le sommet oublié de guyane

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le sommet oublié de guyane
ITOUPÉ
LE SOMMET OUBLIÉ
DE GUYANE
Photos de MarinTalbot &
Mael Dewynter, Jean-Jacques de Granville, Pierre-Olivier Jay, Nicolas Surugue, Olivier Tostain.
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BIODIVERSITÉ
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Camp
▲Vue 3D du mont
Itoupé.
Source Atelier Aymara.
▼Drop Zone
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«I
l nous faudra un peu plus de deux
heures pour rejoindre le sommet
Tabulaire » hurle Nicolas, alors que
les pales de l’hélicoptère disparaissent dans un
vrombissement croissant. Malgré les cartons,
les touques, les sacs à dos qui sont entassés avec
nous dans l’habitacle de l’appareil, Nicolas,
chargé de mission Ecologie au Parc amazonien
de Guyane, émerge toujours grâce à sa grande
taille, le sourire aux lèvres. Quant à moi, j’ai
disparu sous le matériel et, alors que la piste
de Rochambeau s’efface, je ne sens déjà plus
ma jambe droite. Qu’importe, l’excitation de
participer à cette mission exceptionnelle et la
forêt qui se dérobe à 200 km/h me font vite
oublier le poids des cartons qui permettront de
ravitailler les équipes. Organiser une mission
scientifique de 36 personnes dans un endroit
aussi reculé que le sommet Tabulaire (appelé
aussi mont Itoupé) est une gageure. Nicolas l’a
bien compris, et pendant quelques mois, il a
passé beaucoup de temps à réaliser les repérages
de ce massif montagneux qui culmine à 830 m,
le second de Guyane après les monts de l’Inini
(860 m). À cette altitude, et malgré le “petit été
de mars”, le sommet est recouvert par les nuages
une grande partie de la journée. Il faudra donc
quelques périlleuses manipulations héliportées
pour installer un camp sur les flancs de la
montagne.
Le 26 février, la première équipe constate que
la savane-roche, repérée sur une image satellite,
située à une demi-douzaine de kilomètres de la
montagne, n’est techniquement pas “posable”.
Olivier, responsable de l’équipe Ecobios, indique
l’existence d’une autre zone d’affleurement
granitique, un peu plus loin. L’équipe se résout
donc à se tailler un chemin à la machette en
direction du sommet Tabulaire. Quant au
pilote de l’Écureuil, il est chargé d’une mission
périlleuse : livrer des tronçonneuses à l’aide d’un
filet au bout d’une longue élingue, étonnante
épée de Damoclès au-dessus de la canopée*.
L’hélicoptère dépose le colis avec succès dans
une trouée de chablis*, à proximité du lieu où
sera implantée la Drop Zone (DZ), espace qui
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sera défriché par les agents de Camopi du Parc amazonien de Guyane sur une
cinquantaine de mètres de côté. Assurément, cette mission scientifique aux allures
épiques le démontre : Itoupé est bien le massif montagneux le plus inaccessible de
Guyane. En effet, situé entre Saül et la frontière brésilienne, à mi-distance entre
Camopi et Maripasoula, le mont Itoupé (contrairement à l’Inini son aîné) n’est pas
sur la route d’un grand fleuve mais à la limite des deux bassins versants, à l’est celui
de la Camopi, à l’ouest celui de la Waki. Difficile, de ce fait, d’utiliser la pirogue
jusque dans des criques étroites pour déplacer la logistique d’une expédition
scientifique de cette ampleur.
À l’ouest du sommet Tabulaire, s’étend la plaine de la Waki, aussi vaste qu’inexplorée.
Au nord, les monts Bakra. Dans ces espaces qui l’ignorent, l’homme redevient
un explorateur conscient de fouler un sol vierge. Et pourtant, plus au sud, le
fameux sentier des Émerillons reliait le bassin versant du
Maroni à celui de l’Oyapock. Durant des millénaires, les
Amérindiens ont parcouru cette région. Les seules traces
humaines visibles aujourd’hui sont celles des saignées sur
les troncs des balatas. Présents jusque sur les flancs du mont
Itoupé, ces arbres balafrés témoignent de l’activité des
travailleurs itinérants, qui, à la fin du XIXe siècle, allaient
récolter dans les points les plus reculés de l’Amazonie le
latex de cet arbre qu’ils mélangeaient à celui de l’hévéa, le
précieux caoutchouc.
▲Un groupe de
grandes fougères
arborescentes, Cyathea
cuspidata.
▼Carte
topographique du
mont Itoupé. Les traits rouges
représentent les layons tracés
pour les scientifiques.
