Karine Picot-Coupey - Laboratoire d`Economie et de Gestion (LEG)
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Karine Picot-Coupey - Laboratoire d`Economie et de Gestion (LEG)
INTERNATIONALISATION DES ENTREPRISES DE DISTRIBUTION ET FORME ORGANISATIONNELLE DE DEVELOPPEMENT D’ UN RESEAU DE POINTS DE VENTE SUR UN MARCHE ETRANGER : PROPOSITION D’UN CADRE CONCEPTUEL Karine PICOT-COUPEY Doctorante au CREM, UMR CNRS C 6211, Université de Rennes 1 Professeur Agrégé d’Economie et Gestion Commerciale, Université de Haute Bretagne Rennes 2 [email protected] L’auteur remercie les professeurs Steve Burt (Institute for Retail Studies, University of Stirling) et John Dawson (School of Economics and Management, University of Edinburgh) pour leurs conseils prodigués tout au long d’un séjour de recherche à l’Institute for Retail Studies (University of Stirling), réalisé grâce au soutien financier de la FNEGE. INTERNATIONALISATION DES ENTREPRISES DE DISTRIBUTION ET FORME ORGANISATIONNELLE DE DEVELOPPEMENT D’UN RESEAU DE POINTS DE VENTE SUR UN MARCHE ETRANGER : PROPOSITION D’UN CADRE CONCEPTUEL Résumé Les initiatives internationales des enseignes de distribution sont aujourd’hui très nombreuses. L’exploitation de réseaux physiques de points de vente en dehors du marché domestique constitue une dimension majeure du phénomène de distributio n internationale. Afin d’assurer cette implantation internationale, une des questions considérée comme parmi les plus importantes en marketing international est celle du choix d’un mode de présence. L’observation des choix structurels des réseaux de points de vente en dehors du marché domestique met en lumière des architectures organisationnelles très diverses, évolutives au cours du temps et complexes, combinant fréquemment l’utilisation simultanée de différents modes d’exploitation de points de vente. Les implications théoriques et managériales de ces choix organisationnels de croissance mono ou multi- modale, avec un caractère dynamique, sont importantes. Cependant, les travaux théoriques en distribution internationale ont rarement intégré ces éléments : ils se sont essentiellement focalisés sur les modes de présence choisis pendant la phase d’entrée de l’enseigne sur le marché étranger, en considérant les modes opératoires de façon alternative, et non combinée. Partant de cette perspective, cet article a pour objectif de suggérer un cadre conceptuel explicatif du choix du mode de présence d’un réseau de points de vente en dehors du marché domestique. Dans un premier temps, afin de poser les bases d’une recherche dans ce domaine, une analyse critique de la littérature en distribution internationale consacrée aux modes de présence des enseignes de distribution sur les marchés étrangers est présentée. Puis, dans un second temps, afin de dépasser les limites mises en évidence, un modèle théorique empruntant à la littérature en management international est développé, qui constitue un cadre intégrateur des différentes variables explicatives repérées dans l’examen de la littérature. Mots-clé : entreprise de distribution, développement international, mode de présence Abstract Internationalisation lies at the core of retailers’ strategies. Operating networks of physical store represents a main dimension of retail internationalisation. In order to establish this international presence, a question considered as one of the most important in international marketing is the one of the operation mode choice. A short analysis of the retail networks’ organisational choices in overseas markets leads to notice diverse and complex structural architectures, which seem to evolve over time. These organisational choices, with a dynamic character, carry important theoretical and managerial implications. Nevertheless, little explanatory research in international retailing has focused on this question, and the phenomenon remains misunderstood. To address this gap in research, this paper draws upon broader established international management literature to provide a framework for examining key aspects of operation mode choice by international retailers. Hence, the research purpose consists in suggesting an explanatory theoretical framework of retail operation mode choices in foreign markets. Key-words: retail firm, international development, operation mode INTERNATIONALISATION DES ENTREPRISES DE DISTRIBUTION ET FORME ORGANISATIONNELLE DE DEVELOPPEMENT D’UN RESEAU DE POINTS DE VENTE SUR UN MARCHE ETRANGER : PROPOSITION D’UN CADRE CONCEPTUEL INTRODUCTION L’internationalisation s’inscrit aujourd’hui au cœur des réflexions stratégiques des entreprises de distribution (Leknes & Carr 2004) et l’exploitation de réseaux physiques de points de vente en dehors du marché domestique constitue une dimension majeure du phénomène de distribution internationale (Dawson 1994 ; 2001). Au vu du nombre d’initiatives internationa les des enseignes et du poids économique de ce secteur (Deloitte & Touche 2003), comprendre ces démarches de développement en dehors des frontières nationales constitue un enjeu managérial important et présente un intérêt théorique fort. Afin d’assurer cette implantation, une des questions considérée comme parmi les plus importantes en marketing international est celle du choix d’un mode de présence (Root 1994 ; Contractor & Kundu 1998 ; Malhotra, Ulgado & Agarwal 2003). L’observation des choix structurels des réseaux de points de vente en dehors du marché domestique met en lumière des architectures organisationnelles très diverses, évolutives au cours du temps et complexes, dont l’analyse a cependant donné lieu à très peu de recherches dans la littérature en distribution internationale (Doherty 2000 ; Vida 2000 ; Burt, Dawson & Sparks 2003). Un mode d’entrée peut être défini comme un arrangement institutionnel qui rend possible la présence de produits, de technologie, de compétences humaines et managériales ou d’autres ressources d’une entreprise dans un pays étranger (Root 1994 pp.5 ; Hollensen 2004 pp. 272). Dans l’optique de l’adéquation entre stratégie et structure d’une entreprise, le choix d’une forme organisationnelle par une enseigne peut être vu comme s’expliquant par sa capacité à permettre la meilleure mise en œuvre possible du positionnement choisi de l’enseigne et à conduire la politique de marketing opérationnel définie. Chaque mode de présence est un moyen différent, selon ses caractéristiques, de s’insérer dans le marché et d’y obtenir de l’information, ainsi que d’assurer le transfert d’une formule de distribution et d’opérations managériales. Les enseignes engagées dans l’établissement d’opérations à l’étranger peuvent choisir parmi un éventail large de possibilités organisationnelles, chacune ayant des implications différentes en termes de coût et de vitesse d’entrée, de flexibilité, de contrôle des activités, d’implication financière et de risque encouru. Export, agent, distributeur, licence, concession, joint-venture, points de vente franchisés, points de vente en propre – par croissance interne ou par acquisition - sont les options usuellement citées par les auteurs (Dawson 1994 ; Alexander 1997), chacune pouva nt être soutenue par une filiale ou gérée depuis la maison mère. Mais l’analyse des pratiques des enseignes met également en évidence l’utilisation simultanée de différents modes d’exploitation de points de vente : forme mixte (Moore 1997) ou formes multi- modales (Burt 1993 ; Moore 1996 ; Moore & Fernie 2000). En dépit de l’importance et de la complexité de ces choix organisationnels, la littérature en distribution internationale a peu traité de cette problématique. Partant de cette perspective, l’objectif de cet article est de proposer un cadre conceptuel explicatif du choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente dans un marché étranger. Dans un premier temps, afin de poser les bases d’une recherche dans ce domaine, une analyse critique de la littérature consacrée aux modes de présence des enseignes de distribution dans les pays étrangers est présentée, analysant les apports et les limites, et suggérant des voies de recherche. Puis, dans un second temps, sur ces bases, un modèle théorique est proposé, qui constitue un cadre intégrateur des différentes variables explicatives du choix repérées dans l’examen de la littérature. 