Ekkehard Ernst
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Partie I: Politique monétaire Q Q Q Neutralité de la politique monétaire et ses conditions Canaux de transmission de la politique monétaire Choix des instruments de la politique Ekkehard Ernst 20 Politique monétaire: Neutralité I Q Différents concepts de la neutralité monétaire: – Neutralité à long terme d‘un changement de niveau de la masse monétaire – Superneutralité monétaire d‘un changement du taux de croissance de la masse monétaire Q Toutes les positions existent dans la littérature: – Neutralité même à court terme (uniquement des effets de surprise, pas d‘effet systématique): Lucas – Neutralité à long terme: Nouveaux Keynésiens – Superneutralité: Monétaristes – Absence de neutralité: Post-Keynésiens Ekkehard Ernst 21 Politique monétaire: Neutralité II Q Importance du concept de neutralité monétaire: – Si la monnaie est neutre, aucun impact sur l‘économie réelle de la fixation du taux d‘intérêt nominal et/ou de la masse monétaire n‘est à anticiper. – Dans ce cas, la politique monétaire peut être fixée de manière optimale sans prendre en considération d‘éventuelles conséquences pour l‘output ou le chômage – Alors on peut suivre la règle de Friedman, qui égalise les coûts d’opportunité privée de la monnaie (le taux d’intérêt nominal) aux coûts d’opportunité sociale de la monnaie (= zéro). Il s’ensuit un taux d’inflation optimale négative (le taux d’intérêt réel étant fixé par la productivité marginale du capital): π = -r Q Si la monnaie n’est pas neutre (au moins à court terme), alors la définition optimale de la politique monétaire doit prendre en considération des effets réels de l’évolution du taux d’intérêt nominal. Ekkehard Ernst 22 Politique monétaire: Effet de court et de long terme Q Effets réels de la politique monétaire – Effets de court terme: Modèle de Calvo avec rigidité des prix – Effet de long terme: Modèle de Tobin avec effet de portefeuille Q Les approches de la modélisation de la demande de monnaie: – « Cash in advance »; technologie de transaction – « Money in the utility function » (Sidrauski, 1967) – Appariement sur marché des biens (Kyotaki, Wright) Ekkehard Ernst 23 Politique monétaire: Le modèle de Tobin I Q Q Q Le modèle de Tobin décrit la croissance d’un modèle IS-LM standard basé sur le modèle de Solow Pas d’optimisation intertemporelle; propension à épargner donnée de manière exogène Fonction de production: Y = F(N,K); F’>0,F’’<0 en forme intensive: y = f(k), y=Y/N, k=K/N Q Demande de monnaie: M = Ld(pY,i,Wn) = ld(pY,i) ⋅ Wn avec Wn=p⋅W la richesse nominale et ∂ ld/∂ (pY)>0, ∂ ld/∂ i < 0 Q Q Équilibre du marché financier: r = i - π = df/dk = fk Richesse réelle: W=K+M/p (avec M/p: balance réelle) Ekkehard Ernst 24 Politique monétaire: Le modèle de Tobin II Q Q Effet de Fischer: L‘inflation diminue la valeur de la balance réelle et donc la demande de monnaie Balance réelle: m ≡ M/(pN) = ld(f, fk + π) ⋅ W = ld(⋅) ⋅(k + m) m = λ(k, π) ⋅ k avec λ(k, π) = Id/(1-Id) et dλ/dk > 0, dλ/dπ < 0 Q Q Q Q Contrainte de ressources: Y = C + I = C + dK/dt Revenu disponible et richesse: dW/dt = s ⋅ YD Consommation: C = (1-s) ⋅YD Revenu disponible, consommation et richesse: YD ≡ C + dW/dt =Y + (θ – π) ⋅ M/p Avec θ : croissance de l’offre monétaire (dM/dt)/M π : taux d’inflation Ekkehard Ernst 25 Politique monétaire: Le