- OCL - Oilseeds and fats, Crops and Lipids
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DOSSIER : ABSORPTION INTESTINALE DES LIPIDES nes et absorption intestinale des microconstituants Ge noı̈des lipidiques (vitamines liposolubles, carote rols)* et phytoste Patrick BOREL INRA, U1260 « Nutrition, Obesite et Risque Thrombotique », Marseille, F-13385, France ; INSERM, U1062, Marseille, F-13385, France ; Aix-Marseille Universite, Marseille, F-13385, France <[email protected]> Abstract: Genes and intestinal absorption of lipidic microconstituents (fat-soluble vitamins, carotenoids and phytosterols) Intestinal absorption of lipidic microconstituents (LM) is very variable and depends on numerous factors. Recent studies have shown that, contrary to what was assumed, proteins are involved in absorption of LM by enterocyte. It is likely that genetic polymorphisms in genes encoding for these proteins modulate absorption efficiency of these compounds. This hypothesis can explain the huge interindividual variability in absorption efficiency of these compounds. The effect of genetic variants on absorption efficiency of LM may in turn lead to modify plasma and tissues concentration of LM and, finally, their ability to prevent some diseases (cardiovascular diseases, cancers. . .). Recent results support these hypothesis. However, other studies are required to definitely conclude on the real effect of genetic variants of intestinal transporters of LM on status and health effect of these compounds. Since most LM seems beneficial for health at low (dietary) doses and can be hazardous at higher (pharmacological) doses, it can be anticipated that recommended dietary allowances of LM, or doses of LM in functional foods/supplements, will be adapted to groups of the population carrying common genetic variants known to significantly affect LM bioavailability. Key words: genetic polymorphisms, vitamins, carotenoids, bioavailability, nutrition Introduction doi: 10.1684/ocl.2012.0450 Les aliments apportent des nutriments et des micronutriments (vitamines, olile ments), ainsi qu’un certain nombre goe noı̈des, de microconstituants (carote nols. . .) qui ne sont pas consipolyphe re s essentiels, mais dont la consomde mation est inversement associee a velopper certaines l’incidence de de * j a paru dans la revue Cet article est de Cahiers de Nutrition et de Diete tique sous la f nes et absorption re erence : Borel P. Ge intestinale des microconstituants lipidiques (vitamines liposolubles, carotenoı̈des et phytost erols). Cahiers de Nutrition et de Die tetique 2009 ; 44(3) : 124 -131. française de Copyright # 2009 Societe par Elsevier Masson SAS. nutrition. Publie serve s. Reproduit avec autoTous droits re risation. pathologies (certains cancers, maladies canismes cardiovasculaires. . .). Les me culaires de l’absorption des mole micronutriments et microconstituants cemment e t e lipidiques (ML) ont re volutionne s par la d re ecouverte que ines pr des prote esentes dans la cellule absorptive intestinale, l’ent erocyte, es dans ce processus. sont implique mettre Cette decouverte a permis d’e se que des variations mineures l’hypothe nes codants pour ces prodans les ge ines pourraient affecter l’efficacite te d’absorption de ces compos es. Des sultats re cents supportent cette hypore se et permettent d’imaginer que les the recommandations nutritionnelles en ces s pourraient être segment compose ees ristiques g tien fonction des caracte ene ques des groupes de la population. Les vitamines liposolubles (A, D, E, K), noı̈des et les phytoste rols sont les carote sents dans notre les principaux ML1 pre alimentation (tableau 1). Il y a un net rêt pour l’e tude des regain d’inte m ecanismes d’absorption des vitamines tudes re centes