Antidémocratique • Autoritaire • Antisocial
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Antidémocratique • Autoritaire • Antisocial
Le Travailleur Catalan 1,80 C - N°3385 - Semaine du 22 au 28 octobre 2010 L ’ H E B D O M A D A I R E C O M M U N I S T E D E S P Y R É N É E S - O R I E N T A L E S ★ POUR DES LENDEMAINS QUI CHANGENT • Antidémocratique • Antisocial • Autoritaire Jusqu’à quand ? 2 l’édito de Sébastien Pouilly Retraite, rien n’est joué ! Le Parlement a définitivement adopté ce mercredi la réforme des retraites, après un ultime vote du texte par l'Assemblée nationale. Nouvelle étape programmée: le recours au Conseil constitutionnel promis par les socialistes dès l'adoption définitive du texte, recours qui devrait s'appuyer sur le préambule de la Constitution (la République française «est une République basée sur le principe d'égalité»). Il faudra donc probablement attendre la mi-novembre pour que la loi soit promulguée. Pour autant, le ministre du Travail, Eric Woerth, qui a défendu le texte depuis près de deux mois au Parlement, a rejeté la revendication du leader de la CGT Bernard Thibault de «suspendre» la promulgation de la loi. «Ce serait un déni de démocratie», a affirmé Woerth. Belle démocratie en vérité! Bernard Thibault a dénoncé «la présence de policiers en exercice camouflés sous des badges syndicaux» et l'action de «manipulateurs» qui «poussent au crime» dans les manifestations. Des accusations déjà lancées par Jean-Luc Mélenchon, qui a décidé avec les députés communistes de demander la création d'une commission d'enquête parlementaire. Belle démocratie dans laquelle le gouvernement bafoue dans tout le pays le droit de grève et d’expression des salariés, comme en témoignent la réquisition des grévistes de Grandpuits et les agressions physiques contre des jeunes lycéens. Belle démocratie qu’est le pouvoir de la force et du mépris du peuple. Non, rien n’est joué. Il est fort à parier que la mobilisation populaire reprendra de plus belle dès le 6 novembre. Pour les retraites, pour la démocratie de tout un peuple. N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 LU - VU - ENTENDU Irles huée à Pollestres Silence peureux Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, s’est rendu à Pollestres pour la rentrée parlementaire de Daniel Mach. Dehors, près de 300 militants syndicaux et politiques manifestaient contre le projet sur les retraites que son parti défend. Près de 300 gendarmes faisaient tampon entre les protestataires et l’élite de l’UMP locale et nationale. Dans une ambiance bon-enfant, les participants invités à ce meeting «privé» de rentrée ce sont fait tout au plus bruyamment chambrés. Bref, pas de quoi faire rougir Marianne, qui devrait dans la prochaine période en voir bien d’autres. Mais le brouhaha ne s’est pas fait seulement entendre depuis l’extérieur. A l’intérieur, par deux fois, lorsque son nom a été cité et quand elle a pris la parole, Jacqueline Irles, députée et présidente de l’UMP d’ici, s’est faite copieusement huer par les partisans du parti gouvernemental qui avait pris place dans la salle. On ne sait pas si face à ce désordre, Jean-François Copé a emprunté à Balladur sa formule désormais célèbre: «Je vous demande de vous arrêter.» Fort en gueule quand il est protégé aux frais de la République par 300 gendarmes, Daniel Mach n’a guère été prolixe durant les mouvements sociaux de ces derniers mois. A l’instar de ses collègues François Calvet, Jacqueline Irlès, Fernand Siré, Paul Blanc ou Jean-Paul Alduy, Daniel Mach a fait preuve, durant la dernière période, d’un silence peu courageux sur le projet des retraites du président de la République. Face à la grogne de dizaines de milliers d’habitants du département, aucun de nos parlementaires catalans, tous UMP, n’a eu le courage de monter au créneau pour défendre un projet qu’ils ont pourtant tous voté comme un seul homme. Dommage, cela aurait pu faciliter un débat indispensable sur une question cruciale pour la société tout entière, un débat entre ces élus et les citoyens que les premiers ont fui. Décès de Georges Frêche Suite à la disparition du président de la Région Languedoc-Roussillon, nous publions dans leur intégralité le communiqué de la fédération PCF 66 et la déclaration de Philippe Galano, conseiller régional PCF de 2004 à 2010, envoyés lundi matin à toute la presse du département. Communiqué du PCF 66 Georges Frêche est décédé, nos premières pensées vont à ses proches et à l’ensemble de celles et ceux que sa disparition affecte. Le président du Conseil régional aura marqué par sa personnalité et ses prises de positions la vie politique de l’Hérault et du Languedoc-Roussillon. Aux dernières régionales, nos divergences nous avaient amenés à faire liste séparée. Nous avons estimé qu’il s’était éloigné de la gauche et avons loyalement combattu certains de ses choix et de ses déclarations. Bien évidemment, nous n’avions jamais envisagé et encore moins souhaité une dégradation de sa santé. Nous espérons que sa succession ne donnera pas une image dégradante de la politique et que celle ou celui qui sera président s’inscrira dans une politique de gauche, proche de la population de notre région et des préoccupations ouvrières et citoyennes, en s’opposant aux orientations du gouvernement actuel. Déclaration de Philippe Galano C’est avec beaucoup de respect que je veux rendre hommage à Georges Frêche, président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon, décédé subitement ce dimanche d’une crise cardiaque. Pour avoir participé à la première majorité de gauche élue en Languedoc-Roussillon, je veux saluer l’homme politique et ses réalisations. Le combat politique que nous menions Le Travailleur Catalan Le Spécialiste de l’Hygiène pour les Professionnels : 44 av. de Prades - 66000 Perpignan Tél. 04 68 67 00 88 - Fax 04 68 67 56 14 Courriel : [email protected] Site internet : www.letc.fr 1895 Av. Julien Panchot - 66000 Perpignan Tél : 04 68 56 90 15 - Fax : 04 68 98 61 59 [email protected] Gérant : Christian Diéguez Directeur de publication : Sébastien Pouilly Mise en page : Jean-Claude Assalit Impression : Imprimerie Salvador 33 bd.d'Archimède - 66200 Elne (France) Commission Paritaire N° 0409 I 84 621 Webmaster : Christian Diéguez N° ISSN 1279-2039 Publicité : Richard Siméon collectivités, mairies, administrations, maisons de retraite, campings, CHR, détergents sols, linges, cuisines, surfaces, sacs poubelles. Produits éco labélisés. Service de proximité, livraison sous 48h pour la région Languedoc-Roussillon n’aura pas été de tout repos et comme chacun le sait, les divergences de fond constatées ont par la suite été les facteurs de chemins différents empruntés par une partie de la gauche. Mais ce n’est pas cela qu’il faut retenir. Je retiendrai de Georges Frêche cette formidable énergie et capacité politique mise au service de sa région et de sa ville de Montpellier. George Frêche aura marqué de son empreinte le Languedoc-Roussillon comme il l’avait auparavant fait pour Montpellier. Je veux aussi retenir dans nos désaccords sa volonté d’écoute, son intelligence politique, sachant fléchir s’il le fallait. Mes pensées vont vers sa famille, ses filles. Je leur adresse mes plus sincères condoléances. Bulletin d’abonnement Adresser un chèque à l’ordre du Travailleur Catalan, 44 av. de Prades - 66000 Perpignan 3 mois (19€) 6 mois (36€) 1 an (70€) Nom : Adresse : Prénom : Code postal : Téléphone : Ville : Mail : 3 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Mouvement social : et maintenant, quel débouché politique ? PCF 66. Le Travailleur catalan: L’Assemblée Nationale et le Senat ont voté le texte sur les retraites, cela va-t-il changer quelque chose ? Nicolas Gar cia: Non, car je crois qu’il est plus que jamais nécessaire d’exiger son retrait et d’imposer une autre réforme plus juste, plus conforme aux exigences populaires et aux progrès de civilisation obtenus petit à petit par notre peuple depuis des siècles. L’opinion ne faiblira pas sur cette exigence. TC: Dans l’opinion publique, il n’y aura pas de renversement de tendances ? N.G.: Tous les sondages, mêmes torturés par les tenants de la pensée unique, montrent que deux Français sur trois approuvent le mouvement social. 57% sont pour une autre réforme alors que seulement 16% défendent le projet gouvernemental. Cette majorité d’idées doit et peut se transformer en mouvement plus fort en nombre et en intensité. Nous, communistes, voulons y contribuer. TC: Quelle suite, alors, pour le mouvement social ? N.G.: Il ne doit pas se décourager, il doit tenir compte de la situation et réfléchir à un combat unitaire adapté, qui se donne les moyens de durer. C’est une évidence, Jean Quillio Nous avons rencontré Nicolas Garcia, secrétaire départemental de la fédération PCF des P-O, partie constituante du Front de gauche, afin qu’il nous livre ses réflexions sur l’état actuel du mouvement social et les perspectives politiques qu’il appelle. Dans nos prochaines éditions, nous interrogerons de la même sorte les autres formations politiques de gauche du département. beaucoup dépend de la perspective politique immédiate et future. TC : C'est-à-dire ? N.G.: La lutte peut obtenir le retrait du projet Sarkozy, mais la question du pouvoir politique se pose pour mettre en place un projet plus juste que celui qui est en vigueur actuellement et pour ensuite le pérenniser. Au sein de la gauche, il y a des différences et même des divergences sur le projet politique à mettre en œuvre, sur les retraites, l’utilisation de l’argent, le service public, les orientations européennes. Sur les retraites par exemple, nous savons que le PS, Europe Ecologie et d’autres, sont favorables à une retraite à taux plein à soixante-deux ans, à un système qui intègrerait la capitalisation et en tout cas à une retraite à taux plein à partir de 42 ans de cotisations. Martine Aubry vient encore de le confirmer. TC: Alors, que proposent le PCF et le Front de gauche ? N.G.: Pour nous, c’est évident, le mouvement social et les Français qui le soutiennent ont la force et la puissance d’imposer non seulement le retrait du projet, mais aussi d’élaborer des propositions et de les imposer à la gauche comme programme à mettre en œuvre si celle-ci était en situation de diriger à nouveau le pays. Pour un pacte d’union populaire, un projet partagé, coconstruit avec le peuple et les autres formations qui prétendent changer la société. Nous communistes, ne voulons pas condamner notre peuple à subir plus longtemps le pouvoir de la droite. La gauche anticapitaliste, dont nous faisons partie, ne doit pas se confiner à un rôle de protestation sociale jusqu’au grand soir et nous ne pensons pas non plus qu’elle doit se contraindre à jouer les supplétifs d’une gauche sociale libérale. TC: Est-ce un appel au peuple au ralliement aux propositions du Front de gauche ? N.G.: Non, nous lui proposons de transformer sa colère en force du changement. Mais dans un tête-à-tête entre nous, le PS et les autres organisations politiques, rien ne peut bouger ou si peu. Nous savons que les besoins de changements sont immédiats. La gauche est souvent