Source O.N.F
Le camp de la mission scientifique est finalement établi sur
le flanc ouest du plateau tabulaire, à 200 m en contrebas de
son sommet. Là, à proximité de la “DZ”, les agents du Parc
amazonien de Guyane ont construit un camp rudimentaire,
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▲ Collecte botanique
au cœur d’une grande
cambrouze* du flanc du
sommet, par l’équipe
ECOBIOS.
▲ Manipulation
d’un
Chrotopterus auritus par
l’équipe ONF.
►L’Equipe IRD
(à
droite) identifie les arbres
par différents moyens,
dont le tir pour faire
tomber les feuilles de
canopée.
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quelques tables de bois protégées par des bâches.
Pour le reste, chacun aménage son espace
“carbet-bâche” personnel. Nicolas revient sur les
objectifs scientifiques de cette mission :
« Les espèces vivant à ces altitudes constituent
des marqueurs pour observer les changements
climatiques à venir »…
Olivier, écologue dans le bureau d’étude
guyanais Ecobios, renchérit : « Il s’agit d’un
état initial important, un état zéro des espèces
présentes ». C’est ainsi que s’effectue la “première
mission naturaliste du Parc amazonien de
Guyane”nécessaire à la compréhension globale
du système dont le parc est gestionnaire.
L’équipe d’Olivier se concentre sur l’étude de la
botanique et les oiseaux. Dans la pure tradition
des missions de prospection naturaliste, ils
cherchent et collectent les espèces de plantes en
circulant librement sur l’ensemble du relief. Je
choisis de découvrir dès le lendemain le sommet
avec eux.
Michel B., spécialiste des ptéridophytes (les
fougères), prend la tête de cette première
“ascension”. La cinquantaine, géologue de
formation, Michel n’a pas l’allure du broussard,
mais il est un passionnant conteur du monde
des plantes, et plus spécifiquement de celui des
fougères. «Les fougères sont particulièrement
présentes en forêt submontagnarde. Lors de la
précédente mission il y a 30 ans, Jean-Jacques
de Granville et Georges Cremers avaient collecté
un nombre impressionnant d’espèces dans
cette région, mais en saison sèche. À nous de
les retrouver et d’en découvrir de nouvelles !
Tous ces éléments compléteront l’ouvrage
Flora of the Guianas, la flore internationale
des espèces végétales de notre région». Durant
l’expédition, 500 espèces de fougères, d’orchidées
ou d’arbres seront identifiées.
Avec le reste de l’équipe Ecobios, Guillaume et
Vincent, ils parcourront les layons du sommet
Tabulaire pendant plus de 4 semaines. Ouvert
par les agents du Parc amazonien de Guyane,
le chemin n’évite pas les anfractuosités*, ni les
chablis* ! le tracé (on parle de “transect”) est
parfaitement rectiligne. Cela facilite la mise
en place de plusieurs protocoles scientifiques,
mais c’est aussi une évidente façon de mieux
s’orienter. Tout en progressant sur ce chemin
de plus en plus raide, je vois le paysage forestier
évoluer, les grandes fougères arborescentes
deviennent plus présentes, les nuages nimbent
l’atmosphère en permanence, les mousses
recouvrent indistinctement troncs, branches et
parfois même feuilles, donnant à la forêt des
allures de Brocéliande.
Olivier, Guillaume et Michel tracent leur chemin
dans ce décor fantastique. Sans relâcher leur
attention, ils prélèvent de nombreux échantillons
de plantes. Chaque soir, ces échantillons sont
répertoriés, numérotés, classés, et traités grâce
à un engin étonnant, que seuls les botanistes
tropicaux connaissent : le séchoir. C’est une
structure entourée de toile, surmontée par les
échantillons, et au pied de laquelle on dispose
un réchaud à gaz ou à pétrole. Durant la nuit,
la chaleur déshydrate les feuilles aplaties entre
des cartons et des journaux, les transformant
en authentiques “spécimens d’herbier”. Pour les
plus chanceux, c’est aussi l’unique moyen de faire
sécher miraculeusement ses vêtements pour le
petit matin. La concurrence est alors rude entre
les chaussettes trempées et la rarissime fougère !
Pour le bien de la science, l’équipe en forêt doit
parfois se livrer à d’étonnantes pratiques. Un
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1980 : “Du sommet Tabulaire aux monts Bakra”.
