Pouvoir s`évader d`ici d`un simple battement de cils

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Pouvoir s`évader d`ici d`un simple battement de cils
Une semaine sous un soleil sanglant, week-end compris
Un deux, un deux. C’est bon, ça marche. Bonjour à tous, je m’appelle Karim Abdulhah
Ben Ali et je suis votre commandant de bord.
Putain, c’est nul. Je recommence.
Je m’appelle Karim Abdulhah Ben Ali. Et ceci est mon journal de bord. Le récit
quotidien d’un voyage intérieur. J’aurais préféré vous décrire par le menu mes nombreuses
escales dans les villes les plus riches de la Méditerranée mais je vis dans une cellule de 9
mètres carrés, en compagnie d’un type qui passe ses journées au lit. Alors si j’écris ce journal,
c’est dans le but de m’évader un peu. C’est tout.
Juste une chose, qu’on soit bien clairs : quand je parle de m’évader, n’allez pas imaginer
par-là que je veux creuser un trou dans le mur des toilettes et filer à l’anglaise. Non, il me
reste à peine une semaine à tirer. Et après je pourrais aller la voir, la mer. Pour de bon. Elle est
là, la Méditerranée, à une centaine d’heures de moi. Elle me tend les bras. Le problème, c’est
que du coup, de me savoir si proche de la sortie, je ne tiens plus en place. Alors, en attendant,
tout ce que je veux, c’est juste pouvoir m’évader un peu de mon crâne. Me sortir d’ici, d’un
simple battement de cils. Donner à mes rêves, deux grandes ailes. Que mes paupières
deviennent aussi légères que de la plume. Et que ma tête se change en albatros, en cormoran
en mouette ou en une quelconque bestiole du genre.
Me casser d’ici, putain, rien qu’une demi-seconde.
Premier jour.
Les oiseaux, ont une sacrée foutue chouette vie.
Souvent, je me suis demandé ce qu’avaient pu se dire les premiers oiseaux marins en
découvrant, en plein milieu de leur méditerranée immuable, le premier rafiot humain. De ce
que j’en sais, les premiers pas de l’homme sur la méditerranée dateraient d’environ 12000
ans. C’est à cette époque que Chypre aurait été conquise.
Il faut s’imaginer l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère des mouettes qui
squattent aujourd’hui le vieux port, une mouette dix fois millénaire. Il faut se l’imaginer, cette
mouette se levant, un jour, pour aller pêcher de quoi nourrir sa femme mouette et ses rejetons
mouettes. Papas mouette s’est fait son café, a fumé sa clope et à claqué un baiser distrait sur le
bec de maman mouette. Ensuite, il s’est étiré, a déployé ses ailes le plus possible et s’est
élancé vers la mer. Peut-être a-t-il fait demi-tour quinze secondes plus tard parce que maman
mouette avait oublié de lui demander de ramener un poisson de plus, à cause de la belle-mère
qui s’était invitée à déjeuner dimanche midi. Mais sans doute que non. Sans doute que Papa
mouette a filé directement vers l’horizon, qu’il a survolé la mer avec le même sourire béat et
innocent que la veille. Un bonheur sans cesse renouvelé, cette mer calme, silencieuse, baignée
du soleil sanglant du matin. Et puis, soudain, au beau milieu de cette étendue monotone, il a
découvert, plantée-là, cette embarcation improbable, cet assemblage hétéroclite de n’importe
quoi : le premier radeau de l’humanité. Qu’est-ce que papa mouette a bien pu penser, alors ?
Est-ce qu’il a eu peur ? Est-ce que, du coup, il a fait demi tour pour avertir sa famille ? Est-ce
qu’ils ont déménagé ? Ou bien, est-ce qu’il a passé son chemin, qu’il les a à peine calculés et
s’est contenté de faire sa pêche quotidienne ? J’en sais rien. J’en sais rien mais ça m’intrigue.
