(Cartagena en francés)

Transcription

(Cartagena en francés)
Immigrés du Ghana à Carthagène, en Espagne
Cette réalite demande un nouveau regard, une présence active qui denonce les lois injustes
auxquelles les immigrants sont soumis et offre un espace de proximité et d´amitié.
Petites Soeurs de l´Assomption, nous voyons l´urgence d´articuler nos actions et
expériences locales au système global, afin de parvenir à des changements significatifs.
Les faits :
Mary, jeune Africaine de 27 ans, prend des cours d’espagnol. Elle vit seule. Elle est en
congé maladie provisoire. Un ami de son pays nous la présente : « est-ce que vous pourriez
l’accompagner chez le cardiologue ? »
Elle est née à Acra, capitale du Ghana. Elle a laissé là-bas, il y a plus de trois ans, ses deux
enfants avec sa famille, Idris 10 ans et Sara, 8 ans. Elle a pris l’avion un jour pour essayer
d’améliorer sa situation financière, et elle est partie pour un pays de l’est, où elle a une
soeur mariée. Peu après elle est arrivée en car à
Carthagène où elle connaissait « des frères de son pays
».
Avec d’autres personnes venues de l’Equateur, du
Maroc et du Ghana, elle a commencé à travailler au
Champ de Torre Pacheco (village proche, très agricole)
dans des entrepôts ; tous les jours à l’aube, le car les y
conduit pour faire le tri de fruits et légumes qui sont
envoyés au nord de l’Europe dans des grands camions
frigorifiques.
Elle vit dans un appartement qu’elle partage avec
d’autres personnes, pour 200 euros par mois. Elle parle
l’anglais et l’ashanti. Elle est gaie, croyante, combative,
prête à affronter les difficultés, confiante et ouverte à l’amitié. Sa santé est fragile, elle a
été opérée d’une grave sténose de l’aorte. Elle s’est remise de son opération, mais elle est
toujours suivie régulièrement, et elle a demandé à toucher une pension d’inaptitude
permanente au travail. Le tribunal médical reconnaît sa situation mais il faudrait qu’elle ait
cotisé à la Sécurité sociale au moins 1520 jours, alors qu’elle ne peut faire valoir que 1180
jours. On l’a donc orientée pour qu’elle fasse une demande de pension non contributive. La
législation en vigueur ne lui permet pas d’y avoir droit car il lui manque 5 années de
résidence en Espagne. Avec tout cela, elle doit renouveler son permis de séjour et de
travail, et elle n’a pas de contrat de travail ; deux familles du quartier se sont alors décidées
à l’embaucher comme employée de maison à temps partiel.
Elle fait l’expérience de la précarité économique et de la solidarité de « ses frères de pays »
qui la soutiennent et qui répondent à ses besoins affectifs et économiques.
Immigration en provenance du Ghana
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Il y a environ 1100 personnes du Ghana qui vivent dans la Province de Murcie.
Nous voulons nous rapprocher « déchaussées, en retirant nos sandales, de cette terre
sacrée, qui les a vus naître, souffrir, rêver, qui
maintient son espérance d’un avenir meilleur,
différent pour tous », pour comprendre les risques
qu’ils ont couru jusqu’à leur arrivée en Espagne,
dans ce désir d’améliorer leur situation financière
pour leurs familles, à qui ils envoient une partie
de leur salaire, ce qui permet à leurs enfants
d’aller à l’école, d’aider leurs parents et de
pouvoir un jour rentrer… et pour certains de
construire leur maison.
Histoire
Le Ghana est une République d’Afrique
occidentale. Il est bordé à l’ouest par la Côte d’Ivoire, au nord par le Burkina Faso, à l’est
par le Togo et au sud par le Golfe de Guinée. Il trouve son origine dans les royaumes
africains de 1240. Présence européenne au XVème siècle avec les Portugais pour
l’exportation d’or, d’ivoire, d’esclaves et la construction du fort d’Elmina. Ensuite ce sont
les Hollandais puis au XVIIème siècle les Britanniques, les Suédois et les Danois. En
1946, les premiers signes de la fin de l’époque coloniale apparaissent et en 1951, la
première Constitution est promulguée. L’Indépendance du Ghana se fait en 1957, de la
fusion de la Côte-de-l’or (Gold Coast), du royaume Ashanti, et du Togo britannique
(Togoland).
