Value Capture Finance FR (1)
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Value Capture Finance FR (1)
1 Value Capture Finance Une méthode associant les acteurs publics et privés au service du développement local “In the current economic climate VCF approaches will become more important as mechanisms for the sharing of risk and reward between the public and private sectors”. Andrew Carter, Director, Rocket Science and Vice-Chair, ULI Europe Urban Renewal Product Council La Value Capture Finance (VCF), qu’on pourrait traduire par la finance par la captation de la plus-value, est un mécanisme de développement urbain qui repose sur deux leviers d’action: la réglementation juridique et l’investissement public. La VCF consiste en une méthode innovante de collaboration entre les secteurs public et privé visant à répartir aussi bien les risques que les bénéfices d’une opération d’aménagement de manière juste entre tous les partenaires. C’est une solution “win – win” dans la mesure où elle offre des opportunités de développement aux entreprises privées et qu’elle constitue aussi une source de financement pour les collectivités qui peuvent ensuite réinvestir localement. Comment ça marche? La VCF part du constat que certaines décisions publiques entraînent des externalités positives qui profitent de manière indues à des bénéficiaires privés. Dans le cas connu du foncier par exemple, le développement d’une ligne de transport en commun entraîne une plus-value des terrains qui se trouvent à proximité des gares dans la mesure où leur accessibilité se trouve renforcée par la présence de l’infrastructure publique. Dans cette situation, le propriétaire du terrain en question constatera une augmentation mécanique de la valeur de son bien, sans qu’il n’ait rien eu à faire. La VCF consiste précisément à capter les externalités positives ainsi créées afin de pouvoir financer le développement urbain en réalisant les investissements nécessaires. La VCF repose sur quatre étapes constituant un cycle vertueux de développement. 1. La création de la valeur Cette première étape correspond à une impulsion initiale donnée par le secteur public. Elle passe par deux grands leviers publics, le levier juridique ou le levier financier, qui visent à attirer 2 l’investissement privé. Le levier juridique peut consister à accorder un permis de construire ou d’entreprendre à l’acteur privé : un terrain peut ainsi passer de « non constructible » à « constructible » via une modification du plan local d’urbanisme (PLU) dans le cas français. Ce changement de statut juridique crée une opportunité concernant le terrain qui peut générer plus de richesse. Par exemple, en zone urbaine, si un champ est transformé en centre commercial, la valeur monétaire des produits vendus sur ce terrain augmentera, ce qui augmente du même coup sa valeur de manière artificielle. L’autre levier d’intervention publique est celui de l’investissement : si un investissement public est réalisé dans une certaine zone, cela peut la rendre attirante pour les investisseurs privés. Par exemple si une opération de rénovation urbaine est lancée dans un quartier, la qualité de vie globale de ce dernier augmente, ce qui augmente également le prix du mètre carré et qui peut attirer des acteurs tels que des promoteurs, qui tirent profit de l’investissement public. C’est en cela qu’il y a « création de valeur ». 2. La Réalisation de la valeur Dans un deuxième temps, la valeur est « réalisée », c’est-à-dire que le secteur privé réalise un investissement (effet levier de l’investissement ou de la décision publique), qui est réellement transformé en valeur monétaire : le promoteur parvient à vendre ses appartements et réalise un bénéfice par rapport au prix d’achat initial des terrains. Etant donné l’investissement public, il réalise une forte plus-value sur cette opération. 3. La captation de la valeur Grâce au mécanisme de la VCF, l’autorité publique et les acteurs privés passent un accord avant d’utiliser le levier juridique ou d’investissement, ce qui permet d’organiser en amont le partage de la plus-value créée. Il existe une diversité de mécanismes pour cela : fixation d’une redevance de l’entreprise à la collectivité territoriale, taxe sur la plus-value, cession de terrains à l’autorité publique, contribution en nature, etc. En France, le « versement transport » relève de la VCF : étant donné que les transports publics bénéficient aux entreprises en améliorant la mobilité de leurs salariés, celles-ci effectuent un versement pour prendre en compte l’externalité positive dont elles jouissent. 