11 septembre – « Des Haut-Alpins ouvrent leurs

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11 septembre – « Des Haut-Alpins ouvrent leurs
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ | VENDREDI 11 SEPTEMBRE 2015 | 3
IJOURNÉES DU PATRIMOINEI
ITRANSPORTI
Des visites à la centrale
hydroélectrique de Serre­Ponçon
La Région Paca et la SNCF proposent des pass
à 5 euros les 16, 19 et 20 septembre
» À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, des
» Du 16 au 22 septembre, la SNCF organise sa semaine de la mobilité. Dans ce cadre, SNCF
visites de la centrale hydroélectrique de Serre­Ponçon sont
organisées par EDF samedi 19 septembre.Une visite théâtrale
sera aussi organisée en partenariat avec le Pays d’art et
d’histoire Serre­Ponçon Ubaye Durance à 15 heures (gratuite,
places limitées). Information et inscription pour les visites
au 04 92 54 58 11 ou à visites­[email protected]. Pour la visite
théâtrale, au 04 92 44 15 11 ou c.bertuletti@pays­sud.fr.
et la Région Paca proposent des pass journaliers à 5 euros les 16, 19 et 20 septembre. Le
mercredi 16 septembre, avec le pass TER mobilité et les 19 et 20 septembre avec le pass
Journées du patrimoine, moyennant 5 euros, prix adulte et enfant, il sera possible de
voyager sur tous les TER du réseau Paca. Les clients habitués du TER pourront rencontrer
et échanger avec les équipes de SNCF autour d’un petit­déjeuner ou d’une collation. Dans
les Hautes­Alpes, les gares de Chorges, Embrun et Gap participent à l’opération, dans les
Alpes­de­Haute­Provence, la gare de Manosque. Contact TER au 0 800 11 40 23.
VOTRE RÉGION
GAP | Créé cette année, le réseau Welcome organise l’accueil de migrants par des citoyens
Des Haut­Alpins ouvrent
leurs portes aux réfugiés
P
our accueillir les réfu­
giés, certains citoyens
ont décidé d’agir. Ils
ouvrent leurs portes à des
migrants, demandeurs d’asi­
le en attente de solutions de
logement. Cette année, un
réseau Welcome s’est ainsi
créé dans les Hautes­Alpes.
« Ça se déroule de manière
cadrée : un accord est pris
sur la durée de l’héberge­
ment, et nous travaillons en
lien avec les institutions, car
on ne veut absolument pas se
substituer à l’État », explique
Marie­Odile Lannoy, de la
Cimade.
« Nous avons lié
une relation d’amitié »
« On sait qu’on ne peut pas
tout, mais on fait ce qu’on
peut », résume Claudie
Greuter. Elle et son mari,
Henri, habitant Gap, ont ac­
cueilli une famille arrivant
d’Algérie avec leurs enfants
au mois d’avril. « Ils avaient
une bonne situation chez
eux, mais ils étaient mena­
cés », relève­t­elle. Le con­
tact avec ce couple de retrai­
tés gapençais s’est fait lors
des « goûters­papiers », or­
ganisés par la Cimade et
Mappemonde, suite à quoi
ils ont accepté de « faire la
soudure » pendant une pé­
riode donnée. « Ils sont res­
tés chez nous quinze jours à
trois semaines, raconte
Claudie Greuter. Nous avons
une grande maison avec un
gîte indépendant. On se
voyait, on prenait le thé en­
semble. On a beaucoup dis­
cuté de l’Algérie. » Depuis,
les liens entre accueillants et
accueillis ne se sont pas dis­
tendus. « Nous avons lié une
relation d’amitié », souligne
Claudie Greuter. Celle­ci
s’apprête à recevoir d’autres
demandeurs d’asiles, venus
du Kosovo. « Ils ne viennent
pas comme ça », insiste­t­el­
le, en évoquant leur par­
cours.
« C’était insupportable
de penser qu’ils puissent
se retrouver à la rue »
C’est également lors des
« gouters­papiers », qu’An­
nette Rit a rencontré la fa­
mille albanaise à qui elle a
ouvert les portes de son ap­
partement, pendant quinze
jours, au mois d’août.
« C’était une famille qui sor­
tait du Cada [centre d’ac­
cueil des demandeurs d’asi­
le, NDLR], qui ne pouvait pas
y rester, et c’était insupporta­
ble de penser qu’ils puissent
se retrouver à la rue », racon­
te­t­elle. « Nous avons coha­
bité quelques jours au début
et à la fin, explique­t­elle. Je
devais m’absenter entre­
temps, mais j’ai vu que c’était
des gens en qui je pouvais
avoir confiance. »
Annette Rit se dit tout à fait
prête à reconduire cette ex­
périence, « très riche en
échanges ».
Fabien ROUX
« Nous avons lié une relation d’amitié », souligne Claudie Greuter. Avec son mari, elle a accueilli chez elle une famille algérienne en avril dernier.
