TOP 20 Les groupes et l`avenir du secteur

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TOP 20 Les groupes et l`avenir du secteur
L A
D E S
E TA B L I S S E M E N T S
TOP 20
Les groupes et l’avenir
du secteur
Tradition oblige : le Mensuel publie pour la 9ème année consécutive le classement des groupes privés commerciaux d’EHPAD. Un
« Top 20 » qui est devenu cet instrument objectif de mesure de
l’évolution des groupes commerciaux (que le Figaro ou les Echos
ont ainsi reproduit l’an dernier) et qui, étonnamment, passionne
chaque année autant le banquier de la place de Paris qui veut
bénéficier de données précises que le directeur de la maison de
retraite publique de Plouzémé-Morzaix qui y puise des informations sur l’évolution de son secteur d’activité.
Il convient pourtant de rappeler
chaque fois ce préalable important et
apparemment paradoxal : les groupes
commerciaux occupent aujourd’hui
une place importante dans la visibilité
du secteur des EHPAD vers l’extérieur,
alors même que tous réunis ils continuent à représenter moins de 47 000
lits, soit 7 % de l’offre totale d’héberge-
ment pour personnes âgées en France
et 11 % de l’offre spécifique d’EHPAD.
Un paradoxe qui s’explique d’une part
parce que ces groupes sont ceux qui
aujourd’hui sont les plus actifs en
matière de création et de développement ; et d’autre part parce qu’ils sont
les seuls à être présents dans la presse
économique et financière.
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Une visibilité économique
pour le secteur
Ce dernier aspect a aussi son importance dans un secteur qui manque singulièrement de données économiques
globales.
Notamment parce que le terme de
“chiffre d’affaires” accolé au terme
“hébergement pour personnes âgées”
continuent de faire tache dans un secteur qui mériterait pourtant, secteur
public et associatif compris, de mettre
en avant son apport contributif à la
croissance économique nationale. Car
sur la seule partie hébergement, le chiffre d’affaires de la totalité des établisse-
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ments d’hébergement peut être estimé
à environ 13 milliards d’euros, soit
0,7 % du PIB !
La Bourse
L’évolution des groupes commerciaux
est ainsi s c ru t é e par chacun en ce
qu’elle donne des repères économiques
à l’ensemble des professionnels. Parmi
ses repères, l’un est aujourd’hui particulièrement au centre des débats : l’introduction en Bourse.
“Bourse” et “maisons de retraite” :
voilà bien un couple qui fait l’objet de
toutes les polémiques. Certains sont
proprement hérissés à l’idée de mettre
face à face deux notions considérées
comme aussi antinomiques : le symbole du capitalisme financier contre l’accueil et la prise en charge de personnes
en situation de fragilité. Et pourtant…
Le secteur commercial est aujourd’hui
face à une multitude de moyens de
financement pour créer et développer
son activité : prêts bancaires classiques, défiscalisation par le LMP,
appel au concours de fonds d’investissement, appel à l’épargne publique…
L’entrée en Bourse n’est ni plus ni
moins qu’un des leviers parmi d’autres
pour lever des fonds nécessaires au
rachat ou à la création d’établissements. Et il reste toujours aussi étonnant que personne ne s’offusque que le
petit épargnant puisse investir en
Bourse pour acheter des titres de sociétés d’armement dont on connaît la finalité tandis que tout le monde sera choqué
que cette épargne soit mobilisée pour
rénover ou créer des maisons de retraite… Etonnante culture économique de
notre beau et vieux pays !
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depuis six mois. La progression du titre
Medidep a été encore plus fulgurante :
introduite en 1998 à 3,50 €, l’action
connaît désormais une certaine stabilité
désormais autour de 30€. Des actions qui
ont donc été extrêmement valorisées
avant de connaître aujourd’hui une stabilisation, signe qu’elles ont trouvé un
niveau “consensuel”.