liposolubles car des e rent que, parall sugge element a leurs ^ les biologiques bien connus, celles-ci ro es dans la pre vensont aussi implique tion de certaines pathologies [1-3]. rêt pour les Il y a aussi un fort inte 1 Les microconstituants alimentaires sont des cules organiques presentes en faible mole dans l’alimentation (< 1 g/j). Sont quantite s de micronutriments les microconstiqualifie pour l’homme a ete tuants dont l’essentialite e, c’est le cas des vitamines, mais ce prouve noı̈des et des n’est pas le cas des carote rols. Sont qualifie s de microconstiphytoste tuants lipidiques ceux qui ne sont pas solubles dans l’eau mais qui le sont dans des solvants organiques. nes et absorption intestinale des microconstituants lipidiques (vitamines liposolubles, carote noı̈des et Pour citer cet article : Borel P. Ge rols). OCL 2012 ; 19(4) : 209-215. doi : 10.1684/ocl.2012.0450 phytoste OCL VOL. 19 N8 4 juillet-août 2012 Article disponible sur le site http://www.ocl-journal.org ou http://dx.doi.org/10.1051/ocl.2012.0450 209 ^les biologiques. Tableau 1. Les principaux microconstituants lipidiques : apports et ro Nom usuel ces Principales espe culaires retrouve es mole dans l’alimentation s des pays industrialise ANCa Consommation quotidienne dianeb moyenne/me s Principales activite biologiques forme e Vitamine A pre tinyl-palmitate Re 900 mg 598-682 mg Activites vitaminiques A noı̈des Carote provitaminiques ne b-carote ne a-carote b-cryptoxanthine - 2,15-2,62 mg 0,39 mg 0,12-0,14 mg s vitaminiques A Activite s antioxydantes et propriete Vitamine E d-a-tocopherol rol d-g-tocophe 15 mg - 9,8-10,3 mg - Vitamine D calcife rol (vitamine D3) Chole 5 mg 2,9 mg s vitaminiques E Activite s antioxydantes et propriete s vitaminiques D Activite Vitamine K Phylloquinone Menaquinone 120 mg - 70-80 mg 21 mg Activites vitaminiques K noı̈des non Carote provitaminiques ne Lycope ine/zeaxanthine Lute - 6,6-12,7 mg 2,0-2,3c s antioxydantes Propriete Phytost erols rol Sitoste rol Stigmaste Campesterol - 167-437 mg rol Inhibiteurs de l’absorption du choleste noı̈des et les phytoste rols. Apports nutritionnels conseilles (ANC) pour un homme adulte. Il n’existe pas d’ANC pour les carote D’un homme adulte. c Lut eine + z eaxanthine. a b noı̈des qui sont des pigments carote ge taux aussi suspecte s de jouer un ve ^ le pre ventif dans la survenue de ro certains cancers et des maladies cardioge ne ratives [4-7]. vasculaires et neurode ine et la ze axanthine, Par ailleurs, la lute noı̈des appartenant a la deux carote sous-classe des xanthophylles, semblent ^ le important dans la fonction jouer un ro oculaire et pourraient prevenir la g e n e rescence macucataracte et la de e a l’^age [6, 8, 9]. Enfin, les laire lie rols ve g e taux, ou phytoste rols, sont ste maintenant bien connus pour leur a diminuer l’absorption du capacite rol. choleste tudes re centes ont montre que, Des e contrairement a ce que l’on pensait, un ines pre sentes certain nombre de prote rocyte sont implique es dans dans l’ente couverte l’absorption des ML. Cette de quences imporpourrait avoir des conse s en tantes sur les apports recommande s a effet sante . En effet, des ces compose ne tiques des ge nes codants variations ge ines pourraient affecter pour ces prote l’expression ou l’activite de celles-ci et, quent, la capacite des sujets par conse ne tiques a porteurs de ces variants ge absorber les ML. On peut ainsi envisager que des groupes de sujets porteurs de favorables sur variations genetiques de nes codants pour des proteines des ge impliquees dans l’absorption des ML cessiter des recommandapourraient ne 210 OCL VOL. 19 N8 4 juillet-août 2012 s en ces tions ou apports personnalise ML. Les facteurs qui affectent l’absorption des microconstituants lipidiques d’absorption