Si vous me demandez pourquoi, je vous répondrai avec les mots de quelqu’un d’autre, ceux
de Léopold Lajeunesse, dans Uranus, un bouquin de Marcel Aymé : « c’est un fait, en prison,
l’homme médite ».
Si, en prison, l’homme médite, c’est pas parce qu’il s’ennuie ou qu’il souhaite faire
pénitence, c’est juste que c’est le seul moyen qu’il a de s’évader. Le seul moyen gratuit, en
tous cas. Parce qu’en prison, tout est hors de prix. Du coup, faut travailler. Ici, le droit du
travail n’existe pas. Trois cent euros par mois pour 35 heures de taf. Ça paraît incroyable mais
c’est vrai. Le travail en prison, ça fait des années que c’est plus une obligation. C’est juste que
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Une semaine sous un soleil sanglant, week-end compris
si tu tiens à obtenir ta liberté conditionnelle ou, plus simplement, si t’as besoin de PQ, bah
vaut mieux bosser. Cela dit, n’allez pas croire qu’on casse des cailloux. On est en 2010. C’est
beaucoup plus raffiné que ça. On bosse pour le privé. Si, je vous jure. Moi aussi, ça m’a
étonné, la première fois. En ce moment, par exemple, je bosse pour une grande marque de
cosmétique. J’ai pas le droit de vous donner le nom mais je peux vous dire qu’ils font des
sacrément bon produits. Et pas cher. Moi, ça me fait voyager. On empaquète des parfums
« aux embruns » des huiles solaires pour la plage, des auto-bronzants, des crèmes aux algues,
des trucs comme ça. Vu ce qu’on est rémunérés, c’est le bon plan pour les boîtes. C’est de la
délocalisation, mais sur place. Normalement, mon huile solaire, elle aurait dû se retrouver
dans un de ces pays où on délocalise en masse : le Maroc, la Tunisie, la Turquie ou la
Roumanie. Elle devrait être là-bas, mon huile solaire. Après un périple en mer de plusieurs
jours, elle aurait atterri à Tunis ou à Rabat, en bordure de mer, dans un grand entrepôt avec
vue sur la plage. Ç’aurait été peinard, pour elle. En plus, l’avantage, c’est que du coup, elle
aurait un peu connu le coin et une fois de retour sur la plage, étalée, cette fois, sur la peau
blanche de la cliente, elle aurait pu jouer les guides : « tu vois, chère européenne qui travaille
toute l’année dans une tour de 50 étages, c’est là-bas, un peu plus loin, oui, juste derrière ton
parasol, c’est là que j’ai été fabriquée et mise en bouteille avant de traverser la méditerranée,
une nouvelle fois, et d’être envoyée dans la boutique où tu m’as achetée. » Mais non, à la
place de ça, ma bouteille d’huile solaire, elle moisit ici, en taule, avec moi. Dans un endroit où
la crasse vous colle aux semelles, où l’odeur de sueur et de bouffe pourrie est telle qu’elle
vous réveille parfois la nuit, quand c’est pas les cafards qui s’en chargent.
Deuxième jour.
Mais bon, de quoi je me plains, vous allez me dire ? Si je suis en prison, c’est pas par
hasard. Et vous aurez raison. En plus, je n’ai aucune excuse. J’étais passeur. Une de ces
ordures qui vendent de l’illusion à des miséreux. Concrètement, mon taf consistait à soutirer
du fric à des maghrébins et à les faire passer en Europe au moyen d’une embarcation dans
laquelle t’oserais même pas mettre tes poubelles. On les embarquait par paquets de 10 dans
des radeaux qui faisaient à peine la taille d’un lave-vaisselle. La plupart du temps, les types se
noyaient. En plus, je faisais ça à des frères. Enfin, presque. Je suis tunisien et eux étaient
marocains, la plupart du temps. Pas des frères, donc, mais au moins des cousins. Par an, tu
peux compter près de deux cent candidats près à payer de leur vie pour une croisière
clandestine. Si je vous dis ça c’est parce que je ne veux pas que vous pensiez que je suis en
train de me plaindre de ma situation de détenu. C’est clair : je l’ai méritée. C’est juste que, en
2010, être obligé d’accrocher sa nourriture en hauteur pour la préserver des rats, comme le
faisait dans les galères les bagnards en partance pour Cayenne, bah c’est pas humain.
