PDF Herunterladen - Nr. 48

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Office fédéral de la santé publique
3003 Berne, www.bag.admin.ch
Janvier 2005/no 48
Quelles sont les mesures efficaces en
matière de politique de l'alcool?
Prévention et promotion de la santé
spectra
Prévention de l’alcoolisme. Responsable de plus de 1200 cas de décès et de 30'500 années de vie perdues
chaque année, sans compter la souffrance morale imposée aux proches, l’abus d’alcool est l’un des problèmes
de santé majeurs en Suisse. Selon des estimations prudentes, ses effets ont un coût social direct et indirect de
2,2 milliards de francs, auquel il convient d'ajouter 4,3 milliards de francs supplémentaires de coûts immatériels. Une comparaison internationale place la Suisse parmi les plus gros consommateurs, avec 9,0 litres
d’alcool par personne en 2003.
Dès janvier 2005, la police pourra procéder, en Suisse, à des contrôle de l'air expiré sans qu'il y ait d'indices d'ébriété.
L
e livre «Alcohol: no ordinary commodity. Research and public policy»
de Babor(1) et al., dont la version allemande intitulée «L’alcool – un bien de
consommation pas ordinaire. Recherche et politique d’alcool» avec un chapitre consacré à la Suisse sera publiée au
printemps 2005, recommande des mesures de prévention de l’alcoolisme sélectionnées selon les critères suivants:
• La mesure a-t-elle démontré
son efficacité sur la réduction des
problèmes dus à l’alcool?
• Combien d’études ont attesté les effets?
• La stratégie a-t-elle déjà été
appliquée avec succès auprès de
différentes cultures?
• Quel est le rapport coûts/efficacité
et qu’en est-il de la comparaison
avec d’autres mesures?
P. P.
3052 Zollikofen
Best Practices
Selon Babor et al., les dix recommandations suivantes (ce classement
n’est pas synonyme de leur degré
d’importance) répondent le mieux
aux critères susmentionnés:
• Contrôles spontanés de
l’alcoolémie des automobilistes
à l’aide d’éthylomètres
• Baisse de la limite du taux
d’alcool autorisé dans le sang
pour les automobilistes
• Retrait du permis de conduire en
cas d’infraction aux dispositions
en matière d’alcool au volant
• Autorisation de conduire
graduelle pour les débutants
(permis de conduire)
• Age minimum requis pour acheter
de l’alcool et contrôles appropriés
• Monopole de l’Etat pour le
commerce de détail
• Limitation des heures d’ouverture
des points de vente d’alcool
• Limitation du nombre de débits
de boissons
• Taxation de l’alcool
• Interventions ponctuelles brèves
auprès des consommateurs à
risque par des professionnels
(par ex. médecins de famille)
Ces dix recommandations peuvent
être regroupées selon quatre thèmes
de mesures suviants:
• Mesures en matière de sécurité
routière
• Mesures structurelles relatives
aux points de vente
• Taxation
• Interventions brèves
Mesures en matière
de sécurité routière
La Suisse s’est dotée d’une nouvelle
loi sur la circulation routière à partir de
2005 qui comprend les mesures suivantes pour la consommation d’alcool:
• Baisse du taux d’alcoolémie de
0,8 à 0,5 pour mille,
• Contrôles spontanés d’alcoolémie
à l’aide d’éthylomètres,
• Système crescendo de mesures
administratives comprenant une
prolongation de la durée du retrait
de permis à chaque nouvelle
infraction, pouvant aller jusqu’à
l’interdiction définitive de conduire,
• Permis à l’essai et une formation
en deux étapes: les nouveaux
conducteurs reçoivent un permis
à l’essai valable trois ans. Cette
période peut être prolongée et,
en cas de récidive, le permis de
conduire peut être annulé.
Le nouveau taux d’alcoolémie de
0,5 pour mille et le système crescendo pour les récidivistes entreront en
vigueur au 1er janvier 2005, en
même temps que la tolérance zéro
pour la conduite sous influence de
drogue. Le permis à l’essai et la formation en deux étapes entreront en
vigueur à la fin de 2005.