rassemblée contre la droite, mais elle n’est pas unie sur les contenus et les conditions du changement tant attendu. Jean Quillio TC: Pourquoi ne pas attendre 2012, comme on l’entend ici ou là ? Le PCF 66 a voulu délivrer un message éminemment politique en invitant, jeudi 21 octobre, les syndicalistes à venir s'exprimer devant son siège départemental au moment le plus fort de l'effervescence sociale. Son engagement ne se limite pas à exprimer sa solidarité avec celles et ceux qui luttent et encore moins à se présenter en donneur de leçons. Les communistes sont dans la mobilisation «comme poissons dans l'eau», a affirmé Nicolas Garcia, ajoutant «qu'ils veulent tout faire pour renforcer la lutte et la mobilisation pour le retrait, dans l’unité et qu'ils ne feront rien qui puisse briser l’union nécessaire qui anime cette lutte.» Par contre, ils estiment de leur responsabilité d'encourager «à réfléchir à un combat unitaire, adapté à la situation et qui se donne les moyens de durer.» A écouter les interventions, ce qui semblait prévaloir aussi bien chez des syndicalistes CGT électriciens, cheminots, du bâtiment et que chez des syndicalistes de la FSU, c'est «qu'il apparaît comme une évidence que beaucoup dépend de la perspective politique immédiate et future.» Mais, à partir de cette énonciation commune, un long chemin passablement ardu reste à faire, ne serait-ce que, comme l'a déclaré le secrétaire départemental du PCF: «Nous savons que pour gagner il faut être unis, mais nous savons aussi que nous ne pouvons nous unir avec d’autres que sur la base d’un projet anticapitaliste et constructeur d’une nouvelle société avec les forces de gauche qui feront le serment au peuple de ne pas le trahir.» R.H. N.G.: Bien sûr, des élections majeures auront lieu en 2012, mais d’ici là, la participation citoyenne de l’ensemble de celles et ceux qui manifestent et au-delà, qui soutiennent les actions, sera déterminante. C’est à un pacte d’union populaire, c'est-à-dire à un projet partagé, co-construit avec le peuple et les autres formations qui prétendent changer la société et prendre le pouvoir, auquel nous voulons le faire participer. Ce programme, élaboré en commun dans diverses initiatives (rencontres, réunions, forums…), nous pourrions ensemble l’imposer aux forces de gauche qui feraient le serment au peuple de le mettre en œuvre avec lui en cas d’élection. C’est sans doute cela le prolongement du mouvement social. TC: Quel message passeriez-vous à celles et ceux qui souhaitent un changement radical en France? N.G.: Unis, vous et vous seuls, aidés et soutenus par les partis politiques qui souhaitent aussi un changement radical de politique, pouvez faire reculer la droite, la battre et imposer à la gauche la politique que vous voulez voir mettre en œuvre et quel type d’union. Nous vous invitons à investir le débat politique, à l’organiser le cas échéant, à ne pas vous en désintéresser, à ne pas retomber dans la délégation de pouvoir. Propos recueillis par Sébastien Pouilly 4 Jean Quillio Opération péages gratuits pour les usagers des ASF Mobilisation. Ce n’est pas par hasard que les organisations syndicales ont désigné la semaine dernière, comme terrain d’action pour le financement des retraites, les péages autoroutiers des autoroutes du Sud de la France. Plusieurs milliers de manifestants s’étaient donnés rendez-vous, jeudi 21 octobre, sur les péages des ASF du Languedoc-Roussillon. Ainsi dès huit heures du matin, les agents territoriaux, des douanes, de la DDE, les cheminots, des salariés du privé investissaient les péages de Perpignan-Sud, PerpignanNord et Le Boulou. Plusieurs centaines de grévistes qui ont immédiatement décidé de laisser passer gratuitement les «usagers», contents pour une fois de ne pas se retrouver bloqués dans des barrages routiers. Un tract informatif pour le financement de la retraite à 60 ans et à taux plein leur a été distribué. Une action bien reçue par les automobilistes qui ont aussi mis la main à la poche en guise de solidarité, des fois, bien plus que l’acquittement du péage. Un geste qui en dit long sur le degré de mécontentement et d’injustice qui se dégage de l’opinion publique. Pouvons-nous continuer dans une société que ne se soucie que de compétitivité, de productivité et de profit ? Pour Pierre Place, secrétaire départemental de la CGT, «on ne peut pas oublier ce qui s’est passé sur les autoroutes du Sud de la France depuis 2003. Les ASF sont au cœur des scandales financiers qui ont émaillé l’actualité.» Après la privatisation des autoroutes, dont ASF en est un des plus grands symboles, rien que sur la direction régionale de Narbonne, plusieurs centaines d’emplois ont été supprimés. A contrario, les droits de péages n’ont jamais cessé d’augmenter pour venir remplir les caisses de Vinci, propriétaire des ASF depuis 2004. En 2008, les ASF auront perçu sur les péages 2.823M€. Chaque année, une grande partie des bénéfices revient aux actionnaires de Vinci sous forme de dividendes -471 M€ en 2008. Et cela ne s’arrêtera pas. Dernièrement, une enquête révélait, au sujet de l’élargissement à 2 fois 3 voies de l’A9 entre la frontière espagnole et Perpignan-Sud, que le trafic déjà extrêmement important serait à l’horizon 2030 de 50.000 véhicules/jour sur ce tronçon, dont 40% seraient des poids lourds, soit un doublement du trafic. Une manne financière considérable que ne verront jamais les contribuables. Ce qui est sûr dans ce conflit sur les retraites, c’est qu’une idée domine. Que l’on soit dans un camp ou dans un autre, ce n’est pas une question de démographie, mais bien une question de financement dont souffre notre système de retraite par répartition. L’occupation des péages n’était qu’une façon comme une autre, pour les salariés et leurs organisations syndicales, de montrer que l’argent existe en France, comme dans beaucoup d’autres pays Européens, et qu’il n’y avait qu’à se baisser. Philippe Galano Dire une chose et faire son contraire… Par exemple… tout à fait au hasard: quand, nouveau président de la République, tu veux donner des modèles aux lycéens de ton pays, tu te souviens de Guy Mocquet, jeune lycéen, résistant communiste, arrêté et fusillé par les Allemands, tu te souviens qu’il a écrit une ultime et magnifique lettre où il dit son amour de la vie et tu te dis qu’il serait pas mal que tous les lycéens de ton pays connaissent Guy Mocquet, aient entendu sa voix, aient compris son acte de résistance. Tu demandes donc aux profs de ton pays de lire la lettre de Guy Mocquet dans les classes. Et puis quand ces mêmes lycéens, trois ans plus tard, révoltés par un projet de loi qu’ils jugent injuste disent par milliers dans la rue leur colère, quand ils résistent devant l’avenir plombé que tu leur réserves, quand ils sont scandalisés par l’acharnement dont tu fais preuve à ne pas entendre la voix du peuple qui dit sa colère, tu leur envoies les flics et tu n’hésites pas à leur dire de faire usage de leur flash-ball, comme à Montreuil par exemple. Tu fais tirer sur ceux qui auraient pu être les petits-enfants de Guy Mocquet. J.-M.P. L’action sociale en action ! CGT-FO-CFDT. Jeudi 21 octobre, les établissements de l’Association Joseph-Sauvy -ITEP et IME- ont manifesté devant leur siège social. Les salariés du secteur médico-social poursuivaient le mouvement commencé le lundi 18 octobre contre la réforme indécente et inique des retraites. La volonté des salariés reste intacte, pour preuve, leur participation massive (85%) à la grève reconductible. Quand le mouvement social s’invite à Estagel Agly. Très tôt ce lundi matin 25 octobre, une centaine de personnes se sont rassemblées à l’appel des organisations syndicales et politiques locales (UL CGT, Modef, Confédération Paysanne, PCF, PS). Sur la place du village, des représentants de l’intersyndicale départementale s’étaient également déplacés en renfort. Il s’agissait de protester contre le projet sur les retraites du gouvernement et de montrer la détermina- tion et la mobilisation toujours aussi importante du front uni des syndicats. De 7h à 9h30, un barrage filtrant sur la RD117 a très vite bloqué la circulation, compte tenu du goulet d’étranglement que constitue la traversée d’Estagel pour les poids lourds. Sous la pluie tout d’abord, puis affrontant une tramontane très froide, les manifestants ont offert le café aux poids lourds bloqués et distribué un tract sur lequel on pou- vait notamment lire: «Dans notre vallée, largement viticole, les retraites misérables du monde agricole et ses revenus d’activités indignes caractérisent la pauvreté de nos villages. Nous voulons un avenir plus radieux pour nos enfants.» Le groupe s’est dispersé vers 9h30, promettant d’autres actions départementales durant cette semaine de vacances. Noisette 5 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Un outil de lutte, une contre-offensive politique Libertés publiques. Le député-maire Pierre Gosnat était à Perpignan pour présenter son projet de loi «Interdire le fichage génétique des militants syndicaux». Sa conférence de presse a été tout à la fois une adresse aux médias, un échange de témoignages et un débat politique. «Lorsque la fédération du PCF 66 m'a interpellé sur la situation de Philippe Galano, son parcours, ses combats, je me suis questionné en quoi je pouvais être utile en tant que député au plus fort du mouvement de solidarité qui s'est développé auprès de lui.» C'est par ces mots que le député communiste a introduit son propos devant une assemblée représentative de toutes celles et ceux qui, dans le département, refusent la norme. Sans surprise, des élus communistes, de nombreux militants du PCF, des représentants du PG et du NPA. On reconnaissait aussi des syndicalistes CGT, des inculpés pour fait de fauchage volontaire de champs de maïs OGM et Jeanne, traînée devant les tribunaux comme deux de ses camarades pour son action dans le cadre de la campagne BoycottDésinvestissement-Sanction. C'est elle, qui sous les applaudissements de l'auditoire, a appelé à «construire une mobilisation solidaire pour que la peur change de camp et faire un lien entre la rue et la loi.» Mais alors, pourquoi un projet de loi centré sur les militants syndicaux? Pierre Pierre Gosnat (au centre): «C'est par choix que le gouvernement organise le fichage génétique des militants syndicaux.» Gosnat s'en est longuement expliqué après avoir rappelé que dès 1998, au moment de la création du fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) prévu initialement dans le cas des crimes sexuels, les députés communistes s'y étaient opposés, inquiets des risques d'extension qu'il comportait. La suite leur a donné raison (voir ci-contre). Ceci précisé, le député communiste a tenu à justifier le ciblage de sa loi: «Dans sa rédaction, nous aurions pu élargir le champ de cette proposition à l'activité associative par exemple. J'ai décidé avec mes collègues députés communistes et du Parti de gauche, par volonté délibérée, de me concentrer sur le cas particulier des syndicalistes afin de démontrer que c'est par choix que le gouvernement organise le fichage génétique des militants syndicaux. Ce projet de loi est une