L`AGRICULTURE URBAINE À BÉLÈM - BRÉSIL
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L`AGRICULTURE URBAINE À BÉLÈM - BRÉSIL
L'AGRICULTURE URBAINE À BÉLÈM - BRÉSIL MARS 1999 Étude réalisée par Nathalie FRERE Paolo Fernando da Silva MARTINS F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) SOMMAIRE INTRODUCTION……………………………………………………… p1 Le Brésil : Contexte socio-économique………………………………………………. Présentation de la ville de Bélèm……………………………………………………… Aspects physiques……………………………………………………………… Quelques particularités de Bélèm……………………………………………… La population vivant dans les occupations …………………………………… p1 p2 p2 p3 p5 PREMIÈRE PARTIE……………………………………………………... p 6 1 Méthodologie…………………………………………………………….. p 7 1.1 Présentation………………………………………………………………… 1.2 Choix des quartiers enquêtés……………………………………………….. Carte : Zones d'enquêtes………………………………………………… 1.3 Résultats préliminaires de la typologie ……………………………………. 1.3.1 Déroulement de l'enquête…………………………………………. 1.3.2 Traitement des données ….………………………………………... 1.4 Le sondage…………………………………………………………………... 1.4.1 Déroulement du sondage…………………………………………... 1.4.2 Le questionnaire…………………………………………………… 1.4.3 Traitement des données …………………………………………… 1.5 Extrapolation des résultats………………………………………………….. p7 p7 p9 p 10 p 10 p 10 p 12 p12 p 12 p 12 p 13 2 Description de l'agriculture urbaine…………………………………. p 14 2.1 Caractéristiques de la population …………………………………………… 2.2 La micro agriculture urbaine………………………………………………… 2.2.1 Description des conduites d'élevages et de cultures………………. 2.2.2 Description de chaque type……………………………………….. 2.2.3 Comparaison des objectifs et stratégies…………………………… 2.2.4 Problématiques et pistes de recherche…………………………….. 2.2.5 Conclusion sur la micro agriculture………………………………. 2.3 L'agriculture urbaine commerciale…………………………………………... 2.3.1 Les maraîchers et producteurs de fruits…………………………… 2.3.2 Les éleveurs de bovins……………………………………………. 2.3.3 Conclusion………………………………………………………… 2.4 Les grands domaines………………………………………………………... 2.5 Les jardins non utilisés pour l'agriculture…………………………………… 2.6 Conclusion : Qui sont les agriculteurs de Bélèm…………………………… p 14 p 16 p 16 p 19 p 23 p 25 p 26 p 27 p 27 p 28 p 29 p 29 p 30 p 31 3 Localisation des Activités agricoles urbaines…………………………. p 32 3.1 L'espace occupé……………………………………………………………... p 32 3.2 Répartitions de types dans les différents quartiers………………………….. p 32 3.3 Quelles sont les zones les plus adaptées …………………………………… p 34 4 Conclusion de la première partie …………………………………….. p 35 Carte : Répartition de l'agriculture urbaine à Bélèm ……………………. p 36 F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) DEUXIÈME PARTIE……………………………………………………. p 38 1 Prévisions d'évolution de l'espace urbain…………………………….. p 38 1.1 La notion de propriété et les problèmes fonciers…………………………… p 38 1.2 Réflexions sur l'évolution de l'espace urbain………………………………... p 39 1.3 Conclusion 2 Perspectives de commercialisation des produits agricoles urbains….. p 41 2.1 Le marché des fruits et légumes…………………………………………….. 2.1.1 La provenance des fruits et légumes……………………………… 2.1.2 Les étapes de la distribution des fruits et légumes………………… 2.2 L'approvisionnement en poisson et volailles………………………………... 2.2.1 Le poisson et les crevettes………………………………………… 2.2.2 Les volailles……………………………………………………….. 2.3 L'approvisionnement en plantes médicinales et ornementales……………… 2.3.1 Les plantes médicinales…………………………………………… 2.3.2 Les plantes ornementales………………………………………….. 2.4 L'enquête consommateurs et commerçants………………………………… 2.4.1 Déroulement………………………………………………………. 2.4.2 Résultats…………………………………………………………… 2.4.3 Conclusion………………………………………………………… 2.5 Conclusion : Place des productions agricoles urbaines sue les marchés……. p 41 p 41 p 42 p 43 p 43 p 43 p 43 p 44 p 44 p 44 p 44 p 45 p 47 p 47 3 Les problèmes de nutrition et de santé……………………………….. p 49 3.1 La malnutrition dans les quartiers les plus défavorisés……………………... 3.1.1 Le panier de la ménagère………………………………………….. 3.1.2 Analyse des problèmes de malnutrition…………………………… 3.2 La santé et les plantes médicinales………………………………………….. p 49 p 49 p 50 p 51 4 Sélection de quelques productions…………………………………….. p 52 4.1 L'élevage……………………………………………………………………. 4.1.1 Problématique…………………………………………………….. 4.1.2 Comparaison de coûts alimentaires de volailles………………….. 4.1.3 Discussion………………………………………………………… 4.1.4 Conclusion: Type d'élevages retenus……………………………... 4.2 Productions végétales………………………………………………………. 4.2.1 Les sols……………………………………………………………. 4.2.2 Le maraîchage à vue commerciale………………………………... 4.2.3 Le potager de jardin……………………………………………….. 4.2.4 Les plantes médicinales…………………………………………… 4.2.5 Les cultures fruitières auto consommées…………………………. 4.2.6 Les cultures fruitières commercialisées…………………………… 4.2.7 Conclusion : Productions végétales retenues…………………….. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) p 52 p 52 p 52 p 53 p 55 p 55 p 55 p 56 p 57 p 58 p 58 p 59 p 60 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS………………………… p 61 1. L'agriculture urbaine à Bélèm existe-t-elle et quelles sont ses fonction ?...... 2. Quelles sont les perspectives de l'agriculture urbaine à Bélèm ?…………….. 2.1 L'agriculture urbaine a-t-elle un avenir ?…………………………… 2.2 L'agriculture uebaine peut-elle générer des revenus ?……………….. 2.3 Quelles sont les zones les plus adaptées ?….……………………… 3 Faut-il encourager l'agriculture urbaine ?…………………………………… 4 Comment peut-on valoriser les activités d'agriculture urbaine ……………… 4.1 Les productions végétales ………………………………………….. 4.2 Les productions animales…………………………………………… 5 Propositions d'actions ………………………………………………………… 5.1 Objectifs……………………………………………………………... 5.2 Populations ciblées………………………………………………….. 5.3 Actions ……………………………………………………………… 5.4 Une opportunité d'expérimenter : L'Apacc………………………….. 6 Conclusion finale ……………………………………………………………… Index des sigles………………………………………………………………………… Noms scientifiques des plantes citées…………………………………………………... Livres et documents consultés ………………………………………………………… Personnes interviewées ………………………………………………………………… ANNEXES (sur document séparé) F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) p 62 p 63 p 63 p 63 p 64 p 65 p 66 p 66 p 68 p 69 p 69 p 70 p 70 p 71 p 72 p 73 p 74 p 76 p7 INTRODUCTION Pour mener à bien ses programmes de développement dans les quartiers défavorisés de Bélèm, ESSOR soutient depuis 1994 l'organisation non gouvernementale brésilienne APACC dont l'objectif est de permettre aux familles démunies, d'améliorer leurs conditions de vie et d'exercer leur citoyenneté. Pour se faire, l'APACC a mis en place en partenariat avec les associations de quartiers, des actions d'éducation (soutien scolaire, alphabétisation des adultes), de prévention de la délinquance (activités culturelles et sportives pour les groupes d'adolescents), d'assistance sociale et de santé préventive (permanence sociale dans lesquelles les familles sont informées et orientées vers les services compétents), de formations professionnelles (construction d'un centre de formation dans lequel une quarantaine de cours par an sont organisés), d'aide à la recherche d'emploi (mini agence pour l'emploi), et de stimulations des activités créatrices de revenus (mise en place de mini-crédits, appui technique et commercial aux petits artisans). L'expérience acquise par l'APACC et ESSOR lors de ces cinq années, a mis en évidence les difficultés de trouver des alternatives économiquement et socialement viables dues entre autre à un marché de l'emploi fort restreint. De plus les actions d'assistance sociale et de santé préventive ont révélé l'existence de problèmes de malnutrition dans certaines familles. L'agriculture urbaine est ainsi apparue comme un des éventuels moyens d'améliorer les conditions de vie de ces populations. Les premières recherches faites sur ce sujet auprès des diverses institutions de Bélèm ont démontré un fort intérêt de la Mairie et des Universités, mais l'absence de données ne permettaient pas de lancer un premier projet concret dans ce domaine. A la demande d'ESSOR et avec un financement du Fonds d'études préalables, d'évaluation et d'études transversales F3E (structure associative créée par un ensemble d'ong françaises qui cofinance , en lien avec les pouvoirs publics, ce type d'étude), une étude dont l'objectif était d'identifier les potentialités et les contraintes liées au développement de l'agriculture urbaine dans la ville de Bélèm au Brésil a été réalisée par deux experts qui ont travaillé avec plusieurs partenaires : L'APPAC, La Mairie (SEGEP,SECON), la faculté d'agronomie (FCAP) et l'Université (UFPA). L'étude s'est déroulée sur deux grandes étapes. La première a consisté à caractériser la situation actuelle de l'agriculture urbaine de la ville de Bélèm. La seconde a projeté dans le futur les perspectives de cette agriculture de ville. LE BRÉSIL : Contexte socio-économique Le Brésil est la dixième puissance mondiale, si l'on se réfère au PNB. Si pendant la période de 1940-1980 le PNB brésilien a crû à un taux relativement élevé de 7%, entre 1980 et 1995, ce taux annuel était de 1,3%, et le PNB par tête a diminué de 0,8%par an. En 1995, le PNB par tête était de 3640 US$, soit en dessous de celui de L'Argentine, du Chili et de l'Uruguay. L'un des indicateurs les plus significatifs du contexte brésilien est celui de l'inégalité dans la répartition des revenus (les 10% les plus riches ont des revenus 90 fois supérieurs au 10% les plus pauvres). Cette concentration des revenus s'est particulièrement accentuée pendant les années 80 et la répartition des revenus est aujourd'hui une des plus mauvaises du monde. Selon le "Rapport sur le développement" de la Banque Mondiale de 1995, le Brésil arrive en tête de 71 pays en termes d'inégalités sociales. Enfin, il faut noter la faiblesse du niveau de scolarité et la précarité des conditions de santé et d'assainissement (la malnutrition atteint 15% des enfants). A l'échelle du territoire, ce sont les régions du Nord et du Nordeste qui sont les plus pauvres, c'est à dire celles dans lesquelles on trouve le plus grand indice de pauvreté. Le Brésil est également caractérisé par un très fort mouvement migratoire des campagnes vers les villes qui s'est entamé à partir des années 40. La population urbaine est ainsi passée de 30 à 79% entre 1940 et 1996. Bien que difficiles, les conditions de vie dans les grandes métropoles sont jugées meilleures que dans les campagnes, et ces populations rurales continuent aujourd'hui encore à migrer. On assiste alors à une véritable concentration urbaine qui s'est accompagnée d'une augmentation de la violence. PRÉSENTATION DE LA VILLE DE BÉLÈM 1 ASPECTS PHYSIQUES Localisée à proximité de l'embouchure (150 km) du grand bras du delta de l'Amazone, dans la baie de Guajara, la ville de Bélèm est tout d'abord la capitale de l'état du Para, mais se dispute également avec la ville de Manaus, le titre de capitale de l'Amazonie brésilienne. Le Para fait partie des sept états de la région Nord du Brésil et des neufs états de l'Amazonie Légale. La ville de Bélèm constitue la région continentale du "municipe" de Bélèm et s'étend sur 170km², divisés en six districts administratifs. Elle est entourée d'îles qui appartiennent à la région insulaire de ce même municipe. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Bélèm se situe près de l'équateur (1°28 de latitude sud et 48°29' de longitude ouest) et est soumis à un climat de type tropical humide. Les températures oscillent entre 20°C et 35°C, (moyenne de 25,7°C) avec l'existence de deux saisons (une saison sèche et une saison des pluies) peu différenciées. Mais ce qui caractérise le plus Bélèm, c'est l'abondance de ses pluies (2500 à 3200 mm/an). Il n'existe pas de déficit hydrique, mais plutôt un excès pendant la période de janvier à juillet. Le mois de mars est le plus pluvieux (435 mm) et le mois d'octobre le plus sec (60 mm). L'humidité relative de l'air est supérieur à 80% tout au long de l'année. La ville de Bélèm est située à 13 mètres au dessus du niveau de la mer, le relief est plat avec quelques légères ondulations. Partant du point le plus élevé en direction du fleuve, les ondulations deviennent de plus en plus courtes et atteignent un talus qui s'inclinent vers les "varzeas" (surfaces situées en bordure de fleuve et de rivière, inondables par les eaux de pluies ou par les marées). Ainsi l'effet des marées et des crues se fait sentir jusque dans la ville et l'eau douce du fleuve peut inonder les quartiers même les plus centraux. Ces incessants mouvements d'eaux rendent donc très difficiles la mise en place d'un système d'égouts, et l'assainissement reste le majeur problème de cette ville. 2 QUELQUES PARTICULARITÉS DE BÉLÈM Comme la majeure partie des capitales du Brésil, la ville de Bélèm a connu une croissance accélérée dans les quinze dernières années. Le taux de croissance urbaine de Bélèm dépasse cependant largement le taux moyen brésilien de 2%, puisqu'il est de 4% entre 1990 et 1996. La ville de Bélèm compte aujourd'hui 1,2 millions d'habitants et la région métropolitaine 1,6 millions. (source IBGE). Cet essor démographique dû entre autre à l'afflux des populations migrant des zones rurales va avoir de grandes répercutions sur l'urbanisation et le développement de la ville. 2.1 L'histoire de Bélèm (schémas p.4) Pour mieux comprendre où l'afflux des populations migrantes va s'installer, il est nécessaire de reprendre les grands traits de la construction de Bélèm dont l'origine remonte à 1616 avec la construction du "Forte Castelo" ou Fort du Présépio édifié par les portugais pour défendre la région amazonienne contre les envahisseurs étrangers. L'aménagement de la ville était au départ planifié de façon à établir un centre sur les terres hautes de la presqu'île qui serait limité par une ceinture "verte", les bas fonds inondables étant réservés pour des activités agropastorales. Mais l'essor démographique étant tel, les politiques d'occupation spatiale sont devenus inefficaces et la répartition des habitations est apparue de plus en plus anarchique. Ainsi, dans les 20 à 30 dernières années apparaissent de nombreuses "occupations spontanées", c'est à dire de nouveaux quartiers construits à partir d'une occupation illégale des terres. En général après quelques mois d'affrontements, ces nouveaux quartiers sont tolérés puis légalisés par les pouvoirs publics qui n'ont pas d'autre alternative à proposer. Les habitants obtiennent donc rapidement la garantie de ne pas être expulsés, mais il leur faudra encore de nombreuses années pour obtenir un minimum d'infrastructures et de services (eau, électricité, rues, assainissement, écoles, postes de santé…) Ces occupations réunissent aujourd'hui environ 120000 familles dans 19 des 45 quartiers continentaux de Bélèm et constituent ce qu'on appelle "la ville illégale". 2.2 Localisation des occupations ou "baixadas" La ville de Bélèm formant une péninsule, la nouvelle urbanisation s'est dessinée à partir d'une densification des parties centrales de la pointe de la péninsule, suivie d'une expansion géographique vers la zone périphérique nord. On peut ainsi distinguer : - les "occupations centrales" de la première bande ou "primeira légua" qui sont les quartiers les plus anciens, et les plus denses, construits dans les bas fonds du centre. La plupart de ces quartiers ont été formés sur des zones inondables et sont régulièrement envahis par les marées de la baie de Guajara. Les maisons en bois sont donc construites sur pilotis ou "palafitos" et les problèmes d'assainissement sont très sérieux, puisque le sol de ces quartiers reçoit les ordures et les eaux usées devant être évacuées. - les "occupations périphériques" de la bande d'expansion ou "area de expensão"qui sont moins denses et se sont installés sur l'ancienne zone rurale, derrière la ceinture institutionnelle (bande de transition ou "area de transição"). Ces quartiers sont donc plus distants du centre mais par contre bénéficient en partie de structures plus privilégiées. Les terrains sont en général plus secs et plus spacieux, au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la baie du Guajara. 3 LA POPULATION "OCCUPATIONS" VIVANT DANS LES 3.1 Les racines de la cueillette et de l'extractivisme Une grande partie de la population provient des zones rurales, où la vie n'est pas totalement dominée par l'économie monétaire. Cette population a des racines liées à une culture d'extraction et de cueillette, et d'échanges à des fins de subsistance. L'extractivisme ou la cueillette sont l'exploitation de ressources naturelles spontanées, ils désignent une grande diversité de situation et de milieux et donc de ressources biologiques. Si l'extractivisme est lié à la notion de commercialisation, la cueillette est par contre significative d'une autosubsistance. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Pendant des générations ces populations ont vécu sous une forme nomade, vivant de la cueillette, la pêche et la chasse ou d'échanges entre ces différents produits. Lorsque les réserves naturelles s'épuisaient, elles se déplaçaient, laissant ainsi à la nature le temps de les reconstituer. Les populations des bordures amazoniennes se sont progressivement stabilisées, mais les activités de cueillette subsistent encore, accompagnées maintenant de quelques petits élevages et de petites plantations d'épices. Ces populations ont donc plus de racines liées à la cueillette ou à l'élevage qu'à l'agriculture qui pourrait se définir par l'action de préparer un sol, planter et en attendre une récolte. Cet aspect culturel aura même après plusieurs générations des répercussions sur le système de vie et entre autre sur la manière de valoriser les jardins. 3.2 Les étapes d'insertion de ces populations Ces populations quittent les campagnes avec comme objectif, l'amélioration de leurs conditions de vie et l'espoir d'un meilleur avenir pour leurs enfants (éducation, santé, avenir professionnel). Elles vivent en général dans un premier temps chez des amis ou un membre éloigné de la famille, mais très vite elles doivent rechercher une certaine autonomie et se trouvent confrontées à différents problèmes : - L'insertion sur le marché de l'emploi est difficile : le secteur économique secondaire est très peu développé à Bélèm et le principal secteur représenté est le secteur tertiaire qui englobe 85,7% de la population active. - Certains quartiers sont éloignés du centre ville et les transports publics représentent des frais que les familles ne peuvent pas toujours réaliser. - Ces personnes ont peu ou pas de formation scolaire ou professionnelle. - Les familles, parce que déplacées, sont généralement réduites au père ou à la mère et les enfants, et le problème de la garde des enfants pendant la journée existe réellement (il n'existe que très peu de crèches publiques). - La majeure partie des familles vit donc du petit commerce, de petits travaux manuels (maçon), de travaux à domicile (couture), ou sont employés de maison. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) PREMIÈRE PARTIE CARACTÉRISATION DE L’AGRICULTURE URBAINE DE LA VILLE DE BÉLÈM F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 1 MÉTHODOLOGIE 1.1 PRÉSENTATION Une première enquête à caractère technique et socio-économique, dont le but était d’inventorier les différents types d’activités agricoles existant dans la ville, a été réalisée dans 150 maisons réparties entre cinq quartiers sélectionnés pour leur hétérogénéité. L’objectif était d’identifier l’existence et la diversité de ces activités et d’établir une typologie mettant en évidence des critères de différenciation entre ces différents types. Cette enquête a mis en évidence les différentes stratégies des producteurs face à l’agriculture urbaine, et donc son rôle dans le contexte familial. Ces critères de différenciation nous ont permis de sélectionner les variables dont les modalités caractérisaient les différents types et d'établir ainsi les bases d’une nouvelle enquête. Cette seconde enquête que nous appellerons sondage, avait comme objectif de quantifier notre premier travail qui avait lui un caractère qualitatif. Ce sondage correspond donc plutôt a un relevé de 1500 jardins, évaluant dans quelles proportions les jardins sont utilisés à des fins agricoles. Il a été réalisé dans six quartiers, estimés pour chacun, représentatif d’une certaine zone. La juxtaposition des résultats de ces deux enquêtes a ainsi établit une typologie des familles qui exercent une activité agricole et quantifié le degré de représentativité de chaque type dans les quartiers enquêtés mais également, par extrapolation, dans tous les quartiers défavorisés de la ville. L’analyse de ces résultats type par type nous a permis de comprendre la place de ces activités agricoles dans l’enceinte familiale, les stratégies mises en œuvre pour atteindre les objectifs espérés, les contraintes que les producteurs devaient affronter. Une problématique a ainsi pu être établie pour chaque type, servant de base de discussion pour la suite de notre étude. 1.2 CHOIX DES QUARTIERS ENQUÊTÉS (carte p.9) Les quartiers ont été choisis en fonction des critères suivants: - seuls, les quartiers de la partie continentale de la ville de Bélèm ont été pris en considération, notre objectif étant d’étudier la zone spécifiquement urbaine. En effet, la situation des îles proche de Bélèm (et dont certaines font administrativement partie du municipe) se rapprochent beaucoup plus d’une problématique rurale similaire à celle de l’ensemble des îles de la région. - les quartiers considérés de classe sociale moyenne haute ou aisée ainsi que les quartiers commerciaux ont été exclus - les quartiers devaient répondre aux normes de diversité en terme de position géographique par rapport au centre de la ville, et de densité de population. - les quartiers devaient être représentatifs des zones à étudier et des classes sociales concernées. D’autre part, nous nous sommes appuyés sur : - les données de base de la SEGEP et de l’IBGE nous informant des découpages administratifs, de la densité et position géographique des quartiers. - une enquête effectuée par la SEGEP visant à déterminer les quartiers les plus pauvres de Bélèm en fonction de l’existence et la qualité des infrastructures et services : "areas de occupação mais carentes de infraestrutura e servicios no Municipio de Belém". - une typologie d’une chercheuse du NAEA cherchant à identifier des quartiers référentiels de Bélèm en fonction de leur degré de développement. Pour la première enquête, notre priorité étant de déceler le plus grand nombre d’activités agricoles, les quartiers ont été également choisis en fonction de la facticité d’identifier ces activités, c’est à dire que nous avons exclu les quartiers commerciaux ou très urbanisés, dans lesquels il n'existe à priori pas d’espace libre derrière les maisons. Les quartiers retenus sont : Terra Firme et Guama représentant les quartiers à très forte densité (24314 habitants/km2) proches du centre ville, dont une partie est d'occupation récente. Ces quartiers nous ont été d’une approche d’autant plus facile que l’APACC y travaille depuis plusieurs années. Jurunas représentant les quartiers à très forte densité (24314 habitants/km2), proches du centre ville mais d’occupation beaucoup plus ancienne. Bengui représentant les quartiers à faible densité (5724 habitants/km2), éloignés du centre ville et d’occupation ancienne. Tapana représentant les quartiers à faible densité (5724 habitants/km2), éloignés du centre ville et d’occupation récente. Pour la seconde enquête, notre objectif était de sélectionner les quartiers référentiels les plus pauvres de la ville de Bélèm. Le choix a donc été plus délicat et s’est fait en plus des données statistiques, à travers des discussions avec la SEGEP, la SECON, et le département géographie de l’UFPA. Pour chaque bande administrative et historique de la ville, des zones homogènes ont été définies : F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) - Première bande : Terra Firme (Montese), Guama, Condor, Jurunas, Canudos, Pedreira, Marco, Barreiro, Telegrafo, Sacramenta, Maracangalha. Le quartier référentiel choisi est Terra Firme (appelé aussi Montese). - Bande de transition : Aura, Guanabara, Aguas Lindas et Curio-utinga. Dans cette bande nous avons choisi deux quartiers car la diversité y est très grande. Ce sont Aguas Lindas et Curio-Utinga qui a la particularité d'être une nouvelle invasion s'installant autour et au sein de la réserve d'eau de la ville, ce qui inquiète beaucoup les dirigeants de la ville. - Bande d’expansion : Elle est géographiquement très étendue et peu connue. Nous avons donc choisi plusieurs quartiers référentiels : Tapana, Paracuri, Parque Guajara, Pratinha, Sao Clemente et Bengui sont représentés par Tapana. Tenone, Maracacuera et Aguas Negras sont représentés par Tenone.Coqueiro, Parque Verde, Una, Cabanagem et Mangueirao sont représentés par Coqueiro. 