1. ETAT DE L’ART SUR LES FORMES ORGANISATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT DES RESEAUX DE POINTS DE VENTE DANS UN PAYS ETRANGER Afin d’aller vers une meilleure compréhension du choix d’un mode d’exploitation de ses unités à l’étranger par une enseigne de distribution, il est intéressant de regrouper et de dégager les résultats obtenus dans les recherches antérieures. L’analyse de la littérature en distribution internationale met en évidence que la problématique de la forme orga nisationnelle de développement d’un réseau de points de vente dans un pays étranger a été abordée selon deux approches différentes : d’une part, sous un angle global de conceptualisation du processus d’internationalisation d’une enseigne de distribution ; d’autre part, sous un angle analytique d’étude des variable s déterminantes du choix d’un mode de présence par les responsables de réseau. Après avoir tout d’abord présenté les apports des modèles d’analyse du processus d’internationalisation d’une entreprise de distribution à la compréhension du choix d’un mode de présence (1.1), les enseignements des recherches analytiques sur les variables déterminantes de cette décision organisationnelle sont ensuite exposés (1.2). 1.1 Le mode de présence comme une dimension du processus d’internationalisation de l’entreprise de distribution : le développement de modèles concurrents Un premier ensemble de recherches intègre la forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente comme une des dimensions du processus global d’internationalisation de l’entreprise de distribution, dont il ne peut être dissocié. Dans cette optique, le choix d’un mode de présence se comprend au travers de l’analyse générale de la démarche de développement international d’une entreprise de distribution, qui est un processus qui ne peut être décomposé et dont il faut comprendre tous les éléments. La littérature en distribution internationale est ancrée dans une longue tradition de travaux exploratoires et descriptifs ayant abouti à l’observation et la mise à plat de pratiques multiples d’enseignes (Laulajainen 1991 ; Alexander 1994 ; Burt 1994 ; Holden 1994 ; Johnson & Allen 1994 ; Tordjman 1994 ; Sparks 1995 ; Moore 1997 ; Arnold & Fernie 2000) ; ont été développées plus récemment des recherches explicatives proposant des cadres théoriques visant à conceptualiser ces pratiques, à l’analyse desquels cet article se limitera. Ainsi, un premier ensemble d’enseignements sur la question du choix d’un mode de présence d’une enseigne de distribution dans un pays étranger peut être dégagé de différents travaux présentant des modèles intégrateurs explicatifs de la démarche d’internationalisation d’une entreprise de distribution. Ceux-ci s’appuient sur différentes approches conceptuelles du processus d’internationalisation d’une firme empruntées, de façon directe ou indirecte, aux recherches développées en management international. L’examen de cette littérature en management international permet de faire apparaître différentes théories alternatives de la démarche de développement international d’une entreprise et, par conséquent, de la rationalité de choix d’un mode de présence, dont l’annexe 1 présente une synthèse. Aux approches, aujourd’hui classiques, de l’école nordique de l’internatio nalisation incrémentale ou école d’Uppsala, de la théorie des coûts de transaction, du modèle éclectique de Dunning, de la théorie basée sur les ressources et de l’approche stratégique de la firme, sont venues s’ajouter plus récemment de nouvelles propositions : d’une part, trois modèles théoriques que sont la théorie des réseaux, l’approche des formes de capitalisme industriel et la théorie des entreprises nées internationales ; d’autre part, des approches multi-théoriques qui argumentent pour l’intégratio n des apports de différents modèles afin d’aller vers une compréhension plus complète et réaliste de la démarche de développement international d’une firme. L’approche théorique sous-jacente à chacun des modèles conditionne la rationalité de choix d’un mode de présence. Les lectures explicatives alternatives de cette décision de choix d’un mode de présence dans un pays étranger recensées en management international sont nombreuses, comme l’annexe 1 permet de le resituer : on recense ainsi huit lectures différentes du choix d’un mode de présence, qui trouvent toutes des validations empiriques partielles dans la littérature (Andersen 1997 ; Whitelock 2002), néanmoins souvent fragiles quant à leurs applications au secteur des services (Hollensen 2004). Cependant, on peut s’interroger sur la possibilité de dépasser cette apparente opposition ou concurrence entre résultats qui permettrait d’aller vers une potentielle complémentarité de schémas explicatifs. On peut alors constater : - d’une part, des divergences dans les hypothèses fondamentales sur le comportement des firmes qui partitionnent les modèles en deux groupes – agent économique optimisateur pour le modèle basé sur la théorie des coûts de transaction et le modèle éclectique de Dunning, et, à l’inverse, pour les autres approches, entité recherchant au cours du temps une solution satisfaisante ; - d’autre part, des différences de niveau dans les échelles et locus d’analyse adoptés par les différents cadres théoriques – la firme, le marché ou la firme en interaction avec les parties prenantes – dont la complémentarité peut rendre, in fine, particulièrement intéressant le fait de joindre ces analyses en développant des cadres multi- théoriques. Ce corpus bien établi en management international exerce à la fois un pouvoir de fascination et de répulsion sur les auteurs en distribution internationale (Dawson 1994 ; Alexander & Myers 2000 ; Vida & Vodlan 2003). Le tableau 1 ci-dessous présente un état de l’art des cadres conceptuels du processus d’internationalisation des enseignes de distribution dans lesquels le mode de présence est intégré comme une dimension clé. L’examen de ce tableau permet de dresser plusieurs constats : - les recherches se positionnent le long d’un continuum allant de l’importation directe de modèles issus de la littérature en management international (Dawson 1994 ; Davies & Fergusson 1995 ; Sternquist 1997 ; Doherty 1999 ; Doherty & Quinn 2000) parfois de façon implicite (Pederzoli 2002), à un emprunt enrichi de conclusions de travaux en distribut ion internationale (Vida & Fairhurst 1998 ; Wrigley & Currah 2003 ; Elg, Ghauri & Sinkovics 2004), jusqu’au développement d’approches spécifiques (Alexander & Myers 2000 ; Dawson 2001) ; - dans tous les cas, les travaux sont marqués par des discussions sur le caractère idiosyncrasique ou non de la distribution internationale, que ce soit comme une conclusion du travail (Dawson 1994 ; Davies & Fergusson 1995 ; Vida & Fairhurst 1998), comme une limite de la recherche (Sternquist 1997) ou comme une hypothèse du cadre conceptuel (Alexander & Myers 2000 ; Dawson 2001 ; Elg, Ghauri & Sinkovics 2004) ; - les prédictions théoriques en matière de choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente dans un pays étranger ont fait l’objet de peu d’applications empiriques ; pour celles existantes, les conceptualisations théoriques développées apparaissent non complètement satisfaisantes au regard des résultats. Bases théoriques du modèle conceptuel du processus d’internationalisation d’une enseigne de distribution Auteur (date) Nom du modèle Application du paradigme éclectique de Dunning Dawson (1994) Considération de la supériorité explicative respective du modèle de l’école d’Uppsala, paradigme éclectique de Dunning, approche stratégique de la firme, théorie des réseaux, et facteurs de pressions et d’attraction Application du paradigme éclectique et modèle d’Uppsala Davies & Fergusson (1995) Emprunt du modèle de l’école d’Uppsala, enrichi des résultats des recherches en distribution internationale sur les antécédents de l’internationalisation Sternquist (1997) « Modèle de l’expansion stratégique de la distribution internationale » Vida & Fairhurst (1998), Vida (2000), Vida & Vodlan (2003) « Modèle itératif des antécédents, processus et conséquences de l’internationalisation » Application combinée de la théorie des coûts de transaction et des nouvelles théories de la firme Quinn & Doherty (2000) Application de l’approche stratégique de la firme Pederzoli (2002) (de façon implicite) Elg, Ghauri & Sinkovics (2004) Application de la théorie des réseaux, en lien avec les activités orientées vers le marché Application de la théorie des formes de capitalisme industriel Aucune théorie de management international ; état de l’art en distribution internationale Wrigley & Currah (2003) Aucune théorie de management international ; conceptualisation basée sur la définition de la distribution internationale (Dawson 1994) Dawson (2001) Alexander & Myers (2000) Moore (2000) •Conclusions théoriques ‚Résultats et conclusions empiriques • : Identification de facteurs spécifiques à la distribution internationale, limitant l’application du paradigme OLI : « équilibre entre prises de décision centralisées et décentralisées, importance relative des économies d’échelle, degré de dispersion spatiale, taille des établissements par rapport à celle de la firme, coûts de sortie modérés, vitesse de retour sur investissement, caractéristiques des flux financiers, valeur relative du stock, importance de l’approvisionnement » (Dawson 1994, pp.271) ‚ : à partir d’une étude documentaire de l’internationalisation des distributeurs japonais de 1958 à 1995, mise en évidence de la supériorité de chacune des théories à expliquer une dimension du processus d’internationalisation d’une entreprise de distribution ; identification de l’impact des réseaux de relations sur le choix d’un mode de présence par une enseigne ‚ : à partir d’exemples d’entreprises américaines, conclusion à la vérification empirique du modèle postulant un lien stratégie – avantages spécifiques – choix d’un mode de présence ; rejet des exemples contraires au modèle sur l’argument de la nécessité de l’évaluation à long terme de l’option stratégique et organisationnelle • : choix d’un mode d’entrée comme conséquence du processus de développement international de l’entreprise de distribution, influencé par son degré d’expérience, et évolutif au cours du temps ; ‚ : à partir d’une étude quantitative par questionnaire sur 80 entreprises américaines (Vida 2000) et d’une étude qualitative par la méthode des cas sur une entreprise Slovène (Vida & Vodlan 2003), constat du choix fréquent de formes organisationnelle de développement en propre par les réseaux de points de vente, qui ne correspond pas à la prédiction du modèle ; mise en évidence d’un impératif de croissance internationale rapide pour les entreprises de distribution, nécessitant une approche plus agressive de l’internationalisation, et d’actions visant à établir des réseaux de relations pour faciliter ce processus • : conclusion à une approche explicative duale, la théorie des coûts de transaction comme paradigme explicatif des modes à forte implication en ressources et à fort contrôle, et la théorie de l’agence comme schéma explicatif des modes à faible implication en ressources et faible contrôle, sans que soit posé le problème de la mesure des coûts de transaction pour une entreprise de distribution ‚ : à partir d’une approche qualitative par étude de cas, complétée par une étude auprès d’expert, validation d’un modèle stratégique de développement international des entreprises de distribution • : argumentation théorique, illustrée par deux exemples d’entreprises, de l’intérêt de la théorie des réseaux comme schéma d’analyse du processus de développement d’un distributeur dans un pays étranger, complétée par le développement d’activités orientées vers l’écoute du marché rendues nécessaires par les caractéristiques mêmes de la distribution internationale ‚ : à partir d’une méthodologie qualitative par la méthode des cas, mise en évidence de l’impact de l’environnement institutionnel sur la démarche développement d’une enseigne dans un pays hôte • : démonstration de l’influence des aspects idiosyncrasiques du secteur de la distribution internationale sur son processus d’internationalisation et proposition du choix d’un mode de présence expliqué par l’existence, et les capacités d’exploitation, d’un avantage spécifique, choix fait en parallèle à celui de localisation et de positionnement stratégique • : raisonnement théorique, illustré par le cas du développement international d’enseignes en Pologne, mettant en avant l’opportunisme comme facteur explicatif de la démarche d’internationalisation d’une enseigne, et voyant le choix d’un mode de présence comme contingent aux fantaisies circonstancielles Tableau 1- Mode de présence comme une dimension du processus d’internationalisation d’un réseau de points de vente : état de l’art en distribution internationale Les différentes recherches convergent vers trois conclusions communes : - premièrement, l’affirmation du caractère très large des activités impliquées pour l’expansion d’un réseau de magasins dans un pays étranger, ramenant à des interrogations sur la définition même de la distribution internationale ; - deuxièmement, une dimension temporelle et dynamique du choix, marquée aujourd’hui par la nécessité d’un développement accéléré des enseignes en dehors de leur marché national ; - troisièmement, l’influence des réseaux de relations établis par l’enseigne avec les différentes parties prenantes à son implantation, sur le déroulement de sa démarche de développement dans le pays d’accueil et, se faisant, sur la forme organisationnelle retenue. Des apports complémentaires sur la problématique du choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente dans un pays étranger peuvent être dégagés des travaux très récents abordant les échecs des démarches d’internationalisation des enseignes de distribution comme domaine de recherche (Burt & al 2002 ; Burt, Dawson & Sparks 2003). Une des propositions de recherche postule : « l’échec est lié au mode d’entrée » (Burt, Dawson & Sparks 2003 pp. 367) au sens où, d’une part, certains modes pourraient être davantage sujets à l’échec que d’autres et, d’autre part, certaines évolutions organisationnelles pourraient être davantage cause d’insuccès que d’autres. En soulignant que la révision du processus d’internationalisation peut aboutir à un nouveau mode de présence, ces travaux reconnaissent ainsi dans le mode d’entrée une variable clé du processus d’internationalisation d’une enseigne et