Antidémocratique • Autoritaire • Antisocial

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Antidémocratique • Autoritaire • Antisocial
Le Travailleur Catalan
1,80 C - N°3385 - Semaine du 22 au 28 octobre 2010
L ’ H E B D O M A D A I R E C O M M U N I S T E D E S P Y R É N É E S - O R I E N T A L E S ★ POUR DES LENDEMAINS QUI CHANGENT
• Antidémocratique • Antisocial • Autoritaire
Jusqu’à quand ?
2 l’édito
de Sébastien Pouilly
Retraite,
rien n’est joué !
Le Parlement a définitivement adopté ce mercredi la
réforme des retraites, après un ultime vote du texte
par l'Assemblée nationale.
Nouvelle étape programmée: le recours au Conseil
constitutionnel promis par les socialistes dès
l'adoption définitive du texte, recours qui devrait
s'appuyer sur le préambule de la Constitution (la
République française «est une République basée sur
le principe d'égalité»).
Il faudra donc probablement attendre la mi-novembre pour que la loi soit promulguée. Pour autant, le
ministre du Travail, Eric Woerth, qui a défendu le
texte depuis près de deux mois au Parlement, a
rejeté la revendication du leader de la CGT Bernard
Thibault de «suspendre» la promulgation de la loi.
«Ce serait un déni de démocratie», a affirmé
Woerth.
Belle démocratie en vérité! Bernard Thibault a
dénoncé «la présence de policiers en exercice
camouflés sous des badges syndicaux» et l'action
de «manipulateurs» qui «poussent au crime» dans
les manifestations. Des accusations déjà lancées par
Jean-Luc Mélenchon, qui a décidé avec les députés
communistes de demander la création d'une commission d'enquête parlementaire.
Belle démocratie dans laquelle le gouvernement
bafoue dans tout le pays le droit de grève et d’expression des salariés, comme en témoignent la
réquisition des grévistes de Grandpuits et les agressions physiques contre des jeunes lycéens.
Belle démocratie qu’est le pouvoir de la force et du
mépris du peuple.
Non, rien n’est joué. Il est fort à parier que la mobilisation populaire reprendra de plus belle dès le 6
novembre. Pour les retraites, pour la démocratie de
tout un peuple.
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
LU - VU - ENTENDU
Irles huée à Pollestres
Silence peureux
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, s’est
rendu à Pollestres pour la rentrée parlementaire de Daniel Mach. Dehors, près
de 300 militants syndicaux et politiques manifestaient contre le projet sur les
retraites que son parti défend. Près de 300 gendarmes faisaient tampon entre
les protestataires et l’élite de l’UMP locale et nationale. Dans une ambiance
bon-enfant, les participants invités à ce meeting «privé» de rentrée ce sont
fait tout au plus bruyamment chambrés. Bref, pas de quoi faire rougir
Marianne, qui devrait dans la prochaine période en voir bien d’autres. Mais le
brouhaha ne s’est pas fait seulement entendre depuis l’extérieur. A l’intérieur,
par deux fois, lorsque son nom a été cité et quand elle a pris la parole,
Jacqueline Irles, députée et présidente de l’UMP d’ici, s’est faite copieusement huer par les partisans du parti gouvernemental qui avait pris place dans
la salle. On ne sait pas si face à ce désordre, Jean-François Copé a emprunté
à Balladur sa formule désormais célèbre: «Je vous demande de vous arrêter.»
Fort en gueule quand il est protégé aux frais de la République
par 300 gendarmes, Daniel Mach n’a guère été prolixe durant
les mouvements sociaux de ces derniers mois. A l’instar de
ses collègues François Calvet, Jacqueline Irlès, Fernand Siré,
Paul Blanc ou Jean-Paul Alduy, Daniel Mach a fait preuve,
durant la dernière période, d’un silence peu courageux sur le
projet des retraites du président de la République. Face à la
grogne de dizaines de milliers d’habitants du département,
aucun de nos parlementaires catalans, tous UMP, n’a eu le
courage de monter au créneau pour défendre un projet qu’ils
ont pourtant tous voté comme un seul homme. Dommage,
cela aurait pu faciliter un débat indispensable sur une question
cruciale pour la société tout entière, un débat entre ces élus et
les citoyens que les premiers ont fui.
Décès de Georges Frêche
Suite à la disparition du président de la Région Languedoc-Roussillon, nous
publions dans leur intégralité le communiqué de la fédération PCF 66 et la
déclaration de Philippe Galano, conseiller régional PCF de 2004 à 2010, envoyés
lundi matin à toute la presse du département.
Communiqué du PCF 66
Georges Frêche est décédé, nos premières pensées vont à ses proches et à
l’ensemble de celles et ceux que sa
disparition affecte. Le président du
Conseil régional aura marqué par sa
personnalité et ses prises de positions
la vie politique de l’Hérault et du
Languedoc-Roussillon.
Aux dernières régionales, nos divergences nous avaient amenés à faire
liste séparée. Nous avons estimé qu’il
s’était éloigné de la gauche et avons
loyalement combattu certains de ses
choix et de ses déclarations. Bien évidemment, nous n’avions jamais envisagé et encore moins souhaité une
dégradation de sa santé. Nous espérons que sa succession ne donnera
pas une image dégradante de la politique et que celle ou celui qui sera
président s’inscrira dans une politique
de gauche, proche de la population
de notre région et des préoccupations
ouvrières et citoyennes, en s’opposant aux orientations du gouvernement actuel.
Déclaration de Philippe Galano
C’est avec beaucoup de respect que je
veux rendre hommage à Georges
Frêche, président du Conseil régional
du Languedoc-Roussillon, décédé
subitement ce dimanche d’une crise
cardiaque. Pour avoir participé à la
première majorité de gauche élue en
Languedoc-Roussillon, je veux saluer
l’homme politique et ses réalisations.
Le combat politique que nous menions
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n’aura pas été de tout repos et comme
chacun le sait, les divergences de fond
constatées ont par la suite été les facteurs de chemins différents empruntés
par une partie de la gauche. Mais ce
n’est pas cela qu’il faut retenir.
Je retiendrai de Georges Frêche cette
formidable énergie et capacité politique mise au service de sa région et de
sa ville de Montpellier. George Frêche
aura marqué de son empreinte le
Languedoc-Roussillon comme il l’avait
auparavant fait pour Montpellier. Je
veux aussi retenir dans nos désaccords
sa volonté d’écoute, son intelligence
politique, sachant fléchir s’il le fallait.
Mes pensées vont vers sa famille, ses
filles. Je leur adresse mes plus sincères
condoléances.
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N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Mouvement social : et maintenant,
quel débouché politique ?
PCF 66.
Le Travailleur catalan: L’Assemblée Nationale et le
Senat ont voté le texte sur les retraites, cela va-t-il
changer quelque chose ?
Nicolas Gar cia: Non, car je crois qu’il est plus que
jamais nécessaire d’exiger son retrait et d’imposer une
autre réforme plus juste, plus conforme aux exigences
populaires et aux progrès de civilisation obtenus petit à
petit par notre peuple depuis des siècles. L’opinion ne
faiblira pas sur cette exigence.
TC: Dans l’opinion publique, il n’y aura pas de
renversement de tendances ?
N.G.: Tous les sondages, mêmes torturés par les tenants
de la pensée unique, montrent que deux Français sur
trois approuvent le mouvement social. 57% sont pour
une autre réforme alors que seulement 16% défendent
le projet gouvernemental. Cette majorité d’idées doit et
peut se transformer en mouvement plus fort en nombre
et en intensité. Nous, communistes, voulons y contribuer.
TC: Quelle suite, alors, pour le mouvement social ?
N.G.: Il ne doit pas se décourager, il doit tenir compte
de la situation et réfléchir à un combat unitaire adapté,
qui se donne les moyens de durer. C’est une évidence,
Jean Quillio
Nous avons rencontré Nicolas Garcia, secrétaire départemental de la
fédération PCF des P-O, partie constituante du Front de gauche, afin qu’il nous
livre ses réflexions sur l’état actuel du mouvement social et les perspectives
politiques qu’il appelle. Dans nos prochaines éditions, nous interrogerons de la
même sorte les autres formations politiques de gauche du département.
beaucoup dépend de la perspective politique immédiate et future.
TC : C'est-à-dire ?
N.G.: La lutte peut obtenir le retrait du projet Sarkozy,
mais la question du pouvoir politique se pose pour mettre en place un projet plus juste que celui qui est en
vigueur actuellement et pour ensuite le pérenniser. Au
sein de la gauche, il y a des différences et même des
divergences sur le projet politique à mettre en œuvre,
sur les retraites, l’utilisation de l’argent, le service
public, les orientations européennes. Sur les retraites
par exemple, nous savons que le PS, Europe Ecologie et
d’autres, sont favorables à une retraite à taux plein à
soixante-deux ans, à un système qui intègrerait la capitalisation et en tout cas à une retraite à taux plein à
partir de 42 ans de cotisations. Martine Aubry vient
encore de le confirmer.
TC: Alors, que proposent le PCF et le Front de gauche ?
N.G.: Pour nous, c’est évident, le mouvement social et les
Français qui le soutiennent ont la force et la puissance
d’imposer non seulement le retrait du projet, mais aussi
d’élaborer des propositions et de les imposer à la gauche
comme programme à mettre en œuvre si celle-ci était en
situation de diriger à nouveau le pays.
Pour un pacte d’union populaire, un projet partagé, coconstruit avec le peuple et les autres formations qui prétendent changer la société.
Nous communistes, ne voulons pas condamner notre
peuple à subir plus longtemps le pouvoir de la droite.
La gauche anticapitaliste, dont nous faisons partie, ne
doit pas se confiner à un rôle de protestation sociale
jusqu’au grand soir et nous ne pensons pas non plus
qu’elle doit se contraindre à jouer les supplétifs d’une
gauche sociale libérale.
TC: Est-ce un appel au peuple au ralliement aux
propositions du Front de gauche ?
N.G.: Non, nous lui proposons de transformer sa colère
en force du changement. Mais dans un tête-à-tête
entre nous, le PS et les autres organisations politiques,
rien ne peut bouger ou si peu. Nous savons que les
besoins de changements sont immédiats. La gauche est
souvent rassemblée contre la droite, mais elle n’est pas
unie sur les contenus et les conditions du changement
tant attendu.
Jean Quillio
TC: Pourquoi ne pas attendre 2012, comme on
l’entend ici ou là ?
Le PCF 66 a voulu délivrer un message éminemment politique en invitant, jeudi 21 octobre, les syndicalistes à venir s'exprimer devant son
siège départemental au moment le plus fort de l'effervescence sociale. Son engagement ne se limite pas à exprimer sa solidarité avec celles
et ceux qui luttent et encore moins à se présenter en donneur de leçons. Les communistes sont dans la mobilisation «comme poissons dans
l'eau», a affirmé Nicolas Garcia, ajoutant «qu'ils veulent tout faire pour renforcer la lutte et la mobilisation pour le retrait, dans l’unité et
qu'ils ne feront rien qui puisse briser l’union nécessaire qui anime cette lutte.» Par contre, ils estiment de leur responsabilité d'encourager «à
réfléchir à un combat unitaire, adapté à la situation et qui se donne les moyens de durer.» A écouter les interventions, ce qui semblait prévaloir aussi bien chez des syndicalistes CGT électriciens, cheminots, du bâtiment et que chez des syndicalistes de la FSU, c'est «qu'il apparaît
comme une évidence que beaucoup dépend de la perspective politique immédiate et future.» Mais, à partir de cette énonciation commune, un
long chemin passablement ardu reste à faire, ne serait-ce que, comme l'a déclaré le secrétaire départemental du PCF: «Nous savons que
pour gagner il faut être unis, mais nous savons aussi que nous ne pouvons nous unir avec d’autres que sur la base d’un projet anticapitaliste
et constructeur d’une nouvelle société avec les forces de gauche qui feront le serment au peuple de ne pas le trahir.»