Contrôles de
police fréquents
Dans l’ensemble, ces mesures vont
suite page 2
Pas de publicité pour l’alcool
«L’alcool et le sport: un couple mal assorti». Werner Starz, responsable de la
communication d’Eurosport, nous explique pourquoi les responsables de la
chaîne de sport européenne ont décidé
de renoncer à toute publicité (à une
exception près) pour l’alcool sur leurs
émetteurs qui touchent 98 millions de
ménages dans 54 pays: «Nous assumons
notre responsabilité sociale.» >> page 4
Des enfants s’enivrent
jusqu’au coma
La recrudescence dramatique du nombre d’enfants et d’adolescents hospitalisés après une intoxication alcoolique a
conduit la Villa Schöpflin (centre de
prévention des dépendances à Lörrach,
voir photo) à développer un concept global de prévention: «Hart am LimiT –
HaLT.» L’idée «régionale» fait école et
est appliquée désormais dans toute
l’Allemagne dans la prévention de
l’alcoolisme et l’intervention auprès
des enfants et des adolescents. >> page 5
Prévention du tabagisme
Responsable du décès de 8'300 personnes par an, le tabac a également un
coût social énorme. La nouvelle ordonnance sur le tabac renforce le cadre
législatif, et le Fonds de prévention du
tabagisme investit quelque 18 millions
de francs pour la lutte contre le tabagisme.
Comment et où? Réponse en >> page 8
page 2
spectra no 48 • Janvier 2005
Brochures actuelles
sur l’alccol
Brochure «Alcool – trop c'est
combien?»
Editée par ISPA et OFSP. 12
pages, gratuite. A commander auprès de l’ISPA (adresse ci-dessous)
ou par www.programme-alcool.ch
«Le coût social de l'abus
d'alcool en Suisse»
Auteur: Prof. Claude Jeanrenaud.
Editée par ISPA avec soutien de
l’OFSP. 20 pages, gratuite. A commander auprès de l’ISPA (adresse
ci-dessous).
«Chiffres & données sur l'alcool
et les autres drogues»
Editée par l’ISPA, avec soutien de
l’OFSP. 96 pages, prix: CHF 8.–.
A commander auprès de l’ISPA
(adresse ci-dessous).
suite de la page 1
dans le bon sens et ont déjà prouvé
leur efficacité dans d’autres pays.
L’expérience montre toutefois que la
réussite de la législation en matière
de politique de la circulation routière dépend largement de la mise en
place, de la visibilité et de la fréquence sensible des contrôles. Les conducteurs potentiellement en état d’ivresse ne seront conscients du fait qu’ils
risquent réellement de se faire prendre que si les contrôles sont effectués
non seulement juste après la modification de la loi, mais durablement et
selon une fréquence élevée.
Information et éducation
Une bonne information et une sensibilisation suffisante pour ancrer les
règles légales dans la conscience de la
population constituent un autre élément du succès durable des mesures
susmentionnées. Il faut que la population considère l’incompatibilité rigoureuse entre la consommation
d’alcool et la conduite comme une
évidence.
Des expériences faites à l’étranger
ont démontré l’efficacité de la tolérance zéro pour les nouveaux
conducteurs sur la prévention des
accidents de la route imputables à
l’alcool. Deux raisons sont à l’origine
de l’efficacité de cette mesure: souvent jeunes, les nouveaux conducteurs sont non seulement encore mal
habitués au maniement de leur véhicule, mais encore imprudents dans
leur consommation d’alcool dont ils
sous-estiment bien souvent les effets.
La tolérance zéro en matière d’alcool
pour les jeunes conducteurs n’est pas
prévue dans la prochaine modification de la loi en Suisse, bien qu’elle
soit devenue la règle non seulement
dans une grande partie de l’Amérique du Nord, mais également chez
nos voisins autrichiens. Cette mesu-
re permettrait toutefois de réduire de
20% le nombre d’accidents mortels
la nuit chez les automobilistes de
moins de 21 ans.