Face à une telle situation, on peut décider de mettre uniquement l’accent sur
les gains des actionnaires, du “zin-zin”
au petit porteur ; on peut aussi souligner que ces levées de fonds ont permis
de créer et de rénover
des milliers de lits
d’EHPAD. Bref : on
peut vilipender la
“marchandisation de
l’action sociale” ou se
réjouir que l’épargne
privée vienne utilement compléter les
financements
publics.
“
cant en effet.
Au point que ces groupes y ont réfléchi,
en acceptant de plus en plus souvent de
consacrer une part de leur capacité à
des places habilitées à l’aide sociale,
pour peu que les conseils généraux l’acceptent, ce qui n’est pas toujours le cas.
Mais dans la véritable guerre de développement que se mènent entre eux les
groupes commerciaux, et ce dans un
environnement où les créations annuelles de places sont clairement contingentées, il faudra bien, une fois les Hauts de-Seine et les Alpes-Maritimes
entièrement pourvus d’établissements à
80 € / jour, aller créer des
établissements à 50 € à
Mende. C’est en prenant ou
non ce parti que les groupes commerciaux dépasseront ou pas un jour la barre
des 10 ou 15 % de l’offre
g l o b a l e d ’ h é b e rg e m e n t .
Mais la vérité commande
de dire qu’à ce jour, ils se
sont essentiellement
concentrés sur l’hébergement du quart
de personnes âgées les plus aisées.
L’image
des groupes
commericaux
demeure
ambivalente
Aujourd’hui encore, l’image des groupes
commerciaux demeure ambivalente : si
leur apport quantitatif (leur part essentielle dans le flux de créations nouvelles) et qualitatif (constructions récentes
donc souvent modernes) n’est remis en
cause par personne, ils sont de plus en
plus souvent l’objet de critiques
concernant le “créneau” social qu’ils
ont décidé d’emprunter. Argument
que la FHF a récemment et légitimement soulevé en expliquant que les
groupes commerciaux, en s’implantant
de préférence dans des villes moyennes ou importantes et en pratiquant des
tarifs au dessus de la moyenne, ne pouvaient à eux seuls satisfaire l’évolution
future de la demande d’hébergement.
Argument particulièrement convain-
Mais l’évolution des cours de Bourse des
deux titres aujourd’hui cotés nous renseigne aussi sur la façon dont les investisseurs considèrent ce secteur d’activité.
Les cours de Medidep et d’Orpéa ont
connu de très fortes progressions au
cours des dernières années. De 16 € en
2002 lors de son introduction, l’action
Orpéa évolue aujourd’hui entre 45 et 50 €,
niveau auquel elle se stabilise désormais
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”
Aide à domicile, moyen séjour
ou l’étranger
Certains groupes y réfléchissent, d’autant plus que les perspectives de développement ont tendance à moyen terme
à s’infléchir. On le sait : 31 000 places
sont aujourd’hui en attente de financement de l’assurance maladie. Et on voit
bien -notamment à travers les perspectives annoncées par le ministre sur la base
des travaux du Commissariat Général au
Plan- que les pouvoirs publics ont une
tendance à vouloir maîtriser l’évolution
des créations à l’orée 2010.
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Ainsi, certains groupes préparent
d’ores et déjà la suite. Il en va ainsi du
groupe Domus Vi présidé par Yves
Journel. Depuis plusieurs années mais
avec une accélération notable depuis un
an, ce groupe a décidé d’investir de
manière volontariste le secteur des aides
mais aussi des soins à domicile. Avec
plus de 300 créations de places de soins
à domicile en 2005, Domus Vi a emprunté là une voie originale que seul
Medidep avant lui avait explorée. Autre
possibilité de développement : l’étranger. Orpéa en Espagne, en Belgique et en
Italie ; Médica France qui vient de racheter 741 lits en Italie ; Emera en Italie et en
Suisse ; Le Noble Age en Belgique… : la
gérontologie française s’exporte bien !
Autre axe d’extension : le moyen
séjour. Développant la thèse selon
laquelle la dépendance permanente
(EHPAD) s’articule efficacement avec la
dépendance temporaire (convalescence, psychiatrie, soins de suite), SurenMedidep, Orpéa et Medica France
constituent désormais trois poids
lourds dans le secteur des SSR. Un axe
choisi également par Le Noble Age.
