TOP 20 Les groupes et l`avenir du secteur
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TOP 20 Les groupes et l`avenir du secteur
L A D E S E TA B L I S S E M E N T S TOP 20 Les groupes et l’avenir du secteur Tradition oblige : le Mensuel publie pour la 9ème année consécutive le classement des groupes privés commerciaux d’EHPAD. Un « Top 20 » qui est devenu cet instrument objectif de mesure de l’évolution des groupes commerciaux (que le Figaro ou les Echos ont ainsi reproduit l’an dernier) et qui, étonnamment, passionne chaque année autant le banquier de la place de Paris qui veut bénéficier de données précises que le directeur de la maison de retraite publique de Plouzémé-Morzaix qui y puise des informations sur l’évolution de son secteur d’activité. Il convient pourtant de rappeler chaque fois ce préalable important et apparemment paradoxal : les groupes commerciaux occupent aujourd’hui une place importante dans la visibilité du secteur des EHPAD vers l’extérieur, alors même que tous réunis ils continuent à représenter moins de 47 000 lits, soit 7 % de l’offre totale d’héberge- ment pour personnes âgées en France et 11 % de l’offre spécifique d’EHPAD. Un paradoxe qui s’explique d’une part parce que ces groupes sont ceux qui aujourd’hui sont les plus actifs en matière de création et de développement ; et d’autre part parce qu’ils sont les seuls à être présents dans la presse économique et financière. M MR 87 4 JAN 2006 Une visibilité économique pour le secteur Ce dernier aspect a aussi son importance dans un secteur qui manque singulièrement de données économiques globales. Notamment parce que le terme de “chiffre d’affaires” accolé au terme “hébergement pour personnes âgées” continuent de faire tache dans un secteur qui mériterait pourtant, secteur public et associatif compris, de mettre en avant son apport contributif à la croissance économique nationale. Car sur la seule partie hébergement, le chiffre d’affaires de la totalité des établisse- L A ments d’hébergement peut être estimé à environ 13 milliards d’euros, soit 0,7 % du PIB ! La Bourse L’évolution des groupes commerciaux est ainsi s c ru t é e par chacun en ce qu’elle donne des repères économiques à l’ensemble des professionnels. Parmi ses repères, l’un est aujourd’hui particulièrement au centre des débats : l’introduction en Bourse. “Bourse” et “maisons de retraite” : voilà bien un couple qui fait l’objet de toutes les polémiques. Certains sont proprement hérissés à l’idée de mettre face à face deux notions considérées comme aussi antinomiques : le symbole du capitalisme financier contre l’accueil et la prise en charge de personnes en situation de fragilité. Et pourtant… Le secteur commercial est aujourd’hui face à une multitude de moyens de financement pour créer et développer son activité : prêts bancaires classiques, défiscalisation par le LMP, appel au concours de fonds d’investissement, appel à l’épargne publique… L’entrée en Bourse n’est ni plus ni moins qu’un des leviers parmi d’autres pour lever des fonds nécessaires au rachat ou à la création d’établissements. Et il reste toujours aussi étonnant que personne ne s’offusque que le petit épargnant puisse investir en Bourse pour acheter des titres de sociétés d’armement dont on connaît la finalité tandis que tout le monde sera choqué que cette épargne soit mobilisée pour rénover ou créer des maisons de retraite… Etonnante culture économique de notre beau et vieux pays ! D E S E TA B L I S S E M E N T S depuis six mois. La progression du titre Medidep a été encore plus fulgurante : introduite en 1998 à 3,50 €, l’action connaît désormais une certaine stabilité désormais autour de 30€. Des