Tel était intitulé le compte-rendu de la toute première mission effectuée à
Itoupé, dans “La nature et l’homme en Guyane”, une revue d’époque. Octobre
1980, Jean-Jacques de Granville, botaniste et organisateur de l’expédition s’en
souvient bien et parcourt son cahier de mission la tête pleine de souvenirs. Ils
étaient neuf pour réaliser cette prospection longue de 50 km, des chercheurs
mais aussi des “hommes à tout faire” afin de porter le matériel de camp en
camp, de tracer des layons, et de s’occuper de la chasse notamment. Pas
moins de deux mois leur auront été nécessaires pour réaliser l’ensemble des
échantillonnages et consolider l’inventaire floristique de la Guyane.
De 1960 à 1980, de nombreuses missions de cette envergure ont été réalisées
dans le but précis d’établir une carte des prospections faites sur l’ensemble du
département. Mais cette fois-ci, de par son inaccessibilité, la mission à Itoupé
requiert un hélicoptère, ainsi que l’aide de l’armée, c’est une grande première....
matin, alors que plusieurs équipes sont déjà au travail, un
coup de feu retentit à quelques mètres. Au cœur du Parc
amazonien de Guyane, pas question de chasser le maïpouri
pour le repas du soir ! Je m’approche donc et constate
qu’un des membres de l’équipe IRD-AMAP “botanique
et bioinformatique de l’architecture des plantes”, Daniel,
pointe curieusement son fusil en direction de la canopée*.
Un nouveau claquement, une branche tombe, Daniel
brandit victorieusement son trophée : une branche feuillée.
«Peut-être une nouvelle espèce pour la Guyane !» Avec un
accent du midi prononcé, il m’explique qu’il est bien plus
simple de tirer une volée de plomb plutôt que de monter
à l’arbre. Il s’agit en effet d’identifier un arbre grâce à ses
feuilles, si possible avec ses fleurs ou ses fruits, situés souvent
à plus de 40 mètres de hauteur. L’Unité Mixte de Recherche
AMAP, qui travaille en différents points de la planète, de
la Nouvelle-Calédonie jusqu’au Vietnam, est implantée en
Guyane, où elle gère notamment l’Herbier de Guyane.
Sur ces explications, Daniel, accompagné de Jean-François
et de Michel T., s’évanouissent dans les broussailles…
laissant flotter dans la forêt guyanaise comme un air de
Pagnol.
Je décide de redescendre du sommet, seul cette fois, et par
un sentier que je n’ai pas encore pratiqué. La progression
solitaire en forêt pluviale possède une magie particulière.
La végétation semble s’ouvrir et se refermer derrière nos
pas. La solitude est propice à l’écoute. Alors que la crête
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du sommet s’affine, que je m’apprête à descendre, un son
m’interpelle. C’est un singe, mais il émet un sifflement qui
retient mon attention. Sa silhouette apparaît, dévoile une
longue queue brune orientée verticalement vers le bas, et un
corps qui semble bombé. Son crâne se distingue par deux
excroissances hémisphériques symétriques. Ce pourrait être
un Saki satan. Je redescends au pas de course, enthousiasmé
par ma pseudo découverte scientifique, et prêt pour une
véritable conférence de presse.
Le soir est un moment propice pour l’échange entre les
membres de l’expédition. À la lumière des frontales, autour
d’un ti-punch et d’une boîte de cassoulet, c’est le moment
de partager les découvertes, les sites inventoriés ou restant à
prospecter. Cette fois, plus qu’un improbable Saki satan, c’est
une mystérieuse mare qui retient toute l’attention. Située
au sommet, elle est entourée d'arbres d’une famille encore
inconnue en Guyane, les Lepidobotryaceae, dont une seule
espèce existe en Amérique. Répondant au sympathique
nom de Ruptiliocarpon caracolito, cette espèce n’est connue
jusqu’à présent qu’en Amérique centrale et dans les Andes,
peut-être au Suriname. La mare et ses conditions hydriques
exceptionnelles promettent des découvertes intéressantes.
Les équipes décident d’y converger plus tard.
Les jours suivants me permettent de mieux comprendre le
travail de recherche de chacun.
J’aurai ainsi l’occasion d’observer l’équipe SEAG (Société
Entomologique Antilles-Guyane) en action. Leur mission :
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►Récolte botanique
d’orchidées de l’équipe
ECOBIOS.
►L’équipe SEAG
officie à la pince à
épiler pour trier
la riche collection
entomologique...
►Enregistrement et
numérotation des plantes
recoltées.
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►- Phyllomedusa tomopterna ()
- Carnifex à gorge cendrée (Micrastur
gilvicollis) ()
- Nouvelle espèce de lézard pour la Guyane :
Amapasaurus tetradactylus, ()
- Mygale Theraphosa leblondii ()
- Issue du point culminant de la montagne,
cette fleur blanche est nouvelle pour la
Guyane - Utricularia alpina ()
- Idem pour cette Alstroemeriaceae,
Bomerea edulis () trouvée sur une savaneroche proche.