des ML est L’efficacite s variable et d tre epend de nombreux rable facteurs [10]. Un nombre conside tude de publications est consacre a l’e rents facteurs. Ces travaux de ces diffe que ont par exemple montre l’efficacite d’absorption de certains ML pend : de – de la cuisson des aliments contenant les ML ; – de la composition des aliments s en même temps que les consomme sources de ML ; – de l’activit e des enzymes digestives ; des transporteurs intes– de l’efficacite s dans le captage des tinaux implique ML, etc. L’acronyme Slamenghi, qui est un motechnique propos terme mne e pour lister les facteurs qui affectent la biodisponibilit e des carot enoı̈des [11], pour lister les facteurs peut être utilise des qui affectent la biodisponibilite autres ML. Chaque lettre correspond a un facteur : ce mole cu– S pour species of ML (espe laire du ML) ; rification – L pour molecular linkage (este cule) ; ou conjugaison de la mole – A pour amount consumed in a meal de ML dans le repas) ; (quantite – M pour matrix in which the microconstituant is incorporated (effet de la matrice alimentaire) ; – E pour effectors of absorption (autres cules modulant l’absorption : lipimole dicaments. . .) ; des, fibres, me – N pour nutrient status of the host (statut de l’individu en ML) ; – G pour genetic factors (facteurs ne tiques) ; ge – H pour host-related factors (facteurs s lie a l’individu : ^ age, sexe. . .) ; – I pour mathematical interactions (interactions entre tous ces facteurs). sent Comme cela est pre e dans le quent de tableau 2, un nombre conse es est disponible pour certains donne de ces facteurs qui ont beaucoup resse les chercheurs/technologues/ inte industriels de l’agro-alimentaire (effet de la matrice alimentaire, effet des s effecteurs d’absorption), alors que tre es, voire pas du tout, sont peu de donne disponibles pour d’autres facteurs, soutudier (effets g tivent plus difficiles ae ene ques, interactions entre les facteurs). sultats sont publi s De nouveaux re es tre gulie rement et viendront, re a n’en pas ter ce tableau. douter, comple Tableau 2. Donnees disponibles sur les facteurs qui sont suppose s affecter l’absorption des microconstituants lipidiques. Microconstituants lipidiques Sa L A M E N G H I Vitamine A 0 + 0 ++ ++ + 0 ++ 0 noı̈des provitaminiques Carote ++ + 0 ++ ++ + + + 0 Vitamine E ++ + + + ++ 0 + ++ 0 Vitamine D + + 0 + ++ + 0 ++ 0 Vitamine K ++ 0 + ++ ++ 0 0 ++ 0 noı̈des non provitaminiques Carote ++ + 0 ++ ++ 0 + + 0 Phytost erols + 0 + + 0 0 ++ 0 0 fe rences (entre une et trois) ; 0 : pas de publication sur l’effet de ce ++ : plus de trois publications traitent de ce facteur ; + : seulement quelques re facteur. a motechnique de se rappeler des principaux facteurs qui sont suppose s affecter la biodisponibilite L’acronyme Slamenghi est un moyen mne ce moleculaire du ML), des microconstituants lipidiques (ML). Chaque lettre permet de se rappeler d’un facteur : S : species of ML (espe rification ou conjugaison de la molecule), A : amount consumed in a meal (quantite de ML dans le repas), M : matrix L : molecular linkage (este in which the microconstituant is incorporated (effet de la matrice alimentaire), E : effectors of absorption (autres molecules modulant dicaments.. .), N : nutrient status of the host (statut de l’individu en ML), G : genetic factors (facteurs l’absorption : lipides, fibres, me ne tiques), H : host-related factors (facteurs lies a l’individu : ^age, sexe.. .) et I : mathematical interactions (interactions entre tous ces facteurs). ge Tableau 3. Connaissances actuelles sur les mecanismes impliques dans l’absorption des microconstituants lipidiques. ce Espe culaire mole Efficacite d’absorption (%) ristiques de l’absorption Caracte doses nutritionnelles) (a R