l’interaction de ce choix avec les différentes dimensions du processus ; ils en soulignent l’aspect évolutif et sa dimension temporelle, déjà mis en évidence dans les recherches précédentes. Au-delà des résultats dégagés, cette revue de la littérature permet de structurer un ensemble d’enseignements pour les recherches futures portant sur le choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente dans un pays étranger. Tout d’abord, il semble nécessaire de trouver un équilibre entre la prise en compte des caractères idiosyncrasiques du secteur de la distribution et l’intérêt d’emprunts au corpus théorique issu du management international, et de dégager des points de convergence possibles. Puis, on peut constater, dans cette optique, que certaines conclusions sur des éléments considérés comme spécifiques à la distribution trouvent des échos dans des problématiques développées récemment en management international, et invitent à se tourner vers de nouvelles théories du processus d’internationalisation. En effet, el rapprochement entre les conclusions dégagées de l’analyse du tableau 1 et la synthèse des théories du processus d’internationalisation des entreprises présentée dans l’annexe 1 permet de remarquer que certains facteurs identifiés comme des limites à l’application des théories classiques de la démarche de développement international se rapprochent des fondements, d’une part, de la théorie des réseaux et, d’autre part, de la théorie des entreprises nées internationales. Ainsi, la théorie des entreprises nées internationales soutient l’ idée que les jeunes entreprises, ou des entreprises soumises à un nouvel impératif d’internationalisation, ne vont pas respecter l’approche incrémentale et séquentielle postulée par le modèle d’Uppsala et avoir une approche beaucoup plus risquée du choix d’un mode de présence, résultats dégagés dans différentes recherches sur le processus d’internationalisation des distributeurs (Moore 2000, Hutchinson, Quinn & Alexander 2003 ; Vida & Vodlan 2003). Si le savoir expérientiel demeure une variable explicative, il ne semble pas y avoir de relation linéaire entre le degré d’expérience de l’internationalisation, de connaissance d’un marché et degré d’engagement sur un marché. De même, on peut noter une convergence entre le postulat de la théorie des réseaux – l’ensemble des relations établies comme facteur explicatif du processus d’internationalisation – et l’importance du réseau de relations construit par une entreprise de distribution pour la mise en œuvre de son système de servuction mis en évidence dans la revue de la littérature. Enfin, le bilan des travaux sur la supériorité explicative de l’une ou l’autre des théories suggère qu’elles apportent respectivement un regard analytique pertinent à différentes échelles d’observation du processus d’internationalisation. Il peut alors être intéressant d’envisager des complémentarités entre théories pour proposer des cadres multi- théoriques. La construction d’un cadre général compréhensif du processus d’internationalisation d’une entreprise de distribution passe par la connaissance plus détaillée de chacune des dimensions de ce processus, et notamment du choix d’un mode de présence (Vida 2000). 1.2. Le mode de présence comme problématique centrale de recherche : des déterminant s du choix liés aux caractères idiosyncrasiques du secteur de la distribution Dans la littérature en management international, l’analyse du choix d’un mode de présence pour un couple produit/marché a fait l’objet d’une attention considérable. Il est présenté comme le résultat net d’un ensemble de forces souvent contradictoires ; le nombre de facteurs, la difficulté à en mesurer la force et la nécessité d’en ant iciper les évolutions futures font de ce choix une décision complexe, avec de nombreux arbitrages entre modes alternatifs (Root 1994). La mise en évidence de spécificités du processus d’internationalisation des entreprises de distribution, comparativement aux entreprises industrielles, et l’observation de l’utilisation de formes de présence non conformes aux prédictions des conceptualisations de la démarche de développement international d’une enseigne ont conduit à s’interroger sur les facteurs qui déterminent la décision organisationnelle des responsables de réseaux de points de vente. Une présentation récapitulative des recherches existantes sur cette problématique est proposée dans le tableau 2 ci-après. Auteur (date) Objet de la recherche et méthodologie Résultats de la recherche Burt (1993) En adoptant une perspective incrémentale, documenter et analyser, à partir de l’étude d’une base de données (1960-1990), la nature des modes de présence utilisés par les distributeurs britanniques au cours de cette période - Identification de formes de présence multi-modales ; - Mise en évidence de variables explicatives du degré de risque - contrôle recherché : - secteur d’activité de l’enseigne, lié au format exploité ; - détention d’un actif spécifique marketing, par la diminution du risque perçu ; - lieu géographique de l’implantation, en cohérence avec l’argument de la distance d’affaires ; - contexte temporel du choix, en termes d’une part de contexte historique, et d’autre part de phase de développement dans le pays et degré d’internationalisation de l’entreprise ; - stratégie de couverture et vitesse de développement sur le marché Doherty (1999) Doherty & Quinn (1999) Développer un cadre explicatif du choix d’un mode de présence sur la base de la théorie des coûts de transaction et de la théorie de l’agence Proposition de facteurs explicatifs du degré d’internalisation recherché : - caractéristiques du marché domestique ; - caractéristiques du marché cible ; - caractéristiques de l’entreprise ; - degré de complexité du processus de transfert d’informations dans le pays cible, lié aux comportements opportunistes des agents et aux situations d’asymétrie informationnelle Doherty (2000) A partir de données issues d’entretiens semi directifs dans le secteur du prêt à porter, faire émerger les facteurs explicatifs du choix d’un mode d’entrée Proposition d’une liste de facteurs explicatifs du choix d’un mode d’entrée : - opportunités existantes, permises par les réseaux de relations ; - l’expérience, en opposition à l’approche incrémentale ; - les ressources financières et managériales (personnalité des dirigeants ; - stratégie marketing et force de la marque ; - contexte historique du choix Quinn (1998) Quinn & Alexander (2002) Suggérer un cadre théorique basé sur la théorie de l’agence au choix de la franchise comme mode d’entrée, tout en soulignant l’existence de formes multimodales Proposition d’un facteur explicatif du choix d’un mode d’entrée différent de celui utilisé sur le marché domestique : la motivation à l’internationalisation sur ce marché, les facteurs d’attraction poussant les réseaux en franchise et en propre à un développement en franchise ; les facteurs de pression conduisant les réseaux en propre à un développement en propre par croissance interne ou acquisition Pedersen & Welch (2000) A partir d’une étude quantitative par questionnaire du secteur danois du prêt-à-porter, complétée par deux études de cas, analyser les facteurs explicatifs d’une expansion en franchise, après une entrée en propre M ise en évidence d’un facteur explicatif du choix de la franchise lors de la phase de développement dans un marché étranger, après une entrée en propre, en opposition à l’approche incrémentale : mouvement d’intégration verticale facilité par un processus d’apprentissage, lors de la phase d’entrée, par des modes en propre et par