Suite du rapport - Certificat International d`Ecologie Humaine
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PREMIERE PARTIE : LES DECHETS DOMESTIQUES DANS LES PVD, QUELLE SPECIFICITE POUR LA MAURITANIE 1 Les travaux de cette première partie vont s’intéresser d’une part aux PVD et d’autre part au cas spécifique de la Mauritanie. Deux sous parties y seront traitées : - Les caractéristiques de “la gestion des déchets” - La gestion des déchets proprement dite On mettra l’accent à chaque fois sur les points de ressemblance ou de divergence avec le cas de la ville de Nouakchott (Mauritanie). L’analyse de ces deux points sont déterminants pour comprendre la gravité de la situation de notre terrain d’étude, Nouakchott. 2 SOUS PARTIE I : CARACTERISTIQUES DE LA GESTION DES DECHETS DOMESTIQUES DANS LES PVD 1- MOYENS DE GESTION DES DECHETS : CARACTERISTIQUES DES RESSOURCES FINANCIERES ET MATERIEL 1-1 Ressource financières Les ressources financières allouées à la gestion des déchets en PVD sont faibles. Le financement de la gestion des déchets devrait être planifié pour couvrir les frais d’établissement, d’opération et de maintenance. Les sources potentielles de couverture des dépenses en capital sont les suivantes : - - contribution du gouvernement central Subventions ou prêts des organisations bilatérales ou multilatérales Prêts des banques de développement Recettes municipales renouvelables à partir des redevances perçues des usagers ou structures spécialisées, les recettes liées à la taxation sur la production des déchets solides Privatisation En PVD, particulièrement en Afrique, seules les trois premières sources sont généralement accessibles. Ce sont les transferts gouvernementaux qui constituent généralement la source pour les villes secondaires. En outre de la capitale dans le meilleur des cas, seule une ou deux villes secondaires bénéficient ou ont pu bénéficier des subventions ou prêts des organisations bilatérales ou multilatérales. Exp. : les prêts de la Banque Mondiale en Afrique, ont pu bénéficier à Dar-es-salam en Tanzanie pour un financement substantiel de la filière des déchets solides, à Conakry (Guinée) ou les villes secondaires du Ghana. Les deux dernières sources de financement sont rarement exploitées en PVD. Les fonds renouvelables sont pratiquement inexistants car les citoyens s’en acquittent difficilement. L’alternative dans ces pays est la privatisation amorcée de façon récente, mais les efforts de privatisation portent sur des contrats à courts termes qui ne motivent pas les entreprises à faire de gros investissements. Par ailleurs la majeure partie des partenaires privés travaillant pour le compte des municipalités sont des Groupements à Intérêts Economiques (GIE), modestement rémunérés, ce qui réduit leur chance d’investissement important en matériel de gestion des déchets. Le recouvrement des coûts par le budget général ou par les contributions spécifiques, peuvent constituer une solution à la faiblesse des revenus des municipalités des PVD. 3 La gestion des déchets domestiques est un service public, le recouvrement des frais de ce service peut être fait sur le budget général des communes. 4 Ceci est tout à fait possible au niveau des communes dont les revenus sont suffisants pour couvrir les frais nécessaires au fonctionnement et l’extension du service. Malheureusement dans la plupart des municipalités, ce budget est insuffisant. Exp : A Yaoundé au Cameroun, en 1994, rien que l’enlèvement des déchets domestiques après étude a nécessité une somme minimale de 2,5 milliards de F CFA (250 000 FF) par an, alors que la Communauté Urbaine n’a affecté que 490 000 F CFA (49 000 FF) au règlement de ces opérations, il ne s’agit en plus pas d’une somme immobilisée, mais à percevoir éventuellement et à décaisser partiellement en plusieurs périodes. Tout concourt à privilégier dans les PVD, les redevances sur les usagers comme moyen d’accroître l’efficacité et la responsabilité dans la gestion des déchets domestiques. Ces taxes spécifiques ont une certaine valeur ajoutée par leur création de revenus destinés de façon sûre à un service particulier. L’idéal serait de les isoler des autres recettes municipales pour permettre une plus grande transparence et responsabilité dans les dépenses des services. Cette attitude responsable peut avoir l’avantage d’instaurer de bons rapports de confiance entre le service communal et les usagers qui s’acquitteraient plus facilement des redevances et taxes. 1-2 matériel utilisé Matériel de collecte utilisé Le matériel utilisé en PVD est généralement modestes et reflète fidèlement les moyens limités caractéristiques des services municipaux. Pelles, fourches sont utilisées pour l’extraction des ordures posant un problème de salubrité et d’efficacité. Le reste du matériel varie selon les pays entre les brouettes et les bennes compacteuses, en passant par les charrettes aménagées ou non à tractation humaine ou animale et les bennes basculantes. Matériel à traction humaine ou animale Exemples : - Utilisation de véhicules à traction humaine de 0,2 à 3 m3 en Asie. Pour le cas de l’Indonésie, on peut citer des chariots pouvant transporter 8 poubelles à la fois. Charrettes aménagées à ânes au niveau des banlieues de Caire (Egypte) comme dans toutes les grandes agglomérations des PVD (Mauritanie, Sénégal, Maroc, Mali, Niger...) Charrettes à cheval au Maroc Véhicules de 0,2 à 3m3 tirés ou poussés à Manille, Philippines Ce matériel présente aussi bien des avantages que des inconvénients 5 Avantages : - Accès facile aux rues étroites et terrains accidentés de certains quartiers Maintenance aisée Ce matériel est écologique et évite la contribution à la pollution atmosphérique (n’utilise pas de combustibles fossiles) il n’occasionne pas ou très peu de nuisances sonores Inconvénients : - Rendement et efficacité faibles, champ d’action géographique limité Eprouvant physiquement pour les éboueurs Manipulés par de mauvais collecteurs, peut occasionner la dispersion des déchets. Matériel à traction mécanique Il s’agit des camions bennes largement utilisés en PVD, les camions à multi-bennes (Sénégal), camions à double chargement remplaçant deux camions classiques (Manille, Philippines), les bennes compacteuses (Maroc, Sénégal) et les tracteurs à remorques. La collecte par camion à double chargement et multi-benne est avantageuse. Les déchets déjà contenus dans les bennes lors de leur enlèvement sont directement montés sur le camion et ne nécessitent pas d'être déversés manuellement dans le camion comme pour les camions, remorques et compacteuses. Cependant, le camion à double chargement, même s’il n’atteint pas les performances de gain de temps des camions à multi-bennes détachables, a l’avantage de réduire de moitié la consommation en carburant et le temps de camionnage, ce qui baisse idéalement les frais de parcours. L’analyse des moyens de gestion des déchets en PVD, montre qu’ils sont très modestes. Les moyens matériels même s’ils peuvent paraître obsolètes comparés à ceux des PA, s’adaptent tout à fait aux situations des pays du Sud. Beaucoup de leurs quartiers sont d’accès difficiles, et la composition qualitative des déchets ne nécessitant pas le recours au matériel de gestion des déchets utilisé dans les PA qui de surcroît exige des investissements lourds et des coûts de maintenance onéreux. Pour ce qui est des moyens humains, le personnel ne pose pas problème surtout que le taux de chômage est élevé chez les jeunes diplômés et une part importante des populations en PVD se confronte à un problème d’extrême pauvreté. D’ailleurs, les GIE, sont très souvent initiés par de jeunes diplômés de niveau bac plus 2 ou 4 avec des financements sous forme de prêts crédités par les caisses d’aides au développement au Niger, Sénégal,... En Mauritanie le Secrétariat d’Etat de Lutte contre la Pauvreté et aux droits de l’Homme finance de telles initiatives. C’est ainsi que beaucoup de jeunes diplômés chômeurs peuvent 6 avoir accès à des appuis de projets comme ceux relatifs à la gestion de l’environnement et de la distribution de l’eau potable au niveau des bornes fontaines des quartiers pauvres. 2- QUELQUES STRUCTURES DE TRAITEMENT DES DECHETS REPERTORIEES DANS LES PVD Tableau tiré de : RAJAOMANANA H, Gestion et traitement des déchets ménagers dans les PVD, étude du cas d’Antananarivo-Madagascar, Thèse doctorale en Sciences et techniques. Université de Bdx I, 1996. Casablanca Tunis Djibouti Abidjan Medellin 2 Mediouna Tit méllil 2 Henchir Raoud 1 1 1 Compactée non non : Henchir oui : Raoud oui oui oui dist. de la ville (Km) 15 15 9 10,5 du site de transfert 4 Capacité (million de m3) 2 et 1,5 _ 0,1 _ 7,74 Superficie (ha) _ _ 9 800 et 1200 800-1200 200-300 100 Nbre de décharges Charge(t/j) 40 1550 700 Le choix des sites de décharge du tableau s’est fait surtout en fonction des terrains disponibles et de la distance par rapport à l’agglomération. Dans ces choix de sites l’expansion urbaine se trouve toujours reléguée au second plan., c’est le cas de Tunis et de Casablanca. De façon globale le choix des sites en Afrique, Magreb et Afrique sub-saharienne confondues se fait de telle manière à ne pas opérer d’importants travaux d’aménagement, 7 mis à part le cas djiboutien. En effet à Djibouti et à (Medellin) en Amérique latine des aménagements conséquents ont été réalisés. Construction de casiers artificiels et de route asphaltée d’accès pour Djibouti et étanchéification du sol, plus d’autres aménagements pour Medellin. 8 La volonté de réalisation de services de qualité pour la bonne prise en charge des déchets domestiques est tout à fait exprimée par les moyens mis à la disposition de l’exploitation et des méthodes de gestion employées (exp. : Medellin). Par contre les décharges de Casablanca et dans une moindre mesure celle d’Abidjan sont de mauvaise qualité en matière de gestion , ce qui n’est guère une surprise vus les efforts médiocres fournis pour leur aménagement et exploitation (31). Pour mot de fin sur les structures de gestion des déchets en PVD, les aménagements et les exigences environnementales jouissent de très peu de considérations quant à la réalisation de ces structures, ce qui se traduit obligatoirement par une mauvaise protection de l’environnement. Les deux seules exemples donnant de résultats plus ou moins satisfaisants sont ceux de Medellin en Amérique du Sud et Djibouti en Afrique (31). LE CAS MAURITANIEN (LA VILLE DE NOUAKCHOTT) D’un petit bourg rural de 2000 habitants en 1960, la capitale de la République Islamique de Mauritanie passe à 731 720 habitants en 2000, sans que ses infrastructures de développement ne puissent suivre la même dynamique. Cette situation va très vite signer le défaut d’une réelle politique d’assainissement de l’environnement. Il est plus correct dans le contexte nouakchottois de parler de non-gestion des déchets, dans la mesure où aucune structure technique de prise en charge des déchets n’existe dans la ville ni même sur l’ensemble du pays. L’objectif de la collecte est leur déplacement vers de zones désertiques plus ou moins éloignées des habitations et non leur élimination. Cette situation accompagnée de l’indiscipline de certains camionneurs ayant en charge la tâche d’acheminement des déchets vers les lieux officiels prévus à cet effet atteignent des dimensions inacceptables. La municipalité de la ville se trouve dépassée par une gestion devenant incontrôlable face à un grossissement explosif de la population. Les autorités gouvernementales face à ce problème d’insalubrité qui ne pouvait plus être toléré décida de privatiser le service. La collecte des déchets et leur transport vers la décharge se sont vus alors confiés par contrat à des entreprises privées à partir de 1997. Ces entreprises privées ont été sélectionnées par appels d’offres, après consultation de leurs dossiers par la Commission Centrale des Marchés. 9 1- ORGANES DE GESTION DES DECHETS Trois entreprises privées se partagent le marché : - AFSHP : Association féminine pour la salubrité et l'hygiène publique Cette association agréée par le gouvernement en 1992, fut créée en 1991. Elle est présidée par une femme depuis sa fondation par une quinzaine de femmes ayant comme objectif commun, la résolution de certains problèmes de développement touchant les jeunes adultes et les femmes et du problème d’insalubrité de la capitale. L’association assure des activités de sensibilisation au profit des ménages autour des problèmes de non-gestion des déchets… Ces activités sont cependant ponctuelles, ne suivent aucune stratégie, ni planification prédéfinie ou suivie. Par ailleurs elles sont l’affaire de tous au sein de l’association, en ce sens qu’il n’y existe pas de structure formelle de CCC (Communication pour un Changement de Comportement). Cette association reste quand même très active. Elle a reçu le prix : “ Femme, famille et population ” qui lui fut décerné par les Fonds des Nations Unies pour la population ( FNUAP ). L’entreprise a d’abord obtenu un contrat d’une durée de deux ans qui a connu un renouvellement. L’entreprise a créé une antenne dans la capitale économique du pays : Nouadhibou. D’après son Directeur Général, elle compte trois à quatre cents employés dont 50% de femmes. Les tâches comme celles d’éboueurs, conducteurs de camions, superviseurs de quartiers ainsi que l’entretien de voirie au cours de la nuit sont confiées aux hommes. Les femmes assurent le balayage des rues, des places publiques, des marchés et parfois la supervision des lots. L’association recrute des jeunes adultes mais refuse le recrutement des mineurs, la lutte contre l’exploitation des enfants faisant partie de ses objectifs généraux d’activités. Les rémunérations annoncées sont basses, elles varient de 9500 à 10 000 Ouguiya par mois soit 250 à 264FF. La raison avancée par l’association pour justifier ses salaires est avant tout humanitaire avec un souci pour la salubrité de l’environnement qui doit correspondre avant tout pour elle à un engagement communautaire et social. Lorsque la Municipalité de la ville a décidé de façon unilatérale de modifier les aspects contractuels financiers pour des raisons de faiblesse des ressources, l’association n’a pas modifié l’espace qu’elle couvrait assumant ainsi une perte compensée par son engagement aux plans sanitaire et social. C’est majoritairement son nom qui revient dans les entretiens avec les usagers. Aucune donnée sur le parc automobile de l’AFSHP n’a pu nous être fournie. Ses camions sillonnent les quatre départements de la capitale dont elle assure la couverture. 