R.H.
N.G.: Bien sûr, des élections majeures auront lieu en
2012, mais d’ici là, la participation citoyenne de l’ensemble de celles et ceux qui manifestent et au-delà, qui
soutiennent les actions, sera déterminante. C’est à un
pacte d’union populaire, c'est-à-dire à un projet partagé, co-construit avec le peuple et les autres formations qui prétendent changer la société et prendre le
pouvoir, auquel nous voulons le faire participer. Ce programme, élaboré en commun dans diverses initiatives
(rencontres, réunions, forums…), nous pourrions
ensemble l’imposer aux forces de gauche qui feraient le
serment au peuple de le mettre en œuvre avec lui en
cas d’élection. C’est sans doute cela le prolongement
du mouvement social.
TC: Quel message passeriez-vous à celles et ceux qui
souhaitent un changement radical en France?
N.G.: Unis, vous et vous seuls, aidés et soutenus par les
partis politiques qui souhaitent aussi un changement
radical de politique, pouvez faire reculer la droite, la
battre et imposer à la gauche la politique que vous
voulez voir mettre en œuvre et quel type d’union. Nous
vous invitons à investir le débat politique, à l’organiser
le cas échéant, à ne pas vous en désintéresser, à ne pas
retomber dans la délégation de pouvoir.
Propos recueillis par Sébastien Pouilly
4
Jean Quillio
Opération péages gratuits pour les usagers des ASF
Mobilisation. Ce n’est pas par hasard que les organisations syndicales ont désigné la semaine dernière, comme terrain
d’action pour le financement des retraites, les péages autoroutiers des autoroutes du Sud de la France.
Plusieurs milliers de manifestants
s’étaient donnés rendez-vous, jeudi 21
octobre, sur les péages des ASF du
Languedoc-Roussillon. Ainsi dès huit
heures du matin, les agents territoriaux,
des douanes, de la DDE, les cheminots,
des salariés du privé investissaient les
péages de Perpignan-Sud, PerpignanNord et Le Boulou. Plusieurs centaines
de grévistes qui ont immédiatement
décidé de laisser passer gratuitement les
«usagers», contents pour une fois de ne
pas se retrouver bloqués dans des barrages routiers.
Un tract informatif pour le financement
de la retraite à 60 ans et à taux plein
leur a été distribué. Une action bien
reçue par les automobilistes qui ont
aussi mis la main à la poche en guise de
solidarité, des fois, bien plus que l’acquittement du péage. Un geste qui en dit
long sur le degré de mécontentement et
d’injustice qui se dégage de l’opinion
publique.
Pouvons-nous continuer dans
une société que ne se soucie
que de compétitivité,
de productivité et de profit ?
Pour Pierre Place, secrétaire départemental de la CGT, «on ne peut pas oublier ce
qui s’est passé sur les autoroutes du Sud
de la France depuis 2003. Les ASF sont au
cœur des scandales financiers qui ont
émaillé l’actualité.» Après la privatisation
des autoroutes, dont ASF en est un des
plus grands symboles, rien que sur la
direction régionale de Narbonne, plusieurs centaines d’emplois ont été supprimés.
A contrario, les droits de péages n’ont
jamais cessé d’augmenter pour venir remplir les caisses de Vinci, propriétaire des
ASF depuis 2004. En 2008, les ASF auront
perçu sur les péages 2.823M€. Chaque
année, une grande partie des bénéfices
revient aux actionnaires de Vinci sous
forme de dividendes -471 M€ en 2008.
Et cela ne s’arrêtera pas.
Dernièrement, une enquête révélait, au
sujet de l’élargissement à 2 fois 3 voies
de l’A9 entre la frontière espagnole et
Perpignan-Sud, que le trafic déjà extrêmement important serait à l’horizon 2030 de
50.000 véhicules/jour sur ce tronçon,
dont 40% seraient des poids lourds, soit
un doublement du trafic. Une manne
financière considérable que ne verront
jamais les contribuables.
Ce qui est sûr dans ce conflit sur les
retraites, c’est qu’une idée domine. Que
l’on soit dans un camp ou dans un autre,
ce n’est pas une question de démographie, mais bien une question de financement dont souffre notre système de
retraite par répartition. L’occupation des
péages n’était qu’une façon comme une
autre, pour les salariés et leurs organisations syndicales, de montrer que l’argent
existe en France, comme dans beaucoup
d’autres pays Européens, et qu’il n’y avait
qu’à se baisser.
Philippe Galano
Dire une chose et faire son contraire…
Par exemple… tout à fait au hasard: quand, nouveau président de
la République, tu veux donner des modèles aux lycéens de ton
pays, tu te souviens de Guy Mocquet, jeune lycéen, résistant
communiste, arrêté et fusillé par les Allemands, tu te souviens
qu’il a écrit une ultime et magnifique lettre où il dit son amour de
la vie et tu te dis qu’il serait pas mal que tous les lycéens de ton
pays connaissent Guy Mocquet, aient entendu sa voix, aient compris son acte de résistance. Tu demandes donc aux profs de ton
pays de lire la lettre de Guy Mocquet dans les classes.
Et puis quand ces mêmes lycéens, trois ans plus tard, révoltés
par un projet de loi qu’ils jugent injuste disent par milliers dans la
rue leur colère, quand ils résistent devant l’avenir plombé que tu
leur réserves, quand ils sont scandalisés par l’acharnement dont
tu fais preuve à ne pas entendre la voix du peuple qui dit sa
colère, tu leur envoies les flics et tu n’hésites pas à leur dire de
faire usage de leur flash-ball, comme à Montreuil par exemple.
Tu fais tirer sur ceux qui auraient pu être les petits-enfants de Guy
Mocquet.
J.-M.P.
L’action sociale en action !
CGT-FO-CFDT. Jeudi 21 octobre, les établissements de
l’Association Joseph-Sauvy -ITEP et IME- ont manifesté devant leur siège social.
Les salariés du secteur médico-social poursuivaient le
mouvement commencé le lundi 18 octobre contre la
réforme indécente et inique des retraites. La volonté des
salariés reste intacte, pour preuve, leur participation massive (85%) à la grève reconductible.
Quand le mouvement social s’invite à Estagel
Agly. Très tôt ce lundi matin 25 octobre,
une centaine de personnes se sont rassemblées à l’appel des organisations
syndicales et politiques locales (UL CGT,
Modef, Confédération Paysanne, PCF,
PS). Sur la place du village, des représentants de l’intersyndicale départementale s’étaient également déplacés
en renfort. Il s’agissait de protester
contre le projet sur les retraites du gouvernement et de montrer la détermina-
tion et la mobilisation toujours aussi
importante du front uni des syndicats.
De 7h à 9h30, un barrage filtrant sur la
RD117 a très vite bloqué la circulation,
compte tenu du goulet d’étranglement
que constitue la traversée d’Estagel
pour les poids lourds. Sous la pluie tout
d’abord, puis affrontant une tramontane très froide, les manifestants ont
offert le café aux poids lourds bloqués
et distribué un tract sur lequel on pou-
vait notamment lire: «Dans notre vallée, largement viticole, les retraites
misérables du monde agricole et ses
revenus d’activités indignes caractérisent la pauvreté de nos villages. Nous
voulons un avenir plus radieux pour nos
enfants.»
Le groupe s’est dispersé vers 9h30, promettant d’autres actions départementales durant cette semaine de vacances.
Noisette
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N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Un outil de lutte, une contre-offensive politique
Libertés publiques.
Le député-maire Pierre Gosnat était à Perpignan pour présenter son projet de loi «Interdire le
fichage génétique des militants syndicaux». Sa conférence de presse a été tout à la fois une adresse aux médias, un
échange de témoignages et un débat politique.
«Lorsque la fédération du PCF 66 m'a
interpellé sur la situation de Philippe
Galano, son parcours, ses combats, je me
suis questionné en quoi je pouvais être
utile en tant que député au plus fort du
mouvement de solidarité qui s'est développé auprès de lui.» C'est par ces mots
que le député communiste a introduit son
propos devant une assemblée représentative de toutes celles et ceux qui, dans le
département, refusent la norme.
Sans surprise, des élus communistes, de
nombreux militants du PCF, des représentants du PG et du NPA. On reconnaissait
aussi des syndicalistes CGT, des inculpés
pour fait de fauchage volontaire de
champs de maïs OGM et Jeanne, traînée
devant les tribunaux comme deux de ses
camarades pour son action dans le cadre
de
la
campagne
BoycottDésinvestissement-Sanction. C'est elle,
qui sous les applaudissements de l'auditoire, a appelé à «construire une mobilisation solidaire pour que la peur change
de camp et faire un lien entre la rue et la
loi.»
Mais alors, pourquoi un projet de loi centré sur les militants syndicaux? Pierre
Pierre Gosnat (au centre): «C'est par choix que le gouvernement organise le fichage génétique des militants syndicaux.»
Gosnat s'en est longuement expliqué
après avoir rappelé que dès 1998, au
moment de la création du fichier national
automatisé des empreintes génétiques
(FNAEG) prévu initialement dans le cas
des crimes sexuels, les députés communistes s'y étaient opposés, inquiets des
risques d'extension qu'il comportait. La
suite leur a donné raison (voir ci-contre).
Ceci précisé, le député communiste a
tenu à justifier le ciblage de sa loi: «Dans
sa rédaction, nous aurions pu élargir le
champ de cette proposition à l'activité
associative par exemple. J'ai décidé avec
mes collègues députés communistes et
du Parti de gauche, par volonté délibérée,
de me concentrer sur le cas particulier des
syndicalistes afin de démontrer que c'est
par choix que le gouvernement organise
le fichage génétique des militants syndicaux. Ce projet de loi est une dénonciation des logiques actuelles et se présente
comme une critique de l'arsenal législatif
existant. Elle est effectivement le fruit de
la mobilisation autour de Philippe
Galano, mais elle s'inscrit aussi dans une
portée plus générale.»
Roger Hillel
D'une définition
très minimale du FNAEG
à une définition
maximaliste
De 2003 à 2007, cinq lois sont
venues renforcer et élargir le fichage
génétique de la population. Cela se
concrétise notamment par cette disposition de l'article 706-55 du code
de procédure pénale qui ajoute aux
viols, crimes, atteintes aux intérêts
fondamentaux de la nation et actes
terroristes, les délits de vol, d'extorsion, d'escroqueries, de destructions,
dégradations, détériorations et de
menaces d'atteintes aux biens. Si en
2000, le FNAGE comptabilisait aux
alentours de 2.000 prélèvements, le
31 décembre 2009, il en comptait
1,2 million. Et chaque mois, ce sont
30.000 personnes qui subissent un
prélèvement.
La fable de la frontière
Syndicat de la Magistrature. Sa section locale nous a fait parvenir ce texte que nous empressons de publier tant il est
révélateur à sa manière de la chasse aux étrangers sur notre territoire. La rédaction.
Un directeur de la police aux frontières vivait heureux. Il
occupait à proximité d’une frontière méridionale d’un
riche territoire, un poste envié. Des troupeaux d’immigrés empruntaient, par tous temps, les routes qui traversaient ses montagnes.
