Sonia Rykiel : "Le naturel ne m`intéresse pas, c`est quelque chose

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Sonia Rykiel : "Le naturel ne m`intéresse pas, c`est quelque chose
Sonia Rykiel : "Le naturel ne m'intéresse pas, c'est quelque chose qui existe déjà"
Le naturel pour moi c'est pas quelque chose qui m'intéresse, c'est quelque chose qui est […] qui
existe déjà. Et, un jour je me suis regardée dans une glace, et je me suis trouvée naturelle, mais
naturelle nue quoi, [rires] c'est pas bien.
Baudelaire dit il faut se dorer pour se faire adorer. Et je pense que c'est ça, il faut […] il faut jouer, il
y a un jeu, la femme a besoin de jouer, elle a besoin de […] d'une […] d'une expression, elle a
besoin d'une […].
En anglais on dit « quirky », c'est-à-dire c'est quelque chose qui est assez déséquilibré, mais
déséquilibré dans le bon sens.
Il faut toujours savoir que […] il faut toujours qu'il y ait quelque chose qui soit pas juste, mais pas
juste du bon côté et pas pas juste du mauvais côté.
Donc il faut déjà, il y a beaucoup de choses qu'il faut savoir. Savoir où est le bon côté, où est le
mauvais côté, qu'est ce qu'on a de beau, qu'est ce qu'on a de laid.
Sonia Rykiel : "On est ce que l'on veut être, on doit faire attention à soi"
Pour moi démodé ça n'existe pas, c'est un mot que je ne connais pas.
Une femme qui est démodée, c'est une femme qui comprend rien, qui comprend pas, elle est
démodée en vêtement, elle est démodée en cuisine, elle est démodée avec son mari, elle est
démodée avec ses enfants, elle est démodée en tout. Donc, je la vois pas.
On ne peut pas être démodé(e) parce qu'on est attentif à soi. Une femme, un homme, aujourd'hui
c'est pas possible de se dire qu'est ce que je fais là maintenant, je mets ça parce que […] parce qu'il
fait froid, je mets ça parce qu'il fait chaud.
Non. On doit […] avoir [...] on est ce que ce que l'on veut être, c'est-à-dire qu'on fait attention à soi,
on est attentif à soi, c'est pas une question de se per […] de se le permettre. Parce que moi je
connais des femmes qui n'ont pas d'argent du tout et qui sont délicieuses.
Délicieuses parce qu'avec n'importe quoi elles se font […] des petites jeunes filles par exemple qui
sont des copines de mes petites-filles qui s'habillent avec n'importe quoi et qui sont divines.
Divines, parce que l'art et la manière de mettre des vêtements ensembles. L'art et la manière de
s'acheter au Monoprix des choses qui […] qui ont une allure.
Il faut passer le temps, il faut passer huit jours, dix jours, un an, deux ans devant son miroir,
regarder ce qu'on a de beau, regarder ce qu'on a de laid, foutre en l'air ce qu'on a […] ce qui ne vous
va pas. Si vous avez de jolies jambes, montrez-les, si vous avez des vilaines jambes, vous portez des
pantalons.
Hommage à Sonia Rykiel dans le journal de 12h30
Elle avait créé sa société, sa marque, ses boutiques, la première ouvrait en mai 1968 rue de Grenelle
à Paris pour des Parisiennes qu'elle définissait féminines, raffinées, sexy, et indépendantes. Neuf ans
plus tard, en 77 Sonia Rykiel apparaissait dans ce reportage de TF1 :
« L'ère du temps, de la mode a vraiment changé. Avant il y avait des impératifs, des dictatures, il y
avait des couturiers qui dictaient les choses. C'est-à-dire qu'on était pas à la mode quand on ne
portait pas un tailleur cintré, une jupe à telle longueur, un vêtement fait de telle ou telle façon.
Maintenant je crois que depuis mettons cinq ans, peut-être même un peu plus, tout a changé
complètement, et ça n'est pas ça qui est être à la mode.
On a essayé de tout abolir, les ourlets, les coutures, les boutons, les doublures, les longueurs. Et
vous pouvez vous habiller à n'importe quelle façon, n'importe comment. Donc en fait, tout ça a je
crois disparu et c'est fantastique de pouvoir être enfin exactement comme on en a envie, sans dire je
suis à la mode ou pas. On peut simplement dire maintenant, je suis bien ou je ne suis pas bien. Je
me sens moi-même, et c'est ça qui est important.
Par exemple […] mettre un vêtement à l'envers […] c'est encore la liberté, la liberté du geste […] la
liberté aussi vraiment de tout ce qui était dicté, de tous les diktats, de tout ce qu'on avait dit.
On ne devait jamais porter un vêtement à l'envers, c'était pas possible, ça n'existait pas. Au fond
pourquoi.

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