novembre 1989, Brázda prend part à la
Révolution de velours en créant un centre de production et de distribution de publication pour le
Forum civique. Cependant, le retour de la démocratie en Tchécoslovaquie (en République tchèque,
depuis 1993) ne s’accompagne pas de la découverte, si longtemps renvoyée à plus tard, de son œuvre.
Légataire universel de Josef Palivec, les biens familiaux lui sont restitués, mais la plupart des
spécialistes d’art ne le connaissent pas et les directeurs de galeries semblent ne pas s’intéresser à lui.
Ce sera un petit groupe d’artistes indépendants, issus de l’underground des années 80 et réunis autour
de la revue Revolver Revue qui, peu à peu, l’imposera définitivement, de sorte qu’en 2000, quelquesunes de ses œuvres sont inclues dans l’exposition permanente d’art moderne tchèque de la Galerie
nationale. Enfin, une grande exposition rétrospective lui est dédiée en 2006, le consacrant
définitivement comme un des plus importants artistes modernes tchèques.
d‘après la biographie p. 275-275, in PĜemysl Arátor, Brázda, Prague, Argo, 2006
Après des études de philologie slave, de romanistique et de philosophie à la Faculté des Lettres de Prague, Jan Patoþka
effectue plusieurs séjours d'études à Paris, à Berlin et à Freiburg, où il fait la connaissance d'E. Husserl, d'E. Fink et de M.
Heidegger. La phénoménologie devient alors une des bases de sa philosophie. Il enseigne à la Faculté des Lettres jusqu'en
1949, avant d'être expulsé lors des purges de l'université. Il travaillera alors dans diverses institutions philosophiques plus ou
moins marginales. En 1977, il signe la Charte 77 et devient, avec J. Hájek et V. Havel, l'un de ses premiers porte-paroles. Il
est emprisonné sur-le-champ et meurt dans sa cellule, trois mois plus tard. Dans son œuvre philosophique, Jan Patoþka
renoue avec la tradition représentée par J. A. Comenius, T. G. Masaryk et E. Husserl, liée à un effort d'ancrer la dimension
morale de l'homme dans une époque qui nie cette dimension.
7
L’œuvre de Pavel Brázda
par Milan Knížák,
directeur de la Galerie nationale tchèque
L’œuvre de Pavel Brázda s’est développée dans une isolation absolue. Sous le régime communiste, elle
ne fut respectée ni par la scène officielle tchèque, ni par l’opposition artistique. On ne mentionnait pas son nom
parmi ceux des artistes perçus alors comme une alternative et on ne l’invitait pas aux importantes expositions.
Pas même après 1989 n’a-t-il réussi à percer dans les galeries. Je me permettrai ici d’avancer qu’il en fut ainsi
parce que son œuvre est indépendante, originale et qu’elle tient parfaitement la comparaison avec la scène
artistique non seulement tchèque, mais surtout aussi mondiale. C’est pour ce côté exceptionnel qu’elle est restée
à l’écart de l’univers tchèque, acculée dans une position marginale.
J’ai réussi à imposer que des tableaux de Brázda soient introduits dans l’exposition permanente d’art
moderne de la galerie nationale à Prague. Car je suis persuadé que sans l’œuvre de Brázda, cette exposition
serait incomplète, appauvrie d’un élément qui n’a pas
d’équivalent aussi notoire pour son époque (et pas seulement
en Bohème).
J’aimerais ici mentionner une partie de son œuvre que
je considère comme importante et qui est représentée par un
tableau exposé aujourd’hui à la Galerie nationale tchèque sous
le titre de Grand astronaute. Avec cette œuvre, Pavel Brázda a
anticipé ce qui est apparu dans l’arène artistique mondiale au
tournant des années 50 et 60 du siècle dernier sous le nom de
pop-art. L’inspiration du folklore urbain, une relation ironisante à
la technique, l’inclusion de banalités dans la construction du
tableau – voilà les attributs à la base de son œuvre. Brázda
montre bien ses origines européennes, c’est pourquoi ses
tableaux ressemblent plutôt au pop-art anglais qui émane et
s’attache à des techniques de peinture plus classiques et qui
est intellectuellement – c’est-à-dire finement (mais non moins) –
critique envers ce que l’on nomme civilisation. En ce sens, il
diffère nettement du pop-art américain qui, de par sa simplicité
formelle et son côté frappant, de par son renouement avec les
techniques de la propagande et parfois aussi de par le
caractère primitif de son contenu va un peu au devant du goût
majoritaire du public, ce pourquoi il est d’ailleurs plus connu.
Ce texte bref n’a d’autre but que celui de signaler la
nécessité de s’intéresser à l’œuvre de Brázda et de le replacer
dans le contexte de l’art mondial où il a sa place de droit. J’ose
affirmer que dans le futur (et je suis persuadé que les choses
ont déjà commencé), nous verrons une réévaluation de
l’histoire de l’art, notamment de l’art moderne. Nous pouvons
découvrir une certaine fadeur dans les principaux mouvements
mis en valeur jusque là et au contraire trouver de la beauté
dans ceux qui diffèrent, qui ne rentrent pas dans le courant
principal, qui recherchent avec ténacité leurs propres positions.