- Pristimantis sp. 2, l’espèce endémique des
sommets en Guyane. ()
- Kwata - Ateles paniscus ()
- Oiseau Cloche, Procnias alba ()
- Chauve-souris, Cormura brevirostris ()
- Boa de Cook juvénile, Corallus hortulanus
()
▲La mare
située au
sommet du mont Itoupé,
recèle une espèce d’arbre
nouvelle pour la Guyane.
récolter des insectes dans un maximum de
conditions altimétriques et environnementales,
depuis la haute canopée* jusqu’au ras du sol.
Cette association de passionnés a développé des
procédés surprenants pour capturer les insectes.
Par exemple, un objet étrange conçu avec une
plaque de plexiglas et une gouttière, stoppant avec
efficacité les insectes volant à hauteur d’homme
dans l’espace aérien de la forêt. Mais ce n’est
qu’un des nombreux systèmes utilisés. Au bout
du compte, c’est un nombre incroyable d’insectes
de toutes sortes (près de 20 000 échantillons,
représentant 1 500 à 2 000 taxons*) qui sont stockés
dans l’alcool, ou euthanasiés à l’arsenic pour être
analysés. Certains d’entre eux voyageront jusqu’en
Roumanie pour retrouver leur unique spécialiste.
Mais d’ores et déjà, de nouvelles espèces pour
la Guyane ont été identifiées, certaines connues
jusqu’alors uniquement sur les contreforts andins.
L’équipe “chiro” est une autre équipe remarquable
de cette expédition. Les chiroptérologues ont
cette singularité qu’ils commencent à peupler
les layons à la nuit tombée. Armés de grandes
perches, ils dressent de longs filets aériens,
barrant la route à tous les animaux volants. Ce
sont surtout les chauves-souris qui les intéressent
(Chiropotes satanas) est
et qui en feront les frais. Ainsi toutes les nuits,
un primate présent
Maël, Margot, Vincent et Nicolas se relaient pour
uniquement dans le sud de installer 10 filets de 12 m de long à des intervalles
la Guyane.
d’altitude de 200 m, selon un protocole bien
établi. Les chauves-souris qui se prendront dans
les mailles seront pesées, mesurées, un échantillon
de tissu sera prélevé pour une analyse génétique,
puis elles seront relâchées. La manipulation doit
être réalisée avec soin car les chauves-souris sont
fragiles et mordent à pleines dents les doigts des
maladroits. Sur le sommet Tabulaire, près de 40
espèces de chiroptères sont identifiées sur près de
▼Le Saki satan
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102 présentes en Guyane.
Le dernier jour, je reprends une dernière fois le
chemin du sommet dans l’espoir d’entrevoir
à nouveau le Saki satan. Tout au long de mon
court séjour, j’ai pu observer une impressionnante
diversité de primates. L’endroit est parfaitement
préservé : babounes, kwatas, tamarins, capucins, et
ce Saki satan insaisissable. À quelques encablures
du sommet, j’attends à nouveau, assis sur une
souche. Et comme une récompense, l’apparition
se produit et à mon plus grand contentement je
vole furtivement un mauvais cliché de Saki satan
(voir en bas à gauche sur cette même page).
Chacun a plié son camp, et les rotations
d’hélicoptère se succèdent. Le flanc de la
montagne se vide de cette présence humaine
inhabituelle. Manque encore à l’appel JeanFrançois, de l’équipe AMAP, parti seul à l’aube
avec quelques cartouches pour rapporter le fruit
qui permettrait de lever le voile sur le mystérieux
arbre de la mare.
Avant que le dernier hélicoptère ne s’impatiente,
alors que l’inquiétude va croissante, car on connait
le danger à circuler sur ces layons glissants, le voilà
enfin à l’orée de la forêt, crotté mais victorieux, se
glissant in extremis dans le cockpit, avec à la main
un rameau portant deux fruits : l’arbre livrera
enfin ses secrets.
Le mont Itoupé retrouve provisoirement son
calme, avant le deuxième chapitre de son étude.
En septembre et octobre 2010, une nouvelle
mission multidisciplinaire s’organise, cette fois
dédiée à l’ornithologie, la grande faune (en lien
avec l’Office National de la Chasse et de la Faune
Sauvage - ONCFS) et à l’ichtyologie*.
Texte de Pierre-Olivier Jay & Lise Landrin.
Photos de M. Dewynter, J-J de Granville, P-O Jay,
N. Surugue, M. Talbot, O. Tostain.
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