etinyl-palmitate 75-99 tinol est un processus de diffusion facilite e Le captage enterocytaire du re ) impliquant un transporteur (non encore identifie ne b-carote ne a-carote b-cryptoxanthine 3,5-90 rocytaire est un processus de diffusion facilite e impliquant SR-BI, Le captage ente ines membranaires (CD36.. .) mais aussi probablement d’autres prote rol d-a-tocophe d-g-tocoph erol 10-95 e impliquant SR-BI et NPC1L1 Le captage enterocytaire est un processus de diffusion facilite ral est, en partie, effectue dans les HDL d’origine intestinale via un L’efflux basolate nergie-dependant : ABCA1 transporteur e calcife rol Chole 55-99 rocytaire implique, en partie, SR-BI et NPC1L1 (donne es de notre Le captage ente es) laboratoire non encore publie Phylloquinone 13-80 die par un transporteur e nergie-dependant Le captage des phylloquinones est me non encore identifie naquinones est suppose être passif Le captage des me ne Lycope ine Lute axanthine Ze 0,1-1,6 37-60 ? rocytaire est un processus de diffusion facilite e impliquant SR-BI, Le captage ente ines membranaires (CD36.. .) mais aussi probablement d’autres prote Phytost erols 0,04-1,9 rocytaire est un processus de diffusion facilite e impliquant SR-BI Le captage ente rols nouvellement absorbe s sont re eflue s et NPC1L1. La plupart des phytoste re intestinale par l’he terodime re ABCG5/ABCG8 dans la lumie naquinones Me ines Des prote rocytaires sont ente es implique dans l’absorption des microconstituants lipidiques que le Il a longtemps ete suppose rol e tait absorbe par diffusion choleste passive, c’est-a-dire en suivant un grare dient de concentration entre la lumie rieur de la cellule du tube digestif et l’inte rocyte). Neanmoins, ce intestinale (ente te re cemment balaye quand dogme a e on s’est aperçu que l’absorption du rol implique plusieurs prot choleste eines sentes dans la membrane apicale de pre l’enterocyte : NPC1L1, SR-BI, ABCG5 et te ABCG8. De la même façon, il a e montre , il y a une dizaine d’ann de ees, des phytost que la grande majorite erols rocyte nouvellement capt es par l’ente s dans la lumie re du tube sont elimine digestif gr^ ace a un couple de transporteurs, ABCG5 et ABCG8. En effet, faillants quand ces transporteurs sont de nes), cela (mutations dans leurs ge conduit a une absorption anormalelev ment e ee des phytost erols, aboutis re ditaire : la sant a une pathologie he rol tudes sitoste emie [12]. Enfin, des e centes, effectue es en grande partie par re que notre laboratoire, ont aussi montre ines ente rocytaires, connues des prote es dans l’absorption pour être implique rol, sont aussi impliqu du choleste ees noı̈des et dans l’absorption des carote cise ment, de la vitamine E. Plus pre te la premie re e quipe nous avons e a montrer que l’absorption d’un carot eine implique le re cepteur noı̈de : la lute OCL VOL. 19 N8 4 juillet-août 2012 211 « eboueur » scavenger-receptor class B type I (SR-BI) [13]. Ce recepteur a par la te implique dans l’absorption suite e d’autres carotenoı̈des : a-carotene2, bne2 [14] et lycope ne [15]. Nous carote te la premie re avons par ailleurs aussi e quipe a montrer que le captage de e rol) par la vitamine E (a et g-tocophe rocyte implique aussi ce même l’ente transporteur [16], et des travaux en cours rent qu’il dans notre laboratoire sugge dans le captage est aussi implique calcife rol). Ce de la vitamine D3 (chole cepteur n’est ne anmoins pas « univerre dans sel » puisqu’il n’est pas implique tinol2. Cette forme de le captage du re vitamine A d’origine animale semble en e par un transporteur effet être capte cifique qui n’a pas encore e te spe identifie, mais qui pourrait être STRA6 ine de la famille des [17]. Une autre prote cepteurs « e boueurs » pourrait aussi re être impliquee dans le captage des