actions qui ont donc été extrêmement valorisées avant de connaître aujourd’hui une stabilisation, signe qu’elles ont trouvé un niveau “consensuel”. Face à une telle situation, on peut décider de mettre uniquement l’accent sur les gains des actionnaires, du “zin-zin” au petit porteur ; on peut aussi souligner que ces levées de fonds ont permis de créer et de rénover des milliers de lits d’EHPAD. Bref : on peut vilipender la “marchandisation de l’action sociale” ou se réjouir que l’épargne privée vienne utilement compléter les financements publics. “ cant en effet. Au point que ces groupes y ont réfléchi, en acceptant de plus en plus souvent de consacrer une part de leur capacité à des places habilitées à l’aide sociale, pour peu que les conseils généraux l’acceptent, ce qui n’est pas toujours le cas. Mais dans la véritable guerre de développement que se mènent entre eux les groupes commerciaux, et ce dans un environnement où les créations annuelles de places sont clairement contingentées, il faudra bien, une fois les Hauts de-Seine et les Alpes-Maritimes entièrement pourvus d’établissements à 80 € / jour, aller créer des établissements à 50 € à Mende. C’est en prenant ou non ce parti que les groupes commerciaux dépasseront ou pas un jour la barre des 10 ou 15 % de l’offre g l o b a l e d ’ h é b e rg e m e n t . Mais la vérité commande de dire qu’à ce jour, ils se sont essentiellement concentrés sur l’hébergement du quart de personnes âgées les plus aisées. L’image des groupes commericaux demeure ambivalente Aujourd’hui encore, l’image des groupes commerciaux demeure ambivalente : si leur apport quantitatif (leur part essentielle dans le flux de créations nouvelles) et qualitatif (constructions récentes donc souvent modernes) n’est remis en cause par personne, ils sont de plus en plus souvent l’objet de critiques concernant le “créneau” social qu’ils ont décidé d’emprunter. Argument que la FHF a récemment et légitimement soulevé en expliquant que les groupes commerciaux, en s’implantant de préférence dans des villes moyennes ou importantes et en pratiquant des tarifs au dessus de la moyenne, ne pouvaient à eux seuls satisfaire l’évolution future de la demande d’hébergement. Argument particulièrement convain- Mais l’évolution des cours de Bourse des deux titres aujourd’hui cotés nous renseigne aussi sur la façon dont les investisseurs considèrent ce secteur d’activité. Les cours de Medidep et d’Orpéa ont connu de très fortes progressions au cours des dernières années. De 16 € en 2002 lors de son introduction, l’action Orpéa évolue aujourd’hui entre 45 et 50 €, niveau auquel elle se stabilise désormais MMR 87 5 JAN 2006 ” Aide à domicile, moyen séjour ou l’étranger Certains groupes y réfléchissent, d’autant plus que les perspectives de développement ont tendance à moyen terme à s’infléchir. On le sait : 31 000 places sont aujourd’hui en attente de financement de l’assurance maladie. Et on voit bien -notamment à travers les perspectives annoncées par le ministre sur la base des travaux du Commissariat Général au Plan- que les pouvoirs publics ont une tendance à vouloir maîtriser l’évolution des créations à l’orée 2010. L A D E S E TA B L I S S E M E N T S Ainsi, certains groupes préparent d’ores et déjà la suite. Il en va ainsi du groupe Domus Vi présidé par Yves Journel. Depuis plusieurs années mais avec une accélération notable depuis un an, ce groupe a décidé d’investir de manière volontariste le secteur des aides mais aussi des soins à domicile. Avec plus de 300 créations de places de soins à domicile en 2005, Domus Vi a emprunté là une voie originale que seul Medidep avant lui avait explorée. Autre possibilité