10 - NOUR : Etablissement Nour pour l'entretien urbain Branche d’une société créée par son président, un homme d’affaire diplômé de l’Ecole de polytechnique du Québec avant d’obtenir un MBA à l’Université de Laval. Quand la municipalité a décidé de baisser le budget alloué à la salubrité de la ville, la société a réduit l’espace géographique qu’elle couvrait. Elle couvre aujourd’hui théoriquement deux départements de la ville. La partie de la ville qui n’est plus couverte par cette entreprise, le serait selon la municipalité par ses services, information qui n’a pas pu être vérifiée. - COMATURS : compagnie mauritanienne pour les travaux publics et la salubrité Elle couvre trois départements et tout comme AFSHP a maintenu cet espace géographique après que la municipalité a diminué son financement, mais avec une réduction du rythme des collectes dans certains quartiers. La société emploie des adultes hommes et des femmes, mais aucun chiffre n’a pu être avancé pour évaluer son effectif. Les femmes semblent n’assurer que les tâches de finition (balayer les trottoirs après leur déblayage, les rues et places publiques après la collecte. Ces trois entreprises constituent les acteurs formels propreté de la ville. de prise en charge de la A côté de ces acteurs, on compte aussi des acteurs informels dans la gestion des déchets. Les acteurs informels Même si Théoriquement, les 9 départements de la ville sont couverts par la collecte formelle (par les trois entreprises précitées et les services municipaux), on peut mettre en doute leur efficacité. Ceci devient une certitude avec l’émergence d’initiatives privées sous forme individuelles ou de groupements à intérêts économiques, des associations de femmes habitant un même quartier, des groupements de jeunes chômeurs ou encore des groupements d’intérêts sociaux. La collecte se fait à ânes attelés à des charrettes aménagées ou non ou par des brouettes et charrettes poussées par des enfants ou de jeunes adultes de sexe masculin qui assurent le ramassage porte à porte au niveau des commerces ou des ménages moyennant une somme de 500 Ouguiya par mois, à peine 13FF. Ces mini-organisations comptent environ chacune jusque 15 clients réguliers environ. Tous ces acteurs affirment apporter les déchets collectés à la décharge publique, mais cette information est facile à mettre en difficultés dans la mesure ou les décharges publiques se trouvent loin de la ville (à 11Km pour la plus proche) et ces groupements privés et individus ne disposent pas de moyens motorisés pour s’y rendre. Par ailleurs, les charretiers perdent leurs chargements le long de leur parcours polluant ainsi plus qu’autre 11 chose les rues et places publiques qu’ils sillonnent(6). Les habitants de la capitale sont unanimes sur le fait que la ville est insalubre et voudraient apporter une solution à ce problème. 12 Cette volonté s’affirme au niveau des quartiers semi-populaires et populaires à travers l’organisation de groupements communautaires et de voisins proches en vue de rendre plus vivable leur environnement. Les solutions apportées cependant ne règlent pas efficacement ce problème, car la stratégie de base consiste tout simplement à éloigner loin du quartier et des regards des habitants les ordures sans aucun traitement. Force est de constater qu’une grande part de la capitale est majoritairement formée de quartiers à très faibles revenus (cf. Présentation de la Mauritanie en annexe. Quelle que soit leur bonne volonté, les ménages très démunis ne peuvent pas toujours s’acquitter d’une somme aussi dérisoire soit-elle pour être déchargés de leurs déchets. Quand les entreprises formelles de ramassage des déchets ne desservent pas ces ménages pauvres ou qu’ils ne sont pas intégrés dans un groupement de quartiers, ces derniers se débarrassent individuellement la nuit des poubelles qu’ils produisent au niveau des terrains en attente de construction et même au niveau des places publiques du quartier qui les abritent, accroissant ainsi le lot de décharges sauvages rendant “ l’espace de jeux ” des jeunes enfants dangereux pour leur état de santé. Cette situation crée parfois des frictions entre ces derniers et les autres résidents du quartier quand ils sont pris en flagrant délit. Beaucoup d’associations et d’ONG à volet protection de l’environnement ont déjà tenté des programmes de participation communautaire et d’éducation des populations en matière de gestion des ordures. La mairie se joignant à eux a même proposé une récompense symbolique aux habitants présentant le maximum des poches plastiques. Cette approche incitative et positive reçue un niveau de réponse très élevé devant lequel la municipalité a dû capituler. En effet que pouvait-elle faire de la montagne de poches plastiques que lui apportent les populations ? Il est permis de croire que ces initiatives peuvent être valorisées et canalisées et qu’elles pourront être intégrées au sein d’un paquet d’activités dont la mise en exécution et la coordination relèveront d’une structure dotée de moyens suffisants et efficaces. 2- MOYENS UTILISES - charrettes aménagées à ânes Brouettes et charrettes à bras Pelles, râteaux, fourches, accessoirement des pics… Bennes de 10 à 30 t Petites camionnettes Ce matériel logistique est rudimentaire, mais il est plus adéquat à la situation socioéconomique actuellement modeste de la ville que des machines à entretien coûteux pour les PVD et inadaptées à leurs types de déchets, aux conditions routières. La réglementation du travail veut que les bennes soient couvertes d'un filet à mailles réduites pour empêcher les ordures de s'échapper en cours de route, mais cette tâche est 13 très peu respectée par les entreprises auxquelles revient la charge de gestion des déchets domestiques. 14 La municipalité est très complaisante avec ces sociétés qui se trouvent ainsi libre d’opérer avec un maximum de situations à risques écologiques. La municipalité exige, mais uniquement sur la paperasse le port de gants, casques, masques par les éboueurs. En effet lors de nos tournées effectuées sur le terrain, nous n’avons pu constater qu’une seule personne portant un gant (sur la main droite), dont le port vise probablement à se protéger la main du contact direct avec le matériel logistique pouvant occasionner des callosités ou blessures. Nous n’avons malheureusement pas eu une estimation quantitative du matériel dont dispose ces sociétés, la municipalité ne disposant pas d’informations à ce propos et celles des sociétés en question étant peu accessibles. Les conteneurs bennes placées au sein des terrains vagues pour recevoir des déchets importants et les fûts faisant effet de conteneurs publics coins de rue ont peu à peu disparu de la circulation sans solution de remplacement, parallèlement à l’augmentation galopante de la population. 2- LIEUX DE DEPOT Lieux de principe des décharges : - 30 Km au Nord-ouest de Nouakchott - PK 23 sur la route de l'espoir à l’Est à 3 Km de la route - La décharge de la route de Rosso vers le Sud - La décharge PK 8 de la route d'akjoujt au Nord-est de Nouakchott à 11Km de celle-ci. Aucune décharge contrôlée ni autre structure de traitement des déchets n'existe jusqu'à ce jour dans la ville, pendant qu'on compte uniquement un site de transit avec rampe de chargement situé vers la côte (Warf). 15 Les quatre sites de décharge publique reçoivent en l’absence de toute réglementation, des déchets solides de tous genres et de toutes provenances sans tri préalable lié à la dangerosité des composants. C’est ainsi qu’elles reçoivent : - Les déchets médicaux (privés et publiques) non triés : piquants, tranchants, produits irritants, produits gazeux ou chimiques dangereux et matériel de diagnostic de maladies plus ou moins graves exposent les éboueurs et fouilleurs imprudents aux infections microbiennes et virales, aux blessures et piqûres pouvant être fatales, aux lésions pulmonaires et cutanées. - Les déchets provenant du balayage des places publiques et des rues - Les déchets ménagers - Les déchets hôteliers - Les déchets des activités commerciales et artisanales dont le plus remarquable en terme d’abondance et de danger de pollution est le sac plastic. Les sites sont à ciel ouvert (majorant la pollution) et se trouvent de plus en plus proches des zones d’habitations avec l’agrandissement rapide de la ville liée à la crise économique et la sécheresse traversées par le pays poussant de plus en plus les populations rurales vers la capitale. A coté de ces sites officiels, on compte un grand nombre de décharges sauvages soit à la proximité immédiate de la ville, soit au niveau de terrains vagues au sein même des habitations, conférant à la ville un aspect inesthétique et fournissant une source de dégagement d’odeurs (nauséabondes quand les cadavres d'animaux s'en mêlent), de proliférations microbiennes, d’insectes et de rongeurs. 16 CARTE DES SITES DE DECHARGES PUBLIQUES DE LA VILLE DE NOUAKCHOTT CARTE 17 SOUS PARTIE 2 : LA GESTION DES DECHETS DOMESTIQUES PROPREMENT DITE 1- PRODUCTION ET COMPOSITION DES ORDURES MENAGERES Les tableaux suivants peuvent être dressés : 1- 1 Production Tableau comparatif de la production des déchets ménagers de différentes grandes villes de niveau de revenus variables en 1982, étude menée par la Banque Mondiale. (Tableau tiré de : gestion et traitement des déchets ménagers dans les PVD, étude du cas d’AntananarivoMadagascar) Villes Quantité de déchets ménagers produits (Kg/hab/j) Villes des pays industrialisés New-York (Etats-Unis) Hambourg (Allemagne) Rome (Italie) Paris (France) Genève (Suisse) Londres (Grande Bretagne) Villes des pays à moyen Singapour (Singapour) Tunis (Tunisie) Medellin (Colombie) Kano (Nigeria) Manille (Philippines) Le Caire (Egypte) 1,80 0,85 0,69 1,20 0,83 0,90 Valeur moyenne (Kg/hab/j) 1,04 revenu 0,87 0,56 0,54 0,46 0,50 0,50 Villes des pays à revenu faible Jakarta (Indonésie) Ouagadougou (Burkina Faso) Conakry (Guinée) Lahore (Pakistan) Freetown (Sierra-Leone) 0,60 0,65 0,44 0,60 0,50 18 0,57 0,55 Calcutta (Inde) St Domingue (Rép.Dominicaine) 0,51 0,55 En 1978 : Pays à revenu moyen : revenu annuel moyen par habitant compris entre 360 et 3500 $US Pays à revenu faible : revenu annuel moyen par habitant inférieur à 360 $US Ce tableau ressort les remarques suivantes : Plus le niveau de développement des villes est élevé, plus la production des déchets est élevée. Cette différence est plus frappante entre les pays développés et les pays à revenus bas, elle est par contre presque imperceptible entre les pays à revenus élevés et les pays à revenus moyens. 1- 2 Composition des ordures Tableau 1- 1 des caractéristiques qualitatives des déchets ménagers dans les pays à revenus élevés, moyen et bas ( tiré de : gestion et traitement des déchets ménagers dans les PVD, étude du cas d’Antananarivo-Madagascar) Pays à faible revenu Qté. Moy. Produite (Kg/hab/j) 0,4 à 0,6 Densité 0,25 à 0,50 Humidité (%) 40 à 80 Composition en % de poids sec Papier 1 à 10 verre céramique 1 à 10 Métaux 1à5 Plastiques 1à5 Cuir, caoutchouc 1à5 Bois, os, paille 1à5 Textiles 1à5 Biodégradables 40 à 85 Inertes divers 1 à 40 19 Pays à revenu moyen Pays industrialisés 0,5 à 0,9 0,17 à 0,33 40 à 60 0,7 à 1,8 0,10 à 0,17 20 à 30 15 à 40 1 à 10 1à5 2à6 2 à 10 20 à 65 1 à 30 15 à 40 4 à 10 3 à 13 2 à 10 2 à 10 20 à 50 1 à 20 Tableau 1-2 Densité des déchets ménagers dans quelques villes des PVD Tunis 0,32 Adis-Abeba 0,4 Calcuta 0,47 Jakarta 0,3 20 Tableau 1-3 Proportions des “ fines ” (% poids sec) dans quelques villes des PVD et la moyenne en France. Kinshasa 50 Abidjan 38 Yaoundé 34 France 15 Tableau 1-1 : On note une différence de composition de déchets des pays industrialisés, à revenu élevé et à faible revenu. Au niveau des pays à revenu faible la densité des déchets est élevée du fait de leur faiblesse en textile, céramique, verre, métaux et emballages divers : papier, plastique, … Cette différence entre pays industrialisés et pays en voie de développement réside dans leurs modes de vie, régie dans le cas des pays avancés par une course à une meilleure présentation des produits visant à faire consommer et acheter d’avantage. En effet, dans les pays industrialisés, on note une abondance d’emballages et de papiers publicitaires qui viennent grossir les déchets et le coût de leur traitement. Les pays à revenu moyen, ont un taux en textiles et papier plus élevé que les pays à bas revenu, car constitue une étape de transition entre ces pays et les pays industrialisés. Le taux élevé en fermentescibles observé au niveau des pays à faibles revenus est dû à la faiblesse de leurs déchets en produits secs précités (papier, carton, textile). Le taux d’humidité est déterminé par le taux de fermentescibles et est par conséquent élevé au niveau des pays en voie de développement. Il ressort des remarques (faible proportion de papier, verre, métaux …) au niveau des PVD que les techniques de tri sophistiquées ne leur sont pas bénéfiques. Les techniques utilisées dans les pays avancés au niveau de la collecte et la mise en décharge fait appel au compactage vu la faiblesse de densité des déchets. Les bennes compacteuses et buldozers-compacteurs sont utilisées pour aboutir à une densité comprise respectivement entre 0,40 et 0,60 en allant d’une densité initiale comprise entre 0,10 et 0,15 comme c’est le cas des pays industrialisés. Quand la densité initiale est de 0,30, le recourt au compactage devient très discutable : cas de la majorité des PVD. Le tableau 1-2 : donne la densité de déchets au niveau de quelques PVD : densité comprise entre 0,30 et 0,47 et allant jusqu’à 0,50 pour le tableau 1-2 . Il va de soit que le compactage n’est pas nécessaire dans les PVD. La forte teneur en humidité et la pauvreté en papier et plastique des déchets en PVD fait que l’incinération comme moyen de traitement ne leur est pas adaptée. Le PCI ou Pouvoir Calorique Inférieur exprimé en Kcal/Kg est en effet de 980 à Rabat, 1272 à Jakarta et 1500 à Abidjan contre 2000 à Paris et 2700 dans les villes nord-américaines. Ce sont ces deux dernières valeurs qui correspondent le mieux aux bonnes conditions d’incinération. 21 Tableau 1-3 : la proportion élevée des particules de diamètre inférieur à 20 mm appelées “ les fines ” au niveau des déchets des PVD rend le broyage avant le traitement ou la mise en décharge discutable. Les teneurs élevées en fermentescibles organiques des déchets en PVD conduisent au constat que la le moyen de traitement le plus adapté et le plus rentable pour ces pays est celui biologique. 1- FONCTIONNEMENT DE LA GESTION DES DECHETS : LA COLLECTE ET LA MISE EN DECHARGE La collecte C’est l’étape qui absorbe la plus grande part du budget détaché à la gestion des déchets domestiques dans les PVD estimée entre ses 2/3 et 3/4. Dans les PVD la collecte porte à porte ou pré collecte est quasi-inexistante. Elle reste réservée aux quartiers de haut standing et aux structures spécialisées : commerces, structures hospitalières, hôtellerie. Elle est parfois pratiquée dans certains pays au niveau des quartiers périphériques d’accès difficile à l’aide de matériel à traction humaine ou animale. Mis à part ces exceptions et dans la majorité des cas en PVD, il revient aux habitants d’acheminer et de déposer leurs déchets à des points où la municipalité et les entreprises privées pratiquent la collecte. L’élimination de cette étape de pré-collecte visant un gain de temps en faveur d’une meilleure efficacité du service, induit généralement le résultat contraire. Pour éviter la dispersion des ordures différentes solutions sont apportées par ces pays : - Utilisation de bacs fixes en briques ou béton munis de portes, couverts ou non. Leur volume peut atteindre les 10 m3. - Reconversion de fûts vides ayant contenu, huiles végétales et produits pétroliers. Dans certains pays, ils sont coupés en deux et des poignées y sont soudées vers le haut pour faciliter leur déversement dans les bennes par les éboueurs lors de la collecte (cas du Madagascar), dans d’autres pays, ils sont tout simplement troués à leur base laissant passer sables et parfois les liquides ( Nouakchott, en Mauritanie). 