noı̈des au niveau du po ^ le apical carote rocyte, il s’agit de CD36, mais les de l’ente sultats sur l’implication de cette prore ine dans l’absorption des carote noı̈des te sont encore contradictoires [14, 18]. Enfin, une equipe japonaise vient cemment de montrer que NPC1L1, re qui ferait la navette entre la membrane dans apicale et le cytosol, est implique l’absorption de la vitamine E [19]. s par l’ente rocyte, et qui Les ML capte te re e fflue s vers la lumie re n’ont pas e rols et, intestinale (cas des phytoste peut-être, d’une partie de la vitamine E [16]), doivent être transportes dans l’environnement aqueux du cytosol s dans les chylomipour être incorpore sultats crons ou, comme certains re cents le sugge rent, être se cre te s dans re hicules (HDL, prote ines d’autres ve ^ le basolate ral de plasmatiques) au po l’enterocyte. Du fait de leur hydropho, il est probable que ces mole cules bicite es par des prote ines sont transporte intracellulaires. On n’a pas encore identi toutes ces prote ines, mais des profie ines implique es dans le transport te intracellulaire du retinol dans les cellules intestinales (CRBP II) et de la vitamine E dans divers types cellulaires (alpha-TTP, te TAP et trois sec14 like-proteins) ont e crites. de 2 Borel P, Moussa M, Reboul E. SR-BI is involved in provitamin A carotenoid absorption, and genetic variation in SCARB1 is associated with blood concentrations of carotenoids in different populations. 2009 [soumis pour publication]. 212 OCL VOL. 19 N8 4 juillet-août 2012 s être incorpore s Les ML sont suppose dans les chylomicrons qui vont les ils seront, soit transporter vers le foie ou limine s dans la bile, soit stocke s (cellules e toile es du foie pour la vitamine A), soit e se cretes associe s cire a des prot eines spe tinol, DBP pour la fiques (RBP2 pour le re vitamine D), ou dans les VLDL, pour être s vers les tissus pe riphe riques. distribue tape initiale de ce sche ma (incorporaL’e tion exclusive dans les chylomicrons) commence a être remise en cause quipe et puisque des travaux de notre e d’un autre laboratoire ont montre cemment qu’une partie de la vitamine re cre te e dans les HDL d’origine E est se intestinale via un transporteur membranaire : ABCA1 [20, 21]. iEn conclusion, de nombreuses prote nes, dont beaucoup non encore identies, sont impliqu fie ees dans le captage, le transport intracellulaire et l’efflux rocyte. Le tableau 3 des ML par l’ente sume des et la figure 1 pr esentent un re connaissances actuelles qui ne vont pas voluer significativement manquer d’e es, vu l’inte rêt dans les prochaines anne porte a cette th ematique. quences Conse physiologiques et physiopathologiques de l’implication ines de prote dans l’absorption des microconstituants lipidiques ines soient impliLe fait que des prote es dans l’absorption des ML permet que ne tide supposer que des facteurs ge ques puissent affecter les concentrations vensanguines et tissulaires, et l’effet pre Micelles Vésicules ? ABCG5/G8 SR-BI NPC1L1 ? SR-BI X ? Golgi Noyau ABCA1 Chylomicrons HDL Apo-A1 Figure 1. Connaissances actuelles sur le transport des microconstituants lipidiques (ML) dans l’ente rocyte. Les ML sont apportes au niveau de la membrane apicale de l’ente rocyte dans des micelles mixtes et/ou des vesicules (liposomes). Le scavenger-receptor class-B type I (SR-BI) est implique dans le captage des carote noı̈des, des vitamines E et D, et des phytoste rols. NPC1L1 est implique dans le captage des phytoste rols et des vitamines D et E, mais il n’est apparemment pas implique dans celui des carote noı̈des. D’autres prote ines presentes dans la membrane apicale pourraient e galement être impliquees, c’est le cas de CD36. Certains travaux suggerent que certaines de ces proteines sont internalisees