Les trottinettes micro reviennent au sommet

Transcription

Les trottinettes micro reviennent au sommet
TalentsNews
BBBBBB
EN DATES
1997
Wim Ouboter
invente le prototype
du kickboard.
1999
Lancement
du kickboard pliable
dans des foires
internationales.
2000
Les kickboards
se vendent à
80 000 exemplaires
par jour.
2002
Le marché est
inondé de copies
tandis que les
normes de sécurité
sont modifiées.
Micro frôle la faillite.
2003
Hans-Peter Bolliger
devient actionnaire
à hauteur de 20%
et CEO.
banlieue zurichoise,
la société occupe une
quinzaine de personnes dans le développement et la vente.
La firme externalise
au maximum les activités. La production est effectuée par
un fournisseur basé
en Chine. Les fils de
Wim Ouboter, Oliver
et Merlin, ont travaillé
sur place pour certifier
les standards de qualité du processus industriel. Société privée, micro ne publie
pas ses résultats mais
Wim Ouboter indique
un chiffre d’affaires
annuel supérieur à
20 millions de francs.
VICTIME
DE SON SUCCÈS
2005
«En 1999, la circulaNouvelle gamme
complète de
tion à 20 kilomètres
kickboards. Micro
à l’heure sur les trotremonte la pente.
toirs n’était pas encore
2010
permise en Suisse. Il
Le Financial Times
a fallu changer la loi.
consacre
Ce qui fut fait en 2001,
une page
à Wim Ouboter.
avec
l’autorisation
d’engins pouvant être
2012
Décroche le Toy
assimilés à des vélos»,
Award et le Prix du
s’amuse Wim OuboTraders’ Favourite
ter. Des kickboards,
à la Foire internatioWim Ouboter en a
nale du jouet
de Nuremberg.
vendu dans 52 pays à
plusieurs dizaines de
millions
d’exemplaires,
il ignore exactement
PAR MARY VAKARIDIS
combien. «Au plus haut de la «micromaRépertoriée par le recueil Swissness*, la nia» en 2000, nous en produisions 80 000
micro – qui s’écrit avec une minuscule – est par jour, se souvient l’inventeur. En douze
devenue un emblème du design helvétique, mois, le nombre d’ouvriers occupés à les
au même titre que le couteau Victorinox produire est passé de 800 à 9000.» Aucun
ou la montre Swatch. Des marques syno- autre produit suisse ne s’est imposé aussi ranymes de qualité, fonctionnalité et ingé- pidement sur le marché mondial.
niosité. Aujourd’hui, les enfants représenEn 2002, micro est victime de son succès.
tent 70% des ventes de micro. Ses modèles «Le marché a été inondé de copies. Nous en
colorés à siège amovible font
avons recensé un millier de
un malheur chez les toutLa seule réponse sortes différentes», relate
petits, tandis que chez les
Wim Ouboter. Pis, un Britanaux copies
adultes le Scooter garde un
est victime d’un acciest de poursuivre nique
fort «coolness factor».
dent avec une copie de trotsans cesse le
Logée dans un discret aptinette micro et perd un doigt.
partement transformé en développement
La législation internationale
bureau à Küsnacht dans la
est modifiée. Les produits sur
WIM OUBOTER
Micro, selon son
fondateur, connaît
un chiffre d’affaires
annuel de plus de
20 millions de francs.
dustriels. Les derniers en date ont été obtenus à la Foire internationale de Nuremberg.
Il s’agit du Toy Award pour une trottinette
qui s’adapte à la croissance des enfants et
du Traders’Favourite 2012. La profession
ne se lasse pas de la kickboard, qu’elle a plébiscitée dès les débuts.
SUCCÈS
Aujourd’hui, 70%
des ventes de micro
concernent
des modèles pour
les enfants.
La marque a connu une «micromania», avant
de frôler la faillite. La stratégie de son fondateur
lui a permis de tenir bon.
le marché restent sur les bras des détaillants
car ils ne répondent plus aux normes de sécurité.
Assaillis par les poursuites des distributeurs, micro manque de mettre la clé sous
la porte. Wim Ouboter frôle le burnout mais
continue à se battre. La société doit sa survie
à son autofinancement. «Si nous avions fait
des emprunts à des banques, nous aurions dû
liquider nos actifs pour pouvoir les payer.»