de développement : l’étranger. Orpéa en Espagne, en Belgique et en Italie ; Médica France qui vient de racheter 741 lits en Italie ; Emera en Italie et en Suisse ; Le Noble Age en Belgique… : la gérontologie française s’exporte bien ! Autre axe d’extension : le moyen séjour. Développant la thèse selon laquelle la dépendance permanente (EHPAD) s’articule efficacement avec la dépendance temporaire (convalescence, psychiatrie, soins de suite), SurenMedidep, Orpéa et Medica France constituent désormais trois poids lourds dans le secteur des SSR. Un axe choisi également par Le Noble Age. Mais dans leur politique de développement, tous ces groupes sont confrontés, outre à la relative rareté des autorisations nouvelles, à un renchérissement conséquent depuis quelques années des coûts de construction. Ce qui pose le problème de l’immobilier. Le poids des murs Une entreprise de services à la personne doit-elle ou non posséder ses murs ? Voilà bien une question qui se pose à nombre d’entreprises, à commencer par celles du secteur hôtelier. Le groupe ACCOR vient d’ailleurs d’y répondre en décidant de céder les murs de 80 de ses hôtels en France (mais en en conservant, il est vrai, plus de 600 par ailleurs…) Ici, chacun sa politique. Certains privilégient la propriété des murs, estimant qu’il s’agit là d’une valeur patrimoniale essentielle à la solidité d’un groupe quand d’autres estiment au contraire que le cœur du métier étant le “service”, rien ne sert de gérer inutilement de l’immobilier. Evidemment, pour la plupart des groupes, la vérité se situe entre ces deux extrémités. Si le groupe EMERA possède la quasi-totalité de ses établissements, si Orpéa et Domus Vi en possèdent environ la moitié, GDP Vendôme en revanche cède systématiquement ses bâtiments par le biais du LMP. Le groupe Suren cède aussi ses murs mais à lui-même ! Enfin presque… En effet, Charles Ruggieri, qui, même s’il n’apparaît pas dans l’organigramme, est le “big boss” de Suren-Medidep, a cédé les murs de 52 de ses établissements à la Foncière des Murs, filiale de la Foncière des Régions dont il est par ailleurs dirigeant. Ce système peut se révéler d’ailleurs assez sain puisque, étant des deux côtés de la barrière, des “murs” comme de l’exploitation, il n’a pas intérêt à “plomber” les établissements par des loyers trop élevés. Entre “gros indépendants” et “petits groupes” Mais en dehors des “mastodontes” du secteur, un nouveau phénomène est perceptible depuis deux ou trois ans : Les coûts de construction ont explosé le développement de petites entités de moins de dix établissements. L’ancien directeur général de Sérience, Hervé H a rd y, quitte-t-il Suren en 2004 ? Immédiatement, un investisseur, en l’occurrence la Financière Duval, s’attache ses compétences pour développer un petit groupe. Résultat ? Deux ans après, Résidalya gère déjà plus de 350 lits. Creadev, le fonds d’investissement de l a f a m i l l e M u l l i e z , p ro p r i é t a i r e d’Auchan, décide-t-il d’investir dans le secteur des EHPAD ? Trois ans après, “Maisons de Famille” est à la tête de 650 lits. En attendant mieux… De nombreux gestionnaires indépendants, présents dans le secteur depuis le début des années 90 et longtemps à la tête d’un ou deux établissements se sont également développés. Pour autant, peut-on parler véritablement de “groupes” pour désigner les entités de Dominique Diharce (Le Bel Age) qui gère 420 lits dans les Alpes-Maritimes ou dans les Pyrénées-Atlantiques, de la famille Just à la tête de huit établissements, toujours dans les AlpesMaritimes, ou bien du Dr Max Dubois, en Gironde ? Si l’on considère les groupes du Top 20 mais également ces “gros