puis sont recycle es vers la membrane apicale. Apres captage, certains ML sont ree flues au niveau de la membrane apicale par des prote ines plus ou moins spe cifiques de l’efflux. Ainsi, l’he terodimere ABCG5/G8 est responsable de l’efflux de la grande majorite des phytosterols, et SR-BI est implique dans l’efflux de la vitamine E. Les ML non reeflue s sont probablement transporte s dans l’enterocyte par une ou des prote ines non encore identifie es (X). La grande majorite des ML est incorporee dans les chylomicrons mais une partie est se cre tee dans les HDL d’origine intestinale via ABCA1 (cas de la vitamine E). 3 Borel P, Szabo De Edelenyi F, VincentBaudry S, et al. Genetic variants in BCMO1 and CD36 are associated with plasma lutein concentrations and macular pigment optical density in humans. 2009 [soumis pour publication]. T1 T2 T3 Bons répondeurs Répondeurs intermédiaires Faibles répondeurs Figure 2. Hypothese permettant d’expliquer la tre s forte variabilite interindividuelle d’absorption des microconstituants lipidiques (ML). Cette hypothese suppose que des variants ge ne tiques modifient l’activite ou l’expression des proteines impliquees dans le transport des ML au sein de l’ente rocyte. T1 : transporteur apical putatif (ex. : SR-BI). T2 : transporteur intracellulaire putatif (ex. : L-FABP). T3 : transporteur basolate ral putatif (ex. : ABCA1). Un transporteur de couleur blanche signifie qu’il est correctement exprime et que son efficacite est optimale. Un transporteur de couleur grise signifie qu’un variant ge ne tique a partiellement diminue son expression ou son efficacite . Un transporteur de couleur noire signifie qu’un variant genetique a tre s fortement affecte son expression ou son activite . On suppose que, quand tous les transporteurs sont correctement exprime s et efficaces, les sujets sont « bon re pondeurs » aux ML transporte s par ces transporteurs. Inversement, quand un ou plusieurs transporteurs voient leur expression ou leur activite profonde ment affecte e par des variants ge ne tiques, les sujets sont « faibles re pondeurs ». Enfin, quand certains transporteurs sont moins bien exprime s ou moins efficaces, alors que d’autres sont parfaitement exprime s et efficaces, les sujets sont des « repondeurs interme diaires ». Cette hypothese pourrait expliquer les re sultats presente s dans les figures 3 et 4. 1200 800 750 400 0-12.5 6-12.5 0 550 0-6 Chylomicron β-carotene (nmol/L) s vis-a-vis de pathotif de ces compose logies. En effet, il est raisonnable de ne tipenser que des polymorphismes ge nes codants pour ces proques de ge ines, les plus fre quents etant les te variations d’une paire de base appelees SNP pour « single nucleotide polymorphisms », pourraient affecter l’expres de ces prote ines, sion ou l’activite de l’absorption de et donc l’efficacite cules. Cette hypothe se est ces mole e dans la figure 2 qui pre sente explique trois transporteurs putatifs d’un ML. T1 : un transporteur apical (ex. : SR-BI), T2 : un transporteur intracellulaire (ex. : L-FABP), T3 : un transporteur basoral (ex. : ABCA1). Des modifications late , d’un ou de d’expression ou d’activite plusieurs de ces transporteurs pours forte variabilite raient expliquer la tre ponse aux ML interindividuelle de re (figure 3) et l’allure gaussienne de la ponse d’une populadistribution de re tion (figure 4) [22]. L’effet des variants ne tiques sur l’absorption des ML ge quence affecter pourrait par conse les concentrations sanguines en ces s et, in fine, les concentrations compose ses en cascade tissulaires. Ces hypothe rifie es par des re sultats semblent ve cents de notre laboratoire. Nous re que les concenavons en effet montre noı̈des et en trations sanguines en carote es a des variants vitamine E sont associe