dénonciation des logiques actuelles et se présente comme une critique de l'arsenal législatif existant. Elle est effectivement le fruit de la mobilisation autour de Philippe Galano, mais elle s'inscrit aussi dans une portée plus générale.» Roger Hillel D'une définition très minimale du FNAEG à une définition maximaliste De 2003 à 2007, cinq lois sont venues renforcer et élargir le fichage génétique de la population. Cela se concrétise notamment par cette disposition de l'article 706-55 du code de procédure pénale qui ajoute aux viols, crimes, atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation et actes terroristes, les délits de vol, d'extorsion, d'escroqueries, de destructions, dégradations, détériorations et de menaces d'atteintes aux biens. Si en 2000, le FNAGE comptabilisait aux alentours de 2.000 prélèvements, le 31 décembre 2009, il en comptait 1,2 million. Et chaque mois, ce sont 30.000 personnes qui subissent un prélèvement. La fable de la frontière Syndicat de la Magistrature. Sa section locale nous a fait parvenir ce texte que nous empressons de publier tant il est révélateur à sa manière de la chasse aux étrangers sur notre territoire. La rédaction. Un directeur de la police aux frontières vivait heureux. Il occupait à proximité d’une frontière méridionale d’un riche territoire, un poste envié. Des troupeaux d’immigrés empruntaient, par tous temps, les routes qui traversaient ses montagnes. Biens serrés dans des autobus qui les conduisaient plus au sud encore, chargés de maigres bagages ou de force couscoussiers, pare chocs de voiture, vélos d’enfant, antennes paraboliques. Dans de tels équipages, ils allaient, disait-il, cueillir des fraises à Almeria. Il n’avait aucun mal à satisfaire aux ordres de l’empereur qui exigeait qu’on les empêchât de circuler comme bon leur semblait sur son territoire. Telles des palombes des quatre saisons, il les attendait, lui et ceux qu’il commandait, aux cols par où ils passaient sur la route du sud. Bon an mal an, il en arrêtait un certain nombre, fixé à l’avance, pour les reconduire en avion, aux frais d’un imbécile qu’on appelait contribuable, à qui il convenait d’ôter ainsi une impression, que l’on entretenait par ailleurs en lui, que l’on avait baptisée «sentiment d’insécurité», et auquel on expliquait que l’argent manquait, qu’il fallait se serrer la ceinture et renoncer à ses avantages, là où ils souhaitaient se rendre, dans des conditions de confort bien moins grandes. Las, des juges d’une lointaine cour d’un obscur royaume septentrional s’avisèrent de déclarer cette chasse hors la loi à proximité de la frontière et prétendirent que tout contrôle systématique devait être banni. Il se trouva fort dépourvu quand cette bise fut venue Contraint de déplacer son territoire de chasse à quelques kilomètres de là, notre directeur se désola. Les installations n’étaient pas bonnes, la troupe se plaignait, les prises étaient plus dures et moins belles. Il vit son fonds de commerce en grand péril, ainsi que sa carrière, sans doute. Il s’imagina même, avec effroi, convoqué par l’empereur, ou son ministre, pour être montré du doigt et coiffé d’un bonnet d’âne. Il alla crier misère chez le procureur son voisin. Celui-ci était un homme fort malin. On le disait HH (hors hiérarchie), ce qui en était la preuve. Il avait même été choisi par ses pairs pour siéger dans une assemblée de sages qui décidait de leur avenir et professait la déontologie dans une école. Cet homme, touché par la plainte du directeur, jugea qu’il méritait son aide. Il prit donc des réquisitions qui lui permettraient de chasser malgré l’interdit de cette cour qui n’avait pas mesuré la portée de sa décision. C’est ainsi que le directeur s’en fut, tout heureux et louant la grandeur du procureur, reprendre son activité. Désormais il avait pour noble mission de «rechercher les auteurs d’infractions à la législation sur les stupéfiants et sur les armes, les munitions et le terrorisme». Il continua donc de contrôler les identités des passagers de bus quittant la France parmi lesquels il était de notoriété publique que se camouflaient, sous couvert de faux papiers grossièrement falsifiés, des terroristes d’Al-qaida au Maghreb islamique rentrant au pays pour le Ramadan chargés de ballots de shit qui était une denrée rare et fort prisée au Maroc. D’armes, il ne trouva jamais que quelques malheureux canifs, mais le procureur eut l’honnêteté de ne pas ouvrir d’information pour détention d’armes de 6e catégorie afin d’en découvrir la provenance et la destination. 6 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Les Cabestanyencs disent non à l’intégration forcée ! Elections - Cabestany. Les Cabestanyencs se sont déplacés nombreux pour approuver la démarche des élus de gauche. Une légitimité renforcée pour contester la décision autoritaire du préfet. Les élections partielles de Cabestany étaient une étape à ne pas manquer. Pour le maire, Jean Vila, c’est chose faite. Elles auront mis en évidence, au-delà de la décision autoritaire du préfet, les enjeux démocratiques et l’avenir de la commune. Pour Jean Vila, la fiscalité doit être un levier pour le développement économique de Cabestany, pas celui de la spéculation. «Dans cette intégration forcée, l’Agglo réclame une partie des ressources de Cabestany.» Une façon aussi de dire qu’aujourd’hui l’Agglo est en difficulté et ses intérêts propres menacent l’équilibre social et économique de Cabestany. Ainsi, même si chacun pouvait légitimement s’attendre à une très faible participation, le lot commun de toutes élections partielles, cette élection s’est traduite par un plébiscite. Cela, malgré le brouillage politique de l’UMP, qui s’est délibérément Réunion extraordinaire du conseil municipal Suite aux élections municipales du dimanche 24 octobre 2010, une réunion extraordinaire du conseil municipal se tiendra ce vendredi 29 octobre à 18h dans la salle polyvalente du Centre culturel. Tous les habitants de Cabestany sont fortement invités à cette séance particulière qui verra l’élection du premier magistrat de la ville. sabordée en ne présentant aucune liste. Malgré l’appel des responsables locaux de droite à boycotter ces élections, 48% des électeurs se sont déplacés pour envoyer un message clair au préfet: Cabestany doit rester libre de ses choix! Une élection atypique qui donne aux 29 représentants de la liste de gauche pour Cabestany une nouvelle légitimité. Recours en justice L’installation du conseil municipal et l’élection du maire se tiendront ce vendredi dans la salle polyvalente du centre culturel. Une première séance sans l’UMP, mais en présence de nouveaux élus, cinq au total: Claire Langlais, Nadine Drillien, Farid Mellal (PCF), Richard Brau et Jacques Cresta (PS). Un conseil municipal qui va devoir désormais travailler sans opposition. Une situation inédite, qui selon le maire Jean Vila, suscite de nouvelles formes de démocratie, notamment dans des commissions de travail ouvertes à la population. Mais l’heure reste à la mobilisation. Le bras de force qui oppose la municipalité de Cabestany à la décision du préfet ne fait que commencer. La date butoir de l’intégration de Cabestany dans l’Agglo passe par le vote des communes concernées. Ainsi, les conseils municipaux concernés pourraient ne pas valider l’intégration de Cabestany tout en acceptant la fusion de la Communauté de communes du Rivesaltais. Une réponse attendue en justice pourrait bien, entre temps, annuler Jean Quillio Pour Jean Vila, Cabestany doit rester libre de ses choix. toutes décisions de fusion et donc de nouveau périmètre de l’Agglo gâchant les fêtes de fin d’année et au-delà, les plans sur la comète de Jean-Paul Alduy. Philippe Galano Les chiffres de la participation Inscrits : 7108 Votants : 3421 soit 48,12% Exprimés : 3177 : 44,69% Nul : 244 soit 7,13% Une famille d’Elne sauvée de l’expulsion Précarité. Mardi dernier, à l’appel des militants et du maire communistes d’Elne, élus de gauche, voisins, amis, se sont appuyés sur l’arrêté anti-expulsion pris par la commune pour barrer la route aux huissiers, serruriers et autres déménageurs. La période où les expulsions sont interdites s’approchant (15 novembre - 15 mars), les procédures s’accélèrent contre les familles en délicatesse avec leur loyer. A Elne, Mireille est locataire d’un bailleur social privé. Des problèmes sociaux ce sont accumulés depuis des années, elle connait la précarité de nombreux Français, sa situation c’est le yoyo, parfois elle a du boulot et parfois, pas. Avec sa fille mineure, elles vivent, ou plutôt tentent de survivre, avec 800€ par mois et depuis un an, c’est encore plus dur. Une nouvelle fois, ce sont les 79€ de loyer qui font les frais des choix que ce type de situation l’amène à faire. Mireille, peut-on le lui reprocher, choisit le mutisme, le replie sur soi, «pas facile d’avouer au monde que l’on glisse vers la misère». Durant 8 mois, elle ne paye plus son loyer à la société HLM et, c’est vrai, ne répond pas aux injonctions de cette dernière. Depuis le début de l’été, avec l’aide des siens, les règlements ont repris. Mireille arrive même à payer un peu plus pour colmater la dette ancienne. Trop tard, les bailleurs ont décidé que ce sera l’expulsion, un juge prononce la sentence. Pour 7 ou 800€ de loyer dus, auxquels s’ajoutent les frais d’huissiers et de procédure, bref même pas 2.000€, à 20 jours de la Pour des centaines d’autres familles des P-O et de France, l’issue de l’expulsion ne sera pas aussi heureuse. date où la loi la protègera, Mireille voit débarquer chez elle, huissier, gendarmes (la ville refuse d’accompagner les huissiers), déménageurs, serrurier. La question du droit au logement En face, à l’appel du PCF local et du maire communiste, de nombreux militants, élus de gauche, voisins et amis se sont mobilisés pour s’opposer à l’expulsion, pacifiquement, sans cris, sans heurts, dignement. Comme ses voisins de Cabestany et Alénya, Nicolas Garcia, le maire d’Elne, a pris un arrêté municipal interdisant les expulsions si les causes ont une origine liée à des problèmes sociaux (chômage, maladie…) et si toutes les solutions permettant de régler le problème, de part et d’autre, n’ont pas été explorées. Or, «en reprenant le règlement de ses loyers et en remboursant une partie, même infime, de sa dette, Mireille a fait ce qu’il fallait pour que l’on puisse s’assoir autour d’une table et discuter» précise le maire. Ce dernier rappelle en outre qu’il a écrit, il y a un mois, à la société propriétaire des 40 pavillons de la Cerisaie à Elne, pour plaider la cause de la famille. Ce courrier est demeuré à ce jour sans réponse. Au final, Mireille est restée chez elle, et tous les autres sont repartis chez eux en espérant qu’une solution sera trouvée d’ici le 15 mars. Pour des centaines d’autres familles des P-O et de France, l’issue de l’expulsion ne sera pas aussi heureuse. Parce que les maires sont trop peu nombreux à prendre des arrêtés, parce que la misère se subit trop souvent dans la honte et le mutisme, parce que les militants communistes sont trop peu nombreux et surtout parce qu’aucune loi ne protège les familles en grande difficulté