22 Les inconvénients de ces solutions résident dans le fait que la majorité de la population hésite à parcourir plus de 200 à 300 m pour se débarrasser de leurs poubelles. Quand les habitants se décident alors à le faire, les déchets se trouvent dispersés autour des conteneurs, soit parce que certains indisciplinés ne prennent pas la peine d’y déverser leurs ordures, soit parce que les conteneurs sont pleins et prennent alors très peu en compte la production en déchets des habitants. D’autre part l’extraction des déchets par les éboueurs à l’aide de fourches et pelles dispersent les éléments légers et posent ainsi un problème d’insalubrité qui vient s’ajouter à prolifération ici et là des décharges sauvages caractéristiques des grandes agglomérations des PVD. Le choix du matériel de collecte dans les PVD, prend en compte différents paramètres, essentiellement les caractéristiques géographiques des quartiers desservis (terrains accidentés…) routes étroites, largeur des pentes, fluidité du trafic, mais surtout des ressources financières dont les municipalités disposent ou mettent au profit du service de gestion des déchets. La fréquence de collecte quant à elle est régie par le volume de déchets produits, mais aussi par le type de service (commercial, hôtelier, sanitaire ou résidentiel) et la période (fêtes ou normale). La fréquence varie généralement entre 4 à 6 passages hebdomadaires, selon les pays et les critères précités. L’étape finale de la gestion des déchets est le dépotoir ou plus communément la mise en décharge. La mise en décharge La décharge est par définition, un lieu où l’on se débarrasse, dépose ou jette des ordures, des déblais. La décharge publique : lieu où est admis de déposer les déchets après étude technique préalable de son site, prenant en compte son impact sur l’environnement en l’occurrence vis à vis de tous les dangers de pollution et l’autorisation des autorités administratives. Les déchets y sont répandus en couches successives sur un terrain dont les caractéristiques géologiques et hydrogéologies et l’aménagement permettent de limiter au maximum les risques de nuisance ou de pollution. L’exploitation de la décharge se fait selon un plan déterminé prenant en compte la réintégration du site dans son environnement naturel en fin d’exploitation Définition tirée de : RAJAOMANANA H, Gestion et traitement des déchets ménagers dans les pays en voie de développement, étude du cas d’Antananarivo-Madagascar. Thèse, Sciences et techniques (pollution), Univ. de Bordeaux Décharge sauvage : Décharge non autorisée, qui se crée en dehors de tout respect des normes de sécurité de l’environnement. En PVD, particulièrement en Afrique, peu de pays disposent de véritables décharges contrôlées en dehors du Maroc de la Côte d’Ivoire et de Djibouti. 23 L’explosion démographique des grandes villes dictée par les exigences de la recherche de l’emploi dans les PVD, dans un contexte de pauvreté des populations et d’une politique de décentralisation défaillante, grossit de façon incontrôlée et continue leurs populations. 24 La planification urbaine s’en trouve dépassée et lourdement handicapée par le phénomène. Les structures sociales de base, notamment éducatives, de distribution de l’eau potable et de préservation de l’environnement immédiat d’habitation déjà insuffisantes en pâtissent profondément. L’arrivée de nouveaux citadins venant de l’arrière pays, ayant du mal à s’adapter aux normes de la vie urbaine va contribuer à la dégradation et la pollution de l’environnement par la création “ le déchet attire le déchet ” et la prolifération de décharges sauvages. Cette situation est d’autre part encouragée par le manque de poubelles publiques et de conteneurs collectifs de grande contenance au sein des quartiers à moyen ou faible revenu. On n'y hésite pas à se débarrasser de ses ordures au niveau des terrains vacants ou en attente de construction. Le déchet est donc omniprésent dans les grandes agglomérations des PVD. Le système de collecte est inefficace et ne peut assurer le ramassage de la totalité des ordures produites. Par ailleurs, des problèmes de coordination règnent entre les équipes de nettoyage des rues et celles ayant en charge l’acheminement du produit de balayage vers la décharge publique. A Pondichéry en Inde, les équipes de balayage sont amenées à se rendre avec leurs déchets à un endroit précis où un camion est sensé les réquisitionner. Très souvent, le camion n’est pas au rendez-vous car l’effectif faible des véhicules de transport des déchets ne permet pas la couverture de toutes les zones de la ville en même temps. Après une période d’attente, l’équipe de balayeurs a le choix entre l’incinération sur place des déchets majorant ainsi le problème de la pollution atmosphérique ou les laisser aux bons soins des ruminants qui se font un immense plaisir à y puiser de quoi se régaler. Devant une telle situation, seule une prise de conscience réelle du problème par les populations de chaque quartier peut pallier le laxisme du système de prise en charge communal des déchets. Ce système est observé au sein de certains quartiers de PVD par l’apport de solutions appropriées. L’exemple de l’Ilot A à Nouakchott - Mauritanie, Pondichéry en Inde, certains quartiers de Dakar au Sénégal peut être donné. Au niveau communal, pour faire face à cette prolifération de tas d’ordures, des campagnes ponctuelles d’assainissement sont conduites. Pour exemple, on peut citer, la campagne d’assainissement intitulée : “ pour une ville plus attrayante ” de la ville de Rosso en Mauritanie, qui a vu également la participation d’unités de forces armées de l’Ecole Nationale de Gendarmerie, d’unités de forces armées, du personnel de la commune et des travaux publics en plus de nombreux citoyens qui ont participé à l’opération avec beaucoup d’enthousiasme. L’exemple le plus frappant reste celui de la campagne d’assainissement de Nouakchott, dont les autorités tout à coup se soucient de son image alors qu’elle doit abriter le sommet du Maghreb arabe. Les populations se sont réjouies de cette opération, bien que conscientes de sa non inscription dans la continuité. Ces opérations sont en effet circonstancielles et ne constituent pas de véritables solutions aux problèmes d’hygiène et de mauvaise gestion de l’environnement, vu leur caractère sporadique. 25 Les quantités produites de déchets en PVD sont relativement faibles en comparaison avec la France, mais elles accusent une progression sensible, mondialisation oblige ! Les similitudes peuvent surtout se définir au niveau des habitudes. Traditionnellement, on utilise couffins, paniers en osier ou plastique pour faire son marché, mais on utilise de plus en plus aujourd’hui des poches plastiques majoritairement acquises gratuitement auprès des commerces. Il en résulte une grande présence de sacs plastiques dans les déchets. La mise en décharge dans les PVD se fait généralement à partir de dépôts secondaires d’ordures ou sites de transit. Les déchets récupérés au niveau de ces lieux sont par la suite acheminés vers la décharge publique contrôlée ou non. Le type de décharge le plus largement répandu dans les PVD est la décharge sur terrains vagues non recouverte de revêtement protecteur, souvent accompagnée de l’incinération en plein air des déchets posant un véritable problème de pollution de l’environnement. Beaucoup de villes des PVD ne comptent qu’un seul site de décharge publique (Manilla City aux Philippines, Dakar au Sénégal). Analyse d’une décharge publique en PVD : la décharge de M’Beubeuss La décharge de M’Beubeuss située à 30 km du centre de Dakar au voisinage immédiat du village de Malika. Le dépôt des ordures sur ce site de décharge de Hann remonte à 33 ans (1968). Avec la fermeture de la décharge de Hann en 1970, M’Beubeuss a été spontanément érigé en décharge publique, sans étude préalable, ni travaux d’aménagement. Même si théoriquement elle est contrôlée, elle est sujet à une exploitation sauvage. En effet, la décharge n’est pas délimitée par un mur d’enceinte ni munie de structure de traitement des déchets et elle se trouve sur le passage de centaines de camions exploitant le sable de plage rendant impossible tout dispositif de contrôle. La décharge a débordé de son site originel en s’étendant sur la zone du lac avec l’accroissement important du volume des déchets. Elle occupe une partie du fond du lac de M’Beubeuss qui se trouve au Nord-Nord-Est de Dakar, parallèlement à l’océan atlantique dont il est séparé par un cordon dunaire en cours de reboisement. On estime à 60 ha environ l’envahissement par la décharge du lac et des périmètres maraîchers. On observe une extension en hauteur de la décharge pouvant atteindre jusqu'à 10 m par endroits suite à l’amoncellement des ordures et aux difficultés à son accès à l’intérieur. 26 Impact de la décharge sur le milieu • Sur l’environnement - Pollution de la nappe phréatique par infiltration de certains déchets, singulièrement les déchets liquides. - Pollution de l’air par les fumées d’incinération et la poussière qui anéantissent la végétation environnante. - Les odeurs nauséabondes rendent irrespirable l’air sur plusieurs kilomètres - Eparpillement des déchets légers (plastique) sous l’effet du vent ou tout simplement du fait de l’indiscipline de certains chauffeurs de bennes qui n’hésitent pas à déverser leur chargement le long des routes avant même d’accéder à la décharge. • Sur l’Homme Les villageois se plaignent de l’extension de la décharge sur leurs champs de culture, source de baisse de leur rendement. Les mouches et moustiques qui prolifèrent surtout en saison des pluies, constituent une cause de morbidité pour les villageois. Comme partout ailleurs en PVD, la décharge a entraîné l’afflux de nombreux fouilleurs (de 500 à plus de 1000 personnes) et la création de 2 villages à l’intérieur du site. A l’entrée de la décharge, existent plusieurs étals où les récupérateurs surtout ceux ne vivant pas sur place peuvent se restaurer en absence de toutes normes convenables d’hygiène. Cette situation de mal gestion de décharge désastreuse sur l’environnement, n’est hélas pas un cas isolé en PVD. A Manille en Philippines, l’unique décharge de la ville qui se situe près du cours d’eau de la baie de Manille pose par-là même, un problème potentiel de santé publique pour la population alentour. La décharge municipale de Dakhla à Agadir (Maroc) bien que contrôlée, cause bon nombre de soucis aux habitants du quartier où elle est plantée. Les habitants dénoncent d’abord la fumée et les mauvaises odeurs malgré les efforts de la municipalité pour minimiser ces facteurs. Les autres nuisances explorées sont d’ordre esthétique comme le spectacle fourni par la large bande de sacs plastique tapissant les arbres entourant la décharge et qui s’y accrochent suite à leur transport par le vent. Les autorités reconnaissent que les efforts déployés pour la gestion de la décharge ne sont pas optimaux et que son emplacement n’est pas adéquat y égard de sa proximité avec le lieu d’habitation. Un autre site plus éloigné est recherché par les autorités administratives. 27 3- RECUPERATION, REEMPLOI, RECYCLAGE ET LEURS ACTEURS Pour aborder ce chapitre, il n’est pas inutile de définir les termes de, récupération, réemploi et recyclage dont il sera question. Le recyclage (“ recycling ” en anglais) est la séparation d’un déchet spécifique de la masse d’ordures et la transformation qui le rend utile à la confection d’autres produits, lesquels peuvent ou non ressembler au produit d’origine. Le réemploi ( “ reuse ” en anglais ) est l’utilisation d’une matière ou d’un produit de rebut à plusieurs reprises. La récupération est tout simplement le fait de s’acquérir des produits usagés. La destinée de la récupération est le réemploi. - Le réemploi Il concerne certains produits spécifiques comme les sacs plastiques du commerce réutilisés plusieurs fois par les ménages pour faire le marché familial quotidien ou encore pour contenir la poubelle. Les pots et bouteilles en verre après consommation de leur contenu ne sont automatiquement mis en poubelle qu’au niveau des quartiers riches. Au niveau des autres quartiers, ils sont lavés et utilisés pour mettre au frais, eau et boissons locales, pendant que les pots servent à contenir les épices. La liste des produits de réemploi des produits de réemploi abonde en exemples. - La récupération La récupération dans les PVD est essentiellement l’affaire des plus démunis, pour qui la fouille loin d’être un choix est un moyen de survie. Parmi les fouilleurs, on compte les éboueurs qui tirent un revenu supplémentaire de la vente des objets directement tirés des camions laissant aux fouilleurs des décharges les déchets de moins grande valeur. Au Maroc à côté des éboueurs récupérateurs et les fouilleurs de décharges, existe une troisième catégorie de récupérateurs qui manifestent leur passage par des signaux sonores. Ces récupérateurs opérant au niveau des quartiers comme leurs confrères de la Mauritanie, recherchent en plus d’objets divers : vieux habits, chaussures..., du pain sec voué à une meilleure valorisation et les restes d’aliments comme nourriture de bétail, bien que leur élevage soit interdit en milieu urbain. Cette pratique signe la survivance de mode de vie rural, largement observé chez les nouveaux citadins des quartiers spontanés illégaux ou “ Gazzra ” selon l’appellation locale mauritanienne. 28 Après l’étape de récupération certaines opérations comme le nettoyage des produits sont nécessaires avant leur mise en vente. Les produits de récupération sont très divers : - Habits et vielles chaussures : remis en état convenable par des acquéreurs secondaires, ils sont vendus bon marché. - Bouteilles, pots en verre vendus après lavage sur les étals de marchands au détail de boisson locale, produits de droguerie... Le verre cassé est recherché par les maçons qui l’utilise comme “ anti-vol ” pour hérisser les murs de cours de maisons au niveau des quartiers de moyen et bas standing. - Les bidons d’huile de moteur de grande contenance et fûts en plastique sont vendus aux ménages des quartiers populaires pour conserver l’eau, tandis que ceux de contenance plus modeste servent à conditionner miel, huiles végétales et autres divers produits. - Le papier de vieux journaux, rapports, cahiers, sacs de farine ou de ciment sont vendus aux petites boutiques pour emballer du pain, aux commerçants au détail de tissus, d’arachide grillée, couscous de mil ou de blé... - Les rognures d’imprimerie sont particulièrement convoitées par les fabricants artisanaux de matelas et coussins comme matériel de bourrage. Les caisses en carton servent d’alimentation de bétail, surtout en saison sèche. - Les cimetières de véhicules situés aux abords des grandes agglomérations s’avèrent de véritables gisements de matière première qui laissent libre court à l’ingéniosité des fabricants artisanaux. Avec les boites de conserve et tôles de réfrigérateurs et produits ferreux des cimetières de véhicules, sont fabriqués fourneaux malgaches, bassines de lavage d’habits, arrosoirs, sceaux et entonnoirs. Les métaux non ferreux comme les culasses de voitures, boites et canettes d’aluminium servent à la fabrication de marmites et nombreux ustensiles de cuisine, œuvres des artisans fondeurs. - Les sacs de riz en jute sont destinés à la confection locale de matelas, de sacs d’écolier et de tableaux décoratifs réalisés généralement en milieu pénitencier. - Le caoutchouc n’est pas sans intérêt pour les récupérateurs. Les chambres à air servent à la fabrication de puisettes, tendeurs de vélos et liens, pendant que les pneus sont utilisés pour délimiter un espace. - Les déchets organiques d’abattoirs comme les cornes sont utilisées dans la fabrication d’objets d’art et des bracelets. 29 D’autres valorisations de déchets sont observées, notamment au Mali. La plus courante d’entre elles car très lucrative est le tamisage des ordures ménagères sèches. Le tamis aux mailles fines de 5,5 mm2 laisse passer sable et poussière ainsi que le fumier de moutons et les fragments végétaux. Le tamis qui en résulte est riche en matières nutritives. Il est utilisé pour enrichir champs et vergers. Il est estimé à une valeur de 2000F CFA/m3 (20 FF), hors coûts de transport. Cette opération est pratiquée sur la quasi-totalité des lieux importants de dépôts d’ordures. La fouille des déchets peut être l’une des solutions trouvées par les populations modestes ou démunies pour l’amélioration de leurs conditions financières, mais le travail auquel elles s’adonnent se fait hélas toujours au dépend de leur état de santé, surtout quand elles opèrent directement au niveau des décharges. - Le recyclage Le recyclage sous forme de procédé physico-chimique complexe est rare dans les PVD, mais l’exemple de petites unités de fabrication de sacs plastiques à Jakarta en Indonésie qui recyclent leurs propres rebuts ou d’autres rebuts neufs d’industries similaires. Dès lors, ne peut-on pas imaginer la récupération de petits sacs plastiques usagés pour la fabrication de sacs neufs ? Cela réglera sans contexte le problème de leur impressionnante présence dans les déchets et le paysage inesthétique des grandes villes de PVD dont ils sont responsables en s’accrochant aux arbres. 