4. Le « recyclage de la valeur » Les ressources issues de la captation de la plus-value servent ensuite des projets de développement local : soit ces ressources sont affectées au remboursement des investissements publics réalisés en amont, soit elles sont réinvesties dans d’autres projets, par exemple la construction de logements sociaux, la réalisation d’une ligne de bus, etc. Cela permet de relancer le cycle de la VCF et de « boucler la boucle ». Etude de cas: Les maisons mitoyennes d’Akaretler Lieu: Istanbul, Turquie Ce complexe de bâtiments classé monument historique était en train de se dégrader du à l’absence de rénovation par les pouvoirs publics et aux réglementations très strictes qui pesaient sur toute tentative d’intervention. En 2005, suite à une loi assouplissant les contraintes d’intervention et à l’accord des différents organismes publics en charge de la zone, la proposition de l’entreprise de BTP Bilgili est retenue et la zone connait une évolution. Elle consiste à aménager dans les bâtiments historiques des logements pavillonnaires mitoyens. Du fait de la centralité de la zone, le foncier était très élevé et fut répercuté dans le prix de vente des logements. Le projet ayant été défini en mobilisant la VCF, la valeur créée est en partie captée au moyen d’une taxe locale payée par Bilgili Group et également en nature via les rénovations, qui sont prises en charge par l’entreprise. La valeur capturée a été réinvestie pour réaliser des investissements dans des infrastructures locales. Au final, cette opération a donc permis de rénover un bâtiment historique malgré le manque de ressources publiques. Ces travaux ont couté près de 3 millions d’euros et l’entreprise Bilgili a retiré 8,1 millions de bénéfices net sur cette opération. Avantages La VCF permet d’optimiser la gestion des ressources d’une collectivité territoriale en s’appuyant en partie sur l’investissement privé pour jouer des effets levier. C’est une forme de partenariat public-privé innovant. Cet instrument permet à une collectivité d’agir même lorsqu’elle manque de ressources financières. Pour le partenaire privé, la VCF représente une opportunité dans la mesure où l’action publique ouvre une marge de manœuvre : soit il s’agit d’un feu vert juridique intéressant d’un point de vue financier, soit la sécurisation d’un projet par un partage du risque via l’investissement public. Le partenaire privé peut en effet être réticent à se lancer seul dans une opération et l’engagement du secteur public constitue une assurance forte. Pour les partenaires privés, les projets publics comportent en général moins de risques étant donné la stabilité et les garanties des institutions publiques. Limites et défis: La VCF, bien que porteuse de nombreuses opportunités de développement, n’est pas forcément applicable à toutes les situations et devra répondre à des défis pour se diffuser avec succès. La première limite de ce mécanisme est qu’il nécessite qu’il y ait création de valeur, que ce soit une plus-value foncière ou un développement économique. Par ailleurs, tout l’intérêt de la VCF dépend de la capacité à évaluer les externalités positives qui seront produites suites à 3 l’action des autorités publiques. Plus cette mesure est juste et plus la valeur sera capturée et l’instrument efficace. Si les externalités futures sont sous estimées, il y a un manque à gagner du public. Si elles sont surestimées, elles tuent l’incitation du secteur privé et n’entrainent pas d’effet levier. Plusieurs méthodes de captation de la plus-value peuvent être employées pour tenter de s’approcher au plus près de la « juste mesure ». Les méthodes qui consistent à prélever un certain pourcentage des bénéfices réalisés sont assez intéressantes à cet égard, bien qu’il reste difficile d’isoler ceux qui sont strictement dus à l’action publique. Enfin il faut noter que le modèle de captation de la plus-value n’est pas le seul valable. Certaines politiques peuvent consister à limiter la plus-value pour éviter des effets de gentrification par exemple ou financer le logement social comme c’est le cas des Community Land Trusts (voir fiche utile à ce sujet). La VCF est un instrument facilement adaptable et fait davantage figure de principe d’action publique aux multiples déclinaisons. C’est une culture qu’il s’agit de promouvoir auprès des décideurs publics. Sources Publication Value Capture Finance (ULI): http://www.uli.org/wpcontent/uploads/ULI-Documents/ValueCapture-Finance-Report.pdf Sur l’Urban Land Institute : http://www.uli.org/ Sur Bilgili holding : http://bilgiliholding.com/ 4 La série “Economic & Financial Solutions” s’inscrit dans le cadre du programme REsolutions to Fund Cities organisé par le FMDV. Ce programme mondial de 4 ans, est une invitation faite à l’ensemble des acteurs de l’urbain pour « REpenser les solutions économiques » en mesure d’opérationnaliser un développement local, résilient et durable. Initié par un consortium de réseaux de villes, REsolutions vise l’identification, l’analyse, le transfert et la mise en œuvre pilote de stratégies et mécanismes économiques et financiers ayant permis d’améliorer l’impact et la performance de politiques soutenables de développement local. Multi-acteurs, déclinée et articulée au niveau régional, REsolutions a pour but de pourvoir les autorités locales d’un large éventail d’outils complémentaires permettant une hybridation des ressources financières au service d’un développement endogène des territoires. Pour d’avantage d’informations suivez ce lien: http 132 rue du Faubourg Saint-Denis, Paris, France +33 (0)1 40 38 66 95 www.fmdv.net