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Synthèse de conférence
Bilan des élections fédérales allemandes
Mardi 15 octobre 18h30-20h30
Le 22 septembre 2013, les Allemands ont voté afin d’élire les députés fédéraux du Bundestag.
Quel impact du résultat de ces élections sur les relations franco-allemandes et sur l’avenir
de l’Union européenne ?
Avec la participation de Guillaume DUVAL, rédacteur en chef du mensuel Alternatives
Economiques et auteur du livre Made in Germany : Le modèle allemand au-delà des mythes,
Ulrike KOLTERMANN, journaliste allemande indépendante, Hans STARK, professeur des
universités, Paris-Sorbonne, secrétaire général du Comité d’études des relations francoallemandes (Cerfa)/Ifri.
Le débat a été modéré par Henri de BRESSON, rédacteur en chef du magazine Paris-Berlin,
ancien responsable des affaires européennes au Monde.
La configuration politique de l’Allemagne est
relativement stable puisque les démocrateschrétiens de la CDU et de la CSU et les libéraux
du FDP siègent au Parlement fédéral allemand, le
Bundestag, depuis 1949. Entre 2009 et 2013, la
coalition CDU-CSU-FDP était placée sous l’autorité
de la chancelière Angela Merkel.
Avec 42,5% des voix pour la CDU lors des élections
du 22 septembre 2013, Angela Merkel conserve
son poste en tant que chancelière de l’Allemagne.
Par conséquent, les négociations pour la
formation d’un gouvernement de coalition, soit
avec le SPD, soit avec les Verts, sont ouvertes.
Henri de Bresson lance le débat en ces termes
: quel sera l’impact de la nouvelle coalition sur
les relations franco-allemandes et sur l’avenir de
l’Union européenne (UE) ?
gouvernement allemand va-t-il traiter des
grandes questions européennes ? Va-t-il changer
sa position concernant les questions de défense,
d’énergie et de gestion de la zone euro?
Ces interrogations sont légitimes dans la mesure
où la France et l’Allemagne n’ont pas la même
vision de ce que doit être l’UE, la France étant
confédéraliste et l’Allemagne fédéraliste. De cette
manière, les deux pays n’ont pas la même approche
concernant la participation de la Grande-Bretagne
Hans Stark rappelle alors que la politique
européenne passe par la chancelière. La question
se pose donc ainsi : comment le nouveau
1
au projet européen. D’autre part, les décisions
en matière de politique énergétique des deux
pays divergent. La France misant sur le nucléaire
et l’Allemagne sur le renouvelable. Il en est de
même concernant la défense, la France ayant
une tendance interventionniste, contrairement
à l’Allemagne. Enfin, Guillaume Duval souligne
que la gestion de la zone euro est un enjeu
incontournable pour la sortie de crise des Etats
membres (EM) de l’UE. Dans son livre, Made
in Germany : le modèle allemand au-delà des
mythes, il se montre critique envers les réformes
socio-démocrates du SPD de Gerhard Schröder.
L’ancien chancelier allemand (de 1998 à 2005)
avait lancé en 2003 l’Agenda 2010 qui proposait
des réformes économiques radicales comme la
réduction des aides de l’Etat et la création de
mini-jobs (400 euros pour 15h/semaine). Ces
mesures ont permis à l’Allemagne de retrouver
sa compétitivité au prix d’une explosion de la
précarité ; conséquence qui a divisé le SPD.
Aujourd’hui, le nouveau gouvernement doit
soutenir une politique discrétionnaire1 pour
mettre fin à l’austérité et répondre ainsi aux
attentes des Allemands. Sur ce point, dans un
récent sondage Gallup (http://fr.scribd.com/
doc/172138343/Gallup-Debating-Europe-PollAusterity-Policies), les Allemands ont rejoint la
position des autres Européens qui considèrent
que la politique d’austérité est inefficace.
conséquence, il propose d’établir des passerelles
dans ce domaine, et le Commissariat à l’énergie
atomique et aux énergies alternatives (CEA)2 et
E.ON3 , producteur et fournisseur d’énergie (gaz
et électricité) cherchent d’ailleurs à se rapprocher
(http://www.cea.fr/energie/accord-energienucleaire-e.on-34954).