1.3 RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES DE LA TYPOLOGIE 1.3.1 Déroulement de l'enquête A partir du questionnaire joint en annexes p.1, nous avons enquêté 145 maisons (30 à 40 familles par quartier). Tout en sillonnant le quartier à l’aide d’un plan, et en discutant avec les habitants, nous avons pu repérer les jardins utilisés à des fins agricoles. Ce sont uniquement les jardins de ces maisons qui ont été enquêtés, notre objectif étant de rechercher la diversité des activités agricoles. Les quelques grandes entreprises agricoles japonaises dont nous reparlerons un peu plus loin ainsi que les résidences secondaires ou "sitios", nombreuses dans certains quartiers périphériques n’ont été enquêtées, que lorsqu'il y avait un gardien vivant en permanence sur le domaine. Mais l’accès à des informations précises était très délicat et nous les avons essentiellement repérées géographiquement. Leur présence dans Bélèm sera cependant prise en considération dans notre discussion. Le questionnaire menant les entrevues s'est tout autant attaché aux caractéristiques de la famille qu’aux activités agricoles. L’objectif de l’enquête étant de comprendre le rôle de l’agriculture urbaine au sein de la famille, c’est à dire pourquoi et comment les activités agricoles étaient utilisées dans le fonctionnement de la famille. 1.3.2 Traitement des données Les données ont été traitées statistiquement par une analyse factorielle de correspondance. Ce logiciel statistique pondère les différentes variables, leur donnant une importance plus ou moins grande dans l'établissement des critères de différenciations et de la typologie proposée. Cette analyse a du être effectuée en deux étapes : - Une première analyse a pris en compte tous les individus, et toutes les variables (annexes p.5 ; représentation p.11). Elle met en évidence l’importance des variables concernant la commercialisation des produits et divise la population enquêtée en deux groupes : ceux qui commercialisent régulièrement toute leur production et ceux qui auto-consomment la plus grande partie. Ce critère de différenciation a un poids considérable, mais il départage par contre très mal notre population. En effet le groupe des commerçants (maraîchers éleveurs de bovins et producteurs de fruits) représente 15% des individus, et celui des "autoconsommateurs" les 85% restants. Nous avons donc préféré considérer deux populations distinctes et les traiter totalement séparément. - Une seconde analyse (annexes p.15, représentation p.11) n’a donc pris en compte qu’une partie de la population totale (85%), soit ceux qui auto-consommaient la plupart de leurs produitsCette dernière analyse met en évidence l’importance des variables suivantes dans l’établissement des critères de différenciation :- La commercialisation ou non d’une petite partie de la production et donc le pourcentage de produits autoconsommés. - L’élevage de petits animaux (poules, canard, porc) - Les dépenses octroyées à l’activité agricole et en particulier pour l’alimentation des animaux - La taille du jardin - L'état physique du jardin(niveau d’eau et clôture du jardin) - Le type de contrainte évoqué par le producteur - L’indice de pauvreté ou "niveau de vie" (évalué par plusieurs variables) dont le revenu familial F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Première Analyse AFC : Représentation graphique des individus -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00 1.25 1.50 1.75 AXE 2 |+-----------+----------+-----------+----------+-----------+-----------+----------+-----------+----------+-----------+| 0.8+ * | | * | | * .59 | | .58 | | .77 * | 0.6+ .63.74 141 * | | .67.70 .33..4 * | | .16 .60.93 * .44 | | .65 .24 * | | .31 .68 * | 0.4+ 101 108 .71 * .50 | | .57 .76 * .46 .52 | | .80 145 * .51 | | 100 .36 ..1 * | | ..2.19106 .61 * .54 .10 .49 | 0.2+ 139102 .55 * .53 .48 .45 | | 132 .43 * 104 | | ..7..3 * 116 | | .12 ..9 * 117 | | .32 * | 0.0+********************.21************103*******************************************************************************| | .23..6 * 112 | | .64 * .99 | | * .27 | | .73 * 115 | -0.2+ .91 * .41 | | .38 111 107 | | .56 .84 128 109 | | * 136110 | | .78 .85* 142137 | -0.4+ ..8 .87 * .86 | | 125 .39 .22 | | 114 .26 .29 126 | | 127 .81 * | | .66* .14 | -0.6+ .34 * | | 118 ..5 * .13 | | 124 .28 | | .17 | | * | -0.8+ * | |+-----------+----------+-----------+----------+-----------+-----------+----------+-----------+----------+-----------+| -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00 1.25 1.50 1.75 AXE microproducteurs autoconsommateurs agriculture commerciale 1 Deuxième analyse AFC : 1Représentation graphique des individus .0 AXE 2 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 |+-----------+----------+-----------+----------+-----------+-----------+----------+-----------+----------+-----------+| 1.2+ * | | * | | * | | * .22 | 1.0+ .23 | | * .31 .64 | | * | 0.8+ * 119 | | .25 * .61 | | * ..4 | | * .14 | 0.6+ .24 * .80 | | .19 109.17 | | * | | .21 * | 0.4+ .15 .18..5 116 * ..1 .46 | | .26 .13 .97 ..6 * .34 .45 | | 105 .99 117 * ..7 .29 | 0.2+ .27 .92 .16*.98 ..2 | | 120 .12 .10 * | | .96 .20 ..3 .71 * 110 .51 | | 107106 .43 * .41 .86 | 0.0+************************************111*********.30**************121***.69******.84.59*******************************| | .28 .38 103 * .67 | | .32 104.11 101 .60* .91 .90.88 .70 | -0.2+ .37 .73 .39 .75 * .55 .56 | | 108 * .49 .48 .54 | | .35 .36 .77 * .63 | | .33 .40 * .81 .82.47 | -0.4+ .65 .72 .85 * 118 | | .53102 100 * .42 .44 .52 .57 | | * 112 .50 | | .93 * .78 | -0.6+ .83 * .79 .76 | | 115 * | | * | -0.8+ * .66 | | * | | * | | * | -1.0+ * | |+-----------+----------+-----------+----------+-----------+-----------+----------+-----------+----------+-----------+| -1.0 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 microproducteurs en voie d'abandon microproducteurs type1 microproducteurs type 4 F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) microproducteurs type 2 microproducteurs type 3 Ils existent donc deux grands groupes qui sont celui des micro producteurs de jardins familiaux (qui possèdent 4 sous groupes) qui auto consomment leurs produits et celui des agriculteurs et éleveurs qui commercialisent tous leurs produits. Enfin il faut rajouter le groupe des familles n'ayant aucune activité agricole et qui n'apparaît pratiquement pas dans cette enquête et le groupe des grandes propriétés C'est à partir de cette typologie et des critères de différenciation décelés, que nous avons choisi les variables à intégrer dans le sondage, pour classer la population dans chacun de ces types. Enfin, c'est également essentiellement cette enquête qui nous a permis de comprendre quels étaient les objectifs et les stratégies des agriculteurs urbains de chaque type. 1.4 LE SONDAGE 1.4.1 Déroulement du sondage sur le terrain : Le sondage s'est fait selon un échantillonnage aléatoire stratifié. L'erreur d'échantillonnage est de plus ou moins 4% au seuil de confiance de 95%. Chaque quartier enquêté a été divisé en secteurs censitaires définit par la SEGEP en fonction du nombre de domiciles. 1500 domiciles ont ainsi été enquêtés dont 25% à Terra Firme, 11% à Ténoné, 18% à Tapana, 19% à Coqueiro, 12% à Aguas lindas et 15% à Curio, soit 25% dans la première bande, 27% dans la bande de transition, 48% dans la bande d’expansion. 1.4.2 Le questionnaire (annexes p 23) Il a été établit en partie selon les variables discriminantes citées ci-dessus et en partie selon des variables socioéconomiques choisies par la SEGEP. 1.4.3 Traitement des données Des 1500 questionnaires, 1420 ont pu être traités. Une première analyse des fréquences des modalités de chaque variable (annexes p.25) nous a permis de caractériser globalement notre population et de détecter les points faibles de l'enquête. Certaines questions ont été éliminées de notre analyse, soit parce qu'il y avait un nombre jugé trop important de "sans réponses", soit parce qu'elles ont posé des problèmes pour les enquêteurs et nous estimons que le degré de confiance des réponses est trop faible. Parmi ces questions, nous citerons en particulier celles portant sur la commercialisation des produits. En effet, le petit commerce de quartier est légalement interdit, et même s'il est tout à fait toléré, les habitants sont conscients d'être en dehors des lois de fiscalisation. Ainsi, selon le degré de confiance entre l'enquêteur et l'enquêté, les réponses ont été très variables. Cela a posé un problème pour notre analyse puisqu'il s'agissait d'un critère de différenciation important. Pour classer les questionnaires dans les différents types détectés par la typologie, nous avons choisi les variables discriminantes les plus descriptives, considérant que c'était les plus fiables. Ce sont : - L'utilisation (totale ou partielle) ou non du jardin à des fins agricoles, qui nous a permis d'isoler les domiciles, dans lesquelles le jardin ne l'était pas. (type 8) - La présence ou non de bovins, qui isole les éleveurs de bovins (type 6) - La présence de maraîchage ou de grandes surfaces d'arbres fruitiers, isolant les types 5 et 7 - L'origine des revenus (agricoles ou non), isolant les maraîchers et les producteurs de fruits (type 5) d'un coté et les grands domaines (type 7) - Les quatre premiers types (type 1,2,3,4) qui représentent la majeure partie de notre population, ont été classés selon la taille du jardin (inférieure ou non à 50 m²) et le fait d'être totalement clôturé ou au contraire ouvert. En effet il s'agit de variables descriptives, objectives et citées comme déterminantes dans l'établissement des critères de différenciation. 1.5 EXTRAPOLATION DES RÉSULTATS DES DEUX ENQUÊTES À L'ENSEMBLE DES QUARTIERS DÉFAVORISÉS DE LA VILLE DE BÉLÈM (annexes p.31)(carte p9) Les résultats de l'enquête ont été projetés et pondérés de la manière suivante : Nous avons calculé les pourcentages de représentativité de chaque type dans chacun des 6 quartiers référentiels enquêtés. Nous avons ainsi obtenu la proportion des types dans chacun des quartiers référentiels, soit dans chaque zone. Puis nous avons appliqué ces proportions au nombre de domiciles (projetés pour l'année 1998) de l'ensemble des quartiers de chaque zone définie lors du sondage. Nous avons ainsi pondéré nos quartiers référentiels et pu calculer les proportions de chaque type d'agriculteurs urbains dans la population totale des quartiers défavorisés de Bélèm. La projection du nombre de domiciles a été faite à partir d'un coefficient de 1,011 (source SEGEP). Pour les quartiers les plus centraux et au sein desquelles il existe une grande diversité sociale, nous n'avons pris en F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) considération qu'une partie de la population, celle-ci étant estimée par un pourcentage défini à partir du document : "areas de occupação mais carentes de infraestrutura e servicios no Municipio de Belém" de la SEGEP). Cette extrapolation n'a donc qu'une valeur de projection et manque très certainement de données socioéconomiques statistiques plus précises. Mais dans le cadre de notre étude, et des recommandations auprès des autorités publiques, elle était indispensable pour quantifier l'importance des activités d'agriculture urbaine et en imaginer les perspectives. 2 DESCRIPTION DE L'AGRICULTURE URBAINE Définition de quelques termes : L'emploi du mot "jardin" traduit le mot "quintal", qui est un terme regroupant à la fois les cours derrières les maisons, les jardins, et les grands domaines. Un jardin fermé ou "clos" est un jardin entouré d'une clôture impénétrable par les petits animaux et qui ceinture l'ensemble du jardin. Un jardin "ouvert" n'est pas ou mal clôturé. Les "détritus" sont composés d'ordures ménagères, plastique, verre etc… Les "sanitaires internes" sont des sanitaires avec fosses septiques, "les sanitaires externes" n'ont pas de fosses septiques. Le salaire minimum net officiel à l'époque de notre étude est de 120 R$, soit 100$ 2.1 CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION Les familles sont composées en moyenne de 4 à 6 personnes. 60% des chefs de familles sont d’origine rurale et 70% d’entre eux vivent à Bélèm depuis plus de dix ans. 20% seulement des familles ont un membre engagé dans une association de quartier. Le niveau de scolarité des membres de la famille responsable des activités agricoles est très variable (5% analphabète, 20%ont le niveau primaire, 28% le niveau troisième, 11% le niveau secondaire, 1% ont fait des études supérieures). Le revenu mensuel par habitant est inférieur à 0,8 salaire minimum pour 82% des familles et inférieur à 0,4 salaire minimum pour 54%. revenu mensuel par tête en % du salaire minimum (SMC) 11% 16% 0,2 SMC 0,2à0,4SMC 0,4 à 0,8SMC 29% 44% >0,8SMC Les sources de revenu sont en premier lieu les salaires, retraites et pension, puis en second lieu le commerce et les travaux manuels journaliers. Dans la moitié des familles, il y a un ou deux chômeurs. Dans 7% des familles, les membres de la famille ne mangent pas suffisamment, c'est à dire que le nombre de repas journaliers est considéré insuffisant. 90% des personnes enquêtées se disent "propriétaires" de leur terrain (nous reverrons cette notion de propriété dans un autre chapitre), seulement le tiers le sont officiellement. Les conditions de logement sont très variables allant d'une maison en bois sur pilotis, en terre, d'une seule pièce à une maison en briques de plusieurs pièces construite sur terrain sec. Un des critères significatifs du niveau de pauvreté dans l'équipement de la maison est la présence ou non d'un réfrigérateur (la télévision elle est toujours présente). 11% des domiciles n'en possèdent pas. Tous les domiciles ont accès à l'eau, soit du réseau (la pression de l'eau n'est pas toujours suffisante dans la journée, mais revient la nuit), soit d'un puits. Les conditions d'hygiène sont sommaires puisque dans 37%, des domiciles les sanitaires sont externes et dans13% des jardins, des détritus sont accumulés. Les jardins sont de part leur structure, d'une extrême diversité. En effet la superficie de ceux ci varie de 3 à 35 000 m² avec une forte proportion entre 10 et 200m². Les conditions de sol vont du terrain inondé toute l'année et sans aucune clôture, au terrain sec et parfaitement drainé (même en saison des pluies) clos sur tout son pourtour par un mur en briques de trois ou quatre mètres de haut. surface des jardins 6% 3% 1% 0 à 10 m² 5% 10 à 50 m² 26% 16% F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 50 à 200 m² 200 à 500 m² 500 à 1000 m² 1000 à 10000 m² 43% 10000 à 35000 m² Cette variabilité est plus ou moins accentuée selon les quartiers. variation de la surface des jardins en fonction des quartiers 35000 30000 25000 20000 mínimo 15000 máximo 10000 5000 0 Tenoné Coqueiro Tapanã Águas Lindas Curióutinga Terra Firme Lorsque ces jardins sont utilisés, ils le sont soit à des fins agricoles, soit à des fins artisanales (ébénisterie, forgeron, mécanique…). L'utilisation des jardins totale ou partielle pour de l'élevage ou des cultures concerne 56% des jardins. On y trouve en premier lieu des fruits des plantes médicinales, des potagers et des plantes ornementales mais dans 25% des domiciles, il existe aussi un petit élevage de volailles ou de porcs et parfois de bovins. La majorité de ces productions est destinée à l'autoconsommation, mais il existe un petit pourcentage de producteurs qui commercialisent leurs produits et vivent de cette activité. Environ 20% des familles ont déjà eu une activité agricole plus importante et l'ont abandonnée pour des raisons de vol ou d'espace. Outre le manque d'espace, de clôture et le vol, la difficulté majeure ressentie chez les producteurs actuels, est le coût de production de l'élevage et la lutte contre les maladies (des cultures et des animaux). 19% des familles aimeraient démarrer ou amplifier une activité animale ou végétale dans les deux années à venir. Comme nous l'avons expliqué dans la méthodologie, les critères de différenciation, nous ont permis, d'identifier sept types de producteurs que nous pouvons regrouper en trois grands types : la micro agriculture urbaine, l'agriculture commerciale ou de rente, les grands domaines. Les familles n'utilisant pas leur jardin à des fins agricoles constituent un type à part. 2.2 LA MICRO AGRICULTURE URBAINE Elle représente 55% de la population enquêtée et s'oppose aux 44% de la population n'utilisant pas leur jardin à des fins agricoles. Elle est représentée par quatre types qui nous permettent de caractériser les micro agriculteurs de jardins de la ville de Bélèm. Ils se distinguent entre eux par la superficie du jardin et par leur "niveau de vie". Ainsi les types 1 et 2 n'ont accès qu'à des jardins de petite taille et les types 3 et 4 à des jardins plus spacieux. Par contre les types 2 et 4 possèdent des jardins entièrement clôturés, et ont un niveau de vie supérieur ; les types 1 et 3 possèdent des jardins ouverts et ont un niveau de vie inférieur. Ce niveau de vie a été déterminé par plusieurs variables qui sont : le type de construction de la maison, le nombre de pièces, le type de sanitaires, la présence d'un réfrigérateur, les revenus et leurs origines, le nombre de repas journaliers, le niveau des revenus mensuels. Les activités végétales et animales ainsi que les techniques de production sont sensiblement les mêmes, nous les décrirons donc ensemble. C'est plus la fonction et l'ampleur de ces activités dans un certain contexte socio-économique qui différencient chaque type et qui nous ont permis de comprendre avec plus de subtilité le rôle et l'importance de celles-ci dans le système familial. 2.2.1 Description des conduites d'élevages et de cultures fréquence des types productions de la m icro agriculture 75% arbres fruitiers 43% F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 29% 22% 14% plantes médicinales potagers plantes ornementales élevage Productions animales (annexes SEGEP) L’élevage de volailles L'élevage de poules de race locale est de loin le plus caractéristique (88% des élevages). Les poules sont élevées en liberté et la plupart du temps, enfermées la nuit dans une petite cage en bois (parfois cadenassée) confectionnée avec du matériel de récupération. Le nombre d'animaux est de 1 à 5 pour la majorité des élevages, mais peut atteindre 40 dans quelques cas. La base de l’alimentation est composée de déchets domestiques et de maïs, acheté par petites quantités dans les épiceries du quartier, complétée parfois de légumes ou de fruits avariés récupérés sur les marchés proches. Pour les poussins, la lutte contre les prédateurs (essentiellement les rats) est quotidienne, et explique entre autre une mortalité élevée (supérieur à 50%). Ces poussins sont isolés dans des petites cages, rentrées dans la maison pour la nuit, et alimentés à base de concentré acheté dans le quartier. Le cycle des poules est de 100 jours environ (20j de ponte, 21j de couvaison, 60j d’élevage des poussins), soit 3 cycles par an ou 60 œufs pondus, dont 30 consommés et 30 couvés qui ne produiront qu’une 15aine d'adultes éventuellement consommés à partir de 8 mois. Dans quelques maisons l'objectif de cet élevage est la production de coqs de combat vendus ou mis à prix lors des concours de quartier. Quelques familles élèvent des poulets de chair, achetés à quelques jours dans le quartier ou bien reçu de donation. Mais la plupart du temps, il s'agit de mâles de pondeuses industrielles non vaccinés peu performants et très fragiles. La mortalité est donc très élevée et les frais d'alimentation ne sont pas compensés. Les canards (40% des élevages) : Ils sont en général plus destinés à être commercialisés. Le nombre d'animaux de la majorité des élevages est de 1 à 2 mais il existe quelques élevages plus intensifs de 10 à 20 canards. Élevés en liberté dans les cours où ils ont accès à un petit point d’eau (il s’agit parfois d’une simple bassine), ils sont alimentés à base de maïs et de déchets domestiques ou de déchets récupérés sur les marchés ou dans les restaurants. La race locale est bien résistante mais le taux de mortalité des canetons est élevé et considéré par les éleveurs comme un des problèmes majeurs. Le cycle d’une cane est d’environ 120 jours (30j de ponte, 30j d’incubation, 60j d’élevage des petits), soit 2,5 cycles par an ou 50 œufs pondus et environ 20 à 30 canards élevés et consommés ou vendus vers 8 mois. Le lapin : Il existe quelques élevages, mais le lapin est avant tout considéré comme un animal de compagnie, bien que certains traiteurs de la ville en vendent également pour la consommation. Ils sont élevés en cage et alimentés à base de fourrages verts récupérés sur les routes et de restes des marchés. Cette base alimentaire est complétée pendant l’allaitement et le démarrage des lapereaux par du concentré. Ils sont vendus à deux mois. L’élevage de porcs (11% des élevages) Les porcs de race locale sont élevés dans des cages en bois, parfois semi-suspendues au-dessus des égouts ou des terrains inondés, mais jamais en liberté. En général, les éleveurs ont 1 ou 2 animaux, mais cela peut aller jusqu'à 10. L’alimentation est très variable car en majeure partie récupérée. Déchets domestiques, de marchés, résidus de farine de manioc, résidus de blé, de maïs, le porc doit avant tout être élevé à peu de frais. Il atteint 50 à 60 kg vers 8 mois. Le plus souvent le porcelet est acheté sur un marché ou en campagne (10R$) et engraissé en ville, pour être consommé ou vendu (80R$) lors d’une grande occasion. Le coût en aliment d’un porc de 8 mois varie entre 40 et 60 R$ selon le poids et la quantité d’aliments récupérés. Ce coût est parfois même nul. Il est donc difficile d’établir une moyenne. Les problèmes principaux évoqués par les éleveurs sont : - Le coût de l’alimentation en tout premier lieu. - Le vol des animaux prêts à être consommés ou vendus. - La mortalité des petits. - Le prix de vente pour ceux qui désirent commercialiser. Il est intéressant de noter que quelque soit le type d'élevage, à part le jus de citron donné lorsque les animaux sont malades , il n'existe aucune conduite sanitaire. Si les frais engagés pour l'alimentation sont parfois importants, ce n'est pas le cas des dépenses en médicaments qui n'existent pas. Quelques autres élevages et la pêche La pêche est pratiquée par quelques familles habitant dans les quartiers situés à la périphérie et en bordure du fleuve. A l'aide d'un petit canoë, les pêcheurs pêchent du poisson et des crevettes dans la baie lorsque la marée le permet. Cependant, la variété, la quantité, la taille et la qualité des poissons et des crevettes diminuent d'année en année et n'intéressent donc que les familles à très faible pouvoir d'achat. Pour obtenir un poisson de qualité, il est nécessaire de partir plusieurs jours en direction de la Guyane et de posséder un bateau d'une certaine taille. Le sondage a également enregistré un élevage d'escargot, un de dinde, un de pintade, trois producteurs de tortues, un petit élevage de chèvres, et quelques éleveurs de perroquets. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Productions végétales (noms scientifiques en fin de document) (annexes SEGEP) Les arbres fruitiers ( 75% des productions végétales) 70 espèces d'arbres fruitiers ou de palmiers ont été enregistrés lors du sondage. Parmi ceux-ci, les arbres fruitiers les plus fréquemment plantés dans les jardins sont : en premier lieu les "açaizeros", bananiers et manguiers, mais aussi les papayers, avocatiers, cocotiers, goyaviers, citronniers ainsi que certains arbres régionaux dont les fruits sont le cupuaçu, le "jambou", le cajou, "l'acérola". Dans la majorité des jardins, il y a 2 à 5 arbres mais dans les jardins de plus de 50 m², cette quantité va jusqu'à dix. Ils ont été plantés avec des semences d'origine diverses. Le climat chaud et humide de la région permet des croissances rapides, mais aucun soin particulier n’est effectué (pas de tailles, ni d’engrais). L’objectif est autant l’ombrage que la dégustation des fruits à maturité. Cette production est cependant peu volumineuse et ne suffit pas aux besoins alimentaires de la famille. Les cultures légumières et à épices (14% des productions végétales) Lorsque qu'il y a un sol, des petites surfaces de 2 à 10 m² sont cultivées dans les jardins. Mais lorsque les terrains sont inondés toute ou partie de l'année, ces cultures sont dites suspendues et recopiées des systèmes amazoniens de bordure de fleuve : Une sorte de table en bois avec de grands rebords, remplie de terre sert de sol. Nous avons également trouvé des petites cultures légumières dans des grosses boites de conserve récupérées ou dans des vieux frigidaires ouverts à l’horizontal et surélevés. Des épices tels que le coriandre, les oignons, le persil, les piments et parfois du chou vert (couve) sont ainsi cultivés sur des petites superficies de 1m² environ. Lorsque les jardins sont secs et que le sol naturel peut-être cultivé, la macacheira, la courge et les haricots sont également produits. La terre et l’engrais sont les éléments les plus rares et les plus coûteux. Il faut les acheter ou les récupérer. Un des engrais organiques les plus utilisés est le sous produit de la trituration de l'açai. L’approvisionnement en semences est relativement facile pour les produits les plus courants et il n’existe, à cette échelle, pratiquement pas de problèmes phytosanitaires. Le coût de ces productions est faible 1à 2 R$ de terre et quelques centimes de semences souvent même récupérées. Mais le problème majeur dans les quartiers les plus proches du centre ville est la présence des rats qui déracinent les plantes. Les plantes médicinales (43% des productions végétales) 86 noms de plantes médicinales ont été enregistrés lors du sondage, nous ne citerons ici que les plus fréquentes (dans un ordre dégressif). Ce sont : "l'erva cidreira, le capim santo et marinho, l'anador, le boldo, le pariri, l'elixir paregori", la menthe, la cannelle, "le canarana, le mastruz et le pirarucu". Elles sont cultivées de la même façon que les épices et légumes sur de toutes petites surfaces (1 ou 2 pots, 1 m²) c'est à dire en système suspendu ou en terre. La majorité de ces plantes a été introduite, il y a fort longtemps d'Asie et d'Europe, mais aussi d'autres pays d'Amérique centrale et du sud. Elles sont fort bien acclimatées et bien que certaines plantes soient très délicates, aucun problème technique n’a été signalé. Les boutures ou semences sont la plupart du temps échangées entre les producteurs ou éventuellement achetées au Ver o peso (marché). Elles sont utilisées de façon très régulière sous forme de tisane, de bain, de pommade en curatif autant qu'en préventif. Nous reverrons dans un prochain chapitre leur pouvoir et leur reconnaissance scientifique. Les plantes ornementales (22% des productions végétales) Quelques fleurs et surtout de nombreuses plantes décorent les devantures de maisons. Nous pouvons citer les Ibiscus, fougères, héliconeas et de nombreuses autres variétés. 