Biens serrés dans des autobus qui les conduisaient plus
au sud encore, chargés de maigres bagages ou de force
couscoussiers, pare chocs de voiture, vélos d’enfant,
antennes paraboliques. Dans de tels équipages, ils
allaient, disait-il, cueillir des fraises à Almeria. Il n’avait
aucun mal à satisfaire aux ordres de l’empereur qui exigeait qu’on les empêchât de circuler comme bon leur
semblait sur son territoire. Telles des palombes des quatre saisons, il les attendait, lui et ceux qu’il commandait,
aux cols par où ils passaient sur la route du sud.
Bon an mal an, il en arrêtait un certain nombre, fixé à
l’avance, pour les reconduire en avion, aux frais d’un
imbécile qu’on appelait contribuable, à qui il convenait
d’ôter ainsi une impression, que l’on entretenait par ailleurs en lui, que l’on avait baptisée «sentiment d’insécurité», et auquel on expliquait que l’argent manquait,
qu’il fallait se serrer la ceinture et renoncer à ses avantages, là où ils souhaitaient se rendre, dans des conditions
de confort bien moins grandes.
Las, des juges d’une lointaine cour d’un obscur royaume
septentrional s’avisèrent de déclarer cette chasse hors la
loi à proximité de la frontière et prétendirent que tout
contrôle systématique devait être banni.
Il se trouva fort dépourvu quand
cette bise fut venue
Contraint de déplacer son territoire de chasse à quelques
kilomètres de là, notre directeur se désola. Les installations n’étaient pas bonnes, la troupe se plaignait, les prises étaient plus dures et moins belles. Il vit son fonds de
commerce en grand péril, ainsi que sa carrière, sans
doute. Il s’imagina même, avec effroi, convoqué par
l’empereur, ou son ministre, pour être montré du doigt et
coiffé d’un bonnet d’âne.
Il alla crier misère chez le procureur son voisin. Celui-ci
était un homme fort malin. On le disait HH (hors hiérarchie), ce qui en était la preuve. Il avait même été choisi
par ses pairs pour siéger dans une assemblée de sages
qui décidait de leur avenir et professait la déontologie
dans une école. Cet homme, touché par la plainte du
directeur, jugea qu’il méritait son aide. Il prit donc des
réquisitions qui lui permettraient de chasser malgré l’interdit de cette cour qui n’avait pas mesuré la portée de
sa décision.
C’est ainsi que le directeur s’en fut, tout heureux et
louant la grandeur du procureur, reprendre son activité.
Désormais il avait pour noble mission de «rechercher les
auteurs d’infractions à la législation sur les stupéfiants et
sur les armes, les munitions et le terrorisme». Il continua
donc de contrôler les identités des passagers de bus
quittant la France parmi lesquels il était de notoriété
publique que se camouflaient, sous couvert de faux
papiers grossièrement falsifiés, des terroristes d’Al-qaida
au Maghreb islamique rentrant au pays pour le Ramadan
chargés de ballots de shit qui était une denrée rare et
fort prisée au Maroc. D’armes, il ne trouva jamais que
quelques malheureux canifs, mais le procureur eut l’honnêteté de ne pas ouvrir d’information pour détention
d’armes de 6e catégorie afin d’en découvrir la provenance et la destination.
6
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Les Cabestanyencs disent non à l’intégration forcée !
Elections - Cabestany. Les Cabestanyencs se sont déplacés nombreux pour approuver la démarche des élus de gauche.
Une légitimité renforcée pour contester la décision autoritaire du préfet.
Les élections partielles de Cabestany étaient une étape à
ne pas manquer. Pour le maire, Jean Vila, c’est chose
faite. Elles auront mis en évidence, au-delà de la décision
autoritaire du préfet, les enjeux démocratiques et l’avenir de la commune.
Pour Jean Vila, la fiscalité doit être un levier pour le développement économique de Cabestany, pas celui de la
spéculation. «Dans cette intégration forcée, l’Agglo
réclame une partie des ressources de Cabestany.» Une
façon aussi de dire qu’aujourd’hui l’Agglo est en difficulté et ses intérêts propres menacent l’équilibre social
et économique de Cabestany. Ainsi, même si chacun
pouvait légitimement s’attendre à une très faible participation, le lot commun de toutes élections partielles, cette
élection s’est traduite par un plébiscite. Cela, malgré le
brouillage politique de l’UMP, qui s’est délibérément
Réunion extraordinaire
du conseil municipal
Suite aux élections municipales du dimanche 24 octobre 2010, une réunion extraordinaire du conseil municipal se tiendra ce vendredi 29 octobre à 18h dans la
salle polyvalente du Centre culturel.
Tous les habitants de Cabestany sont fortement invités à cette séance particulière qui verra l’élection du
premier magistrat de la ville.
sabordée en ne présentant aucune liste. Malgré l’appel
des responsables locaux de droite à boycotter ces élections, 48% des électeurs se sont déplacés pour envoyer
un message clair au préfet: Cabestany doit rester libre de
ses choix! Une élection atypique qui donne aux 29 représentants de la liste de gauche pour Cabestany une nouvelle légitimité.
Recours en justice
L’installation du conseil municipal et l’élection du maire
se tiendront ce vendredi dans la salle polyvalente du centre culturel. Une première séance sans l’UMP, mais en
présence de nouveaux élus, cinq au total: Claire Langlais,
Nadine Drillien, Farid Mellal (PCF), Richard Brau et
Jacques Cresta (PS). Un conseil municipal qui va devoir
désormais travailler sans opposition. Une situation inédite, qui selon le maire Jean Vila, suscite de nouvelles formes de démocratie, notamment dans des commissions
de travail ouvertes à la population.
Mais l’heure reste à la mobilisation. Le bras de force qui
oppose la municipalité de Cabestany à la décision du
préfet ne fait que commencer. La date butoir de l’intégration de Cabestany dans l’Agglo passe par le vote des
communes concernées. Ainsi, les conseils municipaux
concernés pourraient ne pas valider l’intégration de
Cabestany tout en acceptant la fusion de la
Communauté de communes du Rivesaltais. Une réponse
attendue en justice pourrait bien, entre temps, annuler
Jean Quillio
Pour Jean Vila, Cabestany doit rester libre de ses choix.
toutes décisions de fusion et donc de nouveau périmètre
de l’Agglo gâchant les fêtes de fin d’année et au-delà,
les plans sur la comète de Jean-Paul Alduy.
Philippe Galano
Les chiffres de la participation
Inscrits : 7108
Votants : 3421 soit 48,12%
Exprimés : 3177 : 44,69%
Nul : 244 soit 7,13%
Une famille d’Elne sauvée de l’expulsion
Précarité.
Mardi dernier, à l’appel des militants et du maire communistes d’Elne, élus de gauche, voisins, amis, se sont
appuyés sur l’arrêté anti-expulsion pris par la commune pour barrer la route aux huissiers, serruriers et autres déménageurs.
La période où les expulsions sont interdites s’approchant (15 novembre - 15
mars), les procédures s’accélèrent contre
les familles en délicatesse avec leur loyer.
A Elne, Mireille est locataire d’un bailleur
social privé. Des problèmes sociaux ce
sont accumulés depuis des années, elle
connait la précarité de nombreux
Français, sa situation c’est le yoyo, parfois
elle a du boulot et parfois, pas. Avec sa
fille mineure, elles vivent, ou plutôt tentent de survivre, avec 800€ par mois et
depuis un an, c’est encore plus dur.
Une nouvelle fois, ce sont les 79€ de loyer
qui font les frais des choix que ce type de
situation l’amène à faire. Mireille, peut-on
le lui reprocher, choisit le mutisme, le replie
sur soi, «pas facile d’avouer au monde que
l’on glisse vers la misère». Durant 8 mois,
elle ne paye plus son loyer à la société
HLM et, c’est vrai, ne répond pas aux
injonctions de cette dernière.
Depuis le début de l’été, avec l’aide des
siens, les règlements ont repris. Mireille
arrive même à payer un peu plus pour
colmater la dette ancienne. Trop tard, les
bailleurs ont décidé que ce sera l’expulsion, un juge prononce la sentence. Pour
7 ou 800€ de loyer dus, auxquels s’ajoutent les frais d’huissiers et de procédure,
bref même pas 2.000€, à 20 jours de la
Pour des centaines d’autres familles des P-O et de France, l’issue de l’expulsion ne sera pas aussi heureuse.
date où la loi la protègera, Mireille voit
débarquer chez elle, huissier, gendarmes
(la ville refuse d’accompagner les huissiers), déménageurs, serrurier.
La question du droit au
logement
En face, à l’appel du PCF local et du maire
communiste, de nombreux militants, élus
de gauche, voisins et amis se sont mobilisés pour s’opposer à l’expulsion, pacifiquement, sans cris, sans heurts, dignement. Comme ses voisins de Cabestany et
Alénya, Nicolas Garcia, le maire d’Elne, a
pris un arrêté municipal interdisant les
expulsions si les causes ont une origine
liée à des problèmes sociaux (chômage,
maladie…) et si toutes les solutions permettant de régler le problème, de part et
d’autre, n’ont pas été explorées. Or, «en
reprenant le règlement de ses loyers et en
remboursant une partie, même infime, de
sa dette, Mireille a fait ce qu’il fallait pour
que l’on puisse s’assoir autour d’une
table et discuter» précise le maire.
Ce dernier rappelle en outre qu’il a écrit,
il y a un mois, à la société propriétaire des
40 pavillons de la Cerisaie à Elne, pour
plaider la cause de la famille. Ce courrier
est demeuré à ce jour sans réponse. Au
final, Mireille est restée chez elle, et tous
les autres sont repartis chez eux en espérant qu’une solution sera trouvée d’ici le
15 mars.
Pour des centaines d’autres familles des
P-O et de France, l’issue de l’expulsion ne
sera pas aussi heureuse. Parce que les
maires sont trop peu nombreux à prendre
des arrêtés, parce que la misère se subit
trop souvent dans la honte et le mutisme,
parce que les militants communistes sont
trop peu nombreux et surtout parce
qu’aucune loi ne protège les familles en
grande difficulté sociale et aussi les bailleurs, qui parfois sont de simples citoyens,
pas très fortunés non plus, et propriétaires d’un seul logement à louer. La question est donc posée des dépenses de
logement qui ne devraient pas dépasser
20% du revenu des familles, d’un fonds
de garantie pour les loueurs pouvant être
mis en difficulté, du nombre de logements sociaux réalisés en France, du traitement réservé aux offices HLM soumis à
la rentabilité financière et auxquels l’Etat
vient de faire les poches.
Enelji
7
Le Canal de Nyer réhabilité
Haut-Conflent. Le chantier entrepris pour réhabiliter l'ouvrage abandonné relève d'une prouesse technique et d'un défi
environnemental dont s'enorgueillissent Christian Bourquin, président du Conseil général et Jean-Louis Alvarez,
conseiller général du canton siège du projet.
Creusé en 1851 à flanc de montagne, la
vocation du Canal de Nyer était étroitement lié à l'exploitation du fer pour le
fonctionnement des forges de la vallée,
mais aussi à l'agriculture, l'élevage et à
l'alimentation en eau potable des villages
de Nyer, Escaro et Souanyas-Marians en
Haut-Conflent.