indépendants” qui gèrent plusieurs structures, alors oui, les groupes, petits ou grands, ont désormais largement dépassé la barre des 50 % du secteur commercial, quand ils en représentaient moins de 20 % voici encore dix ans. Luc Broussy M MR 87 6 JAN 2006 L A Rang 2005 1 Nom du groupe SURENMEDIDEP Enseigne Hotelia, les Villandières, Les Ophéliades… D E S Président DG Bruno MARIE Jean-Claude (Président du GEORGES FRANCOIS Directoire de Medidep) E TA B L I S S E M E N T S Lits 2005 Etab (en exploitation fin 2005) 10 587 128 32% 41% 21% 6% 8 611 90 7 402 90 Actionnaires SUREN Batipart Prédica 48% 16% MEDIDEP Suren 88% Marian Bourse Jean-Claude MARIAN Jean-Claude BRDENK Sempre Fidelity 2 ORPEA ORPEA 3 MEDICA France Les Doyennés, Résidences d’Automne, MAPI, Clairefontaine Jacques BAILET Christine JEANDEL Investisseurs institutionnels (Bridgepoint 70%, Alpinvest), cadres dirigeants 4 DOMUS VIVENDI Tiers temps, Eleusis, Thémis Yves JOURNEL Christel ROUSSEL Journel “SAGESSE”80% Daniel Caille 9% ICG 11% 4 929 61 5 GDP Vendôme La fontaine Medicis, Villa Médicis, et autres... Jean-François GOBERTIER Marie CAYEUX, Thierry MOROSOLLI JF GOBERTIER 4 308 60 6 IGH EMERA 8 Groupe NOBLE AGE 9 André IMBERT Famille IMBERT 1 960 25 Claude CHETON Christophe BERGUE Financière EMERA 94% (Famille Cheton, fam. Bergue, divers) SPARE SA 6% (associés minoritaires réunis) 1 780 20 Jean-Paul SIRET Xavier DEJARDINS Holding Famille Siret : 31,5%, Holding Famille Dejardins : 31,5%, autres : 37% 1 592 17 Patrick TEYCHENEY Mary FAUQUET Société familiale à 100% 1 465 19 Les Opalines Didier MENNECHET Philippe GEVREY MM. MENNECHET, PECULIER et MIRALES 1 118 16 Bruno MARQUET M. et Mme SOUMALI 909 14 François BOUNIOL (Groupe Imbert) 7 Emera, Maisonnées de France, Les Séréniales COLISEELes Jardins de Cybèle PATRIMOINE 10 SGMR 11 12 Réseau OMERIS Réseau OMERIS Lahcen SOUMALI REPOTEL REPOTEL François BOUNIOL 13 14 15 100% Maisons Maisons de Famille de Famille A PLUS SANTE 800 9 Fondateurs 15%, C readev 79% Hugues HARMEL Dr Michel GUILLAUME (fonds d’investissements (président du directoire) de la famille Mulliez), Autres investisseus 6% 651 9 Gilles DUBOIS 531 7 470 6 468 6 Marc DUBOIS Famille DUBOIS GIE santé (groupement d’intérêt économique santé et retraite) HERMES santé GIE Santé et Retraite Gabriel ETTEDGUI Mme Françoise THOMAS 16 17 18 STRATEGIS Yvonnick TANGUY Tanguy 95%, autres 5% 436 6 LE BEL AGE Dominique DIHARCE Famille DIHARCE 422 7 19 Les Jardins d’Asclépios Jean SOTTON Jean SOTTON 100% 400 8 20 MAPAD Service Dr Gérard SITBON Capitaux privés 398 5 M. CATZARAS MMR 87 7 JAN 2006 L A D E S E TA B L I S S E M E N T S CLASSEMENT 2005 SUREN couronné Pour la première fois depuis le milieu des années 80, Orpéa se voit détrôné de son “titre” de 1er groupe privé commercial français au profit du pôle SUREN-MEDIDEP. Pour la première fois dans l’histoire médico-sociale française, un groupe d’établissements dépasse la barre des 10 000 lits. Deux informations qui marquent d’une pierre blanche symbolique cette année 2005. ● Avec 10 587 lits pour 128 EHPAD, SUREN devient donc le premier groupe français après son rachat, à l’automne dernier, de la majorité des parts de Medidep. Reste désormais pour ce pôle considérable à se forger une image cohérente, Suren étant le fruit du rachat successifs en cinq ans de quatre groupes importants (Finagest, Sérience, Réacti Malt, Medidep). Mais la fusion de quatre groupes importants ne crée pas automatiquement un groupe cohérent. Suren vient donc récemment de confier à EuroRSCG une mission de conseil sur son image. En attendant, Suren peine à structurer un management stable. Un pari que pourrait réussir le nouveau président du