Etude de l`émission de haute énergie de la région du Centre
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Etude de l`émission de haute énergie de la région du Centre
PROPOSITION DE THESE 2010 Master Recherche M2 : Spécialité Astronomie et Astrophysique Spécialité Noyaux, Particules, Astroparticules, Cosmologie • Nom du proposant : GOLDWURM ANDREA • Thème scientifique : Accrétion et éjection dans les objets compacts. Accélération, interaction, propagation et rayonnement de particules relativistes. Analyse de données X et gamma. • Laboratoire d’accueil (nom du laboratoire, adresse, téléphone, e-mail, fax et code d'unité) : LEPCHE du Service d’Astrophysique / IRFU / DSM / CEA – Saclay, Orme de merisiers, Bat. 709, 91191 – Gif sur Yvette, Tel: 0169088669 Fax: 0169086577 et Laboratoire Astroparticule et Cosmologie (APC) – Paris (UMR 7164) 10, rue Alice Domon et Léonie Duquet, 75205 – Paris Cedex 13, Tel: 0157276058 - France E-mail: [email protected] • Description du sujet proposé (titre, résumé, contexte, contenu et méthodes) : Titre Etude de l’émission de haute énergie de la région du Centre Galactique : activité du trou noir supermassif central et de son environnement. Title Study of the high-energy emission of the Galactic Centre region: activity of the super-massive black hole and its environment. Résumé Dans le cadre d’un vaste projet de recherche sur le centre galactique (CG), nous proposons de effectuer un travail d’analyse et interprétation de la base de données X et gamma (XMM, INTEGRAL, Chandra) déjà disponibles et des données qui seront obtenus en 2010 et 2011, pour étudier plusieurs sources nonthermiques de la région. L’objective prioritaire est de comprendre l’activité éruptive du trou noir supermassif du CG, Sgr A*. Les observations multi-longueur d’onde (gamma, X, infrarouge, sub-mm et radio) de Sgr A* prévues en 2010-2011 nous permettront de caractériser les processus d’émission (synchrotron, self-Compton, Compton externe) des faibles, mais fréquents, sursauts X et infrarouges de Sgr A* et de modéliser proprement l’expansion du milieu radiatif. L’étude de l’émission X et gamma des nuages moléculaires de la région, et en particulier de leur variation temporelle, permettra par contre d’évaluer l’activité éruptive de Sgr A* dans le passé, qui a probablement laissé des traces dans son environnement proche. Abstract In the frame of a large research project on the Galactic Center (GC), we propose to carry out the analysis and interpretation of the available X/gamma-ray data base (XMM, INTEGRAL, Chandra), along with the additional data that will be obtained in 2010 and 2011, in order to study several non-thermal sources of the region. The main aim is to understand the flaring activity of the super-massive black hole at the GC, Sgr A*. The Sgr A* multi-wavelength observations (gamma, X, infrared, sub-mm and radio) foreseen in 20102011 will allow us to characterise the emission processes (synchrotron, self-Compton, external Compton) of the weak, but frequent, Sgr A* X-ray/IR flares and to properly model the emitting plasma expansion. The study of the X/gamma-ray emission of GC molecular clouds, and in particular of their temporal variation, will allow us to evaluate, on the other hand, the outburst activity of Sgr A* in the past, that have likely left marks in its close environment. Contexte La région (~ 4º × 2º) du centre de notre Galaxie représente un véritable laboratoire pour l’astrophysique des hautes énergies et l’étude des processus à l'origine de l’émission non-thermique X et gamma: l’accrétion de matière au voisinage de l’horizon d’objets ultracompacts (trous noirs et étoiles à neutrons) et l’accélération de particules aux énergies relativistes. En quelque degrés carrés plusieurs objets remarquables, tous sources de rayonnement non-thermique, se chevauchent et interagissent mutuellement. Restes