Photo Le DL/VIRGILE
Gérard Fromm, maire de Briançon : « Liberté, égalité, fraternité, solidarité :
ce sont des valeurs qui ne nuisent à personne »
L’AMF05 veut solliciter
une rencontre avec le préfet
A
T
près l’indignation, l’ac­
tion. Affecté par les tra­
gédies qui rythment la vie
et la mort des migrants, Gé­
rard Fromm a déclaré son
intention d’accueillir des ré­
fugiés. Pour le maire PS de
Briançon, les drames hu­
mains doivent cesser. Le
plus rapidement possible.
« Ça fait déjà plusieurs
mois que nous travaillons,
avec des associations du
Briançonnais, sur cette pro­
blématique. Nous sommes
au point depuis le mois de
juin », indique­t­il.
Ü Ce vendredi matin,
vous réunissez toutes les
associations caritatives
du Briançonnais pour mettre
en œuvre une politique
d’accueil des réfugiés.
Quelle organisation allez-vous
mettre en place ?
«Comme je l’ai dit, ça fait
déjà plusieurs mois que no­
tre dispositif est prêt. Ça fait
plusieurs mois que la com­
mune et les associations
sont prêtes. J’attends de sa­
voir quel message le minis­
tre de l’Intérieur va livrer au
représentant de notre muni­
cipalité demain à Paris,
Jean­Paul Borel, pour affi­
ner les derniers réglages.
Depuis le début de l’année
2015, nous avons vu passer
à Briançon des migrants,
donc nous avons déjà pu
évaluer les besoins sanitai­
res, logistiques, alimen­
taires. La commune et les
associations ont déjà mis en
place plusieurs mesures
d’aide d’urgence : accueil
de jour au CCAS, ouverture
de la douche municipale,
fourniture de repas, aides à
la prise en charge des billets
de train, etc. Un jeune
Erythréen atteint de tuber­
culose a même dû être hos­
pitalisé pendant 15 jours à
Briançon. Nous avons éga­
lement fait le tour des loge­
ments disponibles et nous
avons quelques places en
hébergement d’urgence.»
Ü 24 000 réfugiés pour
36 000 communes en France :
au pays des droits de
l’Homme, l’effort de la Nation
vous semble-t-il suffisant ?
«Liberté, égalité, fraternité,
solidarité : ce sont des va­
leurs qui ne nuisent à per­
sonne donc on peut aller
plus loin encore. Car la
France s’apprête à ac­
cueillir une population en
souffrance qui n’a pas voca­
tion à rester ici.
Quand les problèmes seront
résolus dans leurs pays, ils
retourneront chez eux car
c’est une population qui a
un niveau d’éducation éle­
vé et qui a de l’argent. La
preuve, ils ont eu les
moyens de payer ces salo­
pards de passeurs, donc ils
voudront retourner chez
eux pour reprendre leurs
emplois qualifiés et retrou­
ver leur niveau de vie.»
Propos recueillis
par Yoann GAVOILLE
Le point dans les principales communes des Hautes-Alpes
o À Gap, « tout est en
place » explique le maire
Roger Didier. Il y a no­
tamment le Cada qui a un
bâtiment à Gap et deux
appartements à Gap et à
Veynes. L’OPH (Office pu­
blic de l’habitat) 05, que je
préside, met également à
disposition des apparte­
ments dans les zones où il
y a des vacances. Il existe
également à Gap un ac­
cueil d’urgence, l’Appase
(Association pour la pro­
motion des actions socia­
les et éducatives) et un
hôtel social, les Tamaris,
qui via le filtre du service
intégré d’accueil et
d’orientation, est destiné à
accueillir les personnes
isolées. Ce qui est impor­
tant, c’est de travailler sur
l’ ac c om pagne m e nt. J e
suis à l’écoute de tout ce
qui peut m’être demandé.
Si c’est à l’Etat d’assumer
ses compétences, je suis là
pour être le lien avec les
familles, les associations
»
o À Embrun, « le scéna­
rio commence par fédérer
les générosités individuel­
les, a expliqué Chantal
Eyméoud lors d’une con­
férence de presse mercre­
di soir.
Nous proposons de cen­
traliser, soutenir et accom­
pagner toute action ci­
toyenne, qu’elle soit maté­
rielle ou financière. » De
l’échange avec les maires
du canton sont ressorties
trois propositions.
« Nous réunirons la se­
maine prochaine les asso­
ciations et collectifs huma­
nitaires et caritatifs, pour
échanger les points de
vue, se concerter, et trou­
ver des moyens d’actions.
Nous installerons une boî­
te à l’accueil de la mairie
d’Embrun pour centraliser
et identifier les bonnes vo­
lontés, les ressources dis­
ponibles. Nous constitue­
rons enfin un comité de
suivi pour toute action
lancée. »
o À Chorges, le sujet des
réfugiés est à l’ordre du
jour. « Rien n’est décidé.