ne tiques de SCARB1 (le gene codant ge pour SR-BI) [23]. Nous venons aussi de quences alle liques de montrer que les fre ne sont deux variants de ce même ge airement corre lees aux concentraline noı̈des protions sanguines en carote ne, b-carote ne vitaminiques (a-carote rentes et b-cryptoxanthine) dans diffe ^ le potenpopulations. Concernant le ro netiques sur les tiel des variants ge concentrations tissulaires en ML, une tude re cente de notre laboratoire e montre qu’un variant genetique de cepteur potentiellement CD36, un re implique dans l’absorption des carote optique noı̈des, est associe a la densite de pigment maculaire3, valeur qui est pendante de la concentration en de noı̈des dans cette re gion centrale carote tine. Dans la mesure ou certains de la re 350 150 -50 0 5 10 Figure 3. Variabilite interindividuelle de l’efficacite d’absorption des microconstituants lipidiques (ML), exemple du b-carote ne. Ce graphe repre sente la variation de concentration du b-carotene l’ingestion d’un repas-test apportant dans les chylomicrons en pe riode post-prandiale suite a une dose de 120 mg de b-carote ne. Les fle ches repre sentent les temps auxquels ont ete donne s les repas-tests. Le premier apportait le b-carote ne. Le second n’apportait pas de b-carote ne. Le graphe avec les histogrammes repre sente les aires sous la courbe mesure es entre les diffe rents temps post-prandiaux. La courbe en gras repre sente la moyenne des concentrations mesure es chez 16 sujets sains. La courbe la plus haute repre sente la re ponse du sujet qui a re pondu le plus (aire sous la courbe la plus importante), la courbe la plus basse celle du sujet qui a repondu le moins. Cette figure est extraite d’un article publie dans J Lipid Research en 1998 [22]. OCL VOL. 19 N8 4 juillet-août 2012 213 Population (%) 30 20 10 0 0 0.11 0.22 0.33 0.44 0.55 Chylomicron β-carotene/triacylglycerols (nmol/µmol) Figure 4. Variabilite de l’efficacite d’absorption du b-carotene dans une population. Ce graphe represente la distribution de la re ponse post-prandiale en b-carotene dans les chylomicrons chez 79 sujets sains. La r e ponse e tait estimee en mesurant la concentration de b-carotene dans les chylomicrons trois heures apres l’ingestion d’un repas-test apportant une dose de 120 mg de b-carot e ne. La concentration en b-carotene e tait corrige e de la concentration en triglyce rides des chylomicrons pour s’affranchir de la variabilite de reponse en ces lipoprote ines qui transportent le b-carote ne nouvellement absorbe en pe riode post-prandiale [22]. s a l’incidence de ML sont associe certaines pathologies, on suppose que des variations dans la teneur tissulaire en s pourraient affecter l’incices compose dence de ces pathologies. C’est ce que rer les re sultats d’une e tude semble sugge cente qui montre que la frequence re ne tique dans all elique d’un variant ge ne codant pour SR-BI qui est SCARB1, ge dans l’absorption [24] et le implique captage de la luteine par la retine [25], est e avec le risque de de velopper une associe ge ne rescence maculaire lie e a l’^age de sultats communique s par le Dr E. (re teil, et non Souied, Eye Clinic a Cre s). encore publie Application potentielle de l’effet des variants ne tiques sur ge l’absorption des microconstituants lipidiques : la nutrition e personnalise ne tiques Le fait que des variations ge puissent moduler l’absorption des ML 214 OCL VOL. 19 N8 4 juillet-août 2012 quences en pourrait avoir des conse s en ces termes d’apports recommande s. En effet, les apports nutritioncompose s (ANC) ayant labore s nels conseille et ee pour couvrir les besoins de 97,5 % des sujets d’un même groupe de la population (sexe, classe d’^ age, situation physiologique), cela veut inversement dire que 2,5 % des sujets