Gouvernement et politique
Le Ghana est une république qui fait partie du Commonwealth. Son chef d’Etat,
actuellement John Evans Atta Mills, dispose des pouvoirs exécutifs. Le Parlement du
Ghana est monocaméral et il est actuellement dominé par deux petits partis
révolutionnaires : le Nouveau Parti Patriotique et le Congrès National Démocratique.
Droits de l’homme Par rapport à la Charte Internationale des Droits de l’homme, nous
voyons que tous les articles n’ont pas été signés et certains, qui sont signés, n’ont pas été
ratifiés :
Non signés et non ratifiés - abolir la peine de mort - la participation des enfants aux
conflits armés - la vente des enfants, la prostitution infantile et l’utilisation des enfants
dans la pornographie.
Non ratifiés - la Convention sur toutes les formes discriminatoires sur la femme - sur
les droits des personnes handicapées
Non respectés - le Pacte International des Droits Economiques, Sociaux, et Culturels
Economie Même s’il est bien pourvu en ressources naturelles, le Ghana est l’un des pays
les plus pauvres d’Afrique occidentale et du monde. Il dépend de l’aide technique et
financière internationale. Cependant, il est le troisième producteur mondial de cacao.
Egalement, l’or, le bois, les diamants, le manganèse et la bauxite sont d’importantes
sources de revenus. L’économie locale tourne autour de l’agriculture de subsistance qui
représente 40% du PIB et qui emploie 60% de la population active. Petits propriétaires
agricoles. Dans le golfe de Guinée, le tourisme des plages est en expansion, et le barrage
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d’Akosombo fournit de l’électricité pour le pays et à l’exportation. L’Union européenne est
son principal partenaire commercial.
Démographie
En 2007, le Ghana comptait 22.931.000 habitants, répartis en 75 ethnies différenciables par
leur dialecte. L’espérance de vie à la naissance est de 59,1 ans, et la population ghanéenne
est jeune, en raison d’un écart entre la natalité (29,8‰) et la mortalité (9,5‰). Les
Ghanéens sont majoritairement chrétiens (63%), les musulmans représentent 16% de la
population, et 21% pratique une des religions africaines.
Eléments qui affectent l’enfance
La pauvreté est un problème constant et généralisé dans les trois régions septentrionales
du Ghana, où la moitié de la population du pays vit au-dessous du seuil de pauvreté. Un
tiers de la population rurale n’a pas d’accès à l’eau potable, et seulement 11% de la
population des habitants du Ghana dispose de sanitaires adéquats.
Le pays continue à souffrir de la plaie du ver de Guinée, généralement causée par l’eau
polluée. En 2004, c’est au Ghana qu’on comptait le plus grand nombre de personnes
touchées par cette maladie. Même si le taux de VIH/sida
semble se stabiliser, il masque les différences
considérables qui existent dans l’étendue de l’infection,
selon la région géographique, le sexe, l’âge et la
profession, et dans une certaine mesure, entre la
population urbaine et rurale.
On estime que seulement 30% des cas sont déclarés
dans les quelques services sanitaires existants, en raison
du stigmate qu’il crée. Dans le cadre d’une campagne systématique de santé maternelle et
infantile, 1,5 millions de moustiquaires, traités avec un insecticide à effet prolongé, ont été
distribués pour les enfants de 0 à 11 mois. En 2007, un plan général de lutte contre la
malnutrition a été lancé pour les enfants gravement atteints de malnutrition, de six à 36
mois. L’UNICEF a obtenu de grandes avancées dans l’amélioration de l’éducation des
enfants de sexe féminin.
Pistes de réflexion personnelle et pour la mise en commun
Dans cette démarche analytique, nous voulons établir des liens entre la foi et la justice.