On compte en parler ce
soir au conseil municipal »
indiquait hier le premier
adjoint au maire André Di
Vuolo.
o À Barcelonnette, le
maire Pierre Martin­Char­
penel en a discuté au télé­
phone avec la préfète des
Alpes­de­Haute­Proven­
ce. « Je lui ai dit qu’en
montagne, on a toujours
été accueillant et du côté
humain, c’est une éviden­
ce, mais qu’on n’avait pas
un euro à mettre dans
quelque structure que ce
soit.
On a déjà du mal, des
gens expulsés parce qu’ils
ne peuvent pas payer
leurs loyers, des SDF
qu’on suit et qu’on aide,
des tas de cas pour les­
quels on essaye de se dé­
brouiller avec le CCAS.
Sur le principe, pas de
problème. En pratique, on
attend de voir ce que pro­
pose l’État. »
o À Veynes, le maire Re­
né Moreau explique que
la municipalité « n’a pas
de logements propres per­
mettant d’être mis à dispo­
sition », mais se dit tout à
fait disposé à ce que des
réfugiés soient accueillis
dans la commune.
« Ce qu’il faut, c’est
qu’on essaie de travailler
en amont, et nous essaie­
rons de tout mettre en
œuvre pour que cela se
déroule dans de bonnes
conditions, notamment au
niveau de la scolarisation
des enfants », précise­t­il.
Pour le maire socialiste de
Briançon, Gérard Fromm,
accueillir des réfugiés,
« ça ne pose aucun problème ».
Photo Vincent OLLIVIER
andis que les élus
sont sollicités ces
derniers jours concer­
nant l’accueil des réfu­
giés, l’association des
maires de France des
Hautes­Alpes (AMF 05)
souhaite demander une
rencontre avec le préfet
à ce sujet. “La politique
de l’asile, et plus large­
ment de l’immigration,
relève des compétences
régaliennes de l’Etat
qui doit en assumer la
responsabilité adminis­
trative et financière”,
indique Jean­Michel
Arnaud, président de
l’AMF, dans un commu­
niqué diffusé hier. L’ob­
jectif étant notamment
“de connaître la politi­
que mise en place par
le gouvernement pour
soutenir les collectivi­
tés volontaires”, afin de
les transmettre aux
maires concernés. “Eu
égard aux enjeux natio­
naux de solidarité,
l’AMF 05 indiquera au
préfet qu’elle participe­
ra, aux côtés de l’Etat, à
la finalisation du plan à
destination des com­
munes”, indique enco­
re ce communiqué.
Avant de conclure :
“L’AMF 05 suivra avec
la plus grande attention
la mise en œuvre con­
crète de ce plan, dans
une démarche d’huma­
nité et de responsabili­
té.”
Alpes-de-Haute-Provence :
les maires ne sont pas tous du même avis
C
oncernant les réfugiés,
l’association des maires
des Alpes­de­Haute­pro­
vence se dit « attachée aux
principes du droit d’asile
pour ceux qui fuient les
guerres, notamment celle en
Syrie ».
Pour Daniel Spagnou, pré­
sident de l’association, « il
faut tendre la main à ceux
qui fuient leur pays à cause
de la guerre. Si des familles
veulent accueillir des réfu­
giés, la ville les aidera », ex­
plique celui qui est aussi
maire de Sisteron. Pour le
maire de la 3e ville du dépar­
tement, « accueillir les réfu­
giés dans nos communes ru­
rales n’est pas la meilleure
des solutions. Pour éviter
l’assistanat permanent, ils
devront trouver du travail.
Seuls les grands centres ur­
bains comme Paris, Mar­
seille, Lyon sont à même de
constituer un bassin d’em­
Les maires des Alpes-de-Haute-Provence se sont réunis hier.
plois importants avec des be­
soins en main­d’œuvre im­
portante pour l’industrie
avec les moyens de transport
attachés.
De plus, la ville manque de
logements sociaux pour nos
propres concitoyens dans le
besoin. »
Un point de vue que ne
partagent pas d’autres élus,
comme la maire de Beaujeu,
pour qui « les réfugiés repré­
sentent une opportunité
pour notre territoire, comme
l’a montré l’histoire depuis
des siècles. Je ne veux pas
que l’on voie cela comme
une charge. Ce sont pour la
plupart des populations
éduquées, qui pourront
nous apporter des choses ».
Et l’élue d’ajouter : « Nous
devons les accueillir comme
l’a fait l’Allemagne. »
Pour la maire de Champ­
tercier, « il faut des engage­
ments financiers forts. »
Pour celle de Vaumeilh,
« c’est à l’Europe de payer. »
Pour Jean­Jacques La­
champ, représentant des
maires ruraux, « il faut un
règlement à la source du
problème. Attention aux ex­
cès, soyons encadrés. »