la construction de réseaux de relations sur le marché Gielens & Dekimpe (2001) A partir d’un échantillon de 45 entreprises, étudier l’impact des choix faits au moment de l’entrée sur la performance à long terme Facteurs explicatifs d’une meilleure performance à long terme : entrée sur une échelle importante sans utilisation de partenaires ou d’actifs acquis, en offrant un format nouveau pour le pays d’accueil mais familier à l’entreprise Tableau 2- Présentation récapitulative des travaux sur les facteurs déterminants du choix d’un mode de présence d’un réseau de distribution dans un pays étranger A la lecture de ce tableau 2, s’impose tout d’abord el constat du faible nombre de travaux menés sur ce thème. Au-delà, deux remarques principales semblent pouvoir être formulées. Premièrement, ces recherches sont essentiellement d’essence a-théorique : les analyses ne sont pas ancrées dans des conceptualisations théoriques qui permettraient de guider et d’intégrer les approches. Dans cette optique, il peut être intéressant d’envisager de rapprocher ces travaux des conclusions dégagées des études sur l’analyse du processus d’internationalisation d’une enseigne de distribution présentées précédemment. Deuxièmement, si les analyses s’accordent toutes sur la problématique de l’identification de facteurs explicatifs du choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente dans un pays étranger, la définition de la variable expliquée – le mode de présence – est imprécise : - d’une part, les options organisationnelles possibles intégrées dans les recherches sont différentes. ; - d’autre part, sans qu’ils soient exposés explicitement, différents critères d’appréciation d’un mode de présence sont cités au cours des recherches : degré d’engagement financier recherché (Burt 1993), degré de contrôle marketing autorisé (Doherty 1999 ; Doherty & Quinn 1999 ; Pedersen & Welch 2000), degré de risque encouru (Burt 1993 ; Gielens & Dekimpe 2001), flexibilité temporelle (Pederen & Welch 2000 ; Gielens & Dekimpe 2001). Il s’agit d’évocations implicites de dimensions sous-jacentes au choix d’un mode de présence (Gannon 1993) : une précision explicite de ces éléments dans les méthodologies de recherche permettrait de clarifier la nature des critères considérés et leur poids éventuel. Cette imprécision sur la définition de la variable à expliquer rend difficile l’identification de liens entre variables explicatives et variable dépendante, et la mesure de forces d’association. Cette dernière conclusion peut être gardée en tête pour se pencher sur le degré de convergence des résultats des recherches. De la présentation linéaire de la littérature faite dans le tableau 2 ainsi que des enseignements du tableau 1, il est intéressant d’établir une liste des variables qui paraissent ressortir comme influençant le choix d’un « mode de présence » par une enseigne de distribution. Le tableau 3 ci-dessous recense les résultats obtenus dans les différentes recherches, pour dégager les variables déterminantes du choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente en dehors de frontières nationales, en se heurtant à la difficulté de la multi dimensionnalité implicite de la variable à expliquer. Variables déterminantes du choix d’un mode de présence / variable expliquée Force de la marque / degré de contrôle Force du concept / degré de contrôle Secteur d’activité / degré d’expertise locale Stratégie de localisation et de couverture du marché / degré d’engagement financier et flexibilité Politique d’assortiment, dont rôle des marques propres / degré de contrôle Stratégie globale ou multinationale / degré de contrôle Motivations à l’internationalisation de l’enseigne / degré de contrôle, degré de risque et degré d’engagement financier Ressources financières de l’enseigne / degré d’engagement financier Expérience de l’internationalisation / degré d’engagement financier et flexibilité Age de la firme/ degré d’engagement financier et flexibilité Réseau de relations établies avec différentes parties prenantes / degré de risque Industriel comme métier d’origine de la firme / degré de contrôle Personnalité du leader / degré de risque Potentiel du marché cible / degré d’engagement financier Caractéristiques concurrentielles du marché cible / degré de contrôle, de flexibilité et d’engagement financier Distance géographique et culturelle par rapport au marché cible / degr é de risque et d’engagement financier Degré de consensus des recherches + : Burt (1993) & Fernie & al. (1997) ; - :Doherty (2000) ; n.c: Moore (2000) + : Burt (1993) ; - :Doherty (2000) ; n.c: Moore (2000) + : Burt (1993) & Davies & Fergusson (1995) + : Burt (1993), Fernie & al. (1997) & Moore (2000) + : Burt (1993) ; - : Doherty (1999) ; n.c : Moore (2000) + : Burt (1993) & Sternquist (1997) + : Moore (2000) ; - : Quinn & Alexander (2002) n.c : Moore (2000) ; Vida & Vodlan (2003) + : Burt (1993) ; n.c : Vida (2000), Moore (2000) & Vida & Vodlan (2003) + : Burt (1993) ; n.c : Vida (2000), Moore (2000) & Vida & Vodlan (2003) + : Sparks (1995), Doherty (2000), Dawson (2001), Vida & Vodlan (2003) & Elg, Ghauri & Sinkovics (2004) - : Pedersen & Welch (2000) ; - : Moore (1997) - : Doherty (2000) & Moore (2000) n.c : Gielens & Dekimpe (2001) n.c : Moore (1996) - : Burt (1993) ; + : Vida & Vodlan (2003) Tableau 3- Variables déterminantes du choix d’un mode de présence et degré de consensus des recherches Légende : + : association positive ; - : association négative ; n.c : deux types d’association observées par l’auteur, ne peut conclure. Différents commentaires peuvent être formulés à la lecture du tableau 3, d’une part, sur la variable à expliquer – le mode de présence -, et d’autre part, sur les variables explicatives. Concernant la variable à expliquer, il semble exister différentes dimensions mentionnées ou supposées d’un mode de présence. Les résultats dégagés dans les recherches peuvent alors être le reflet, non seulement de l’influence de variables situationnelles, mais également de différences mêmes de conception de l’internationalisation par chacune des entreprises. Cela conduit à la nécessité de préciser dans les recherches les dimensions étudiées d’un mode de présence. Concernant les variables explicatives, parmi ces facteurs déterminants du choix d’un mode de présence ressort, tout d’abord, un bloc de facteurs liés à la politique marketing de l’enseigne : le concept, le positionnement, la marque, la politique de localisation, la politique d’assortiment semblent être des variables importantes, même si les recherches ne s’accordent pas sur le sens de l’influence. Ensuite, le rôle “facilitateur” de réseaux de relations dans l’expansion sur un marché est souligné par la majorité des recherches, et semble orienter le choix organisationnel vers des modes jugés plus risqués. De même, le caractère dynamique du choix sous l’influence de variables individuelles et de contexte semble largement partagé, sans que puisse être vérifiée l’approche incrémentale. Les résultats d’autres travaux en distribution internationale peuvent venir éclairer les variables mises en évidence : - le lien secteur - mode de présence a été évoqué par Waldman (1978), qui développe l’idée que les enseignes alimentaires, ayant besoin d’expertise locale pour appréhender les spécificités du secteur de la distribution du pays cible, doivent procéder par acquisition de sociétés locales ou par association avec des partenaires locaux tandis que les chaînes non alimentaires spécialisées se tourneraient vers la franchise, d’une part, car il s’agit souvent d’entreprises industrielles n’ayant pas de compétences en