L`eau au Maroc : Entre pénurie et excès

L'eau au Maroc : Entre pénurie et excès
En géographie, l’étude de terrain est une étape nécessaire dans la réalisation d’une enquête scientifique. Notre voyage au Maroc nous a permis de confronter nos idées reçues avec la réalité du terrain,
validant ou invalidant nos hypothèses : c’est un tout autre Maroc que nous avons découvert. D’où l’importance de partir avec un angle d’attaque précis : Malgré les préjugés communs que
l’on peut avoir sur le Maroc, dans quelle mesure les inégalités d’accès et d’utilisation de l’eau conditionnent la gestion de cette ressource et ses usages, à la ville comme à la campagne ?
- Entre préjugés et réalités:
Contrairement aux idées reçues, le Maroc
n'est pas un pays complètement sec et ensoleillé.
En effet, malgré ces idées relayées par le milieu
touristique, on constate que l'on peut aussi faire
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du ski au Maroc, comme à Ifrane. Par ailleurs ce
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pays connaît aussi des inondations dues aux
1 : hôtel de luxe à Agadir.
2 : zone desertique au sud du Maroc.
pluies torrentielles s'abattant souvent sur certaines
régions, alors que d'autres sont semi-arides.
Ces disparités s'expliquent par la richesse
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climatique du Maroc qui lui permet à la fois
de jouer la carte du tourisme et de la grande
hydraulique.
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3 : sommets enneigés près d'Ifrane.
4 : autoroute innondée entre Casablanca et Rabat.
- Face à cette abondance exceptionnelle, une gestion contrastée:
Tout d'abord, on peut constater que les capacités du
barrage sont poussées à l'extrême. En effet, il excède
ses capacités normales (107 %) et inonde la
Zoom sur le lac
végétation environnante. Or, ces barrages sont
une composante essentielle du pays, surnommé
le "royaume de la grande hydraulique",
Barrage d' Idriss 1er (près de Fés).
Zone inondée par le de rétention du barrage d'Idriss 1er.
car ils fournissent à la fois de l'électricité
et des réserves d'eau pour l'agricultre.
Dans le domaine de l'irrigation, on remarque aussi
un certain gâchis de la ressource.
Suite à un mauvais entretien, l'eau s'écoule
sans problème hors des canalisations.
Ce gâchis est d'autant plus dommageable
qu'il a des répercussions sur les usages urbains
Un peu plus loin
Canal d'irrigation en fonctionnement.
et ruraux de l'eau.
Canal similaire non entretenu.
- Villes et campagnes: en concurrence pour l'usage de l'eau:
Cette dichotomie traditionnelle entre rural et urbain se retrouve aussi dans les usages de l'eau.
Mais, on remarque aussi au sein de chacune de ces entités une concurrence pour les usages de l'eau.
Tout d'abord, en ville, l'accès à l'eau des foyers est beaucoup plus important que dans les campagnes.
D'ailleurs, ce type d'accès est généralement réservé aux villes nouvelles, où logent généralement
les touristes. A l'inverse dans la médina de Fès, l'eau est essentiellement usitée et polluée par les tanneurs.
Pourtant, dans les ryads de la médina, l'eau est également présente sous la forme de piscines ou
de fontaines pour les touristes fortunés y logeant. On retrouve dans les villes un certain gâchis
Fontaine aux pigeons à Casablanca.
de la ressource. Par exemple, un circuit de golf de 18 trous à Marrakech consomme autant d'eau
Motopompe en fonctionnement.
qu'une ville de 22000 habitants.
Dans les campagnes, l'eau a surtout un usage agricole. En effet, très peu de foyers sont reliés au réseau
d'eau potable. Cependant, on peut opérer une division du secteur agricole en deux. D'un côté se trouvent
les exploitations connectées à un réseau d'irrigation important, de l'autre les exploitations non-reliées,
utilisant des motopompes ou n’utilisant tout simplement pas l’irrigation.. Le premier groupe minoritaire
est composé par de grandes exploitations exportatrices (tomates, oranges) tandis que dans le second
on retrouve de petites exploitations d'agriculture de subsistance d'agro-pastoralisme.
Ainsi, les villes ont accès à la majorité des ressources en eau pour de multiples usages alors que
l'eau est mal repartie dans l'espace rural.
L'oued de Fés.
Champs inondés entre Casablance et Fés.
La Maroc bénéficie de conditions climatiques très favorables qui lui permettent de bénéficier d'importantes réserves en eau. Pourtant, une grande partie de cette ressource est gâchée, pour diverses
raisons. En outre, elle est aussi mal repartie dans le royaume et profite à un noyau de privilégiés dans les campagnes et principalement aux touristes en ville.
Quesney Matthieu, Robillard Jérôme, Voland Benjamin.
Source : Photographies personnelles, photographies Pierre Deschamps et sites web touristiques sur le Maroc.