Une intercession de Marie, dans l`islam ?

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Une intercession de Marie, dans l`islam ?
Une intercession de Marie, dans l’islam ?
Le Coran parle de Marie en termes respectueux, voire admiratifs, et invite fréquemment à "se souvenir" d
’elle : oui, "mentionne Marie" (Coran 19, 76La présence fréquente de musulmans et de musulmanes dans les
sanctuaires mariaux invite à se poser la question : l’islam enseigne-t-il quelque chose au sujet de l
’intercession de Marie comme l’enseigne la foi catholique (Vatican II, Lumen gentium 62 ou 69) ?
Un exemple vécu à Alger
En Algérie, à Alger, la basilique Notre Dame d’Afrique n'a pas été islamisée au moment de la récente
poussée islamiste, elle est restée un lieu de pèlerinage. Dans l’abside de ce sanctuaire, est écrit :
« Notre Dame d’Afrique, prie pour nous et pour les musulmans ! »
Il s’agit là d’une phrase écrite par des chrétiens, et acceptée, tolérée par les musulmans.
Un exemple vécu au Mozambique
Au Mozambique, en 1948, à Nampula, durant une procession de Notre Dame de Fatima, une délégation
musulmane interrompit le cortège et son président, Galamussen R. Bangy, s’adressa à la Vierge en lisant à
haute voix le passage suivant :
« La communauté islamique de S. A.Aga Khan, de la province de Niassa, unie dans la
vénération de Notre Dame de Fatima, ne peut pas ne pas présenter ses plus sincères hommages
à la vénérable statue Pèlerine, qui depuis la Cova d’Iria est portée dans le monde entier, et qui,
en ce moment historique, nous fait le grand honneur et privilège de venir au milieu de nous.
O Notre Dame de Fatima, bénis notre cité.
O Notre Dame de Fatima, bénis toute l’humanité, afin qu’elle chemine sur les chemins de la
paix, de la fraternité humaine et de l’élévation spirituelle.
O Notre Dame de Fatima, donne la concorde à tous les hommes sur cette terre.
O Notre Dame de Fatima, permets que nous t’offrions cet hommage, bien qu’il soit insignifiant,
qui vient directement de nos cœurs pleins de vénération et d’amour vrai. » [1]
Il s’agit là d’un discours qui pourrait être en partie de circonstance, dans le but d’entretenir la convivialité
locale. Il ne faut pas non plus écarter la confusion possible pour les auditeurs musulmans entre « notre
Dame de Fatima » et « Fatima, la fille du prophète ». Toujours est-il qu’il est bien question ici d’une
expression de la confiance populaire musulmane en l’intercession de Marie. Cette prière musulmane est une
bénédiction pour la paix, ce qui pourrait s’enraciner – quoique de manière indirecte avec la sourate de
Marie, où le fils de Marie est décrit comme un être non violent sur lequel repose la paix. (Coran 19, 33)
L'enseignement musulman
Le Coran enseigne parfois qu’il y a la possibilité d’une intercession, mais il ne précise pas qui peut
intercéder. Certains versets du Coran préviennent qu’au jugement dernier, plus personne ne pourra
intercéder auprès de Allah qui sera seul patron (sourates 2, 48 ou sourate 6, 51). (Voir ce qui a été dit sur le
déterminisme ).
De manière particulière, il n’y aura aucune intercession possible en faveur de ceux qui n’ont pas reconnu en
Mahomet le messager de Allah (Sourate 9, 80).
La foi populaire attend une certaine intercession de la part de Mahomet.
Mahomet est même le seul à pouvoir intercéder car tous les autres ont péché :
Adam a mangé du fruit de l’arbre,
Noé parce qu’il n’a pas pris soin de ceux qui allaient à leur perdition,
Abraham parce qu’il a discuté sur la religion agréable à Dieu,
Moïse car il a tué un homme,
Jésus et sa mère parce qu’ils sont adorés comme s’ils étaient des dieux. [2]
Dans un tel contexte, parler objectivement d’une intercession de Marie, que ce soit en faveur des
musulmans ou en faveur des non-musulmans, n’a pas beaucoup de sens dans l’islam.
L'exemple vécu en Jordanie
C’est ce qui explique notre troisième exemple.