4- TRADUCTION SANITAIRE DE LA MAUVAISE GESTION DES DECHETS SUR LES POPULATIONS DES PVD la fouille des déchets La gestion des déchets en PVD et la récupération par les fouilleurs, ne se font pas dans des normes d’hygiène préservant la santé des groupes concernés. Impact sur les éboueurs et fouilleurs Ils sont au premier plan de contraction de maladies liées à l’insalubrité environnementale, travaillant sans blouses, gants ni casques pendant de longues heures sous un climat chaud et humide propice à la prolifération des germes pathogènes. Les problèmes sanitaires auxquels les fouilleurs, éboueurs et dans une moindre mesure les balayeurs s’exposent sont de multiples ordres. Les plus rencontrés d’entre eux sont présentés ci-après : 30 - Problèmes oculaires : inflammations, douleurs oculaires, dues à la fumée et poussière de la décharge. - Maladies de la peau : la gale est la plus fréquente d’entre elles. Les coupures et blessures occasionnées par des bouts de ferraille provoquent des inflammations et infections pouvant conduire à des complications. - Maux de tête : migraines, plus fréquentes pendant la saison de grande chaleur, malaises divers pouvant aller jusqu'à l’évanouissement. - Maladies respiratoires : Toux et éternuements permanents, rhumes chroniques. Les fouilleurs travaillent même en période de pluies s’exposant aux risques de contracter une tuberculose pulmonaire, les pneumonies, bronchites très observées chez les fouilleurs de la métropole de Manille selon une étude effectuée à ce niveau (Cf. Fouille et tri à Manille, Environnement africain n°29-30 Vol III) - Fatigue : travaillant en position courbée durant de longues heures, les fouilleurs mais également les balayeurs et éboueurs se plaignent de maux de dos, de douleurs aux jambes et aux bras. Impact sur les habitants Les habitants ne sont pas épargnés par l’exposition aux maladies liées au manque d’hygiène de l’environnement : Les diarrhées restent les infections les plus meurtrières en milieu urbain. Trois millions d’enfants meurent par an de diarrhées selon les sources de l’OMS, particulièrement au niveau des quartiers irréguliers échappant à toute réglementation et planification urbaine. (Cf. DAUT C, gestion et dynamique de valorisation des déchets urbains à Pondichéry (Inde), Mém. De Maîtrise de Géographie tropicale). Les causes majeures de décès des enfants de moins de 5 ans, sont les Infections respiratoires aiguës, la diphtérie, le tétanos et la rougeole. Les maladies qui atteignent cette tranche vulnérable de la population sont liées aux conditions sanitaires déficientes sousjacentes à un mauvais état d’hygiène de l’espace d’habitation. Dès lors, la maîtrise de l’insalubrité urbaine devient un enjeu pour les autorités des PVD pour éviter de grosses dépenses engendrées par un mauvais état de santé des populations et la prise en charge d’épidémies en relation avec l’insalubrité environnementale comme le choléra… Des risques sanitaires peuvent être engendrés par une mauvaise collecte des déchets de l’espace public et aux effets de la contamination des réserves d’eau et sources aux alentours des décharges. De nombreuses villes des PVD sont confrontées à de sérieuses situations de dégradations de l’environnement. L’autre grand problème des déchets est celui posé par les déchets des structures sanitaires. Leur collecte présente des problèmes de contamination majeurs. Cette catégorie de déchets 31 doit normalement être intégrée dans un processus d’élimination spécifique, au lieu de cela elle est généralement confondue avec les déchets domestiques. 32 La formule préférable pour leur prise en charge est l’incinération sur place, pour minimiser leur impact sur la population. Cela devrait au moins être réalisé dans les structures sanitaires de niveau national ou régional. Dans le cas contraire, ils doivent être emballés dans des sacs adaptés et de couleur distinctive pour être de repérage facile et entrer dans un processus d’élimination spécifique. Ces exigences sont très peu respectées en PVD, exception faite de très rares pays dont le Sénégal qui a profité de la psychose provoquée par le SIDA pour régler ce problème. Parmi les cas de mauvaise gestion des déchets hospitaliers les plus alarmants, on peut citer celui de la ville de Pondichéry en Inde, de Niamey au Niger et Nouakchott la capitale mauritanienne (8 ; 24 ; 25 ), exp. : En Inde Les déchets hospitaliers sont au vu et accessibles de tous et il arrive même qu’ils soient fouillés par les fouilleurs qui visent les structures sanitaires pour y dénicher de produits rentables à la vente (seringues pour la décoration des mains au henné, coton usagé, bandages... (8). Ses déchets ne sont pas sans dangerosité pour ceux qui les récoltent. Leur manipulation expose les fouilleurs, à de grands risques de contamination car contenus dans de légers sacs plastiques sans normes de sécurité. Les employés municipaux sont au premier plan de ces risques, opérant sans gants, masques, ni blouses. Ces risques sont particulièrement élevés pour certaines maladies comme les Hépatites, par contact avec les seringues souillées, mais aussi la tuberculose pulmonaire... La plupart des structures sanitaires des PVD, n’ont pas une politique d’élimination des déchets et le personnel médical est mal informé et formé sur les risques de transmission nosocomiales (en milieu hospitalier). En Mauritanie, le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales dans le cadre d’une politique intégrée de gestion des déchets, entend installer des incinérateurs autonomes au moins au niveau des structures de santé du niveau national et régional. L’exemple réussi d’une bonne gestion responsable des déchets sanitaires est donné par le Centre de Santé Tab salam-Diam (centre de la paix dans les deux langues locales arabe et wolof), du quartier de Dar-Naim à Nouakchott (Mauritanie) qui dispose d’un incinérateur autonome de déchets sanitaires (Information recueillie au Centre de Santé). Erigé par l’ONG, Caritas/Mauritanie avec des représentants communautaires du quartier, Caritas a ensuite parrainé le Centre de Santé tout en le préparant progressivement à une politique de recouvrement des coûts visant à mettre sa gestion entre les mains de nationaux et surtout à le rendre capable de s’autofinancer. L’ONG a réussi son pari car aujourd’hui, ce centre est parmi les plus fonctionnels de la capitale. Les autorités administratives conscientes de l’impact de la mauvaise gestion de l’environnement sur l’état de santé des populations font des campagnes élargies de nettoyage des espaces d’habitation. Ces campagnes vu leur caractère éphémère ne constituent pas véritablement une solution efficace au problème posé. Sans une prise de conscience réelle de la part des autorités et de l’ensemble des habitants, ces opérations sont vaines et ne peuvent en aucun cas résoudre durablement et de manière 33 définitive le grand problème posé par la gestion des déchets des grandes agglomérations de PVD. 34 Ce n’est que par une prise de conscience profonde et collective à tous les niveaux tant institutionnel que social, que les déchets mal gérés peuvent tuer, qu’on arrivera à régler de manière définitive et efficace le problème. CAS DE LA VILLE DE NOUAKCHOTT La situation de la ville de Nouakchott ne se distingue pas de celle des autres grandes villes de PVD. 1- PRODUCTION ET COMPOSITION DES DECHETS 1- 1 Production des ordures 600 à 800t d'ordures sont produites par jour Seulement 500t d'entre elles sont ramassées régulièrement, le reste subissant des efforts périodiques. Une étude faite sur l'estimation de la production journalière de déchets par habitant selon la zone d'habitation haut, moyen et bas standing à Nouakchott (26), ressort les chiffres suivants : - 0,5kg/jour/hab. pour le haut standing 0,4 kg/jour/hab. pour le moyen standing 0,3kg/jour/hab. pour le bas standing On note en analysant ces chiffres que plus le niveau vie d’est élevé, plus la quantité de déchets produite est élevé. A titre indicatif, un habitant des PVD produit 10 fois moins de déchets qu'un français et 20 fois moins de déchets qu'un américain (15) 1- 2 Composition (qualité) des ordures - Absence totale de matière organique d'origine alimentaire Absence de résidus jardiniers sauf au niveau des quartiers riches Absence quasi totale de papiers et cartons Abondance de poches plastiques tous quartiers confondus Grande différence au niveau de la composition des déchets suivant leur quartier de provenance (pauvre, riche) Présence très marquée de sable : caractéristique principale des déchets mauritaniens 35 Source : présélection d'un site de décharge des ordures ménagères pour la ville de Nouakchott/ Mauritanie ; Etude sur l'évaluation technique et d'impact écologique. 36 On note une grande différence entre la composition des ordures de la Mauritanie et des autres PVD étudiés : L'absence de matière organique d'origine alimentaire au niveau des déchets de la Mauritanie, est liée à la pratique traditionnelle qui veut que les restes de nourriture soient donnés aux voisins nécessiteux ou aux gardiens de propriétés privées qui travaillent très souvent en tout isolement familial. ü Les papiers et cartons quant à eux font désormais partie de l'alimentation du bétail (chèvres, moutons, bœufs…) et des bêtes de somme, depuis les décennies de sécheresse qui ont sévi sur le pays réduisant ses surfaces de pâturage. ü La grande présence de sable au niveau des déchets s’explique aisément quant à elle par la position géographique de la ville : Nouakchott est planté en plein désert du Sahara mauritanien. ü Il découle de cette analyse que d’autres procédés de traitement que ceux biologiques peuvent être appliqués au cas mauritanien. ü Le phénomène le plus spectaculaire de tous (partagé par tous les PVD), est omniprésence des poches plastiques, quelle que soit la zone géographique de la ville. Ce phénomène est dû à l'apparition récente de la gratuité des emballages plastiques associée à une modernisation de la société. Ces poches du fait de leur légèreté sont emportées par le vent et s'accrochent aux arbres conférant à la ville un effet visuel disgracieux. Beaucoup de bétail en liberté totale aux environs de la ville (vestige du passé récent d’une vie d’éleveurs nomades), meurent par suite d'avoir avalé ces poches plastiques. Ce problème menace l'effectif du cheptel national, parmi les plus importants de la sous région. ü 2- FONCTIONNEMENT DE LA GESTION DES DECHETS : COLLECTE ET TRANSPORT VERS LA DECHARGE : La gestion des déchets dans le cadre mauritanien se limite à la collecte et au transport vers la décharge. Les déchets pris en charge sont les déchets des zones d’habitation uniquement. Aucune importance n’est accordée à l’assainissement des côtes, le long desquelles on note une accumulation de déchets solides riches en matières plastiques émanant des activités de loisirs et les activités humaines côtières, surtout au niveau de “la plage des pêcheurs” abritant un marché des produits halieutiques. Il en découle un problème de pollution auquel s’ajoutent des effets écologiques négatifs dont les plus notables sont l’étranglement des animaux, l’effet de leurre et l’ingestion de plastique. “ Une étude réalisée par le département d’Océanographie de l’Université des Açores a montré que l’ingestion de grandes quantités de plastique par les tortues de mer était une cause significative de mortalité pour ces espèces en danger ”. (17) L’impact écologique de cette pollution marine peut se manifester par une baisse de la qualité du poisson et des produits de la mer non souhaitable pour 37 l’économie de la ville reposant pour une part non négligeable sur l’exportation des produits de la pêche. 38 On note une déficience dans le système de collecte, sur les 600 à 800 t d'ordures produites par jour seulement 500 t sont collectées, ce qui engendre un déficit de 100 à 300t/jour. Cette lacune dans le système de collecte puise son origine à trois niveaux à notre sens : - La non formation des responsables et des éboueurs à la prise en charge des déchets - Manque d'efficacité du travail des éboueurs engagés par les entreprises privées, doublée par une absence de contrôle rigoureux et d'études d'évaluations en vue d'une amélioration des activités. - L’indiscipline des ménages de certains quartiers peu desservis à revenus moyens ou bas, qui déversent directement leurs déchets dans la rue, au niveau des places publiques, dans des parcelles de terrains vagues inexploitées à même le sable qui constitue ainsi 36% de leur poids (25). Les éboueurs utilisent : sacs plastiques, bouts de carton, brouettes, pelles généralement les mains nues pour transporter les déchets de leur lieu de dépôt au camion ou charrettes. Au niveau des places publiques, fûts sont attachés par une chaîne, compliquant le travail de collecte (6,25). La crise économique aidant, l’absence de collecte sélective au niveau publique a développé le phénomène de fouille des décharges sauvages profitant aux populations les plus démunies, dans un cadre informel. Ces populations opèrent dangereusement au niveau des décharges pour en extraire différents objets vendus sur le marché après leur nettoyage, tels que boites de conserves, pots et bouteilles en verre et plastic. Les fouilleurs s'exposent ainsi à des maladies plus ou moins graves : diarrhées, infections oculaires, problèmes respiratoires, dermatologiques, causés par des micro-organismes, les Protozoaires et Helminthes et par l'inhalation de poussières, fumées et poudres. Trois dangers de santé publique découlant de la manipulation des déchets par les fouilleurs au niveau des sites de décharge sauvages peuvent être énumérés : - Présence dans l'environnement de métaux lourds simplement écartés après isolation de zinc et des fiches de carbone à partir de piles sèches. - Mise à feu de l'isolation plastique des câbles électriques pour fin de récupération du cuivre très utilisé dans l'artisanat de bijoux augmentant la pollution atmosphérique. - Mise à feu de pots de peinture pour en extraire leurs résidus afin de les rendre utilisables et des pneus pour l'extraction de fils d'acier pour différents usages, dont la combustion est toxique pour l'homme. 39 Cette situation expose éboueurs, fouilleurs et populations à des problèmes de santé publique et de dégradation de leur biotope : contamination de l’air, du sol et des nappes phréatiques profondes par infiltration et lessivage par les eaux pluviales. 40 L’impact sur la santé des populations de cette situation se fait sentir selon “le rapport d’étape I, d’étude de faisabilité du projet privé d’infrastructure : Réduction thermique des déchets de la ville de Nouakchott, capitale de la Mauritanie et leur valorisation par la cogénération électrique et le dessalement de l’eau de mer ”, par l’accroissement des maladies respiratoires, cutanées, oculaires. Pour ce qui concerne le transport et le dépôt des déchets au niveau de la décharge : L’acheminement se fait dans de mauvaises conditions à l’aide de bennes découvertes (Cf. photo 3). On assiste, au retour vers la ville des déchets sous l'influence du vent, compliquant d'avantage la collecte et entraînant un état de manque d'hygiène permanent : ordures très éparpillées contenant éléments légers comme les poches plastiques et le papier. Quand elles arrivent à la décharge, les ordures sont déversées n'importe comment, par manque de rigueur et de contrôle. Autrement elles sont déposées aux pourtours immédiats de la ville devenant facteur de pollution et un véritable danger de santé publique pour la population : surtout animaux et enfants (Cf. photo 4). 