2.2.2 Description de chaque type Notre objectif étant de comprendre la fonction de la petite production agricole des jardins au sein des stratégies de la famille, nous ne donnerons dans ce chapitre que les principaux éléments caractéristiques qui différencient ces types. Les bases de cette description apparaissent dans les annexes (p.25-34) Type 1 : les familles disposant d'un jardin ouvert de petite taille représentativité : - 5% de l'échantillon - 5% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 5925 familles - 18% des familles désireraient amplifier leur activité agricole, soit 1066 familles On localise ces familles dans tout type de quartiers (périphériques ou centraux), elles sont d'origine rurale à 65% et pour le tiers d'entre elles ont toujours habité dans ce même quartier. Parmi les "propriétaires", seulement 20% possèdent un titre officiel. Un certain nombre de familles ont un niveau de vie très bas : les conditions de logement sont très sommaires : 9% n'ont qu'une seule pièce pour vivre, 14% n'ont pas de réfrigérateur, 42% des sanitaires externes, 17% accumulent les détritus dans le jardin. Le revenu mensuel par tête est inférieur à 0,2 salaire minimum pour 9% et inférieur à F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 0,4 pour 45%. Il est issu de travaux manuels journaliers et est donc irrégulier pour 25% et de revenus fixes (salaire ou pension) pour 75%. Le jardin est réduit à une cour d'au maximum 50m² (inférieure à 10m² pour 10%), totalement ou partiellement ouvert, inondée tout ou en partie pour 30%. Malgré ces conditions extrêmement difficiles, ils développent des petites activités agricoles : - animales pour 21% dont les poules (93%), les canards (36%), les porcs (14%). Cet élevage représente un investissement de 10 à 20 R$ par mois, ce qui est significatif dans ces familles. - végétales pour 92% dont les fruits (78%), les plantes médicinales (45%), les potagers (19%), les plantes ornementales (17%). A part pour les potagers, les différents intrants sont en général récupérés (marchés, déchet de la canne à sucre ou du cœur de palmier…) Il existe dans chaque jardin tout type d'associations entre ces différentes productions. Toute la production est consommée par la famille ou échangée contre un bien ou un aliment en cas de problème de trésorerie. Les poules et les légumes servent de base alimentaire pour les jours sans entrée d’argent, les canards et les porcs pour les jours de fête. Les plantes médicinales sont utilisées en cas de maladie mais aussi pour la prévention et sont un des éléments les plus importants d'échange avec les voisins ou membres éloignés de la famille. Ces producteurs se voient très limités par l’espace utilisable, et se plaignent essentiellement des problèmes de vol et du coût de l’élevage d’autant plus élevé qu’il y a une forte mortalité. Il s’agit de familles très pauvres, vivant dans des conditions très difficiles, qui utilisent l’élevage et les cultures comme une réelle épargne alimentaire de sécurité et comme un moyen de troc. On donne aujourd’hui pour recevoir un jour quand on en aura besoin. Type 2 : les familles disposant d'un jardin clos de petite taille représentativité - 10% de l'échantillon - 10% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 13082 familles - 14% des familles désireraient amplifier leur activité agricole, soit 1831 familles On localise ces familles dans tout type de quartiers (périphériques et centraux), elles sont originaires à 62% des zones rurales, et ont changé plusieurs fois de quartiers pour 42%. Parmi les "propriétaires", 38% possèdent un titre officiel. Le niveau de vie est supérieur au type précédent : les maisons sont en briques pour 68% des domiciles, 89% ont plus de deux pièces, 92% ont des réfrigérateurs, 73% des sanitaires internes, il n'y a pas de détritus dans 91% des jardins. Le revenu familial par tête est supérieur à 0,8 salaire minimum pour 22% d'entre eux, et est essentiellement issu de salaires fixes pour 70% ou du commerce pour 30%. Les jardins sont comme le type précédant très petits (maximum 50m²), mais ils sont par contre entièrement clos par une clôture en briques (57%) ou en bois (32%). Les jardins sont secs tout au long de l'année pour 84%, et pour la plupart parce qu'ils ont été remblayés. Les jardins sont utilisés tout ou en partie pour : - des activités d'élevage dans 33% d'entre eux dont des poules (79%), des canards (55%), des porcs (12%), pour lesquelles les producteurs sont à la recherche d'alternatives pour diminuer le coût de production en récupérant des aliments sur les marchés ou dans les restaurants. - des activités végétales dans 92% des jardins dont des fruits (66%), des plantes médicinales (43%), des potagers (12%), des plantes ornementales (24%). Il existe dans chaque jardin tout type d'associations entre ces différentes productions. Pour une partie de ces familles, la production animale est destinée en partie à la vente régulière de produits animaux. Pour le restant des familles, l'autoconsommation est le premier objectif de la production mais en cas de problèmes de trésorerie, ils vendent également des animaux. La vente se fait toujours chez l'habitant et au sein même du quartier. Les productions végétales sont par contre toutes auto consommées ou parfois échangées. Leur objectif est d'augmenter leurs productions mais leur espace est très limité. Ils se plaignent plus de problèmes techniques (coût, mortalité). Il s’agit de familles, qui avec un minimum d’investissement (remblayage et clôture du jardin) ont décidé de tirer une petite rente de l’élevage tout en améliorant leur alimentation. Ce sont des producteurs ingénieux dans la recherche d’alternatives (récupération d’aliments) L’agriculture urbaine fait partie d’une des composantes de leur revenu au même titre que les autres petits travaux. Ces deux types se rejoignent tant par leur origine, que par la structure de leur jardin. Par contre ils se différencient par leur niveau de vie et le deuxième semble cependant être l’étape suivante du premier. En effet il s'agit de familles qui ont réussi progressivement à améliorer leur niveau de vie et qui se sont bien intégré au système urbain acceptant de rentrer dans le jeu du marché monétaire et s’opposant par cela au type 1 qui continue à vivre plus sur les bases de l'échange. L'agriculture urbaine existe même dans des conditions difficiles comme complément alimentaire et même parfois comme petite source de revenu. C'est seulement la production animale qui est commercialisée. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Type 3 : les familles disposant d'un jardin ouvert de taille moyenne représentativité - 22% de l'échantillon - 14% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 18025 familles - 62% des familles de ce type cultivent au moins un petit potager ou une plantation de plantes médicinales ou élèvent des petits animaux - 38% des jardins ne possèdent que des arbres fruitiers ou des plantes ornementales - 31% des familles désireraient amplifier leur activité agricole, soit 5587 familles On localise ces familles essentiellement dans les quartiers périphériques de Bélèm, elles sont originaires à 60% des zones rurales et un tiers d'entre elles n'a jamais changé de quartier. Parmi les "propriétaires", 28% possèdent un titre officiel. Le niveau de vie d'une partie des familles est très bas : les conditions de logement sont rudimentaires : 10% n'ont qu'une seule pièce pour vivre, 18% deux pièces, 48% ont des sanitaires externes, 12% accumulent des détritus dans le jardin, et 17% n'ont pas de réfrigérateur. Le revenu familial par tête est inférieur à 0,2 salaire minimum pour 17% d'entre eux. Il est issu de travaux manuels journaliers et est donc irrégulier pour 30%. Le jardin est ample, de 50 à 500 m², sans véritable clôture, partiellement inondé pour 16% des domiciles et totalement sec tout au long de l'année pour 82%. Les activités agricoles développées sont : - les productions animales pour 29% qui sont l'élevage de poules (91%), de canards (31%) et de porcs (9%) - les productions végétales pour 96% qui sont la production de fruits (81%), de plantes médicinales (44%), de potagers (16%), de plantes ornementales (25%) - dans quelque cas seulement il existe une activité de pêche. Il existe dans chaque jardin tout type d'associations entre ces différentes productions. La production est destinée en premier lieu à l'autoconsommation, et en second lieu à la vente de quelques produits animaux avant qu'ils ne soient volés ! Le vol est en effet la plus grande difficulté évoquée par ces familles. Ils désirent augmenter leur production mais pour cela, doivent investir dans une clôture de jardin, et ils ne considèrent pas toujours cet investissement rentable au vu du coût de l’alimentation animale. Ce groupe est à priori le plus démuni de notre population mais a cependant accès à une structure de jardin (utilisable pour des activités agricoles) peu mise en valeur. Les familles, après un premier effort d'investissement dans l'élevage non récompensé à cause des problèmes de vol, sont dans une étape de réflexion et de doutes sur l'intérêt de développer des activités agricoles dans les jardins. Type 4 : les familles disposant d'un jardin clos de taille moyenne représentativité - 29% de l'échantillon - 25% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 31392 familles - 65% des familles cultivent au moins un petit potager ou une plantation de plantes médicinales ou élèvent des petits animaux - 35% des jardins ne possèdent que des arbres fruitiers ou des plantes ornementales - 18% des familles désireraient amplifier leur activité agricole, soit 5614 familles On localise ces familles essentiellement dans les quartiers périphériques mais dans quelques quartiers centraux également, elles sont originaires à 62% des zones rurales et ont changé plusieurs fois de quartiers pour 44%. Parmi les "propriétaires", 34% possèdent un titre de propriété officiel. Le niveau de vie est plus élevé que dans le type précédent : les maisons sont en briques (66%) et possèdent plus de deux pièces (87%). 85% des familles ont un réfrigérateur, 66% des sanitaires internes et dans 94% des maisons il n'y a pas d'accumulation de détritus dans le jardin. Le revenu familial par tête est supérieur à 0,8 salaire minimum pour 19%. Il est issu de plusieurs salaires fixes, du commerce et de travaux journaliers. Ces jardins sont amples de 50 à 500 m², entièrement clôturés par des murs en briques (46%) ou en bois, naturellement secs tout au long de l'année pour 88%. Ils sont mis en valeur avec des productions - végétales (94%) dont 80% de fruits, 40% de plantes médicinales, 10% de potager, 21% de plantes ornementales. - animales (42%) dont des poules (88%), des canards (38%) et des porcs (10%). Il existe dans chaque jardin tout type d'associations entre ces différentes productions. Les productions sont destinées à l'autoconsommation. Ces familles considèrent leur système de production comme tout à fait satisfaisant, n'ont en général pas le désir de vendre, et se plaignent plutôt du travail que cela représente. L'agriculture urbaine a une fonction alimentaire mais également une fonction récréative. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 2.2.3 Comparaison des objectifs et stratégies Ces quatre types de familles exercent des activités agricoles dans un espace réduit et ne sont pas fondamentalement opposés. Les quelques éléments qui les relient ou au contraire les différencient, et qui sont plus spécifiquement apparus dans la première enquête, nous ont cependant permis de mieux cerner le rôle de l'agriculture urbaine dans le fonctionnement familial. Les points communs à tous les types - L'origine des familles à 60% rurales. - L’agriculture urbaine a pour tous une première fonction alimentaire. - Les productions végétales sont entièrement destinées à l’autoconsommation, quelque soit la superficie plantée. - Une partie des familles de chaque type possède des petites plantations de plantes médicinales et une partie moindre d'épices. Ces produits sont totalement destinées à l’autoconsommation. - Au moins une partie des produits animaux est auto consommée. - Le problème majeur exprimé par les producteurs est le coût de l’élevage et le problème du vol. Les grandes différences d'un type à l'autre - Le nombre de quartiers dans lesquelles les familles ont habité : les types 1 et 3 se sont moins déplacés que les types 2 et 4. - L’état physique des jardins : les problèmes d'inondation n’existent pratiquement que pour les types 1 et 2 et sont bien sûr une contrainte déterminante pour le développement et le choix des activités agricoles. - La superficie des jardins : inférieure à 50 m² pour les types 1 et 2, et supérieure pour les autres. - L'existence d'une clôture (type 2 et 4) ou non (type 2 et 3) du jardin. - Le niveau de vie des familles qui regroupe les types 1 et 3 dans le groupe des plus démunis et les types 2 et 4 dans les moins démunis. - Le fait de disposer de revenus fixes (type 2 et 4) ou irréguliers et donc variables (type 1 et 3). - La proportion de l'élevage de poules par rapport à celui des canards : plus de poules dans les types 1 et 3, et plus de canards dans les types 2 et 4. - La décision de commercialiser ou non des produits animaux. - La proportion de potagers dans le groupe nettement supérieur dans le type3. - Le nombre d'arbres fruitiers supérieur dans les types 3 et 4. - Les difficultés ressenties par les producteurs qui sont structurelles (espace et clôture)pour les types 1, 2 et 3 ou techniques (maladies ou coût de l’alimentation) pour les types 2 et 3. L'évolution d'un type à l'autre A travers ces différents types, on retrouve en quelque sorte l’histoire de ces familles et leur évolution. Le type 1 représente la première étape des familles qui s'exilent de la zone rurale par manque de structure de santé et d’éducation, espérant trouver un emploi et changer de niveau de vie. Elles arrivent donc avec très peu de ressources et s'installent dans les zones les plus proches de la ville, peu importe les conditions d'installation qui ne sont alors pas leur priorité. Elles "achètent" alors un lot, petit et insalubre, et, en attendant de trouver une source de revenu tentent de reconstituer dans leur jardin le même environnement agricole qu’en zone rurale. Si le jardin est inondé, elles se refusent à planter des arbres fruitiers. Mais par contre avec des animaux qu’elles ont amenés, elles se lancent dans l’élevage et parfois dans une petite plantation de plantes médicinales et d'épices, typique des rives amazoniennes. Cependant, ces familles se trouvent très vite confrontées au problème du coût de l’élevage puisqu'il faut acheter du maïs ou du concentré et que leurs moyens ne le leur permettent pas. "À la campagne, les poules ont déjà le ventre plein quand on leur donne du maïs, mais ici, elles ont toujours faim" nous fait remarquer un producteur. Elles diminuent alors leur production animale mais la conservent comme sécurité alimentaire et comme moyen d’échange avec les voisins. Parmi ces familles du type 1, certaines trouvent un emploi ou se lancent dans le commerce, améliorent leur niveau de vie et décident d’investir plus dans leur jardin. Il s’agit du type 2. Les premiers investissements se font dans la clôture du jardin, l’isolant du vol et des voisins, et éventuellement dans le remblayage. Puis les familles réévaluent l'intérêt de chaque production dans ces nouvelles conditions. Cela se solde par une diminution des potagers et une augmentation des activités d'élevages, dont la rentabilité est estimée supérieure, à condition de contourner les contraintes techniques de l'élevage en ville, c'est à dire en récupérant des aliments sur les marchés et restaurants. L'élevage devient alors une petite activité de rente et l'éleveur choisit le canard ou le porc plutôt que la poule car ils constituent des produits plus facilement commercialisables en cas de problèmes de trésorerie. “Mon porc c'est mon banco do brasil” nous expliquait un producteur. D'autres familles du type 1 décident de se déplacer vers la périphérie rejoignant de nouvelles familles qui ont migré des zones rurales beaucoup plus récemment et qui se sont installées dans les nouveaux quartiers. Il s'agit du type 3. Ce sont des familles très démunies soit parce qu'elles viennent de s'installer, soit parce qu'elles n'ont pas trouvé leur place en ville. Elles espèrent une réelle amélioration de leur niveau de vie par l'utilisation du jardin mais sont confrontées à de graves problèmes de vol et de violence. Une partie d'entre elles n'a aucun espoir, les autres tentent tout de même de valoriser leur jardin, d'en obtenir une aide alimentaire et si possible financière, et de le clôturer petit à petit. Enfin certaines familles finissent par améliorer leur niveau de vie grâce au commerce ou autre emploi en ville, c’est le type 4. Malgré un pouvoir d’achat satisfaisant, elles continuent les mêmes activités agricoles mais cette fois-ci avec un objectif plus récréatif : de l'ombre dans le jardin avec quelques fruits qui tombent à maturité, F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) quelques animaux bien nourris et élevés au grand air, tués pour les jours de fête. Ces familles représentent certainement l'idéal des autres types : un jardin bien clôturé et des productions de qualité à disposition. 2.2.4 Problématiques et pistes de recherches Pour les types 1 et 2 Leur problématique "agricole" est la même puisque la contrainte principale est la taille et l'état physique du jardin : - 30% des jardins sont inondés et le rêve de leur propriétaire est de les remblayer, ce qui représente un gros investissement que seulement quelques familles pourront faire. Le problème n'est d’ailleurs pas seulement une question d’investissement en remblais. En effet de nombreux jardins asséchés se ré inondent au fur et à mesure que des rues du quartier sont remblayées. Il faut alors recommencer la même opération de façon à situer son jardin à un niveau supérieur à celui des rues. Ces jardins sont donc inondables à vie et de plus totalement insalubres puisque la plupart de ces rues ont été remblayées par des camions d’ordures, recouvertes de terre. C’est pourquoi un des grands problèmes des familles qui ont planté quelques verdures est celui des rats qui mangent les racines mais aussi les poussins. - 70% des jardins sont asséchés. On a donc créé un sol à base de terre compactée, de déchets d'açai, de sciure et souvent de détritus et la valeur agricole de celui-ci est donc mise en doute. - la fonction de ces productions est en tout premier lieu l'amélioration de l'alimentation en particulier pour les familles du type 1 les plus démunies, mais il faudra également envisager pour certaines familles, le développement de productions pouvant être commercialisées à petite échelle. Les recherches devront donc s'orienter vers des productions à faible coût auto consommables, recherchées par la population des quartiers, adaptées au type de sol et de degré d'inondation, et nécessitant un minimum d'espace. Pour les types 3 et 4 Les contraintes d'espace et d'insalubrité sont levées, mais pour la partie de cette population dont le jardin est ouvert, le problème majeur restera celui du vol. La fonction principale des productions agricoles devra avoir comme premier objectif l'amélioration de l'alimentation des familles les plus démunies du type 3. Il sera également nécessaire de vérifier si, dans ces jardins, l'agriculture urbaine peut devenir une activité créatrice de revenus Les recherches devront donc s'orienter vers des productions à faible coût auto consommables, pour certaines commercialisables. 2.2.5 Conclusion sur la micro agriculture urbaine Tout d'abord que faut-il appeler agriculture urbaine ? Doit-on considérer que les jardins d'arbres fruitiers décorés de plantes et de fleurs, sont les mêmes que ceux où les familles luttent pour élever une ou deux poules (en y investissant parfois 4% de leur revenu) ou faire pousser des légumes et des plantes médicinales sans sol et en se battant contre l'eau et les rats. Les nombreuses visites effectuées sur le terrain lors de ce diagnostic, nous ont permis de juger que l'existence d'arbres fruitiers et de plantes ornementales dans les jardins supérieurs à 50 m² n'étaient pas un élément pouvant caractériser l'agriculture urbaine productive. Ce sont plutôt les cultures de plantes légumières ou médicinales et l'élevage qui apparaissent comme des signes de valorisation du jardin en vue de l'obtention d'un produit consommable ou commercialisable. Ce jugement est tout à fait vérifié lorsqu'on analyse la main d'œuvre nécessaire et le coût des différentes productions. Mais même en éliminant ces jardins classés "non productifs", soit 35% des domiciles appartenant aux types 3 et 4, le nombre de domiciles des quartiers défavorisés de la ville, valorisant leur jardin par des activités agricoles productives peut s'estimer à 50000 (annexes p.34), soit 40% du total de domiciles. La micro agriculture urbaine est avant tout une agriculture de "subsistance", mais elle a également une fonction que nous qualifierons de "récréative". Elle a comme objectif l'amélioration des conditions de vie de ces familles qui se définit par : - l'amélioration de l'alimentation et la constitution d'une épargne alimentaire avec les productions de fruits, légumes et épices, et l'élevage. - la résolution d'une partie des problèmes de santé avec les plantes médicinales. - une meilleure intégration au nouveau cadre de vie par la reconstitution des "cours de ferme" et d'un milieu ambiant plus agréable (plantes ornementales, ombre des arbres). - la création d'un produit échangeable améliorant les relations sociales (fruits et plantes médicinales). - la constitution d'un éventuel complément de revenu (vente d'animaux). F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 2.3 L'AGRICULTURE URBAINE COMMERCIALE 2.3.1 Type 5 : Les maraîchers et producteurs de fruits représentativité - 1,5% de l'échantillon - 0,9% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 1284 familles - 28% des familles désireraient amplifier leur activité agricole Ils habitent dans les quartiers périphériques, sont originaires à 80% des zones rurales. Les quelques maraîchers originaires de la ville ont acquis leur expérience en travaillant dans de grandes entreprises maraîchères japonaises à l'époque de son apogée. Les familles sont composées de 5 à 8 personnes et plusieurs membres de la famille sont investis dans l'activité. Le taux d'analphabétisme atteint 16%, c'est à dire le quadruple des types décrits jusqu'à présent. Les familles vivent des bénéfices de cette activité agricole, dans quelques cas complétés par un salaire ou une retraite. Le revenu par tête est très variable : il est inférieur à 0,2 salaire minimum pour 11% et supérieur à 0,8 pour 22%. 91% d’entre eux sont "propriétaires" de leur terrain, et 36% en possèdent un titre officiel. Une partie de ces producteurs cultivent sur des terres prêtées à titre gracieux par des institutions ou des privées. Ils possèdent une maison en briques de plusieurs pièces, n'ont pas de réfrigérateur pour 18%. 