qui consomment les rieurs ANC ont des apports infe a leurs els (ce qui fait tout de même besoins re plus de 1,5 millions de personnes pour la population française !). Il y a de bonnes raisons de penser que ces sujets ne tiques sont porteurs de variants ge induisant des modifications suffisamtabolisme ment importantes de leur me limination (absorption peu efficace, e trop efficace. . .) pour entraı̂ner des besoins plus importants en certains (micro)nutriments. Aussi, en cas de ficience manifeste en un ML (e valu de ee par des dosages sanguins par exemple) des apports alimentaires appaet malgre value s par remment suffisant en ce ML (e une enquête alimentaire), on pourrait notyper ces sujets sur des envisager de ge s de façon variants g en etiques cle a leur recommander des apports plus impor- serve que ces tants en ce ML (sous re apports soient inf erieurs a la limite de de ces nutriments). L’effet des toxicite n variants ge etiques sur la prescription de dicaments est de j certains me a utilise n par la pharmacoge etique. On s’est en effet aperçu que la r eponse a certains m edicaments (concentration sanguine notamment) est en partie d ependante ne tiques de g de polymorphismes ge enes codants pour des enzymes de d etoxifinobiotiques (cytochromes cation des xe rases. . .). Par P450, glutathion transfe exemple, des sujets porteurs du variant CYP2D6*3/*4 sont de mauvais cataboliseurs du m etropolol, un bêtabloquant dans le traitement de la tension utilise tine (Prozac), un art erielle, ou de la fluoxe presseur [26]. Les posologies de antide ces m edicaments peuvent donc être les des ajust ees si on connaı̂t les alle ne tiques. patients pour ces variants ge On peut penser que la même approche e en nutrition, et plus particusera utilise li erement pour les ML qui peuvent être ne fiques be a doses nutritionnelles et fastes ne a doses pharmacologiques [27]. On peut donc anticiper que, quand es seront disposuffisamment de donne nibles, les ANC en certains nutriments et s en microconstituants seront segmente ristiques ge ne tiques fonction de caracte des individus, ou plus probablement de groupes d’individus. Par ailleurs, si conomique est l la demande socioe a, on peut imaginer que des fabricants de ments alimentaires pourront prosupple es poser des formulations adapte a des ne tiques sujets porteurs de variants ge cessitant des doses accrues de mol ne e, du fait de leur faible cules a effet sante capacite a les absorber (posologies pour pondeurs » et pour « forts « faibles re pondeurs »). re Conclusion couverte que des prote ines La de es dans ent erocytaires sont implique l’absorption des ML est une d ecouverte majeure dans le domaine de la biodi de ces compose s. Les sponibilite variations interindividuelles d’efficacite cules peuvent d’absorption de ces mole es en partie être attribue a des variations tiques dans les ge nes codants pour g ene ines. Cela pourrait avoir des ces prote percutions importantes vis- re a-vis du ^ le be n ro efique de certains ML dans la vention de certaines pathologies. pre sultats de On peut supposer que les re netique pourraient conduire a nutrige des recommandations plus personnaes en ces compose s, valeurs qui lise risprendraient en compte des caracte n e tiques de certains groupes tiques ge videmment, de la population. Bien e tudes sont encore de nombreuses e cessaires pour valider les relations ne tiques et les entre certains variants gene besoins en ML, et les recommandations res ge n e tiques en fonction de crite res devront aussi satisfaire a des crite thiques et e conomiques. e Dietary carotenoids and risk of coronary artery disease in women. Am J Clin Nutr 2003 ; 77 : 1390-9. 9. Richer S, Stiles W, Statkute L, et al. 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