sociale et aussi les bailleurs, qui parfois sont de simples citoyens, pas très fortunés non plus, et propriétaires d’un seul logement à louer. La question est donc posée des dépenses de logement qui ne devraient pas dépasser 20% du revenu des familles, d’un fonds de garantie pour les loueurs pouvant être mis en difficulté, du nombre de logements sociaux réalisés en France, du traitement réservé aux offices HLM soumis à la rentabilité financière et auxquels l’Etat vient de faire les poches. Enelji 7 Le Canal de Nyer réhabilité Haut-Conflent. Le chantier entrepris pour réhabiliter l'ouvrage abandonné relève d'une prouesse technique et d'un défi environnemental dont s'enorgueillissent Christian Bourquin, président du Conseil général et Jean-Louis Alvarez, conseiller général du canton siège du projet. Creusé en 1851 à flanc de montagne, la vocation du Canal de Nyer était étroitement lié à l'exploitation du fer pour le fonctionnement des forges de la vallée, mais aussi à l'agriculture, l'élevage et à l'alimentation en eau potable des villages de Nyer, Escaro et Souanyas-Marians en Haut-Conflent. Histoire d'une rencontre pour un but avoué Il suffisait de la rencontre entre le conseiller général Jean-Louis Alvarez en recherche constante d'une dynamique économique pour son canton et de l'ingénieur Francis Goudou, pour prendre le pari de redonner vie au canal de Nyer. L'aboutissement du projet est aujourd'hui une grande satisfaction pour M. Alvarez, qui définit ainsi ses intentions: «La centrale électrique était en faillite, c'était la mort annoncée du canal. Mon but était de remettre en activité cette friche industrielle pour créer une énergie hydraulique propre tout en garantissant l'irrigation agricole et pérenniser l'alimentation en eau potable des trois communes.» développement durable exemplaire.» L'ancien ruisseau était à ciel ouvert, l'homme devait intervenir pour faire face aux dégâts de la neige, du gel, des avalanches, chutes de rochers et sauver les animaux de noyades. M. Goudou, passionné de montagne et expérimenté dans la gestion de centrale électrique, a accepté le chantier par «goût du défi technique et humain». Il reconnaît que «c'est un chantier de fêlés!» et confie: «Il aura fallu une motivation sans faille de toutes les équipes et la virtuosité du pilote d'hélicoptère qui a placé les tuyaux un à un, pour intervenir dans ce milieu hostile.» L'aventure humaine s'est jouée d'à-pics dangereux, de conditions d'accès et climatiques très difficiles. Pari risqué, stratégie osée Le plan de sauvetage dévoile «un trésor englouti du territoire, à travers la prouesse de femmes et d'hommes, sans abîmer le milieu naturel» explique Christian Bourquin, pour qui «c'est un projet de Christian Bourquin: «C'est un projet de développement durable exemplaire.» Francis Goudou a accepté le chantier par «goût du défi technique et humain». Pour André Argilès, maire de Nyer, «M. Goudou nous a paru compétent mais fou, on ne pensait pas qu'il réussirait.» Pierre Nogués, ancien maire d'Escaro, évoque le passé: «Notre vie, c'était la mine, en même temps on faisait de l'agriculture. Le canal est primordial, sans lui pas de vie!» Francis Martinez, maire actuel d'Escaro complète: «La pérennité du canal revêt trois aspects: l'eau pour l'arrosage, le maintien des eaux de ruissellement pour les besoins de la faune et la flore et le captage de l'eau pour l'alimentation en eau potable avec, grâce aux infiltrations, la réalimentation des sources où est observé un tarissement progressif. C'est la survie de nos communes qui est en jeu!» L'éleveur Daniel Fabregat participe à la vie du canton grâce au canal: «L'élevage a un impact sur la nature, il entretient l'espace, s'il n'y a plus de canal, c'est le départ des éleveurs.» Public / privé, complémentarité ou rivalité ? Pour Jean-Louis Alvarez, l'intervention du privé «peut poser un problème de principe». Puis il s'insurge: «Côté public, il n'y a plus d'interlocuteur!» Consterné, il s'explique: «J'ai démarché en priorité l'entreprise EDF, c'est la multinationale Suez qui m'a répondu, j'ai alors sollicité la filiale SNCF pour les SHEM* publiques, c'est encore la multinationale Suez qui m'a opposé une fin de non-recevoir pour cause de non rentabilité de l'opération.» Il rassure: «Certes, Francis Goudou est un privé, mais je donne la préférence à un homme expérimenté qui arrive avec son entreprise familiale et son savoir-faire qu'à une multinationale! Dès l'origine du projet, j'ai apporté un soutien total à l'usinier dans la bataille administrative pour obtenir toutes les autorisations nécessaires en veillant à respecter les contraintes environnementales de sauvegarde des écosystèmes, notamment celle visant à garantir le débit réservé au milieu aquatique.» Le pot de terre contre le pot de fer La montagne, qui a échappé à un ouvrage béton, est désormais sillonnée par une traînée noire représentant le tuyau d'acier alors que l'ouvrage ancien, fait de pierres et de terre, se confondait avec la nature. Francis Goudou a tout prévu: «Ce n'est pas pour l'immédiat, mais j'ai proposé de couvrir le tuyau de terre et de l'ensemencer pour en faire un sentier de 6km à plusieurs vocations: accéder à la prise d'eau, caler le tuyau qui n'est pas à l'abri d'éboulements des murs et tenir lieu de sentier de randon- Jean-Louis Alvarez: «Mon but était de remettre en activité cette friche industrielle pour créer une énergie hydraulique propre.» née.» L'environnement, le patrimoine naturel, l'aspect économique, seront ainsi préservés et l'humain y a toute sa place. Ray Cathala *SHEM : Société hydro-électrique du Midi (Texte et photos extraits du film «Canal de Nyer, l'histoire d'un chantier extraordinaire» honoré d'une mention spéciale du jury du festival Fimbacte 2010 plus propos recueillis auprès de MM. Alvarez et Goudou). Quelques chiffres Le chantier: 6 ans d'études - 5 mois de travail. Tubes rotulés en acier (5m50 - 900kg) acheminés de Turquie via Port-la-Nouvelle. 1.680 coudes transformés à Olette. Plus de 2.500 rotations d'hélicoptère. Coût 5 à 6 millions d'euros. Financement: apport personnel de M. Goudou et quelques subsides des institutions. Le Canal de Nyer : à l'origine, débit de 450 litres/seconde (l/s) à répartir à part égale entre les 3 communes. Canal en terre donc déperdition d'environ 50%, au moment de l'étiage débit ne passant guère 200 l/s. Aujourd'hui, chaque commune est assurée du tiers du débit total. La centrale électrique: 3 méga watts, production de 22 millions de KW/h l'an, soit l'électricité nécessaire à 16.000 personnes. 8 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 87 Faucheurs Volontaires jugés à Marmande Anti-OGM. Les 11 et 12 octobre s'est tenu à Marmande un procès historique dans l'histoire de la lutte contre la pollution par les OGM. Le jugement a été mis en délibéré et la décision sera rendue le 16 novembre. Les faucheurs volontaires se sont rendus au tribunal en cortège. Les salariés de l’Arche de la Solidarité aux prud’hommes Prades. La CGT 66 communique : Le 29 juillet, le Tribunal de Grande Instance de Perpignan décide que seul M. Margail est président de l’Arche de la Solidarité avec comme bureau de l’association les familles Sergent et Privat. Alors que l’argent de l’Etat destiné aux salaires a été versé, depuis deux mois, prétextant que ce n’est pas lui qui a embauché les salariés, ce monsieur et ses acolytes ne paient plus les salariés, et ce malgré l’intervention de la Direction départementale du Travail et du sous-préfet. Mais pour qui se prennent-ils? Avec les salariés, la CGT a décidé de saisir le Tribunal des Prud’hommes dont l’audience s’est tenue mercredi 20 octobre. Pour des raisons de procédure, l’affaire est reportée au 11 décembre. En ouverture d’audience, nous avons découvert que, pour se défendre, ces drôles de notables ont choisi le cabinet d’avocats du responsable départemental de l’extrême-droite. Il n’y a guère besoin de commentaires pour comprendre le pourquoi du comment des pratiques intolérables dont sont capables ces individus à l’égard des salariés. Plus que jamais la CGT est aux côtés de ces salariés qui, en situation de précarité extrême, n’ont plus de salaires depuis bientôt trois mois pour faire face au quotidien de la vie (nourriture, loyer, factures, etc.). Nous appelons la population à les soutenir. Dans ce but, la CGT a décidé d’ouvrir un compte spécial pour organiser la solidarité financière. Les dons aux salariés sont à libeller à l’ordre de: «Solidarité Arche». Les déposer dans la boîte à lettres au 12 rue des Pyrénées à Prades ou au dépôt de l’Arche situé à la Riberette à Ria, route nationale 116. Prades, le 20 octobre 2010 Le procès de Marmande est historique à double titre. D'abord, par le nombre de personnes, dont quatre du département, mises en examen. Pour la première fois, la stratégie de «comparants» volontaires des faucheurs a été acceptée par la justice. Tous les faucheurs ayant signé et revendiqué la participation à ce fauchage ont été mis en examen. Historique ensuite, du fait que le tribunal a repris à son compte, quand bien même du bout des lèvres, des questions que posent les Faucheurs Volontaires et plus largement les mouvements anti-OGM, en particulier, sur la dissémination des OGM, leur impact sur le travail des paysans bio et sur l'insuffisance des évaluations scientifiques. Au cours des auditions, tous les inculpés ont pu exposer leurs motivations: dissémination et donc protection de leur production pour les paysans et apiculteurs, brevetage et appropriation du vivant, manque de recul dans les évaluations scientifiques et risques éventuels pour la santé. Tous ont invoqué l'état de nécessité, reconnu par l'article 122.7 du code pénal qui énonce: «N'est pas péna- lement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace.» Dans son réquisitoire, la procureur a reconnu le bienfondé du débat mais rejeté l'état de nécessité. Elle a demandé une requalification des faits de «destruction des biens d'autrui» en «destruction de parcelle autorisée» (délit créé par la loi sur les OGM de 2008), ce qui permet d'éviter la récidive à la plupart des mis en examen. Par contre, elle a estimé que certains avaient déjà un passé trop lourd pour un simple sursis. Elle a donc demandé 120 jours-amendes à 50€ pour ces derniers dont José Bové. Pour les autres, elle a requis 2 mois de prison avec sursis. La défense a affirmé que l'état de nécessité était établi et a donc demandé la relaxe de tous les mis en examen. Le jugement a été mis en délibéré et la décision sera rendue le 16 novembre. R.H. Des militants anticolonialistes relaxés BDS. Le tribunal de Pontoise a relaxé deux militants anticolonialistes qui avaient mené une des premières actions Boycott-Désinvestissement-Sanctions en région parisienne. Le tribunal de Pontoise a déclaré «irrecevable» la plainte déposée par le soit-disant Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme et la Chambre de commerce franco-israélienne contre la sénatrice Verte Alima BoumedieneThierry et Omar Slaouti, dirigeant national du NPA. Ce verdict -pour «vice de procédure»- doit beaucoup à la qualité de la défense assurée par Me