Mais dans leur politique de développement, tous ces groupes sont confrontés,
outre à la relative rareté des autorisations nouvelles, à un renchérissement
conséquent depuis quelques années
des coûts de construction. Ce qui pose
le problème de l’immobilier.
Le poids des murs
Une entreprise de services à la personne doit-elle ou non posséder ses murs ?
Voilà bien une question qui se pose à
nombre d’entreprises, à commencer
par celles du secteur hôtelier.
Le groupe ACCOR vient d’ailleurs d’y
répondre en décidant de céder les murs
de 80 de ses hôtels en France (mais en
en conservant, il est vrai, plus de 600
par ailleurs…)
Ici, chacun sa politique. Certains privilégient la propriété des murs, estimant
qu’il s’agit là d’une valeur patrimoniale
essentielle à la solidité d’un groupe
quand d’autres estiment au contraire
que le cœur du métier étant le “service”,
rien ne sert de gérer inutilement de
l’immobilier. Evidemment, pour la plupart des groupes, la vérité se situe entre
ces deux extrémités. Si le groupe
EMERA possède la quasi-totalité de ses
établissements, si Orpéa et Domus Vi en
possèdent environ la moitié, GDP
Vendôme en revanche cède systématiquement ses bâtiments par le biais du
LMP.
Le groupe Suren cède aussi ses murs
mais à lui-même ! Enfin presque… En
effet, Charles Ruggieri, qui, même s’il
n’apparaît pas dans l’organigramme, est
le “big boss” de Suren-Medidep, a cédé
les murs de 52 de ses établissements à
la Foncière des Murs, filiale de la
Foncière des Régions dont il est par
ailleurs dirigeant. Ce système peut se
révéler d’ailleurs assez sain puisque,
étant des deux côtés de la barrière, des
“murs” comme de l’exploitation, il n’a
pas intérêt à “plomber” les établissements par des loyers trop élevés.
Entre “gros indépendants”
et “petits groupes”
Mais en dehors des “mastodontes” du
secteur, un nouveau phénomène est
perceptible depuis deux ou trois ans :
Les coûts de construction ont explosé
le développement de petites entités de
moins de dix établissements. L’ancien
directeur général de Sérience, Hervé
H a rd y, quitte-t-il Suren en 2004 ?
Immédiatement, un investisseur, en
l’occurrence la Financière Duval, s’attache ses compétences pour développer un petit groupe. Résultat ? Deux
ans après, Résidalya gère déjà plus de
350 lits.
Creadev, le fonds d’investissement de
l a f a m i l l e M u l l i e z , p ro p r i é t a i r e
d’Auchan, décide-t-il d’investir dans le
secteur des EHPAD ? Trois ans après,
“Maisons de Famille” est à la tête de
650 lits. En attendant mieux…
De nombreux gestionnaires indépendants, présents dans le secteur depuis
le début des années 90 et longtemps à
la tête d’un ou deux établissements se
sont également développés. Pour
autant, peut-on parler véritablement de
“groupes” pour désigner les entités de
Dominique Diharce (Le Bel Age) qui
gère 420 lits dans les Alpes-Maritimes
ou dans les Pyrénées-Atlantiques, de la
famille Just à la tête de huit établissements, toujours dans les AlpesMaritimes, ou bien du Dr Max Dubois,
en Gironde ?
Si l’on considère les groupes du Top 20
mais également ces “gros indépendants” qui gèrent plusieurs structures,
alors oui, les groupes, petits ou grands,
ont désormais largement dépassé la
barre des 50 % du secteur commercial,
quand ils en représentaient moins de
20 % voici encore dix ans.