distribution et, d’autre part, car elles ont une cible de clientèle étroite, donc un potentiel de marché dans chaque pays limité, ce qui rendrait non attractif un développement en propre ; - le lien approche stratégique globale ou multinationale - mode de présence peut trouver un écho dans la mesure intégrative de l’internationalisation que cherche à développer l’Oxford Institute of Retail Management (Howard 2004). Comment mesurer le caractère international d’une firme de distribution ? en termes de chiffres d’affaires, de nombre de pays, de dispersion de l’activité ? La stratégie menée semble influencer la distribution géographique des activités et, de facto, le choix d’un mode de présence. - Le lien motivations à l’internationalisation – mode de présence peut trouver un éclairage intéressant dans la recherche de Goldman (2001) portant sur les stratégie de transfert de format. Les scenarii de changement de format apparaissent influencés par des considérations marketing et stratégique, dans lesquelles viennent interférer les motivations à l’internationalisation. A l’issue de cette analyse, il apparaît que le domaine de recherche est en pleine construction, et que peu de résultats significatifs et convergents peuvent être établis. Cette synthèse de la littérature permet de dégager des enseignements à la fois théoriques et méthodologiques utiles pour le développement de travaux futurs. Notamment, il semble nécessaire, dans les travaux futurs, d’intégrer l’aspect évolutif du choix, le caractère non linéaire de l’engagement et sa composante temporelle dont l’importance a été soulignée, mais non expliquée. En outre, il peut être suggéré d’envisager de classer les facteurs identifiés comme influençant le choix d’un mode de présence entre variables explicatives et variables modératrices, ce qui permettrait de dépasser certains résultats contradictoires des recherches. Il apparaît important, enfin, de préciser les typologies de modes de présence proposées dans les recherches, pour intégrer aux analyses el s formes de présence multi- modales dont les travaux ont constaté l’existence, sans les intégrer ainsi que de distinguer explicitement les différentes dimensions sous-jacentes au choix d’un mode de présence. Cette première partie a permis, d’une part, de discuter des différentes approches théoriques explicatives du choix d’un mode de présence proposées dans les modèles conceptuels d’internationalisation d’un réseau de points de vente dans un pays étranger et, d’autre part, d’examiner les variables ressortant comme déterminantes de cette décision organisationnelle. A partir des conclusions dégagées, des limites mises en évidence et des voies de recherches proposées, la deuxième partie vise à proposer un cadre théorique dans lequel viennent s’intégrer el s variables influençant le choix d’un mode de présence telles qu’elles ont pu être repérées dans l’examen de la littérature. 2. VERS UN CADRE THEORIQUE D ’ANALYSE DU CHOIX D’UN MODE DE PRESENCE Afin d’intégrer les facteurs déterminants du choix d’un mode de présence dans un cadre théorique, un cadre poly-paradigmatique est proposé, qui tient compte des caractéristiques idiosyncrasiques du secteur de la distribution internationale (2.1). Le modèle est ensuite exposé, et les variables détaillées (2.2). 2.1. Pour un cadre poly-paradigmatique : les apports combinés du modèle nordique, de la théorie des réseaux et de la théorie des entreprises nées internationales Le constat a été fait de la perspective essentiellement a-théorique des travaux focalisés sur la problématique des modes de présence dans la littérature en distribution internationale. Parallèlement, différents modèles conceptuels du processus d’internationalisation d’une entreprise de distribution ont été développés, dans lesquels le mode d’entrée est une dimension d’analyse. Il est alors suggéré de s’appuyer sur les enseignements de cette littérature pour proposer un ancrage théorique à des travaux centrés sur l’explication du choix d’un mode de présence. En incorporant les résultats des recherches sur le processus général d’internationalisation d’une enseigne de distribution, nous suggérons de proposer un cadre intégrateur qui s’appuie sur une ou des théories, qui permettent de tenir compte de l’idiosyncrasie de la distribution internationale (Dawson 1993 ; 1994 ; 2001), facteur discuté et considéré comme fondamental dans tous les travaux. Dans cette perspective, la construction du cadre conceptuel peut s’effectuer en rapprochant les arguments discutés par les différentes approches théoriques, tels que présentés en annexe 1, des spécificités de l’activité de distribution internationale. Cette analyse comparative conduit à s’intéresser à trois courants théoriques : le modèle d’Uppsala, la théorie des réseaux et la théorie des entreprises nées internationales. Le tableau 4 présente une synthèse de la pertinence et de l’intérêt de chacune de ces trois théories dans l’explication de différentes dimensions du choix d’un mode de présence par une entreprise de distribution. Théorie Modèle d’Uppsala Facteurs communs entre la rationalité de la théorie et les caractéristiques de la distribution internationale Importance de l’apprentissage, sur la base des expériences précédentes, pour poursuivre le processus d’internationalisation Théorie des réseaux Rôle des réseaux de relations, dans ou ayant des liens avec le pays étranger cible, pour faciliter et accélérer l’implantation puis l’expansion dans ce marché Théorie des entreprises né es internationales Existence d’un impératif de développement international, qui exerce une pression sur les entreprises qui abordent alors le choix d’un mode de présence d’un point de vue plus risqué et dans une approche non incrémentale Tableau 4 – Combiner le modèle d’Uppsala, la théorie des réseaux et la théorie des entreprises nées internationales comme fondements théoriques dela rationalité de choix d’un mode de présence Le tableau 4 permet de développer l’analyse de l’intérêt de ces théories explicatives du choix d’un mode de présence au regard des caractéristiques spécifiques de la distribution internationale. Les apports de la théorie des réseaux à la conceptualisation du choix d’un mode de développement d’un réseau de points de vente concernent la perspective dynamique, l’argument temporel et la variable du réseau de relations. D’une part, ce paradigme s’inscrit dans l’optique d’un processus plutôt que dans celle d’une activité, ce qui rejoint la conceptualisation de la distribution internationale (Dawson 1994 ; Sparks 1995 ; Dawson, 2001). D’autre part, il insiste sur l’importance des ressources contrôlées par les différentes parties prenantes dans les possibilités de développement à l’étranger, ce qui fait écho aux conclusions de la littérature en distribution internationale sur l’importance de l’établissement de contacts préalables et continuels avec le marché. Lors de son expansion dans le pays étranger cible, le management d’un réseau de distribution entre en interaction, à différents niveaux, avec de nombreuses parties prenantes (Uusitalo & Rökman 2003) ; cela nécessite un bon appui sur un réseau de relations d’affaires stable et durable pour pouvoir mettre en œuvre la stratégie de développement de l’enseigne. Différents niveaux d’interactions peuvent être recensés : - politique de localisation : relations avec les professionnels de l’immobilier et les autorités locales pour l’acquisition de terrains, l’acquisition de points de vente, la desserte des magasins par les infrastructures routières et transports publics ; - politique de communication : relations avec les