Vers un système de shopping médical

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Vers un système de shopping médical
la Capitale, 21 avril 2015, p. 4
CENTRE MÉDICAL DANS LE MÉTRO
« Vers un système de shopping médical »
L’Association belge des syndicats médicaux (Absym) ne
se montre guère enthousiaste à
l’annonce de l’ouverture prochaine d’un centre médical dans
la station de métro de la Gare centrale à Bruxelles, une première expérience du genre. «Nous allons da-
vantage vers un système de shopping médical que d’une prise en
charge globalisée du patient. Cela va
à l’encontre du dossier médical global», déplore Luc Herry, président
de la chambre syndicale de l’Absym Liège et Luxembourg.
L’objectif du réseau Brussels Quality Medical est «d’amener la médecine aux navetteurs et leur faire gagner du temps pour qu’ils ne négligent plus leur santé».
Sans rendez-vous et ouvert de
6h30 à 19h en semaine et le same-
di matin, le centre offrira des services de médecine générale,
comme le renouvellement d’ordonnances, les prises de sang, les
certificats médicaux, les premiers
soins ou encore les check-up rapides, en collaboration avec les
médecins traitants des patients, à
qui un rapport sera envoyé dans
les 48 heures. «Il ne s’agit pas de
prendre la place du médecin traitant mais de le décharger», explique
Patrick Van Achter, administrateur délégué de BQM.
Un avis que ne partage pas l’Absym. «Les médecins traitants seront encombrés de dossiers. Je ne
crois, en outre, pas qu’une médecine pour gens pressés soit une
bonne médecine. Les patients ne
recevront pas de conseils suivis»,
affirme Luc Herry. Évoquant une
pénurie claire de médecine générale dans certaines zones de
Bruxelles, la Fédération des associations de médecins généralistes
de Bruxelles (FAMGB) craint, elle,
que cette initiative s’inscrive dans
une conception «self-service» de la
médecine générale. «Pas de conti-
nuité des soins et une approche très
approximative de la prise en charge
des pathologies chroniques, au détriment de la qualité des soins.»
La Fédération «accueille avec circonspection une pratique médicale
rappelant le concept de « night
shop, destinée aux patients confondant l’urgence et la précipitation et
ne se souciant pas d’une prise en
charge globale», poursuit-elle. Elle
s’inquiète aussi devant ce type de
médecine, qui «répond au besoin
du navetteur qui a du mal à se faire
soigner à proximité de son domicile
et qui, entre deux métros, ira se faire
délivrer une ordonnance sans souci
de globalité, hors du cadre des relations individualisées avec son médecin, donc sans prise en compte de
son histoire médicale, de son
contexte de vie et de ses déterminants non médicaux».
La FAMGB «s’étonne qu’une initiative telle que la création de centres
médicaux dans les stations de métro
de la capitale se fasse en dehors de
toute concertation avec elle ou au
moins avec l’association locale qui la
représente sur la commune concernée». Un tel système va se révéler
coûteux et inefficace, prédit-on enfin à l’Absym, rappelant que les dépenses en matière de sécurité sociale sont déjà très importantes actuellement. l