directoire, Bruno Marie, le seul vrai professionnel reconnu du secteur médico-social encore présent à la tête de ce groupe. Encore fau- drait-il que les dirigeants de Suren l’y aident plutôt que de pratiquer le petit “jeu de massacre” interne qui caractérise le management de ce groupe depuis deux ans. Habitué au rôle de n°1, ORPEA semble vivre avec sérénité son nouveau statut de dauphin. Il est vrai qu’il en faudrait un peu plus pour déstabiliser Jean-Claude Marian qui, après avoir créé son premier établissement en 1988, est aujourd’hui à la tête d’un groupe de 90 établissements. Mais surtout, Orpéa a réussi le double exploit d’une part de se développer sans jamais racheter d’autres groupes (cas unique parmi les cinq premiers de ce classement) et d’autre part d’avoir créé 90 % des établissements qu’il gère aujourd’hui. Autant Suren n’a fait que regrouper des entités déjà existantes, autant le Dr Marian, épaulé de ses fidèles Jean-Claude Brdenk et Yves Le Masne, a véritablement sorti de terre plus de 80 nouvelles structures en 17 ans. ● C’est en revanche MEDICA France qui devrait faire l’actualité de cette année 2006. Propriété d’une filiale de la Caisse des Dépôts jusqu’en 2003, Medica France avait été alors racheté par un fonds anglo-saxon, Bridgepoint, lequel a prévu de “retirer ses billes” dans les prochaines semaines. Mais rien qui soit de nature à déstabiliser le couple Jacques Bailet (président) / Christine Jeandel (DG) tant il devrait avoir le choix des prétendants. Sera-ce de nouveau un fonds d’investissement ? Medica pourrait également être tenté par une entrée en Bourse à l’instar d’Orpéa ou de Medidep. Fin du suspense d’ici quelques semaines. En attendant, à côté de son “savoir-faire”, Medica continue sa politique du “faire-savoir” et communique régulièrement sur la certification AFNOR de ses établissements, sur la création en partenariat avec l’INFA d’un diplôme de formation continue pour directeurs d’EHPAD ou bien sur le rachat récent de onze établissements en Italie. A quelques semaines d’une cession, il convient en effet que la mariée soit la plus belle possible… ● L’aide et les soins à domicile seraientils son nouveau “dada” ? Pas tout à fait. Yves Journel, président de DOMUS VI, fut un pionnier en la matière dès 1996. Mais les conditions n’étaient pas réunies à l’époque pour que le secteur commercial puisse faire là une percée significative. Tout a changé avec le décret de juin 2004 et la loi Borloo. Avec près de 300 places de SSIAD installées ou en cours, Domus Vi a évidemment pris une longueur d’avance sur tous les autres groupes commerciaux lesquels, à l’exception notable de Medidep, n’avaient jusqu’ici jamais cru à la dynamique EHPAD/ SSIAD. Une direction volontariste qui donne aujourd’hui une réelle spécificité à Domus Vi. Enfin, quand certains se font circonscrire par les banques ou les fonds, Yves Journel, lui, à l’art …de s’en débarrasser. Fin 2004, la Barclays est donc sortie du capital au profit d’Yves Journel lui-même qui de 68 % est passé à 80 % du capital d’une société qui est donc plus que jamais la sienne plus de 25 ans après sa création. MMR 87 8 JAN 2006 L A D E S E TA B L I S S E M E N T S ● A l’instar d’un Claude Cheton, d’un Marian ou d’un Journel, Jean-Paul Siret, président du GROUPE LE NOBLEAGE, fait partie des pionniers du secteur commercial puisque c’est à la fin des années 80 qu’il créa deux établissements réputés à Nantes. Mais le temps de l’artisanat sympathique est loin derrière puisque ce nantais à la moustache avenante, secondé par son fils Willy, est aujourd’hui à la tête d’un groupe de dix-sept EHPAD. Un développement partagé entre des créations et des rachats