Antoine Comte, l'un des avocats qui défendent les trois militants du département convoqués devant le tribunal de Perpignan le 24 janvier 2011. Sans se prononcer sur le fond, ce verdict constitue néanmoins un revers sérieux pour les plaignants et la ministre, Mme Alliot-Marie, qui ont inventé de toute pièce un «boycott des produits casher». Ce jugement intervient aussi dans un contexte singulier: la colère d’une grande partie de l’opinion contre la politique du gouvernement israélien (en particulier depuis les massacres de Gaza de l’hiver 2008-2009 et l'attaque de la «Flottille» le 31 mai 2010). La prétention de régler par voie judiciaire -en sortant et détournant de son sens une loi de 1881 aux lourdes conséquences- des problèmes politiques n’est pas admise par des secteurs nombreux et divers de l’opinion publique. Pour autant, reste entière, la volonté du pouvoir de criminaliser la campagne BDS et faire condamner par les tribunaux les quatrevingts militants recensés sur toute la France qui n'ont pas hésité à payer de leur personne. Ces combattants de la justice disposent désormais d’un porte-voix, grâce à l’appel de Stéphane Hessel et de centaines de personnalités de toutes sensibilités qui l’ont signé, et peuvent se prévaloir du soutien d'un très grand nombre de personnes qui au-delà des défenseurs traditionnels de la cause palestinienne, entendent prendre leurs responsabilités, pour la défense des droits citoyens remis en cause par ces procès et contre l'impunité d'Israël et la complaisance dont le président de la République et le gouvernement font preuve à son égard. Roger Hillel Face à un polémiste haineux, le MRAP solidaire de Stéphane Hessel «Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu'on ait envie de lui écraser la tête.» Le MRAP est indigné par ces propos ainsi tenus sur Facebook à l’encontre de Stéphane Hessel, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et connu pour son engagement au service de la paix au Moyen-Orient. De tels propos insultants et indignes tenus par Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’IEP de Paris, ne peuvent qu'attiser la haine. Le MRAP demande avec force que le CNRS et l’IEP condamnent sans équivoque Pierre-André Taguieff. A cette occasion, le MRAP renouvelle son soutien sans faille et sa solidarité à Stéphane Hessel, poursuivi devant la justice au titre de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) qui se développe en France et en Europe et qui appelle à boycotter les produits issus des colonies dans les territoires occupés illégalement par l'État israélien au mépris du droit international.» 9 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Camp du Vernet : un bouquet pour chaque tombe Ariège. Président de l’Amicale des anciens internés politiques et résistants du camp de concentration du Vernet d’Ariège, Raymond Cubells a présenté samedi 9 octobre le nouveau cadre de ces lieux si longtemps désolés. Devant une nombreuse assistance, il a tourné la page de l’oubli avec le nouveau cadre offert aux visiteurs aux abords de la Nationale 20. Ils sauront désormais que 60 nations ont laissé ici un lambeau de leur histoire Au village, il y a le Musée, un peu plus loin, la gare, mais ici reposent 152 des 30 à 40 mille détenus qui y furent rassemblés entre 1940 et 1944. La République française de 1939 enferma au Vernet les «indésirables étrangers» qu’étaient pour elle les vaincus de la guerre d’Espagne et l’Etat français de Pétain les y conserva, en y ajoutant en août 1942, les familles juives raflées en Ariège. Jusqu’en 1970, la stèle qui dominait le cimetière dissimulait les raisons de cet internement par l’anodine inscription «Aux étrangers morts loin de leur patrie» comme s’il s’était agi de simples touristes. Il a fallu attendre 1976 pour que fût enfin gravée sur cette stèle la véritable raison de leur engagement: «Aux combattants antifascistes connus et inconnus morts pour la liberté des peuples»! Les raisons de Vichy ont tenu 37 ans contre tous les antifascistes: les Italiens, notamment garibaldiens, contre Mussolini dès 1922, les allemands anti- nazis contre Hitler dès 1933, les Républicains espagnols contre Franco depuis 1936, les Brigades Internationales venues défendre la jeune république espagnole aux temps de l’inacceptable non-intervention. Nul besoin de guide Cinq panneaux historiques à l’épreuve des intempéries, disposés à demeure le long des allées qui mènent au cimetière, rappellent que le camp du Vernet n’était que l’antichambre de déportations encore plus sévères: 4.679 personnes sont parties en 26 convois vers les camps du sud-algérien quand Vichy y sévissait encore, ou vers les îles anglonormandes pour édifier le «mur de l’Atlantique» d’Hitler, ou tout simplement vers Auschwitz et Dachau. Plus loin sont placés en quinconce des poteaux en bois marqués du nom de la soixantaine de nationalités qui ont figuré dans le camp. Compte tenu des corps récupérés par les familles, il reste donc 152 sépultures dans l’actuel cime- Le drapeau des guérilleros flotte aux côtés de celui de la République espagnole. Au loin, les quatre barres catalanes. (Photo Patriote) tière, de 20 nationalités différentes. Il y en a même d’inconnus, tels les «indésirables étrangers» d’aujourd’hui: et si, par un cruel retour aux sources, c’étaient des «Roms»? Avant de se séparer pour le vin d’honneur municipal, on remarquait l’absence du préfet ou de son représentant, et même du maire de Saverdun qui avait pourtant invité à la cérémonie. Les nombreux participants à ce vernissage ont reçu un simple bouquet qu’ils ont été invités à déposer sur chacune des tombes. Il y a au moins en Ariège un lieu où l’honneur est internationalement sauf. Jean Laïlle Lluis Companys et les Républicains espagnols Mémoire. Samedi 16 octobre, à Saint-Cyprien, l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance avait organisé, avec l’aide de la municipalité, une cérémonie au monument élevé par Jean Olibo à la mémoire de Lluis Companys, exécuté à Barcelone 70 ans plus tôt, et à celle des Catalans engagés dans l’armée française. Parmi l’assistance très importante, l’on remarquait de nombreux élus locaux, les représentants de nombreuses associations de mémoire, une forte délégation venue de Catalogne et Monsieur le Consul général d’Espagne. La Santa Espina, Els Segadors, l’Hymne de Riego et La Marseillaise ont entrecoupé les interventions de M. Frances Canet (adjoint au maire de Figuères, député ERC aux Cortes et secrétaire du Triangle Blau), Mme Chantal Semis (secrétaire départementale de l’Amicale des Guérilleros FFI), M. Georges Sentis (président départemental de l’ANACR), M. Thierry Del Poso (maire de Saint-Cyprien et président de la Communauté de communes Sud-Roussillon) et M. Marcel Mateu (viceprésident du Conseil général). Marcel Mateu évoqua les derniers jours de Lluis Companys, son arrestation à La Baule le 20 juillet 1940, son incarcération à la prison de la Santé à Paris, son extradition, les tortures subies à Madrid, la parodie de jugement, sa condamnation à mort et son exécution à Barcelone le 15 octobre 1940. Pour Frances Canet, si l’homme Lluis Companys est mort le 15 octobre 1940, son engagement politique pour le progrès social, la démocratie, pour une Catalogne partie d’une Espagne républicaine et fédérale, sont toujours d’actualité. En conclusion, il a appelé à soutenir l’action menée pour obtenir l’annulation du procès de Lluis Companys et donc sa réhabilitation officielle. Comment honorer la dette que les Français ont envers ces résistants étrangers? s’est interrogé Georges Sentis. « Comment honorer la dette que les Français ont envers ces résistants étrangers ? » Quant à Chantal Semis, elle a rappelé que le combat des Républicains espagnols contre le fascisme européen ne s’est pas arrêté en février 1939. Près de 10.000 d’entre eux se sont engagés à l’automne 1939 dans l’armée française, de nombreux autres dans les Groupements de Travailleurs Etrangers. Envoyés sur le front, plus de 7.000 d’entre eux ont été faits prisonniers en juin 1940 et enfermés dans divers stalags. Ils en furent sortis et expédiés au camp de Mauthausen sans que le gouvernement de Vichy ne défendent ces soldats portant l’uniforme français. Au camp de Mauthausen, 70% d’entre eux périrent. D’autres Républicains espagnols combattirent l’Occupant et les collaborateurs soit politiquement au sein de l’Union Nacional Española, soit militairement au sein des Guérilleros FFI ou des FFL. Ils constituaient la 9e compagnie du Régiment de marche du Tchad qui s’illustra à la libération de Paris. Comment honorer la dette que les Français ont envers ces résistants étrangers? s’est interrogé Georges Sentis. Une seule réponse: en luttant obstinément contre toute manifestation xénophobe ou raciste. Car, si les premières mesures prises par Vichy au cours de l’été 1940 ont été d’abord xénophobes (création d’une commission de révision des naturalisations dès le 22 juillet), elles ont très vite pris un caractère raciste, antisémite. Ainsi le 1er Statut des Juifs prévoyait que «les ressortissants étrangers de race juive pourront être internés dans des camps spéciaux par décisions des préfets». Mesure que le préfet des Pyrénées-Orientales avait anticipé en regroupant au camp de Saint-Cyprien plusieurs centaines de Juifs belges. Evoquer ces événements vieux de 70 ans, c’est rappeler la fragilité de la démocratie et les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité. Aussi Thierry Del Poso s’est félicité que, au-delà des différences idéologiques et politiques, c’est cette volonté de défendre les droits de l’homme qui avait réuni les nombreux participants de cette cérémonie. G.S. 10 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Les « Sakados » des étudiants Aide humanitaire. Les associations étudiantes «le Fil Rouge» et «Ramène ta fraise» sont porteuses d’un projet en direction des sans-abri du département. Ce projet consiste à sensibiliser la communauté universitaire au sort des sans abris du département. Selon les statistiques officielles de 2004, 3.500 personnes étaient dans cette situation et tout indique que c'est encore bien pire en 2010. Ce triste constat a motivé les deux associations étudiantes pour agir, même si elles sont conscientes «qu'elles ne feront pas des miracles». Elles vont le faire par le biais de sacs à dos, chacun étant rempli par quatre type d'objets. Kit chaleur (homme et femme différenciés): pull, chaussettes, blouson, bonnet, gants, pantalon ou jupe, chaussures, couverture, duvet, écharpe, chemise... Kit hygiène (homme et femme différenciés): brosse à dents, dentifrice, gel douche, coton tiges, soins pour le corps, miroir, ciseaux, brosse à cheveux, maquillage, barrettes, protection féminine, rasoir, mousse à raser, lingettes, nécessaire de couture, mouchoirs en papier... Kit culture et communication: livre, timbres, papier à lettres, plan de ville, stylos, carnet de notes, recharge GSM, lampe de poche à générateur, poste de radio, pince multifonctions... Kit festif: chocolats, marrons glacés, conserves de qualité, gourmandises, boissons non alcoolisées... novembre, ils seront remplis en les présentant