Choix MÉDIA TV: Dans un cinéma près de chez nous
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Choix MÉDIA TV: Dans un cinéma près de chez nous
Choix MÉDIA TV: Dans un cinéma près de chez nous, sur Historia Par Eric Parazelli Paru le 18 octobre, 2012 On a tous des souvenirs de nos premières visites au cinéma. Selon notre âge, l’expérience était sûrement différente, mais non moins marquante. Je me souviens de l’éblouissement vécu par le petit bonhomme que j’étais, au cinéma Le Charlot, dans le Vieux-Longueuil, un samedi après-midi, lors d’un programme double Star Wars / Les aventuriers de l’arche perdue. Ou, plus tard, de l’éblouissement qui m’avait frappé de plein fouet au Ciné-Club du Cégep de Jonquière, lors de la projection des Ailes du désir de Wim Wenders. Les lieux dans lesquels j’ai apprécié ces films font partie intégrante de mes souvenirs. Les salles de cinéma sont les témoins privilégiés de bien émotions… C’est justement le sujet principal de la série documentaire Dans un cinéma près de chez nous, présentée en trois parties, sur Historia, les lundis 22 et 29 octobre et le 5 novembre, à 20h, avec une multitude de reprises (on est à Historia, ne l’oublions pas ) Dans les deux premiers épisodes que j’ai pu visionnés, des spécialistes du cinéma comme Michel Coulombe, Jérôme Labrecque, Yves Lever, Dane Lanken ou Pierre Véronneau, remontent jusqu’aux premières projections dans des magasins ou entrepôt à Montréal, en passant par la conversion de théâtres de variété. On y apprend que le premier cinéma présentant des films parlant était le Nationoscope et non le Ouimetoscope, comme je l’avais pourtant appris lors de mes (courtes) études universitaires en cinéma! On y mentionne le rôle des musiciens ou des bonimenteurs, chargés de commenter les premiers films muets. La réaction du clergé face à ces nouveaux lieux de perdition éloignant les brebis de leur berger. Le bureau de censure qui interdisait le mot divorce dans les films. Les premiers palaces aux allures de salles de bal royales. Il est d’ailleurs assez fascinant de remarquer le contraste frappant entre ces images d’immenses salles bondées à l’époque et les petites salles clairsemées d’aujourd’hui… Parmi les causes de la désaffection du public, la série documentaire pointe du doigt l’arrivée de la télévision et, plus tard, des premiers magnétoscopes, puis l’internet, les jeux vidéos… Mais là où Dans un cinéma près de chez nous devient plus touchant, c’est lorsqu’on nous présente des propriétaires de salles de cinéma. Comme celui du Cinéma Laurentien de Greeville, du Cinéma Laurier de Victoriaville, du Ciné-Parc de Joliette, ou du Cinéma Pine de Ste-Adèle, qui avoue avoir déjà trouvé une paire de bobette sous son fameux «love seat» (un fauteuil large pouvant accueillir un couple d’amoureux ). On assistera plus tard à la mise «à la scrap» de son vieux projecteur pour laisser la place à la technologie numérique. Au rayon des curiosités anachroniques que nous fait découvrir la série, les cinémas érotiques et pornos sont aussi mentionnés. Avec, en prime, une visite privilégier des coulisses et du sous-sol du fameux Cinéma L’Amour, sur le boulevard Saint-Laurent, une des rares salles (tout genre confondu) à avoir traversé toutes les crises qu’ont vécu les salles de cinéma. Si le gérant de la place avoue ne pas surveiller constamment ce qui s’y passe durant les projections, un gros plan sur le menu du comptoir à friandises nous révèle qu’on peut aussi y acheter des kleenex… Et c’est sans parler de la section privée V.I.P. au balcon! Autre personnage intéressant, Philippe Spurell, un projectionniste ambulant qui cherche à reproduire l’expérience des débuts en trimballant son projecteur portable de salles communautaires en sous-sol d’église. Il faut voir le visage d’une dame de 90 ans regardant un vieux film muet avec le comique Harold Lloyd pour comprendre toute la nostalgie qu’elle revivait ce soir-là. J’aurais cependant bien aimé entendre ce que les cinéphiles avaient à dire, eux. On leur a fait jouer un simple rôle de figurants dans les deux premiers épisodes de Dans un cinéma près de chez nous. Il me semble qu’ils auraient eu plusieurs souvenirs à partager, et peutêtre même quelques réflexions sur l’état actuel des salles de cinéma qui se sont, pour la grande majorité, transformées en mégaplex tonitruants et glorifiant le divertissement à tout prix (et à gros prix!). Et si la recherche visuelle est impeccable, et que la trouvaille de superposer d’anciens décors et façades de cinéma sur les images actuelles est particulièrement ingénieuse (comme sur la photo coiffant ce billet), il reste que la réalisation, l’habillage et la structure de la série est plutôt conventionnels. Une touche d’audace et de magie dans le traitement aurait aidé la série à être davantage en osmose avec le sujet. Mais il reste que Dans un cinéma près de chez nous vaut le coup d’oeil!