La soupe au caillou

La soupe au caillou
Un jour, alors qu'il se promenait, le Méchant, Méchant
Loup rencontra la Mère Poule, qui accrochait sa lessive.
Le Loup examina le linge suspendu au fil et dut reconnaître
qu'il semblait de toute première qualité.
"Hum, se dit le Loup, il y a de belles choses à récupérer par
ici."
Et il s'arrêta donc pour bavarder un peu.
- Bonjour ! dit le loup. Je crois que je vais te croquer et,
ensuite, je volerai toutes tes jolies affaires.
- Merci beaucoup, caqueta la mère poule. Mais, avant cela, tu
voudrais peut-être manger de la soupe?
- C'est très aimable de ta part, sourit le Méchant, Méchant
Loup. J'aimerais bien de la soupe et, ensuite, je te mangerai.
La Mère Poule ramassa un caillou sur le chemin.
- Je vais te faire de la SOUPE AU CAILLOU, dit-elle. C'est
très particulier.
- Cela doit l'être, dit le Loup. J'ai mangé des potages dans les
meilleurs endroits et je n'ai jamais entendu parler de celuilà. La Mère Poule fit bouillir de l'eau et jeta le caillou dans
la casserole.
- Comme le Loup ne croyait pas qu'on pouvait faire de la
soupe avec un caillou, il en goûta un petit peu dans une
cuiller.
- Phuuut ! cracha-t-il. Cela a un goût d'eau chaude.
- Bien sûr, répondit la Mère Poule d'un ton sec. Il faut ajouter
du sel et du poivre pour donner du goût au caillou. Pendant
que j'assaisonne, pourquoi ne ferais-tu pas un peu de
vaisselle ?
- D'accord ! répondit en riant le Méchant, Méchant Loup.
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Quand le loup eut terminé la vaisselle, il goûta la soupe à
nouveau.
- Beurk ! hurla-t-il. Pire que tout à l'heure. Cela a un goût
d'eau chaude salée maintenant.
- Sans doute que quelques carottes aideraient le caillou à
cuire, dit la Mère Poule. Pendant que tu attends, tu pourrais
peut-être nettoyer et épousseter un peu la maison?
- D'accord, répondit en souriant le Méchant, Méchant Loup.
Le loup goûta à nouveau la soupe au caillou.
- Ce n'est pas beaucoup mieux, remarqua-t-il.
- Des pommes de terre ! s'exclama la Mère Poule.
Le ciel nous protège, j'ai oublié les pommes de terre. Et elle
alla en déterrer dans le jardin.
- En attendant, dit-elle au Loup, tu pourrais rentrer le linge
avant qu'il ne pleuve.
- D'accord, répondit le Méchant, Méchant Loup.
La Mère Poule laissa le Loup goûter la soupe encore une fois.
- Elle est déjà meilleure, remarqua-t-il.
- Mais pas encore tout à fait bonne, répondit la Mère Poule.
Pendant que je cherche des navets, pourrais-tu couper
quelques bûches ?
- Elle tendit au Loup une hache minuscule et lui indiqua un
arbre énorme.
- Et quand tu auras fini, ajouta-t-elle, la soupe au caillou
devrait être presque prête.
- D'accord, murmura le Méchant, Méchant Loup.
Quand l'arbre fut coupé en rondins, Le Loup goûta la soupe
une fois de plus.
- C'est parfait, dit-il. Mangeons-la tout de suite.
La Mère Poule en prit une cuillerée.
- Pas encore, dit-elle. Quelques herbes amélioreront vraiment
le goût du caillou. Pendant que tu attends, sois gentil et fixe
l'antenne de la télévision sur le toit.
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- D'accord, grogna le Méchant, Méchant Loup.
- La soupe sent délicieusement bon, remarqua le Loup, très
essoufflé, quand il descendit du toit.
- Ah ! renifla la Mère Poule, il manque encore quelque
chose… heu… des champignons !
- Le Loup ouvrit de grands yeux
- En attendant que les champignons cuisent, sourit la Mère
Poule, tu aurais juste le temps de balayer dans la cheminée.
- D'accord, grogna le Méchant, Méchant Loup.
Le temps que le loup ait nettoyé la cheminée, la Mère Poule
avait jeté dans sa casserole quelques haricots, un peu de chou,
quelques lentilles et une courgette.
Avec fierté, elle donna au Loup une cuillerée à goûter. Il fut
enchanté.
- Qui aurait jamais cru, soupira-t-il, qu'un simple caillou
donnerait une soupe aussi formidable !
- Je suis contente que tu l'aies aimée, dit la Mère Poule quand
le Loup eut fini la soupe. Maintenant, tu peux me manger,
moi.
- Je ne peux plus haleta le Loup. J'ai le ventre trop rempli.
- Voyez-moi ça, dit la Mère Poule. Alors, tu ferais mieux de
voler mes affaires, et puis de t'en aller.
Le Méchant, Méchant Loup sauta sur ses pattes et, avec un
grognement terrible…
… il attrapa le caillou et s'enfuit à toutes jambes.
Tony Ross
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