SPÉCIAL IMMOBILIER RENNES - guide Nouvel Observateur

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SPÉCIAL IMMOBILIER RENNES - guide Nouvel Observateur
SPÉCIAL IMMOBILIER RENNES
JEAN DUGOR
Président du conseil
régional des notaires de
Bretagne
Le Nouvel Observateur
Comment se porte le marché
rennais depuis le début de
l’année ?
Jean Dugor. Depuis janvier, nous
enregistrons un volume de transactions similaire à celui de la période
d’avant-crise. Mais, si la fin 2010 a
été marquée par une explosion des
ventes d’appartements neufs,
désormais c’est l’ensemble du marché qui se porte bien. En parallèle,
les prix restent très raisonnables.
Nous avons constaté des hausses de
6,2% dans le cœur de Rennes, mais
c’est un cas unique en Bretagne, où
les prix restent très stables. Notre
région n’a rien à voir avec la flambée
qu’à connue la région parisienne.
Et pour le reste de la Bretagne ?
Désormais, les prix se situent globalement en Bretagne sur les niveaux
que nous avons connus en 20062007, sauf pour le littoral, où les
valeurs sont plutôt celles de 2005.
Dans toutes les villes, le volume de
transactions est reparti, mais les
prix continuent de baisser sur certains biens. C’est le cas à Dinan ou à
Morlaix par exemple.
Le marché de la maison
évolue-t-il différemment de celui
des appartements ?
Après une période très morose, il a
connu un net retour de dynamisme,
avec des hausses de prix constatées
un peu partout pour les petits budgets de moins de 120 000 euros. A
contrario, les anciennes maisons de
caractère sur la côte se négocient à
des prix très stables, mais beaucoup
sont mises en vente trop cher. C’est
également le cas des maisons de
lotissement qui ont une vingtaine
d’années et plus. Elles peinent à se
vendre car les primo-accédants préfèrent aujourd’hui acheter des petits
terrains de 500 à 600 m2 et faire
construire leur maison, dans un
budget de 150 000 à 180 000 euros,
plutôt que d’acquérir une maison
ancienne dans les mêmes tarifs
avec 20 000 euros de travaux de
rénovation.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. P.
Le Nouvel Observateur
Depuis mai 2011,
les transactions sont
plus longues à se
mettre en place
commercialise désormais 3 675
euros/m2 en moyenne, soit 3,1% de plus
que l’an passé.
Depuis début 2011, en revanche,
c’est sur le marché de l’ancien que se
concentre la majorité des transactions. D’après la chambre régionale
des notaires, il faut aujourd’hui
dépenser 2 181 euros/m2 pour acheter
un appartement ancien à Rennes, soit
6,2% de plus que l’an passé. « Le
volume de transactions a été très bon
au premier semestre, en grande partie
grâce à des prix stables et à l’arrivée sur
le marché de nouveaux acquéreurs »,
constate Eric Robiolle, directeur de
l’Agence des Lices. Ces nouveaux
acheteurs disposent en grande majorité d’un budget important – plus de
350 000 euros – et recherchent des
grandes surfaces. Grâce à eux, le marché des maisons – elles valent en
moyenne 239 393 euros dans l’agglomération –, qui était un peu grippé
l’an passé, est reparti. Outre les acheteurs familiaux, les primo-accédants
ont également continué à devenir propriétaires, « ils ont profité de la mise en
place du nouveau prêt à taux zéro,
accessible à tous les acquéreurs, sans
condition de revenus », souligne Gaëtan Renaudin, directeur de LFI
Rennes-Centre. Ce coup de pouce au
financement a contribué à soutenir la
demande dans les quartiers les moins
chers de la ville, comme Cleunay, mais
a aussi permis à des jeunes couples
d’acheter dans des quartiers huppés,
comme Thabor ou Jeanne-d’Arc.
Malgré tout, comme dans toutes les
villes de France, un marché à deux
vitesses est en train de se mettre en
place à Rennes. Certains styles d’habitat sont nettement plus difficiles à
vendre aujourd’hui, c’est le cas des
constructions des années 1960-1970.
« Les acheteurs sont nettement moins
attirés par les grands immeubles collectifs et préfèrent les petits bâtiments,
remarque Eric Robiolle. Un appartement avec un niveau de charges important fait peur, un mauvais diagnostic
de performance énergétique entraîne
une désaffection très nette de la plupart
des acheteurs. » Raison pour laquelle,
d’après la chambre des notaires, certains quartiers ont connu une progression de leurs prix nettement moins
forte que la moyenne enregistrée dans
la ville. C’est le cas de Villejean, par
exemple, où les constructions des
années 1960 ont connu une hausse
moyenne des prix de 0,5% sur un an,
ou du secteur sud, qui a progressé de
3%. Cette dernière moyenne étant à
pondérer car elle intègre le quartier de
la Poterie, loti dans les années 1980, où
les prix ont progressé de 5 à 6%, et la
ZUP Sud, où ils ont tendance à baisser.
Ce marché à deux vitesses se retrouve
également dans les quartiers cotés, où
des disparités de prix se font sentir :
dans le centre-ville ancien, certaines
rues remplies de petits bars où les étudiants font la fête le soir sont évitées
par les acheteurs. « Il devient très difficile d’y vendre un bien sans décote
importante », confie un agent immobilier. De la même façon, les copropriétés à pans de bois qui font l’objet de
problèmes de structure ont du mal à se
négocier.
Autre bémol sur le marché immobilier de Rennes : depuis le mois de mai,
les transactions sont plus longues à se
mettre en place. « Nous constatons que
les acquéreurs sont aujourd’hui plus
observateurs du marché, ils ont besoin
de visiter beaucoup de biens, ou plusieurs fois le même, comme pour se rassurer », remarque Agathe Gaudin,
négociatrice chez Sourget Immobilier.
Cette attitude permet aux prix de
rester stables, et au marché de conserver son dynamisme. De l’avis de
tous les professionnels, même une
hausse légère des tarifs entraînerait
un nouveau grippage.
MARIE PELLEFIGUE
DR
II