41 Photo1 : Décharge sauvage au niveau d’une place publique d’un quartier de Nouakchott 42 Photo 2 : Mise à feu d’une décharge aux abords immédiats de la ville 43 Photo3 : camion benne transportant des déchets vers la décharge publique dans de mauvaises conditions : le camion découvert laisse échapper les déchets légers 44 Photo 4 : Grande décharge sauvage aux abords immédiats de la ville vers une zone (E. nord) en pleine expansion 3- CONDITIONS DE TRAVAIL DES EBOUEURS Nos observations sur le terrain révèlent que la collecte et le ramassage des ordures se font dans de mauvaises conditions exposant les éboueurs aux blessures par des objets tranchants, piquants et à des problèmes d'hygiène mettant en péril leur santé. Ces tâches sont effectuées par des sujets (hommes, femmes) de niveau social et éducatif bas et très souvent d'âge supérieur à 40 ans, sans avertissement sur les dangers qu'ils encourent. En effet ni gants, bottes, casques ou masques ne sont mis à leur disposition. C'est ainsi qu'on observe assez souvent les éboueurs travailler tout en mangeant leur casse croûte sans avoir à se laver préalablement les mains. Par ailleurs, les déchets qu'ils manipulent avec des outils rudimentaires : pelles, balais et râteaux, se trouvent des fois mélangés à des déchets liquides organiques, surtout à proximité des marchés augmentant ainsi leur toxicité et leur capacité à véhiculer des maladies associées au manque d'hygiène comme pour les fouilleurs (avec une recrudescence de ces dernières en saison des pluies). Il découle de l’analyse de ce premier chapitre une situation de non-gestion des déchets au niveau de la ville dû à un engagement et une prise de conscience du problème par les pouvoirs publics insuffisants. Le chapitre suivant se penchera sur une série de propositions et de stratégies visant la résolution efficace du problème des déchets domestiques dans la ville de Nouakchott. 45 DEUXIEME PARTIE : SOLUTIONS ENVISAGEES ET MODALITES DE LEUR MISE EN OEUVRE 46 Le triste constat de l’absence de gestion des déchets alerte sur l’urgence de prendre en main le problème, si on veut éviter d’être confronté à de sérieux problèmes de pollution mettant en péril la vie des individus et autres êtres vivants de la biosphère nouakchottoise. Dans ce qui suit nous allons montrer pourquoi il est nécessaire d’apporter des solutions à la situation de non-gestion des déchets domestiques dans la ville de Nouakchott Ensuite trois sous parties apportant des réponses à ce problème seront traitées dans ce chapitre à savoir : - Les stratégies proposées - La communication sociale, point clef de réussite de tout projet de développement - La mobilisation de moyens matériels (financiers, outils techniques,…), humains et partenaires susceptibles de contribuer au succès des activités nécessaires à la résolution d’une situation où tout est à construire. SOUS PARTIE 1 : STRATEGIES PROPOSEES ARGUMENTATION Pourquoi la gestion des déchets domestiques? - Point de vue sanitaire Les déchets solides constituent des foyers redoutables de production de mouches, rats et autres vecteurs de maladies dangereuses pour l'homme. Les déversements de déchets au niveau des caniveaux, pratique très fréquente en Mauritanie, entraînent la stagnation d'eau pouvant s'infester de micro-organismes et de larves de moustiques provoquant des épidémies sanitaires : Paludisme, choléra... Eliminer ces foyers par une bonne gestion permanente des déchets revient à faire baisser la prévalence et réduire l’incidence des maladies liées au manque d'hygiène individuelle sous l’influence de celle de l'environnement : diarrhées, dysenteries, gastro-entérites et parasitoses intestinales. - Sur le plan écologique Une bonne politique d’économie de l’environnement est bénéfique pour la protection des écosystèmes indispensables à la vie humaine 47 - Sur le plan économique - La gestion des déchets est une opportunité de création d'emplois et de réduction de la pauvreté. - De bons résultats enregistrés dans le cadre de la gestion de déchets solides peuvent avoir un effet encourageant sur les bailleurs de fonds et ONG impliquées dans le domaine de l'assainissement qui ainsi sont plus motivés à apporter leur soutien matériel et technique à la commune. THEMES UTILES - Mobilisation, sensibilisation sociale et animation Participation et appropriation communautaire I.E.C : Informer, Eduquer, Communiquer Formation (surveillants et éboueurs) Coopération et coordination entre acteurs : social, éducatif, médical, politique, ONG nationales et internationales, coopératives et associations féminines et groupements de quartiers. Entendre par une bonne gestion des déchets domestiques : - Une bonne collecte - Un transport vers la décharge ou l’usine d’incinération dans de bonnes conditions - Un bon traitement (élimination) des déchets dans un respect optimal de l’équilibre écologique de l’environnement. OBJECTIF GENERAL DES STRATEGIES Améliorer la qualité de l'environnement physique de Nouakchott Pour réussir ce but il faut : - Amener la population à une réelle prise de conscience des méfaits de la pollution de l'environnement sur la qualité de vie, grâce à une bonne communication sociale Améliorer le niveau de connaissances de la population sur les méfaits des déchets et leur impact sur la qualité de l’environnement. Former les responsables de surveillance et les éboueurs à une gestion efficace des déchets Mettre en place une structure fonctionnelle chargée de la gestion des déchets Eliminer toutes les décharges sauvages de la ville et ses environs. 48 1- SENSIBILISATION ET AMELIORATION DU NIVEAU DE CONNAISSANCES DE LA POPULATION SUR LES MEFAITS DES DECHETS ET LEUR IMPACT SUR LA QUALITE DE L’ENVIRONNEMENT. - Sensibiliser tous les pouvoirs publics et tous les acteurs dont la contribution est indispensable à la réussite du projet de lutte contre le danger présenté par la situation de non-gestion des déchets : La première démarche à effectuer est de sensibiliser efficacement les pouvoirs publics sur les dangers de la non-gestion des déchets domestiques de la ville et les bénéfices qu’on peut tirer de leur bonne gestion surtout sur le plan sanitaire. Il est important à ce niveau d’argumenter par des études épidémiologiques fiables effectuées dans d’autres PVD, démontrant le parallélisme entre l’insalubrité de l’environnement et la fréquence de certaines maladies. La sensibilisation des pouvoirs publics permettra l’obtention de l’accord indispensable au démarrage des activités. Cet accord, permettra d’établir par leur intermédiaire un contact direct avec les bailleurs de fonds en plus de faciliter les contacts à prendre ultérieurement avec tous les autres intervenants formels ou non et de conférer au programme une crédibilité aux yeux de tous (Bailleurs de fonds, ONG nationales et internationales, populations...). - Sensibiliser et mobiliser la population, particulièrement les femmes à l’utilité du projet par la voie des outils de communication les plus efficaces (radio et télévision) et par des campagnes d’animation de quartiers. Pour ceci il sera nécessaire d’établir un calendrier de déroulement des campagnes et l’ordre d’intervention des personnes ressources et leaders d’opinion. Les étapes d’organisation souhaitées sont les suivantes : - Se réunir avec les spécialistes de la communication, sociologues, psychologues pour décider du contenu des campagnes. Des sujets en relation avec la saleté, la dégradation de l’environnement et leurs impacts sur la santé et la qualité de vie seront sélectionnés et étudiés pour être exploités. La rencontre avec les imams dans ce contexte est importante pour l’obtention de leur collaboration pour la sensibilisation au niveau des mosquées, surtout lors de la prière du vendredi regroupant un grand nombre de la population et transmise en direct à la radio. - Choix des lieux de déroulement des campagnes avec l’aide du préfet et des représentants communautaires. Une fois les messages de sensibilisation par voie des médias établis et lancés, il faudra s’atteler aux campagnes d’animation de quartiers visant la mobilisation des populations. Les campagnes seront réparties en plusieurs séances qui se dérouleront pour le premier mois de lancement du programme, un jeudi (Week-end en Mauritanie) sur deux au niveau d’un quartier afin de bien implanter les messages médiatiques et de mobiliser les populations. Cette période dépassée, elles seront organisées tous les 45 jours pour permettre le déroulement des autres activités de façon aisée. 49 Ces campagnes regrouperont, les représentants de quartiers, les responsables communaux, des représentants administratifs (Ministère de la santé et des affaires sociales, Ministère de l’environnement…), sociologues, psychologues, les médias et différents organismes et partenaires engagés dans le programme. Les jeunes des quartiers seront sollicités pour des rencontres sportives visant à augmenter les ressources financières pour une meilleure réussite des activités. Le comité sportif parrainé par la commune se chargera de la prise de contacts auprès des hommes d’affaires, commerçants et établissements connus pour le sponsoring des équipes, en contre partie une publicité leur sera faite par le port de maillots du programme portant leur logo. On peut proposer aux femmes la tenue de stands de restauration lors des campagnes de mobilisation et des rencontres sportives inter-quartiers : ceci a comme avantage de leur conférer un air de fête et par conséquent attirer d’avantage les populations. 2- FORMATION DES EBOUEURS ET SURVEILLANTS _ La formation des éboueurs et travailleurs doit obligatoirement inclure un chapitre sur la sécurité au travail, évitant l’exposition aux dangers tant accidentels que sanitaires pour ne pas être limitative à l’utilisation du matériel. Les éboueurs seront formés à faire la collecte dans les meilleures conditions possibles de sécurité et d’efficacité. Ils doivent également être formés à travailler en perdant le moins possible de temps tout en fournissant un travail de qualité. Eléments importants pour la collecte : - Fiches descriptives détaillées des tâches et mesures d’hygiène à respecter pour la collecte ainsi que sa fréquence et les normes minimales pour l’équipement (état, nuisance sonore, capacité...). On peut exiger par exemple un lavage hebdomadaire des charrettes à bras, les conteneurs et les bennes, comme on peut aussi exiger que les charrettes soient repeintes tous les ans. - Ces normes doivent également être appliquées à l’équipement de sécurité et celui vestimentaire : Port de gants, bottes, masques si nécessaire pour éviter la poussière et les produits toxiques et une tenue de travail spécifique et identitaire respectant certains normes de sécurité. Tout défaut au niveau de ces normes doit être réprimé pour une meilleure rigueur dans le travail. 50 Dans le cadre de la collecte, il sera bien d’intégrer une démarche de retour à l'usage productif des déchets par le recyclage ou la récupération de certaines matières comme le verre, le plastic, le papier qui offre comme avantages : 1- Contribution à la protection de l'environnement en réduisant la quantité des déchets. 2- L'augmentation du pouvoir d'achat des pauvres qui ainsi peuvent s'offrir des produits fabriqués à partir de matières recyclées ou tout simplement les réutilisent après leur mise en état convenable _ La formation des surveillants qui auront à superviser toutes les étapes de la gestion des déchets. Pour une meilleure commodité, il est conseillé une catégorisation de ces derniers en : - Surveillants de collecte des zones desservies qui auront à faire des rondes pour s’assurer de la bonne couverture des services. - Surveillants du travail des structures de traitements des déchets - Les responsables municipaux eux-mêmes doivent être formés à apprécier la qualité du travail de tout le personnel engagé dans le processus gestionnaire : des sessions de recyclage et développement des connaissances scientifiques dans le domaine de la pollution et de l’économie de l’environnement leur sont conseillées afin de mieux contrôler et conseiller les travailleurs engagés. Les groupes de travail doivent être coiffés par un surveillant issu de la commune qui jouera le rôle de surveillant général, mais il doit également être à l’écoute des travailleurs pour toute sorte de revendication pour but de consolidation des liens : communauté-municipalité d’une part et augmenter la qualité des services d’autre part. Une telle démarche permettra d’assurer une meilleure efficacité du travail des entreprises privées et communautaires en plus de garantir au mieux les normes écologiques exigées pour des structures modernes de prise en charge des déchets. Le travail doit se faire de façon à minimiser au maximum les risques inhabituels de sécurité ou de santé et en baissant la nuisance environnementale (bruit, poussière, odeur...) 51 Des bilans mensuels élaborés dans un but d’évaluations annuelles des services rendus par chaque entreprise sont nécessaires pour l’annotation visant à encourager l’esprit de concurrence des entreprises engagées. D’autre part, on tirera leçon de ces évaluations en vue d’une amélioration des activités à tous les niveaux de fonctionnement. On devra déterminer pour cela : 1- Dans un but d’évaluation opérationnelle (ou des résultats physiques) Si la disponibilité du matériel de travail est bonne Si le matériel est bien utilisé Est-ce que les déchets sont ramassés de manière régulière ? Est-ce qu’on note une amélioration de l’environnement ? Au niveau des structures de traitement des déchets, est-ce que toutes les instructions de maintenance et d’hygiène sont bien suivies ? 2- Dans un but d’évaluation des ressources financières - Est-ce que toutes les ressources escomptées ont été toutes mobilisées ? - Est-ce que la communauté a contribué financièrement de manière effective et le quota de payement des redevances est-il bon ? 