Contre la directive Bolkestein: les Verts proposent une approche

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Contre la directive Bolkestein: les Verts proposent une approche
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06.03.2005
Contre la directive Bolkestein: les Verts proposent une approche
alternative
Position critique des Verts/ALE sur la proposition de directive
Pourquoi les Verts s'opposent-ils à cette directive ?
Les Verts soutiennent l'objectif de réduire les entraves injustifiées à la libre circulation des
services. Cependant, ils rejettent la tendance croissante de la Commission européenne à renoncer à
l'objectif d'harmonisation vers le haut. La proposition de directive sur les services dans le marché
intérieur, en supprimant des réglementations nationales sans harmonisation préalable, est
inappropriée. Par conséquent, les Verts s'opposent à cette directive dite "Bolkestein", en
particulier pour les raisons suivantes.
1. La justification de la proposition de la Commission est plus idéologique que pratique.
Proposée en janvier 2004, la directive est présentée par la Commission comme un élément logique
et même central de la stratégie de Lisbonne, qui a pour but de faire de l'Union européenne
"l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde" en 2010. Elle
est également vue par la Commission comme une mise en oeuvre concrète du Traité CE, lequel
prévoit la libre circulation des services. En réalité, les débats qui ont eu lieu jusqu'à présent à
propos de la directive ont montré qu'elle n'offre pas la sécurité juridique ni la transparence
nécessaires à la prestation transfrontalière de services. Personne n'est vraiment demandeur d'une
directive au champ aussi vaste. Ce fut particulièrement clair lors des auditions organisées en
novembre 2004 au Parlement européen, où même des employeurs du secteur des services ont
exprimé leur opposition à la directive.
2. La directive mènera à un dumping social et environnemental.
La directive établit comme règle générale pour la libre circulation des services le principe du pays
d'origine (assorti d'une série de dérogations) qui prévoit que les prestataires de services ne seraient
plus soumis aux lois et règlements du pays où l'activité a lieu mais bien à ceux du pays où ils ont
leur siège social. Avec l'application de cette règle du pays d'origine sans harmonisation préalable,
les prestataires de services tendront à s'établir dans les Etats membres où les normes sont les plus
basses. A travers ce type de législation, l'Union européenne renoncerait à l'harmonisation sur des
standards élevés dans les domaines social, environnemental et de protection des consommateurs en
tant que caractéristique centrale de son marché intérieur.
3. L'impact de la directive sur l'emploi et la croissance est surestimé.
Un argument central avancé par la Commission est que les services représentent un potentiel
énorme de croissance économique et d'emplois. La Commission cite de façon répétée les chiffres
suivants: les services forment 70% des PNB nationaux mais seulement 20% des exportations. Il est
exact que les services constituent un énorme gisement d'emplois mais cela ne veut pas dire que
l'emploi dans ce secteur bénéficiera d'une concurrence accrue à l'échelle de l'Union. La plupart des
services répondent à des besoins locaux et par conséquent n'ont aucune raison de franchir les
frontières. La directive Bolkestein favoriserait probablement le développement de grands
consortiums transnationaux de prestataires de services et mettrait en péril les petits prestataires
locaux.
4. Le champ est beaucoup trop vaste et inclut les services d'intérêt (économique) général.
La proposition de directive couvre tous les services sauf trois (services financiers, communications
électroniques et transports). La plupart des services d'intérêt (économique) général tels que la santé,
les services sociaux, l'enseignement, la culture, les services audiovisuels ou les médias (avec un
risque de concentration croissante dans les médias et de remise en cause des positions de l'UE dans
les négociations de l'AGCS) seraient couverts pour autant qu'ils impliquent au moins partiellement
une rémunération économique. Dans le même temps, en dépit d'une demande forte du Parlement
européen, il n'y a pas de proposition parallèle de directive sur les services d'intérêt général. La
proposition Bolkestein met particulièrement en péril la qualité des services sociaux et de santé, qui
dépendent, dans tous les Etats membres, de dispositifs de solidarité financés par l'Etat et de la
capacité des Etats membres à planifier la prestation de services.
5. La directive est potentiellement en contradiction avec l'application de certaines dispositions
du nouveau Traité constitutionnel.
Contrairement à ce qu'avancent certains opposants à la Constitution, la directive Bolkestein ne
préfigure pas les "politiques néolibérales" qui suivraient l'entrée en vigueur de la nouvelle
Constitution. Elle illustre plutôt significativement les "politiques néolibérales" que l'actuel Traité
de Nice autorise. Bien qu'on ne puisse garantir qu'une législation de type "Bolkestein" ne pourrait
pas être adoptée dans le cadre du Traité Constitutionnel, il y a lieu de souligner que cette
Constitution permet la possibilité d'une approche différente en établissant une base juridique pour
une directive cadre qui préserve et promeuve le rôle spécifique des services d'intérêt (économique)
général.
6. Il n'y a pas eu d'étude d'impact juridique sérieuse et dès lors la directive provoquerait des
incertitudes juridiques.
