Gilles CHAGNON

Transcription

Gilles CHAGNON
Rencontre avec Gilles Chagnon
Responsable pédagogique
LP « Systèmes informatiques et logiciels
Spécialité Projet Web, développement
communication et multimédia »
1. Que pensez-vous de l’apprentissage ?
C’est génial ! J’ai toujours enseigné en apprentissage. Ce sont des formations à but professionnel où
nous sommes en contact direct avec le monde de l’entreprise. Nous devons nous remettre en
question et apprendre tout le temps.
À chacun de mes cours, deux apprentis de la licence « Projet Web » présentent chacun une veille
technologique et exposent les outils qu’ils utilisent en entreprise ou les nouveautés observées dans le
secteur du web, à l’ensemble de la promotion. Cela m’ouvre d’autres perspectives, permettant de faire
des liens, des ponts avec d’autres matières, des disciplines que je ne connais pas.
Voir les apprentis en entreprise me permet également de découvrir d’autres domaines professionnels.
Ce qui est très intéressant !
Il faut dire que mon père enseignait à des apprentis à son époque et pour moi c’est un moyen normal
d’apprendre.
2. Pensez-vous qu’il faut être curieux pour enseigner en apprentissage ?
Si on ne l’est pas, il faut le devenir. Si on n’est pas intéressé par les métiers sur lesquels débouche une
formation, on ne peut pas la faire évoluer et l’adapter aux attentes des entreprises, des apprentis et à
nos attentes en tant que professeur. Nous sommes obligés d’évoluer.
3. Restez-vous en contact avec vos apprentis ?
Oui, je vois leur évolution et cela motive de voir ce qu’ils sont devenus. Quand on voit qu’on arrive à
redonner le goût du travail à des jeunes qui l’ont parfois perdu en formation « classique » , c’est
merveilleux !
Pour certains l’apprentissage leur apporte une bouffée d’oxygène. Globalement, une fois diplômés, les
apprentis trouvent une entreprise qui leur correspond.
Nous leur apprenons à apprendre : le web est toujours en évolution et il faut apprendre en
permanence, pratiquer les compétences que nous leur enseignons.
4. Qu’apporte l’apprentissage à vos apprentis ?
Ils ne sont pas forcément organisés dans leur travail mais grâce à leur période en entreprise où des
responsabilités leur sont confiées, nous, enseignants, les voyons évoluer rapidement. Ils prennent en
charge leur propre travail.
Ils sont ainsi plus assidus, plus ouverts, plus à l’écoute, plus rigoureux dans leur travail et plus
organisés. C’est rare d’avoir de mauvaises surprises lors de la soutenance. À la fin de la formation, ils
ont un projet professionnel plus solide et acquièrent une maturité. Nous le constatons à travers
leur mémoire et leur soutenance. Ils sont plus sûrs d’eux, de ce qu’ils veulent faire et de ce qu’ils ne
veulent pas faire. Ce qu’ils apprennent à l’université prend un sens en entreprise et inversement.
Ils arrivent à réintroduire leurs compétences acquises à l’université, leur savoir faire et leur
savoir être en entreprise.
Je pense que le jeune étudiant ne doit pas choisir une formation en apprentissage par défaut mais
réellement, parce qu’elle correspond à son projet professionnel.
Je leur conseille à l’issue de leur formation, d’avoir une nouvelle expérience en entreprise et après 2
ans de reprendre leur études s’ils souhaitent poursuivre. Comme cela, ils acquièrent une expérience
professionnelle consolidée sur 2 ans et choisissent leur voie professionnelle en toute connaissance de
cause.
5. Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux apprentis qui seraient intéressés par votre
formation ?
En amont de la formation, dès la licence 1, je leur conseillerais de trouver un stage durant l’été dans
une entreprise qui travaille dans le domaine du web. J’aime bien les profils de jeunes qui n’ont pas
obligatoirement commencé par l’informatique mais qui par goût, ont « bidouillé » : créé un site web,
un portfolio complet, en apprenant sur le tas.
Notre rôle est de donner corps à cela et d’encadrer, corriger les erreurs de ce qu’ils ont déjà appris. Il
faut avoir le goût du domaine, il faut montrer par le passé qu’on a eu envie d’y travailler.
Nous avons un niveau d’exigences assez élevé et si nous voulons un certain niveau de qualité
(code, graphisme), il faut passer par une phase d’apprentissage (l’action d’apprendre) qui peut être
fastidieuse et difficile. Le soir il faut travailler sur les projets personnels mais également sur ceux
fournis par l’enseignant. C’est cette idée de toujours travailler pour aller au-delà de ce qu’on dit en
cours. Il faut approfondir ses connaissances. Ce qu’ils vont apprendre en entreprise sera une niche,
quelque chose de particulier. Ils doivent être capable d’identifier ce qui les intéressent et ce qui est
intéressant professionnellement.
6. Trouvez vous que l’alternance est assez développée dans votre secteur ?
Oui, il est rare que nous ayons des problèmes de placement d’apprentis pour les formations en
informatique. C’est un domaine qui est ouvert et fonctionne avec des stagiaires, des apprentis et
contrats pro… C’est quelque chose qui est dans les gênes, cela se fait énormément par la pratique, par
l’imitation des pairs, il y a pas de formations purement académiques, celles qui traitent du Web
changent tout le temps. Les pratiques, le niveau de qualité, les langages, les technologies et leur
support changent. C’est en étant confrontés à la réalisation concrète de projets en entreprise, que
les enseignants se rendent compte de l’évolution professionnelle.
Certains pensent que le Web c’est facile mais confronté à la réalité du domaine, c’est différent.
7. Vos apprentis travaillent donc sur beaucoup de projets ?
Les apprentis fonctionnent en mode projet. Dans la plupart des cours, ils ont des projets à réaliser.
Les sujets peuvent venir de notre expérience ou des sujets en entreprise. L’objectif est de les faire
travailler en mode projet. Ce qui est important, c’est l’organisation, la démarche de gérer les projets et
d’observer les obstacles auxquels ils ont dû faire face.
8. Votre formation est donc en perpétuelle évolution ?
Patrick Nollet et moi-même réajustons le programme en fonction des évolutions du secteur. La
formation dispensée suit les tendances du domaine mais le but de celle-ci, est que les apprentis
obtiennent un travail une fois leur diplôme acquis. Nous faisons appel à beaucoup d’intervenants du
monde de l’entreprise pour apporter ce regarde professionnel. Nous leur demandons de ne pas
simplement faire un cours mais aussi de rendre compte de leur expérience professionnelle. Cela
enrichit le programme de la formation.
Propos recueillis par Julie CAPDENAT