Philosophie - Feldenkrais France
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Philosophie : Richard Shustermann, philosophe nomade - Débats - Lep... 1 sur 3 Lundi 17 décembre 2007 | Flux RSS http://www.lepoint.fr/content/debats/article?id=214541 Vous êtes ici : Accueil > Edito & opinions > Richard Shustermann, philosophe nomade Recherchez : OK >> Abonnez-vous >> Abonnés magazine >> Identifiez-vous >> Anciens numéros BLOG > Deux ou trois choses vues Par Franz-Olivier Giesbert Edito & opinions Le blog de Franz-Olivier Giesbert A ouï dire Mauvais esprit Washington confidential Chroniques pakistanaises Chats - Publicité - DÉBATS Imprimez | Réagissez | Classez Philosophie Richard Shustermann, philosophe nomade 13/12/2007 - Propos recueillis et traduits de l'anglais par Roger-Pol Droit - © Le Point - N°1839 « Bien vivre exige un sens de la beauté ». Richard Shusterman, 58 ans, professeur de philosophie en Floride, est un penseur inclassable. Son parcours l'a conduit de l'armée israélienne à la lecture de Bourdieu, du courant pragmatiste américain à l'étude du rap, de Foucault à l'expérience du zen. Il publie aujourd'hui un important travail sur la conscience du corps, trop longtemps négligée par la philosophie occidentale. Le Point : Quelle est au juste votre définition du corps humain ? Richard Shusterman : Le corps n'a rien à voir avec une chose purement mécanique, dépourvue de sensations-comme un cadavre ou un robot. C'est une unité psycho-physique, toujours en évolution, qui est par essence active et sensitive. Loin d'être opposé à l'esprit, le corps constitue la source fondamentale de notre capacité à sentir et à penser, l'instrument primordial de toute activité humaine. Cela signifie-t-il que le corps est en interaction permanente avec ce qui n'est pas lui ? Tout à fait. C'est pourquoi le corps exprime l'ambiguïté fondamentale de l'être humain, à la fois sujet et objet, simultanément chose du monde et sensibilité qui ressent, agit et réagit dans ce monde. Le corps étant entièrement affecté par les énergies et les objets du monde, il peut les saisir de manière directe et réelle sans avoir besoin de s'engager dans une pensée réflexive. Pour observer le monde, nous avons besoin d'un point de vue qui comprenne le sens de la droite et de la gauche, du haut et du bas, de l'avant et de l'arrière, du dedans et du dehors et qui configure aussi, éventuellement, les prolongements métaphoriques de ces notions dans la pensée conceptuelle. Le corps fournit donc bien le point de vue premier, à partir de sa place dans l'espace et le temps et dans les interactions sociales. Vous parlez souvent de « soma » plutôt que de « corps ». Pourquoi ? NOS CONFIDENTIELS > Les grandes manoeuvres continuent au PS > Ray Bradbury décoré à Beverly Hills > Hervé Morin, grand absent d'une réunion sur l'Afghanistan > Sans-logis et mal logés : la France s'inspire du modèle anglais [ Plus de confidentiels ] EDITO & OPINIONS Claude Imbert - Realpolitik : le festival Les temps sont durs à Paris pour le droit-de-l'hommisme, joyau du patrimoine politique français. Jacques Marseille - La France doit exiger des excuses de l'Italie Parce que le terme de « corps », dans notre tradition philosophique, est régulièrement pensé en opposition à l'esprit. Je préfère donc utiliser un mot plus technique, dérivé du grec soma , pour désigner ce corps perceptif, intelligent, pensant, dont ma philosophie affirme et étudie l'existence. Je nomme « soma-esthétique » ce nouveau champ de recherche. Il explore l'expérience et les usages que quelqu'un peut faire de son corps comme lieu de jugement sensoriel-esthétique et de façonnement créatif de soi-même. Aujourd'hui, le corps semble partout objet de tous les soins et attentions. N'est-il pas, en même temps, nulle part ? Patrick Besson - Ecrivains en revue Bernard-Henri Lévy - Réponse à un article de « Time Magazine » [ Plus d'éditos & opinions ] LE POINT SUR... > La réforme de l'Etat C'est absolument exact ! Les adversaires de la soma-esthétique se plaignent qu'on accorde déjà assez d'attention comme ça au corps... Ce que je dis est différent : nous manquons cruellement de la bonne sorte d'attention ! En effet, la conscience « somatique », dans notre civilisation, est trop centrée sur la question de savoir comment notre corps paraît aux autres, comment il peut être rendu plus attirant selon les normes stéréotypées d'une certaine beauté. En revanche, on ne prête pratiquement aucune attention aux moyens de scruter et d'aiguiser la conscience de nos sensations et de nos activités physiques réelles. C'est pourtant un moyen de mieux nous connaître et de développer une conscience plus fine de notre corps, pour faire meilleur usage de nos capacités. Car le but n'est pas simplement d'améliorer notre connaissance abstraite du corps, mais aussi notre expérience vécue et nos capacités corporelles. Nos capacités au plaisir peuvent être intensifiées au moyen d'une vigilance plus fine de notre vécu somatique. Montaigne l'a déjà souligné : nous goûtons nos plaisirs doublement si nous leur prêtons l'attention qui convient. Nos plaisirs somatiques ordinaires sont bien souvent éprouvés de façon trop hâtive et trop distraite pour nous procurer une