La justice est une caractéristique du Royaume de Dieu : pour garantir des conditions de vie
dignes, défendre des structures justes dans la société, humaniser les lois, transformer la foi
en action « ce que vous faites au plus petit…. c’est à Moi que vous le faites » (Mt 25).
a) Quelles causes directes ou indirectes affectent l’immigration ?
b) Quels sentiments cela suscite en nous ?
c) Quelles sont les personnes, les institutions impliquées ?
d) Quelle influence l’argent a-t-il sur cette situation ?
e) Quelles sont les relations les plus importantes qui se nouent ?
f) Quelles valeurs découvrons-nous entre les « frères de pays »
g) L’agriculture et la précarité du travail : contrats injustes, salaires d’exploitation.
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Silence
A la lumière de l’évangile, que pouvons-nous faire ?
Préciser un engagement
Prière : Power Point : Réseau Afrique Europe foi et justice
Chant : Ton Règne est Vie, ton Règne est Vérité, Ton Règne est justice
Ton Règne est Paix, Ton Règne est Grâce…
a) Causes directes et indirectes :
Les personnes qui immigrent, veulent améliorer la situation économique et sociale de leur
famille, elles cherchent un travail digne, qui les aide à faire mieux vivre tous ceux qui sont
restés dans leur pays. Dans leurs pays d’origine, ils ne trouvent pas de travail et ils ont du
mal à accéder aux études.
Les moyens de communications éveillent le désir de partir pour un autre lieu où ils voient
une meilleure qualité de vie. Le marché du travail demande une main d’oeuvre peu
coûteuse, selon les secteurs. Il y a des moyens de transports auxquels ils peuvent accéder
même s’ils présentent des risques et que cela les endette.
b) Quels sentiments cela suscite-t-il en nous ?
Douleur, souffrance pour ceux d’ici et de là-bas. Indignation face au système global et
local. Colère en voyant comment ils sont traités parfois. Les Droits de l’homme ne sont pas
appliqués (il y a un article qui parle de la libre circulation). Souffrance face à l’injustice
mondiale. Ils sont attirés par la société de consommation.
Tristesse pendant les cours d’espagnol quand j’entends « j’habite chez un ami mais c’est
dur de trouver à manger ». Gratitude et accueil, ce sont des personnes pleines de vie,
généreuses, honnêtes, transparentes. Quand j’entends des critiques, je les défends, ils
vivent le déracinement familial.
c) Qui sont les personnes et les Institutions impliquées ?
- Leurs familles qui exigent l’envoi d’une partie de leurs salaires.
- Ils vivent une réalité familiale difficile : ils sont séparés de leurs enfants.
- Il y a des employeurs qui leur donnent du travail en tant qu’illégaux, et ils en profitent
pour les maintenir dans la précarité et l’exploitation, cela crée des différences économiques
avec d’autres travailleurs pour un même nombre d’heures et pour le même travail réalisé,
ils vivent l’insécurité.
- Les voisins du quartier font des comparaisons entre les Africains, les Latinos et les
Marocains
- Nous (PSA) leur offrons accueil et amitié, connaissance de leurs recours et soutien dans
les démarches.
- Les services sociaux des municipalités ont des professionnels qui rendent la situation plus
humaine, qui accueillent et donnent une réponse à certains de leurs besoins.
- L’Eglise locale : paroisse, Caritas.
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- Red Acoge (réseau accueil) dans différentes régions.
- ACCEM service aux réfugiés.
- Communauté européenne avec la contradiction des lois qu’elle élabore.
- L’OMC, le FMI, la BM.
- Les Gouvernements des pays développés qui ne donnent pas les 0,7% du PIB promis.
d) Quelle influence l’argent a-t-il dans cette situation ?
L’argent a la place la plus importante, elle situe la personne comme étant soit du pays, soit
un étranger ou un immigré. Il est l’élément moteur pour quitter le pays, et la cause de
souffrance pour ouvrir un chemin de survie. Il influence tout, c’est pour lui qu’ils partent et
qu’ils laissent leurs racines, en risquant leur vie ; la réussite, c’est quand ils peuvent
envoyer de l’argent dans leur famille.
e) Quelles sont les relations les plus importantes qui se nouent ?
Entre les immigrés eux-mêmes et leur famille, relations souvent entretenues par téléphone,
ils sont fidèles pour avoir des nouvelles.