Luc Broussy
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Rang
2005
1
Nom
du groupe
SURENMEDIDEP
Enseigne
Hotelia, les Villandières,
Les Ophéliades…
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Président
DG
Bruno MARIE
Jean-Claude
(Président du
GEORGES FRANCOIS Directoire de
Medidep)
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Lits 2005
Etab (en
exploitation
fin 2005)
10 587
128
32%
41%
21%
6%
8 611
90
7 402
90
Actionnaires
SUREN
Batipart
Prédica
48%
16%
MEDIDEP
Suren
88%
Marian
Bourse
Jean-Claude MARIAN Jean-Claude BRDENK
Sempre
Fidelity
2
ORPEA
ORPEA
3
MEDICA
France
Les Doyennés,
Résidences d’Automne,
MAPI, Clairefontaine
Jacques BAILET
Christine JEANDEL
Investisseurs institutionnels (Bridgepoint
70%, Alpinvest),
cadres dirigeants
4
DOMUS
VIVENDI
Tiers temps,
Eleusis, Thémis
Yves JOURNEL
Christel ROUSSEL
Journel “SAGESSE”80%
Daniel Caille
9%
ICG
11%
4 929
61
5
GDP
Vendôme
La fontaine Medicis, Villa
Médicis, et autres...
Jean-François
GOBERTIER
Marie CAYEUX,
Thierry MOROSOLLI
JF GOBERTIER
4 308
60
6
IGH
EMERA
8
Groupe
NOBLE
AGE
9
André IMBERT
Famille IMBERT
1 960
25
Claude CHETON
Christophe BERGUE
Financière EMERA 94%
(Famille Cheton, fam.
Bergue, divers)
SPARE SA
6%
(associés minoritaires
réunis)
1 780
20
Jean-Paul SIRET
Xavier DEJARDINS
Holding Famille Siret :
31,5%,
Holding Famille
Dejardins : 31,5%,
autres : 37%
1 592
17
Patrick TEYCHENEY
Mary FAUQUET
Société familiale
à 100%
1 465
19
Les Opalines
Didier MENNECHET
Philippe GEVREY
MM. MENNECHET,
PECULIER et MIRALES
1 118
16
Bruno MARQUET
M. et Mme SOUMALI
909
14
François BOUNIOL
(Groupe Imbert)
7
Emera, Maisonnées de
France, Les Séréniales
COLISEELes Jardins de Cybèle
PATRIMOINE
10
SGMR
11
12
Réseau
OMERIS
Réseau OMERIS
Lahcen SOUMALI
REPOTEL
REPOTEL
François BOUNIOL
13
14
15
100%
Maisons
Maisons de Famille
de Famille
A PLUS
SANTE
800
9
Fondateurs
15%,
C
readev
79%
Hugues HARMEL
Dr Michel GUILLAUME (fonds d’investissements
(président du directoire)
de la famille Mulliez),
Autres investisseus 6%
651
9
Gilles DUBOIS
531
7
470
6
468
6
Marc DUBOIS
Famille DUBOIS
GIE santé
(groupement d’intérêt
économique santé et
retraite)
HERMES
santé
GIE Santé et Retraite
Gabriel ETTEDGUI
Mme Françoise
THOMAS
16
17
18
STRATEGIS
Yvonnick TANGUY
Tanguy 95%, autres 5%
436
6
LE BEL AGE
Dominique DIHARCE
Famille DIHARCE
422
7
19
Les Jardins
d’Asclépios
Jean SOTTON
Jean SOTTON 100%
400
8
20
MAPAD
Service
Dr Gérard SITBON
Capitaux privés
398
5
M. CATZARAS
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CLASSEMENT 2005
SUREN couronné
Pour la première fois depuis le milieu des années 80, Orpéa se
voit détrôné de son “titre” de 1er groupe privé commercial français au profit du pôle SUREN-MEDIDEP. Pour la première fois
dans l’histoire médico-sociale française, un groupe d’établissements dépasse la barre des 10 000 lits. Deux informations qui
marquent d’une pierre blanche symbolique cette année 2005.
● Avec 10 587 lits pour 128 EHPAD,
SUREN devient donc le premier groupe
français après son rachat, à l’automne dernier, de la majorité des parts de Medidep.
Reste désormais pour ce pôle considérable à se forger une image cohérente, Suren
étant le fruit du rachat successifs en cinq
ans de quatre groupes importants
(Finagest, Sérience, Réacti Malt,
Medidep). Mais la fusion de quatre groupes importants ne crée pas automatiquement un groupe cohérent. Suren vient
donc récemment de confier à EuroRSCG
une mission de conseil sur son image.