Alors je voudrais me faire un peu le porte-parole des taulards, en général.
Et puis, faut le reconnaître, en prison, bosser offre aussi pas mal d’avantages. De temps
à autre on a ainsi accès à l’atelier. Ça permet de se confectionner deux/trois trucs utiles. En ce
moment, par exemple, je me confectionne un petit coquillage en métal. Il paraît qu’on entend
la mer si on porte un coquillage à son oreille. Je ne sais pas si ça fonctionnera avec un
coquillage bricolé à partir d’un gond de porte. On verra bien. Si ça marche, ce sera mon
sésame, ma porte d’ouverture vers la méditerranée. Quand il sera fini, il faudra que je
m’arrange pour le faire sortir discrètement de l’atelier. Parce que si les garçons d’étage (c’est
comme ça qu’on appelle les mâtons, ici) le trouvent, jamais ils ne me laisseront retourner en
cellule avec. Bien utilisé, ce coquillage pourrait trancher le cou de n’importe quel détenu. Moi
compris. Ça serait l’affaire de quelques minutes. Et mes souvenirs s’envoleraient
définitivement vers un soleil sanglant.
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Une semaine sous un soleil sanglant, week-end compris
Troisième jour.
En plus du travail à l’atelier, je suis des cours. Pour m’évader, toujours. Enfin, évader
mon esprit. Dernièrement, la prof nous a présenté un héros mythologique complètement
inconnu de mon horizon culturel : Enée. Ça se passe après la guerre de Troyes. Enée s’enfuit
de la ville en flammes et traverse toute la méditerranée, depuis la Turquie jusqu’en Tunisie.
Là, il rencontre une gonzesse, Didon, la reine du pays. Il paraît que c’est elle qui a fondé
Tunis. Si mon père avait su ça, il en aurait eu une attaque. C’était un vrai con, mon père. Il
tapait sur tout ce qui lui passait sous la main : ma mère, mes sœurs, ma gueule, aussi, quand le
reste était trop abîmé. C’était un intégriste. Un taré. Il a fini ses jours dans les geôles
tunisiennes. Ça doit être héréditaire, la prison, dans ma famille. N’empêche, cette histoire
d’Enée et de Didon, ça me travaille. Je me dis que le père Enée, après son périple de plusieurs
semaines, ça devait commencer à le démanger sérieusement, de tâter de la caille quand il a
débarqué chez Didon. Parce qu’à l’époque, faut être réaliste, le trajet Turquie-Tunisie, tu ne te
le tapais pas en 2 heures 30 avec British Airways. Du coup, je me mets à sa place au père
Enée. Et je me dis qu’après trois mois passés à bouffer du poiscaille, à boire de l’eau croupie
et à se taper les planches de sa barque, il a pas dû se montrer trop distingué avec la cousine.
Elle a dû y avoir droit. Et s’il y est resté quelques années, en Tunisie, c’est pas uniquement
pour lui refaire les tapisseries. Du coup, ils ont dû en faire un paquet de marmots. Qui à leur
tour ont eu des marmots. Qui à leur tour ont eu des marmots. Et caetera. Et caetera. Si on y
réfléchit, ça veut dire que les tunisiens, sont tous plus au moins le fruit des amours du turc
Enée et de la tunisienne Didon. Ce qui fait de moi un des représentants du peuple le plus
méditerranéen qui soit. Je suis le descendant presque direct d’un grand héros troyen. D’un
héros mythologique. Presque un demi-dieu. Allah Akbar !