Histoire d'une rencontre
pour un but avoué
Il suffisait de la rencontre entre le conseiller général Jean-Louis Alvarez en recherche
constante d'une dynamique économique
pour son canton et de l'ingénieur Francis
Goudou, pour prendre le pari de redonner
vie au canal de Nyer.
L'aboutissement du projet est aujourd'hui
une grande satisfaction pour M. Alvarez,
qui définit ainsi ses intentions: «La centrale
électrique était en faillite, c'était la mort
annoncée du canal. Mon but était de
remettre en activité cette friche industrielle
pour créer une énergie hydraulique propre
tout en garantissant l'irrigation agricole et
pérenniser l'alimentation en eau potable
des trois communes.»
développement durable exemplaire.»
L'ancien ruisseau était à ciel ouvert,
l'homme devait intervenir pour faire face
aux dégâts de la neige, du gel, des avalanches, chutes de rochers et sauver les animaux de noyades.
M. Goudou, passionné de montagne et
expérimenté dans la gestion de centrale
électrique, a accepté le chantier par «goût
du défi technique et humain». Il reconnaît
que «c'est un chantier de fêlés!» et confie:
«Il aura fallu une motivation sans faille de
toutes les équipes et la virtuosité du pilote
d'hélicoptère qui a placé les tuyaux un à
un, pour intervenir dans ce milieu hostile.»
L'aventure humaine s'est jouée d'à-pics
dangereux, de conditions d'accès et climatiques très difficiles.
Pari risqué, stratégie osée
Le plan de sauvetage dévoile «un trésor
englouti du territoire, à travers la prouesse
de femmes et d'hommes, sans abîmer le
milieu naturel» explique Christian
Bourquin, pour qui «c'est un projet de
Christian Bourquin: «C'est un projet de
développement durable exemplaire.»
Francis Goudou a accepté le chantier par
«goût du défi technique et humain».
Pour André Argilès, maire de Nyer, «M.
Goudou nous a paru compétent mais fou,
on ne pensait pas qu'il réussirait.» Pierre
Nogués, ancien maire d'Escaro, évoque le
passé: «Notre vie, c'était la mine, en même
temps on faisait de l'agriculture. Le canal
est primordial, sans lui pas de vie!»
Francis Martinez, maire actuel d'Escaro
complète: «La pérennité du canal revêt
trois aspects: l'eau pour l'arrosage, le
maintien des eaux de ruissellement pour
les besoins de la faune et la flore et le captage de l'eau pour l'alimentation en eau
potable avec, grâce aux infiltrations, la réalimentation des sources où est observé un
tarissement progressif. C'est la survie de
nos communes qui est en jeu!»
L'éleveur Daniel Fabregat participe à la vie
du canton grâce au canal: «L'élevage a un
impact sur la nature, il entretient l'espace,
s'il n'y a plus de canal, c'est le départ des
éleveurs.»
Public / privé, complémentarité ou rivalité ?
Pour Jean-Louis Alvarez, l'intervention du
privé «peut poser un problème de principe». Puis il s'insurge: «Côté public, il n'y
a plus d'interlocuteur!» Consterné, il s'explique: «J'ai démarché en priorité l'entreprise EDF, c'est la multinationale Suez qui
m'a répondu, j'ai alors sollicité la filiale
SNCF pour les SHEM* publiques, c'est
encore la multinationale Suez qui m'a
opposé une fin de non-recevoir pour cause
de non rentabilité de l'opération.»
Il rassure: «Certes, Francis Goudou est un
privé, mais je donne la préférence à un
homme expérimenté qui arrive avec son
entreprise familiale et son savoir-faire qu'à
une multinationale! Dès l'origine du projet, j'ai apporté un soutien total à l'usinier
dans la bataille administrative pour obtenir
toutes les autorisations nécessaires en veillant à respecter les contraintes environnementales de sauvegarde des écosystèmes,
notamment celle visant à garantir le débit
réservé au milieu aquatique.»
Le pot de terre
contre le pot de fer
La montagne, qui a échappé à un ouvrage
béton, est désormais sillonnée par une
traînée noire représentant le tuyau d'acier
alors que l'ouvrage ancien, fait de pierres
et de terre, se confondait avec la nature.
Francis Goudou a tout prévu: «Ce n'est pas
pour l'immédiat, mais j'ai proposé de couvrir le tuyau de terre et de l'ensemencer
pour en faire un sentier de 6km à plusieurs
vocations: accéder à la prise d'eau, caler le
tuyau qui n'est pas à l'abri d'éboulements
des murs et tenir lieu de sentier de randon-
Jean-Louis Alvarez: «Mon but était de remettre en activité cette friche industrielle pour
créer une énergie hydraulique propre.»
née.» L'environnement, le patrimoine
naturel, l'aspect économique, seront ainsi
préservés et l'humain y a toute sa place.
Ray Cathala
*SHEM : Société hydro-électrique du Midi
(Texte et photos extraits du film «Canal de
Nyer, l'histoire d'un chantier extraordinaire»
honoré d'une mention spéciale du jury du festival Fimbacte 2010 plus propos recueillis
auprès de MM. Alvarez et Goudou).
Quelques chiffres
Le chantier: 6 ans d'études - 5 mois de travail.
Tubes rotulés en acier (5m50 - 900kg)
acheminés de Turquie via Port-la-Nouvelle.
1.680 coudes transformés à Olette.
Plus de 2.500 rotations d'hélicoptère.
Coût 5 à 6 millions d'euros.
Financement: apport personnel de M.
Goudou et quelques subsides des institutions.
Le Canal de Nyer : à l'origine, débit de 450
litres/seconde (l/s) à répartir à part égale
entre les 3 communes. Canal en terre donc
déperdition d'environ 50%, au moment de
l'étiage débit ne passant guère 200 l/s.
Aujourd'hui, chaque commune est assurée
du tiers du débit total.
La centrale électrique: 3 méga watts, production de 22 millions de KW/h l'an, soit
l'électricité nécessaire à 16.000 personnes.
8
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
87 Faucheurs Volontaires
jugés à Marmande
Anti-OGM. Les 11 et 12 octobre s'est tenu à Marmande un procès historique
dans l'histoire de la lutte contre la pollution par les OGM. Le jugement a été
mis en délibéré et la décision sera rendue le 16 novembre.
Les faucheurs volontaires se sont rendus au tribunal en cortège.
Les salariés de l’Arche
de la Solidarité aux prud’hommes
Prades. La CGT 66 communique :
Le 29 juillet, le Tribunal de Grande Instance de
Perpignan décide que seul M. Margail est président de
l’Arche de la Solidarité avec comme bureau de l’association les familles Sergent et Privat.
Alors que l’argent de l’Etat destiné aux salaires a été
versé, depuis deux mois, prétextant que ce n’est pas
lui qui a embauché les salariés, ce monsieur et ses
acolytes ne paient plus les salariés, et ce malgré l’intervention de la Direction départementale du Travail et
du sous-préfet. Mais pour qui se prennent-ils?
Avec les salariés, la CGT a décidé de saisir le Tribunal
des Prud’hommes dont l’audience s’est tenue mercredi
20 octobre. Pour des raisons de procédure, l’affaire
est reportée au 11 décembre. En ouverture d’audience,
nous avons découvert que, pour se défendre, ces drôles de notables ont choisi le cabinet d’avocats du responsable départemental de l’extrême-droite.
Il n’y a guère besoin de commentaires pour comprendre le pourquoi du comment des pratiques intolérables
dont sont capables ces individus à l’égard des salariés.
Plus que jamais la CGT est aux côtés de ces salariés
qui, en situation de précarité extrême, n’ont plus de
salaires depuis bientôt trois mois pour faire face au
quotidien de la vie (nourriture, loyer, factures, etc.).
Nous appelons la population à les soutenir. Dans ce
but, la CGT a décidé d’ouvrir un compte spécial pour
organiser la solidarité financière. Les dons aux salariés
sont à libeller à l’ordre de: «Solidarité Arche». Les
déposer dans la boîte à lettres au 12 rue des Pyrénées
à Prades ou au dépôt de l’Arche situé à la Riberette à
Ria, route nationale 116.
Prades, le 20 octobre 2010
Le procès de Marmande est historique à double titre.
D'abord, par le nombre de personnes, dont quatre du
département, mises en examen. Pour la première fois, la
stratégie de «comparants» volontaires des faucheurs a
été acceptée par la justice. Tous les faucheurs ayant
signé et revendiqué la participation à ce fauchage ont
été mis en examen.
Historique ensuite, du fait que le tribunal a repris à son
compte, quand bien même du bout des lèvres, des
questions que posent les Faucheurs Volontaires et plus
largement les mouvements anti-OGM, en particulier,
sur la dissémination des OGM, leur impact sur le travail
des paysans bio et sur l'insuffisance des évaluations
scientifiques. Au cours des auditions, tous les inculpés
ont pu exposer leurs motivations: dissémination et donc
protection de leur production pour les paysans et apiculteurs, brevetage et appropriation du vivant, manque
de recul dans les évaluations scientifiques et risques
éventuels pour la santé.
Tous ont invoqué l'état de nécessité, reconnu par l'article 122.7 du code pénal qui énonce: «N'est pas péna-
lement responsable la personne qui, face à un danger
actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou
un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde
de la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion
entre les moyens employés et la gravité de la menace.»
Dans son réquisitoire, la procureur a reconnu le bienfondé du débat mais rejeté l'état de nécessité. Elle a
demandé une requalification des faits de «destruction
des biens d'autrui» en «destruction de parcelle autorisée» (délit créé par la loi sur les OGM de 2008), ce qui
permet d'éviter la récidive à la plupart des mis en examen.
Par contre, elle a estimé que certains avaient déjà un
passé trop lourd pour un simple sursis. Elle a donc
demandé 120 jours-amendes à 50€ pour ces derniers
dont José Bové. Pour les autres, elle a requis 2 mois de
prison avec sursis. La défense a affirmé que l'état de
nécessité était établi et a donc demandé la relaxe de
tous les mis en examen. Le jugement a été mis en délibéré et la décision sera rendue le 16 novembre.
R.H.
Des militants anticolonialistes relaxés
BDS. Le tribunal de Pontoise a relaxé deux militants anticolonialistes qui avaient
mené une des premières actions Boycott-Désinvestissement-Sanctions en
région parisienne.
Le tribunal de Pontoise a déclaré
«irrecevable» la plainte déposée
par le soit-disant Bureau national
de vigilance contre l’antisémitisme
et la Chambre de commerce
franco-israélienne contre la sénatrice Verte Alima BoumedieneThierry et Omar Slaouti, dirigeant
national du NPA.
Ce verdict -pour «vice de procédure»- doit beaucoup à la qualité
de la défense assurée par Me
Antoine Comte, l'un des avocats
qui défendent les trois militants du
département convoqués devant le
tribunal de Perpignan le 24 janvier
2011. Sans se prononcer sur le
fond, ce verdict constitue néanmoins un revers sérieux pour les
plaignants et la ministre, Mme
Alliot-Marie, qui ont inventé de
toute pièce un «boycott des produits casher». Ce jugement intervient aussi dans un contexte singulier: la colère d’une grande partie
de l’opinion contre la politique du
gouvernement israélien (en particulier depuis les massacres de Gaza
de l’hiver 2008-2009 et l'attaque
de la «Flottille» le 31 mai 2010).
La prétention de régler par voie
judiciaire -en sortant et détournant de son sens une loi de 1881
aux lourdes conséquences- des
problèmes politiques n’est pas
admise par des secteurs nombreux
et divers de l’opinion publique.
