Le Salon parisien et l`internationalisation artistique dans la seconde
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Le Salon parisien et l`internationalisation artistique dans la seconde
R E S U M E Laurent CAZES, doctorant à Paris 1 Le Salon parisien et l’internationalisation artistique dans la seconde moitié du XIXe siècle : sources et aspects méthodologiques L a recherche en histoire de l’art privilégie de plus en plus les approches transnationales : l’étude de la circulation des œuvres, des artistes et des idées dans l’espace européen ; la notion récente de « transfert culturel », font l’objet de nombreux travaux universitaires, publications et expositions. Dans cette perspective, l’étude des expositions – et en particulier celle du Salon parisien où exposaient sur un pied d’égalité des artistes de toutes les écoles – permet d’observer un phénomène global d’internationalisation dans la création artistique européenne, à condition de sortir du point de vue moderniste opposant peinture « académique » et peinture indépendante. Quelles sont les sources et les différentes facettes méthodologiques pour étudier un tel phénomène ? Un dépouillement systématique des catalogues des Salons révèle tout d’abord une présence constante et importante d’exposants étrangers. Cette archive fournit de nombreuses informations sur les artistes et sur leurs œuvres (lieux de naissance et de formation, adresses, récompenses, achats ou commandes de l’État …), à partir desquelles peut être menée une étude quantitative. La somme de publications entourant l’événement du Salon permet d’autre part une analyse particulièrement riche de la réception des œuvres étrangères qui y furent exposées. Ces artistes bénéficièrent de la même attention critique que leurs homologues français, et sous un angle différent de celui, principalement nationaliste, qui prévalait lors des 1 R E S U M E Expositions universelles. C’est ainsi la notion même d’école étrangère que remet en question le système d’exposition au Salon, puisqu’à travers celui-ci plusieurs artistes étrangers furent assimilés à l’école française. Autre élément d’appréciation, la dimension institutionnelle du Salon, et plus largement la place faite aux étrangers dans le système des Beaux-arts français. Une forte volonté d’hégémonie dans ce domaine fit de la question de l’ouverture aux étrangers un véritable enjeu politique, ce que retrace avec précision quantité d’archives administratives. La formule de « République des Arts », souvent utilisée pour caractériser la politique artistique de cette période, participe de l’idée d’universalité de l’art. L’étude des carrières individuelles doit également mettre en lumière la perception et l’utilisation par les artistes étrangers de cette « République des Arts ». Entre assimilation des différentes formes de l’art national et affirmation de leurs propres identités, plusieurs stratégies étaient possibles pour se faire accepter au Salon. Les études de cas révèlent ainsi une grande diversité d’expériences et de carrières dans lesquelles le Salon parisien joua un rôle plus ou moins déterminant. Il s’agira de s’interroger en dernier lieu sur la vitalité du Salon officiel par rapport aux autres modes d’exposition, ainsi que sur le statut traditionnellement admis de Paris « capitale des arts » en regard des différents foyers artistiques européens. 2