Depuis deux jours, le type avec qui je partage ma cellule écoute en boucle, Sniper. Dans
un des couplets, le chanteur, Tunisiano, dit : en france j'suis qu'un immigré au bled j'suis
qu'un français, rester ici c’est mort, là-bas c’est cramé alors où est ma place dans la
méditerranée ?
Plus jeune, je me posais également la question. Aujourd’hui, j’ai ma réponse. Pour
l’instant, ma place, elle est ici, entre ces murs.
Quatrième jour.
Il y a des jours avec et des jours sans. On était en cours (on est toujours dans la
mythologie grecque : après Enée, on se tape Hercule ; demain, ça devrait être au tour d’Ulysse
de venir nous faire un petit coucou en taule). La prof était en train de nous faire part d’un des
12 travaux d’Hercule quand M’Loko a pété les plombs. Il a tout balancé, la table, la chaise,
les stylos, les feuilles, tout. La prof a beuglé comme un veau et moi je me suis caleter la table
sur le coin de la gueule. Depuis, j’ai l’œil droit qui chiale sa mère, putain. Des fois j’en ai
plein le dos. L’avantage, c’est que maintenant, quand ça m’arrive, je pense à Enée. Je me dis
que le père Enée, il s’est pas fait chier à se taper tout le trajet depuis la Turquie pour que moi,
je lui fasse honte à la première misère venue. Le truc, c’est que comme c’est un héros, je
n’arrive pas à m’imaginer Enée accomplissant tout ça en suant et en chialant. Je me l’imagine
plutôt façon Bruce Willis, les fringues déchirées de partout mais avec toujours le sourire au
lèvres. J’essaye donc de faire comme lui, et peu importe ce qui m’arrive, j’essaye de sourire.
Mais des fois, putain, j’en ai quand même marre.
Cinquième jour.
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Une semaine sous un soleil sanglant, week-end compris
Aujourd’hui, je suis sorti du centre pénitentiaire. En fait, on est sortis. On a été une
quinzaine sélectionnés pour aller déblayer les contours de la prison. Les éboueurs sont en
grève depuis 3 semaines et il règne ici une pestilence qui doit pas être loin de celle qui
émanait de la gueule de la Tarasque. Ça peut surprendre mais ça arrive parfois que des
taulards soient employés à l’extérieurs de leur prison dans un but d’intérêt général. Ça se fait
sous haute surveillance et tout le monde ne peut pas prétendre à la sélection. Sont choisis les
détenus calmes dont la peine arrive bientôt à son terme. Tout ça pour dire qu’à un moment,
alors que j’avais presque fini de nettoyer mon coin, j’ai relevé la tête et que les gardiens
n’étaient plus là. Et les autres détenus non plus. Ils étaient rentrés et, aussi incroyable que ça
puisse paraître, ils m’avaient oublié…
J’ai tout de suite couru vers la porte d’entrée. Mais, au moment où j’allais sonner, j’ai
tourné mon regard vers la Méditerranée. De là, je voyais le vieux port et ses bateaux,
tellement nombreux qu’ils paraissaient enchâssés les uns dans les autres. Et j’ai hésité. J’ai
hésité à faire demi-tour et à faucher le premier bateau de plaisance qui me serait tombé sous la
main. Je serais parti, la tête pleine d’avenir et la joie me triturant les tripes. J’aurais refait à
l’envers l’itinéraire de ces clandestins à qui j’avais fait traverser la Méditerranée. J’aurais fait
une escale au Maroc avant de partir pour la Tunisie. La nuit, ça doit être étrange, tout ce
calme, ce silence. On doit se sentir seul. On doit percevoir l’immensité du néant. Un peu
comme un cosmonaute perdu dans l’espace. Après plusieurs jour à crever la faim et la soif, je
serais finalement arrivé à Tunis. Une longue barbe me pendant au menton et la peau mangée
par le sel et le soleil je serais entré dans le palais de Didon pour lui faire mes hommages.
