Marie-Antoinette - Paroisses de Sevran

TEMOIGNAGE de Madame Marie-Antoinette GAILLARD en octobre 2016
Pourquoi ai-je accepté de célébrer des obsèques pendant plusieurs années ?
Mon papa est décédé à 68 ans en 1956 et 7 mois après, mon mari est emporté par une leucémie
foudroyante à 33 ans. Nous étions parents de cinq enfants de 10 ans à 17 mois. La mort avait
interrompu notre vie à deux. C’était une amputation; ma maman seule a pu se charger de mes
enfants et j’ai pu travailler. La mort, j’y pense chaque jour.
Un autre évènement à la paroisse m’a profondément marquée: à la messe de 8h30, dans cette
église St Martin, un homme âgé rentrait à n’importe quel moment, il pleurait et partait. Un dimanche
il était présent. Au moment « donnez- vous la paix » je suis allée vers lui : « La paix soit avec vous », il
m’a regardée. « Madame, si je suis là, c’est que les obsèques de ma femme ont eu lieu ici et comme
je n’ai pas été gentil avec elle j’ai des remords. » « Monsieur je ne suis pas là pour vous juger.
Si vous demandez pardon, peut-être aurez-vous la paix ». Je pense que cet aveu l’a libéré, car il est
revenu apaisé.
Quand le Père Guy GELLY m’a demandé de célébrer des obsèques, j’ai dit oui. Ce service d’Eglise
demande une grande écoute, de la compassion: ce mot veut dire « souffrir avec ». Il faut recevoir les
familles, construire la cérémonie. Quand on a connu le deuil, on comprend de l’intérieur la
souffrance. Pendant la cérémonie après l’Evangile, un AVE MARIA pour penser à la personne
disparue. La foi ne supprime pas la souffrance mais elle nous fait voir l’Espérance pendant ce temps
de méditation.
Je disais: si vous avez des pardons à donner ou des pardons à demander, faites-le dans le silence de
votre cœur et vous obtiendrez la paix.
En cette année de la miséricorde on comprend mieux.
Je terminerai par une lettre reçue après des obsèques d’une grand-mère :
« Madame, je voulais simplement vous remercier pour l’office que vous avez présidé pour ma
mémé. Une très belle cérémonie comme mémé le souhaitait. Merci d’avoir partagé ce moment de
recueillement avec nous et le message d’amour que vous avez transmis avant que je l’accompagne à
sa dernière demeure. Lorsque nous nous sommes rencontrées samedi, je vous ai dit que je n’étais
pas spécialement croyante. Mais vous savez, lors de la cérémonie, toutes les prières que j’avais
apprises lors de mon adolescence me sont revenues en mémoire tout simplement. Alors oui,
continuons à donner de l’amour et faire le bien autour de nous pour être en paix le jour de notre
départ.
Merci de vous avoir croisée sur le chemin de la vie et de m’avoir guidée dans ce moment. »
Alors n’ayez pas peur, l’Esprit Saint vous accompagnera. Seule la santé m’empêche de continuer, il
faut savoir s’arrêter.
Donnez et vous recevrez. Soyez mes témoins.
"Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie", nous dit Jésus.
La mort pour un chrétien c’est une naissance à une vie nouvelle, celle que le Seigneur nous a promis.