qui donnent généralement lieu à des travaux de rénovation importants afin d’harmoniser la qualité des établissements. Un des 128 établissements du pôle SUREN-MEDIDEP ● GDP Vendôme continue également son inexorable progression. Connu pour être le groupe qui utilise systématiquement la technique du LMP pour acquérir puis revendre son immobilier, GDP Vendôme, notamment parce qu’il n’est pas endetté par les murs, mène une politique de développement extrêmement active. Avec plus de 4 000 lits gérés aujourd’hui contre 2 500 voici seulement deux ans, GDP Vendôme non seulement ne souhaite pas s’arrêter là mais compte même, dès cette année, développer une activité associative afin de reprendre des établissements habilités à l’aide sociale. Une conception de l’idée associative…qui risque de ne pas plaire à tout le monde. ● Avec les frères Imbert, détenteurs d’IGH, le sixième groupe français avec 25 établissements pour 1 960 lits, on retrouve le goût suranné des vieux groupes d’antan. Ceux qui pour vivre heureux, veulent vivre cachés. Durant les premières années, le trio devenu duo refusait systématiquement de répondre aux questions du Mensuel. Depuis deux éditions, ils répondent certes. Mais de manière on ne peut plus lapidaire. Pour autant, ces anciens et bons professionnels du secteur continuent leur développement en dehors de leur axe originel Lyon-Marseille. Avec 25 établissements pour près de 2 000 lits, le sixième groupe français continue d’allier efficacité et discrétion. ● Claude Cheton, président de EMERA, qui se classe 7ème cette année (soit son meilleur classement depuis la création du Top 20) est un personnage peu commun. A l’instar d’Obélix, il est tombé dedans quand il était tout petit, son groupe ayant été créé par ses parents. Mais contrairement à Obélix, il a des manières d’orfèvre. De l’avis (voire de l’aveu) de ses concurrents, ses établissements ressemblent fort à ce qui se fait de mieux en matière de qualité. Son récent établissement de Châtillon (92) est de ce point de vue un petit bijou qui tient plus du Sofitel que de la maison de retraite classique. Mais la qualité a un coût… qui n’est pas accessible au premier habilité à l’aide sociale venu ! Alors, à travers une filiale, les Maisonnées, il vient d’entreprendre de créer des établissements plus accessibles où les innovations des premiers viendront se diffuser à moindre coût dans les seconds. Et de l’orfèvrerie à la Suisse, il n’y a qu’un pas : que Claude Cheton vient de franchir en acquérant une magnifique résidence pour personnes âgées à Lausanne. MMR 87 9 JAN 2006 ● Il fut un temps où Patrick Teycheney, parce qu’il venait de l’immobilier et usait du LMP comme mode de financement, était un peu en marge du secteur. Force est de reconnaître plusieurs années après que son groupe, LESJARDINSDECYBELE, a fait des bonds en avant en matière de qualité grâce à une vraie réflexion gérontologique et à des créations de bon niveau. Avec près de 1 500 lits en exploitation, ce groupe continue un développement maîtrisé. ● Relative stabilité pour le francilien François Bouniol avec REPOTEL et pour le groupe bourguignon SGMR tandis que le réseau lyonnais OMERIS a franchi cette année pour la première fois son habituel territoire rhône-alpin. ● Enfin, quatre “petits” groupes font leur entrée pour la première fois dans le Top 20 : “Maisons de famille”, le groupe appartenant au fonds d’investissement de la famille Mulliez avec neuf établissements pour 651 lits; “A Plus Santé” au quatorzième rang compte, lui, 531 lits; le niçois Dominique Diharce avec 422 lits, et enfin un groupe du Sud-Est, “Hermès Santé” qui, avec six établissements, entre au seizième rang. L. B.