dans quatorze points de collecte dont neufs sont organisés conjointement avec le Secours populaire. Enfin, avant les vacances de Noël, les sacs seront distri- bués avec le Samu social par des étudiants volontaires identifiés par des chasubles. Roger Hillel Cette opération fonctionne selon quatre principes Pas d’argent circulant; les médias et Internet sont les porte-voix de l’opération; elle se met en place avec les structures d’aides aux sans abris (Samu social, Croix-Rouge, Secours populaire.) Et enfin, elle fonctionne au moment des fêtes de fin d’année et durant la saison où le froid et les intempéries isolent encore plus les sans-abri. En octobre, des sacs vides de 25 à 30 litres ont été collectés ou achetés avec le soutien financier de l'université. En HLM : la CSF dénonce un véritable racket sur le dos des locataires ! Logement social. La Confédération syndicale des familles, 3e organisation nationale de locataires, appelle l’ensemble de son réseau et de ses partenaires à mettre en échec le projet gouvernemental visant à prélever en 3 ans un milliard d’euros sur les loyers perçus par les organismes HLM. Intégrée au projet de loi de finances 2011, cette mesure permettrait à l’État de collecter pour son compte 2,5% des loyers HLM, soit l’équivalent de 80 euros par locataire et par an! Cette ponction sur les loyers aurait des conséquences catastrophiques pour les familles. Elle se traduirait très concrètement par une baisse mécanique du nombre de logements sociaux construits (de l’ordre de 20.000 logements par an); par une détérioration du parc existant, de nombreux travaux d’entretien et de réparation ne pouvant plus être financés. Cette ponction vise clairement à compenser la baisse du budget de l’État en faveur de la construction de logements sociaux, qui passerait ainsi de 630 à 60 millions d’euros entre 2010 et 2013! Du jamais vu, alors même que plus de 1,2 millions de personnes sont aujourd’hui en attente d’un logement à loyer modéré. Désormais, c’est sur les locataires HLM, déjà précarisés par la crise, que reposera le financement de la construction de nouveaux logements sociaux. Pour la Confédération syndicale des familles, ce désengagement de l’État est inacceptable. L’État doit continuer à assumer sa responsabilité de garant de la solidarité nationale et du droit à un logement de qualité pour tous. La CSF appelle les locataires, les parlementaires et l’ensemble des acteurs du logement à se mobiliser activement pour empêcher par tous les moyens que cette ponction ne devienne effective. [email protected] - http://www.la-csf.org Contacts: Farid (à g.) 06.46.32.79.63 ou Raphaël 06.84.26.38.22 (à d.) Polémique autour d'un canal d'arrosage Rivesaltes. Une association de riverains du canal d'arrosage conteste le fonctionnement de l'ASA gestionnaire. Ce n'est pas une mince affaire, ce canal d'arrosage de Rivesaltes dont l'existence remonte à 1313, dans lequel s'écoule depuis son origine de l'eau prélevée dans l'Agly, à laquelle se sont ajoutées des eaux forcées issues de huit forages. Il assure l'irrigation de terrains agricoles situés dans un périmètre défini en 1796 dont les usagers se sont groupés en 1850 au sein d'une association de propriétaires. Pour payer le vanneur qui manipule les panneaux d'arrosage et entretient le système hydraulique, une taxe est prélevée auprès des propriétaires, dont le montant est calculé en fonction de la superficie de leurs terrains. Seulement voilà, avec le temps, au sein de ce périmètre des parcelles n'ont plus été exploitées, des habitations ont été construites, des lotissements ont été aménagés par la mairie. Et hors de ce périmètre, de nouveaux terrains agricoles ont été créés qui bénéficient de l'arrosage du canal. En principe, ce suivi devait être assuré par l'association de propriétaires qui s'est transformée en 2004, conformément à la nouvelle réglementation, en ASA (Association syndicale autorisée) du canal de Rivesaltes. Or, c'est là où le bât blesse. « C'est incroyable que la préfecture ferme les yeux là-dessus » Pendant plus de 30 ans, l'association de propriétaire devenue ASA n'a pas convoqué d'assemblée générale statutaire et ce n'est qu'en mai 2008 qu'elle a dû s'y résoudre à la demande expresse de la préfecture. Mais, cette AG a tourné court, de sorte que la contestation de plusieurs propriétaires exigeant une ASA «équitable et transparente» a pris une tournure plus radicale avec la création en août 2009 de l'ATAR (association des tenanciers de l'arrosage de Rivesaltes). Selon ses porte-parole, des propriétaires ont été exonérés de la taxe ou ne la paye plus en fonction de la superficie de leurs terrains. Qui plus est, la mairie qui possède 160 hectares dans le périmètre d'arrosage ne paie plus la taxe proportionnellement à cette surface, mais se contente de verser une subvention à l'ASA. Pour eux, l'opacité est totale. Aussi, demandent-ils au préfet d'intervenir pour mettre en conformité le fonctionnement de l'ASA avec ses statuts, expliquant que «les taxes sont variables, au bon vouloir du syndic en place. Certains sont exonérés, des parcelles ont été soustraites ou ajoutées, d'autres propriétaires modérément taxés et la grande majorité paye le prix fort avec ou sans eau!» Ils demandent une enquête publique pour redéfinir le périmètre des parcelles bénéficiant de l'arrosage du canal, et pour créer une nouvelle ASA. Mais la préfecture ne bouge pas. La mairie dont un des adjoints est vice-président de l'ASA fait la sourde oreille. L'ATAR a déjà déposé quatre mémoires devant le tribunal administratif de Montpellier. «Elle mise sur une justice impartiale, certaine que son dossier est fort, juste et étoffé.» R.H. 11 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Les photographies de Georges Bartoli, nées de 25 ans de patiente écoute du monde cheminot, et les mots de Didier Daeninckx, qui n’oublie jamais que la fiction peut être un argument décisif de lutte, témoignent d’un monde complexe, hiérarchisé, diversifié et pourtant uni qui vit, semble-t-il, sous nos yeux, de nos jours, ses derniers temps. Les gens du rail, ce peuple cheminot qui oeuvre dans les ateliers, font rouler à toute heure les trains, accueillent le voyageur dans les gares, ces temples de l’errance industrielle, entretiennent les milliers de kilomètres de voies au pas lent des marcheurs, ces gens du rail sont les derniers témoins d’une grande entreprise unie, solidaire. Ce que les photographies attestent en le montrant, la fiction du romancier le suggère : et si la France perdait son train ? Chaque lutte pour sauver le rail est vertueuse; parce qu’ils les connaissent, en savent la pudeur et les excès, Didier Daeninckx et Georges Bartoli proposent, chacun dans son mode d’expression, un portrait intime et générique des Gens du rail. Successivement ouvrier, imprimeur, animateur culturel et pigiste, Didier Daeninckx se tourne vers l'écriture, après quelques années de passage à vide. Son premier roman, Mort au premier tour (1982), suivi de Meurtres pour mémoire (1984) marquent le début d'une carrière littéraire récompensée par de nombreux prix : Grand prix de littérature policière, Prix Louis Guilloux, Prix Goncourt du livre de jeunesse ainsi que le Prix Paul Féval de Littérature Populaire, en 1994, pour l'ensemble de son oeuvre. 19h30, place Rigaud, Perpignan. Le soir tombe mollement sur cette journée d’octobre. La lumière est belle, automnale, filtrée et subtile. Les rouges de la ville sont ocres sous la lumière balbutiante des lampadaires de la placette. A moins que mon deuxième Picon bière ne me fasse voir la vie en rose… De mon poste de guet, la terrasse du Lisboa, un sympathique restaurant portugais, je vois un groupe de jeunes du quartier, engagés dans une partie de ballon. Soudain ils se figent. Un des gars met le pied sur le ballon. Je les shoote. Puis je comprends. Une bagnole de flics en tranquille d’un mardi soir comme les autres. Ironie. Sur la gauche, placardée sur le mat d’un lampadaire, un panneau tente de dire «Jeux de ballons interdits». Le gamin face à moi, posture indolente, regard tourné vers la voiture de patrouille, jambes croisées, est une pure image d’insouciance. Tranquille. Pas vu pas pris. Au-dessus de lui, au frontispice, flottent ces deux mots: «Temple protestant». C’est sur la porte du temple que le jeune en short s’appuie. La porte, c’est la cage des buts. Le jeune, c’est le gardien de but. Finalement, pas dupe, un flic municipal GENS DU RAIL Didier DAENINCKX (textes) Georges BARTOLI (photographies) Editions Privat - Collection Patrimoine 28,50 x 28,50 cm - 200 p – 39 euros D’origine catalane, Georges Bartoli a d’abord travaillé dans la presse quotidienne régionale (Midi-Libre, L’Indépendant). Il a ensuite réorienté son activité vers les problèmes de société en France et à l’étranger, en collaboration avec le journal l’Humanité, l’Agence France Presse et REA, puis avec Reuters et Maxppp. Il est actuellement photographe indépendant et ses reportages sur l’altermondialisation, le monde du travail, la Palestine ou le Vénézuéla sont diffusés sur le site fedephoto.com. Dialogue. Goguenard. Ils se connaissent ceux-là. Ça sent la vieille rengaine. La routine quoi. Chacun dans son rôle. Les flics repartent. Le jeu reprend. Je me demande si ces jeunes étaient dans la manif tout à l’heure. En les voyant shooter dans leur vieux ballon fatigué, je repense aux questions que se posent les grands médias en ce moment: «Que font les jeunes dans les manifs pour la retraite? Pourquoi manifestentils, eux qui ne sont pas concernés avant au moins 30 ans?» Il paraît que les autres pays nous voient comme des fous, des agités, éternels insatisfaits, rêveurs sang, livré aux syndicalistes. La grève serait à ranger avec les attributs rassurants de l’iconographie franchouille que sont le béret, la baguette et le camem bert qui pue. Ils ne comprendront jamais ces médias étrangers la colère de ces jeunes. Ils ont trop tété la mamelle aigre du thatchérisme. Ils n’ont qu’un logicie installé dans la tête. Celui du libéralisme de la réussite individuelle, de la compé tition et du profit. Il ne sont pas équipés pour comprendre. Un mot surtout a disparu de leur dictionnaire. Un mot clé, un mot qui fait défiler les jeunes dans la rue. Le mot solidarité. 