En attendant, Suren peine à structurer un
management stable. Un pari que pourrait
réussir le nouveau président du directoire,
Bruno Marie, le seul vrai professionnel
reconnu du secteur médico-social encore
présent à la tête de ce groupe. Encore fau-
drait-il que les dirigeants de Suren l’y aident
plutôt que de pratiquer le petit “jeu de massacre” interne qui caractérise le management de ce groupe depuis deux ans.
Habitué au rôle de n°1, ORPEA semble
vivre avec sérénité son nouveau statut de
dauphin. Il est vrai qu’il en faudrait un
peu plus pour déstabiliser Jean-Claude
Marian qui, après avoir créé son premier
établissement en 1988, est aujourd’hui à
la tête d’un groupe de 90 établissements.
Mais surtout, Orpéa a réussi le double
exploit d’une part de se développer sans
jamais racheter d’autres groupes (cas
unique parmi les cinq premiers de ce
classement) et d’autre part d’avoir créé
90 % des établissements qu’il gère
aujourd’hui. Autant Suren n’a fait que
regrouper des entités déjà existantes,
autant le Dr Marian, épaulé de ses fidèles
Jean-Claude Brdenk et Yves Le Masne, a
véritablement sorti de terre plus de 80
nouvelles structures en 17 ans.
● C’est en revanche MEDICA France qui
devrait faire l’actualité de cette année 2006.
Propriété d’une filiale de la Caisse des
Dépôts jusqu’en 2003, Medica France avait
été alors racheté par un fonds anglo-saxon,
Bridgepoint, lequel a prévu de
“retirer ses billes” dans les prochaines
semaines. Mais rien qui soit de nature à
déstabiliser le couple Jacques Bailet (président) / Christine Jeandel (DG) tant il devrait
avoir le choix des prétendants. Sera-ce de
nouveau un fonds d’investissement ?
Medica pourrait également être tenté par
une entrée en Bourse à l’instar d’Orpéa ou
de Medidep. Fin du suspense d’ici
quelques semaines. En attendant, à côté de
son “savoir-faire”, Medica continue sa politique du “faire-savoir” et communique
régulièrement sur la certification AFNOR
de ses établissements, sur la création en
partenariat avec l’INFA d’un diplôme de
formation continue pour directeurs
d’EHPAD ou bien sur le rachat récent de
onze établissements en Italie. A quelques
semaines d’une cession, il convient en effet
que la mariée soit la plus belle possible…
● L’aide et les soins à domicile seraientils son nouveau “dada” ? Pas tout à fait.
Yves Journel, président de DOMUS VI,
fut un pionnier en la matière dès 1996.
Mais les conditions n’étaient pas réunies
à l’époque pour que le secteur commercial puisse faire là une percée significative. Tout a changé avec le décret de juin
2004 et la loi Borloo. Avec près de 300
places de SSIAD installées ou en cours,
Domus Vi a évidemment pris une longueur d’avance sur tous les autres groupes commerciaux lesquels, à l’exception
notable de Medidep, n’avaient jusqu’ici
jamais cru à la dynamique EHPAD/
SSIAD. Une direction volontariste qui
donne aujourd’hui une réelle spécificité
à Domus Vi.
Enfin, quand certains se font circonscrire
par les banques ou les fonds, Yves
Journel, lui, à l’art …de s’en débarrasser.
Fin 2004, la Barclays est donc sortie du
capital au profit d’Yves Journel lui-même
qui de 68 % est passé à 80 % du capital
d’une société qui est donc plus que jamais
la sienne plus de 25 ans après sa création.
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● A l’instar d’un Claude Cheton, d’un
Marian ou d’un Journel, Jean-Paul Siret,
président du GROUPE LE NOBLEAGE,
fait partie des pionniers du secteur commercial puisque c’est à la fin des années 80
qu’il créa deux établissements réputés à
Nantes. Mais le temps de l’artisanat sympathique est loin derrière puisque ce nantais à la moustache avenante, secondé par
son fils Willy, est aujourd’hui à la tête d’un
groupe de dix-sept EHPAD. Un développement partagé entre des créations et des
rachats qui donnent généralement lieu à
des travaux de rénovation importants afin
d’harmoniser la qualité des établissements.