modèle de Tobin III Q Q Évolution de la richesse réelle: dW/dt = I + (θ – π)⋅m Détermination de la fonction d’investissement: I=Y–C C = (1-s) ⋅YD = (1-s) ⋅ (Y + (θ – π) ⋅ M/p) ÎI = s⋅Y- (1-s)⋅(θ – π)⋅m Ekkehard Ernst 26 Politique monétaire: Le modèle de Tobin IV Q Q Croissance du stock de capital par tête (dk/dt)/k: dk/dt = (dK/dt)/N-K ⋅(dN/dt)/N = I/N – nk avec n ≡ (dN/dt)/N Donc: gK = (dk/dt)/k = s ⋅ f(k)/k - (1-s)⋅(θ – π)⋅ λ(k, π) - n gK = h(k, π) ; dh/dk < 0, dh/dπ > 0 Ekkehard Ernst 27 Politique monétaire: Le modèle de Tobin V Q Q Q Croissance de la balance réelle par tête: m=M/(pN) gm = (dm/dt)/m = θ – π – n avec gm : croissance des balances réelles Différencier la demande pour la balance réelle (p. 28): gm = (λK⋅dk/dt + λπ⋅ dπ/dt)/λ+gK Donc accélération du taux d’inflation (dπ/dt): dπ/dt= (λ/λπ) ⋅ (gm - gK)- (λK/λπ) ⋅ dk/dt gπ = e(k, π) ; de/dk < 0, de/dπ > 0 Ekkehard Ernst 28 Politique monétaire: Le modèle de Tobin VI Q Q Q L‘etat stationnaire est défini par gπ = gK = 0 et donc: π* = θ - n s ⋅ f(k*)/k* = [(1-s)⋅ λ(k*, π*) +1] ⋅ n Le taux d‘inflation est déterminé par la croissance monétaire par tête (équation quantitative) Tobin (1965): Une augmentation de la masse monétaire augmente le stock de capital par tête d‘équilibre ainsi que le taux d‘inflation Ekkehard Ernst 29 Politique monétaire: Le modèle de Tobin VII Q Problèmes: – Formulation des anticipations • Anticipation myope Æ pas d’anticipations rationnelle • Solution proposée par Sidrauski (1967) • Alternatives: Générer la demande monétaire par des frictions financière; effet de Tobin lors de la création de vacances – Pas de persistance de l‘inflation (équation quantitative) • Prix fixés sur des marchés des biens compétitifs • Pas de friction sur le marché du travail (modèle de Solow !) Ekkehard Ernst 30 Prélude: Le modèle de Sidrauski I Q Q Q Développement du modèle de Tobin avec optimisation intertemporelle Afin de faciliter la prise en compte de la demande monétaire, elle entre directement la fonction d‘utilité des ménages (« money-in-the-utility function », MIU) Les ménages maximisent: ∞ max ∫ u (c t , mt )e − ρt dt ct 0 sous contrainte de M& t & Ct + K t + = w t N t + rt K t Pt Ekkehard Ernst 31 Prélude: Le modèle de Sidrauski II Q La contrainte peut être réécrite en forme intensive en divisant par la croissance de la population: & t + (π t + nt )mt = w t + rt k t ct + k&t + nt k t + m Q En utilisant la définition A=K+M/P, elle s’écrit: a& t = (rt − nt )at + w t − c t − (π t + rt )mt Q L’optimisation par l’Hamiltonienne: H = u (c t , mt ) + λt [(rt − n t )at + w t − c t − (π t + rt )mt ] Ekkehard Ernst 32 Prélude: Le modèle de Sidrauski III Q Conditions de premier ordre: u c (c t , mt ) = λt u m (c t , mt ) = λt (π t + rt ) λ&t = ρλt − (rt − n t )λt Q Les deux premières conditions impliquent alors que le taux marginal de substitution entre consommation et monnaie est égal au taux d’intérêt nominal: u c = u m (π t + rt ) Ekkehard Ernst 33 Prélude: Le modèle de Sidrauski IV Q Équilibre sur le marché des facteurs Q État stationnaire: rt = f ' (k t ) w t = f (k t ) − kf ' (k t ) & & & & – Inflation stationnaire: m = M ⇒ m = M − P − N = σ − π − n P ⋅N m M P N & m =0⇒π =σ −n m – Stock de capital optimal λ&t = 0 ⇒ ρ = rt − nt ⇒ f ' (k * ) = ρ + nt Q Il y a donc dichotomie entre grandeurs nominales et réelles: superneutralité monétaire