Par exemple, le principe du pays d'origine contredit certaines dispositions contenues dans les
législations ayant trait aux obligations contractuelles et non contractuelles (Rome 1 et 2). Le fait
que la directive Bolkestein cumulerait ses effets avec d'autres législations communautaires liées
aux services (telles que les directives sur le détachement des travailleurs, la télévision sans
frontière, les pratiques commerciales déloyales et la proposition de directive sur la reconnaissance
des qualifications professionnelles) et que celles-ci ne prévaudraient pas sur la directive Bolkestein
accroît ces incertitudes juridiques.
7. En particulier, la directive est incompatible avec la directive sur le détachement des
travailleurs.
Alors que la directive Bolkestein prévoit théoriquement (article 17) que le principe du pays
d'origine ne s'appliquerait pas au détachement des travailleurs, elle prévoit aussi (article 24) que les
Etats membres ne pourront pas obliger les prestataires de services à obtenir une autorisation des
autorités du pays hôte ni à avoir un représentant ou à disposer de documents en matière d'emploi
sur le territoire du pays hôte. Cela mettrait concrètement les Etats membres dans l'impossibilité
d'effectuer des contrôles efficaces des conditions de travail et des conventions collectives, et
mettrait par conséquent en péril la protection sociale des travailleurs et le rôle des partenaires
sociaux.
8. Il y a de meilleures voies pour atteindre certains objectifs pertinents poursuivis par la
Commission.
Si l'objectif est d'éliminer certaines entraves non justifiées à la libre circulation des services et de
simplifier les réglementations existantes, les instruments proposés par la Commission ne sont pas
appropriés. Par exemple, le principe du pays d'origine obligerait les entités administratives et
judiciaires nationales à être au courant de 25 législations nationales différentes dans 20 langues
différentes, ce qui conduirait à plus (et non moins) de bureaucratie. Alors que de nombreux acteurs
sociaux et politiques, y compris les Verts, soutiennent l'idée de la réalisation d'un marché intérieur
des services, un marché libre des services commerciaux pourrait toutefois fonctionner sur la base
du principe opposé (principe du pays hôte). Une convergence progressive entre les Etats membres
pourrait être réalisée à travers une "méthode ouverte de coordination" plutôt qu'en annulant
simplement, comme le suggère la directive Bolkestein, une série d'exigences que les Etats membres
ont élaborées pour autoriser les activités de services.
Propositions alternatives
Les Verts:
1. Exigent le retrait de la proposition de Directive Bolkestein
2. Demandent à la Commission européenne de proposer une directive cadre permettant de définir les
principes fondamentaux des services d'intérêt général et de mettre en place les conditions qui
garantissent leur financement public et l'accès généralisé à ces services sans discrimination en
termes de situation sociale et de lieu de résidence.
3. Demandent à la Commission européenne une évaluation de l'impact des libéralisations sectorielles
actuelles dans le domaine des services (énergie, services postaux, transports, etc.) avant de proposer
toute nouvelle libéralisation.
4. Demandent à la Commission européenne de proposer une amélioration de la directive sur le
détachement des travailleurs de façon à renforcer les droits des travailleurs et le dialogue social,
d'étendre son champ d'application et d'inclure à part entière les conventions collectives dans sa
mise en oeuvre.
5. Proposent une approche alternative concernant un nombre limité de services commerciaux. Cette
approche alternative devrait être en cohérence avec l'objectif de l'harmonisation communautaire et
s'appuyer sur les principes suivants:
a. un champ limité incluant une liste positive de secteurs qui devraient être couverts, c'est-àdire les activités non-salariées (avec comme base légale l'article 47 CE) qui n'impliquent
aucune mission d'intérêt général (tels que l'enseignement, la culture, l'audiovisuel, les soins
de santé et les autres services sociaux, l'emploi, l'eau, l'énergie, les déchets et la protection
de l'environnement), au lieu de l'approche Bolkestein basée sur un champ très vaste mais
avec une liste négative de secteurs qui devraient être exclus
b. concernant la question de la libre circulation des services, l'application du principe du pays
hôte au lieu du principe du pays d'origine tant qu'il n'y a pas d'harmonisation complète et
vers le haut en matière d'accès à l'activité d'un service et à son exercice, notamment en
termes de comportement du prestataire, de la qualité ou du contenu du service, de la
publicité, des contrats et de la responsabilité du prestataire
c. concernant la question de la liberté d'établissement, la mise en place d'une méthode ouverte
de coordination, plutôt que d'une approche législative, afin de comparer les exigences des
Etats membres dans le domaine de la prestation de services et d'avancer progressivement
vers plus de convergence dans la perspective d'une future harmonisation (avec une
obligation de résultats endéans une certaine période).
d. la création de guichets uniques et d'autres instruments administratifs afin de faciliter l'accès
des prestataires de services aux informations pertinentes et d'améliorer la coopération
administrative entre les Etats membres
6. Exhortent la Commission et les Etats membres à développer davantage les programmes européens
dans le cadre de la stratégie européenne pour l'emploi, afin d'accroître l'emploi et l'égalité des
chances dans le secteur des services, en particulier dans les domaines de la protection de
l'environnement, des services sociaux, de la culture et de la mobilité.
Positionspapier: Dienstleistungsrichtlinie gefährdet soziale Standards
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