3- Dans un but d’évaluation des ressources humaines - Quel est le niveau de compétence du personnel après sa formation et son expérience ? - Est-ce qu’il est en nombre suffisant, est-il bien réparti suivant les différentes activités et les différentes zones géographiques ? - Quel est le degré de motivation du personnel ? - Le niveau d’adhésion des différents intervenants est-il bon ? Enfin, dans un but d’évaluation des résultats il faudra déterminer les entreprises qui ont fourni la meilleure qualité de travail. C’est ce point qui déterminera réellement leur annotation pour n’en garder que les meilleures. L’expérience tirée de leurs actions orientera les modifications du contenu des contrats si nécessaire 52 3- MISE EN PLACE D’UNE STRUCTURE FONCTIONNELLE DE GESTION DES DECHETS : - Choisir un lieu de centralisation de la politique des activités à mener L’antenne centrale de la commune où siège le maire et le secrétaire général répond tout à fait à cette exigence - Constituer les différentes équipes de travail : La constitution des équipes des entreprises communautaires relèvera des neuf adjoints au maire. Avec l’aide des représentants communautaires, chaque maire adjoint devra choisir l’équipe communautaire qui s’occupera de la gestion des déchets de son “ département ”. Il est important de préciser que cette nomination indique un agrégat limité de quartiers et ne correspond pas à la taille géographique d’un département réel. Le choix des entreprises privées se fera comme de coutume par la commune centrale par voie d’offres d’appels. - Commander le matériel nécessaire : Après mobilisations des ressources financières nécessaires au démarrage des activités, la commune avec l’aide des experts aura à inventorier tout le matériel de collecte nécessaire en plus de celui de sécurité (gants, tenues, …). Les entreprises privées doivent être équipées en matériel de collecte à partir des sites de transit et de transport des déchets (bennes) vers les structures de traitement. Notre choix s’est porté sur la décharge contrôlée comme moyen de traitement des déchets domestiques et sur une unité d'incinération pour ce qui concerne les déchets dangereux (hospitaliers et autres) - Construire et aménager les structures : les sites de transit, l’unité d’incinération et la décharge contrôlée. Ces points relèvent de la compétence des pouvoirs politiques et de l’engagement des bailleurs de fonds. C’est dans un cadre de coopération intergouvernementale matérielle et technique que nous conseillons leur construction. L’incinération est un procédé efficace et hygiénique sans incommodité pour le voisinage, mais il convient toutefois d’examiner si la quantité quotidienne collectée est rentable financièrement. La décharge contrôlée est le procédé de traitement des déchets le plus économique financièrement donc le plus rentable pour les PVD, il s’agit d’une technicité simple ne mobilisant pas une importante infrastructure. Elle peut occasionner cependant des nuisances et des problèmes d’hygiène pour la population quand son entretien fait défaut : dégagement de mauvaises odeurs et parfois de gaz toxiques dus à la fermentation, contamination éventuelles des eaux de surfaces et souterraines, reproduction de mouches et de rongeurs agents de propagation de maladies contagieuses constituant une menace grave 53 pour la santé publique, le feu qui peut prendre au sein de la décharge. La décharge peut accepter des résidus autres que les ordures ménagères, les déchets industriels banals. 54 Dans l’immédiat et pour des raisons économiques, l’urgence est à la construction d’une décharge contrôlée classe 1, recevant les déchets ménagers et industriels non dangereux et une petite unité d’incinération des produits toxiques et dangereux, notamment hospitaliers avec réflexion sur une démarche minimisant la pollution de l’environnement par leurs résidus en attendant de pouvoir construire une seconde décharge classe1, adaptée aux résidus des usines d’incinération et d’activités industrielles ayant un risque élevé de pollution de l’environnement et sur la santé publique. Pour la construction de la décharge le site devra correspondre à celui dont fait effet : l'étude menée par OELTZSCHNER Hans (consultant) pour la présélection d'un site de décharge des ordures ménagères pour la ville de Nouakchott/Mauritanie ; évaluation technique et d'impact écologique). Cette étude a été réalisée dans le cadre de la coopération bilatérale mauritano-allemande. Trois sites potentiels de décharge contrôlée, ont été sélectionnés par cette étude : ( Cf. carte p.13 ) Site 1 au Sud de la ville auprès de la RN vers la ville de Rosso Site 2au Nord-Est de la route nationale (RN) vers la ville d'Akjoujt Site 4 à l'Est, auprès de la RN, route de l'espoir reliant Nouakchott à la ville de Néma. Caractéristiques des sites proposés : - Site 1 Distance de 19 Km de la place de Madrid (carrefour) Zone touristique et militaire Distance de la mer réduite (8 Km) Inexistence d'une voie d'accès sur la RN - Site 2 Distance de 24 Km de la place de Madrid Zone touristique, militaire Grande distance de la route nationale (12Km) Site déjà développé Voie d'accès dégradée à plus de 30% - Site4 Existence de décharges sauvages Impact écologique négatif Grande pollution de l'air 55 Vue esthétique très mauvaise La prise en charge à ce niveau des décharges sauvages est très urgente 56 Les critères principaux pris en compte pour la sélection de la décharge par le consultant sont les suivants : - Critères hydrologiques, en particulier la protection Critères d'utilisation des surfaces, y compris habitations et transports ; Critères de protection de la nature Pour l'évaluation comparative, les critères principaux suivants ont été utilisés : Direction des vents prédominants Situation morphologique (relief) Utilisation des sols (agriculture, pâturages) Tendance de développement urbain Distance par rapport à l'habitation la plus proche Facilité d'accès routier Ce qui est attendu des sites : - Qu'ils soient à l'abris des vents dominants susceptibles de transporter les fumées et mauvaises odeurs vers les agglomérations. Qu'ils n'entachent pas l'aspect panoramique du paysage. Qu'ils soient éloignés de 500 m au minimum des habitations les plus proches. Qu'ils n'entravent pas, le développement de la ville. Qu'ils n'influencent pas négativement l'utilisation des terrains (agriculture, pâturages). Qu'ils soient d'accès routier rapide et facile. C'est ainsi qu’ont été éliminés tous les terrains côtiers de l'Ouest et du Nord-ouest de la ville, car propices à son développement futur. Après étude de tous les critères cités et prise en compte de leur impact écologique, la conclusion fut que c'est le site 4 à l'Est qui remplie les meilleures conditions de sélection : - Eloignement par rapport aux lieux d'habitation - Géomorphologie appropriée ; situé au niveau d'une cuvette entourée de dunes de hauteur supérieure à 10m avec un sol argileux et peu perméable. Rq : en plus d'être partiellement aménagé (menu d'alvéoles), le site 2 (Nord-est) sur le plan morphologique, rivalise avec le site 4, Il a par ailleurs une voie d'accès routier, mais cette dernière n'est pas asphaltée à 12 Km de la RN et elle est couverte à des endroits par du sable. Pour la réalisation possible de chacun des deux sites, il est nécessaire de construire au moins, une station de transfert (au mieux deux) dans l'Est et dans le Nord-ouest de la ville. 57 La conclusion finale de l'expert est en faveur du site 4 Est, mais il recommande une analyse coûts/rendements des deux sites avant toute prise de décision. 4- ELIMINATION DE TOUTES LES DECHARGES SAUVAGES DE LA VILLE ET SES ENVIRONS - Répertorier toutes les zones concernées - Organiser les séances de nettoyage afin d'éliminer toutes les décharges sauvages et l'ensemble des dépôts formés le long des années autour de la ville et les décharges sauvages à l’intérieur de la ville à caractère temporaire. Cette campagne doit mobiliser toute la population aussi bien civile que militaire souvent sollicitée pour rendre la ville propre à l’occasion d’une visite présidentielle. La population civile peut par exemple s’occuper de l’élimination des décharges sauvages de l’intérieur de la ville. Au niveau de chaque quartier, sera demandé aux représentants communautaires de mobiliser leur communauté un jour de congé (le vendredi) pour éliminer les décharges sauvages et les accumulations légères de déchets. Pour mieux réussir cette mission, on peut conseiller une animation musicale et la distribution de boissons locales rafraîchissantes peu onéreuses et bien appréciées. Une petite investigation menée au niveau d’un quartier à revenu moyen situé dans le centre ville de Nouakchott (Ilot A), montre que ce procédé est efficace. En effet une jeune fille du quartier très active à réussi à mobiliser régulièrement tous les vendredis matins entre 9 h et 11 h, les habitants de plus de 40 ménages (femmes et jeunes des deux sexes) dans une ambiance musicale conviviale pour balayer et éliminer les déchets de leur environnement d’habitation. Ne disposant pas de conteneurs, ils procèdent ensuite à l’enfouissement des déchets. Une fois le travail terminé, les participants se regroupent pour boire un pot ensemble et danser avant d’aller prendre leur douche et vaquer à leurs occupations. La prise en charge financière du matériel dont dispose cette jeune fille (balaies traditionnels, pelles…) et des boissons, font l’objet d’une collecte porte à porte au niveau des ménages qui fournissent une modeste participation de 200 Ouguiya (environ 5,5 FF) quand les dépenses le nécessitent. La mobilisation militaire peut régler le problème des décharges sauvages autour de la ville. Cette élimination des décharges sauvages est indispensable pour démarrer sur une base solide l’assainissement de la ville. 58 5- INSTAURATION D’UNE COOPERATION ENTRE LA MUNICIPALITE ET LES DIFFERENTS ORGANES SUIVANTS Le partenariat est très important et tout projet à besoin pour sa réussite d’un comité de pilotage. Il est souhaitable pour notre cas que ce comité réunisse : Un haut fonctionnaire de la commune, des représentants communautaires et tous les représentants de structures soutenant le programme. Le rôle du comité sera de guider la planification et la mise en œuvre du service confié aux entreprises communautaires et non communautaires privées. Les partenaires identifiés importants pour le programme sont les suivants : - Les ONG nationales, internationales ainsi que les différentes associations susceptibles de contribuer à la réussite du programme proposé. - Le ministère de l'environnement : les spécialistes de l'environnement veilleront ainsi à l'adéquation entre les activités menées et l'équilibre écologique de l'environnement. - Le commissariat aux droits de l'homme, à la lutte contre la pauvreté, et à l'insertion sociale, organe gouvernemental dont l'aide peut être de taille quant à l'encadrement et au soutien des entreprises communautaires de base. - Le ministère de la santé dont le rôle sera capital lors des campagnes de sensibilisation du public sur l'impact négatif d'une mauvaise hygiène environnementale et les maladies associées à cet état, dont les victimes premières sont les groupes vulnérables à savoir les enfants et les personnes âgées. - Le ministère de l'éducation pour mieux sensibiliser les enfants scolarisés aux méfaits de la dégradation de leur environnement. Ces enfants joueront un rôle de relais auprès des autres enfants non scolarisés, pour un ciblage plus large du message. Bénéficiant déjà au niveau du programme éducatif d'un chapitre sur l’hygiène, ce dernier peut être enrichi par une dimension plus générale introduisant les bons gestes à cultiver hors de la maison vis à vis de l'environnement. Des propositions de sorties scolaires sous le thème " rendons notre environnement plus agréable" organisées avec les directeurs d'écoles, enseignants et jeunes bénévoles des différents quartiers pour les classes fondamentales seront les bienvenues - Les ONG nationales, internationales, les associations et coopératives féminines contribueront de manière significative à la réussite des stratégies proposées par leurs expériences, conseils et leur contribution financière et/ ou technique. - Les représentants communautaires joueront le rôle clef de relais entre la municipalité et la population. Leur statut de membres du comité intersectoriel est valorisant et peut induire une meilleure adhésion des populations bénéficiaires des services. 59 Cette coopération établie, il reviendra aux adjoints aux maires avec l'aide des leaders d'opinions d'organiser une réunion de sensibilisation des représentants de quartiers et les femmes, actrices incontournables du développement social pour s'assurer de leur mobilisation et leur adhésion au programme. Avant tout démarrage d'une nouvelle organisation de gestion des déchets, une collecte de données et leur analyse très fine est indispensable pour une bonne réussite des nouvelles stratégies. Une enquête s'impose sur : - Les zones de la ville qui souffrent le plus de la mauvaise collecte des déchets, généralement les quartiers d'accès géographique difficile : quartiers spontanés échappant à la planification urbaine, quartiers aux rues étroites ou non butimées. L'état général de l'accessibilité géographique du réseau routier de communication et la détection de toutes les difficultés d'accès permettront une meilleure adaptation des outils à utiliser. - L'estimation de la population de chaque quartier et leur production quantitative et qualitative en déchets pour quantifier leurs besoins en personnel et matériel. Cette enquête de recueil de données devra rassembler : responsables municipaux, spécialistes en gestion de déchets et planificateurs urbains chargés du réseau de communication routier. Par ailleurs il faudra enquêter de manière très fine auprès d'un échantillon représentatif de la population afin de déterminer : - Leur niveau de perception de la propreté de la ville Leur connaissance sur la source de financement de la gestion des déchets solides. Leurs connaissances sur la relation entre certaines pathologies et l'état d'hygiène de l'environnement. Leur perception du rôle que joue la municipalité dans la gestion des déchets urbains. Les résultats de l’enquête, permettront de mieux cerner la perception du problème par les populations, leurs besoins et priorités, leurs attentes, paramètres indispensables à une bonne politique de communication sociale conduisant à la réussite d’un programme. Il est essentiel de faire sentir à la population que le projet lui appartient et qu'elle constitue la base de sa réussite afin qu’elle se l’approprie. Les femmes doivent occuper une position privilégiée dans la réalisation des nouvelles stratégies et leurs opinions bien prises en compte pour multiples raisons : - Elles sont mieux averties sur les problèmes de l'environnement en tant qu'éducatrices plus impliquées dans le ménage et la prise en charge sanitaire des enfants que les hommes. - Leur rapport étroit avec l'environnement immédiat de l'habitat familial, les rend plus disposées à le gérer quand il fait défaut. 60 - L'expérience montre que l'adhésion des femmes, véritable base d’une société par son rôle à transmettre ses valeurs, est bénéfique et indispensable aux projets de développement et conduit très souvent à des changements importants et définitifs Les connaissances, attitudes et pratiques tirées des données préliminaires au démarrage des activités vont pouvoir orienter et déterminer les messages à formuler lors des campagnes de sensibilisation et communiqués médiatiques. En conclusion, les points clefs des stratégies proposées sont : - Une révision de la politique de gestion des déchets sur la base de plans opérationnels devant être appliqués, suivis et soumis à des évaluations régulières. - L'exploitation des canaux de communication les plus efficaces (pour notre cas, la radio et la télévision) pour toucher l'ensemble des usagers et provoquer leur I.E.C.(Information, Education, Communication). - Une bonne communication, coordination et collaboration entre tous les acteurs intervenant, durant les différentes phases du programme : Planification, mise en œuvre, exécution et évaluation. - Une bonne coopération technique entre les entreprises privées, celles communautaires et la commune. - L'adoption d'un bon système de recouvrement des coûts devant trouver une solution sous forme de taxes ou de redevances directement prélevées chez les bénéficiaires des services avec prise en compte du niveau économique de chaque quartier, de telle manière que la viabilité du projet ne soit pas dépendante de financements extérieurs mis à part pour son démarrage. - La prise en compte dans le processus de prise de décision, planification et de supervision de l'opinion communautaire pour une meilleure réussite des actions à mener. Des programmes d'animation de quartiers visant à sensibiliser leurs populations pilotés par la commune en coopération avec les leaders d'opinion et chefs communautaires peuvent encourager la participation active des communautés. - Une surveillance sévère du travail des entreprises privées de gestion des déchets qui bénéficient d'une grande tolérance de la part de la municipalité. - Un retour à l'usage productif par le recyclage ou la récupération de certaines matières comme le verre, le plastique, le papier, offrant comme avantage : - Une contribution à la protection de l'environnement en réduisant la quantité de déchets. 