Pour autant, reste entière, la
volonté du pouvoir de criminaliser
la campagne BDS et faire condamner par les tribunaux les quatrevingts militants recensés sur toute
la France qui n'ont pas hésité à
payer de leur personne.
Ces combattants de la justice disposent désormais d’un porte-voix,
grâce à l’appel de Stéphane
Hessel et de centaines de personnalités de toutes sensibilités qui
l’ont signé, et peuvent se prévaloir
du soutien d'un très grand nombre
de personnes qui au-delà des
défenseurs traditionnels de la
cause palestinienne, entendent
prendre leurs responsabilités, pour
la défense des droits citoyens
remis en cause par ces procès et
contre l'impunité d'Israël et la
complaisance dont le président de
la République et le gouvernement
font preuve à son égard.
Roger Hillel
Face à un polémiste haineux,
le MRAP solidaire
de Stéphane Hessel
«Quand un serpent venimeux est doté de
bonne conscience, comme le nommé
Hessel, il est compréhensible qu'on ait
envie de lui écraser la tête.» Le MRAP est
indigné par ces propos ainsi tenus sur
Facebook à l’encontre de Stéphane Hessel,
co-rédacteur de la déclaration universelle
des droits de l'homme de 1948 et connu
pour son engagement au service de la paix
au Moyen-Orient. De tels propos insultants
et indignes tenus par Pierre-André Taguieff,
directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’IEP de Paris, ne peuvent qu'attiser
la haine. Le MRAP demande avec force que
le CNRS et l’IEP condamnent sans équivoque Pierre-André Taguieff. A cette occasion,
le MRAP renouvelle son soutien sans faille
et sa solidarité à Stéphane Hessel, poursuivi devant la justice au titre de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement,
Sanctions) qui se développe en France et
en Europe et qui appelle à boycotter les
produits issus des colonies dans les territoires occupés illégalement par l'État israélien
au mépris du droit international.»
9
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Camp du Vernet : un bouquet pour chaque tombe
Ariège.
Président de l’Amicale des anciens internés politiques et résistants du camp de concentration du Vernet
d’Ariège, Raymond Cubells a présenté samedi 9 octobre le nouveau cadre de ces lieux si longtemps désolés. Devant
une nombreuse assistance, il a tourné la page de l’oubli avec le nouveau cadre offert aux visiteurs aux abords de la
Nationale 20. Ils sauront désormais que 60 nations ont laissé ici un lambeau de leur histoire
Au village, il y a le Musée, un peu plus
loin, la gare, mais ici reposent 152 des
30 à 40 mille détenus qui y furent rassemblés entre 1940 et 1944. La
République française de 1939 enferma
au Vernet les «indésirables étrangers»
qu’étaient pour elle les vaincus de la
guerre d’Espagne et l’Etat français de
Pétain les y conserva, en y ajoutant en
août 1942, les familles juives raflées en
Ariège.
Jusqu’en 1970, la stèle qui dominait le
cimetière dissimulait les raisons de cet
internement par l’anodine inscription
«Aux étrangers morts loin de leur
patrie» comme s’il s’était agi de simples
touristes. Il a fallu attendre 1976 pour
que fût enfin gravée sur cette stèle la
véritable raison de leur engagement:
«Aux combattants antifascistes connus
et inconnus morts pour la liberté des
peuples»!
Les raisons de Vichy ont tenu 37 ans
contre tous les antifascistes: les Italiens,
notamment
garibaldiens,
contre
Mussolini dès 1922, les allemands anti-
nazis contre Hitler dès 1933, les
Républicains espagnols contre Franco
depuis
1936,
les
Brigades
Internationales venues défendre la jeune
république espagnole aux temps de
l’inacceptable non-intervention.
Nul besoin de guide
Cinq panneaux historiques à l’épreuve
des intempéries, disposés à demeure le
long des allées qui mènent au cimetière,
rappellent que le camp du Vernet n’était
que l’antichambre de déportations
encore plus sévères: 4.679 personnes
sont parties en 26 convois vers les
camps du sud-algérien quand Vichy y
sévissait encore, ou vers les îles anglonormandes pour édifier le «mur de
l’Atlantique» d’Hitler, ou tout simplement vers Auschwitz et Dachau.
Plus loin sont placés en quinconce des
poteaux en bois marqués du nom de la
soixantaine de nationalités qui ont
figuré dans le camp. Compte tenu des
corps récupérés par les familles, il reste
donc 152 sépultures dans l’actuel cime-
Le drapeau des guérilleros flotte aux côtés de celui de la République espagnole. Au loin,
les quatre barres catalanes. (Photo Patriote)
tière, de 20 nationalités différentes. Il y
en a même d’inconnus, tels les «indésirables étrangers» d’aujourd’hui: et si,
par un cruel retour aux sources, c’étaient
des «Roms»?
Avant de se séparer pour le vin d’honneur municipal, on remarquait l’absence
du préfet ou de son représentant, et
même du maire de Saverdun qui avait
pourtant invité à la cérémonie. Les nombreux participants à ce vernissage ont
reçu un simple bouquet qu’ils ont été
invités à déposer sur chacune des tombes. Il y a au moins en Ariège un lieu où
l’honneur est internationalement sauf.
Jean Laïlle
Lluis Companys et les Républicains espagnols
Mémoire. Samedi 16 octobre, à Saint-Cyprien, l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance avait
organisé, avec l’aide de la municipalité, une cérémonie au monument élevé par Jean Olibo à la mémoire de Lluis
Companys, exécuté à Barcelone 70 ans plus tôt, et à celle des Catalans engagés dans l’armée française.
Parmi l’assistance très importante, l’on remarquait de
nombreux élus locaux, les représentants de nombreuses associations de mémoire, une forte délégation
venue de Catalogne et Monsieur le Consul général
d’Espagne.
La Santa Espina, Els Segadors, l’Hymne de Riego et La
Marseillaise ont entrecoupé les interventions de M.
Frances Canet (adjoint au maire de Figuères, député
ERC aux Cortes et secrétaire du Triangle Blau), Mme
Chantal Semis (secrétaire départementale de l’Amicale
des Guérilleros FFI), M. Georges Sentis (président
départemental de l’ANACR), M. Thierry Del Poso (maire
de Saint-Cyprien et président de la Communauté de
communes Sud-Roussillon) et M. Marcel Mateu (viceprésident du Conseil général).
Marcel Mateu évoqua les derniers jours de Lluis
Companys, son arrestation à La Baule le 20 juillet
1940, son incarcération à la prison de la Santé à Paris,
son extradition, les tortures subies à Madrid, la parodie
de jugement, sa condamnation à mort et son exécution
à Barcelone le 15 octobre 1940.
Pour Frances Canet, si l’homme Lluis Companys est
mort le 15 octobre 1940, son engagement politique
pour le progrès social, la démocratie, pour une
Catalogne partie d’une Espagne républicaine et fédérale, sont toujours d’actualité. En conclusion, il a appelé
à soutenir l’action menée pour obtenir l’annulation du
procès de Lluis Companys et donc sa réhabilitation officielle.
Comment honorer la dette que les Français ont envers ces
résistants étrangers? s’est interrogé Georges Sentis.
« Comment honorer la dette que les
Français ont envers ces résistants
étrangers ? »
Quant à Chantal Semis, elle a rappelé que le combat
des Républicains espagnols contre le fascisme européen ne s’est pas arrêté en février 1939. Près de
10.000 d’entre eux se sont engagés à l’automne 1939
dans l’armée française, de nombreux autres dans les
Groupements de Travailleurs Etrangers. Envoyés sur le
front, plus de 7.000 d’entre eux ont été faits prisonniers en juin 1940 et enfermés dans divers stalags. Ils
en furent sortis et expédiés au camp de Mauthausen
sans que le gouvernement de Vichy ne défendent ces
soldats portant l’uniforme français. Au camp de
Mauthausen, 70% d’entre eux périrent.
D’autres Républicains espagnols combattirent
l’Occupant et les collaborateurs soit politiquement au
sein de l’Union Nacional Española, soit militairement
au sein des Guérilleros FFI ou des FFL. Ils constituaient
la 9e compagnie du Régiment de marche du Tchad qui
s’illustra à la libération de Paris.
Comment honorer la dette que les Français ont envers
ces résistants étrangers? s’est interrogé Georges Sentis.
Une seule réponse: en luttant obstinément contre toute
manifestation xénophobe ou raciste. Car, si les premières mesures prises par Vichy au cours de l’été 1940 ont
été d’abord xénophobes (création d’une commission de
révision des naturalisations dès le 22 juillet), elles ont
très vite pris un caractère raciste, antisémite. Ainsi le
1er Statut des Juifs prévoyait que «les ressortissants
étrangers de race juive pourront être internés dans des
camps spéciaux par décisions des préfets». Mesure que
le préfet des Pyrénées-Orientales avait anticipé en
regroupant au camp de Saint-Cyprien plusieurs centaines de Juifs belges.
Evoquer ces événements vieux de 70 ans, c’est rappeler la fragilité de la démocratie et les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité. Aussi Thierry
Del Poso s’est félicité que, au-delà des différences
idéologiques et politiques, c’est cette volonté de défendre les droits de l’homme qui avait réuni les nombreux
participants de cette cérémonie.
G.S.
10
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Les « Sakados » des étudiants
Aide humanitaire. Les associations étudiantes «le Fil Rouge» et «Ramène ta fraise» sont porteuses d’un projet en direction des sans-abri du département.
Ce projet consiste à sensibiliser la communauté universitaire au sort des sans
abris du département. Selon les statistiques officielles de 2004, 3.500 personnes
étaient dans cette situation et tout indique que c'est encore bien pire en 2010.
Ce triste constat a motivé les deux associations étudiantes pour agir, même si
elles sont conscientes «qu'elles ne feront
pas des miracles».
Elles vont le faire par le biais de sacs à
dos, chacun étant rempli par quatre type
d'objets. Kit chaleur (homme et femme
différenciés): pull, chaussettes, blouson,
bonnet, gants, pantalon ou jupe, chaussures, couverture, duvet, écharpe, chemise...
Kit hygiène (homme et femme différenciés): brosse à dents, dentifrice, gel douche, coton tiges, soins pour le corps,
miroir, ciseaux, brosse à cheveux, maquillage, barrettes, protection féminine, rasoir,
mousse à raser, lingettes, nécessaire de
couture, mouchoirs en papier... Kit culture
et communication: livre, timbres, papier à
lettres, plan de ville, stylos, carnet de
notes, recharge GSM, lampe de poche à
générateur, poste de radio, pince multifonctions... Kit festif: chocolats, marrons
glacés, conserves de qualité, gourmandises, boissons non alcoolisées...
novembre, ils seront remplis en les présentant dans quatorze points de collecte
dont neufs sont organisés conjointement
avec le Secours populaire. Enfin, avant les
vacances de Noël, les sacs seront distri-
bués avec le Samu social par des étudiants volontaires identifiés par des chasubles.
Roger Hillel
Cette opération fonctionne
selon quatre principes
Pas d’argent circulant; les médias et
Internet sont les porte-voix de l’opération; elle se met en place avec les structures d’aides aux sans abris (Samu social,
Croix-Rouge, Secours populaire.) Et enfin,
elle fonctionne au moment des fêtes de
fin d’année et durant la saison où le froid
et les intempéries isolent encore plus les
sans-abri.
En octobre, des sacs vides de 25 à 30
litres ont été collectés ou achetés avec le
soutien financier de l'université. En
HLM : la CSF dénonce
un véritable racket
sur le dos des locataires !