de supernova dont les chocs se propagent dans les nuages moléculaires les plus denses de la 1 Galaxie, plasmas chauds dont l’origine reste inconnue, filaments radio témoins de l'accélération de particules dans les champs magnétiques de la région, puissants vents stellaires des amas d’étoiles jeunes, et enfin, au véritable centre dynamique de la Galaxie, le trou noir (TN) supermassif (~ 4 106 M) associé à la source non-thermique radio-X-infrarouge Sgr A* (Fig. 1). Notre équipe a développé au cours des 15 dernières années un programme d’étude de l’émission à haute énergie (X-gamma) de la région qui, à partir de données SIGMA/GRANAT (30-1000 keV), des observation X (0.5-10 keV) de XMM-Newton et gamma d’INTEGRAL (3 keV-10 MeV) a conduit à nombreux résultats importants, en particulier la définition de limites supérieures sur l’émission gamma de Sgr A* [1], la découverte et caractérisation de sursauts X de Sgr A* avec XMM [2,3] et finalement la détection d’une source gamma INTEGRAL coïncidente avec Sgr A* [4,5] (Fig. 1). Les résultats les plus récents (obtenus par G. Trap dans son travail de thèse 2007-2010 basé principalement sur les données des campagnes d’observation multi-longueur d’onde 2007-2009 avec XMM sur Sgr A*) sont la caractérisation du mécanisme d’émission du deuxième plus brillant sursaut X de Sgr A* [6] (Fig. 2) et la mise en évidence d’une expansion du milieu radiatif responsable des sursauts de Sgr A* enregistrés en 2009 [7]. L’étude de l’émission X [8] et gamma [9] en provenance des nuages moléculaires de la région a permit de découvrir des variations temporelles qui peuvent être expliqués par l’hypothèse que Sgr A* a subit, dans le passé proche, une éruption très intense d’émission de haute énergie. Ces résultats, bien que remarquables laissent plusieurs questions ouvertes que nous souhaitons étudier dans les mois et années à venir avec la base de données à disposition et un large programme de nouvelles observations. Quelle est l’origine des sursauts X/IR de Sgr A*, sont ils du à un jet relativiste ou à un disque d’accrétion chaud et très magnétisé ? Comme modéliser l’expansion qu’on observe lors des sursauts de Sgr A* ? Quelles contraintes sur les propriétés (masse, spin) du trou noir massif pouvons-nous imposer ? Quelle est la nature de la source INTEGRAL ? Est ce que Sgr A* a effectivement subit une forte éruption dans le passe ? Comment s’expliquerait-elle ? Pour répondre à ces questions nous avons préparé (outre la ré-analyse complète et détaillée des données déjà à disposition) un plan d’observations qui prévoit : • Une nouvelle campagne multi longueur d’onde impliquant des observations corrélées avec XMMNewton, INTEGRAL, les télescopes du VLT pour l’infrarouge proche, le télescope APEX en submm et le VLA en radio, programmées pour Aout 2010 et Avril 2011. • Une série d’observations avec Chandra et INTEGRAL prévues entre 2010 et 2012 qui visent à étendre dans le temps les observations de Sgr B2 et d’autres nuages pour l’étude de la variation de leur émission diffuse à 6.4 keV et en gamma. Travail de thèse Nous proposons un travail de thèse basé sur l’analyse complète des anciennes et de nouvelles données de haute énergie sur la région du centre galactique à notre disposition. On envisage les étapes suivantes : 1) Etude du sujet, analyse des résultats précédents et de la base de données disponible. 