12 « Les princes du tsigane » N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Victor Démé Théâtre de l’Archipel - Théâtre Municipal. Samedi 30 octobre à 20h30. Amis D’Alain Marinaro à Argelès. Samedi 30 octobre à 17h, Galerie Marianne, dans le cadre des « Musicales » d’Argelès-sur-Mer Galdric Subirana a 21 ans; il vient d’obtenir la licence au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon et il est titulaire du 1er Prix du Concours International de Vibraphone de Clermont Ferrand. Il initiera ses auditeurs aux sonorités originales et aux aspects techniques du vibraphone, par l’interprétation d’un andante de JeanSébastien Bach et d’une pièce d’un compositeur contemporain. Ensuite, avec sa sœur violoniste, Cécile (15 ans), il proposera un programme viennois divertissant de danses russes et tsiganes. Après cette heure musicale, une dégustation vente sera assurée par la cave de l'Abbé Rous. Entrée avec libre participation. Renseignements au 04.68.89.65.96 ou au 04.68.81.10.15 Le Tailleur de rimes! Comme un clin d’œil à son enfance, Victor Démé pose sur la pochette de son album «Déli» un mètre ruban autour du cou sur une chemise colorée. Aujourd’hui, après deux ans d’un succès savouré, il nous livre les 14 joyaux de Déli, qui naviguent entre blues mandingue, folk, country, rumba et afro- beat. Victor Démé est l’humilité même. Il ne fait pas partie de ces artistes qui s’appuient sur les artistes de renom pour dire que sa musique est excellente. Alors quand on lui parle de son titre «Woko Baya Guéléma» sur lequel Fémi Kuti est venu, il dit que peu importe son nom, qu’il est simplement fier que Fémi ait accepté de venir sur son album et que l’important c’est ce qu’il en ressort. C’est auprès de sa mère griotte Aminata Démé renommée dans la ville que Victor apprend le chant. Une enfance entre tradition couturière et héritage musical, entre la machine à coudre et la guitare ... En 2007, avec l'aide du journaliste David Commeillas et des activistes de Soundicate, ils fondent le label Chapa Blues Records. Il travaille donc son 1er album dans le petit studio que l'équipe du Ouagajungle a bricolé à Ouagadougou. Dans ce premier album, c'est une invitation au voyage et au dépaysement à travers des textes poignants, reflet du vécu de l'artiste. Après une longue tournée semée de festivals, du Printemps de Bourges à Jazz Sous Les Pommiers, Victor Démé enregistre son deuxième album à la maison avec le guitariste, arrangeur et chef d'orchestre Issouf Diabaté, les frères poly-instrumentistes Diarra et le violoniste de Dimitri Artemenko. Le blues mandingue saupoudré d'afrobeat de Victor Démé se révèle toujours aussi envoûtant. Bertrand Belin avec son album, Hypernuit, est célébré, à juste titre, comme l'un des meilleurs albums de la rentrée en France. Talent repéré par les Inrockuptibles. Tarif abonnement privilège 12€ / abonnement découverte 13€ / carte Pop 15€ / tarif normal 18€ Toâ De Sacha Guitry. 4 novembre. Toâ est une pièce-bilan pour Sacha Guitry. Il pose sur lui-même et sur son théâtre un questionnement. Il se moque de lui-même, en même temps qu’il s’y défend des critiques qu’on lui fait. Car derrière l’auteur à succès, surnommé alors Monsieur Moâ en raison de son égocentrisme, il y a l’homme et bien sûr il y a l’artiste ! Plein Tarif: 18€ Tarif ECT-SCT : 15€ Abonnement Découverte : 13€ Abonnement Privilège : 12€ Stacey Kent A l Affiche Bages La compagnie Cielo vous invite au spectacle «Le Tandem en folie». Samedi 30 octobre, salle des Fêtes à 20h30 Perpignan El mediator. Vendredi 29 octobre. Sound System La Main Verte. Papet J Dapatch Selector - Ranking Saiden Sista I Queen - Large Up Sound Sur le point de fêter ses 10 ans, La Main Verte remet le couvert et nous propose une soirée Sound System sur un plateau (costaud)! Avec deux des plus significatifs représentants de la scène reggae ragga française qui viendront mettre le feu à la soirée: Papet J des Massillia Sound System et son Rub a Dub phocéen ainsi que Lord Bitum (ex K2R Riddim) baptisé «la mitraillette vocale» au flow époustouflant. Ils seront épaulés par Dapatch selector aux manettes et de Don Saiden (révélation régionale). Préparez vous les massives, il y a du Pull-Up dans l’air! Jeudi 4 Novembre à 21h. Eric Mc Fadden Alternatif - Expérimental. 13€, 10€ Carte Pop Jazz, Chansons, Musique du Monde. 5 novembre. Plein Tarif : 30€ Carte Pop : 27€ Abonnement Découverte : 25€ Abonnement Privilège : 24€ Langages abscons Théâtre de l’Archipel. « La traversée des langages » d’Armand Gatti laisse le public à quai. Perplexité, voilà résumé l’état d’esprit qui dominait, vendredi dernier, au sortir du spectacle dont l’intitulé pouvait déjà susciter quelques inquiétudes, sauf si l’on pensait qu’il s’agissait d’une forme suprême d’humour, «La traversée des langages, ou, les possibilités de la symétrie virtuelle se cherchant à travers les mathématiques, selon les groupes de la dernière nuit d’Evariste Galois». Ce dernier, rappelons-le, est mort en duel à 21 ans, la nuit d’avant, il faisait une découverte mathématique décisive. Cette destinée, ainsi que celle de Jean Cavaillès, autre brillant mathématicien et résistant, ont inspiré à Armand Gatti (fils d’immigrés italiens, résistant, déporté, journaliste, auteur et metteur en scène) un texte aussi foisonnant que totalement hermétique, mêlant sciences, politique, poésie et résistance à l’oppression. Un texte au cœur d’un projet théâtral porté par l’association IDEOKILOGRAMME qui a travaillé avec des jeunes de quartiers, La Paillade, notamment. Saluons l’enthousiasme et la pugnacité de ces interprètes, non professionnels, embarqués dans une aventure des plus insolites. Sur des chorégraphies largement inspirées des arts martiaux, qui occupent pertinemment l’espace scénique, ils tentent de donner corps et sens à ce qui apparaît comme une succession de mots sans lien. Sacrée gageure, mais le public ne s’y retrouve pas, et sombre dans l’ennui le plus profond. Dommage, pour ceux qui se sont investis, dommage pour Gatti(il était présent dans la salle, l’Institut Jean Vigo lui consacrant en même temps une rétrospective,) 86 ans et toujours le poing levé. N.G. 13 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Coup d’envoi réussi, avec « Virage dangereux » de J.B. Priestley Théâtres d’automne à Thuir. Par tradition, la compagnie des Beaux Masques de Thuir, puissance invitante, inaugure le programme des Théâtres d’automne. Fidèle au rendezvous le public avait rempli la salle. Un public attentif, averti, en phase intime avec ses comédiens qui disaient à leur sortie de scène à quel point il les avait portés et soutenus tout au long de la représentation. Atelier théâtre pour les 13-16 ans Théâtre de la Rencontre. Le Théâtre de la Corneille vous informe de la reprise de ses ateliers pour les adolescents de 13 à 16 ans les mardis de 18h à 20h au Théâtre de la Rencontre. Cet atelier mené dans le cadre du CUCS (contrat urbain de cohésion sociale) en liaison avec le centre social Maison de SaintMartin est dirigé par Michel Picod. Au cours de cet atelier sont proposés des jeux théâtraux pour s'approprier le plateau: mimes, improvisations, virelangues... Le jeu théâtral doit favoriser l'expression artistique de chacun en restant à l'écoute de l'autre. Cet atelier permet de valoriser les adolescents vis-à-vis d'eux-mêmes et de leurs camarades, leurs offrir un autre regard, une autre perception du monde du théâtre. Former de nouveaux spectateurs ouverts au spectacle vivant en éveillant leur curiosité, en stimulant tant leur créativité que leur esprit critique. Théâtre de la Corneille au 04.68.57.37.17 Michel Picod au 06.37.51.86.52 «Sur quoi on ouvre chef?» Institut Jean Vigo. Mardi 2 novembre 19h / Arsenal - salle Marcel Oms «Virage dangereux», comédie de J.B. Priestley, œuvre complexe, grave et légère à la fois, recèle en effet quelques pièges, surtout pour des comédiens amateurs. Elle s’ouvre sur un salon typiquement anglais, occupé par des personnages à l’apparence très conventionnelle, réunis pour une soirée de bavardages bien arrosée autour d’une commère à l’oreille attentive, prête à colporter ici et là toutes les confidences recueillies. Celle-ci sort très rapidement, laissant le groupe (frères, épouses, amis très proches) à son intimité. Cela démarre autour de la mort d’un frère très aimé, qui s’est récemment suicidé. On ne vous en dira pas plus car le sujet ne doit pas être défloré. Car tout repose, à l’anglaise c’est en ce sens un modèle du genre-, dans les cheminements des confidences, des demi vérités, des vrais mensonges et des petits bouts d’aveux, pour un déballage habilement mené d’une histoire banale, habillée de bout en bout de fauxsemblants et de fausse ingénuité. Comédie dans sa dominante, la pièce est douce-amère, le drame y frôle le ridicule, le jeu de cache-cache y est permanent. Les comédiens, après un temps d’adaptation, dû à la situation statique du début, qui les rend un peu gauches, dominent ensuite le déroulement de tous ces aléas avec une aisance, une verve, une maîtrise des situations qui nous entraînent avec eux jusqu’au bout. Chapeau aux comédiens de la Troupe des Beaux Masques, chapeau à Florence Giudicelli, qui les a mis en scène. On leur souhaite, avec ce spectacle, une belle et heureuse tournée. Yvette Lucas Le regard singulier de Pierre Corratgé Deux expos pour illustration. La balade s’impose, de la galerie Thérèse Roussel à l’agence Clémenceau de la BPS, ou vice-versa, pour découvrir la nouvelle production du photographe Pierre Corratgé, créateur aux multiples facettes, la diversité des images exposées l’atteste. A la banque, l’exposition s’intitule « Les yeux ouverts », elle montre New York en noir et blanc, rues, immeubles, perspectives, gens, un regard singulier, que l’on devine nourri de bien d’autres visions, tableaux, de Hopper, sûrement, films… un vibrant écho à toute une culture américaine, celle qui nous est chère. « Interventions », c’est chez Thérèse Roussel ; le titre déjà indique une activité, l’artiste ne s’est pas borné à prendre des photos, il a travaillé dessus. Les murs de la première salle sont traversés, en leur centre, d’une bande grise et bleue, variations sur la plage de Torreilles, qualifiées par l’artiste de «paysage recomposé», l’œil se perd dans les vagues, s’étonne de l’effet produit par d’infimes fractures verticales. Salle suivante, autre univers, on croirait des fresques, ce sont des polaroïds détachés et recollés. Natures mortes aux teintes sépia, personnages figurés par de longilignes silhouettes, des images aux allures de songe, de lointains et précieux souvenirs. Un travail qui vous parle et vous émeut. N.G. A voir jusqu’au 6 novembre Galerie Thérèse Roussel 7 pl Joseph Desprès Perpignan Banque populaire 38 bd Clémenceau L’Institut Jean Vigo propose, en collaboration avec le Théâtre du Gecko et Rime aux Romarins à l’occasion de la création théâtrale «Sur quoi on ouvre chef?» de Bernard Revel, Numéros zéro de Raymond Depardon, France 1977. Claude Perdriel, directeur du Nouvel Observateur, décide de lancer un quotidien d'information: Le Matin de Paris. Raymond Depardon s'immerge au cœur d'une rédaction en ébullition qui prépare les essais avant parution du premier numéro du journal. Dans Numéros zéro Naissance d’un journal, Depardon filme, telle une petite souris, les quinze jours de travail qui ont précédé la naissance de ce quotidien «de gauche populaire» qui disparaîtra en 1988. Un document passionnant sur la presse dans les années 70. La projection sera suivie d’un débat animé par Bernard Revel, dramaturge, journaliste, éditorialiste de L’Indépendant de 2001 à 2008, Christian Hernandez, metteur en scène et les comédiens de la pièce «Sur quoi on ouvre chef ?» Projection à 19h, salle Marcel Oms, Arsenal, 1 rue Jean Vielledent, Perpignan. 