Logement social. La Confédération syndicale des
familles, 3e organisation nationale de locataires,
appelle l’ensemble de son réseau et de ses partenaires à mettre en échec le projet gouvernemental visant
à prélever en 3 ans un milliard d’euros sur les loyers
perçus par les organismes HLM. Intégrée au projet de
loi de finances 2011, cette mesure permettrait à l’État
de collecter pour son compte 2,5% des loyers HLM,
soit l’équivalent de 80 euros par locataire et par an!
Cette ponction sur les loyers aurait des conséquences catastrophiques pour les familles. Elle se traduirait très concrètement par une baisse mécanique du
nombre de logements sociaux construits (de l’ordre
de 20.000 logements par an); par une détérioration
du parc existant, de nombreux travaux d’entretien et
de réparation ne pouvant plus être financés. Cette
ponction vise clairement à compenser la baisse du
budget de l’État en faveur de la construction de logements sociaux, qui passerait ainsi de 630 à 60 millions d’euros entre 2010 et 2013! Du jamais vu,
alors même que plus de 1,2 millions de personnes
sont aujourd’hui en attente d’un logement à loyer
modéré. Désormais, c’est sur les locataires HLM,
déjà précarisés par la crise, que reposera le financement de la construction de nouveaux logements
sociaux.
Pour la Confédération syndicale des familles, ce désengagement de l’État est inacceptable. L’État doit
continuer à assumer sa responsabilité de garant de
la solidarité nationale et du droit à un logement de
qualité pour tous. La CSF appelle les locataires, les
parlementaires et l’ensemble des acteurs du logement à se mobiliser activement pour empêcher par
tous les moyens que cette ponction ne devienne
effective.
[email protected] - http://www.la-csf.org
Contacts: Farid (à g.) 06.46.32.79.63 ou Raphaël 06.84.26.38.22 (à d.)
Polémique autour d'un canal d'arrosage
Rivesaltes. Une association de riverains du canal d'arrosage conteste le fonctionnement de l'ASA gestionnaire.
Ce n'est pas une mince affaire, ce canal d'arrosage de
Rivesaltes dont l'existence remonte à 1313, dans lequel
s'écoule depuis son origine de l'eau prélevée dans l'Agly, à
laquelle se sont ajoutées des eaux forcées issues de huit
forages. Il assure l'irrigation de terrains agricoles situés
dans un périmètre défini en 1796 dont les usagers se sont
groupés en 1850 au sein d'une association de propriétaires. Pour payer le vanneur qui manipule les panneaux d'arrosage et entretient le système hydraulique, une taxe est
prélevée auprès des propriétaires, dont le montant est calculé en fonction de la superficie de leurs terrains.
Seulement voilà, avec le temps, au sein de ce périmètre
des parcelles n'ont plus été exploitées, des habitations
ont été construites, des lotissements ont été aménagés
par la mairie. Et hors de ce périmètre, de nouveaux terrains agricoles ont été créés qui bénéficient de l'arrosage
du canal. En principe, ce suivi devait être assuré par l'association de propriétaires qui s'est transformée en 2004,
conformément à la nouvelle réglementation, en ASA
(Association syndicale autorisée) du canal de Rivesaltes.
Or, c'est là où le bât blesse.
« C'est incroyable que la préfecture
ferme les yeux là-dessus »
Pendant plus de 30 ans, l'association de propriétaire devenue ASA n'a pas convoqué d'assemblée générale statutaire
et ce n'est qu'en mai 2008 qu'elle a dû s'y résoudre à la
demande expresse de la préfecture. Mais, cette AG a tourné
court, de sorte que la contestation de plusieurs propriétaires
exigeant une ASA «équitable et transparente» a pris une
tournure plus radicale avec la création en août 2009 de
l'ATAR (association des tenanciers de l'arrosage de
Rivesaltes). Selon ses porte-parole, des propriétaires ont été
exonérés de la taxe ou ne la paye plus en fonction de la
superficie de leurs terrains. Qui plus est, la mairie qui possède 160 hectares dans le périmètre d'arrosage ne paie plus
la taxe proportionnellement à cette surface, mais se
contente de verser une subvention à l'ASA.
Pour eux, l'opacité est totale. Aussi, demandent-ils au préfet
d'intervenir pour mettre en conformité le fonctionnement de
l'ASA avec ses statuts, expliquant que «les taxes sont variables, au bon vouloir du syndic en place. Certains sont exonérés, des parcelles ont été soustraites ou ajoutées, d'autres
propriétaires modérément taxés et la grande majorité paye
le prix fort avec ou sans eau!»
Ils demandent une enquête publique pour redéfinir le périmètre des parcelles bénéficiant de l'arrosage du canal, et
pour créer une nouvelle ASA. Mais la préfecture ne bouge
pas. La mairie dont un des adjoints est vice-président de
l'ASA fait la sourde oreille. L'ATAR a déjà déposé quatre
mémoires devant le tribunal administratif de Montpellier.
«Elle mise sur une justice impartiale, certaine que son dossier est fort, juste et étoffé.»
R.H.
11
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Les photographies de Georges Bartoli, nées
de 25 ans de patiente écoute du monde
cheminot, et les mots de Didier Daeninckx,
qui n’oublie jamais que la fiction peut être
un argument décisif de lutte, témoignent
d’un monde complexe, hiérarchisé, diversifié
et pourtant uni qui vit, semble-t-il, sous nos
yeux, de nos jours, ses derniers temps. Les
gens du rail, ce peuple cheminot qui oeuvre
dans les ateliers, font rouler à toute heure les
trains, accueillent le voyageur dans les gares,
ces temples de l’errance industrielle, entretiennent les milliers de kilomètres de voies au
pas lent des marcheurs, ces gens du rail sont
les derniers témoins d’une grande entreprise
unie, solidaire.
Ce que les photographies attestent en le montrant, la fiction du romancier le suggère : et si la
France perdait son train ? Chaque lutte pour
sauver le rail est vertueuse; parce qu’ils les
connaissent, en savent la pudeur et les excès,
Didier Daeninckx et Georges Bartoli proposent,
chacun dans son mode d’expression, un portrait
intime et générique des Gens du rail.
Successivement ouvrier, imprimeur, animateur
culturel et pigiste, Didier Daeninckx se tourne
vers l'écriture, après quelques années de passage
à vide. Son premier roman, Mort au premier tour
(1982), suivi de Meurtres pour mémoire (1984)
marquent le début d'une carrière littéraire
récompensée par de nombreux prix : Grand prix
de littérature policière, Prix Louis Guilloux, Prix
Goncourt du livre de jeunesse ainsi que le Prix
Paul Féval de Littérature Populaire, en 1994,
pour l'ensemble de son oeuvre.
19h30, place Rigaud, Perpignan. Le soir
tombe mollement sur cette journée d’octobre. La lumière est belle, automnale, filtrée et subtile. Les rouges de la ville sont
ocres sous la lumière balbutiante des
lampadaires de la placette. A moins que
mon deuxième Picon bière ne me fasse
voir la vie en rose…
De mon poste de guet, la terrasse du
Lisboa, un sympathique restaurant portugais, je vois un groupe de jeunes du quartier, engagés dans une partie de ballon.
Soudain ils se figent. Un des gars met le
pied sur le ballon. Je les shoote. Puis je
comprends. Une bagnole de flics en
tranquille d’un mardi soir comme les
autres. Ironie. Sur la gauche, placardée
sur le mat d’un lampadaire, un panneau
tente de dire «Jeux de ballons interdits».
Le gamin face à moi, posture indolente,
regard tourné vers la voiture de
patrouille, jambes croisées, est une pure
image d’insouciance. Tranquille. Pas vu
pas pris. Au-dessus de lui, au frontispice,
flottent ces deux mots: «Temple protestant». C’est sur la porte du temple que le
jeune en short s’appuie. La porte, c’est la
cage des buts. Le jeune, c’est le gardien
de but.
Finalement, pas dupe, un flic municipal
GENS DU RAIL
Didier DAENINCKX (textes)
Georges BARTOLI (photographies)
Editions Privat - Collection Patrimoine
28,50 x 28,50 cm - 200 p – 39 euros
D’origine catalane, Georges Bartoli a d’abord
travaillé dans la presse quotidienne régionale
(Midi-Libre, L’Indépendant). Il a ensuite réorienté
son activité vers les problèmes de société en
France et à l’étranger, en collaboration avec le
journal l’Humanité, l’Agence France Presse et
REA, puis avec Reuters et Maxppp. Il est actuellement photographe indépendant et ses reportages sur l’altermondialisation, le monde du travail, la Palestine ou le Vénézuéla sont diffusés sur
le site fedephoto.com.
Dialogue. Goguenard. Ils se connaissent
ceux-là. Ça sent la vieille rengaine. La
routine quoi. Chacun dans son rôle. Les
flics repartent. Le jeu reprend.
Je me demande si ces jeunes étaient
dans la manif tout à l’heure. En les
voyant shooter dans leur vieux ballon
fatigué, je repense aux questions que se
posent les grands médias en ce moment:
«Que font les jeunes dans les manifs
pour la retraite? Pourquoi manifestentils, eux qui ne sont pas concernés avant
au moins 30 ans?» Il paraît que les
autres pays nous voient comme des fous,
des agités, éternels insatisfaits, rêveurs
sang, livré aux syndicalistes. La grève
serait à ranger avec les attributs rassurants de l’iconographie franchouille que
sont le béret, la baguette et le camem
bert qui pue. Ils ne comprendront jamais
ces médias étrangers la colère de ces
jeunes. Ils ont trop tété la mamelle aigre
du thatchérisme. Ils n’ont qu’un logicie
installé dans la tête. Celui du libéralisme
de la réussite individuelle, de la compé
tition et du profit. Il ne sont pas équipés
pour comprendre. Un mot surtout a disparu de leur dictionnaire. Un mot clé, un
mot qui fait défiler les jeunes dans la
rue. Le mot solidarité.
12
« Les princes
du tsigane »
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Victor Démé
Théâtre de l’Archipel - Théâtre Municipal. Samedi 30 octobre à 20h30.
Amis D’Alain Marinaro à Argelès.
Samedi 30 octobre à 17h, Galerie
Marianne, dans le cadre des «
Musicales » d’Argelès-sur-Mer
Galdric Subirana a 21 ans; il vient d’obtenir la licence au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Lyon
et il est titulaire du 1er Prix du
Concours International de Vibraphone
de Clermont Ferrand. Il initiera ses auditeurs aux sonorités originales et aux
aspects techniques du vibraphone, par
l’interprétation d’un andante de JeanSébastien Bach et d’une pièce d’un
compositeur contemporain. Ensuite,
avec sa sœur violoniste, Cécile (15 ans),
il proposera un programme viennois
divertissant de danses russes et tsiganes.
Après cette heure musicale, une
dégustation vente sera assurée par
la cave de l'Abbé Rous. Entrée avec
libre participation.
Renseignements au 04.68.89.65.96
ou au 04.68.81.10.15
Le Tailleur de rimes! Comme un clin d’œil à
son enfance, Victor Démé pose sur la
pochette de son album «Déli» un mètre
ruban autour du cou sur une chemise colorée. Aujourd’hui, après deux ans d’un succès savouré, il nous livre les 14 joyaux de
Déli, qui naviguent entre blues mandingue,
folk, country, rumba et afro- beat.