réelle satisfaction. Il s'ensuit des problèmes que notre culture connaît de plus en plus : perte d'attention, dépendance croissante envers des stimulations exceptionnelles. La pratique du zen m'a montré au contraire qu'une joie surabondante peut venir d'une attention soutenue à rien d'autre qu'à sa respiration calme. Le Président Sarkozy lance la réforme de l’Etat, l’une de ses promesses de campagne. Objectif : plus d’efficacité pour plus d’économie. > Le procès Colonna Neuf ans après l'assassinat du préfet Erignac, la cour d'Assise spéciale de Paris a condamné Yvan Colonna à la prison à perpétuité > Rama Yade La secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l’homme incarne la génération Sarkozy, tout en déployant une force de caractère qui heurte parfois les usages. > L'Arche de Zoé Depuis le 25 octobre, l'arche de Zoé a rouvert les plaies entre la France et l'Afrique. Retour sur une affaire où l'inconscience bouscule la diplomatie et la politique. Votre conception d'une culture somatique peut-elle se relier aux préoccupations habituelles de la philosophie ? 17/12/2007 15:27 Philosophie : Richard Shustermann, philosophe nomade - Débats - Lep... 2 sur 3 http://www.lepoint.fr/content/debats/article?id=214541 Bien des philosophes de l'Antiquité grecque ont mis l'accent, tout comme les traditions philosophiques d'Asie, sur les disciplines corporelles. Il suffit de se rappeler les objectifs centraux de la philosophie (connaissance, connaissance de soi, vertu, bonheur, justice) pour qu'il devienne évident qu'une conscience somatique et une pratique corporelle améliorées peuvent aider à s'en approcher, en améliorant nos capacités de perception, d'action, de satisfaction et notre sensibilité aux autres. > La Belgique au bord de l'implosion Depuis juin 2007 toutes les tentatives de formation d’un gouvernement ont échoué. Les particularismes des régions vont-ils mettre à terre l’Etat ? [ Plus de dossiers ] Ethique et politique auraient donc aussi des ancrages corporels... Parce que nos conceptions les plus élevées sont toujours fondées sur des formes de vie sociale qui incluent toutes les manières dont nous vivons nos corps et dont les autres les traitent. En ce sens, les valeurs sont inscrites dans nos corps, ce qui fait qu'elles gardent leur pouvoir sans qu'il soit rendu explicite ou renforcé par des lois. Elles échappent de ce fait à la conscience critique. Quand il s'agit de processus de domination, les habitudes corporelles participent à l'oppression sociale. La haine raciale, par exemple, n'est pas le produit d'une pensée rationnelle mais de préjugés profondément enracinés. Ils sont marqués, somatiquement, par des sensations de vague inconfort suscitées par le corps des étrangers. Ces sensations demeurent sous le niveau de la conscience explicite. De tels préjugés résistent donc à une rectification par de simples arguments discursifs en faveur de la tolérance, qui peuvent être acceptés au niveau rationnel sans modifier l'ancrage viscéral du préjugé. Et nous nions avoir des préjugés de cette sorte, parce que nous ne les ressentons pas véritablement. La première étape pour les contrôler ou pour les extirper est de développer une conscience somatique nous permettant de les discerner en nous. Quel est le fil directeur de votre parcours ? Et quelle sera la prochaine étape ? Mon parcours philosophique s'est déroulé en différentes langues, sur différent continents, en plusieurs styles. On a pu dire que c'est un parcours nomade. Je persiste à laisser la porte ouverte à de nouvelles expériences, car ce sont les sources de mes idées. Du coup, je ne souhaite pas imposer une unité commode à mon travail. Il y a toutefois une cohérence, qui provient de mon engagement pour une philosophie conçue comme art de vivre. De même que vivre exige une incarnation et une orientation vers la pratique, bien vivre exige un sens de la beauté. Ma recherche en soma-esthétique n'a pas été bénéfique seulement pour mes théories, mais aussi pour mon expérience vécue et mon action personnelle. Pour transmettre pleinement ce travail, les cours universitaires doivent à présent être reliés à des ateliers pratiques qui permettent de développer expérimentalement la conscience somatique. J'ai commencé à mettre en oeuvre cet enseignement combiné, qui me paraît prometteur « Conscience du corps. Pour une soma-esthétique », de Richard Shusterman. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Vieillescazes (éditions de l'Eclat, coll. « Tiré à part », 302 pages, 28 euro) Repères Né aux Etats-Unis en 1949, il s'installe en Israël à 16 ans. Rejoint l'armée comme officier de renseignements, avant de passer son doctorat de philosophie à Oxford. A enseigné en Israël, puis en Allemagne, en France (Collège international de philosophie), et aux Etats-Unis (Temple University, et depuis 2004 Florida Atlantic University). Praticien diplômé de la méthode Feldenkrais (rééducation des mouvements). Principales publications : « L'art à l'état vif » (Minuit, 1992), « Vivre la philosophie » (Klincksieck, 2001). « Conscience du corps » paraît aujourd'hui simultanément en français et en anglais (Cambridge University Press). 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