Il est de moins en moins de divergences sensées en ce monde,
du moins c’est ce qu’il me semble, et cette impression s’impose
à moi avec insistance. Je m’excuse de l’audace de ce
Pavel Brázda – Grand astronaute, 1954
détrempe et huile sur contre-plaqué, 142 x 57,5 cm
pronostic, mais en lien avec l’œuvre et le destin de Pavel
Galerie nationale tchèque
Brázda, toute audace s’évanouit.
[Les tableaux envoyés au Festival de la culture
indépendante tchécoslovaque à Wroclaw furent
confisqués par la police d’Etat à la frontière et Pavel
Brázda arrêté. A leur place, des cadres vides furent
exposés.]
2005
Salon des galeristes
Mánes, Prague.
Biennale internationale d’art contemporain 2005
Galerie nationale, Palais Veletržní, juin-septembre.
1990
Les tableaux confisqués fin 1989 sont exposés à la
Galerie U ěeþických, Prague, février.
Expositions avec VČra Nováková
Art alternatif tchèque
Exposition d’œuvres non signées de Viktor Karlík,
Michal Singer et Pavel Brázda, ÚLUV, Prague.
1976
Tableaux de Pavel Brázda et VČra Nováková
Théâtre à Nerudovka, Prague, septembre.
Polymorphie – Tschekoslowakei 1939-1990
Martin-Gropius-Bau, Berlin.
1992
Pavel Brázda/VČra Nováková – années 50
Galerie PCK Ženské domovy, Prague, janvier-mars.
[Exposition reprise en avril au Musée ethnographique
d’Olomouc, en mai au Musée de la ville de Cheb, en
juin au Centre culturel de Budapest.]
1993
Si Hermína voyait ça
Exposition d’une demi-journée des artistes de
Revolver Revue dans la brasserie Na Václavce,
également nommée Chez Hermína, Prague, octobre.
1995
Les beaux-arts de Revolver Revue
Château de Zlín, en collaboration avec la Galerie
Archa, octobre-novembre.
1996-97
L’aube des magiciens ? II. Objets trouvés
Galerie nationale, Palais Veletržní, Prague.
2000
La fin du monde ?
Galerie nationale, Palais Kinski, Prague, mainovembre.
Quatre œuvres de Pavel Brázda sont incorporées à la
nouvelle exposition permanente d’art moderne
tchèque de la Galerie nationale, au Palais Veletržní,
Prague.
Exposition ambulante dans le tramway d’Olomouc
30 xérographies en couleur accompagnées de textes,
novembre-décembre.
Participation au festival
Begegnung Prag-Berlin
TreppTower Galerie, Berlin.
Grenzenlos,
1993
Pavel Brázda/VČra Nováková – années 50 et 60
Château de Zlín, galerie Archa, Zlín, septembre.
1996
Tableaux de Pavel Brázda et VČra Nováková 19491996
Musée et galerie de BĜeclav, mai.
2000
Pavel Brázda/VČra Nováková / tableaux structurels et
en relief de la première moitié des années 60
Galerie Millenium, Prague, avril.
2001
Pavel Brázda/VČra Nováková – années 50 cinquante
ans après
Maison culturelle (ancienne synagogue) de DobĜíš,
novembre-décembre.
Dix-huit sans fin
Galerie Navrátil, Prague, décembre.
2007
VČra Nováková – Pavel Brázda
Galerie V Kapli, Bruntál, avril-mai.
2000-2001
100+1 œuvres d’art du 20e siècle
Musée tchèque des beaux-arts à Prague, Maison de
la Vierge noire, décembre 2000-février 2001.
Bibliographie indicative
2002
Anima animus
Maison de la culture de Brno, avril-juin.
kulturelle
Viktor Karlík, Je suis aussi un pilote de course, in
Revolver Revue, n° 44, septembre 2000, p.163-167.
PĜemysl Arátor, Brázda, Prague, Argo, 2006.
Pavel Brázda – Les Sosies, 2007
impression sur toile, 120 x 85 cm
Pavel Brázda – Les chaussures dans lesquelles a marché l’histoire et leur chef d’orchestre, 2008
impression sur toile, 60 x 125 cm
Pavel Brázda – Le Conquérant, 2008
impresson sur toile, 60 x 84 cm
Pavel Brázda – Monsieur Loyal et sa troupe, 2007
impression sur toile, 120 x 85 cm
Pavel Brázda – Promenade précautionneuse dans la nature nocturne, 2008
impression sur toile, 60 x 105 cm
Pavel Brázda devant des œuvres de son cycle Humaine comédie, 2009