Victor Démé est l’humilité même. Il ne fait
pas partie de ces artistes qui s’appuient sur
les artistes de renom pour dire que sa musique est excellente. Alors quand on lui parle
de son titre «Woko Baya Guéléma» sur
lequel Fémi Kuti est venu, il dit que peu
importe son nom, qu’il est simplement fier
que Fémi ait accepté de venir sur son
album et que l’important c’est ce qu’il en
ressort.
C’est auprès de sa mère griotte Aminata
Démé renommée dans la ville que Victor
apprend le chant. Une enfance entre tradition couturière et héritage musical, entre la
machine à coudre et la guitare ... En 2007,
avec l'aide du journaliste David Commeillas
et des activistes de Soundicate, ils fondent
le label Chapa Blues Records. Il travaille
donc son 1er album dans le petit studio
que l'équipe du Ouagajungle a bricolé à
Ouagadougou. Dans ce premier album,
c'est une invitation au voyage et au dépaysement à travers des textes poignants,
reflet du vécu de l'artiste.
Après une longue tournée semée de festivals, du Printemps de Bourges à Jazz Sous
Les Pommiers, Victor Démé enregistre son
deuxième album à la maison avec le guitariste, arrangeur et chef d'orchestre Issouf
Diabaté, les frères poly-instrumentistes
Diarra et le violoniste de Dimitri
Artemenko. Le blues mandingue saupoudré d'afrobeat de Victor Démé se
révèle toujours aussi envoûtant.
Bertrand Belin avec son album,
Hypernuit, est célébré, à juste titre,
comme l'un des meilleurs albums de
la rentrée en France. Talent repéré par
les Inrockuptibles.
Tarif abonnement privilège 12€ /
abonnement découverte 13€ / carte
Pop 15€ / tarif normal 18€
Toâ
De Sacha Guitry. 4 novembre.
Toâ est une pièce-bilan pour Sacha
Guitry. Il pose sur lui-même et sur son
théâtre un questionnement. Il se
moque de lui-même, en même temps
qu’il s’y défend des critiques qu’on lui
fait. Car derrière l’auteur à succès,
surnommé alors Monsieur Moâ en
raison de son égocentrisme, il y a
l’homme et bien sûr il y a l’artiste !
Plein Tarif: 18€ Tarif ECT-SCT : 15€
Abonnement Découverte : 13€
Abonnement Privilège : 12€
Stacey Kent
A l Affiche
Bages
La compagnie Cielo vous invite au spectacle «Le Tandem en folie». Samedi 30
octobre, salle des Fêtes à 20h30
Perpignan
El mediator. Vendredi 29 octobre.
Sound System La Main Verte. Papet J Dapatch Selector - Ranking Saiden Sista I Queen - Large Up Sound
Sur le point de fêter ses 10 ans, La
Main Verte remet le couvert et nous
propose une soirée Sound System sur
un plateau (costaud)! Avec deux des
plus significatifs représentants de la
scène reggae ragga française qui viendront mettre le feu à la soirée: Papet J
des Massillia Sound System et son Rub
a Dub phocéen ainsi que Lord Bitum (ex
K2R Riddim) baptisé «la mitraillette
vocale» au flow époustouflant. Ils
seront épaulés par Dapatch selector aux
manettes et de Don Saiden (révélation
régionale). Préparez vous les massives,
il y a du Pull-Up dans l’air!
Jeudi 4 Novembre à 21h. Eric Mc
Fadden Alternatif - Expérimental.
13€, 10€ Carte Pop
Jazz, Chansons, Musique du Monde.
5 novembre.
Plein Tarif : 30€ Carte Pop : 27€
Abonnement Découverte : 25€
Abonnement Privilège : 24€
Langages abscons
Théâtre de l’Archipel. « La traversée des langages » d’Armand Gatti laisse le public à quai.
Perplexité, voilà résumé l’état d’esprit qui
dominait, vendredi dernier, au sortir du
spectacle dont l’intitulé pouvait déjà susciter quelques inquiétudes, sauf si l’on pensait qu’il s’agissait d’une forme suprême
d’humour, «La traversée des langages, ou,
les possibilités de la symétrie virtuelle se
cherchant à travers les mathématiques,
selon les groupes de la dernière nuit
d’Evariste Galois». Ce dernier, rappelons-le,
est mort en duel à 21 ans, la nuit d’avant, il
faisait une découverte mathématique décisive. Cette destinée, ainsi que celle de Jean
Cavaillès, autre brillant mathématicien et
résistant, ont inspiré à Armand Gatti (fils
d’immigrés italiens, résistant, déporté, journaliste, auteur et metteur en scène) un
texte aussi foisonnant que totalement hermétique, mêlant sciences, politique, poésie
et résistance à l’oppression. Un texte au
cœur d’un projet théâtral porté par l’association IDEOKILOGRAMME qui a travaillé
avec des jeunes de quartiers, La Paillade,
notamment. Saluons l’enthousiasme et la
pugnacité de ces interprètes, non professionnels, embarqués dans une aventure des
plus insolites. Sur des chorégraphies largement inspirées des arts martiaux, qui occupent pertinemment l’espace scénique, ils
tentent de donner corps et sens à ce qui
apparaît comme une succession de mots
sans lien. Sacrée gageure, mais le public ne
s’y retrouve pas, et sombre dans l’ennui le
plus profond. Dommage, pour ceux qui se
sont investis, dommage pour Gatti(il était
présent dans la salle, l’Institut Jean Vigo lui
consacrant en même temps une rétrospective,) 86 ans et toujours le poing levé.
N.G.
13
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Coup d’envoi réussi, avec
« Virage dangereux » de J.B. Priestley
Théâtres d’automne à Thuir. Par tradition, la compagnie des Beaux Masques de Thuir,
puissance invitante, inaugure le programme des Théâtres d’automne. Fidèle au rendezvous le public avait rempli la salle. Un public attentif, averti, en phase intime avec ses
comédiens qui disaient à leur sortie de scène à quel point il les avait portés et soutenus
tout au long de la représentation.
Atelier théâtre
pour les 13-16 ans
Théâtre de la Rencontre.
Le Théâtre de la Corneille vous informe de
la reprise de ses ateliers pour les adolescents de 13 à 16 ans les mardis de 18h à
20h au Théâtre de la Rencontre.
Cet atelier mené dans le cadre du CUCS
(contrat urbain de cohésion sociale) en liaison avec le centre social Maison de SaintMartin est dirigé par Michel Picod. Au
cours de cet atelier sont proposés des jeux
théâtraux pour s'approprier le plateau:
mimes, improvisations, virelangues...
Le jeu théâtral doit favoriser l'expression
artistique de chacun en restant à l'écoute
de l'autre. Cet atelier permet de valoriser
les adolescents vis-à-vis d'eux-mêmes et
de leurs camarades, leurs offrir un autre
regard, une autre perception du monde du
théâtre. Former de nouveaux spectateurs
ouverts au spectacle vivant en éveillant leur
curiosité, en stimulant tant leur créativité
que leur esprit critique.
Théâtre de la Corneille au
04.68.57.37.17
Michel Picod au 06.37.51.86.52
«Sur quoi on ouvre chef?»
Institut Jean Vigo. Mardi 2 novembre 19h / Arsenal - salle Marcel Oms
«Virage dangereux», comédie de J.B.
Priestley, œuvre complexe, grave et
légère à la fois, recèle en effet quelques
pièges, surtout pour des comédiens amateurs. Elle s’ouvre sur un salon typiquement anglais, occupé par des personnages à l’apparence très conventionnelle,
réunis pour une soirée de bavardages
bien arrosée autour d’une commère à
l’oreille attentive, prête à colporter ici et
là toutes les confidences recueillies.
Celle-ci sort très rapidement, laissant le
groupe (frères, épouses, amis très proches) à son intimité. Cela démarre autour
de la mort d’un frère très aimé, qui s’est
récemment suicidé. On ne vous en dira
pas plus car le sujet ne doit pas être
défloré. Car tout repose, à l’anglaise c’est en ce sens un modèle du genre-,
dans les cheminements des confidences,
des demi vérités, des vrais mensonges et
des petits bouts d’aveux, pour un déballage habilement mené d’une histoire
banale, habillée de bout en bout de fauxsemblants et de fausse ingénuité.
Comédie dans sa dominante, la pièce est
douce-amère, le drame y frôle le ridicule,
le jeu de cache-cache y est permanent.
Les comédiens, après un temps d’adaptation, dû à la situation statique du
début, qui les rend un peu gauches,
dominent ensuite le déroulement de tous
ces aléas avec une aisance, une verve,
une maîtrise des situations qui nous
entraînent avec eux jusqu’au bout.
Chapeau aux comédiens de la Troupe des
Beaux Masques, chapeau à Florence
Giudicelli, qui les a mis en scène. On leur
souhaite, avec ce spectacle, une belle et
heureuse tournée.
Yvette Lucas
Le regard singulier de Pierre Corratgé
Deux expos pour illustration.
La balade s’impose, de la galerie
Thérèse Roussel à l’agence Clémenceau
de la BPS, ou vice-versa, pour découvrir
la nouvelle production du photographe
Pierre Corratgé, créateur aux multiples
facettes, la diversité des images exposées l’atteste.
A la banque, l’exposition s’intitule « Les
yeux ouverts », elle montre New York en
noir et blanc, rues, immeubles, perspectives, gens, un regard singulier, que l’on
devine nourri de bien d’autres visions,
tableaux, de Hopper, sûrement, films…
un vibrant écho à toute une culture
américaine, celle qui nous est chère.
« Interventions », c’est chez Thérèse
Roussel ; le titre déjà indique une activité, l’artiste ne s’est pas borné à prendre des photos, il a travaillé dessus. Les
murs de la première salle sont traversés,
en leur centre, d’une bande grise et
bleue, variations sur la plage de
Torreilles, qualifiées par l’artiste de
«paysage recomposé», l’œil se perd
dans les vagues, s’étonne de l’effet produit par d’infimes fractures verticales.
Salle suivante, autre univers, on croirait
des fresques, ce sont des polaroïds
détachés et recollés. Natures mortes
aux teintes sépia, personnages figurés
par de longilignes silhouettes, des images aux allures de songe, de lointains et
précieux souvenirs. Un travail qui vous
parle et vous émeut.
N.G.
A voir jusqu’au 6 novembre
Galerie Thérèse Roussel 7 pl Joseph
Desprès Perpignan
Banque populaire 38 bd Clémenceau
L’Institut Jean Vigo propose, en collaboration avec le Théâtre du Gecko et Rime
aux Romarins à l’occasion de la création
théâtrale «Sur quoi on ouvre chef?» de
Bernard Revel, Numéros zéro de
Raymond Depardon, France 1977.
Claude Perdriel, directeur du Nouvel
Observateur, décide de lancer un quotidien d'information: Le Matin de Paris.
Raymond Depardon s'immerge au cœur
d'une rédaction en ébullition qui prépare
les essais avant parution du premier
numéro du journal. Dans Numéros zéro Naissance d’un journal, Depardon filme,
telle une petite souris, les quinze jours
de travail qui
ont précédé la
naissance de ce
quotidien «de
gauche populaire» qui disparaîtra en 1988.
Un document
passionnant sur la
presse dans les
années 70.
La projection sera
suivie d’un débat
animé par Bernard Revel, dramaturge,
journaliste, éditorialiste de L’Indépendant
de 2001 à 2008, Christian Hernandez,
metteur en scène et les comédiens de la
pièce «Sur quoi on ouvre chef ?»