Ekkehard Ernst 34 Politique monétaire: Le modèle Nouveau Keynésien I Q Q Q Q Optimisation intertemporelle – pas d’incohérence temporelle Compétition monopolistique Æ compétition imparfaite sur les marchés des biens (biens imparfaitement substituables) Modèle de fixation des prix – les prix ne sont plus résiduels dans une équation quantitative Question centrale: Quelle est l’hypothèse élémentaire qui doit être abandonnée pour invalider la neutralité monétaire ? Ekkehard Ernst 35 Politique monétaire: Le modèle Nouveau Keynésien II Q Modifications par rapport au modèle de Sidrauski: – Pas de capital Analyse de court terme; le stock de capital est supposé exogène – Compétition monopolistique Biens différenciés Modélisation de la fixation des prix – Politique monétaire implémentée via une règle de taux d‘intérêt Pas de politique de changement de la base monétaire Ekkehard Ernst 36 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique I Le ménage i maximise sa consommation et ses balances réelles contre une désutilité de travail (mesuré en unité de production, β>1) Q σ d C i M i P Ui = σ 1 − σ Q 1− σ La consommation est une consommation composite de n biens de consommation: n (θ −1) θ 1 (1−θ ) Ci = n ∑ C ji j =1 Q Yβ −κ β θ (θ −1) ...et le prix une composition de n prix de ces biens de consommation: 1 (1−θ ) Ekkehard Ernst 1 n 1−θ P = ∑ Pi n i =1 37 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique II Q La contrainte budgétaire du ménage i s‘écrit alors: n I i ≡ ∑ Pj C ji + M id = PYi + M i = PCi + M id j =1 Q On maximise alors deux problèmes – La demande monétaire optimale (Mi): ( ) I − M d P σ M d P 1−σ Y β i i i −κ max U i = max Mid Mid σ 1 σ β − – La consommation de chaque bien Cij, étant donné le niveau général de la consommation (Ci) fixé par le premier problème d’optimisation: n (θ −1) θ 1 (1− θ ) max C i = n C ∑ ji C ji j =1 θ (θ −1) n s.c. I i = ∑ Pj C ji + M id Ekkehard Ernst j =1 38 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique III Demande monétaire optimale: Q σ 1 1 − I i − M id P σ ( ) σ −1 M id 1− σ ( 1−σ 1 + − 1 σ −σ I i − M id σ ) d Mi ( ) −σ =0 σM id = (1 − σ ) I i − M id ⇔ M id = (1 − σ )I i ⇒ Ci = σ Q Consommation optimale: ∂C i ∂C i = λPj avec =n ∂C ji ∂C ji 1 1−θ ∑C j =1 n θ −1 θ ji 1 θ −1 C 1 − θ ji 1 n θ −1 1−θ = n ∑ C jiθ j =1 θ θ −1 1 θ Ii P 1 1 Ci −θ 1−θ = C n ji 1−1θ n 1 θ 1 −1 θ C ji θ = C i nC ji Donc C C ji = P i n −θ j 1 σI 1 = Pj−θ i λ nP λ Ekkehard Ernst θ 39 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique IV Q Comment déterminer le prix phantome λ ? ∂C i = λP ∂C ji ∂C i C ji = λPC ji ∂C ji n ∂C i C ji = λP ∑ C ji ∑ ∂ C j =0 j =0 ji n Q En appliquant le théorème d‘Euler des fonctions homogènes, on peut réécrire cette équation de manière suivante : n C i = λP ∑ C ji = λPCi j =0 Ekkehard Ernst ⇔ P= 1 λ 40 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique V Q On obtient alors la consommation et la demande monétaire suivante: Pj C ji = P −θ σI i nP M id = (1 − σ )I i Q Par ailleurs, la fonction d‘utilité optimale peut être réécrite: κ M P U i = i Yi − Yi β + i P P β Ekkehard Ernst 41 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique VI Q La demande agrégée: n n Y ≡ ∑∑ i =1 j =1 Q P j C ji P n I j σ M = σ ∑ = j =1 P 1 − σ P Le producteur i confrontera alors la demande: −θ −θ −θ Pi Y Pi σ M Pi M s d ≡ Yi = ∑ C ji = = P n P (1 − σ )n P P P j =1 n Ekkehard Ernst 42 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique VII Q Le producteur choisira alors son niveau de prix Pi afin de maximiser la fonction d’utilité indirecte sous la contrainte de sa fonction de demande: M κ P max U i = i Yi − Yi β + i Pi P P β s.c.: −θ Pi M s d Yi = P P ce qui peut être réécrit comme: P max U i = i Pi P Ekkehard Ernst 1−θ M P s κ Pi − β P − βθ M P s β M + i P 43 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique VIII Q La condition de premier ordre permet donc de déterminer le prix optimal: −θ 1 Pi M s 1 Pi (1 − θ ) + κθ PP P P P 1− θ M κθ P s 1− β P + i P Pi θ − 1 M s = κθ P P Ekkehard Ernst 1− β − βθ −1 β Ms = 0 P θ − βθ −1 =0 1 θ (1− β )−1 44 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique IX Q Condition d‘équilibre général: Pi P j = =1 P P Q A l‘équilibre, il y a donc dichotomie entre grandeurs nominales et réelles: 1 (1− β ) θ − 1 P = κθ Ms 1 (1− β ) θ − 1 Yi = κθ Ekkehard Ernst 45 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique X Q L’équilibre de premier rang se détermine en fixant le prix relatif à 1 et en maximisant la fonction d’utilité par rapport à Yi: κ M max U i = Yi − Yi β + i Yi P β Q Étant donné que θ>1 pour que l’équilibre existe, on peut facilement vérifier que Y**>Y*. 1 ( β −1) Yi Q ** 1 = κ A l’équilibre, la monnaie est neutre. L’introduction de la compétition monopolistique n’y change rien. Ekkehard Ernst 46 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique XI Q Les coûts d’ajustement des prix (« menu costs »). – Externalité pécuniaire: • En diminuant le prix du produit j, la demande de ce produit augmente. • En même temps, le niveau général des prix baissent également, ce qui augmente la demande pour tous les autres produits également – En présence de coûts d’étiquette, aucune entreprise n’a intérêt de dévier du prix optimal lors d’une injection monétaire • Tous les producteurs subissent la même perte de profit étant donnée qu’ils ne sont plus sur leur courbe d’offre optimale • Tant que les coûts d’ajustement des prix sont supérieurs à cette perte de profit, le niveau de prix ne change pas. – Ce résultat ne peut intervenir qu’en situation de rentes oligopolistiques Î sur un marché compétitif, les entreprises qui n’ajustent pas leurs prix disparaîtront Ekkehard Ernst 47 Le modèle Nouveau Keynésien: La compétition monopolistique XII Q Q Q Le modèle de compétition monopolistique suggère alors que les entreprises ont un intérêt de ne changer leurs prix qu’après un certain laps de temps. La littérature montre que ce motif peut être suffisant pour expliquer la rigidité nominale des prix, même à un faible niveau de coûts d’ajustement des prix. Le règle d’ajustement des prix à la Calvo est alors retenue pour l’introduire dans un modèle dynamique. Ekkehard Ernst 48 Politique monétaire: Le modèle Nouveau Keynésien II Q Q Q Coûts individuels vs. coûts sociaux: L‘importance des coûts d‘ajustement dans un modèle de compétition imparfaite Problème: coûts d’ajustement doivent être large pour permettre un impact significatif d’un choc monétaire; en général des rigidités nominales sur le marché du travail sont ajoutées Réponse à la question centrale initiale: L‘interaction entre les coûts d‘ajustement des prix ET la compétition imparfaite implique la non-neutralité de la monnaie Ekkehard Ernst 49