Ensuite, je serais reparti en mer sur les traces d’Enée. Avant de rallier la Turquie, je me serais
tout de même arrêté en chemin afin de saluer les mouettes chypriotes. On aurait discuté de nos
passés communs…
J’en étais là de mon voyage quand la porte s’est ouverte. Trois garçons d’étage m’on
sauté dessus en même temps et rien qu’à leur gueule, j’ai su que j’allais passer un sale quartd’heure. Alors, avant d’aller prendre ma fessée, j’ai jeté un dernier regard à la mer et je lui ai
dit « à la semaine prochaine ». Puis, ils m’ont tiré à l’intérieur et j’ai dû retourner dans cet
enfer de miasme et de crasse.
Sixième jour.
J’ai peur. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Là, je suis dans le noir, éclairé juste
pas les traits de lumière qui veulent bien filtrer du plafond. La moitié de la prison me cherche.
Putain, dans quelle merde je me suis mis ! Faut que j’écrive, ça va me calmer, ça va me
permettre d’y voir plus clair. Résumons. Cet après-midi, je suis rentré dans ma cellule,
content de ma journée. Je venais tout juste de finir mon coquillage. Le gros avec qui je
partage la cellule dormait encore. Je ne me suis pas occupé de lui et j’ai fermé les yeux, mon
coquillage à l’oreille. Bruit des vagues, mouettes qui crient, poissons qui plongent, pêcheurs
qui hurlent à la criée, pirates qui attaquent des bateaux commerciaux, romains qui affrontent
les carthaginois sur la Mare Nostrum, Enée qui pleure sa ville en flamme, Ulysse qui va de
Charybde en Scylla, Hercule qui traverse la mer, la première mouette qui salue les premiers
navigateurs d’un cri strident, tout, j’ai tout entendu…
« Ben Ali, le directeur veut te voir avant ta sortie ! »
J’ai fait signe au surveillant que j’arrivais. Puis, je me suis levé en laissant mon
coquillage sous l’oreiller.
Une demi-heure plus tard, quand je suis rentré, le gros dormait toujours. Mais mon
coquillage n’était plus sous l’oreiller.
« Eh, connard, c’est toi qui… »
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Une semaine sous un soleil sanglant, week-end compris
En posant ma main sur son épaule, j’ai de suite compris qu’il ne me répondrait pas.
Qu’il ne répondrait plus jamais à personne. Le gros baignait dans son sang. Cet abruti s’était
égorgé avec mon coquillage.
Maintenant, je vais être accusé du meurtre de ce crétin. Ou, à tout le moins, de son
suicide. Seul un type bossant à l’atelier pourrait fabriquer une arme aussi efficace.
Pour l’instant, je suis au-dessus des douches, caché derrière les dalles en placo.
Et je ne vois pas de solution.
Septième jour.
Je suis toujours au-dessus des douches. J’ai passé la nuit ici. J’en profite pour écrire
maintenant que la lumière commence à revenir. Les douches sont vides, pour l’instant.
Bientôt, elles se rempliront de ma présence.
Avant de descendre, je me serai entièrement déshabillé. Mon carnet sera resté dans le
faux plafond. Mais j’aurai pris avec moi le petit coquillage. L’eau coulera sur ma peau et je
porterai le coquillage à mon oreille. Et, de nouveau, j’entendrai la mer : Enée, Hercule, les
marocains que j’ai sacrifié pour mon confort personnel, Didon, les pirates, les carthaginois,
les bateaux de croisière et tout le reste. Je croiserai du regard une mouette et mes paupières se
transformeront en ailes. D’un battement je verrai l’horizon avec son soleil couchant. Un gros
soleil sanglant. Alors, je plongerai dans cette méditerranée qui m’a vu naître. Elle sera rouge,
épaisse et chaude.
Et lorsque le coquillage aura fini d’entamer ma gorge, j’aurai le sourire aux lèvres.
Car je m’appelle Karim Abdulhah Ben Ali et je suis le fils d’Enée.
Julien JADELOT
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