Un des 128 établissements du pôle SUREN-MEDIDEP
● GDP Vendôme continue également
son inexorable progression. Connu
pour être le groupe qui utilise systématiquement la technique du LMP pour
acquérir puis revendre son immobilier,
GDP Vendôme, notamment parce qu’il
n’est pas endetté par les murs, mène
une politique de développement extrêmement active. Avec plus de 4 000 lits
gérés aujourd’hui contre 2 500 voici
seulement deux ans, GDP Vendôme
non seulement ne souhaite pas s’arrêter
là mais compte même, dès cette année,
développer une activité associative
afin de reprendre des établissements
habilités à l’aide sociale. Une conception de l’idée associative…qui risque
de ne pas plaire à tout le monde.
● Avec les frères Imbert, détenteurs
d’IGH, le sixième groupe français avec 25
établissements pour 1 960 lits, on retrouve
le goût suranné des vieux groupes d’antan.
Ceux qui pour vivre heureux, veulent
vivre cachés. Durant les premières années,
le trio devenu duo refusait systématiquement de répondre aux questions du
Mensuel. Depuis deux éditions, ils répondent certes. Mais de manière on ne peut
plus lapidaire. Pour autant, ces anciens et
bons professionnels du secteur continuent
leur développement en dehors de leur axe
originel Lyon-Marseille. Avec 25 établissements pour près de 2 000 lits, le sixième
groupe français continue d’allier efficacité
et discrétion.
● Claude Cheton, président de EMERA,
qui se classe 7ème cette année (soit son
meilleur classement depuis la création du
Top 20) est un personnage peu commun. A
l’instar d’Obélix, il est tombé dedans quand
il était tout petit, son groupe ayant été créé
par ses parents. Mais contrairement à
Obélix, il a des manières d’orfèvre. De l’avis
(voire de l’aveu) de ses concurrents, ses établissements ressemblent fort à ce qui se fait
de mieux en matière de qualité. Son récent
établissement de Châtillon (92) est de ce
point de vue un petit bijou qui tient plus du
Sofitel que de la maison de retraite classique. Mais la qualité a un coût… qui n’est
pas accessible au premier habilité à l’aide
sociale venu ! Alors, à travers une filiale, les
Maisonnées, il vient d’entreprendre de
créer des établissements plus accessibles
où les innovations des premiers viendront
se diffuser à moindre coût dans les
seconds. Et de l’orfèvrerie à la Suisse, il n’y
a qu’un pas : que Claude Cheton vient de
franchir en acquérant une magnifique résidence pour personnes âgées à Lausanne.
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● Il fut un temps où Patrick Teycheney,
parce qu’il venait de l’immobilier et usait
du LMP comme mode de financement,
était un peu en marge du secteur. Force est
de reconnaître plusieurs années après que
son groupe, LESJARDINSDECYBELE, a
fait des bonds en avant en matière de qualité grâce à une vraie réflexion gérontologique et à des créations de bon niveau. Avec
près de 1 500 lits en exploitation, ce groupe
continue un développement maîtrisé.
● Relative stabilité pour le francilien
François Bouniol avec REPOTEL et
pour le groupe bourguignon SGMR tandis que le réseau lyonnais OMERIS a
franchi cette année pour la première
fois son habituel territoire rhône-alpin.
● Enfin, quatre “petits” groupes font leur
entrée pour la première fois dans le Top 20 :
“Maisons de famille”, le groupe appartenant au fonds d’investissement de la famille
Mulliez avec neuf établissements pour 651
lits; “A Plus Santé” au quatorzième rang
compte, lui, 531 lits; le niçois Dominique
Diharce avec 422 lits, et enfin un groupe du
Sud-Est, “Hermès Santé” qui, avec six établissements, entre au seizième rang.
L. B.