23% des jardins accumulent des détritus et seulement 60% ont un sanitaire interne. La taille des jardins est très variable allant de 50 à 10 000 m². Ces jardins sont clôturés pour un tiers et ouvert pour les deux autres tiers, totalement secs pour 70% et partiellement inondés pour le reste. Les cultures de rente sont essentiellement des cultures fruitières. En général les producteurs ont plusieurs espèces d'arbres fruitiers, sauf quelques cas isolés de culture d'açai. Le nombre d'arbres varie de 100 à 500 pour la majorité. A part le désherbage manuel, la conduite des cultures est pratiquement inexistante. Les fruits commercialisés, sur les marchés de quartier ou des quartiers avoisinants sont l'"açai", la banane, le "cupuaçu" pour les principaux, la mangue, le coco, le "jaca", le "jambou", la goyave. Parfois les fruits sont vendus à des petites entreprises familiales qui écoulent une partie de cette production fruitière en extrayant la pulpe à l'aide de machines plus ou moins artisanales pour la revendre aux petits vendeurs ambulants. Il existe également des maraîchers qui cultivent des "légumes-feuilles" (sur des superficies de 1000 à 4000 m²) c’est à dire de la salade, du chou "couve", du "cariru", des petits oignons, du persil, du coriandre, et du "jambu" et parfois de la "macacheira" et des haricots. Certains plantent aussi des fleurs et des plantes médicinales mais en beaucoup plus petite quantité (50 à 100 m2). Les semences, produits phytosanitaires et engrais minéraux sont achetés de façon individuelle a Bélèm et l’engrais organique (excréments de poules), qui représente de loin la plus forte dépense, est acheté dans les environs de Bélèm et livré par camion. Si la vente ne semble pas poser de problèmes majeurs pour les producteurs de fruits, elle apparaît plus difficile pour les maraîchers, concurrencés par les grands marchés dont nous reparlerons dans le chapitre de la commercialisation. Dans ces quartiers pauvres, la qualité et la fraîcheur des produits ne sont pas les critères les plus recherchés. C’est le prix qui décide. Or, les maraîchers ont des coûts de production relativement élevés dus au transport des intrants et au faible rendement. La vente sur des marchés locaux est donc bien leur cible principale (et dans quelques rares cas sur les grands marchés de Bélèm), mais ils se dédient aussi à la commercialisation dans d’autres quartiers par la livraison à domicile. Certains maraîchers pensent devoir diminuer leur production dans les années avenir, le prix de vente ne compensant pas d’après eux le coût de production. Ils sont à la recherche de nouvelles productions mieux rémunérées ou étant moins exigeantes en engrais organiques. Ils pensent aux fruits régionaux mais le marché leur paraît une grande inconnue. En plus de leur contrainte d’espace limité, et de leur difficulté commerciale, ils se plaignent de leur isolement en termes de conseils techniques et de la difficulté de s’approvisionner en boutures d'arbres fruitiers. Les producteurs de fruits se plaignent plutôt de problèmes de vols des productions sur pied. Ce groupe est très hétérogène, tant pour la taille des jardins que par rapport au niveau de vie. C'est le seule groupe de notre étude qui vit réellement de l'agriculture urbaine. Des problèmes techniques majeurs existent comme l'appauvrissement des sols des maraîchers qui doivent chaque année investir dans plus d'engrais organique et de produits de défenses chimiques ou le rendement des arbres fruitiers qui diminue. Mais pour ces producteurs, cela n'est pas le problème majeur, qui est plutôt celui de la commercialisation. Comment vendre à un bon prix ? Il faut noter qu'il n'existe aucune organisation des producteurs entre eux, chacun cherchant pour son propre compte à écouler ses produits. Il faut donc envisager d'une part d'améliorer les rendements, de façon à produire à prix plus compétitif, d'autre part de travailler sur la commercialisation. 2.3.2 Type 6 : Les éleveurs de bovins représentativité - 0,2% de l'échantillon - 0,2% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 175 familles - 100% des familles désireraient amplifier leur activité agricole F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Ils habitent tous dans des quartiers périphériques, sont originaires de zones rurales souvent extérieures au Para (Ceara ou Maranhão) et installés récemment (5ans). Il y a souvent un employé responsable d’une partie de l’élevage. Le revenu par tête est un peu plus élevé que dans tous les autres groupes puisqu'ils ont tous plus de 0,4 salaire minimum issu d'un emploi fixe. Ils sont tous propriétaires de leur terrain et en possèdent un titre officiel. Ils habitent une maison en briques de plusieurs pièces, possèdent un réfrigérateur et des sanitaires internes pour 70%. La taille des jardins varie entre 300 et 5000 m2, ils sont secs toute l'année et ouverts. Ce sont des éleveurs de bovins mixte viande et lait. Ils ont entre 5 et 15 animaux (vaches, génisses, taureau) et pratiquent un élevage type stabulation. Les animaux sont alimentés à base de fourrages en vert coupé le long des routes tous les jours complétés par de la "cervada" (déchet du traitement du houblon pour la fabrication de la bière) achetée et transportée en camion. Ils ont donc de fortes dépenses (100 R$/mois) mais également un bon bénéfice avec la vente quotidienne du lait en porte à porte. Lorsque le troupeau grandit, ils vendent des animaux ou cherchent un pâturage à louer dans les zones rurales proches de Bélèm. Certains ont dit avoir un bénéfice d'environ 200 à 300 R$ par mois. En général, une partie du jardin est également plantée d'arbres fruitiers. L'objectif de cette production est donc double : la vente du lait est un complément mensuel au salaire et les bovins représentent une épargne à plus long terme. Ces producteurs espèrent tous augmenter la taille de leur troupeau et pour contourner leur contrainte d'espace, acheter des terres pour y mettre une partie des animaux. Ils espèrent également pouvoir diminuer leur coût de production. Au niveau commercial, ils ne voient aucune difficulté et pensent au contraire que le marché du lait frais est encore très ouvert. Il s'agit donc d'un groupe bien particulier, qui a un avenir questionné en vue de l'arrivée des nouvelles structures d'urbanisation et des problèmes sanitaires que cela représente. Mais dans combien d'années ? Ce petit groupe est relativement privilégié au niveau revenu, et utilise l'agriculture urbaine avec ingéniosité, valorisant son isolement géographique (élevage de gros animaux et vente d'un produit rare : le lait frais). Ils n'ont pas de problématique majeure ou plutôt l'ont déjà résolue. Le coût de l'élevage est élevé puisque pratiquement hors sol mais compensé par une vente à prix fort du lait. Leur problème structurel est résolu par l'achat ou la location de terres loin de la ville. Il existe quelques difficultés techniques (maladies, performances) mais cette production est relativement récente pour tirer des conclusions d'autant plus que les entrevues ont été assez délicates. Une des alternatives intéressantes pour l’alimentation serait la production d’ensilage mais serait-ce bien raisonnable en ville ? 2.3.3 Conclusion sur l'agriculture commerciale Pour ces deux types de producteurs, l'agriculture est une agriculture de rente et est l'activité principale de ses familles. La vente des produits constitue tout ou partie du revenu. Ce type d'agriculture se rapproche donc beaucoup plus des activités agricoles que l'on trouve en zone rurale. Nous la qualifierons d'agriculture "commerciale". 2.4 Type 7 : LES GRANDS DOMAINES URBAINS représentativité - 0,6% de l'échantillon - 0,3% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 445 domiciles Les jardins sont très spacieux (jusqu'à 4 hectares), totalement secs et clôturés par un grand mur en briques pour 60% d'entre eux. On les trouve dans les quartiers périphériques, ils ont survécu aux occupations spontanées successives, et constituent un groupe très hétérogène. En effet, l'usage de ces domaines peut être récréatif (club de loisirs ou résidences secondaires) ou être un investissement immobilier qui se valorise d'année en année. Nous avons rencontré quelques propriétés dans lesquelles le gardien n'avait pas vu le propriétaire depuis plusieurs années. Parmi ces grands domaines, une dizaine sont le siège de grands élevages de poules pondeuses en général gérés par des japonais. Ces producteurs japonais sont arrivés dans le Para il y a très longtemps et se sont pour beaucoup installés dans les quartiers de Bengui et Tapana, c'est à dire dans la périphérie qui était alors la zone rurale la plus proche de Bélèm. Beaucoup d'entre eux ont vendu leur terrain dès l'arrivée des occupations, pour aller s'installer plus en périphérie, mais cette fois-ci en dehors du municipe de Bélèm. Certains ont résisté et sont restés. Ils sont donc propriétaires d'immenses terrains (plusieurs hectares) murés, sur lesquels après avoir fait pendant de longues années du maraîchage, ils gèrent maintenant de gros élevages de poules pondeuses. Ils ont abandonné le maraîchage pour des raisons économiques, le prix d'achat des légumes ayant trop chuté. Ils ont cependant formé la plupart des actuels maraîchers en les employant pendant de longues années. Ils ont leur propres circuits de commercialisation, pour écouler leur production semi-industrielle mais ont de grosses difficultés par rapport au vol qu'ils ne peuvent absolument pas contrôlé. Il faut noter que ces grandes entreprises, de part leur très faible proportion, n'ont pas été repérées lors du sondage, mais seulement lors de la première enquête. Elles sont d'ailleurs en voie de disparition totale. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Il a été difficile d'enquêter ce groupe et les informations recueillies concernent essentiellement les gardiens. Certains ont un salaire fixe mensuel, sans aucun droit d'utilisation de l'espace, d'autres ne reçoivent pas d'argent mais peuvent cultiver une partie du jardin. Leur revenu est donc assez variable, mais on peut noter qu'une partie de ce groupe est très démunie (11% ont moins de 0,2 salaire minimum par tête) et qu'on trouve un grand taux d'analphabétisme (14%). Les gardiens qui peuvent utiliser une partie du jardin élèvent des poules et des canards, et cultivent des petits potagers pour leur consommation familiale. Les propriétaires de ces grands domaines ne font pas partie de notre population cible, par contre les informations recueillies auprès des gardiens peuvent être analysées de la même façon que pour les types 3 et 4. 2.5 Type 8 : LES JARDINS NON UTILISÉS POUR L'AGRICULTURE représentativité - 31,6% de l'échantillon - 44% des domiciles des quartiers défavorisés de Bélèm, soit 53874 familles - 13% des familles désireraient commencer une activité agricole, soit 7000 familles Ce groupe est constitué de tous les domiciles, au sein desquelles le jardin n'est pas utilisé à des fins agricoles, c'est à dire dans lesquelles il n'y a aucun arbre, aucune plante médicinale, ornementale ou légumière, et aucun animal autre que les chiens, les chats, les singes. Dans 24% de ces jardins, l'espace est utilisé à une autre activité parfois artisanale (menuiserie, forge, mécanique) ou domestique (étendage et lavage du linge). Dans 76% des cas, le jardin est totalement abandonné. Parmi ces jardins, 54% ont un superficie inférieure à 50 m² (ouverts pour le tiers d'entre eux et clôturés pour les deux tiers). 42% ont une taille supérieure à 50 m² et pour la majorité inférieure à 200 m² (ouverts pour 40% et fermés pour le reste). Par rapport à notre typologie, 17% ont les mêmes conditions de jardins que le type 1, 36% que le type 2, 18% que le type 3 et 24% que le type 4. Il faut noter que 37% de ces jardins sont totalement ou partiellement inondés, pendant toute l'année pour 20% d'entre eux. Ces familles sont originaires des zones rurales à 60% et 40% d'entre elles ont changé plusieurs fois de quartiers. Les revenus des familles sont très variables allant de moins de 0,2 salaire minimum par tête pour 11% à plus de 0,8 salaires minimum par tête pour 16%. 14% de ces familles ont déjà élevé des animaux mais ont abandonné pour des raisons diverses. Il s'agit de familles qui n'exercent pas d'activités agricoles soit parce qu'elles habitent dans des conditions trop impropre à l'agriculture, soit parce que leur niveau de vie est satisfaisant et qu'elles ne voient pas l'intérêt de valoriser leur jardin. 2.6 CONCLUSION: QUI SONT LES AGRICULTEURS URBAINS DE BÉLÈM? L'agriculture urbaine est avant tout l'agriculture des populations démunies. Elle est adoptée par un grand nombre de familles qui n'ont souvent pas d'autres alternatives pour améliorer leurs conditions de vie. On peut distinguer : L'agriculture de subsistance des familles démunies, tentant de valoriser leur jardin en vue de l'obtention d'un produit consommable, échangeable ou éventuellement commercialisable. Elle représente 41% des domiciles des quartiers défavorisés, soit 50000 familles qui mènent une véritable lutte d'adaptation de l'agriculture à la ville. L'agriculture plus récréative des familles plus aisées ou ayant accès à des conditions d'installation plus privilégiée. Elle représente 14% des domiciles des quartiers défavorisés, soit 17000 familles, qui à l'aide de plantations d'arbres ou de plantes ornementales, tentent d'améliorer leur environnement. L'agriculture commerciale, faiblement représentée par 1% des domiciles de ces mêmes quartiers, soit 1500 familles pour lesquelles les bénéfices des activités agricoles constituent l'essentiel des revenus. 44% agriculture urbaine commerciale agriculture urbaine de subsistance 14% 1% 41% F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) agriculture urbaine récréatives aucune activités agricoles 3 LOCALISATION DES ACTIVITÉS AGRICOLES URBAINES 3.1 L'ESPACE OCCUPÉ PAR L'AGRICULTURE URBAINE L'ensemble des jardins des quartiers défavorisés de Bélèm représente une superficie totale d'environ 4000 hectares. De ces 4000 hectares 50% sont valorisés par la micro agriculture urbaine 25% ne sont pas utilisés à des fins agricoles, 15% sont valorisés par l'agriculture commerciale, 10% sont des grandes propriétés (résidences secondaires, club récréatifs)(annexe p34) répartition des surfaces totales de jardins 10% petits jardins avec micro agriculture 15% 50% petits jardins sans activités agricoles surface d'agriculture commerciale grands domaines 25% 3.2 RÉPARTITION DES TYPES DANS LES DIFFÉRENTS QUARTIERS DÉFAVORISÉS Comme le montre les schémas de répartition p 33, à part dans la zone de Terrafirme, les types 3 et 4, c'est à dire les microagriculteurs urbains ayant des jardins d'une superficie supérieure à 50 m² existent dans une grande proportion dans tous les quartiers. Les types 1 et 2, c'est à dire les microagriculteurs urbains ayant accès à un jardin de taille inférieure à 50 m² sont également présents dans tous les quartiers mais en plus faibles proportions. L'agriculture commerciale peu représentée est plus localisée aux quartiers périphériques de Tapana et Ténoné et est totalement absente dans la zone de Terra firme. Les grands domaines sont essentiellement localisés dans la zone de Ténoné. Les jardins non utilisés à des fins agricoles se trouvent essentiellement dans les zones de Terrafirme et Curioutinga, et dans une moins grande proportion, dans celles de Tapana et Coqueiro. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Répartition des types dans la zone de Tapana Répartition des types dans la zone de Ténoné 35,0 50,0 30,0 45,0 t ype1 25,0 40,0 t ype1 35,0 t ype2 30,0 t ype3 t ype5 25,0 t ype4 t ype6 20,0 t ype5 t ype7 1 5,0 t ype6 t ype8 1 0,0 t ype2 t ype3 20,0 t ype4 1 5,0 1 0,0 5,0 t ype7 t ype8 5,0 0,0 0,0 tapana tenone Répartition des types dans la zone de Coqueiro 45,0 Répartirion des types dans la zone de Aguas lindas 50, 0 40,0 45, 0 35,0 t ype1 40, 0 t ype1 30,0 t ype2 35, 0 25,0 t ype3 30, 0 t ype4 25, 0 t ype4 20, 0 t ype5 20,0 t ype5 1 5,0 t ype2 t ype3 t ype6 t ype7 1 0,0 t ype8 5,0 t ype6 1 5, 0 t ype7 1 0, 0 t ype8 5, 0 0,0 0, 0 coquei r o ag l i nd Répartition des types dans la zone de Curio-utinga Répartition des types dans la zone de Terrafirm e 40,0 70,0 35,0 60,0 30,0 t ype1 25,0 t ype1 50,0 t ype2 t ype2 t ype3 20,0 t ype4 1 5,0 40,0 t ype3 t ype4 30,0 t ype5 t ype5 t ype6 1 0,0 t ype7 5,0 t ype8 20,0 t ype6 t ype7 1 0,0 t ype8 0,0 0,0 cur i o Type 1 : Microproducteurs de jardins ouverts inférieurs à 50 m² Type 2 : Microproducteurs de jardins fermés inférieurs à 50 m² Type 3 : Microproducteurs de jardins ouverts supérieurs à 50 m² Type 4 : Microproducteurs de jardins fermés supérieurs à 50m² Type 5 : Producteurs de fruits et maraîchers Type 6 : Eleveurs de bovins Type 7 : Grands domaines Type 8 : Jardins non utilisés pour l'agriculture F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) ter r af i r me 3.3 QUELLES SONT LES ZONES LES PLUS ADAPTÉES A L'AGRICULTURE URBAINE Quartier par type 70 type1 60 type2 50 type3 40 type4 30 type5 type6 20 type7 10 type8 0 tapana tenone coqueiro ag lind curio terrafirme Les zones les plus représentées par l'agriculture urbaine parce que les plus adaptées d'un point de vue agronomique et démographique sont celles de Ténoné, Tapana et Aguas lindas, qui sont des zones périphériques encore peu urbanisées et à faible densité. La zone de Terrafirme est par contre la moins bien représentée et la moins bien adaptée puisque c'est la zone de plus forte densité, la plus proche de la baie du Guajara, et dont les minuscules jardins sont souvent inondés. La zone de Coqueiro présente la particularité d'être le nouveau lieu de résidences des familles de classe moyenne, ce qui la différencié des autres zones périphériques. Enfin, la zone de Curio-Utinga est très particulière puisque les occupations y sont récentes et l'occasion de nombreux conflits avec les autorités qui veulent préserver cette réserve naturelle. Les habitants ne s'y sentent donc pas vraiment installés et seront certainement prochainement délogés Cette constatation ne signifie pas que les quartiers les plus représentés aujourd'hui doivent être l'unique cible d'éventuels projets ou politiques de développement de l'agriculture urbaine. Si la question se pose pour le quartier de Curio-Utinga (réserve naturelle), il n'en est pas de même pour les quartiers de Terrafirme et Coqueiro, dans lesquelles même si seulement une partie de la population s'intéresse aux activités agricoles, celles-ci ont un poids suffisamment important dans l'équilibre familial pour qu'on s'en préoccupe également. 4 CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE(carte p36) L'agriculture urbaine est essentiellement une agriculture de subsistance qu'exercent 50000 familles démunies pour améliorer leurs conditions de vie. Cette agriculture que l'on retrouve dans tous les quartiers mais en proportions différentes, s'exercent dans des jardins de structures très différentes par leur taille (comprise à 80% entre 1 et 200 m²), et par l’intensité des problèmes d'inondations. Elle a pour fonction de produire des aliments et des substituts aux médicaments, et joue le rôle de sécurité alimentaire et d'épargne. En plus de ces fonctions "économiques", elle a également un rôle social important. En effet, la mise en valeur des jardins améliore l’environnement quotidien de ces familles exilées et les productions constituent un un élément d'échange entre les familles. Cette fonction sociale est bien mise en évidence pour les 17000 familles demeurant dans les quartiers périphériques et disposant de surfaces plus amples et qui exercent une agriculture récréative de plantations fruitières et ornementales. Mais il existe également dans certains quartiers périphériques à faible densité, et en beaucoup plus faible proportion, une agriculture commerciale qui gèrent des revenus pour 1500 familles. Ce sont des familles qui ont accès à des surfaces de jardins plus privilégiées et qui sont devenus de véritables agriculteurs ou éleveurs. L'agriculture urbaine améliore donc les conditions de vie d'une grande proportion des familles demeurant dans ces quartiers défavorisés et quelque soit sa valeur économique, on peut se demander dans quelles mesures il serait possible d'une part de répondre à des besoins exprimés par les producteurs, d'autre part si ces différentes formes d'agriculture pourraient être mieux rentabilisées, enfin quel est leur avenir quant à l'évolution de l'urbanisation. Ce sera la seconde partie de cette étude qui analysera - L'avenir des quartiers où il existe encore des grands espaces - L'éventuel intégration des micro agriculteurs urbains dans le système d'approvisionnement alimentaire - L'importance des produits agricoles urbains dans l'amélioration des conditions de vie des populations les plus démunies. - La rentabilité économique de ces productions urbaines en fonction de l'espace imparti à ces activités. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) DEUXIÈME PARTIE PERSPECTIVES D'AVENIR DE L'AGRICULTURE URBAINE F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) L'avenir de l'agriculture urbaine peut se discuter en fonction de trois éléments qui sont l'évolution de l'espace urbain, la place sur les marchés d'approvisionnement et la rentabilité économique. 1 PRÉVISIONS D'ÉVOLUTION DE L'ESPACE URBAIN 1.1 LA NOTION DE PROPRIÉTÉ ET LES PROBLÈMES FONCIERS Dans la typologie décrite précédemment, la plupart des chefs de familles se disent "propriétaires", or seulement une petite partie d'entre eux le sont officiellement. D'autre part, nous avons pu noter que la proportion de "propriétés légalisées" augmentait en fonction du niveau de vie. Nous nous sommes alors demandés quelle était la signification du terme "propriétaire" et si la mise en valeur de la maison et du jardin était liée ou non avec le fait d'être propriétaire légal. La notion de propriété sur ces terres pour la plupart envahies est en effet assez complexe : Le premier occupant du lot arrivant sur les terres non habitées et non construites s'approprie le terrain et ne possède aucun document. Au bout de 5 ans et 1 jour si aucun éventuel propriétaire ne s'est manifesté, il bénéficie de la loi de "uso capião", c'est à dire qu'il peut rentrer dans le processus de légalisation de ce terrain avec l'organisme responsable : la CODEM et devenir légalement propriétaire. Ce premier occupant peut également construire une maison, puis vendre ce terrain qu'il a occupé, à une autre personne. Il signe alors éventuellement un reçu avec le nouveau propriétaire, notant la superficie et les limites géographiques du terrain. Ce reçu est alors appelé "recibo de Bemfeitoria", c'est à dire que le nouveau propriétaire achète à l'ancien propriétaire, qui n'a en fait aucun document officiel de son titre, les biens qui ont été construits (soit la maison en général). Si ce nouveau propriétaire veut légaliser son terrain, il rentre dans le même processus de légalisation avec la CODEM. Mais souvent aucun reçu n'est signé. Parfois la vente peut se faire en toute simplicité entre le propriétaire détenant une documentation officielle du terrain et l'acheteur. Mais c'est assez rare dans les quartiers de notre étude. Le processus de légalisation de la CODEM est très compliqué, très long (plusieurs années) et très onéreux car il faut payer des avocats pour faire avancer la recherche de l'éventuel propriétaire qui est le déclencheur du processus. Si le véritable propriétaire est retrouvé, l'achat se fait par l'intermédiaire de la CODEM et d'avocats privés entre le véritable et le nouveau propriétaire. Cela génère bien évidemment des conflits. Mais la plupart du temps le véritable propriétaire n'est pas retrouvé ou le terrain est propriété institutionnelle (Université, Marine, Aéronautique). C'est alors la CODEM qui décide de la légalisation et si elle accepte, elle établit un prix d'achat selon le quartier et la superficie du terrain. Les occupants de ces quartiers ne s'engagent en fait que très rarement dans ce processus de légalisation pour différentes raisons : D'une part beaucoup n'ont pas les moyens de contracter un avocat, payer des notaires et se rendre régulièrement à la CODEM pendant des années pour régulariser leur terrain. D'autre part, ils ont souvent peur des conséquences de cette démarche sur l'impôt local que jusque là ils ne payent pas puisqu'ils ne sont pas cadastrés. Ainsi qu'ils bénéficient de l'"uso capião", possèdent ou non un reçu de "bemfeitoria" ou un document officiel de la CODEM, les occupants se disent "propriétaires". Le fait de posséder un titre officiel de propriété ou non, a certainement une incidence sur la valorisation des propriétés, en particulier en cas de conflits. Mais d'une façon général, et parce qu'il concerne 70% de la population de notre étude, le niveau d'investissements n'est pas lié à la titularisation officielle de la propriété. C'est plutôt, au contraire, l'amélioration des niveaux de vie qui entraîne la légalisation de la propriété. Par contre en ce qui concerne l'évolution de ces propriétés, l'ambiguïté du "titre" sera la source de nombreux conflits en particulier dans les nouvelles zones d'urbanisation. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 1.2 RÉFLEXIONS SUR L’ÉVOLUTION DE L’ESPACE URBAIN Ces éléments de réflexion sont issus de discussions avec des personnes de la Codem et Saint Clair Cordeiro de Trinidade qui a écrit récemment une thèse sur ce sujet "A Cidade Dispersa"(ou La ville s'éparpille). Cette thèse analyse l'évolution de l'urbanisation de toute la région métropolitaine de Bélèm, c'est à dire du municipe de Bélèm et des municipes environnant, soit Ananindeua, Marituba, Bénévides, qui ne font pas partie de notre zone d'étude. Mais elle est d'un grand intérêt pour notre réflexion sur les perspectives de l'agriculture urbaine puisqu'elle apporte des éléments sur la projection et l'évolution de l'espace urbain dans Bélèm. Jusque dans les années 80, le peuplement de Bélèm s'est plus fait de manière verticale et donc concentré sur la pointe de la péninsule. Aujourd'hui, la tendance est plutôt à "l'horizontalisation", c'est à dire que les zones urbaines se concentrent moins, et se dispersent géographiquement entre la périphérie et les municipes voisins. Pour Saint Clair de Cordeiro, cette dispersion est le fruit de trois type d'"occupations" qui sont : les occupations spontanées formées par les occupants qui s'installent spontanément et "illégalement" sur des terrains inoccupés ; les occupations planifiées par le gouvernement c'est à dire les lotissements de l'état ; et les occupations dirigées par les entreprises privées, c'est à dire les promoteurs immobiliers. La localisation de ces nouvelles "tâches urbaines" et en particulier des deux derniers types d'occupations est totalement liée à l'évolution des infrastructures et des routes. L'État les dirigent donc toutes d'une certaine façon. A partir de ces considérations, on peut donc essayer de prévoir l'évolution des différentes bandes de découpage de la ville. En effet la ville est découpée en trois zones qui sont (voir carte en introduction p 4) : 1La primeira legua ou première zone d'urbanisation ; 2 L’area de transição ou L'aire de transition et 3 L'area de expansão ou aire d'expansion. La zone 1 peut être découpée en trois type d'occupation : - Le premier type correspond à la zone la plus peuplée de familles très pauvres et qui évoluera peu. En effet les promoteurs immobiliers n'y voit pas d'intérêt puisque d'une part les terrains sont souvent semi inondés en raison de la basse altitude et que de ce fait les fondations seraient très onéreuses ; d'autre part parce qu'il n'y a aucune infrastructure pour les voitures et pas de plan d'urbanisation vue que ce sont toutes des occupations spontanées. A priori il n'y a plus de place, non plus pour de nouvelles occupations spontanées. Cette zone est considérée stable. - Le second type où se trouvent les quartiers riches et commerciaux, qui continuent à se "verticaliser" avec les constructions d'immeubles. - Le troisième type où certains quartiers bénéficient de bonnes infrastructures routières et qui va devenir la nouvelle proie des promoteurs immobiliers. La zone 2 ou de transition restera à priori stable puisqu'elle est essentiellement composée d'aires institutionnelles ou militaires et d'une réserve naturelle. La zone 3 ou d'expansion serait le futur de Bélèm. C'est là que l'État y projette ses futurs investissements en infrastructures et en zones habitables, suivi des promoteurs immobiliers et également des occupations spontanées. 1.3 CONCLUSION Les quartiers, sujets à une évolution future, sont essentiellement situés dans la bande d'expansion, c'est à dire dans les zones de Tapana, Ténoné, Coqueiro, Aguas lindas. Dans la première bande seulement certains quartiers et en particulier ceux de Pédreira et Marcos en feront également partie. Dans ces quartiers, l'afflux de population va générer de nouveaux conflits de propriété, et très certainement entraîner des transactions foncières induisant la division ou même parfois la disparition de moyennes et grandes propriétés. Nous pouvons déduire : L'agriculture urbaine de subsistance exercée dans les jardins de petite superficie (type 1 et 2) devrait subsister. L'agriculture urbaine de subsistance et récréative exercée sur des superficies supérieures, dans les quartiers périphériques (type 3 et 4) disparaîtra en partie. Par contre elle aura certainement F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) l'opportunité de se tourner vers un système plus commercial, puisque l'afflux de population devrait créer une future clientèle de produits agricoles. L'agriculture urbaine commerciale est plutôt compromise par d'une part la présupposée futur vente des grandes propriétés mais également par l'augmentation de la densité de population et la réglementation officieuse des problèmes de voisinages. Les grands domaines du type 7 sont en voie de disparition. 2 PERSPECTIVES DE COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES URBAINS L'objectif de cette étude était d'apporter quelques éléments d'analyse sur : Les grands traits de la filière fruits légumes et la possibilité d'y intégrer les petites productions urbaines. Les grands traits des filières plantes médicinales, ornementales ou à parfum, et l'existence d'une éventuelle demande. La demande en animaux de basse-cour ou éventuellement autre type de protéines animales. Pour cela, nous avons d’une part interviewé les diverses institutions et organismes travaillant sur la commercialisation des fruits et légumes, d’autre part mené une enquête sur les marchés de quelques quartiers auprès des consommateurs et des commerçants. 2.1 LE MARCHÉ DES FRUITS ET LÉGUMES 2.1.1 La provenance des fruits et légumes Lorsqu’on interroge les commerçants des marchés de Bélèm sur la provenance des fruits et légumes, on est interpellé par le volume de produits provenant de Sao Paulo ou d’autres états du Brésil. Cette impression est bien confirmée par les données enregistrées par la centrale d'approvisionnement de Bélèm : la Ceasa. Créée en 1975 dans le but de centraliser en un seul point les produits “horti fruti grangeiro” soit les légumes, fruits, tubercules et quelques produits divers comme les œufs et la farine de manioc, la Ceasa est en théorie le premier maillon de la filière fruits et légumes. Actuellement étant donnée l'absence de fiscalisations maritime et routière, et le développement des marchés parallèles, elle ne reçoit plus que la moitié des volumes de fruits et légumes commercialisés, mais les lieux et pourcentage de provenance des produits sont représentatifs de l'ensemble de l'approvisionnement en fruits et légumes de la ville de Bélèm. Selon le rapport annuel 1997 et l’évolution des provenances et des volumes des produits distribués par la Ceasa (annexes 35-36), le Para n’a produit en 1997, que 22% des 13000 tonnes mensuelles de produits vendus à la Ceasa, c'est à dire que 78% des légumes, fruits et tubercules ont été importés d’autres États du Brésil. Les États les plus réguliers dans l’approvisionnement de la Ceasa sont essentiellement Sao Paulo et Bahia, mais aussi Pernambuc, Goias et Parana. D'une manière plus détaillée : - Les légumes"feuilles", à part le chou pommé qui est importé de Sao Paulo et du Pernambuc (et qui représente 70%du poids total), proviennent du Para - Les autres légumes proviennent de Bahia (23%), Goias (20%), Ceara (14%) et Sao Paulo (13%) - Les fruits proviennent du Para (35%), du Pernambuc (14%) et de Sao Paulo (11%) - Les tubercules proviennent de Sao Paulo (21%), du Parana (18%) et de Bahia (15%) - La farine de manioc est un des seuls produits provenant pratiquement à 100% du Para Le Para est donc un grand importateur de légumes (en particulier tomates, cristophines, citrouilles, aubergines, concombres), mais aussi de certaines variétés de fruits (pommes, poires, raisin), et de tubercules (oignons, pommes de terre, betteraves, carottes). Il est par contre exportateur de fruits tropicaux vers d’autres états du Brésil (75% de la production des pulpes de maracudja, cupuaçu, açai, goyave, acerola). Enfin il est autosuffisant en légumes"feuilles" autres que le chou pommé (petit oignon, salade, chou vert ou "couve", coriandre, persil, "jambu") et en manioc. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 2.1.2 Les différentes étapes de la distribution de fruits et légumes Actuellement le premier maillon de la chaîne de distribution des fruits et légumes se divise entre : - La Ceasa (environ 40%). Elle reçoit l’essentiel des importations arrivant par voie terrestre des régions éloignées du Para et d’autres états du Brésil, ou par voie aérienne de l’étranger (Argentine, Chili, Mexique, États Unis, Italie, Espagne, Portugal, Nouvelle Zélande). Ces produits sont redistribués aux grossistes, aux petits commerçants des marchés de Bélèm et dans quelques supermarchés, par l’intermédiaire d’entreprises privées qui louent un emplacement au sein de la Ceasa . - Le “Ver o Peso” (le plus important marché de Bélèm). Il est approvisionné en majeure partie par des produits des îles (poissons, fruits régionaux, açai), mais aussi en légumes et fruits arrivant par voie terrestre, soit des environs de Bélèm, soit d’autres États (essentiellement Sao Paulo). La redistribution se fait de manière tout à fait officieuse, entre les commerçants de marchés, les grossistes, les restaurateurs, et, pour quelques produits comme le poisson, quelques supermarchés, mais elle se fait aussi directement au consommateur. Il s’agit donc, contrairement à la Ceasa d’un marché de rue ouvert à tout type de clientèle. - Les marchés parallèles de légumes"feuilles" qui redistribuent une bonne partie de la petite production maraîchère des municipes proches de Bélèm aux grossistes et aux petits commerçants de quartiers. - Les petits marchés en bordure du fleuve qui reçoivent directement les produits des îles (açai, poissons, fruits...) et revendent aux grossistes et petits commerçants. - Les supermarchés qui s’approvisionnent en partie directement des autres États. - Les camions de fruits qui font de la vente directe au consommateur sur les routes et en divers points de Bélèm. - Les entreprises privées qui importent directement d’autres États et qui revendent au restaurants ou supermarchés. La redistribution jusqu'au consommateur se fait ensuite par l’intermédiaire - Des marchés officiellement reconnus par la Mairie (dont le Ver o peso). - Des marchés de quartier dits "libres" tolérés en fonction des différents gouvernements, mais qui représentent une importante part de l’écoulement des produits. - Des supermarchés. - Des petites épiceries de fruits et légumes de quartier. Les deux grands points d’approvisionnement de tous ces commerçants sont donc la Ceasa et le Ver o peso sur lesquels ils ont accès aux même produits. Étant donnée l’absence de politiques des prix, c’est la loi de l’offre et la demande qui déterminent ceux-ci et nous avons pu noter leur étonnante variabilité d’un jour à l’autre. Si les supermarchés et les grossistes ont les moyens de prévoir et d’imposer plus leurs prix, ce n’est pas le cas des petits commerçants de marchés des différents quartiers de Bélèm. 2.2 L'APPROVISIONNEMENT VOLAILLES EN POISSON ET 2.2.1 Le poisson et les crevettes Le grand point de vente en gros et au détail du poisson et des crevettes est le Ver o peso. Celui-ci est approvisionné d’une part par les gros pêcheurs, d’autre part par des entreprises de pêche. Ces dernières possèdent des bateaux, mais travaillent aussi en système intégré avec les petits pêcheurs (prêt de glace, d’essence, et achat d’une partie de la pêche). Elles répartissent leur production entre l’importation, le Ver o peso, et la fabrication de produits surgelés. C’est au Ver o peso que la plupart des poissonniers de quartiers viennent s’achalander. Le point de vente des petits pêcheurs n’est donc pas le Ver o peso, réservé aux grandes productions, mais plutôt le port d’Icoaracy et surtout la vente directe à domicile dans les quartiers éloignés. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 2.2.2 Les volailles Un des éléments importants à noter en matière de volaille est la coutume du "frango abatido na hora", c’est à dire l'achat d'un poulet vivant qui est abattu dans le point de vente et au moment de l’achat seulement. Ce marché du poulet "vivant" est totalement conquis par de grandes entreprises, fonctionnant en partie en système intégré (de 5000 volailles environ) avec des producteurs répartis sur la région du Para. Le marché des œufs est lui divisé entre les grands producteurs locaux (10 à 20000 pondeuses) et les importateurs d’autres états. Pour les autres volailles, les seules produits frais commercialisés en volume important sont celles de la poule "caipira" ou poulet fermier et surtout du canard. Il existe une production locale dans les campagnes, mais la commercialisation est très peu organisée. Le seul marché vendant de manière régulière des poules et des canards vivants est encore celui du Ver o peso. Le reste de la commercialisation de la poule fermière se fait de bouche à oreille entre voisins ayant de la famille dans la zone rurale. Pour le canard, la demande est plus importante à une certaine période de l’année (le plat typique d’une grande fête religieuse le "cirio" étant le canard au "tucupi") et le marché est alors conquis par les productions de l’état du Maranhão. Enfin la dinde, consommée uniquement au moment de Noël est importée congelée d'autres états. 2.3 L'APPROVISIONNEMENT EN PLANTES MÉDICINALES ET ORNEMENTALES 2.3.1 Les plantes médicinales L’unique grand point de vente est le Ver o Peso, approvisionné par les zones rurales proches et de nombreuses importations d'autres états ou de l'étranger. C’est là que les rares commerçants de quartiers viennent s’approvisionner. D’une manière générale, ces plantes sont très peu commercialisées alors qu’elles sont très couramment utilisées. Nous en reparlerons plus loin. Pour les plantes à parfum, utilisées essentiellement lors de fêtes religieuses, la commercialisation est également réservée au Ver o Peso. 2.3.2 Les plantes ornementales La commercialisation de ce type de plantes est récente et encore peu développée. Il n’existe qu’une dizaine de points de vente dans Bélèm et il est une fois de plus étonnant de noter la proportion de plantes ou fleurs importées d’une ville de l'état de Sao Paulo (Holambra), dont de nombreuses plantes d’origine purement amazonienne. Les fleuristes nous expliquent qu’ils ont déjà tenté de s’approvisionner localement mais que d’une part les fleurs ou plantes se fanent très vite, d’autre part que les prix d’Holambra sont malgré le transport tout à fait concurrentiels. Les producteurs de fleurs de Bélèm sont donc à la recherche d’alternatives pour récupérer une partie du marché des plantes, en particulier des plantes amazoniennes. Mais cela représente encore beaucoup de recherches tant pour établir les bases d’un substrat efficient que pour sélectionner de nouvelles plantes régionales. Le marché est cependant en progression autant au niveau des fleurs coupées (apparition en supermarchés) qu’au niveau des boutures des plantes de jardins. 2.4 L'ENQUÊTE CONSOMMATEURS ET COMMERÇANTS 2.4.1 Déroulement Cette enquête s'est déroulée dans plusieurs quartiers centraux et périphériques choisis en fonction de deux critères : l'éparpillement géographique et de préférence les quartiers déjà enquêtés. Ce sont : Guama, Terra Firme, Jurunas où on trouve les classes sociales les plus pauvres. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Batista Campos, Umarizal, Nazaré qui sont les quartiers les plus chics. Dans ces quartiers, les petits marchés tendent à disparaître, remplacés soit par des épiceries fruits et légumes, soit par les supermarchés que nous avons également enquêtés. Marco, Marambaia, Coqueiro, Tapana, Bengui, Ténoné, Aguas Lindas qui représentent les classes sociales moyennes. Dans chaque quartier, une quinzaine de consommateurs et une quinzaine de commerçants du marché principal du quartier ont été interrogés, soit au total 180 consommateurs et 180 commerçants. Le questionnaire (annexes p 37-38) portait sur : - La facilité d'approvisionnement en fruits tropicaux régionaux, en légumes (parmi lesquelles on distingue les "feuilles" et les autres légumes) et en poisson. - La demande et l’existence sur les marchés de volailles autres que le poulet industriel, œufs de cailles, plantes médicinales et ornementales. - La satisfaction du consommateur par rapport à la qualité de ces produits. - La satisfaction du marchand ou du supermarché par rapport aux produits offerts pour son approvisionnement. Enfin nous avons enquêté le grand marché du Ver o peso et pour identifier des produits particuliers plus spécifiques, quelques restaurants et maisons spécialisées de Bélèm. 2.4.2 Résultats Lors de l’enquête sur le terrain, nous avons pu constater que d’une manière générale, il n’existait pas de problèmes majeurs d’approvisionnement et il a fallu insister parfois auprès des personnes enquêtées pour qu’elles acceptent d’y répondre. Ces résultats illustrent donc plutôt les brèches éventuelles du marché de fruits et légumes et de quelques produits spécifiques de la région. Consommateurs Pour les "feuilles", 25% des consommateurs s’estiment totalement satisfaits. Les "feuilles" les plus recherchés pour les autres 75% sont l’épinard, le coriandre et la salade et en moins grandes proportions le persil, le "cariru" et le "couve". Pour les autres légumes, 15% des consommateurs sont satisfaits, les autres 85% s’estiment mal approvisionnés en patate douce, aubergine et betterave, et en moins grandes proportions en "mandioca", "macacheira", courgette. Pour les fruits tropicaux, seulement 4% s’estiment satisfaits. Les fruits les plus demandés étant : le "cupuaçu", la "graviola", le "bacuri", la pastèque, et en moins grand nombre le "tapereba", la "pupunha", le melon, la papaye. Pour le poisson, 37% des consommateurs sont satisfaits ; 63% aimeraient avoir plus facilement accès au "filhote, pescada amarela, tucunaré et tamata". Pour les volailles, 30% des consommateurs achètent de temps en temps des poules "caipira", 20% des canards et 10% des cailles. La dinde fraîche et la pintade n’entrent pas dans les dépenses. Pour les autres produits 34 % achètent des plantes médicinales, 39% des fleurs, 68% des œufs de caille. Il faut noter que 95% des familles qui n’achètent pas de plantes médicinales en cultivent elles-mêmes ou disent en recevoir d’un parent. Également 30% des personnes n’achetant pas d’œufs de caille, se plaignent de ne pas en trouver sur les marchés ou à proximité. Au niveau de la qualité des produits, c’est tout d’abord le poisson, puis les légumes"feuilles" dont l’ensemble des consommateurs se plaignent. Enfin il faut noter une grande variabilité entre les quartiers. Ainsi, dans les quartiers à classes sociales aisées, la demande est globalement satisfaite en quantité et qualité à part pour les fruits et quelques produits encore peu courants comme l’épinard. Dans les quartiers de classes sociales moyennes, la demande est satisfaite quantitativement mais pas qualitativement (en particulier pour les feuilles et le poisson). Enfin dans les quartiers retirés du centre et de classe plus pauvre, il existe une réelle demande en légumes de base et en fruits. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Les commerçants et supermarchés Pour les produits qui intéressaient notre étude, nous n’avons noté que peu de différences entre la problématique d’approvisionnement des supermarchés et celles des petits commerçants de marchés. Nous avons donc traité les données ensemble. D’une manière générale, l’approvisionnement en fruits et légumes se fait à la Ceasa ou au Ver o peso. Les supermarchés ont parfois quelques contrats avec des revendeurs de l’intérieur du pays ou des importateurs du Sud, mais ce n’est pas la règle générale. La majeure difficulté des petits commerçants réside dans la variabilité des prix. Ainsi un grand nombre d’entre eux nous expliquent que les prix de la tomate, de l’oignon, du chou, de la pomme de terre et du citron peuvent être multipliés ou divisés par deux ou trois d’une semaine à l’autre. Il n'existe aucun type d'organisation entre commerçants et cela semble être le résultat d’une part de la variabilité des prix "Il faut y aller soi même pour trouver les meilleurs rapports qualité prix" (nous explique un commerçant) et des échecs de coopérativisme dus à la corruption "on ne peut avoir confiance en personne ici. On envoie quelqu’un acheter pour nous, on est même pas sûr du prix" Ainsi, ils préfèrent acheter individuellement leurs produits et les stockent très peu. Chaque petit marchand se rend régulièrement à la Ceasa ou au Ver o peso deux à trois fois par semaine pour y acheter des volumes variables en fonction des prix jusqu’à concurrence de l'argent qu'il a sur lui. De façon plus détaillée : Pour les légumes"feuilles" : 20% des marchands disent n’avoir aucun problème pour s’approvisionner, 40% ont des difficultés à trouver de l’épinard. Viennent ensuite, mais en proportion bien moindre, la salade, le coriandre et le couve. Pour les autres légumes, 13% sont satisfaits, 17% ont des difficultés à s’approvisionner en patate douce, 6% en aubergine, "macacheira" et carotte. Pour les fruits, 1% est satisfait, 20% ont des difficultés à trouver du "cupuaçu", 15% du "bacuri", 10% du "tapereba", 8% des "pupunhas", et en plus petites quantités, "l’acerola", la "graviola". Pour le poisson, 13% des poissonniers sont satisfaits, 34% considèrent que le "filhote" est parfois difficile à trouver, 21% la "pescada amarela", 15% le "tucunare". Au niveau des volailles, c’est seulement sur les marchés que l’on trouve des poules ou des canards à vendre, très rarement des cailles ou des dindons. La vente de plantes médicinales n’existe que sur les marchés proches du centre, celles de fleurs et plantes ornementales également et débute dans quelques supermarchés. La vente d’œufs de cailles se fait tout autant sur les marchés que dans les supermarchés ou chez des revendeurs de grands élevage de volailles. Les restaurateurs et traiteurs Pour des produits un peu particuliers comme la poule "caipira", le canard gras, le coq, l'escargot, la caille, le lapin…. les traiteurs et restaurateurs se plaignent de l’irrégularité de l’approvisionnement. Ils ont donc en général plusieurs fournisseurs ou bien se résolvent à importer certains produits d'autres états. Les aliments très particuliers et souvent illégaux comme l'escargot, la tortue, le crocodile sont achetés directement au producteur. D'une manière générale, les restaurateurs et traiteurs seraient tout à fait favorables à un approvisionnement à domicile, à condition qu'il soit fiable et régulier. 2.4.3 Conclusion sur l'enquête consommation - L’approvisionnement des quartiers centraux est satisfaisant pour les légumes et les verdures, mais insuffisant pour le poisson frais et surtout pour les fruits. - Les quartiers les plus éloignés du centre sont mal achalandés. - La demande en fruits tropicaux régionaux est élevée dans tous les quartiers. - Les plantes médicinales ont une très forte utilisation dans la région quelque soit la classe sociale. - Le marché des fleurs et plantes ornementales est aujourd'hui pratiquement inexistant F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) - La consommation des œufs de caille est une particularité de la région suivie par toutes les classes sociales. - Le marché des volailles (or poulet industriel) existe pour le canard, la poule fermière et en second lieu la caille. Le dindon est très peu consommé. 2.5 CONCLUSION : PLACE DES PRODUCTIONS AGRICOLES URBAINES SUR LES MARCHÉS Cette étude sur la commercialisation n’a ni la prétention d’une étude de marché, ni celle d’une étude filière. Elle nous a simplement permis de répondre à certaines interrogations et de détecter quelques pistes d’écoulement de la micro production agricole. Il n'existe pas de problématique d'approvisionnement des marchés où plutôt elle est déjà résolue par les importations massives d'autres états. L’approvisionnement de la ville de Bélèm en légumes, fleurs, poissons, poulet de chair et œufs de poule est sous la poupe de grandes entreprises qui produisent, commercialisent ou importent d’autres états. Même pour les produits qu'il serait possible de produire dans la région (d'un point de vue agronomique et climatique) les prix de la majorité d'entre eux sont difficilement concurrentiables. En effet, ils sont le résultat d’une économie d’échelle et d’une grande avancée technologique. L'étonnante demande en fruits régionaux a plusieurs explications : D'une part les fruits ont des époques de récolte, d'autre part une partie de cette demande concerne des fruits non cultivés et extraits de la forêt. Enfin il faut noter que le marché des fruits est essentiellement organisé en vue de leur transformation en pulpe et de leur exportation vers les grandes métropoles du sud du pays (25% seulement de la production de pulpe est consommée dans le Para). L'offre de fruits entiers est donc réellement réduite. La place réservée aux micro producteurs urbains sera donc toujours très réduite à la vente de quelques produits seulement et en particulier : les fruits régionaux qui ne sont pas extraient de la forêt soit le "cupuaçu", la "graviola", le "tapereba", la"pupunha", l'"acerola", les melons et la papaye. certains légumes tel que la "macacheira", la patate douce, l'aubergine, la courgette et l'épinard (en plus des différents légumes-feuilles) certaines productions animales comme le canard, le poule "caipira", l'escargot, le lapin, les cailles. enfin, sous conditions de certaines améliorations technologiques, le marché des boutures et des fleurs pourraient être une option intéressante. Les réseaux de commercialisation : il est certain que l’approvisionnement des produits locaux restera le rôle des zones rurales proches de Bélèm, les volumes commercialisés par les producteurs urbains n’étant pas comparables avec ceux des zones rurales. Cependant, si les petits producteurs urbains diversifient leur productions et s'organisent tant pour diminuer leurs coûts, que pour assurer la régularité de la vente, ils pourraient écouler leurs produits directement sur les petits marchés des quartiers périphériques, qui sont mal achalandés ("feira livre"). La vente directe chez les restaurateurs ou les consommateurs, avec qui il faudrait établir une sorte de contrat pour des livraisons hebdomadaires, est également tout à fait envisageable. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 3 LES PROBLÈMES DE NUTRITION et DE SANTÉ "chegou no Para, tomou açai, ficou" ou "Il est arrivé au Para, a goûté à l'açai, n'est plus reparti". 3.1 LA MALNUTRITION DANS LES QUARTIERS LES PLUS DÉFAVORISÉS "oui, la ville c'est mieux quand on est malade et pour l'avenir des enfants mais par contre pour manger il faut tout acheter et de l’argent il n’y en a pas beaucoup" Pour évaluer quels étaient les problèmes d'alimentation pouvant exister dans les familles les plus pauvres, nous nous sommes appuyés d'une part sur des enquêtes faites par le département de nutrition de la faculté de médecine, d'autre part sur des entrevues avec des institutions travaillant sur les problèmes de malnutrition. La majeure partie de ces travaux se concentrent dans les occupations les plus proches du centre ville et les plus denses. 3.1.1 Le panier de la ménagère Le panier de la ménagère officiel a été créé au Brésil lors de la mise en place du salaire minimum et doit suffire en théorie aux besoins alimentaires d'un travailleur (estimés à 80R$/personne en octobre 1998). Cet instrument à valeur plutôt politique (revendications salariales) est en fait peu réaliste pour notre étude et nous nous sommes plus appuyés sur un panier de la ménagère officieux de l'UNAMA (université privée). Ce dernier, qui tient compte des spécialités alimentaires de Bélèm tel que l'"açai", et concerne les classes moyennes, est cependant très controversée pour le choix des quartiers retenues dans les sondages. Il évalue les besoins alimentaires à 260 R$ par mois par famille en février 1999, soit la valeur de deux salaires minimums. Parmi les produits cités dans ce panier familial mensuel de la ménagère de classe moyenne de Bélèm, certains sont des produits agricoles : le poulet (5 kg), le poisson (3,6 kg), les œufs (4 douzaines) le haricot sec (7,7 kg), la banane (6 douzaines), l' "açai" (5 litres), les citrons (2,5 kg), les oranges (3kg) le coriandre (3 poignées), les piments (1 kg), l'ail (0,5 kg), les tomates (6 kg), les oignons (3 kg), la citrouille (1 kg), les pommes de terre (4 kg), le chou pommé (2 kg), le chou vert ou "couve" (1 kg). Nous essaierons donc de prendre en compte cette liste dans le choix des productions retenues La comparaison du prix des différents paniers de la ménagère avec les revenus des familles concernées par cette étude montrent une certaine inadéquation : 50% des familles ont un revenu familial inférieur ou égal à deux salaires minimums soit 240R$ et ne pourraient donc pas s'alimenter de manière correcte. 3.1.2 Analyse des problèmes de malnutrition On peut distinguer deux types de malnutrition : les cas cliniques et les cas chroniques. D'après un interview avec Elisabeth Salgueiro, travaillant dans le service nutrition de l'hôpital le plus proche de Terra firme et Guama, et qui reçoit plutôt donc les cas cliniques, la malnutrition touche les enfants mais aussi les adultes. Le pouvoir d'achat de ces familles en est en partie responsable mais il existe également un problème culturel qui se répercute sur les habitudes alimentaires. En effet, ces familles issues des campagnes se nourrissent essentiellement d'"açai" (fruit d'une palme) et de farine de manioc, riches en calories et en lipides. A la campagne cette diète est complétée de protéines animales avec les animaux de petit élevage et de chasse, et de vitamines issues des différents fruits cultivés ou cueillis. En ville, ces protéines et vitamines ingérées vont dépendre du pouvoir d'achat et surtout sont considérées par les familles comme les moins prioritaires. On peut ainsi classer en fonction du pouvoir d'achat, les différents aliments que les mères de famille achètent en priorité : la farine F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) de manioc qui est la base alimentaire de toute famille, l’"açai" qui est le second élément de base, puis les haricots noirs, les œufs et la viande, le poisson, les légumes, et enfin les fruits. Dans une famille très pauvre, le repas est souvent constitué de farine de manioc seulement mélangée avec de l’eau, ou complété par de l’"açai" lorsqu’il y a un peu d’argent. De plus le nombre de repas par jour est réduit à deux pour les adultes et trois pour les enfants. Cette diète est donc totalement carencée en protéines et vitamines et le fer apporté largement par l’"açai" n’est pas assimilable dans ces conditions. Si la trésorerie le permet, les familles achètent environ 1,5 litre d’"açai" par jour ce qui représente une dépense d’environ 2 à 3R$. Dans une famille un peu plus aisée, cette même diète est complété par des haricots noirs, des œufs et des crevettes. Le poisson et la viande restent des produits réservés aux familles ayant un meilleur pouvoir d’achat. Les légumes et verdures et surtout les fruits sont considérés comme des éléments de luxe et sont donc réservées aux familles moins démunies. Ces faits sont bien confirmés par les résultats de l’enquête concernant "la consommation d’aliments par famille du municipe de Bélèm" effectuée par le département de nutrition de l’Université Fédérale. En effet, ce dernier relate que dans les familles dont le salaire est inférieure ou égal à 0,5 salaire minimum par personne (ou par tête), les quantités journalières ingérées sont insuffisantes en calories pour 60% d’entre elles et en protéines (végétales ou animales) pour 34%. Au niveau des vitamines et minéraux, la riboflavine et la vitamine C sont insuffisantes dans la diète journalière pour 24% de ces familles. Enfin, l’élément le plus manquant (pour 89% de ces familles) est le calcium. Comme le font remarquer les nutritionnistes, une famille très pauvre est prête à investir certains jours jusqu’à 3R$ dans l’achat d’"açai", qui n’est pas considéré comme un produit de luxe mais comme une nécessité. Avec ces 3R$, ces mêmes familles pourraient acheter 30 œufs ou 1,5kg de viande ou 1kg de poisson ou encore 30 oranges ou bananes. En fait, le système alimentaire recopié des zones rurales n’est plus adapté à la ville. L’"açai", offert "gratuitement par la nature" est devenu un produit de luxe qui ne peut d'un point de vue nutritionnel que compléter les diètes journalières de base (en particulier pour le calcium et le fer) et non les constituer. Par rapport à cette double problématique d'éducation et d'équilibre alimentaire, la mise en valeur des jardins a tout à fait sa place. En effet, si certains aliments comme les fruits, les légumes et la viande de volailles sont produits dans les jardins, ils constitueront un stock accessible à tout moment. D'une certaine manière, on peut même considérer que ce jardin reconstituerait une sorte de "forêt" de laquelle on extrait lorsqu'on en a besoin, tel le schéma de l'extractivisme. C'est dans cette optique que nous essaierons dans la suite de notre étude d'analyser les différentes contraintes techniques et économiques de certaines productions et en particulier de certains produits appréciés de la population, considérés dans le panier de la ménagère et recommandés par les nutritionnistes comme : - les légumes-feuilles et spécialement le "couve, cariru, mostarda, agriào, mastruz et quiabo" qui sont riches en calcium facilement assimilable, mais également le "maxixe", le coriandre, le "jambu", les piments, le chou pommé. - les légumes et tubercules comme la citrouille, la tomate, la carotte, la cristophine, l'oignon, la patate douce, la pomme de terre, la "macacheira", la betterave. D'une manière générale les nutritionnistes recommandent le mélange des légumes de plusieurs couleurs (comme par exemple la cristophine verte, la patate douce rouge et la citrouille orange). - les fruits et en particulier les bananes, l'"acerola", l'avocat, la goyave, la mangue, l'ananas, le cajou, l'"açai", la pastèque, le melon, les citrons et oranges, la papaye, les fruits de la passion et le "camu-camu" - les protéines animales et en particulier les œufs et le poulet. 3.2 LA SANTÉ ET LES PLANTES MÉDICINALES Au Brésil, comme dans la plupart des pays en voie de développement de l'Amérique latine, le système de santé fonctionne à deux vitesses : un système privé et tout à fait compétent réservé aux classes sociales moyennes et aisées, un système public manquant de moyens assistent les F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) populations les plus pauvres. Une des particularités de la ville de Bélèm, par rapport à la santé est l'utilisation intense des plantes médicinales par la plupart des classes sociales et en particulier par les classes concernant notre étude. Cela est d'ailleurs tout à fait démontré par l'enquête des jardins qui enregistre que 40% des jardins mis en valeur contiennent des plantes médicinales. L'étude de ces plantes est l'objet de nombreuses recherches dans les départements de chimie et de pharmacologie de l'Université UFPA. Le savoir sur leur utilisation est transmis de génération en génération, mais semble se perdre quelque peu dans le milieu urbain. Pourtant, même si le marché des médicaments est très complet, le pouvoir d'achat des populations pauvres ne permet pas, la plupart du temps, cette dépense. Les problèmes de santé dans ces quartiers sont donc importants et la culture de ces plantes associée à une bonne utilisation a tout à fait sa place dans notre problématique. 4 SÉLECTION DE QUELQUES PRODUCTIONS Les éléments recueillis à propos des problèmes de nutrition et de commercialisation ont fait apparaître l'intérêt de quelques productions que nous sélectionnerons en fonction des possibilités climatiques et agronomiques de la région et pour lesquelles nous essaierons dans ce chapitre, d'évaluer l'intérêt économique. 4.1 L'ÉLEVAGE 4.1.1 Problématique Les principales contraintes évoquées par les éleveurs sont le vol et le coût alimentaire. Lutter contre le vol n'est pas de notre ressort mais on peut imaginer des systèmes d'élevage en espace confiné qui d'une part seront adaptés aux petits jardins et d'autre part limiteront les problèmes de vols dans les jardins qui ne sont pas clôturés. La recherche d'alternatives alimentaires est un travail à long terme qui devrait constituer une des pistes de recherches. Mais dans le cadre de notre étude et d'une éventuelle intervention à court terme, nous sélectionnerons les productions les plus "économiques en aliment" et les plus rentables pour la commercialisation. Enfin dans le cadre d'une première intervention, il faut retenir qu'il existe des moyens simples et bon marché de diminuer ce coût alimentaire et qui sont : - L'utilisation de maïs ou de concentré de bonne qualité. Il faut d'une part repérer les vendeurs de produits de qualité, d'autre part conserver les aliments à l'abri de l'humidité et du développement de champignons. - L'achat d'aliments en sacs de 50 kg qui diminue d'environ de 0,1R$ le kg d'aliment mais qui suppose un minimum d'organisation entre les producteurs. - Le déparasitage des animaux qui entraîne un meilleur profit de l'aliment - La diminution du taux de mortalité, grâce à des soins basiques pour les poussins, qui rentabilisera au mieux la dépense alimentaire. 4.1.2 Comparaison du coût alimentaire de quelques élevages de volailles Le tableau qui suit a été établi à partir de questionnaires et de données bibliographiques sur les bases suivantes : - les frais d’installation et de bâtiments ne sont pas pris en compte - le coût de production de l’animal adulte est considéré annulé par la vente de l’animal en fin de reproduction - l’idée est de comparer dans un premier temps la dépense considérée la plus importante, soit l’alimentation. - pour les poules, les canards et les lapins de races locales, nous nous sommes basés sur des chiffres donnés par des producteurs lors de la première enquête : pour ces élevages F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) le coût de production de la mère et du père (1 pour 10 chez les poules, et 1 pour 7chez les canards) est considéré dans les dépenses alimentaires. Aliment /animal Production Mortalité attendue considérée ou prix d'achat de la volaille Poule locale ou "caipira" Poulet industriel 80g/jour/adulte de maïs et environ 6kg de concentré jusqu'à 4mois chair Concentré 4kg Poule lourde pondeuse Poule race améliorée mixte Canard locale Concentré 110g/jour concentré 100g/jour restes alimentaires Lapin Coût alimentaire Maïs 0,30R$/kg Concentré 0,40R$/kg 6R$ Prix moyen de vente ou valeur marchande de cette production 5 R$ 2,6 R$ 2,2 R$ 3 R$ par 7% 21 R$ 17 R$ par 10% 18 R$ 14 R$ 0,09R$/w ou 23R$ 130w à 0,10c 50 œufs 50% couvés, 30 canards élevés 17 R$ 14 R$ 15 à 18 R$ 1,8 R$ caneton 10R$ 8,6R$ 4,5 R$ 3,5 R$ 4 à 7 R$/kg, 3kg de poids vif soit 12 à 21R$ 1R$les 24w ou 7,5 R$ 24 R$ 19 R$ 60œufs dont 25% 30 couvés 15 animaux élevés par an 2kg poids à 42 jours 0,5R$ poussin 260 œufs an 130 œufs + an race Maïs 200g/jour/adulte jusqu'à 8 mois concentré 5kg jusqu’à 7semaines Canard race concentré 17kg améliorée jusqu'à 4mois Caille Coût alimentaire Maïs 0,40R$/kg Concentré 0,50R$/kg 8R$ vif 4% le par 10% Concentré 180 œufs par 5% 23g/jour/ an adulte Concentré pour 24 lapereaux 10% les lapereaux et la mère allaitant 2 kg/ lapereau 3R$/laperau ou 72 R$ 4.1.3 Discussion Il est évident que l'élevage en milieu urbain posent un problème vis à vis de l'hygiène. Mais il faut replacer Bélèm dans son contexte : le ramassage d'ordures ne couvre que 66% des domiciles, les rues de nombreux quartiers ont été remblayées avec des camions remplis d'ordures ménagère, 37% des sanitaires n'ont pas de fosses sceptiques et la ville présente de gros problèmes d'assainissement. Nous considérons donc, qu'il ne faut pas encourager les productions animales à grande échelle et choisir des systèmes confinés faciles à nettoyer, mais que les petits élevages de fonds de cour ne sont pas très nocifs dans le contexte actuel d'hygiène et d'assainissement de la ville de Bélèm. Par contre les élevages de porcs et de bovins sont à limiter le plus possible. L’élevage de poules Cet élevage n'a pas une rentabilité suffisante à petite échelle pour pouvoir générer un bénéfice conséquent. En effet, les productions commercialisables tel que le poulet de chair et la poule pondeuse en batterie ne sont rentabilisées qu'à l'échelle de 5 à 10000 animaux. Quant à la poule "caipira", à moins de posséder un jardin spacieux et clôturé dans lequel il est possible d'obtenir un produit de très bonne qualité (élevage en liberté) et de vendre directement au consommateur, elle est peu lucrative. Ces productions n'ont donc pas d'intérêt économique directe, puisque leur coût alimentaire dépasse leur valeur marchande, c'est à dire qu'il est plus économique d'acheter des œufs et du poulet industriel chez l'épicier que de les produire. Mais elles ont leur place dans la constitution d'une sécurité alimentaire et d'une épargne transformable en argent à tout moment. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Comme nous l'expliquait un producteur : "acheter 20 centimes de maïs, je peux le faire presque tous les jours et avoir une poule à manger, cela sauve de certaines situations". C'est donc dans cette optique que nous pensons que ce petit élevage peut-être maintenu. La poule locale a l'avantage d'être rustique et résistante, et de s'adapter à tout type de conditions et de changements alimentaires. Par contre, son indice de consommation est très élevé. De plus sa saveur n'est pas très appréciée des nouvelles générations qui préfèrent la chair tendre des poulets industriels. Son intérêt est donc mis en doute et réservé aux grands jardins d'au moins 100 m². Il serait de plus nécessaire d'améliorer ses performances avec des coqs de race. La poule améliorée (Rhode, Label rouge..) est plus exigeante et onéreuse en alimentation mais elle a l'avantage de pouvoir être élevé en système confiné et de produire une quantité d'œufs bien supérieure. En effet 7 poules, par exemple produisent 130x7= 910 œufs soit 2 à 3 œufs par jour. Dans l'objectif d'une sécurité alimentaire, il serait également intéressant d'expérimenter quelques élevages d'une dizaine de poulets de chair dans de bonnes conditions d'élevage (poussin acheté vacciné, de race chair, et aliment de qualité distribué économiquement). En effet si le coût de production ne dépasse pas la valeur marchande, c'est un élevage qui, or industriel peut se faire avec un faible investissement et qui occupe un petit espace. L'élevage de canards Le canard est une production visant la commercialisation ou l'autoconsommation de "luxe". Le canard de race locale rustique se contente de système de logement rudimentaire et bon marché, mais il a par contre un indice de consommation très élevé et la marge dégagée est minime. Il peut être intéressant pour le marché ponctuel de fin d'année ("cirio") de canards gras, à condition de remplacer un partie du maïs par des aliments de récupération. Pour l'autoconsommation, il est par contre cher à produire. Le canard de race amélioré, actuellement en expérimentation avec un projet de la SECON dans des îles proches de Bélèm serait une des alternatives possibles dans l'objectif d'une commercialisation plus régulière. En effet le poids d'abattage est atteint à 4 mois, le coût de production est d'autant diminué et le prix de ce canard est compétitif sur les marchés de la restauration et des particuliers. La plus grande difficulté technique est la période de reproduction, l'éclosion des œufs et les premiers jours de vie. Mais il serait possible de mettre en place un réseau naisseur et un réseau engraisseur. Une école agricole Emaus située dans le quartier du Bengui, a déjà une certaine expérience dans cet élevage et fabrique de plus du concentré, elle pourrait être un des partenaires. L'élevage de cailles C'est l'élevage qui apparaît le plus intéressant d'un point de vue économique et l'espace nécessaire peut être réduit à une batterie de 2m de longueur x 1 m de largeur sur 3m de hauteur pour 150 cailles. De plus ces volailles ont une très grande résistance et aucun plan de vaccinations n'est nécessaire. Enfin ce sont des volailles silencieuses, ce qui n'est pas négligeable en ville. La production de caillettes est par contre délicate mais l'école d'agronomie (la Fcap) de Bélèm possède le matériel et l'expérience nécessaires à cette production. L'objectif de cet élevage est avant tout la production d'œufs mais les cailles adultes en fin de production (au bout d'un an), peuvent être consommées. C'est d'ailleurs un mets servi en apéritif dans les classes sociales aisées. Cet élevage est actuellement très peu développé à petite échelle et il serait nécessaire de l'expérimenter un certain temps. Mais il semble de loin le plus adapté aux petits jardins tant pour le petit espace qu'il exige que pour le faible coût alimentaire. L'élevage de lapins Bien que consommé très rarement dans les classes de population pauvres, le lapin présente cependant beaucoup d’avantages. En effet, il peut s’élever sur une surface réduite, se satisfait d’une alimentation très bon marché et se reproduit très rapidement. D'autres types d'élevage tel que l'escargot, le "chester" du japon (poulet gras), la tortue mussuan, pourraient avoir un certain intérêt mais il y a actuellement trop d'inconnues pour pouvoir les recommander. Pour l'escargot, la contrainte majeure est l'abattage. Pour le chester, il n'existe actuellement aucune données techniques. Enfin pour la tortue, des problèmes de légalisation seraient à étudier. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 4.1 4 Conclusion :type d'élevage retenus intérêt volailles alimentaire volailles commercial à expérimenter à expérimenter alimentaire commercial jardins de petite superficie poule race améliorée (Rhode) en système confiné poulet de chair cailles en batterie canard en système confiné cailles en batterie lapin en cage escargot jardins de grande jardins de grandes superficie clôturés superficie ouverts poule locale poule race améliorée(Rhode)en système confiné poulet de chair cailles en batterie canard en liberté canard en système confiné cailles en batterie lapin en cage lapin en cage tortue, chester, escargot 4.2 PRODUCTIONS VÉGÉTALES 4.2.1 Les sols La majorité les sols sont de type ferrallitique désaturé ("latossolo amarelo"), assez pauvres et plus adaptés à des cultures perennes. Il existe cependant une certaine variabilité en fonction de la localisation des terres par rapport à l'eau. Ainsi les sols des quartiers les plus proches des rivières (quartiers de Terrafirme, Guama, Curio) sont naturellement très argileux et de texture lourde. Ce sont des sols hydromorphes et peu évolués (gley et alluvions) typiques des bords de rivière de l'Amazonie. Ils sont relativement riches, mais difficiles à travailler d'autant plus qu'ils sont souvent inondés (sol de varzea). Mais une grande partie des jardins ne possèdent pas un sol naturel puisqu'ils ont été remblayés de divers matériaux (terre prélevée dans les sols à sesquioxydes de fer, sous produit de l'"açai", sciure, ordures ménagères) et les analyses de sols effectuées sur ceux-ci, ont démontré à notre surprise, qu'ils étaient relativement riches en matière organique et de texture moyenne. Par contre ces sols sont peu profonds puisqu'on rencontre l'eau à 80 centimètres environ. (annexes p. 39-40) Les sols des quartiers plus périphériques (Tapana, Ténoné, Coqueiro) sont par contre caractéristiques de sol ferrallitique désaturé ("latossolo amarelo") de texture moyenne sur les parties hautes, et peu évolués de texture fine (Regossolo e Podzol Hidromórfico) dans les parties basses. Bien que pauvres en matière organique, les sols des parties hautes sont donc les sols les plus adaptés aux cultures et spécialement aux cultures fruitières. 4.2.2 Le maraîchage à vue commerciale Les problèmes technico-économiques relatés à propos de ces productions sont essentiellement les diminutions de rendements pendant la saison des pluies, l'augmentation des frais en engrais organique, la lutte contre un insecte "la paquinha" ou Grilotalpa exadacthyla. Les cultures sont organisées par bandes de 20m sur 1m espacées de 1m. Le coût de préparation d’une bande est le suivant : Prix des intrants : 60R$ la "carrada" soit 4m3 d'excréments de poules 0,5R$/kg d’urée ou de NPK 1R$/kg de "mirex" (insecticide luttant contre la "paquinha") intrant quantité Engrais organique (excréments de 1à2 charrettes ou0,25à 0,5m3 poules) Fertilisant (urée ou NPK) 0,5 kg une fois Insecticide (mirex) 100g/mois coût 3 à 6 R$ 0,25 0,10 Soit un total variant entre 4 et 7 R$ pour la préparation d’une surface de 20 m² auquel il faut ajouter le coût des semences pour le coriandre, la salade et le persil. La marge de chaque culture varie beaucoup selon les productions et les rendements et surtout le prix sur le marché. Le tableau ci-dessous résume les données enregistrées chez les maraîchers. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) variation des marges des cultures légumières pour une bande de 20 m² Prix de vente Marge Marge par bouquet minimale maximale en centimes oignons Temps Coût de Semences Rendement d’occupation préparation en en jours de la bande bouquets en R$ 40 4à7 100g à 60 à 100 20R$/kg 60j 4à7 boutures 100 à 130 salade 60 couve jambu 60j 4à7 improductif puis 5 mois de production 60 4à7 persil 40 sorriso 150 coriandre 4à7 40 à 70 13 R$ 45 R$ 20 à 50 8 R$ 29 R$ 100g à 60 à 100 7R$/kg 400 à 500 30 à 70 6 R$ 31 R$ 20 à 50 11 R$ 34 R$ boutures 150 à 300 15 à 60 9 R$ 86 R$ 4à7 60 à 100 50 à 80 19 R$ 54 R$ 4à7 100 à 150 60 à 100 11 R$ 28 R$ marge minimale = ((rendement minimum *prix minimum) – coût minimum d'une bande – coût semences)/temps d’occupation du canteiro*30 jours marge maximale = ((rendement maximum *prix maximum) – coût maximum d'une bande – coût semences)/temps d’occupation du sol*30 jours. Une personne peut travailler environ 15 bandes de 20 m², soit une superficie de 600 m², ce qui gère un bénéfice mensuel de 150R$ à 700R$ en fonction des rendements et des prix. Ces productions ont certainement peu d'avenir en ville par la surface qu'elles exigent et sont très concurrencées par la région métropolitaine, au sein de laquelle les rendements sont nettement supérieurs. Cependant l'enquête consommateurs met en évidence l'existence d'une certaine demande pour quelques produits et en particulier dans les quartiers les plus excentrés. Dans notre contexte de création de revenus pour des familles démunies, la marge dégagée par ces productions et le bénéfice d'un salaire minimum sur une surface de 600m², n'est pas négligeable. Il serait cependant nécessaire de mieux diversifier les productions de façon à satisfaire le marché local et de travailler sur la commercialisation. D’un point de vue purement technique, tout légume n’est pas cultivable dans cette région à climat humide et chaud. En effet, la température du sol, après les pluies par exemple, atteint des extrêmes souvent incompatibles avec le développement de certains tubercules. D’autres part les maladies en particulier fongiques sont fréquentes. La culture de la tomate, par exemple est très délicate et l’objet de nombreuses expérimentations scientifiques. Certaines cultures comme la carotte, la cristophine, l'oignon, la pomme de terre, la betterave, le chou pommé, sont techniquement ou climatiquement impossibles à produire à petite échelle. Par contre les légumes-feuilles et certains légumes comme le concombre, l’aubergine, la courge, le haricot vert, le haricot au mètre, l’épinard, la pastèque , le "quiabo", le "maxixe", ainsi que la patate douce et la "macacheira" qui requiert plus d'espace, sont tout à fait adaptées à ce climat. Si la majorité des actuels maraîchers ne cultivent pas ces légumes, c'est parce que les cycles de production sont considérés trop longs , immobilisant une trésorerie investit dans la culture, dont ils ont besoin pour vivre. Le maraîchage est donc une culture de rente, qui peut générer un revenu aux familles ayant des superficies de jardins d'au moins 600 m² et sous certaines conditions : - Les productions doivent être diversifiées. - Elles doivent être choisi en fonction des besoins du quartier. - La production doit être écoulée sur les petits marchés de quartier. - Un encadrement technique est indispensable. 4.2.3 Le potager de jardin Planter quelques épices, quelques "légumes-feuilles", et si on a accès à un jardin plus vaste, de la citrouille, des patates douces et de la "macacheira", permettrait à beaucoup de familles d'améliorer leur diète alimentaire. Cependant ce ne sera pas toujours facile en fonction des conditions de sol et d'inondation. Les facteurs rares de ces jardins sont la terre (sol semiF3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) inondé) et l'engrais organique. Face à cette problématique, plusieurs alternatives peuvent être envisagées : comme nous l'avons vu au début de ce chapitre, certains types de sol (argileux) peuvent être nettement améliorés par l'apport de sable, ce qui est tout à fait envisageable pour des petits potagers suspendus ; d'autres sont naturellement plus aptes aux cultures mais sont pauvres en matière organique. Pour ces derniers, l'élevage en système confiné peut-être une solution : en effet, les excréments récupérés pourront être mélangés à la terre. Ce potager a un coût de revient d'environ 0,50R$ par mètre carré si toute la matière organique est achetée. C'est donc une mini production intéressante mais qui exige une certaine technique et ne pourra être recommandée que dans les familles motivées. 4.2.4 Les plantes médicinales Dans 40% des domiciles, il a été enregistré l'existence de cultures de plantes médicinales. Parmi les plus fréquemment cultivées, certaines sont reconnues scientifiquement pour leur pouvoir médicinale: - L'"erva cidreira" sédatif, antispasmodique, antiaérophagique, est indiqué dans la prévention et le traitement des gastrites. - Le "capim santo ou marinho", analgésique, antiaérophagique est indiqué pour le traitement des gastrites et des coliques intestinales ou utérines. C'est également un tranquillisant. - L'"hortelã-rasteira" est un anti-parasitaire indiqué pour le traitement des amibiases et gerdiases ; l'"hortelã-japonesa", indiqué contre les vomissements et maux de tête ; l'"hortelãpimenta", indiqué pour le traitement des stomaties, angines, bronchites. - Le "mastruz" est un antiparasitaire indiqué pour le traitement des Ascaris, Oxiurus, Ancilostoma. - La "canela" est indiquée dans le cas de coliques menstruelles et problème de digestion. - Le "pirarucu" est indiqué en cas de gastrites, furoncles, inflammations, brûlures - Le "boldo" est indiqué pour les douleurs intestinales et pour le traitement des calculs dans la vésicule. D'autres ne sont encore pas scientifiquement reconnues: - Le "pariri", antianémique, astringeant, cicatrisant est spécialement indiqué pour le traitement des hépatites. - L'"elixir paregorico", antidiaréique. - Le "canarana" diurétique, est indiqué pour le traitement contre les néphrites. - L'"anador" agit contre les douleurs. L'utilisation des plantes médicinales est fréquente dans la plupart des états du Brésil, mais la variété des espèces (plus de 80) trouvées dans les jardins, et le nombre de familles (40% de notre population) les cultivant et les utilisant démontrent un intérêt particulier de la population. C'est une culture qui exige peu de frais (quelques réais de terre et d'engrais). Il est donc important de la stimuler et l'encourager d'une part parce qu'elle valorise une histoire culturelle, d'autre part parce qu'elle représente une économie non négligeable de frais de santé pour des populations dont le pouvoir d'achat est très limité. 4.2.5 Les cultures fruitières auto consommées Parmi les fruits cités lors des recommandations nutritionnelles, nous les sélectionnerons en fonction : - de la richesse en vitamines C des fruits. - de la rapidité de croissance des arbres ou palmiers. - de la compatibilité des arbres ou palmiers (d'un point de vue agronomique) avec nos jardins. Les analyses de sol ont montré que les sols des régions sèches de Bélèm étaient bien adaptés aux cultures fruitières, de la même façon que les sols remblayés des régions inondées. Par contre pour ces derniers l'enracinement ne doit pas être trop profond, puisque l'eau se trouve à 80 cm environ de la surface du sol. D'autre part la contrainte principale d'espace doit être prise en considération. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Parmi les fruits riches en vitamines C, il existe une espèce encore peu connue dans la région mais d'un point de vue climatique très bien adaptée qui est le Camu-camu. La culture de ce petit arbre fruitier est très développé au Pérou, tant pour l'alimentation que comme produit d'exportation. Dans le cadre de notre étude, cet arbuste est très intéressant car il est de petit port, d'enracinement peu profond et s'adapte très bien au milieu inondé qui est son milieu naturel (il s'adapte également au terrain sec). Les teneurs en vitamine C dépassent largement celles de tous les autres fruits puisqu'il contient 2880 mg de vitamine C dans 100mg de fruits. Cela représente le double de l'"acerola" (1790 mg/ 100g de fruits) et 70 fois plus l'orange ( 41mg/100g de fruit). Nous retiendrons donc : le fruit de la passion, la papaye, l'"acerola" et la banane pour les jardins secs; l'"açai" et le "camu-camu" pour les jardins semi-inondés. 4.2.6 Les cultures fruitières de commercialisation Parmi les fruits à vue commerciale, il est nécessaire d'analyser les différentes contraintes agronomiques et de comparer les différents niveaux de productions. Nous n'avons pas retenu - la "graviola", qui nous a techniquement été déconseillée - le "bacuri" et le "biriba" qui sont extraits de la forêt. - le "tapereba" qui est un arbre de très grande portée et entre en production après dix années environ. comparaison des productions de quelques arbres fruitiers et palmiers pastèque melon cupuaçu Espacem Temps d’entrée ent en en production mètre (m) cycle de 150 jours ou 100 m² ou 2cycles/an 8x8 3 ans açai 4x4 2 ans et 1/2 papaye 3x4 5x3 maracudja fruit de la passion 4x4 banana Production /plante /an Prix /unité Gain par gain par m² plante 100 à 150kg 0,5 à 1R$ 50 à 150R$ 0,5 à 1,5R$ 20 à 30 fruits 2 à 3 R$ 40 à 90 R$ 0,6 à 1,4R$ 8 à 20 R$ 0,5 à 1,25R$ 0,3 à 0,9R$ 6 mois 2 à 4 boites ou 4 à 5 R$ grappe 8 à 11 kg 0,5 à 1R$ 4 à 11R$ 6 mois 8 à 10 kg 0,3 à 1R$ 2,4 à 10R$ 1 an et 1/2 10 à 15 kg 1R$ 10 à 15R$ 0,16 à 0,6R$ 0,6 à 1R$ Acerola 4x 4 2 ans et 1/2 20 à 30 kg 0,5 à 1R$ 10 à 30R$ 0,6 à 1,8R$ coco 10 x 10 5 ans 30 à 100 noix 0,5 à 1R$ 30 à 100R$ 0,3 à 1R$ pupunha 6x6 5 ans 8 à 10 grappes 4 à 5 R$ 32 à 50R$ 0,9 à 1,4R$ Camu camu 3x4 3 ans 10 kg soit 6kg de 2R$/kg pulpe pulpe de 12R$ 1R$ D'après le tableau ci-dessus, qui ne tient pas compte des investissements et des frais d'entretien, c'est à dire qui indique une marge optimisée, le gain est estimé en moyenne à 1R$ par mètre carré et par année de production. Pour qu'un producteur gagne au minimum un salaire par mois soit 1560R$ par an , il faut qu'il plante au moins 2000 m². Dans le cadre de l'agriculture urbaine la culture fruitière ne concerne donc qu'un très faible pourcentage de maisons. A moins d'avoir une superficie de plus de 2000m² à planter, elle ne peut pas constituer les bases d'un revenu familial. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 4.2.7 Conclusion : Productions végétales retenues intérêt alimentaire : arbres fruitiers ou apport vitaminique palmiers (apport de calcium et de fer par l'açai) jardins de petite jardins de petite jardins de grande superficie secs superficie semi- superficie inondé totalement sec acerola camu-camu banane fruits de la passion acerola papaye fruits de la passion arbres de plus grand port (avocatier, goyavier, manguier, cajou) cupuaçu, pastèque, melon, pupunha, acerola, commercial arbres les fruitiers ou pour jardins palmiers supérieurs à 2000 m² alimentaire : couve, cariru, cultures calcium et agriao, légumières vitamines mostarda,mastruz, quiabo, maxixe, jambu piments, coriandre commercial pour cultures les jardins légumières supérieurs à 400 m² plantes médicinales santé jardins de grande superficie en partie semi-inondé açai camu- camu açai, camu-camu couve, cariru, en plus des couve, cariru, agriào, mostarda, éléments cités, moutarde, agriao, mastruz citrouille, mastruz, quiabo en système macacheira, patates en système suspendu douces suspendu macacheira, patate douce, aubergine, courgettes, haricot vert au mètre, citrouille, poivrons, jambu, petits oignons, coriandre, persil, salade mastruz, erva cidreira, mastruz, erva cidreira, mastruz, erva cidreira, mastruz, erva cidreira, hortelà, capim santo hortelà, capim santo hortelà, capim santo hortelà, capim santo etc… etc… etc… etc… F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 1 L'agriculture urbaine existe-t-elle et quelles sont ses fonctions ? utilisation des jardins des quartiers défavorisés 44% 41% 14% 1% agriculture commerciale agriculture de subsistance S1 agriculture récréative pas d'agriculture La compilation d'informations réunies pour caractériser les jardins de la zone continentale de Bélèm, montre que des activités agricoles à des fins autres que récréatives existent, et dans d'importantes proportions. D'après les projections de l'enquête réalisée dans 30% des quartiers continentaux défavorisés de la ville de Bélèm, les petites activités agricoles urbaines couvrent une surface de 4000 hectares et peuvent se définir ainsi : 50 000 familles exercent dans leur jardin, une agriculture que nous qualifierons de subsistance. En plus de la culture d'arbres fruitiers que l'on trouve dans 38000 jardins, 6500 familles ont un petit potager, 20000 cultivent des plantes médicinales, 8000 élèvent des petits animaux, et 1000 ont quelques plantes ornementales. Les jardins dans lesquels s'exercent ces activités ont une superficie inférieure à 50 m² pour 38% (inondés tout ou partie de l'année pour 20% d'entre eux) ; comprise entre 50 et 200 m² pour 41% (dont 8% inondés temporairement), et supérieure à 200 m² pour 21%. En produisant des aliments ou des substituts aux médicaments, l'agriculture de subsistance instaure une certaine sécurité alimentaire au sein de la famille, et génère également par l'élevage une petite épargne, utilisée en cas de problème de trésorerie. Mais en plus de leur intérêt économique, ces petites productions ont un intérêt social. En effet, elles sont l'expression culturelle de cette population essentiellement rurale qui tente de reconstituer d'une certaine façon un milieu ambiant d'origine. Elles participent à l'équilibre psychologique des familles agressées par les contraintes de la ville (espace minimum de vie, bruits, violence, conditions d'hygiène difficile) et constituent un élément d'échanges important pour l'équilibre des quartiers. En dehors de cette agriculture de subsistance qui est de loin la plus représentée, il existe une agriculture que nous qualifierons de récréative, et qui consiste en la plantation d'arbres fruitiers et de plantes ornementales sans objectif spécifique si ce n'est par plaisir. Elle concerne environ 17000 familles possédant des jardins une superficie comprise entre 50 et 200m² pour 65%, supérieure à 200 m² pour 35%. L'agriculture récréative n'est pas productive, elle est l'histoire de la culture d'une population qui a vécu pendant des générations au sein d'une forêt luxuriante et qui valorise les avantages d'un climat chaud et très humide, grâce auquel le développement des arbres ou des palmiers est facilité. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Enfin 1500 familles vivent de ce que nous appellerons une agriculture commerciale ou de rente. Ce sont des maraîchers, des producteurs de fruits, des éleveurs de bovins. Ils exercent leurs activités agricoles sur des superficies assez variables : 10% ont accès à une surface de 50 à 200 m², 25% de 200 à 500 m², 60% ont des espaces supérieurs allant de 500 à 35000 m². Cette agriculture a pour fonction de générer des revenus de bases de la famille. 2 Quelles sont les perspectives de l'agriculture urbaine à Bélèm ? 2.1 L'agriculture urbaine a-t-elle un avenir ? C'est l'agriculture de subsistance qui va à priori le mieux résister à l'urbanisation. Dans les quartiers périphériques sous pression urbaine, elle se développera certainement sur des superficies de plus en plus réduites. Mais cette agriculture exercée à petite échelle et que l'on trouve jusque dans les jardins les plus petits et les plus insalubres existera tant que les familles démunies qui les valorisent, n'auront pas trouvé d'autres alternatives pour améliorer leurs conditions de vie. L'agriculture récréative des jardins plantés de quelques arbres fruitiers et décorés de plantes ornementales subsistera également même si le remaniement urbain va certainement diminuer la taille et le nombre d'une partie de ces jardins. Il existe encore aujourd'hui un espace pour l'agriculture commerciale, mais il est condamné. En effet les grandes surfaces cultivées actuellement sont certainement les prochaines transactions entre promoteurs immobiliers, propriétaires officiels, et responsables du gouvernement pour la mise en place de futurs projets d'urbanisation. Cette évolution n'est d'ailleurs en fait que la continuation d'un système entamé depuis de nombreuses années et qui explique entre autre la très faible représentativité de ce groupe. 2.2 L'agriculture urbaine peut-elle générer des revenus ? En dehors de l'agriculture urbaine commerciale qui génère des revenus mais qui est très sporadique et ne représente que 1% de notre population, l'agriculture urbaine ne génère pas de revenus qui puissent substituer un emploi et un salaire. L'agriculture de subsistance génère dans certains cas une trésorerie de secours ou un complément de revenu grâce à la vente d'animaux, mais elle génère plutôt une économie, faite sur les achats d'aliments ou de médicaments. L'agriculture de ville, dont la principale contrainte est la limitation de l'espace de production exige une certaine technicité pour valoriser son coût de production élevé. La faible marge dégagée n'est pas compensée par une économie d'échelle et la valeur des productions, établie par rapport à celle des produits offerts sur le marché, est faible. Pour en dégager un revenu, il faut d'une part exercer à une relativement grande échelle, d'autre part être à la fois un bon agriculteur et un bon commerçant. Ainsi, pour dégager un bénéfice de un salaire minimum (100 US$), qui correspondrait au salaire du producteur dont la main d'œuvre n'est pas considérée dans les calculs, il faut compter sur au moins 2000 m² de plantations d'arbres fruitiers ou 600 m² de maraîchage, 500 cailles pondeuses ou 200 canards engraissés dans l'année. L'agriculture urbaine pouvant générer un revenu restera donc très sporadique. En effet les surfaces des jardins des quartiers défavorisés sont pour la plupart inférieures à 200 m². C'est une surface sur laquelle des productions animales sont envisageables, mais d'une part ces productions requièrent un niveau technique élevé pour être rentable, et d'autre part, dans le cadre urbain elles sont déconseillées. Ces productions ne seront donc réservées qu'à quelques éleveurs très motivés ou disposant de terrains relativement isolés. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) 2.3 Quelles sont les zones les plus adaptées ? type d'agriculture par zone (quartier référentiel) 100% pas d'agriculture 80% 60% agriculture récréative 40% 20% agriculture de subsistance 0% agriculture commerciale tapana tenone coqueiro ag lind curio terrafirme total Les zones les plus adaptées d'un point de vue agronomique, sont les zones périphériques de Tapana, Ténoné, Coqueiro, Aguas lindas, mais leur avenir est compromis, en particulier pour Coqueiro (urbanisation) et Ténoné (problèmes fonciers). Répartition de l'agriculture de subsistance tapana 10% tenone 18% 16% coqueiro ag lind 20% 20% 16% curio terrafirme Il existe aussi, et en beaucoup plus faible proportion, des familles motivées par des petites activités agricoles dans tous les quartiers défavorisés. Nous pouvons donc retenir, que les zones les plus adaptées pour l'agriculture urbaine sont celles de Tapana et Aguas lindas, mais qu'une petite proportion de chacun des quartiers en font partie également, non pas pour leurs aspects structuraux, mais pour la motivation des familles. 3 Faut-il encourager l'agriculture urbaine ? Développer des activités d'agriculture urbaine ne signifie pas vouloir les étendre à tout prix et à tout type de familles et on doit se demander dans quelles mesures et sous quelles formes, l'agriculture urbaine offre des avantages autant pour la population concernée que pour la société bélèmoise en général. La concentration urbaine qu'a connu Bélèm ces dernières années s'est accompagnée d'une augmentation de la violence, et il est montré par diverses études (faites dans les grandes métropoles de Rio, Sao Paolo) "qu'il existe une correspondance directe entre le faible niveau de revenus, le faible taux de scolarisation, la faible qualité environnementale du logement du quartier, la couleur de la peau, le chômage et le nombre d'assassinats" (Iser) Il est donc urgent, comme l'évoque l'actuelle mairie de Bélèm d'améliorer les conditions de logement et de repérer des activités créatrices de revenus pour ces quartiers défavorisés. A Bélèm, le secteur secondaire est très peu développé, le chômage est important et 87,5% de la population active travaille donc dans le secteur tertiaire. 43,5% de ces travailleurs sont des petits vendeurs ambulants aux revenus irréguliers ou des travailleurs à domicile à très faible revenu. Ainsi certaines familles n'ont pas tous les jours la trésorerie nécessaire pour acheter les ingrédients de trois repas familiaux. La situation économique fragile du Brésil est donc ressentie d'autant plus fortement dans ces familles démunies pour lesquelles le pouvoir d'achat est très faible. Lors de cette étude par exemple, le haricot noir a augmenté en novembre de 40% en une semaine à cause d'une mauvaise récolte dans le sud ; la crise financière de ce début d'année 1999 s'est soldé pour l'instant par une augmentation de 12% du prix des produits pharmaceutiques, et de nombreux produits alimentaires de base tel que le poulet de chair et la farine de manioc qui ont augmenté respectivement de 35 et 23%. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) L'agriculture urbaine fait partie également d'un des moyens de travailler sur les problèmes d'environnement et les 4000 hectares actuellement en production peuvent constituer une base pour des projets d'amélioration de l'environnement de la ville. Dans ce contexte, l'agriculture urbaine doit être encouragée puisqu'elle participe à : - La valorisation et l'amélioration d'un système de sécurité alimentaire et de santé préventive, inventé par les familles elles-mêmes. - Une meilleure gestion de l'alimentation prévenant la malnutrition. - L'amélioration de l'environnement physique et social de ces familles - La création d'un petit complément de revenu pour quelques familles - L'amélioration de l'environnement de la ville Bien que l'élevage ne soit pas recommandé en milieu urbain, la production de petits animaux qui joue le rôle de sécurité alimentaire nous semble possible dans le contexte de ces quartiers de Bélèm où les conditions d'hygiène sont de toute façon très précaires. Par contre ces productions doivent se limiter à certains type d'animaux et de préférence élevés en système confiné. Malgré ces considérations, nous avons parfois retrouvé, lors de cette étude, la trace d'anciens projets d'agriculture urbaine, qui n'avaient à priori pas donné de suite. Nous nous sommes donc interrogés sur ces faits. La plupart de ces projets étaient organisés sous une forme communautaire (projets dans les écoles, travail en communauté), dans laquelle les intérêts de chaque individu n'apparaissaient pas clairement. Cela a donné lieu à tout type de corruption et laissé un mauvais souvenir. Le projet qui semble avoir le plus intéressé la population concernait directement les familles puisqu'il s'agissait de créer des petits potagers dans leur propre jardin. Mais dès la disparition du financement de ce projet, donc dès l'arrêt de la distribution gratuite de semences et d'engrais, la majorité des familles ont abandonné leur potager. Ces expériences nous mettent en alerte sur la nécessité de travailler avec des familles motivées, dans un éventuel esprit communautaire, mais pas nécessairement en communauté. Les familles doivent évaluer elle-même l'intérêt de telle ou telle activité agricole et ne pas faire leur choix en fonction de la distribution du moment. 4 Comment peut-on d'agriculture urbaine ? valoriser les activités Encourager l'agriculture urbaine signifie tout d'abord améliorer la productivité de ces micro activités agricoles, en considérant la diversité, mise en évidence par la typologie, des stratégies et des problématiques. Pour faire cette sélection, nous avons pris en considération les éléments de conclusions des chapitres sur la commercialisation, la nutrition, et l'étude technique. C'est l'ambition des familles et la structure des jardins qui orientera les choix résumés à travers ces différents tableaux qui présentent donc les productions retenues en fonction de la structure des jardins (taille et problème d'inondation), et de l'objectif de cette activité agricole. Nous distinguerons donc d'une part les productions végétales destinées soit à l'autoconsommation, soit à la commercialisation, soit à l'amélioration de l'environnement ; et d'autre part les productions animales destinées soit à l'autoconsommation et constitution d'une épargne, soit à la commercialisation. Les tableaux sont suivis d'un inventaire synthétique de recommandations permettant d'accompagner ces productions. 4.1- Les productions végétales 4.1.1 Productions végétales destinées à l'autoconsommation Pour la majorité des familles et en particulier les 7500 familles exprimant lors de l'enquête, un intérêt pour des activités végétales, la très faible rentabilité de ces cultures à petite échelle les destinera à l'autoconsommation. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) jardins de petite jardins de superficie secs superficie inondés plantes médicinales petite jardins de grande jardins de grande semi- superficie superficie en partie totalement secs semi-inondés mastruz, erva cidreira, mastruz, erva cidreira, mastruz, erva cidreira, mastruz, erva cidreira, hortelà, capim santo etc… hortelà, capim santo etc… hortelà, capim santo etc… hortelà, capim santo etc… couve, cariru, agriao, mostarda,mastruz, quiabo, maxixe, jambu piments, coriandre arbres fruitiers ou acerola fruits de la passion palmiers papaye cultures légumières couve, cariru, agriào, en plus des éléments mostarda, mastruz cités, citrouille, en système suspendu macacheira, patates douces camu-camu couve, cariru, moutarde, agriao, mastruz, quiabo en système suspendu banane,acerola, açai fruits de la passion camu- camu arbres de plus grand port(avocatier,goyavi er, manguier, cajou) Les plantes médicinales : Leur intérêt curatif ou préventif est déjà scientifiquement reconnu pour certaines plantes mais leur vulgarisation, encore précaire, devrait être l'objet d'un programme spécifique englobant les chercheurs, la santé publique et les agronomes. Certains projets comme celui des "farmacias vivas" mise en place dans la ville de Fortaleza paraissent tout à fait intéressant. Il consiste à vulgariser l'utilisation de ces plantes dans un petit document, mettre des boutures à disposition des familles et distribuer des remèdes élaborés à base de plantes médicinales dans les postes de santé publics. Les plantes, en général cultivées sur un terrain communautaire, sont transformées en pommades ou sirop dans le laboratoire du quartier et rachetés par le ministère de la santé. Ce projet a un double effet puisqu'il valorise l'intérêt de ces plantes en les prescrivant officiellement et vulgarise leur usage. Les petits potagers et les arbres fruitiers ou palmiers : le développement de ces productions, permettant d'améliorer et de diversifier l'alimentation, dépendra de la facilité d'approvisionnement en boutures et semences ainsi que de l'appui technique qui conseillera les familles sur le choix des espèces en fonction des structures des jardins. Ces activités pourront être accompagnées de cours de cuisine, permettant d'apprendre des recettes à base de légumes, et d'un suivi des familles. 