Un moine de l'Abbaye de Latroun en Israël a communiqué un témoignage qu'il a recueilli de la bouche
même du Père Joseph, curé d'Anjara :
Nasser, jeune musulman, parachutiste de l'armée jordanienne à Amman, fait lors d'un saut une
chute qui lui déplace une vertèbre et l'oblige à garder le lit. On ne peut le guérir. Il est fiancé à
une jeune musulmane, élève chez les Soeurs du Rosaire. Grande est la tristesse des fiancés. On
envoie Nasser à Londres où, après une piqûre malheureuse, il se trouve paralysé à vie. Il revient
à l'hôpital militaire d'Amman. Les parents de la fiancée pensent à rompre les fiançailles et
Nasser lui-même est de cet avis.
Or, une amie de la fiancée, Soeur L. du Rosaire, en visite mue par le Saint Esprit, donne à
Nasser une Médaille Miraculeuse. Il la baise et la porte. Soeur L. lui dit : "Ce que les médecins
ne peuvent faire, Dieu le fera et te guérira."
Cette nuit-là, Nasser entend une voix en lui : "Nasser tu es guéri, lève-toi."
Il répond : "Impossible je suis paralysé à vie."
Une deuxième fois, la voix lui dit : "Nasser lève-toi, tu es guéri".
Même réponse.
Une troisième fois, la voix lui dit : "Je suis la Mère de Jésus, en son Nom, je te guéris, lève-toi."
Et en même temps, il sent deux mains vigoureuses qui le mettent debout. Il est guéri. Exultant
de joie, vraiment guéri, il réveille tout l'hôpital. Médecins et infirmières n'en croient pas leurs
yeux.
Le lendemain, il demande un certificat reconnaissant que sa guérison est miraculeuse. On ne lui
fait qu'un certificat comme quoi sa guérison est humainement inexplicable. Qu'importe, Nasser
se fait l'apôtre de Marie et clame partout que « Sittna Mariam », Notre-Dame Marie, l'a guéri. Il
prend part avec sa fiancée à une messe d'action de grâce. Rien ne s'oppose plus à leur union. Et
Mgr Sinnaan, évêque d'Amman est informé du fait soumis à son appréciation, ainsi que du
désir de Nasser de devenir chrétien. [3]
Soeur L. a confié le paralysé à l'intercession de Marie. C'est la signification de son geste quand elle donne à
Naser une médaille miraculeuse. Seulement voilà, comme l'expliquent les articles "excursus, le
déterminisme... " et "Une intercession de Marie ?", la foi musulmane n'enseigne pas l'intercession de Marie.
C'est là qu'intervient pour ce jeune musulman une autre révélation, qui se produit ici de manière privée, par
une voix qu'il entend (peu importe ici comment il l'entend, intérieurement ou extérieurement).
Rester simplement musulman ne serait pas pour Nasser cohérent et harmonieux avec cette nouvelle
conscience de l'intercession de Marie, il désire alors devenir chrétien.
[1] P. Demoutiez – M. T. Pereira da Cunha, Nossa Senhora de Fatima, Peregrina do Mundo, Lisboa 1953,cité da E. Oggé, La Madonna Missionaria, Edizioni Missioni Consolata, 2° editino, Turin 1968, p. 333.
[2] (SMITH J. AND HADDAD Y., The Islamic understanding of death and resurrection, Albany 1981, p.
80)
[3] Article de « Message et Messagers » n° 163, déc. 1984, - rapporté dans le Recueil marial 1986 du Frère
Albert Pfleger, mariste
F. Breynaert
Extrait de :
F. Breynaert, Marie et l'islam, dans « Miles Immaculatae », Anno XLIV, fasc I, 2008
Les références chrétiennes de cet article
Paris : La médaille miraculeuse, Rue du Bac
Alger : Notre Dame d'Afrique
Notre Dame de Fatima et les musulmans du Mozambique
LG 62 : Marie servante du Seigneur après l’Assomption
LG 69 : Marie et tous les peuples
Partie : Marie dans l'islam
Naissance et enfance de Marie dans le Coran
Enfance de Marie : les apocryphes inspirent l'islam
Razî : L’oraison de Marie
La sourate 19, sourate de Marie
L’annonciation dans le Coran
Dessein de Dieu ou décret irrévocable d'Allah ?
Razî : Commentaire sur la Salutation angélique
Le Coran affirme-t-il la maternité virginale de Marie ?
Marie est un signe, avec son fils
Tabarî : Dialogue entre Joseph et Marie
Un malentendu révélateur : moi et ma Mère... des dieux ?
Marie, signe avec Jésus, coopère-t-elle au salut ?
Une intercession de Marie, dans l’islam ?
Marie dans l'islam, petite synthèse