En 2003, il propose au dynamique responsable du marché américain, Hans-Peter Bollinger, une participation de 20% et un poste
de CEO. Le Zurichois a rejoint la firme trois
ans plus tôt, à tout juste 26 ans, en proposant
d’introduire la trottinette aux Etats-Unis,
sous le nom de Scooter.
a genèse de la kickboard micro appartient déjà à la légende. Au début
des années 90, le banquier zurichois Wim Ouboter se désespère
de l’emplacement de son stand de
Bratwurst préféré – le fameux Vorderer
Sternen de la place Bellevue. Situé à un demi-kilomètre, il est trop loin pour y aller à
pied, mais trop près pour sortir la voiture.
Inventif, le Suisse d’origine néerlandaise
développe une trottinette pliable à roues
de roller-skate inline qui divise la durée du
déplacement par trois. Une solution de micromobilité qui, par son aspect branché et
ludique, rencontre immédiatement l’intérêt des urbains actifs.
UNE NOUVEAUTÉ PAR AN
Le fondateur se concentre sur l’innovation. En 2005, il a redessiné une gamme de
produits qui correspondent aux nouvelles
normes de sécurité. La société a tourné
jusque-là grâce à un contrat de l’armée
suisse pour des chariots, qui permettent de
recycler les roues prévues pour les trottinettes. «La seule réponse aux copies est de
poursuivre sans cesse le développement.
Et de faire protéger les nouveautés par des
brevets», affirme Wim Ouboter. Le retour au succès doit beaucoup à l’impact du
«swissness», qui garantit la facture des
produits et les distingue des avatars bon
marché.
MOBILITÉ
L
«
»
PHOTOS: VANESSA PÜNTENER/PIXSIL.COM
Les trottinettes micro
reviennent au sommet
«Nous sortons chaque année une innovation que nous présentons dans les salons», relève Wim Ouboter. L’année dernière, micro a lancé, en partenariat avec
Samsonite, une valise-trottinette qui permet aux hommes et aux femmes d’affaires
de filer comme l’éclair dans les couloirs
des aéroports. Ce printemps, la firme sort
la micro pedalflow, une trottinette pliable
équipée de pédales. Destiné à un jeune public accro aux sports extrêmes, l’engin sert
à dévaler les pentes en ville comme en forêt
avec un équilibre plus assuré que le modèle
classique. Le pédalier permet d’avancer
sans poser le pied par terre.
La société micro collectionne les prix in-
CONSEILS D’INDUSTRIEL
Wim Ouboter a l’enthousiasme communicatif et l’énergie d’une pile électrique.
Une dyslexie lui vaut une scolarité et des
études difficiles. Il se forme dans le marketing à la Boston University. Il acquiert une
expérience dans l’industrie en travaillant
aux Etats-Unis avec son père, distributeur
de machines textiles. Une fois en Suisse, il
entre dans une banque, dans le marketing,
avant de lancer sa firme.
L’inventeur travaille actuellement sur un
scooter à trois roues pour les petits enfants
à bas prix. Un modèle qui serait accessible
aux consommateurs des pays émergents
comme l’Inde.
L’entrepreneur a livré quelques conseils
d’industriel au prestigieux Financial Times
qui lui a consacré une page en 2010. Tout
d’abord, privilégier la flexibilité avec les
fournisseurs: éviter les engagements sur
des volumes fixes et trouver un arrangement en faveur de la souplesse dont les deux
parties tirent des bénéfices. Puis élargir la
palette de produits pour pouvoir compter
sur une alternative en cas d’échec d’un lancement. Enfin, ne pas croire que les brevets
protégeront à 100% les produits, car avec
des articles simples les concurrents trouvent toujours le moyen de les contourner. B
* «Swissness», Editions Niggli
(Niggli.ch), 2011.
Les mésaventures de Wim Ouboter en Chine
Le fondateur de micro a connu des déboires
avec son premier producteur à Taiwan. Celuici a fabriqué et livré des produits au marché
américain sans verser de commission. Un
différend qui lui a valu cinq ans de bataille
juridique. Il a finalement gagné après beaucoup de nuits blanches mais il attend toujours
les dédommagements. «En Chine, comme à
Hongkong et à Taiwan, les contrats ont une
valeur très relative. Du moment que l’environnement change, et inévitablement il change,
les conditions fixées contractuellement ne
sont plus valables», souligne Wim Ouboter.
En conséquence, il a mis sur pied avec
son nouveau producteur à Taiwan un type
d’accord supplémentaire. «Je l’ai autorisé à
fabriquer des roller-skates utilisant la marque
micro pour le marché chinois, ce qui est
très intéressant pour lui, car la marque est
connue. Cela ne nous rapporte rien. Mais en
cas de désaccord, je peux lui retirer ce droit
et il serait perdant.»