Réglementation
concernant les points
de vente d’alcool
Des bases légales aux niveaux cantonal et fédéral stipulent qu’il est
interdit de vendre et de servir de l’alcool à des enfants et des jeunes de
moins de 16, resp. 18 ans. Il est interdit, dans toute la Suisse, de vendre et
de servir des boissons distillées (alcopops compris) aux jeunes de moins
de 18 ans. De plus, il est interdit dans
tous les cantons de servir du vin, de
la bière et du cidre aux moins de 16
ans. Le Tessin fixe la limite d’âge à 18
ans pour tous les alcools. Enfin, le
Code pénal suisse prévoit des peines
pour qui remet des boissons alcoolisées dans des proportions dangereuses pour la santé.
Contrôles d’identité
auprès des jeunes
Dans le passé, les règles étaient insuffisamment respectées. C’est ainsi
que des enquêtes ont démontré à
plusieurs reprises dans différents cantons que même des enfants de 13 ans
pouvaient acheter de l’alcool sans
problème dans les magasins, ou s’en
faire servir. Or, l’article 37a modifié
de la loi sur les denrées alimentaires
requiert, entre autres, que les boissons contenant de l’alcool soient proposées à la vente de telle manière
qu’on ne puisse les confondre avec des
boissons sans alcool et que les points
de vente soient munis d’écriteaux
bien visibles sur lesquels figure de
façon clairement lisible que la remise
de boissons contenant de l’alcool est
interdite aux enfants et aux jeunes.
L’obligation d’informer et le débat
général sur la protection de la jeunesse en Suisse ont conduit certains
distributeurs alimentaires à renforcer la formation de leur personnel
de vente en matière de dispositions
légales. Des expériences faites dans
d’autres pays ont démontré sans
ambiguïté qu’il ne suffit pas d’installer des écriteaux dans tous les
points de vente. Le contrôle des papiers d’identité visant à vérifier que
les jeunes acheteurs ont l’âge minimum devrait s’imposer comme normal.
L’application de ces lois est de la
responsabilité des cantons. A ce jour,
le respect des dispositions légales est
trop rarement contrôlé, les peines
pour contravention trop rarement
prononcées ou, si elles le sont, elles
sont encore trop peu dissuasives.
Disponible partout
et en tout temps
La «clause du besoin», une disposition d’autorisation pour les points
de vente qui suppose une certaine
proportion entre le nombre d’établissements de vente et celui des habitants, a été abolie dans tous les cantons (à une exception près). Cette
décision est très regrettable d’un
point de vue de politique de santé,
car le lien entre la densité des points
de vente et la quantité d’alcool
consommé a été clairement démontré.
D’autres restrictions de la disponibilité de l’alcool ont été levées récemment en Suisse. Ainsi, les heures
d’ouverture autorisées des restaurants et autres points de vente (dont
les stations service) ont été prolongées dans différents cantons. Or, pour
ce genre d’établissements, ces horaires
prolongés ne sont souvent rentables
que grâce à la vente d’alcool.
La taxation,
une mesure efficace
Une taxation plus lourde, entraînant un prix plus élevé des boissons
alcooliques, est une des mesures les
Bridging the Gap
A Varsovie, Eurocare a réuni les représentantes et les représentants des Etats membres de l’UE avec l’objectif
ambitieux de mettre en réseau les chercheurs et les décideurs en matière de politique d’alcool.
«Enfant dans une famille
alcoolique»
Editée par ISPA, en collaboration
avec Fachverband Sucht, GREAT,
Ingrado et la Croix-Bleue, avec
soutien de l’OFSP. 12 pages, gratuit. A commander auprès de l’ISPA (adresse ci-dessous).
Tableau des «pour-mille»
Edité par l’OFSP et GastroSuisse.
8,4 x 5.4 cm, gratuit. A commander
sous www.programme-alcool.ch
Adresse de commande ISPA:
SFA-ISPA, case postale 870,
1001 Lausanne, tél: 021 321 29 35,
fax 021 321 29 40, [email protected],
www.sfa-ispa.ch
Des chercheurs en alcoologie et des
gens de terrain originaires de toute
l’Europe se sont réunis, du 16 au 19
juin 2004, à Varsovie, pour comparer
les résultats de leurs recherches et
leurs expériences concrètes afin de
débattre des priorités et de réfléchir
aux meilleures mesures à prendre
dans un monde de plus en plus globalisé. Le libéralisme, l’ouverture
des marchés et les libertés personnelles sont parfois incompatibles
avec les mesures qui seraient nécessaires pour protéger les jeunes
et tous ceux qui sont dépendants de
l’alcool.