Projection à 19h, salle Marcel Oms,
Arsenal, 1 rue Jean Vielledent,
Perpignan. 04.68.34.09.39
www.inst-jeanvigo.eu
14
N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010
Village Vacances
L’OLIVETTE
22, chemin Saint-Pierre
66700 ARGELES SUR MER
Fax 04 68 81 21 10
e-mail : [email protected]
04 68 81 03 12
Table ronde « Quel devenir pour
nos services publics ? »
avec «La Bande à Pépère», un concert
acoustique où Brassens et Trenet se
mêlent aux compositions de ces quatre
musiciens rocatins et villelonguais.
L’humour et la poésie de Pépère au travers de chansons émouvantes:Avril 48,
Je m’délabre, l’Esprit d’ici…
Suivi du concert de Patrick Ramone,
chanteur-poète catalan qui, fort de plusieurs albums, a réussi à marquer notre
mémoire collective par une sensibilité
et des mots servis par une musique
unique et jouée par des musiciens hors
pair.
Entrée 5€. Buvette, gâteaux, fruits.
Réservation:
Martine
au
06.30.57.58.85 ou Albert au
06.35.97.27.79
En présence de Pierre Aylagas et Jean
Vila, conseillers généraux, d’un représentant du Collectif départemental de
défense des services publics et
Christian Nauté, maire de Laroquedes-Albères.
Avec les témoignages de Agnès Roque
(infirmière hospitalière), Véronique
Bourquard (enseignante, syndicaliste),
Eric Fontaine (La Poste).
Samedi 6 novembre - 15h30 - salle du
FAC à Laroque-des-Albères.
Rencontres citoyennes organisées par
le Comité rocatin d’initiatives citoyennes (CRIC).
Pour clôturer la journée de rencontres
citoyennes, le CRIC organise un concert
annonces légales - annonces légales
Association d'Avocats Conseils
Hervé GERMA - Pierre POVEDA
Anne BAISSAS de GUARDIA
Michel ARIES - Philippe BLAIN
Virginie MARTEILL - Olivier VIENNE
CENTRE PLUS - 9 Rue Camille Desmoulins
66027 PERPIGNAN Cedex
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IMMATRICULATION au RCS de PERPIGNAN.
SIEGE SOCIAL : PERPIGNAN (66100) 70, Avenue Alfred Kastler
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l'import/export de tous produits de communication ; Toutes prestations liées à la
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est habilité à publier
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DUREE : 99 ans
CAPITAL : 8.000 euros
Avis est donné de la constitution d'une Société présentant les caractéristiques suivantes :
DENOMINATION : CYLIOPRINT
COGERANCE : Lionel LELIEVRE, demeurant à CABESTANY (66330) 15, Rue Maurice
de Broglie, et Cyrille SABATIER, demeurant à PERPIGNAN (66000) 42, Rue des
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Site Internet : http://www.pompes.funebres.fr
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66000 Perpignan
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Tél. 04 68 51 30 20
Tél. 04 68 73 50 50
Renseignements au 04 68 67 00 88 ou au
journal, 44 avenue de Prades - Perpignan
Lundi - Mercredi - Vendredi : 14h à 18h
Fax 04 68 67 56 14
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Prévoyance Obsèques
Testament Crématiste
Organisation d’obsèques
Cimetière St Michel 66 140 Canet en
Roussillon
Renseignement et devis 04 68 73 50 50 ou
www.pompes.funebres.fr
15
Pétition
Liste de signataires
(suite)
Alleg Henri, militant anticolonialiste Palaiseau
Arbiol-Pous Sylvie, psychologue
Argence Chantal, responsable syndical
Bernardeau Yannick, délégué syndical SNJ Le Quotidien de la Réunion
Biesse Eric, reporter d'images
Bolzinger Jean-François, secrétaire
général UGICT-CGT
Bornon Patricia, UD CGT Lozère
Carrazoni Amandine, conseillère
municipale Carcassonne
Chassaigne André, député
Croisé Nathalie, journaliste
Delay Denis, médecin
Devers-Dreyfus Nicolas, journaliste
Deveze Hubert, ancien maire de
Audun-le-Roman (55)
Dumontaux Jacques, ancien secrétaire national du NSNEP FSU
Emeriau Luc, journaliste
Franquesa Michel, secrétaire PCF
Perpignan
Gibelin Jean-Luc, directeur d’hôpital
Girard Alain, maître de conférences
UPVD
Girodeau Gildas, agriculteur et écrivain
Grisenti Martine, enseignant chercheur
Hesnard Annie, contrôleur DGFIP
Jacobousky Loïc, jardinier biologiste
Jacquet Guy, comédien, metteur en
scène
Javelas Pierre, principal honoraire
Larruy Marie-Ange, conseillère municipale Limoux
Lépine Serge, maire de Camplong
d'Aude
Lewkowicz Jacques, professeur
d'université
Magniadas Jean, économiste
Malet Nathalie, syndicaliste
Maratrat André, ancien résistant
déporté NN
Marolo Eric, UD CGT Lozère
Mascré Sandra, attachée de communication
Maury Francis, instituteur
Noell François, psychologue
Pages Lucien, président des Ciné
Rencontres
Passet Michel, maire adjoint
Montpellier
Pillon Danilo, adjoint au maire
d’Argelès
Pous Philippe, architecte
Pujol Henri
Queyeix Jean-Pierre, professeur
Rey Nicole, responsable association
de mémoire
Rivailler - Delnotte Jacqueline, médecin
Savy Max, vice-président Thau Agglo
Senseby Didier, enseignant
Severac Marc, secrétaire Adecr 66 Adjoint au maire d’Argelès
Surroca Michel, ingénieur verrier
retraité
Tournissa Jean-Paul, syndicaliste
enseignant
Triviño Dolores, enseignante
Tulumello Isabel, professeur
Vigo Luce, journaliste Paris
Wlosczowski Roland, ancien conseiller municipal Paris
Le pluralisme de la presse est en danger!
Le Travailleur catalan est menacé de
disparaître définitivement cette année. Les
lecteurs réguliers ou occasionnels de ce
journal ne peuvent pas l'accepter.
Depuis sa création en juillet 1936, le
Travailleur catalan a profondément
changé. Aujourd'hui, il porte plus
largement les voix diverses de la
contestation du capitalisme et de la
transformation sociale, pour nourrir le mouvement
populaire et social d'idées progressistes, pour soutenir toutes les luttes
qui se mènent dans le département et ailleurs. S'il devait cesser sa
parution, ce serait un appauvrissement considérable du paysage politique
et médiatique, un affaiblissement de tout le mouvement social.
Les temps sont durs pour la presse en général, mais ils le sont encore plus
pour la presse d'opinion.
Seul journal de gauche des P-O, accepter sa disparition serait accepter
une amputation de la liberté de la presse, priver d'une tribune celles et
ceux qui résistent à l'offensive libérale et capitaliste contre les peuples.
Nous nous adressons à vous, femmes et hommes épris de progrès, de
justice, de liberté d’expression, et vous appelons à défendre le Travailleur
catalan, en signant cette pétition, en vous abonnant ou en faisant un don
en faveur de ce journal.
Prénom :
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Signature
En signant, j’autorise le Travailleur catalan à publier mon nom et ma qualité.
Faire parvenir à Le Travailleur catalan - 44 avenue de Prades - 60000 PERPIGNAN
Mèl : [email protected]
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Le billet d’humeur de Jean-Marie Philibert
La fibre sociale :
l’avoir ou pas !
Dans les rues de nos villes, les grandes,
mais aussi les petites, se joue un affrontement majeur entre ceux qui ont la fibre
sociale et un pouvoir violemment antisocial. Disons les choses simplement: pour
des raisons de classe, la majorité de droite
au pouvoir mène, poursuit, accentue une
politique antisociale violente, autoritaire,
dure pour les plus faibles d’abord, mais
aussi pour la très grande majorité du peuple. La «réforme» des retraites est l’élément visible, tangible de cet affrontement; le droit à la retraite est un symbole
à casser. La foi «laïque», l’espoir, dans des
progrès possibles sont à éliminer durablement des consciences. Ces consciences,
elles-mêmes, seraient à dissoudre, si
c’était possible.
Vous n’avez pas le choix !
Mais, espèces de manants, acceptez donc
de vivre dans la précarité, dans l’assistanat, dans la sainte soumission à la puissance de l’argent universel. Vous n’avez
pas le choix, il faut accepter la compétition économique mondiale qui ne connaît
ni le code du travail, ni les droits sociaux,
ni le droit à la santé, ni les services
publics, ni les retraites décentes à un âge
où on peut encore en profiter. Dans ce
monde-là on vous exploite jusqu’à
soixante ans, soixante-deux, soixantesept et pourquoi pas au-delà…
Le mouvement sur les retraites montre,
qu’en dépit de toutes les propagandes
possibles et imaginées, en dépit de tous
les bourrages de crâne médiatiques, en
dépit de tous les mensonges proférés par
L’actu
ceux qui ont intérêt à mentir et par les
innocents qui les singent, le peuple
résiste. Le peuple n’a rien perdu de sa
fibre sociale: il descend dans la rue, il soutient les mouvements, même s’il en subit
quelques gènes, il étonne les commentateurs qui ont vendu leur âme au pouvoir
pour un plat de lentilles. Le peuple a
gardé son penchant «naturel?» pour la
solidarité, la fraternité, l’engagement,
l’aspiration à une vie meilleure. Il le dit
fort, souvent, en très grand nombre. Le
peuple dans sa diversité, le peuple du
nord, le peuple du sud, le peuple des jeunes et des moins jeunes, le peuple des
salariés, des retraités. Le peuple de toutes
les couleurs que rassemble l’unité syndicale (on ne dira jamais assez ce que cette
unité est capable de faire et de faire
faire). Le peuple vivant bien loin, très loin,
à des années-lumière, de la clique d’arnaqueurs qui nous gouvernent.
Les voleurs de vie
Car c’est d’arnaque qu’il s’agit: d’un côté
il y a la fibre sociale, en face il y a les
voleurs. Les voleurs de vie, d’espoir, d’avenir. Quand on fait passer une régression
majeure des droits sociaux comme la
seule entreprise possible pour sauver le
système des retraites par répartition, on
trompe le peuple. Quand on joue au
grand réformateur, la main sur le cœur,
quand quotidiennement on s’assoit sur
les droits de ce peuple, quand on oppose
les hommes entre eux, quand on exclut,
quand on ne se présente devant ce peuple que caché derrière des rangées de
robocops, la vraie nature du pouvoir
apparaît: antisociale et pétainiste.
La mise en scène d’un reste de soutien
populaire à ce pouvoir est d’un comique
achevé: avez-vous vu les groupies venues
entendre, à Pollestres, le président du
groupe des députés UMP, arborant des
pancartes «Stop la grève»? Avez-vous vu
ce pauvre homme lors d’un déplacement
savamment organisé de «notre» président, lui dire suffisamment fort pour que
les micros l’entendent: «Tenez bon!»?
Savent-ils ce qu’ils font? Il n’est pas sûr
vue par Delgé
que leurs intérêts de salariés, de citoyens,
pour certains modestes, soient dans la
compromission avec un tel pouvoir. Il
n’est pas écrit dans le marbre qu’ils n’auront pas eux aussi à un moment la fibre
sociale.
C’est cette fibre-là qui a fait notre force,
notre détermination, notre capacité à
élargir le mouvement, à le faire durer. A
nous de la garder, de la faire croître et
proliférer, de la faire partager. L’automne
peut être le temps des semailles. Sans
semailles, pas de récolte !