autorités pour d’éventuelles autorisation d’implantation, les organismes de presse, l’opinion publique pour la notoriété et l’image de l’enseigne et / ou de ses marques ; - politique logistique et d’approvisionnement : relations avec les partenaires logistiques pour l’approvisionnement des points de vente ; relations établies avec producteurs locaux pour l’approvisionnement en produits de marques locales ou de marques propres ; - politique de gestion des ressources humaines : relations avec des professionnels du secteur de la distribution, du marketing ou du merchandising pour des objectifs de recrutement. Ainsi, les réseaux de relations établis apparaissent comme des « facilitateurs ». On peut alors les considérer comme une variable modératrice du choix d’un mode de développement par une enseigne de distribution. La non prise en compte de ce facteur pourrait être une des raisons explicatives des divergences obtenues dans les résultats des recherches. Les apports du modèle d’Uppsala se situe nt au niveau de l’approche dynamique et de l’importance de l’apprentissage dans le choix d’un mode de présence, aspects sur lesquels les recherches en distribution internationale s’accordent. Si la dimension temporelle du choix et le rôle de l’apprentissage sur la base des expériences antérieures sont vérifiés par les recherches en distribution internationale, la perspective d’un développement par étapes – allant de modes délégués à des modes contrôlés - est par contre invalidée (Moore 2000 ; Vida 2000 ; Vida & Vodlan 2003). D’où l’intérêt de combiner au modèle Nordique les apports de la théorie des entreprises nées internationales (Chetty & Camphell- Hunt 2004). En effet, la théorie des entreprises nées internationales suggère que le mouvement actuel de croissance internationale rapide modifie les rapports des entreprises à l’expansion sur les marchés étrangers, bouleversant l’approche incrémentale observée par l’école d’Uppsala. Aussi bien les entreprises créées récemment que les entreprises plus anciennes, mais soumises à un nouvel impératif d’internationalisation, ont dans ce contexte une approche accélérée de l’expansion en dehors des frontières nationales. Ainsi, ce sont les variables stratégique et marketing, plus que l’âge et la taille de l’entreprise, qui vont guider le choix d’un mode de présence, sous contrainte du degré d’expérience internationale des dirigeants que l’on pourrait alors qualifier de variable modératrice du choix. En outre, l’importance des réseaux de partenaires d’affaires dans l’établissement des activités est soulignée, rejoignant là les conclusions de la théorie des réseaux. Les fondements théoriques de ces trois paradigmes sont conciliables entre eux. Des travaux en management international ont en effet montré la compatibilité des hypothèses de ces trois courants théoriques (Chetty & Camphell- Hunt 2003 ; Malhotra, Ulgado & Agarwal 2003). Dans la mesure où chacun des paradigmes apporte un éclairage complémentaire à une dimension de la décision de choix d’une forme de présence, cela invite à retenir un cadre multi- théorique pour intégrer les différentes variables identifiées comme déterminantes de l’arrangement organisationnel retenu par un réseau de distribution dans un pays étranger. 2.2. Présentation du cadre conceptuel : pour un cadre élargi prenant en compte les variables marketing de l’entreprise et celles liées aux réseaux de relations L’état de l’art des travaux en distribution internationale évoquant la problématique du mode de présence a permis de mettre en évidence différentes limites dans les recherches développées, qui peuvent expliquer les difficultés à établir des résultats convergents : - des différences dans les typologies de modes de présence considérés, qui n’ont en outre jamais intégré les formes mixtes et les formes multi- modales dont l’usage est pourtant fréquemment constaté. Les résultats peuvent être brouillés par ces différences et imprécisions ; - la non explicitation des dimensions sous-jacentes au choix d’un mode de présence : celles-ci peuvent être valorisées différemment par les entreprises, et exercer des influences contradictoires sur le choix final ; - la considération sur un même plan de toutes les variables exerçant une influence sur le choix d’une forme d’organisation des opérations à l’étranger : tester le statut modérateur de certaines variables pourrait permettre d’éclairer certains résultats contradictoires. Le cadre conceptuel proposé suggère donc de tenir compte de ces différents éléments. Le tableau 5 présente les dimensions de ce modèle. Cinq modes de Quatre dimensions sousprésence jacentes au choix Shop-in-shop Contrô le ; Magasin franchisé Risque de dissémination Magasin en propre des avantages ; Forme mixte Implication en ressources ; Forme composite Flexibilité Tableau 5- Cadre de la recherche Variables explicatives Politique marketing ; Profil de l’entreprise de distribution ; Caractéristiques du marché cible Variables modératrices Internes : motivations à l’internationalisation, attitude des managers ; Externes : réseaux de relations établis Concernant la variable dépendante, le modèle examinera cinq formes possibles d’exploitation des points de vente dans un pays étranger : trois formes pures (shop-in-shop, magasin franchisé ou magasin en propre), la forme mixte - réseau combinant magasins en propre et en franchise (Cliquet 2000) et la forme composite – combinant shops- in-shops, magasins en propre et magasins en franchise (Picot-Coupey 2004). Seront considérées quatre dimensions sous-jacentes au choix d’un mode de présence (Discoll & Paliwoda 1997) : le contrôle i.e. l’autorité sur la prise de décision stratégique et opérationnelle, le risque de dissémination des actifs i.e. le degré d’appropriation possibles des avantages spécifiques par des partenaires, le degré d’implication en ressources financières et humaines et la flexibilité, c’est-à-dire la possibilité de changer de mode au cours du temps. Concernant les variables explicatives, celles-ci sont regroupées en trois blocs, qui structurent les différents facteurs recensés dans la revue de la littérature. Ceux-ci concernent le profil de l’entreprise de distribution, la politique marketing de l’enseigne et les caractéristiques du marché cible. Sont distinguées des variables modératrices liées, d’une part, aux motivations à l’internationalisation de l’enseigne et à l’attitude des managers et, d’autre part, aux réseaux de relations établis par l’entreprise pour faciliter l’expansion dans le pays étranger. La figure 1 présente la schématisation du cadre conceptuel. Variables modératrices internes Politique marketing Profil de l’entreprise de distribution Contrôle Risque Implication ressources Flexibilité Caractéristiques du marché cible Variables modératrices externes Figure 1 – Cadre conceptuel des facteurs déterminants du choix d’une forme de présence d’un réseau de points de vente dans un pays étranger Mode de présence Afin de préciser ce cadre, les dimensions des variables sont exposées dans le tableau 6. Variables du cadre conceptuel Profil de l’entreprise de distribution Dimensions - Stratégie internationale globale ou multinationale - Distributeur ou industriel distributeur - Age de l’entreprise - Expérience de l’internationalisation de l’entreprise - Modes d’exploitation des points de vente dans le pays domestique - Modes d’exploitation des points de vente dans les autres pays étrangers Politique marketing de l’enseigne - Stratégie de transfert de format - Stratégie de positionnement - Stratégie de marque - Politique d’assortiment - Stratégie de localisation - Stratégie de