l`œuvre educative de frere joseph - Ecole des Francs
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l`œuvre educative de frere joseph - Ecole des Francs
L’ŒUVRE EDUCATIVE DE FRERE JOSEPH En ouvrant ses écoles au XVIIème siècle, Jean-Baptiste de La Salle, secondé par les premiers Frères de l‘Institut, veut répondre avec pragmatisme aux besoins de l’éducation des enfants du peuple, de l’instruction de la religion et de la science. Il œuvre dans le sens du progrès matériel, de la réaffirmation des valeurs spirituelles et des aspirations sociales de son temps. Dans le contexte politique, économique, et social du XIXème siècle, ce sont les mêmes objectifs que le Frère Joseph poursuit dans son œuvre éducative: « Il faut préparer les enfants à leur rôle public, à leurs devoirs sociaux, offrir une nourriture solide à leurs esprits en même temps que la vérité à leurs âmes ». Ce sont ces principes mêmes qui président en 1843 à la création de l’école commerciale des Francs-Bourgeois. Selon le biographe Georges Rigault, l’école des Francs-Bourgeois est le chef-d’œuvre pédagogique du Frère Joseph. Celui-ci s’y révèle un maître dans le domaine de la pédagogie en lien avec diverses activités sociales : création de la Maison de Famille et Cercle de la Jeunesse. En effet, que d’innovations ! Faute de place à l’hôtel le Mairat au 10 la rue des Francs-Bourgeois, la nouvelle école est par nécessité un demi- pensionnat, ce qui va déterminer tout un système d’éducation qui a pour base une collaboration de la famille et les maîtres. S’instaure dès le début un esprit familial qui assure le succès d’une pareille pédagogie : c’est placer l’enfant dans une atmosphère de travail et de piété sans le couper pour autant du monde extérieur. Les châtiments corporels, en usage à l’école à cette époque, ne sont pas considérés aux Francs-Bourgeois comme un mode d’éducation. Afin d’avoir la possibilité de donner un enseignement au plus grand nombre, sont créées dès 1856 des Bourses et demiBourses alimentées par les amis, les protecteurs de l’école commerciale des Francs-Bourgeois et par la suite les anciens élèves. Grâce à la générosité des familles les plus aisées, la gratuité de l’école est assurée. Le traditionnel par cœur est allié à la réflexion : l’objectif est de former des têtes bien faites. En 1856 est mis en place un cours complet du primaire au cours supérieur. Dans le programme d’études, sont introduites des matières nouvelles : les sciences, les mathématiques, la physique et la chimie, la géographie et les langues vivantes. Si contrairement à l’usage du temps, le latin n’est pas enseigné, en revanche avec la comptabilité et le droit commercial, l’enseignement technique est inclus dans l’enseignement général. En 1859 est créée une classe spéciale qui prépare les plus grands aux Ecoles des Beaux-Arts et des Arts et Métiers. Appliquant le principe d’un « esprit sain dans un corps sain », les Frères introduisent le sport dès 1868 avec le cricket et le jeu de paume. L’éducation musicale, le chœur et la pratique d’un instrument sont obligatoires. Peut-on alors parler « d’éducation rétrograde » comme le disait Jules Ferry ? Malgré les entraves dressées par la montée de la laïcité dans le dernier tiers du XIXème siècle, l’œuvre continue : Frère Joseph est appelé au Conseil Supérieur de l’Instruction Publique comme représentant de l’enseignement libre et le ministre Jules Simon dit de lui « qu’il est la coqueluche du Conseil ». Dans ce Conseil, siègent également des anticléricaux comme Marcellin Berthelot ou Ferdinand Buisson qui murmurent curieusement : « Ah ! Si nous avions des hommes comme le Frère Joseph !». L’enseignement simultané, c’est-à–dire l’enseignement par un maître à toute une classe, ainsi que Jean-Baptiste de La Salle l’avait institué dans ses écoles, devient la norme même à l’école publique. Belle confirmation de la pédagogie innovante des Frères, tandis que le ministre de l’Instruction Primaire reconnaît la nécessité d’une œuvre morale ! De son côté, le Pape Léon XIII, le Pape de la doctrine sociale, demande aux congrégations religieuses de France de travailler en accord avec la Constitution républicaine. Le Frère Joseph use de toute son intelligence pour s’adapter aux circonstances, tout en gardant l’intégrité de ses convictions. Ainsi Frère Joseph a le souci de conserver le premier rang à l’Instruction religieuse et, si les programmes officiels ignorent les choses de la Foi, il s’entoure de maîtres qui, outre leurs titres académiques, peuvent faire preuve de capacités catéchétiques. Quand Frère Joseph devient le Supérieur général de l’Institut des Frères des Ecoles chrétiennes, il sait que, par les institutions de l’Académie et du Cercle aux Francs-Bourgeois, il a formé une solide génération de jeunes gens prête à défendre les valeurs qu’il leur a enseignées.