61 - L'augmentation du pouvoir d'achat des ménages pauvres qui ainsi peuvent s'offrir des produits fabriqués par recyclage ou tout simplement réutilisés après leur mise en état convenable. 62 La municipalité devra déjouer les procédures bureaucratiques lourdes et éviter aux entreprises engagées les retards de payement pouvant les pénaliser (faillites, obligation aux licenciements et liquidation ) les réserves financières leur faisant défaut. AVANTAGES DE LA CREATION ET ENGAGEMENT DES ENTREPRISES COMMUNAUTAIRES l'idée de création de petites entreprises communautaires et leur intégration au processus de gestion des déchets domestiques en se faisant aider par les leaders de quartiers a des avantages multiples pour les PVD : - La réduction de la pauvreté, en allant du principe que la majeure partie des quartiers nouakchottois sont à revenus bas et connaissent d'énormes problèmes de chômage. Cette idée est en parfaite symbiose avec la politique municipale et celle gouvernementale visant à améliorer les conditions de vie socio-économiques des populations. - Faire figurer parmi les responsables de la gestion des déchets, des membres de la communauté, qui ainsi bénéficieront de sa sensibilité au problème et son soutien, ce qui est en faveur d'une meilleure mobilisation communautaire lors des campagnes de sensibilisation. - Meilleure facilité à sensibiliser et à faire participer les communautés à l'amélioration de la qualité de leur environnement. Du fait que les entreprises primaires desservent dans les quartiers dont elles sont issues, cela favorisera la participation communautaire, primordiale pour une meilleure collecte. Les liens de proximité entre éboueurs et populations bénéficiaires favorisent la coopération entre les deux groupes. - Chaque membre de l'entreprise de quartier conscient que le maintien de son travail dépendra de son niveau de motivation, fournira forcément des efforts dans ce sens, ce qui n'est pas évident pour les travailleurs municipaux protégés de tout contrôle rigoureux. - Si une population est bien informée et sensibilisée au rôle des taxes relatives à la collecte des déchets et qu'elle connaît les travailleurs responsables de celle-ci, alors elle est plus motivée à payer le prix d'une meilleure qualité de son environnement, que si la prestation (service) est impersonnelle. La communauté en tant que payeur des services peut émettre des reproches sur la qualité des services rendue quand elle laisse à désirer, obligeant ainsi le personnel à fournir de meilleurs efforts. 63 Les entreprises communautaires (de quartiers) auront à s'occuper de la collecte primaire comme le prévoyait la commune pour sa nouvelle politique de “ 2000 ”, du balayage des rues et espaces publiques du quartier qui les concernent, en plus du dépôt des déchets au niveau des sites secondaires propres à chaque quartier. Les entreprises privées devront s'occuper de la collecte à partir des sites secondaires et de transit et leur acheminement à la décharge contrôlée ou de l’usine d’incinération en plus du nettoyage des marchés et places publiques et veiller l’adéquation du matériel logistique au milieu géographique en question. La commune elle, s'occupera de la gestion du site de décharge et du contrôle du travail des entreprises communautaires et privées. Elle doit agir comme garant du maintien des normes écologiques à ce niveau, dans un but de préservation de l'environnement et de la santé publique. La gestion du site de décharge sous entend le contrôle du travail des entreprises privées à ce niveau et son entretien, à savoir : - Entretien et nettoyage réguliers des voies de circulation et des aires de stationnement à l'intérieur de la décharge pour rendre aisée la circulation des véhicules. - Entretien de l'extérieur de la décharge : ramassage des déchets légers emportés par le vent. - Dératisation permanente de la décharge - Désinsectisation - Lutte contre le dégagement des odeurs désagréables émanant de la fermentation anaérobie au sein de la décharge ou émanant de ces derniers lors de leur arrivée. La dératisation et la lutte anti-insectes peut être soit prise en charge par le personnel travaillant au sein de la décharge à condition qu'ils soient bien entraînés quant aux signes d'invasion ou alors par une entreprise spécialisée. Il est préconisé dans toute démarche de projet de développement d’utiliser des moyens matériels adaptés aux conditions locales (géographiques, climatiques, niveau de formation des travailleurs…). Des facteurs comme la motivation de la population à la participation financière et son adhésion aux activités sont une garantie de réussite du programme proprement dit. A la fin d’une première année d’activité, la détection de points faibles et forts de la gestion en vue d’une correction des lacunes, plus une redéfinition des objectifs permettront une meilleure planification et réussite des activités futures inscrites dans un cadre de continuité. 64 SOUS PARTIE 2 : LA COMMUNICATION SOCIALE, COMME OUTIL DE REUSSITE INCONTOURNABLE A TOUT PROJET DE DEVELOPPEMENT La communication sociale est un thème indispensable pour la réussite de tout projet de développement, particulièrement quand il s’agit d’un problème aussi grave que celui de la mauvaise gestion de l’environnement. 1- COMMUNICATION SOCIALE DANS LE CADRE MAURITANIEN Elle est subdivisée en deux composantes : Une composante institutionnelle formée par la télévision, la radio et la presse écrite gouvernementale et indépendante à la portée de tous les acteurs de développement. La radio, l’élément de communication le plus accessible, est très souvent utilisé par les différents acteurs du développement, notamment la commune et leurs partenaires pour la promotion du bien être socio-économique et sanitaire des populations. Utiliser ce canal pour faire connaître aux différents quartiers le programme, sous tous ces aspects sera bénéfique. La communication doit être surtout axée sur la diffusion de messages de sensibilisation sous forme de sketchs dans les quatre langues locales au niveau de la télévision et de la radio. Une composante communautaire au sein de laquelle le poids des leaders d’opinion comme les représentants administratifs, les imams, représentants communautaires et les artistes est de taille, doit être source d’inspiration, surtout pour un problème aussi sensible que la propreté. En outre toujours dans le cadre de cette participation communautaire par le biais de la communication sociale, la femme peut jouer elle aussi un rôle important, car gardienne des valeurs, c’est souvent par elle que passe toute information nutritionnelle, éducationnelle …divulguées par les pouvoirs publics. Une collaboration étroite est prévue avec elles, surtout pour leur participation aux campagnes de sensibilisation grand public. 65 Le plus gros bénéfice que la commune peut tirer d'une bonne communication avec les populations sera d'atténuer, voire éliminer leur indifférence face aux réalisations d'infrastructures de développement et aux actions d'hygiène. Cette communication ne demande qu'à être exploitée car bénéficiant à Nouakchott d'une bonne assise : - Taux de scolarisation et d'alphabétisation élevés - Concentration d'un grand nombre de leaders d'opinion : politiques, économiques, sociaux et religieux - Existence d'une masse médias importante : radio très suivie, télévision, journaux, indépendants innombrables, en plus des deux quotidiens nationaux. Plus de 80% de la population détient une télévision, la radio quant à elle est à la portée de toute la population nouakchottoise. Ces deux canaux doivent être exploités de manière préférentielle lors de la sensibilisation du public. NECESSITE DE PRISE EN COMPTE DE LA COMMUNICATION SOCIALE DANS LES ACTIVITES COMMUNALES Aujourd’hui les contrats entre la commune et les entreprises privées chargées de la gestion des déchets de la ville, montrent une relégation au second plan de la communication. En effet, aucun volet intégration communautaire ni sensibilisation des populations aux problèmes d'hygiène et de la propreté ne figure dans ces contrats, or il est nécessaire d'accorder une importance capitale à la communication dans l'intérêt de la réussite des actions communales. Au niveau horizontal on décèle également une grande défaillance de la communication entre la commune de Nouakchott et autres communes du pays, il en découle un manque de coordination et d'échange d'expériences surtout pour ce qui concerne le suivi des dossiers de financement et des programmes de développement. Ce problème de communication est aussi d'ordre extérieur et influence négativement la qualité de la communication entre la commune et ses partenaires étrangers divisant les avantages qu'elle peut tirer d'une bonne communication. Après l'analyse de cette situation critique, il est incontournable de créer une cellule de communication au sein de la commune pour une meilleure rentabilité des actions à mener avec une attention particulière à accorder à l’avis des populations car "c'est avec elles et non seulement pour elles," que les programmes de développement doivent être réalisés. La communauté doit jouer le rôle d'acteur actif dans ce contexte en la dotant des moyens lui permettant la prise en charge de ses problèmes et l’impliquant au processus gestionnaire. Cela veut dire tout d'abord, les sensibiliser au rôle capital qu'elle doit jouer pour sauvegarder son environnement, rôle qu'elle ne peut jouer qu'après sa responsabilisation et valorisation par la consultation en plus de la faire participer aux différents stades d'élaboration, d'exécution et d’évaluation des programmes de développement. 66 En Mauritanie, comme pour la plupart des PVD, on note un manque de coopération des populations qui adoptent une certaine rupture vis-à-vis de l’administration municipale considérée comme institution éloignée, inaccessible. On doit changer cette mentalité qui considère que la gestion des déchets relève de l’administration locale et ne concerne pas les populations qui ne doivent y participer financièrement. Il est nécessaire de lui faire comprendre le sens des taxes qu’elles versent et dont elles ne comprennent pas le devenir : les valoriser c'est aussi les informer que par ces taxes elles payent le prix d'une bonne qualité de leur environnement. Une coopération avec les jeunes de quartiers est à envisager pour l'affichage de posters géants et la distribution de dépliants d’information et de sensibilisation propres au programme le long des grands axes de la ville. 2- MODES D’ACTION PROPOSES DE LA COMMUNICATION SOCIALE La sensibilisation C’est la première étape de l’approche communicationnelle. Son but est de convaincre tous les acteurs intervenant dans le projet du bien fondé de la mise en place d’une structure de gestion des déchets. La structuration participative Une fois la phase de sensibilisation effectuée, la structure participative consistera à impliquer chacun des acteurs, en en lui conférant un rôle au cours des séances d’information. Par exemple, les représentants communautaires s’occuperont du suivi et de la diffusion des messages de prévention aux familles et communautés. L’intériorisation de l’action Un suivi s’impose pour évaluer le degré de diffusion du message et son intériorisation par les acteurs ciblés. C’est le but que s’assigne cette dernière phase. 67 3- QUELQUES IDEES DE FORMULATION DES MESSAGES Aux femmes : A travers une réunion organisée avec des représentants communautaires Le contenu du message doit valoriser les partenaires de manière à susciter leur implication importante. Pour ce, il faut qu’elles sentent que le succès des activités repose entièrement sur elles. Le message doit s’appuyer sur le fait qu’elles soient les premières personnes touchées par le problème, sans oublier de leur faire un aperçu de la gravité de l'insalubrité de l'environnement sur la santé de leurs enfants. En effet, il est de pratique courante que les enfants passent la majorité de leur temps libre à jouer dans la rue, surtout au niveau des quartiers populaires concentrant plus des trois quarts de la population de la ville. Il faudrait que ces femmes prennent conscience du souci permanent de la commune à améliorer leur bien être et celui de leurs enfants. Les viser en tant qu’actrices pour l’apport d’une solution au problème peut être perçu comme l’expression de la confiance qui leur est faite, ce qui peut jouer en faveur de leur adhésion massive et leur motivation continue. En guise de conclusion, on peut mettre l’accent sur le fait que leur participation active aux activités est une garantie pour l’amélioration de l’état de santé général de leurs enfants à travers la lutte contre la pollution de la ville. Aux Ministère de l'environnement, Ministère de Santé et des Affaires Sociales, Ministère de l’économie et des finances Il s'agit notamment de leur montrer, que la volonté de la commune à adopter de nouvelles stratégies de gestion des déchets avec implication massive des communautés tient compte de leurs efforts. Ces dernières vont dans le sens de la réduction de l’incidence des pathologies associées au manque d'hygiène environnemental et sont conjuguées à leur souci permanent de conférer à la population de bons indicateurs socio-économiques. Aux leaders d’opinion : Imams, représentants communautaires, artistes de notoriété… Il faudra faire ressortir leur sagesse, leur représentation dans l’esprit des gens et surtout leur impact sur la psychologique et le comportement de la communauté. Les Imams doivent remplir le rôle de "médecins spirituels". Les messages basés sur les préceptes de la religion seront véhiculés lors des prêches, chose importante au sein d’une société entièrement musulmane et attachée aux valeurs religieuses inspirées par la Sunna (vie du prophète Mahomet) très en faveur d'une bonne hygiène individuelle et générale par la formule célèbre " l'hygiène est le ré flet de la foi " (traduction de l'arabe). 68 Points importants de la campagne - Encourager à jeter les déchets dans les endroits conçus à cet effet - Encourager les habitants à utiliser un réceptacle de déchets adapté aux conditions économiques locales (sceaux en plastique, caisses de thé vert vides en bois…) qui doivent être vidés régulièrement au niveau des conteneurs communs et nettoyés. - Informer les habitants sur la nouvelle démarche de collecte de déchets avec ses modalités et sa fréquence. - Encourager des usagers au payement des redevances 5- CRITERES DE REUSSITE D’UNE BONNE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION - Les messages doivent être clairs et simples de telle manière à ne pas porter à confusion - La campagne ne doit demander aux populations que des pratiques potentiellement possibles. On ne peut pas demander à ces dernières de jeter les déchets au niveau des poubelles si ces dernières n'existent pas par exemple. - Les messages doivent être lancés par des personnes bien formées, préférentiellement des leaders d'opinion ou personnalités connues pour leur bonne réussite. 69 SOUS PARTIE 3 : MOYENS HUMAINS ET MATERIELS (financiers, logistiques) Pour démarrer les activités proposées avec le maximum de chances de réussites, il faudra d’abord régler des problèmes comme : L’insuffisance des ressources économiques Le problème de productivité de la main-d’œuvre en relation avec : une supervision inefficace, l’insuffisance ou l’inadaptation de l’équipement ou le problème de communication au sein des équipes de travail. C’est pour minimiser ces problèmes qu’une description détaillée des moyens tant matériels qu’humains et l’identification des bailleurs de fond pouvant contribuer au financement du programme est indispensable. 