Ils établissent des relations de travail avec des Espagnols, mais elles sont rares. Ils sont
parfois à l’origine de mouvements de solidarité inconditionnelle.
Amitié et aide jusqu’à l’extrême pour certaines choses entre personnes d’un même pays.
Avec
nous,
Petites
Soeurs
de
l’Assomption, ils partagent leurs
préoccupations et nous les orientons pour
comprendre quels sont leurs recours,
leurs droits. Avec certains nous
parvenons aussi à établir des relations
d’amitié.
Avec l’Eglise, en cherchant à avoir de
l’aide, et pour certains, en s’intégrant
plus tard dans les paroisses ou dans des
groupes pour vivre leur foi.
f) Quelles valeurs découvronsnous entre les frères de pays ?
Solidarité économique et affective (argent, logement, papiers) Sacrifice de l’un pour que
tous vivent. Confiance en Dieu qui les rend sereins dans l’adversité Ils gardent la joie, la
compassion, l’espérance. Ils se montrent chrétiens, ils s’appuient sur le Dieu transcendant,
ils ne doutent pas qu’il les aidera ; face aux adversités, ils répètent « ce n’est rien », en
acceptant la dureté de la réalité.
j) L’agriculture et la précarité du travail : - contrats injustes, salaires
d’exploitation
L’agriculture est un moyen de subsistance, il existe des ETT (Entreprises de travail
temporel) intermédiaires qui offrent des revenus injustes en raison de contrats inéquitables.
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Les personnes se trouvent dans une situation de grande nécessité et elles acceptent de
travailler pendant de longues journées pour très peu d’argent par heure, avec de longs
temps de déplacement. Les employeurs abusent de leur précarité (voler le pauvre, double
injustice). Ces personnes vont facilement d’une ville à une autre car elles ont des contrats
provisoires.
Elles expérimentent la dureté d’un travail qu’elles n’ont parfois jamais pratiqué dans leur
pays, mais elles ne peuvent pas prétendre à d’autres types d’emplois pour lesquels elles
sont formées, en raison de leur situation « illégale » ou parce que leurs études ne sont pas
reconnues.
A la lumière de l’Evangile (Juger)
- Genèse –homme et femme il les créa, et il leur donna la terre pour s’alimenter et être
féconds…
- Bienheureux les pauvres de coeur, car ils verront Dieu, le Royaume est à eux
- Actualité de la Passion et de la mort : point de vue de Caïphe (« Vous ne songez même
pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne
périsse pas tout entière. » Jean 11,50) et de Jésus (« Je suis venu pour qu’ils aient la vie et
l’aient en abondance. » Jean 10,10).
- La veuve importune s’adresse au juge : «Rends-moi justice contre mon adversaire ! »
(Luc 18, 1-8) ; persévérante et constante, elle n’a pas peur d’attendre, elle vit la résistance
des faibles – sortir quelque chose de bon du mauvais système.
- Prier le Notre Père en sentant que nous sommes tous frères et que nous marchons vers la
fraternité universelle (Mt 6, 7-15).
- C’est un appel à partager, en contemplant la générosité de Dieu Père-Mère qui « fait lever
le soleil sur les méchants et les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt
5,45) et il a laissé la création entre nos mains pour que nous en prenions soin avec toute sa
richesse et la possibilité de vie ; que certains ne se l’approprie pas pour dominer d’autres
en créant des « mondes » différents alors qu’il n’y en a qu’un seul pour tous.
Engagement
Solidarité avec d’autres. Etre informées. Dénoncer les lois et les situations injustes.
Communauté des Petites Soeurs de l’Assomption
Carthagène (Murcie)
Juin 2011
• Relis cette situation à la lumière de Luc 13, 10-17 ou d’un autre texte
• En quoi cette analyse t’a-t-elle enrichie ?
• Choisis un cas similaire et analyse-le avec d’autres personnes, en t’appuyant sur
cet exemple : en cherchant les causes directes et indirectes du problème étudié.
• Communique-le au Secrétariat JPIC en précisant s’il peut être diffusé sur la
page We
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