4.1.2 Productions végétales destinées à la commercialisation jardins de petite jardins de petite superficie secs superficie semiinondés aucune possibilité arbres fruitiers ou aucune possibilité palmiers > 2000 m² aucune possibilité aucune possibilité cultures légumières > 600 m² jardins de grande superficie totalement secs cupuaçu, pastèque, melon, pupunha, acerola, macacheira, patate douce, aubergine, courgettes, haricot vert au mètre, citrouille, poivrons, jambu, petits oignons, coriandre, persil, salade jardins de grande superficie en partie semi-inondés açai, camu-camu macacheira, patate douce, aubergine, courgettes, haricot vert au mètre, citrouille, poivrons, jambu, petits oignons, coriandre, persil, salade Les seules productions végétales dont la rentabilité permettrait de dégager un revenu d'un salaire minimum (soit 100US$) sont le maraîchage pour les jardins possédant une superficie d'au moins 600 m² et les cultures fruitières si le jardin a une superficie supérieure à 2000m². D'après l'enquête, et considérant les familles intéressées par les cultures végétales qui possèdent des superficies supérieures à 600 m² ou 2000 m², cela peut concerner aujourd'hui environ 100 familles pour les cultures fruitières et environ 500 familles pour le maraîchage. Dans un futur plus lointain, ces superficies de jardins risquent de disparaître mais on peut cependant envisager d'intégrer un nombre plus important de familles sur des zones communautaires non habitables. Ainsi, dans la ville de Térésina (état du Piaui) un projet mené par la mairie fonctionnant depuis une dizaine d'années permet à mille cinq cent familles de gagner un salaire minimum. Ces familles sont devenues des petits maraîchers qui cultivent des superficies de 600 à 800 m² sur des terrains appartenant à la compagnie d'électricité et qui sont impropres à l'habitat. Ce sont des terrains situés sous les lignes de haute tension et la mairie a signé un accord avec la compagnie d'électricité, permettant l'utilisation de ce sol à des fins agricoles et sous certaines conditions : Il existe un système de prévention des risques électriques par la mise à la terre des clôtures des parcelles. Il est également interdit de faire F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) pousser des cultures d'une certaine taille. A Bélèm, en plus des lignes de hautes tensions, les bordures de la baie, certains terrains inhabitables municipaux ou institutionnels pourraient peut-être constituer ces futurs surfaces. La compagnie d'électricité paraense s'est déjà montrée intéressée et une grossière évaluation des surfaces disponibles, montre qu'elles permettraient la mise en place de 300 potagers de 600m². Un appui technique serait nécessaire pour la mise en place de ces productions, mais aussi pour l'approvisionnement et le suivi en particulier par rapport à la fertilité des sols et l'amélioration des rendements. Mais le problème de la commercialisation restera le plus délicat. En effet, l'existence sur Bélèm des grands marchés de fruits et légumes ne permet pas d'envisager de stratégies miracles. Il est possible cependant de travailler avec les producteurs sur les recherches de nouveaux marchés dans les quartiers les plus excentrés et chez les particuliers, sous condition d'une certaine régularité et diversité d'approvisionnement. Enfin, des recherches sur les productions de plantes ornementales, boutures et substrat adapté, pourront ouvrir de nouveaux marchés pour une production qui semble avoir un certain avenir. 4.1.3 Les productions améliorant l'environnement En dehors de son intérêt alimentaire et économique, l'agriculture urbaine peut également être l'un des moyens d'améliorer le milieu environnant. En effet, la mise à disposition de boutures de plantes et arbres sélectionnés pour leur intérêt écologique, permettrait une diffusion large dans les nombreux jardins qualifiés de récréatifs. Nos connaissances sur ce sujet sont encore insuffisantes, mais il existe au sein de la mairie, une institution qui est spécialisée dans ce domaine. 4.2 Productions animales 4.2.1 Productions animales destinées à l'autoconsommation et une petite commercialisation irrégulière (vente de l'épargne constituée) Environ 8000 familles expriment l'intérêt de maintenir des petits élevages même si leur rentabilité économique est très faible, voir nulle ou négative. La valeur de ces productions réside plus dans la constitution d'une sécurité alimentaire et d'une petite épargne. volailles autres jardins de petite superficie poule de race améliorée en système confiné poulet de chair cailles (système confiné) lapin en cage jardins de grande superficie clôturés poule locale canard race locale lapin en cage jardins de grande superficie ouverts poule de race améliorée en système confiné poulet de chair cailles (système confiné) lapin en cage Pour appuyer ces productions et diminuer les problèmes techniques délicats de la reproduction, il serait nécessaire de tout d'abord mettre à disposition des producteurs des jeunes animaux de qualité tels que les poulettes de race améliorée, les poulets de chair de un jour ou des cailles de quelques jours qui seraient vendus à valeur du prix de revient. D'autre part l'encadrement technique devrait travailler sur les problèmes sanitaires de base et sur l'organisation des éleveurs en vue de l'achat d'aliment à un prix plus compétitif et de meilleure qualité. De nouveaux élevages tel que le lapin et la caille pourraient être expérimentés chez les éleveurs. 4.2.2 Productions animales destinées à la commercialisation Parmi les éleveurs, certains expriment la nécessité d'investir dans l'élevage. Même si dans le cadre urbain, ces productions animales ne peuvent pas être encouragées à grande échelle, certains élevages sont compatibles sur de petites superficies et sont considérées acceptables d'un point de vue hygiène. volailles à expérimenter jardins de petite jardins de grande superficie superficie clôturés canard en système canard en liberté confiné poule "caipira" cailles en batterie escargot tortue, chester F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) jardins de grande superficie ouverts canard en système confiné cailles en batterie escargot Pour faciliter la rentabilité de ces productions il semble plus intéressant d'engraisser les animaux plutôt que de les produire. La reproduction est une étape difficile des élevages et il est plus intéressant de mettre à disposition des éleveurs des jeunes animaux de qualité, tels que les canetons de race améliorée, les poulettes "caipira", les cailles de quelques jours pouvant être vendues à valeur du prix de revient. L'encadrement technique sera indispensable pour le suivi des performances techniques et l'aide à l'organisation des producteurs pour diminuer les frais alimentaires. Enfin les marchés existant dans la restauration et les particuliers, mais pour lesquels la régularité d'approvisionnement est indispensable, exigeront un minimum d'organisation pour la commercialisation. De nouveaux élevages tel que le chester, la tortue et l'escargot pourraient être expérimentés chez quelques éleveurs. 5 Propositions d'actions 5.1.Objectifs Objectif principal : Améliorer les conditions de vie des populations démunies des quartiers défavorisés de la ville de Bélèm en encourageant et valorisant les activités agricoles des jardins familiaux. Les objectifs spécifiques seront : - La valorisation et l'amélioration du système de sécurité alimentaire et de santé préventive déjà utilisé par les familles elles-mêmes. - La prévention de la malnutrition. - L'amélioration de l'environnement physique et social des familles - La création d'un complément de revenu pour une partie des familles - L'amélioration de l'environnement de la ville Les stratégies mises en place - L'amélioration de la productivité des activités agricoles de jardins - La vulgarisation et la diffusion de l'usage des plantes médicinales - L'aide à la mise en place de productions plus intensives - La diffusion de plantes d'intérêt écologique 5.2 Populations ciblées Le projet concernera les familles démunies des quartiers défavorisés de la ville de Bélèm exprimant l'intérêt d'exercer des activités agricoles dans leur jardin. On peut estimer cette population à 15000 familles en ce qui concerne l'agriculture de subsistance, et 1000 familles en ce qui concerne l'agriculture de rente. 5.3 Actions Pour atteindre ces objectifs, il faudra mettre à disposition des familles réellement motivées, les moyens techniques nécessaires, pour exercer des petites activités agricoles. Tout type d'intervention devra cependant se prévenir de ne pas mettre en place des actions sous une forme paternaliste ayant échouée jusqu'à présent, mais plutôt de sélectionner les personnes réellement motivées. Sur Bélèm, on recense déjà de nombreux moyens techniques possibles par le biais d'institutions : La FCAP : Certains ateliers de l'école d'agronomie de Bélèm produisent des animaux vendus à quelques jours et en particulier des poussins de chair, des cailles, des poussins caipira, des canetons. Ces animaux sont de qualité et peuvent donc constituer la base d'un approvisionnement des producteurs urbains. D'autre part, la faculté offre également gratuitement des petites formations de quelques jours sur la conduite d'élevage des poules et canards. Enfin la Faculté vend également des boutures de certains arbres fruitiers. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) La SECON : Cette institution municipale finance et dirige dans les îles proches de Bélèm appartenant au municipe, un projet de développement de l'élevage de canard en vue de leur commercialisation. Un circuit de commercialisation a été organisé sur la ville et ce projet semble avoir un certain futur, dans lequel il serait possible d'intégrer d'éventuels producteurs de la partie continentale. La cidade d'EMAUS : Cette école d'enseignement général, possède également des structures d'appui aux activités agricoles. Elle produit des porcs, des canards, des plantes médicinales transformées dans un laboratoire local, du concentré pour animaux. Tous ces produits sont revendus à prix coûtant. La SAGRI : Au sein de ce ministère de l'agriculture de l'état du Pará, il existe des programmes d'encouragements à la mise en place de potagers familiaux. Ce projet intervient en théorie au niveau de l'approvisionnement en semences et également en appui technique à la demande des agriculteurs. D'autre part, la sagri gère un centre agricole dans lequel sont produites et vendues des poulettes caipira de race améliorée (Label Rouge).Ce centre offre également des cours de "cuisine" dans le but de diversifier l'alimentation et prévenir la malnutrition. La FUNVERDE : Cette fondation municipale qui s'occupe plus particulièrement des problèmes d'environnement et de la création d'espaces verts, possèdent un centre de productions de boutures. La SESMA est en train de mettre en place un accord avec l'école d'Emaus pour la divulgation et la vulgarisation de l'usage des plantes médicinales. Le département de pharmacologie de l'UFPA fait des recherches sur les pouvoirs des plantes médicinales, et leur objectif futur est la vulgarisation de ces dernières. ELECTRONORTE : la compagnie de production d'électricité de la région est intéressée par l'implantation de potagers en dessous des lignes de hautes tensions. En effet ce sont des espaces qui doivent être entretenus en permanence pour limiter les risques électriques et cela représente un travail important tant d'entretien que de surveillance par rapport aux nouvelles occupations spontanées. BANCO DO POVO : Il existe un nouveau programme municipal de petits crédits aux activités génératrices de revenus dont l'agriculture urbaine peut faire partie. Pour valoriser l'agriculture urbaine, il ne manquerait donc que des unités de référence dans chaque quartier qui travailleraient en collaboration avec les différentes institutions pouvant donner un appui logistique et assurer certaines formations : Des petites unités "agriculture urbaine" pourraient être crées : Il s'agirait d'assurer une permanence régulière dans un local fixe du quartier au sein duquel les personnes intéressées auraient accès à : - Un service technique qui orienterait les familles sur le choix des productions en fonction de la structure des jardins et de l'objectif de la production et qui suivrait les productions des familles qui le désirent. - Des formations organisées en fonction de la demande des producteurs et des programmes de diffusion municipale (plantes médicinales, nutrition…). - L'accès à des systèmes d'approvisionnement de produits de qualité : Les unités de quartiers pourraient d'une part indiquer les différents lieux d'approvisionnement, d'autre part organiser des commandes entre plusieurs producteurs, et faciliter le transport. 5.3 Une opportunité d'expérimenter : La présence de l'APACC L'APACC travaille actuellement dans deux quartiers défavorisés qui sont Terrafirme et Tapana dans lesquels ils sont bien implantés et qui peuvent constituer une première étape d'un projet. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Parmi les 12000 familles habitant Terrafirme, 3500 exercent des petites activités agricoles dans leurs jardins (1500 cultivent des plantes médicinales, 1000 ont un petit élevage, 500 possèdent un petit potager) et 700 expriment le désir de les améliorer. Parmi les 9000 familles habitant à Tapana, 5000 exercent des petites activités agricoles (2000 cultivent des plantes médicinales, 1400 élèvent des animaux, 700 ont un potager) et environ 1000 familles expriment le désir de les améliorer. Dans ces quartiers, l'APACC a déjà mis en place des permanances sociales, au sein desquels les unités agriculture urbaine pourraient s'intégrer. Il ne resterait donc plus qu'à donner à l'APACC les moyens de former et financer un peu de personnel pour assurer le travail d'appui technique, organiser les formations, l'approvisionnement et gérer les différents contacts institutionnels. Les petites unités "agriculture urbaine" travailleraient ainsi en coordination avec les actions d'assistance sociale et de santé préventive, ainsi que les actions de stimulations aux activités créatrices de revenus. 6 Conclusion finale L'agriculture urbaine n'a pas la prétention de concurrencer les producteurs ruraux, ni celle d'approvisionner les marchés de Bélèm, mais plutôt d'aider certaines familles motivées à se préparer à affronter des périodes difficiles et améliorer leurs conditions de logement. Elle constitue également un outil qui peut avoir un impact important sur l'environnement de la ville. Dans le contexte socio-économique des populations défavorisées de Bélèm, encourager et valoriser l'agriculture urbaine est une forme d'aide au développement au même titre que les autres et c'est dans ce sens là, et parce que 40% de cette population l'a déjà adoptée, que des actions visant à la valoriser peuvent être mises en place. L'ampleur de telles actions dépendra de la volonté des politiques publiques qui devront d'une part mettre à disposition des familles motivées, les moyens techniques nécessaires pour exercer des activités agricoles urbaines, d'autre part vulgariser et diffuser l'usage de certaines plantes ayant un impact sur la santé ou l'environnement. F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) INDEX DES SIGLES APACC : Associação Paraense de Apoyo As Communidades Carentes CEASA : Centrais de Abastecimento do Para CODEM : Companhia de Desenvolvimento e Administração da Area Metropolitana de Belém EMBRAPA : Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuaria DIEESE : Departamento Intersindical de Estatistica e Estudos Sócio-Econômicos IBGE : Instituto Brasileiro de Geografia e Estatistica IDESP : Instituto Do Desenvolvimento Econômico-Social do Pará FCAP : Faculdade de Ciências Agrárias do Pará FUNVERDE : Fundação Parques et Areas Verdes de Belém MUSEO GOELDI : Museo Paraense Emilio Goeldi NAEA : Núcleo de Altos Estudos Amazônicos SAGRI : Secretaria de Estado de Agricultura SECON : Secretaria Municipal de Econômicos SEGEP : Secretaria Municipal de Coordenação Geral do Planejamento e Gestão (DEPI) : Departamento de Pesquisa e Informação UFPA : Universidade Federal do Para UNAMA : Universidade da Amazônia (SIEGEP) : Sistema de Informações Para Gestão e Planejamento F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) NOMS VULGAIRES ET NOMS SCIENTIFIQUES des principales plantes médicinales, fruits et légumes cités PLANTES MÉDICINALES Anador – Plesctamthrus barbatus Boldo do Chile - Peumus boldus Molina Canela (Canelle) - Cinnamomum zeylanicum (Lauraceae) Canarana - Costus spicatus (Zingiberaceae) Capim santo = capim marinho - Cymbopogon citratus (Gramineae=Poaceae) Elixir paregórico - Piper callosum (Piperaceae) Erva-cidreira - Lippia alba (Verbenaceae) Hortelão-japonesa (Menthe) - Mentha arvensis ((Lamiaceae) Hortelão-rasteira - Mentha x villosa Huds.( (Lamiaceae) Mastruz - Chenopodium ambrosioides (Chenopodiaceae) Pariri - Arrabidaea chica (Bignoniaceae) Pirarucu - Bryophyllum calycinum (Crassulaceae) FRUITS Abio- Pousteria caimito Abacate (Avocat) - Persea americana Abacaxi (Ananas) - Ananas camosus Açai - Euterpe oleracea Acerola - Malpiguia glabia Ata- Anona sp Bacuri - Platonia insignis Banana (Banane) - Musa sp Biribá - Rollinie muccae Caja - Spondios oulcio Camu-camu - Myrciaria dubia Côco (Coco)-Cocus nuciferas Cupuaçu -Theobroma grandiflorum Goiaba (Goyave) - Psidium guayava Graviola - Anona Muricata Jaca - Artocarpas Integrifolia Laranja (Orange) - Citrus sinensis Lima - Citrus aurantifolia Limão (Citron) - Citrus limon Melancia (Pastèque) - Citrullus vulgaris Melão (Melon) - Cucunia melo Muruci - Byrsonima grassifolia Tapereba - Spondia lutea Mamão (Papaye) - Carica papaya Maracuja(Fruit de la passion) - Passiflora edulis Manga (Mangue) - Mangifera indica Pupunha - Guilialma Gasipanea Tucumã - Astrocarym vulgaris LÉGUMES Abóbora (Citrouille) - Cucurbita moschata Abobrinha (Courgette) -Curcubita pepo L. Agrião - Esistem Nasturtium offcinale L.e Lepidium sativum L. Alface (Salade)- Lactuca sativa L. Alfavaca - Ocimum basilicum L. Batata (Pomme de terre) - Solanum tuberosum L. Batata Doce (Patate douce) - Ipomaea batatas Lam. Beringela (Aubergine) - Solanum melongena Beterraba (Betterave) - Beta vulgaris L. Cebola (Oignons) - Allium cepa L. Cebolinha - Allium schoeroprasum F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Cenoura (Carotte) - Daucus carota Chuchu (Cristophine) - Sechium edule Coentro (Coriandre) - Coriandrum sativumL. Couve (Chou vert) - Brassica oleracea L. Var. Acepha Couve flor (Choufleur) - Brassica aleracea Caro rocho - Dioscorea purpurea Carirú - Talinum esculentum Espinafre (Épinard) – Spinacia oleracea Feijão - Vigna unguiculata Feijão verde (Haricot vert) - Phaseolus vulgaris Feijão de metro (Haricot vert) – Vigna unguiculata Jambú - Spilanthes oleracea L. Macacheira - Manihot sp. (M dulcis e M. palmata) Mandioca - Manihot utilissima Mastrus - Chenopodium ambrosióides L. Maxixe - Cucumis anguria Mostarda - Brassica juncea Pepino (concombre) – Cucumis sativus Pimentão - Capsicum annum Quiabo - Abelmoschus esculentus Repôlho (Chou pommé) - Brassica oferacea L.VarCapitata Salsa - Petroslium sp. ( P. crispum;P. sativum; P. hortense) Tomate (Tomate) - Lycopersicum esculentum F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) LIVRES ET DOCUMENTS CONSULTÉS Références bibliographiques relatives à l'étude " A Cidade Dispersa : os novos espaços de assentamentos em Bélèm e a reestruturação metropolitana" de Saint Clair Cordeiro da Trinidade Jr.(UFPA) "Relatorio ambiental da região metropolitana de Belém" PNUD; FADESP; IPEA; COHAB "Gestão do uso do solo e disfunções do crescimento urbano da região metropolitana de Belém" PNUD; IPEA; FADESP; NAEA; DAU "Dados socio-econômicos ; municipio de Belém" ano 1997 SEGEP "Frutifeiras da Mata na Vida Amazônica" Patricia Shanley; Margaret Cymerys; Jurandir Galvão Editoração Israel Gutemberg e Henning Pape-Santos "Relatório Técnico Anual de 1997" Centrais de Abastecimento do Pará "El cultivo del Camu-camu en la Amazonia Peruana" Hugo Villachica Tratado de Cooperacion Amazonica Secretaria Pro-Tempore Lima Peru (TCA) "La basse-cour en zone tropicale" Les classiques africains, 1996 "L'alimentation des animaux monogastriques : porc, lapin, volailles" INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) Jean- Claude Blum "Memento de l'Agronome" Collection "Techniques rurales en Afrique" Ministère de la Coopération Française Références bibliographiques complémentaires se référant à l'Agriculture Urbaine "Nourrir les métroploles d'Amérique Latine" Denise Douzant-Rosenfeld et Pernette Grandjean collection villes et campagnes l'Harmattan "Agronomia urbana na região metropolitana de Fortaleza" Ceara Periferia ou "Agriculture urbaine pour l'assainissement et la création de revenus dans l'agglomération de Fortaleza, État du Ceara, Brésil" Yves Cabannes (GRET Groupe de Recherche et d'Échanges Tecchnologiques); Luc Mougeot (CRDI Canada Centre de Recherches pour le développement International) "Faire campagne en ville" Luc Mougeot (CRDI) "L'agriculture urbaine nourrit déjà les villes" Irene Tinker "L'agriculture urbaine : une activité créatrice d'emplois, en économie de survie (le cas de Lomé)" Christine Schilter Cahier de Sciences Humaines 27 (1-2)1991 : 159-168 "L'élevage et l'agriculture en zones urbaines et péri-urbaines dans deux villes sahéliennes: Bamako et Bobo-Dioulasso" Jean-Michel Centrès Cahiers Agricultures 1996 ; 5 : 373-381 "L'agriculture urbaine en Afrique : La situation actuelle dans ses aspects principaux" Friedhelm Streiffeler Institut für Agrarpolitik, Marktlehre und Agrarentwicklung Humboldt-Universität zu Berlin "Systèmes maraîchers approvisionnant Bissau" Olivier David; Paule Moustier octobre 93 Unité de recherche Économie des filières n°7 CIRAD F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) PERSONNES INTERVIEWÉES ou AYANT PARTCIPÉES à L'ÉTUDE Enquêtes Rui Ludovino (convenio EMBRAPA-ISAL Instituto Superior de Agronomia de Lisboa ) Paulo Cerqueira Dos Santos (DEPI- SEGEP) Roberto Rômulo de Melo Gadelha (DEPI- SEGEP) Andrelinha Da Luz Dias (DEPI-SEGEP) Sylvain Colmet Daage (APACC) Maura Lameira de Moraes (APACC) Marcelo de Souza Pereira(APACC) Marluce de Oliveira Castro(APACC) Aldaci de Moraes Farias (APACC) Socoro dos Santos Ferreira(APACC) Jucirema Nogueira (APACC) James Ribeiro (SECON) Gilberto Silva(SECON) Adilton Mesquita (SECON) Sergio Alcantara (SECON) Agnès Serre (NAEA) Évolution espace urbain Saint Clair Cordeiro da Trinidade Jr. (UFPA, NAEA) Zoraida Wlasta Frazão Vasconcelos (CODEM) Marivalda Souza (CODEM) Eurico Fernando de Queiroz Alves (CODEM) Dirce Maneschy Corrêa (CODEM) Commercialisation Carlos Lopes Valente (CEASA) Antônio Fernando Palheta Souza (CEASA) Antônio Cordeiro (FCAP) Marco Baeta (SECON) Sandra Simões Costa (SECON) Deusimar Mirando Rodrigues (SAGRI) Kleber José da Rocha Briglia (SAGRI) Nutrition Elisabeth Salgueiro (Hospital UFPA Bettina Ferro Souzo) Helena Dos Santos (Faculté de médecine) Maria Auxiliadora (Faculté de médecine) Sœur Maria Do Carmo (Pastoral da Criança) Sœur Luciana (Centre de nutrition Santa Isabelle da Hungria) Roberto Sena (DIEESE) Augusta Lacerda (IDESP) José Stênio Gonzaga de Souza (SIEGEP-UNAMA) Luis Fortline (Museo Goeldi) Étude technique végétaux animaux Guy Couturier (ORSTOM-EMBRAPA) José Koury Alves (FCAP) Paulo de Jesus Santos (FCAP) Geraldo Coqueiro (FCAP) Jessivaldo Rogrigues (FCAP) Waldir de Nascimento (FCAP) Rosa Maria Gayoso Cardoso (SAGRI) Adhemir Araujo(SAGRI) Renato Paulo da S.R.Coral (SAGRI) Ieda Lima (FUNVERDE) F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep) Antônio Moreira (FUNVERDE) Marlia Coelho Ferreira (UFPA -Museo Goeldi) Autres projets d'agriculture urbaine Maria do Livramento Ferreira de Aviz (Cidade de Emaus) Maria das Graças Menezes (Cidade de Emaus) Jame Cabral (Cidade de Emaus) Maria Carmela Matos Martins (SAGRI) Andreas Nufer (Paroquia de Confissão luterana) Rui Nascimento (Petrobraz) Paulo Fernandes Fortes Filho (Secretario Prefeitura Térésina) José Lopes de O. Filho (Prefeitura de Térésina) Judivan Oliveira Paz (Prefeitura Térésina Marcos Esmeralda (Universidade de Térésina) Roberto Albuquerque (Cearah Periferia, Fortaleza) José Aguiar Beltrão Jr. (Cearah Periferia, Fortaleza) F3E – ESSOR Agriculture urbaine à Bélèm (77 Ep)