1- MOYENS HUMAINS - Le personnel des entreprises privées Pour maintenir une concurrence féroce et donc augmenter la qualité du travail, il est conseillé d’engager un nombre conséquent d’entreprises plutôt que deux ou trois. - Le personnel des entreprises communautaires L’intérêt de faire travailler des petites entreprises de la base est la livraison en terme de qualité d’un bon service à coût modéré tandis que sur le plan communicationnel, des liens se tissent forcément entre elles et les communautés au sein desquelles elles opèrent du fait qu’elles en soient issues. - Le personnel de la commune : Les 9 responsables départementaux (maires adjoints) Les surveillants (de collecte et d’infrastructures de traitement) Les travailleurs de la décharge et de l’unité d’incinération Les collecteurs de redevances Ce personnel peut être choisi au sein des 747 travailleurs de la commune et intégré au processus après une formation pour éviter de grossir les dépenses avec l’engagement d’un personnel communal supplémentaire. - Le gestionnaire responsable des activités Il doit avoir des notions en pollution et économie de l’environnement. Il aura à s’occuper de la coordination des toutes les activités, de leur supervision et des relations avec le personnel engagé et les différents acteurs intervenants dans le programme. 70 - Les formateurs L’idée est d’assurer la formation des éboueurs, surveillants et responsables communaux dans un cadre de coopération au niveau d’un pays en voie de développement avancé dans le domaine. Nous pensons notamment au Maroc, pays membre de l’Union du Maghreb Arabe dont fait également partie la Mauritanie, organisation crée pour le développement des coopérations technique, économique… entre ses 5 pays membres. 2- MOYENS MATERIELS Logistique - Matériel pour la campagne de communication : Affiches, brochures, prospectus, matériel didactique scolaire… - Gants, bottes, casques, masques et uniformes - Tout le matériel nécessaire à la construction de la décharge et de la petite unité d’incinération qui sera étudiée et dressé par un spécialiste - Des locaux pour entreposer le matériel de collecte (au niveau de chaque commune départementale. On disposera ainsi du matériel nécessaire pour le département en question sur place pour éviter les problèmes de rendement. - Conteneurs plastiques (quartiers résidentiels) - Conteneurs publics et porte conteneurs Il s’agit là de conteneurs de dimensions importantes et de conteneurs de taille plus réduite, généralement des fûts d’huile vide de 200L d’utilisation largement répandu au niveau des PVD. Ces fûts seront peints régulièrement et porteront l’enseigne de la commune. Vu la quantité de sable élevée dans les poubelles, les fûts seront percés à leur base. Ce procédé présente le double avantage de laisser couler le sable à travers les trous réduisant le poids des poubelles et de limiter les possibilités de leur détournement par les populations. Notons que ceci fut déjà expérimenté par le passé, sans succès en raison du nonremplacement régulier des fûts dégradés, ce qui explique l’état déplorable actuel de la saleté de la ville. 71 Les conteneurs fûts ne seront disponibles qu’au niveau des grandes artères de la ville et ne sont pas conçus pour contenir les déchets des ménages, mais plutôt ceux des passants ou promeneurs de voitures qui jusqu'aujourd'hui jettent leurs déchets sur la voie publique sans se soucier de leur impact sur la qualité de l'environnement et la propreté de la ville. Les éboueurs auront à déverser dans les grands conteneurs la collecte des conteneurs fûts et les déchets du balayage des espaces publics. Les ménages auront à apporter leurs déchets au même endroit pour une meilleure qualité des services en terme de couverture géographique. La collecte porte à porte n’est pas conseillée dans les PVD car de rendement très faible en prenant en compte les moyens de collecte non motorisés généralement utilisés. Cette faiblesse de rendement peut conduire à l’accumulation de déchets occasionnant les mauvaises odeurs et la prolifération des mouches conduisant à un aspect inesthétique de la ville. Il sera conseillé aux familles de se procurer des poubelles familiales pouvant être de simples seaux en plastique se refermant et d'entretien facile, des caisses vides de thé vert ou tout simplement réutiliser des poches plastiques pour baisser leur abondance dans l’environnement. - Du matériel de collecte approprié aux conditions géographiques locales : exp. : Eviter le matériel du style belles-tasseuses dont l’entretien fut de coût élevé par manipulation de matériel non adapté (métaux, sable…) Le matériel utilisé actuellement dont les charrettes aménagées ou non nous semble tout à fait adéquat aux conditions géographiques de la ville même s’il peut sembler rudimentaire. Pour des raisons économiques ce matériel sera maintenu. Les charrettes à bras aménagées ne sont pas conseillées au niveau des quartiers résidentiels abritant la bourgeoisie nouakchottoise et les ambassades dont il faut ménager la susceptibilité. Nous conseillons à la mairie une vente de conteneurs plastiques refermables au niveau de cette zone. Vu le niveau de vie généralement élevé des habitants, cette idée sera bien acceptée et elle permettra du même coup une augmentation des ressources financières de gestion du programme. Cette vente de conteneurs ne dispense pas les populations de s’acquitter de leur redevance mensuelle qui sera fixée par la mairie en prenant en compte le niveau de vie de chaque quartier de manière à ce qu’elle soit supportable durablement par tous. Nous préconisons un accès payant des structures privées aux services de collecte : hôtels, formations sanitaires (cliniques, cabinets dentaires…), formations industrielles de transformation des produits halieutiques, les fabriques de produits alimentaires de base (pain, lait, l’huile,...). La participation de ces formations sera plus conséquente que celle des familles du fait de leur pratique d’activités lucratives. Les services de collecte devront récupérer directement auprès d’elles les déchets. Cette tâche sera confiée aux entreprises privées de gestion de déchets plutôt qu'à celles communautaires car nécessite des moyens de transport motorisés d’une part et les déchets peuvent s’avérer dangereux d’autre part. 72 - Produits d’entretien et de désinfection des infrastructures de traitements de déchets et du matériel de collecte (grands conteneurs, conteneurs fûts, bennes, brouettes et charrettes à bras) Notons que les entreprises privées auront à leur charge la désinfection et la maintenance de leur propre matériel (bennes, pelles...). Ils devront par ailleurs fournir leurs travailleurs en matériel de sécurité pour travailler dans de bonnes conditions (tenues, bottes, gants,...). Ceci étant dit, les tenues doivent être communes à tous les travailleurs et doivent impérativement comporter en plus du logo des sociétés privées du service de gestion des déchets de la ville le logo communal. Pour respecter cette condition la commande doit être faite par la commune après récupération des frais nécessaires auprès des entreprises. Financiers Les démarches de financement que nécessite la réalisation du programme ne peuvent se faire sans l’aval et le soutien des pouvoirs publics en place. Le financement des activités après son évaluation par des experts fera l’objet d’une requête auprès : - - De la coopération bilatérale Des bailleurs de fonds étrangers en partenariat avec le pays Des O.N.G internationales implantées sur le terrain Des hommes d’affaires mauritaniens La communauté : prélèvement de redevances auprès des usagers. Le plafond de cette participation sera fixé de façon qu’elle soit supportée de façon durable et continue. Des communes Le programme ne doit pas compter continuellement sur l’aide extérieure et doit trouver une solution d’autofinancement plus en faveur de sa viabilité (les redevances et taxes des activités lucratives privées). 73 Autres partenaires - L’Office de Radiodiffusion et de Télévision Mauritanienne - La presse indépendante - Ministère de la Santé et des Affaires sociales - Ministère de l’environnement - Commissariat à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion sociale - ONG nationales et internationales (certaines d’entre elles sont à volet environnemental) - Ministère de la Culture et de l’Orientation Islamique - Secrétariat à la condition féminine. - Les bailleurs de fonds de la commune comme le GTZ (coopération allemande)… - Populations : représentants communautaires - Coopératives et associations féminines - Sociologues et psychologues mauritaniens : Leur rôle est important et consistera à établir les différents modes d’action autour desquels se fera la communication. 74 CONCLUSION GENERALE 75 Les disparités spatiales en PVD se doublent de disparités sociales. La qualité des services ne devrait pas produire ce schéma. La desserte est restée marquée par la loi du tout ou rien, or les quartiers des PVD présentent des caractéristiques diversifiées aspirant à des besoins spécifiques. Il faudrait donc s’orienter vers une stratégie d’adoption de techniques spécifiques à chaque quartier. L’ensemble des quartiers d’une ville de PVD ne peut être desservi avec des camions à bennes et belles-tasseuses en raison des problèmes d’accessibilité géographique posés par certains d’entre eux. De plus, la différence qualitative entre les déchets des PA et ceux des PVD plus denses et à taux d’humidité plus élevés n’impose pas de dispositifs de compactage qui par ailleurs produisent des liquides pouvant constituer une source de contamination des réserves d’eau. Le souci du modernisme ne doit pas pousser au mépris des procédés jugés très souvent obsolètes et qui ne demandent qu’à être améliorés pour minimiser au maximum leurs effets sur l’environnement et la perte de déchets au cours de leur acheminement vers la décharge. Il faut absolument éviter de copier les modèles des PA de gestion des déchets, très peu adaptés à la situation des PVD. La mise en place et la gestion d’une décharge, notamment contrôlée rendent souhaitable une rigueur à toute épreuve, l’exemple de la décharge de Casablanca et à moindre mesure celle d’Abidjan le démontre si bien. Pour mieux impliquer les populations et assurer une plate forme de communication entre les services et les habitants, il est nécessaire que les responsables de gestion soit à l’écoute des populations. Il faut promouvoir un dialogue et une concertation plus poussée non pas seulement entre les populations et représentants institutionnels, mais plus directement au sein de l’équipe des prestataires de services assurant le nettoyage des rues, les éboueurs, les balayeurs et les populations elles-mêmes. Balayeurs et éboueurs doivent être formés sur tous les aspects relatifs à l’hygiène et la sécurité, ainsi qu’aux méthodes de communication car se sont eux les représentants du service sur le terrain, au contact direct avec les habitants. L’objectif consiste à développer la communication interpersonnelle, directe au quotidien. Il convient par ailleurs d’encourager les organisations spontanées entre habitants de même quartier pour les campagnes de nettoiement volontaires en assistance avec leurs leaders et les responsables municipaux. Deux canaux privilégiés : l’école et la religion doivent être exploités pour l’éducation des populations, surtout dans un pays comme la Mauritanie où le mode de vie est régie par la religion. Les Imams dans ce pays peuvent durant leurs prêches rappeler les principes religieux relatifs à l’hygiène considérée dans la religion musulmane comme un acte de foi. La religion peut donc constituer un support efficace pour l’amélioration de la propreté et du respect de l’environnement. A un autre niveau, on peut appliquer le répressif donc la rigueur, mais en accompagnement de l’éducatif assuré par les associations ou groupements communautaires d’IEC. 76 Pour le cas spécifique de la Mauritanie, une démarche rigoureuse visant à l’adoption d’un arsenal juridique infaillible d’application du principe du pollueur payeur et l’adoption de méthodes modernes de traitement des déchets limitant le problème de pollution de l’environnement et l’exposition des populations aux problèmes sanitaires, doivent être entreprises par les pouvoirs publics pour le bien des populations, le plus rapidement possible avant l’atteinte du point de non-retour. Cette idée est tout à fait partagée par le spécialiste allemand Oeltzschner ayant intervenu dans un cadre de coopération technique sur la gestion des déchets en Mauritanie. La seule application des stratégies proposées avec une attention particulière accordée à la communication sociale devra suffire à leur réussite à condition qu’elles soient inscrites dans la continuité. En effet, on observe très souvent avec les changements de responsables municipaux un changement de démarche de gestion influençant la qualité des services municipaux. La prise en considération des caractéristiques de chaque quartier (décalage entre quartiers riches et pauvres...) ne doit pas être négligée, car elle constitue un élément déterminant de maximisation des résultats. La commune comptait réellement réaliser à la fin des contrats signés avec les entreprises privées qui était prévue pour fin août 2001, des sites aménagés de transit menus de rampes de chargement et un site de décharge contrôlée dotée d'un pont bascule de contrôle du tonnage transporté par les entreprises. Cette volonté n’a pu être concrétisée. De toute façon, doter la ville d’infrastructures modernes de gestion des déchets sans y associer les populations bénéficiaires des services ne réglera pas le problème de gestion des déchets à Nouakchott. La réelle note d'espoir au sein de cette prise en charge laxiste des déchets pourrait découler des récentes élections municipales du 19 octobre 2001 dont le but est de réussir une gestion indépendante et décentralisée des services communaux. Désormais 9 maires indépendants et non plus un seul auront à assurer la gestion des services communaux. Chacun d’entre eux aura à fonctionner avec un budget propre au niveau du département placé sous sa responsabilité. La réponse aux problèmes de déchets des PVD comme l’illustre le cas de Nouakchott, ne peut être exclusivement technique, elle doit aussi passer par une adhésion massive des populations et leur engagement en faveur d’un changement profond de mentalité et de comportement. Il faut s’attaquer à la racine du problème pour le résoudre de manière viable et définitive. 77 BIBLIOGRAPHIE 78 1 : Annuaire des Statistiques Sanitaires, année 1998, Ministère de la Santé et des Affaires Sociales/ Direction de la planification de la Coopération et des Statistiques/ Service des Statistiques et du Suivi du Plan Directeur, édition 2000 : 1-9. 2 : Assainissement et développement urbain, Ministère de la coopération, Association française des volontaires du progrès, 1996 : 43-81. 3 : BERTOLINI G, BRAKEZ M, Le déchet, indicateur social : Le cas des ordures ménagères à Agadir (Maroc), Géographie et cultures 1997, 24 : 91-109. 4 : BULLE S, Les enjeux de la participation de l’habitant dans le domaine de l’environnement, Collectif d’échanges pour la technologie appropriée, Echos du COTA 2000, 87 : 11-19. 5 : Bureau ETASCO Mauritanie/ Commune de Nouakchott, Stratégie de développement de la ville, phase 1 : diagnostic, juin 2000 : 1-62, 110-163. 6 : C.A.C International, Projet d’étude de faisabilité d’un projet privé d’infrastructure(PPI) : Réduction thermique des déchets de la ville de Nouakchott, capitale de la Mauritanie et leur valorisation par la co-génération électrique et le dessalement de l’eau de mer, Rapport d’étape 1, mars 2000 : 1-25. 7 : CISSE G, Dynamique urbaine et environnement : Collecte et traitement des déchets solides à Dakar (Sénégal), Espaces tropicaux n°15, DYMSET Talence, CRET, 1997 : 489495. 8 : DAUT C, Gestion et dynamique de valorisation des déchets urbains à Pondichéry (Inde). 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