Ulrike Koltermann pose ensuite la question
de la politique extérieure. Du fait notamment
de leur histoire respective, les positions des
deux pays concernant la politique de défense
sont très divergentes et l’Allemagne s’en trouve
isolée. Par exemple, le pays n’a pas pris part à
l’intervention européenne en Libye de 2011. Le
nouveau gouvernement d’Angela Merkel serat-il en faveur d’un approfondissement de la
construction de l’Europe dans ce domaine ? Bien
qu’ayant une conception fédéraliste, Hans Stark
souligne que la chancelière est consciente que
l’intergouvernementalisme sur ces questions est
davantage approprié. Ulrike Koltermann ajoute
que la politique étrangère commune ne doit
pas uniquement comporter un volet militaire.
L’Allemagne est une grande puissance civile et
apporte sa contribution à la politique extérieure
de l’UE en ce qui concerne l’immigration et
l’accueil des demandeurs d’asile.
Outre la gestion de la zone euro, Ulrike Koltermann
invite le nouveau gouvernement à fixer à l’ordre
du jour les questions énergétiques, l’Allemagne
ayant décidé de sortir du nucléaire. Guillaume
Duval illustre ces propos par un paradoxe : plus
ancienne zone industrielle du monde, l’Europe
est obligée d’importer du pétrole et du gaz dès
qu’elle se trouve en situation de croissance
économique. Ne pourrait-on pas imaginer un
grand service public européen de l’énergie ?
Hans Stark montre que, si, à priori, tout semble
séparer la France et l’Allemagne sur la question
énergétique, en réalité, si on regarde les flux
entre les deux pays (achat d’énergie renouvelable
à l’Allemagne, achat d’énergie nucléaire à la
France), il n’y a plus de frontière en Europe. En
En conclusion, l’impact des élections fédérales
allemandes sur l’avenir de l’UE est relatif dans la
mesure où, d’une part, Angela Merkel conserve
son poste de chancelière et, d’autre part, tenant
en compte le fait que le devenir de l’UE dépend
des personnalités qui la représentent. Or, ni
le président de la Commission européenne,
1 Une politique discrétionnaire agit sur du court terme et tente
d’infléchir l’équilibre économique dans un sens favorable à la
maximisation de l’utilité sociale. Elle réagit au « coup par coup »
selon la perception de l’état de l’économie et s’oppose, par là, à une
politique de règle qui consiste à se fixer un objectif de moyen à
long terme et à s’y tenir.
2 http://www.cea.fr/
3 http://www.eon.fr/fr.html
2
José Manuel Barroso, ni le président du
Conseil européen, Herman Van Rompuy, ni
celui du Parlement européen, Martin Schulz,
ni la haute représentante de l’Union pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité,
Catherine Ashton, n’apparaissent comme étant
des personnages charismatiques. Sur ce constat
repose l’enjeu des élections européennes du 25
mai 2014. En effet, les pouvoirs du Parlement
européen ont été accrus par le Traité de Lisbonne.
Désormais, le président de la Commission devra
être issu de la majorité parlementaire et élu par
le Parlement européen.
Compte rendu rédigé par Héloïse Perus
Les principaux partis politiques allemands :
Partis représentés au Parlement fédéral allemand, le Bundestag :
•
CDU : union chrétienne-démocrate d’Allemagne. Equivaut à l’Union pour un Mouvement Populaire
(UMP) en France. Parti de la chancelière Angela Merkel.
•
SPD : parti social-démocrate allemand. Equivaut au Parti Socialiste (PS) en France.
•
FDP : parti libéral-démocrate représentant les Libéraux.
•
Die Linke : parti communiste.
•
Les Verts : parti marqué à gauche.
•CSU : parti chrétien-démocrate bavarois.
Partis non représentés au Bundestag :
•
AFD : Alternative pour l’Allemagne. A rapprocher de l’extrême droite française pour l’idée d’un
abandon progressif de l’Euro.
•
NPD : parti national-démocrate d’Allemagne. Le NPD est clairement un parti d’extrême droite.
•
Le parti pirate allemand : parti militant pour le partage des connaissances, l’égalité des droits ainsi
que les libertés fondamentales.
Retrouvez la Maison de l’Europe de Paris sur Internet via notre site :
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