2) Analyse détaillée des nouvelles données XMM (2010-2011) sur Sgr A* dans lesquelles nous espérons déceler des nouveaux sursauts X du trou noir et en mesurer le spectre a large bande (des fréquences radio aux gammas). Ces mesures peuvent fournir des contraintes sur le spin et la masse du TN, alors que la comparaison avec les mesures IR/submm/radio nous permettra de modéliser les mécanismes d’émission (synchrotron, inverse Compton) et les processus de refroidissement (expansion adiabatique ou perte d’énergie radiative) en jeu. 3) Analyse complète de l’ensemble des données INTEGRAL de la région du pour extraire les cartes gamma du CG les plus précises jamais réalisées. Les routines standard de traitement devront être complétées par des outils d’analyse fine nécessaires pour l’étude de l’émission diffuse locale et des structures spécifiques. Comparaison des cartes et spectres INTEGRAL avec ceux de XMM et interprétation astrophysique de l’ensemble des mesures pour étudier le site d’accélération des particules, la propagation et le mécanisme radiatif en jeu. 4) Analyse des nouveaux données X (XMM et Chandra) de la région pour caractériser l’émission X diffuse et notamment étudier la distribution et la variabilité de la raie de fluorescence à 6.4 keV du fer neutre, qui marque l’écho d’une éruption ancienne de Sgr A*. La comparaison des données avec la distribution de la matière moléculaire nous permettra d’étudier l’activité passée du TN supermassif. 5) Evolutions possibles : étude d’autres types d’objets du champ (e.g. systèmes binaires X, voir par 2 exemple [10]), d’autres type de données de haute énergie (Swift, Fermi, Suzaku), modélisation des processus physiques en jeu en liaison avec les équipes théoriques de notre collaboration (Prof. Fulvio Melia de l’université d’Arizona, Dr. Maurizio Falanga ISSI-Berne). Méthodes et moyens Il s’agit d’un travail d’analyse et interprétation de données originaux de haute énergie. Les données INTEGRAL et les pipelines d’analyse sont déjà disponibles et installés au SAp/CEA-Saclay et à l’APCParis. Notre équipe est spécialiste des méthodes d’analyse de données de télescopes à masque codé et en particulier du télescope IBIS d’INTEGRAL. Une très bonne connaissance des données et des outils d’analyse XMM et HESS est aussi disponibles dans les équipes du CEA et de l’APC. Encadrement, collaborations e perspectives La direction est assurée par A. Goldwurm (DR au SAp/IRFU/CEA et APC, habilité à diriger des recherches, thèses déjà dirigées: 4, autres thèses en 2010: 0) et elle s’appuiera sur la collaboration de Regis Terrier (CR du CNRS à APC) et des équipes INTEGRAL au CEA et à l’APC. Une collaboration internationale sur la thématique du centre galactique est déjà en place et elle inclut, entre autres, G. Bélanger de l’ESAC à Villafranca, ES (ESA de XMM et INTEGRAL), F. Melia de l’université d’Arizona, US et M. Falanga de l’ISSI à Berne, CH (théorie), F. Yusef-Zadeh de l’université Northwestern à Evenston, US (obs. radio et sub-mm), les groupes du MPE à Garching, D (obs. infrarouge avec VLT, obs. X avec XMM) et de l’université de Leicester, UK (émission diffuse X). Le candidat aura acquis une vaste expertise dans le domaine du traitement et de l’interprétation de données X et gamma et pourra s’insérer aisément dans les équipes scientifiques qui développent de programmes scientifiques dans les domaines de l’astrophysique des hautes énergies et de l’astroparticule. Bibliographie [1] Goldwurm, A., et al., 1994, Nat, 371, 589 [2] Goldwurm, A., et al., 2003, ApJ, 584, 751 [3] Bélanger, G., et al., 2005, ApJ, 635, 1095 [4] Bélanger, G., et al., 2004, ApJ, 601, L163 [5] Bélanger, G., et al., 2006, ApJ, 636, 275 [6] Trap, G., et al., 2009, A.S.R., in press (arXiv:0910.0399) [7] Trap, G., et al., 2010, in prep [8] Ponti, G., et al., 2010, in prep. [9] Terrier, R., et al., 2010, in prep. [10] Trap, G., et al., 2009, A&A, 504, 501 0.0° XMM-Newton GC Survey 0.0° Sgr A INTEGRAL GC Survey 0.3-9 keV 20-40 keV Sgr B2 1.0° 0.0° 359.0° Fig. 1 Le centre de notre galaxie (2° × 1.5°) vu par XMM- Fig. 2 Haut : Images X (2-10 keV) de XMM* Newton dans la bande 2-10 keV (haut) et par INTEGRAL Newton avant et pendant le sursaut de Sgr A d’avril 2007. Bas : Courbe de lumière Integral, XMM, VLT (IBIS/ISGRI) dans la bande 20-40 keV (bas). Ref : [5] (NIR), VLT (FIR) du même sursaut. Ref : [6] 3