couverture de marché Caractéristiques du marché cible - Potentiel du marché - Distance géographique - Distance culturelle Variables modératrices internes - Motivations à l’internationalisation - Attitude des managers Variables modératrices externes liées aux réseaux de relations - Fournisseurs - Consommateurs - Concurrents - Autorités gouvernementales - Professionnels du secteur immobilier - Experts logistiques - Professionnels de médias Tableau 6 – Dimensions des variables explicatives et modératrices du cadre conceptuel Ainsi, ce cadre adopte la perspective dynamique et le rôle des réseaux de relations avancés par le modèle d’Uppsala, la théorie des entreprises nées internationales et la théorie des réseaux. Il intègre les différentes variables explicatives du choix d’une forme organisationnelle de développement d’un réseau de points de vente, telles qu’identifiées dans la littérature, et précise la typologie ainsi que les dimensions sous-jacentes au choix d’un mode de présence. CONCLUSION Cet article a permis de dégager et de structurer les apports des recherches existantes en distribution internatio nale abordant la problématique du choix d’un mode de présence dans un pays étranger. Après une discussion sur les différentes approches théoriques de l’explication du processus d’internationalisation d’une enseigne de distribution proposant un éclairage sur le choix d’un mode de présence, les différentes variables influençant l’adoption d’une forme de développement à l’étranger ont été repérées dans la littérature. Le caractère a-théorique de ces travaux sur les facteurs explicatifs de la décision organisationnelle a conduit à proposer un cadre conceptuel visant à intégrer les différentes variables, afin de mieux comprendre et expliquer ce choix. Bibliographie Alexander N. (1994), Sainsbury’s move into New England, Cases in retailing management, éds McGoldrick, London, Pitman Publishing, pp. 184-193 Alexander N. (1997), International Retailing, Oxford, Blackwell Business Alexander N., Myers H. (2000), The retail internationalisation process, International Marketing Review, Vol.17, N°4/5, pp.334-353 Agarwal S., Ramaswami S.N. (1992), Choice of foreign market entry mode: impact of ownership, location and internalization factors, Journal of International Business Studies, 1st quarter, pp.1-27 Andersen O. (1997), Internationalisation and market entry mode: a review of theoretical and conceptual frameworks, Management International Review, Vol.37, N°2, pp. 27-42 Anderson E., Gatignon H. 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(2003), The stresses of Retail Internationalization: Lessons from Royal Ahold’s Experience in Latin America, International Review of Retail, Distribution and Consumer Research, Vol.3, N°3, pp. 221-243 ANNEXE 1 Théorie du processus d’internationalisation Modèle de l’école d’Uppsala (1) Lecture du processus d’internationalisation Logique globale explicative du choix d’un mode de présence Approche incrémentale, fonction de l’expérience de la firme et de son processus d’apprentissage qui réduisent progressivement la distance psychique, et autorisent une implication croissante en dehors des frontières nationales Choix évolutif au cours du temps, allant de modes indirects en phase d’entrée à des modes directs en phase de développement, à partir de l’apprentissage de l’entreprise qui permet d’engager davantage de ressources pour un meilleur contrôle Théorie des coûts de transaction et nouvelles théories de la firme (2) Paradigme éclectique de Dunning (3) Approche normative suivant une logique d’efficience pour justifier du recours au marché ou à la hiérarchie pour l’organisation des activités sur des marchés étrangers Choix optimal basé sur un arbitrage entre coûts de transaction et coûts d’internalisation; le mode de présence retenu devant offrir le meilleur rapport investissement - risque. Approche à visée intégrative, qui lie les facteurs propres à la firme et au marché pour suggérer une théorie de la production internationale Choix basé sur l’analyse de trois types d’avantages - spécifiques, de localisation et d’internalisation – qui conduit à retenir un mode Théorie basée sur les ressources (4) Approche analytique du développement international de l’entreprise par les ressources financières et managériales dont celle-ci dispose ; Approche complétée dans une perspective évolutionniste du développement international, fonction des ressources et des possibilités de transfert et de combinaison de savoirs en dehors du cadre domestique Choix guidé par la disponibilité en ressources financières et managériales, comparé aux exigences de chacun des modes Approche pragmatique du processus d’internationalisation, se focalisant sur la concurrence, et les besoins et objectifs stratégiques de la firme Choix permettant un compromis entre les objectifs globaux et spécifiques au marché de la firme, les caractéristiques de la firme, du secteur concurrentiel et de l’environnement Théorie des réseaux (7) Approche considérant les réseaux de relations comme la dimension déterminante du processus d’internationalisation, par l’accès aux informations critiques qu’ils permettent Théorie des formes de capitalisme industriel (8) Approche considérant l’impact des différentes formes de capitalisme industriel sur le processus de développement d’une firme étrangère dans une économie donnée Choix influencé par la nature des relations établies avec les différentes parties prenantes (consommateurs, fournisseurs, concurrents, distributeurs, structures gouvernementales, organismes de soutien) Choix contraint par les structures existantes de gouvernance économique et par l’organisation de la concurrence dans le marché Théorie des entreprises « nées internationales » (9) Approche proactive et rapide du développement international dès la création ou lors d’une étape clé du développement d’entreprises intensives en savoirs, et soutenu par un apprentissage rapide à partir des expériences faites Choix soutenu par des liens établis avec des partenaires, et marqué par l’importance de la vitesse de développement à l’étranger dans les objectifs stratégiques, par une capacité d’apprentissage plus agressive et par un comportement moins averse au risque Approches multithéoriques (10) Approche combinant différentes théories pour suggérer un cadre intégré explicatif du processus d’internationalisation Choix expliqué par la combinaison des facteurs considérés dans les modèles retenus Théorie basée sur les ressources et les capacités organisationnelles (5) Approche stratégique de la firme (6) Choix s’orientant vers le mode qui permet le meilleur transfert des ressources et des compétences de l’entreprise, et déterminé par le degré de savoir implicite et d’imitation imparfaite de l’offre produit (1): Johanson & Wiedersheim-Paul (1975), Johanson & Vahlne (1977 ; 1990), Kogut & Singh (1988) ; (2): Anderson & Gatignon (1986), Contractor & Kundu (1998), Burton, Cross & Rhodes (2000), Chen & Hu (2002) ; (3): Agarwal & Ramaswami (1992), Driscoll & Paliwoda (1997) ; (4): Mutinelli & Piscitello (1998) ; (5): Kogut & Zander (1993), Erramili, Agarwal & Dev (2002) ; (6): Porter (1982), Root (1994) ; (7) : Johanson & Mattson (1987), Welch & Welch (1996), Coviello & Munro (1997) ; (8): Whitley (1999) ; (9): Sharma & Blomstermo (2003), Chetty & Camphell-Hunt (2004) ; (10): Gannon (1993), Malhorta, Ulgado & Agarwal (2003), Ramon-Rodriguez (2002), Whitelock (2002) Annexe 1– Présentation synthétique des théories explicatives du processus d’internationalisation d’une entreprise et de la rationalité théorique globale du choix d’un mode de présence