Euro Poetry Slam de Lux` : Le vainqueur est Renato Kaiser Le

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Euro Poetry Slam de Lux` : Le vainqueur est Renato Kaiser Le
Euro Poetry Slam de Lux’ : Le vainqueur est Renato Kaiser
Le Suisse Renato Kaiser a remporté le premier Euro Poetry Slam de Lux’ qui a eu
lieu lundi 19 avril à l’EXIT07. Lors de cette « joute oratoire », initiée par l’Institut
Pierre Werner, huit poètes de slam d’origine française, allemande, autrichienne et
suisse sont entrés en lice. Le slam de lundi aussi bien que le showcase de mardi dans
la cave du Centre National de Littérature de Mersch ont montré que la poésie peut être
une passionnante expérience instantanée et riche en formes d’expression.
Le public diversifié, qui est venu nombreux, a manifesté son grand enthousiasme par
des longues ovations.
Les deux soirées ont bien mis en évidence la diversité des slameurs européens au-delà
d’un point commun : ne pas se cacher derrière un livre mais au contraire faire vivre
leurs mots, présentés dans un phrasé aux multiples cadences, par une gestuelle, une
mimique explicite ou symbolique.
Bas Böttcher, pionnier du slam en Allemagne, ne veut pas simplement raconter une
histoire ou susciter des émotions. Il prend la langue et la poésie elles-même pour
thèmes de ses textes, comme par exemple dans « Und lerne ich eine Sprache neu
kennen, / dann lehrt mich die Sprache, mich neu zu kennen, / Das macht die Sprache
– die Macht der Sprache ».
Ses textes sont en contraste avec ceux qui expriment une critique radicale, osée et
sans tabou. Dans les textes du Suisse Renato Kaiser et de l’Autrichienne Yasmin
Hafedh on entend une critique politique des populistes nationalistes tels Christoph
Blocher ou Heinz-Christian Strache et dans ceux du Luxembourgeois Francis Kirps
on voit un regard ironique sur le Grand-Duché.
Le slam est en fait une nouvelle forme de littérature engagée qui aborde les thèmes de
la pollution, de l’exclusion sociale, du chômage mais aussi de l’église. Quant aux
poètes, Renato Kaiser, Luc Spada, Nadja Schlüter et Yasmin Hafedh, ils cherchent
davantage à partager des expériences caractéristiques de leur génération, des joies et
des souffrances. Ceci a particulièrement plu au jeune public qui voit dans le slam un
porte-voix de leur génération.
Des textes de grande qualité, ambitieux dans leur rythmique et innovants au niveau de
la syntaxe, ont été présentés lors de ces deux soirées. Quand Renato Kaiser a parlé en
suisse-allemand, il a fallu donner quelques explications de mots. Chez tous, on a
entendu de l’ironie, de la révolte mais aussi une invitation à un voyage poétique…
L’approche du Français, D’de Kabal, est, quant à elle, plus radicale. Du point de vue
du contenu, il s’intègre dans un courant du slam, socialement et politiquement engagé,
combattant ici activement le racisme et la discrimination et prônant la redécouverte et
le respect des origines. En ce qui concerne le style, il prend une autre voie que les
slameurs présents. D’de Kabal ne s’appuie pas uniquement sur les mots, mais se sert
aussi de sa voix comme véritable instrument. Il mélange ses mots avec du
Beatboxing, imitant des sons parfois sensuels, parfois tribaux. Cette forme de slam,
ancrée dans la musique, met en avant l’idée que la poésie est tout d’abord une
sonorité.
Enfin, le slam peut être plus léger, notamment quand il parle d’amour, thème qui
traverse toute la littérature depuis la chanson de geste. Mais courageux, les slameurs
osent mettre l’amour dans un décor kitsch et le décrivent comme le plus bel état
d’urgence. Böttcher, Spada, Kaiser ou Hafedh s’amusent tantôt à badiner avec
l’amour, tantôt à le sacraliser et à détourner certains moments vécus en kitsch absolu,
chose qu’aucun poète traditionnel n’oserait faire. Pourtant, ces textes sont plus
émouvants que ceux qui sont postmodernes et fracturés.
Finalement, au cours de ces deux soirées, c’est une autre forme de poésie plus
spontanée et plus directe que le public luxembourgeois a pu découvrir.

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