04.68.34.09.39 www.inst-jeanvigo.eu 14 N°3386 - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2010 Village Vacances L’OLIVETTE 22, chemin Saint-Pierre 66700 ARGELES SUR MER Fax 04 68 81 21 10 e-mail : [email protected] 04 68 81 03 12 Table ronde « Quel devenir pour nos services publics ? » avec «La Bande à Pépère», un concert acoustique où Brassens et Trenet se mêlent aux compositions de ces quatre musiciens rocatins et villelonguais. L’humour et la poésie de Pépère au travers de chansons émouvantes:Avril 48, Je m’délabre, l’Esprit d’ici… Suivi du concert de Patrick Ramone, chanteur-poète catalan qui, fort de plusieurs albums, a réussi à marquer notre mémoire collective par une sensibilité et des mots servis par une musique unique et jouée par des musiciens hors pair. Entrée 5€. Buvette, gâteaux, fruits. Réservation: Martine au 06.30.57.58.85 ou Albert au 06.35.97.27.79 En présence de Pierre Aylagas et Jean Vila, conseillers généraux, d’un représentant du Collectif départemental de défense des services publics et Christian Nauté, maire de Laroquedes-Albères. Avec les témoignages de Agnès Roque (infirmière hospitalière), Véronique Bourquard (enseignante, syndicaliste), Eric Fontaine (La Poste). Samedi 6 novembre - 15h30 - salle du FAC à Laroque-des-Albères. Rencontres citoyennes organisées par le Comité rocatin d’initiatives citoyennes (CRIC). Pour clôturer la journée de rencontres citoyennes, le CRIC organise un concert annonces légales - annonces légales Association d'Avocats Conseils Hervé GERMA - Pierre POVEDA Anne BAISSAS de GUARDIA Michel ARIES - Philippe BLAIN Virginie MARTEILL - Olivier VIENNE CENTRE PLUS - 9 Rue Camille Desmoulins 66027 PERPIGNAN Cedex AVIS DE CONSTITUTION FORME : Société à responsabilité limitée IMMATRICULATION au RCS de PERPIGNAN. SIEGE SOCIAL : PERPIGNAN (66100) 70, Avenue Alfred Kastler Pour avis OBJET : La commercialisation pour son compte ou le compte de tiers, la distribution par voie électronique, sur Internet, par correspondance ou autrement, l'import/export de tous produits de communication ; Toutes prestations liées à la fabrication de produits de communication, de publicité, de catalogues, de supports publicitaires ou de communication, de merchandising ; La commercialisation d'espaces publicitaires en ligne et d'intégration de liens Internet ; Le conseil en informatique et e-commerce ; Le Travailleur Catalan est habilité à publier les annonces légales et judiciaires. DUREE : 99 ans CAPITAL : 8.000 euros Avis est donné de la constitution d'une Société présentant les caractéristiques suivantes : DENOMINATION : CYLIOPRINT COGERANCE : Lionel LELIEVRE, demeurant à CABESTANY (66330) 15, Rue Maurice de Broglie, et Cyrille SABATIER, demeurant à PERPIGNAN (66000) 42, Rue des Ménestrels Pompes Funèbres Conseillers Funéraires du Roussillon OFFICE FUNÉRAIRE ET C R É M AT I S T E Y. GUIZARD Père & Fils & H. CARBONELL 8, Place Gambetta - 66000 Perpignan - Tél. 04 68 51 30 20 Site Internet : http://www.pompes.funebres.fr Chambres Funéraires : ZI. La Mirande 57, av. aérodrome Crématorium 66240 Saint-Estève 66000 Perpignan 66140 Canet-en-Roussillon Tél. 04 68 51 30 20 Tél. 04 68 51 30 20 Tél. 04 68 73 50 50 Renseignements au 04 68 67 00 88 ou au journal, 44 avenue de Prades - Perpignan Lundi - Mercredi - Vendredi : 14h à 18h Fax 04 68 67 56 14 Crématorium Régional Prévoyance Obsèques Testament Crématiste Organisation d’obsèques Cimetière St Michel 66 140 Canet en Roussillon Renseignement et devis 04 68 73 50 50 ou www.pompes.funebres.fr 15 Pétition Liste de signataires (suite) Alleg Henri, militant anticolonialiste Palaiseau Arbiol-Pous Sylvie, psychologue Argence Chantal, responsable syndical Bernardeau Yannick, délégué syndical SNJ Le Quotidien de la Réunion Biesse Eric, reporter d'images Bolzinger Jean-François, secrétaire général UGICT-CGT Bornon Patricia, UD CGT Lozère Carrazoni Amandine, conseillère municipale Carcassonne Chassaigne André, député Croisé Nathalie, journaliste Delay Denis, médecin Devers-Dreyfus Nicolas, journaliste Deveze Hubert, ancien maire de Audun-le-Roman (55) Dumontaux Jacques, ancien secrétaire national du NSNEP FSU Emeriau Luc, journaliste Franquesa Michel, secrétaire PCF Perpignan Gibelin Jean-Luc, directeur d’hôpital Girard Alain, maître de conférences UPVD Girodeau Gildas, agriculteur et écrivain Grisenti Martine, enseignant chercheur Hesnard Annie, contrôleur DGFIP Jacobousky Loïc, jardinier biologiste Jacquet Guy, comédien, metteur en scène Javelas Pierre, principal honoraire Larruy Marie-Ange, conseillère municipale Limoux Lépine Serge, maire de Camplong d'Aude Lewkowicz Jacques, professeur d'université Magniadas Jean, économiste Malet Nathalie, syndicaliste Maratrat André, ancien résistant déporté NN Marolo Eric, UD CGT Lozère Mascré Sandra, attachée de communication Maury Francis, instituteur Noell François, psychologue Pages Lucien, président des Ciné Rencontres Passet Michel, maire adjoint Montpellier Pillon Danilo, adjoint au maire d’Argelès Pous Philippe, architecte Pujol Henri Queyeix Jean-Pierre, professeur Rey Nicole, responsable association de mémoire Rivailler - Delnotte Jacqueline, médecin Savy Max, vice-président Thau Agglo Senseby Didier, enseignant Severac Marc, secrétaire Adecr 66 Adjoint au maire d’Argelès Surroca Michel, ingénieur verrier retraité Tournissa Jean-Paul, syndicaliste enseignant Triviño Dolores, enseignante Tulumello Isabel, professeur Vigo Luce, journaliste Paris Wlosczowski Roland, ancien conseiller municipal Paris Le pluralisme de la presse est en danger! Le Travailleur catalan est menacé de disparaître définitivement cette année. Les lecteurs réguliers ou occasionnels de ce journal ne peuvent pas l'accepter. Depuis sa création en juillet 1936, le Travailleur catalan a profondément changé. Aujourd'hui, il porte plus largement les voix diverses de la contestation du capitalisme et de la transformation sociale, pour nourrir le mouvement populaire et social d'idées progressistes, pour soutenir toutes les luttes qui se mènent dans le département et ailleurs. S'il devait cesser sa parution, ce serait un appauvrissement considérable du paysage politique et médiatique, un affaiblissement de tout le mouvement social. Les temps sont durs pour la presse en général, mais ils le sont encore plus pour la presse d'opinion. Seul journal de gauche des P-O, accepter sa disparition serait accepter une amputation de la liberté de la presse, priver d'une tribune celles et ceux qui résistent à l'offensive libérale et capitaliste contre les peuples. Nous nous adressons à vous, femmes et hommes épris de progrès, de justice, de liberté d’expression, et vous appelons à défendre le Travailleur catalan, en signant cette pétition, en vous abonnant ou en faisant un don en faveur de ce journal. Prénom : Nom : Qualité : Signature En signant, j’autorise le Travailleur catalan à publier mon nom et ma qualité. Faire parvenir à Le Travailleur catalan - 44 avenue de Prades - 60000 PERPIGNAN Mèl : [email protected] ✄ Parrainer un nouveau lecteur du TC Offrir un abonnement à une de ses connaissances 3 mois (19€) 6 mois (36€) Personne à abonner 1 an (70€) Parrain Nom: Nom: Prenom: Prenom: Adresse: Adresse: Téléphone: À retourner, avec votre règlement par chèque, à l’ordre du Travailleur Catalan Le Travailleur Catalan - Service abonnements 44 avenue de Prades 66000 Perpignan 16 Le billet d’humeur de Jean-Marie Philibert La fibre sociale : l’avoir ou pas ! Dans les rues de nos villes, les grandes, mais aussi les petites, se joue un affrontement majeur entre ceux qui ont la fibre sociale et un pouvoir violemment antisocial. Disons les choses simplement: pour des raisons de classe, la majorité de droite au pouvoir mène, poursuit, accentue une politique antisociale violente, autoritaire, dure pour les plus faibles d’abord, mais aussi pour la très grande majorité du peuple. La «réforme» des retraites est l’élément visible, tangible de cet affrontement; le droit à la retraite est un symbole à casser. La foi «laïque», l’espoir, dans des progrès possibles sont à éliminer durablement des consciences. Ces consciences, elles-mêmes, seraient à dissoudre, si c’était possible. Vous n’avez pas le choix ! Mais, espèces de manants, acceptez donc de vivre dans la précarité, dans l’assistanat, dans la sainte soumission à la puissance de l’argent universel. Vous n’avez pas le choix, il faut accepter la compétition économique mondiale qui ne connaît ni le code du travail, ni les droits sociaux, ni le droit à la santé, ni les services publics, ni les retraites décentes à un âge où on peut encore en profiter. Dans ce monde-là on vous exploite jusqu’à soixante ans, soixante-deux, soixantesept et pourquoi pas au-delà… Le mouvement sur les retraites montre, qu’en dépit de toutes les propagandes possibles et imaginées, en dépit de tous les bourrages de crâne médiatiques, en dépit de tous les mensonges proférés par L’actu ceux qui ont intérêt à mentir et par les innocents qui les singent, le peuple résiste. Le peuple n’a rien perdu de sa fibre sociale: il descend dans la rue, il soutient les mouvements, même s’il en subit quelques gènes, il étonne les commentateurs qui ont vendu leur âme au pouvoir pour un plat de lentilles. Le peuple a gardé son penchant «naturel?» pour la solidarité, la fraternité, l’engagement, l’aspiration à une vie meilleure. Il le dit fort, souvent, en très grand nombre. Le peuple dans sa diversité, le peuple du nord, le peuple du sud, le peuple des jeunes et des moins jeunes, le peuple des salariés, des retraités. Le peuple de toutes les couleurs que rassemble l’unité syndicale (on ne dira jamais assez ce que cette unité est capable de faire et de faire faire). Le peuple vivant bien loin, très loin, à des années-lumière, de la clique d’arnaqueurs qui nous gouvernent. Les voleurs de vie Car c’est d’arnaque qu’il s’agit: d’un côté il y a la fibre sociale, en face il y a les voleurs. Les voleurs de vie, d’espoir, d’avenir. Quand on fait passer une régression majeure des droits sociaux comme la seule entreprise possible pour sauver le système des retraites par répartition, on trompe le peuple. Quand on joue au grand réformateur, la main sur le cœur, quand quotidiennement on s’assoit sur les droits de ce peuple, quand on oppose les hommes entre eux, quand on exclut, quand on ne se présente devant ce peuple que caché derrière des rangées de robocops, la vraie nature du pouvoir apparaît: antisociale et pétainiste. La mise en scène d’un reste de soutien populaire à ce pouvoir est d’un comique achevé: avez-vous vu les groupies venues entendre, à Pollestres, le président du groupe des députés UMP, arborant des pancartes «Stop la grève»? Avez-vous vu ce pauvre homme lors d’un déplacement savamment organisé de «notre» président, lui dire suffisamment fort pour que les micros l’entendent: «Tenez bon!»? Savent-ils ce qu’ils font? Il n’est pas sûr vue par Delgé que leurs intérêts de salariés, de citoyens, pour certains modestes, soient dans la compromission avec un tel pouvoir. Il n’est pas écrit dans le marbre qu’ils n’auront pas eux aussi à un moment la fibre sociale. C’est cette fibre-là qui a fait notre force, notre détermination, notre capacité à élargir le mouvement, à le faire durer. A nous de la garder, de la faire croître et proliférer, de la faire partager. L’automne peut être le temps des semailles. Sans semailles, pas de récolte !