30. La mission féminine dans la Genèse Le rôle de la femme est

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30. La mission féminine dans la Genèse Le rôle de la femme est
30. La mission féminine dans la Genèse
Le rôle de la femme est important sinon primordial sur le chemin long et
difficile du renouvellement spirituel : elle est l’accompagnatrice et le guide.
Les mythes montrent que l’homme ne peut avancer seul, il a besoin du
soutien actif d’une compagne : l’intuition féminine donne à ses pas la sécurité
nécessaire. Les mythes nous enseignent qu’à l’issue de l’itinéraire initiatique,
à l’instant de la seconde naissance, la femme incarne le but, elle est
l’accoucheuse spirituelle.
La femme est-elle en mesure d’accomplir cette mission quasiment
irréalisable ? Qu’en est-il de son propre cheminement vers la naissance
spirituelle ? A-t-elle toujours été, sans le savoir, investie de ce pouvoir ou a-telle besoin, de son côté, du soutien de l’homme pour en devenir consciente ?
Dans la Genèse, le rôle de la femme sur Terre a été clairement établi, comme
d’ailleurs celui de l’homme. Nous avons vu au chapitre précédent que
l’homme a reçu en partage la capacité d’apprendre et la force physique tandis
que la spiritualité, l’émotion et la psyché sont les domaines féminins. À
l’homme il incombe de cultiver la terre, de l’étudier et de poursuivre la
création dans ce qu’elle a de matériel. Il doit apprendre à combattre et à
conquérir. La mission principale de la femme est de donner la vie, de
protéger et d’éduquer ses enfants ; elle est responsable de la pro-création de
l’humanité. C’est d’elle que dépend la réussite ou l’échec du système. Cette
vérité première n’a pas été prise très au sérieux, aujourd’hui pas plus qu’hier.
De par son savoir intuitif et son influence sur le devenir de ses enfants, la
femme joue un rôle clé dans l’évolution de la civilisation.
Son influence s’étend aussi à un autre domaine : elle concentre sur elle tous
les faisceaux de l’amour, qu’il soit de nature émotionnelle, spirituelle ou
physique. La vue d’une femme charmante, et toute femme peut l’être à sa
manière, produit les effets que l’on connaît sur l’homme. La force de
séduction de la beauté féminine, figurée dans le récit du paradis, est une
tentation permanente. On le sait si bien que la publicité a massivement
recours à ce réflexe élémentaire. La nature a donné à la femme le pouvoir de
captiver l’homme et les lois l’autorisent à le posséder – à disposer de ses
richesses, de ses diplômes et de son statut social. Le mariage donne à ce
contrat unilatéral une base légale. Il en était souvent ainsi par le passé et à
l’époque de l’égalité des sexes, la femme n’a rien perdu de son pouvoir
féminin potentiel, bien au contraire.
« La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir et qu’il
était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de son fruit et
mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. […]
C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’ai
mangé ! […] Et la femme répondit : c’est le serpent qui m’a séduite, et j’ai
mangé ! » (Gn 3,6-13)
Le récit biblique de la tentation par l’arbre de la connaissance caractérise la
relation entre l’homme et la femme, et dit ce qu’est la première mission des
deux sexes. Dieu interdit l’accès simple et direct à la connaissance : l’homme
et la femme doivent se partager la quête de la vérité, de la connaissance.
Le serpent séduit la femme qui séduit l’homme. Dans une affaire aussi
existentielle que celle de l’accès à la connaissance, Adam se fie aveuglément
à Ève qui de son côté voulait acquérir le discernement et était attirée par la
beauté des fruits de l’arbre. La femme est séductrice par son attrait physique,
et elle est séductrice sur la voie de la connaissance la plus directe et la plus
facile.
Il est surprenant de constater la rareté des écrits sur la mission essentielle de
la femme, inspiratrice au plan spirituel et séductrice avisée : dans cette
fonction, elle est considérée comme la muse des artistes. La femme idéalisée
devient la compagne de l’homme dans sa quête du « Graal ». Mais la femme
peut aussi barrer ce chemin. Elle connaît intuitivement son rôle, elle est
consciente de son pouvoir : elle peut être une aide ou une entrave.
L’influence et le soutien de la femme peuvent permettre à l’homme d’accéder
à la liberté spirituelle et émotionnelle dont il a besoin sur le chemin de la
seconde naissance. La femme de son côté court le risque de ne plus dominer
l’homme intellectuellement et spirituellement. Il faut pourtant qu’elle sache
que l’acte libératoire de l’homme lui permettra de trouver aussi la voie de la
naissance spirituelle.
Chez la femme, l’inspiration d’ordre spirituel est associée à une dépendance
physique. Chez l’homme, il n’y a pas de progression possible sur le chemin
de la spiritualité sans le soutien de la femme. Sa supériorité physique ne lui
est ici d’aucun secours. Ce jeu du yin et du yang est très complexe. Si les
deux contractants connaissaient la finalité du « scénario », ils ne
s’entredéchireraient certes pas dans d’épuisantes querelles.
Il ressort de ces réflexions que la seconde naissance conduit à un niveau de
conscience supérieur. Mais il faut avant tout que l’homme veuille partir en
quête et s’y prépare. La femme, faible ou forte, est-elle bien consciente de sa
responsabilité ou tire-t-elle seulement profit de sa supériorité psychique et
spirituelle ? Peut-être son rôle de tentatrice lui suffit-elle ? Peut-être est-elle
effrayée par cette entreprise immense au résultat incertain ? À moins qu’elle
ne refuse de renoncer à sa position dominante ? Est-elle trop dépendante pour
pouvoir être guide ? L’homme est-il décidé à entreprendre cette quête ou estil trop faible et immature pour faire face à la femme ? Est-il peut-être tombé
dans les rets du pouvoir, dans les embuscades du gain ? A moins que tous
deux, l’homme et la femme, ne soient pas maîtres dans l’art de l’amour ?