Le message de la science
Ceux qui s’engagent chaque jour
dans les programmes d’éducation
et de prévention ont souvent de la
difficulté à accepter le message que
la science nous présente, les résultats des études et les analyses des
mesures de prévention ou des programmes de lutte contre l’alcoolisme. En effet, les chercheurs et leurs
études nous montrent que les mesures véritablement efficaces sont
les mesures coercitives que l’Etat
peut ordonner: le respect de l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs, la limitation des points de
vente d’alcool, la définition d’une
taxation, des contrôles d’alcoolémie
au volant.
Inversement, il apparaît que les
codes de comportement pour les
commerçants, les mesures éducatives, les mesures de prévention et les
mises en garde contre les dangers
de l’alcool sont largement inefficaces.
L’action politique
Il appartient donc aux Etats et à la politique de prendre les mesures nécessaires. Certaines d’entre elles
sont de la compétence des autorités
locales et régionales, comme l’attribution de licences pour le commerce
de boissons alcoolisées et la réglementation des heures d’ouverture.
D’autres sont du ressort de l’autorité
nationale, à citer tout particulièrement la taxation des boissons alcoolisées qui est confrontée aujourd’hui
à de nouveaux problèmes: la libéralisation du commerce et la libre circulation des marchandises dans l’UE
anéantissent l’effet des taxes élevées perçues par les pays de l’Europe du Nord pour des raisons de santé
publique. Le Danemark et la Finlande
ont dû baisser leurs impôts, la Suède
envisage de faire de même afin de li-
miter le «tourisme» transfrontalier.
Il était temps que les milieux scientifiques et ceux de la prévention
s’organisent pour livrer à leurs autorités respectives et, surtout à
Bruxelles, des analyses claires et
des données objectives. On peut
donc espérer le développement progressif d’une politique commune et
l’abord d’une discussion trop longtemps refoulée sur l’harmonisation
des taxes sur les alcools ainsi qu’une méthode cohérente de lutte
contre l’abus d’alcool et ses effets
dévastateurs pour la santé publique
et l’économie de notre continent.
Source: «Communica», septembre
2004, revue de la Régie fédérale des
alcools, Berne
www.eurocare.org
Contact: Irène Abderhalden, OFSP,
3003 Berne, tél. 031 324 97 76,
[email protected]
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spectra no 48 • Janvier 2005
Prévention de l’alcoolisme au niveau cantonal
En première ligne
Plans cantonaux d’action alcool. Un grand nombre de mesures destinées à lutter contre l’abus d’alcool
est du ressort des cantons. C’est pourquoi la Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool s’efforce
de soutenir les cantons dans la mise en place et l’exécution de plans cantonaux d’action alcool (PCAA).
L
a deuxième réunion PCAA s’est
tenue le 17 novembre 2004 à
Berne. Le matin, Michel Graf, directeur de l’Institut suisse de prévention
de l’alcoolisme et autres toxicomanies, a présenté aux participants un
résumé des derniers résultats des études effectuées dans le domaine de
l’alcool. Se référant à la publication
de Babor et al. «Alcohol: no ordinary
commodity. Research and public policy», il a également présenté les mesures dont l’efficacité est attestée
dans la prévention de l’alcoolisme.
L’après-midi, deux groupes de travail ont permis un échange d’expériences intercantonal. Dans le premier groupe, des représentants des
cantons d’Appenzell Rhodes-Extérieures et du Jura ont exposé leurs
expériences de la création d’un
PCAA. «Evaluation», le sujet abordé
par le second groupe, s’adressait à des
représentants des cantons déjà plus
avancés dans la réalisation des plans
d’action.
Plan national d’action alcool
Les problèmes d’alcool ne pourront
pas être résolus efficacement sans
une concertation déterminée entre
les niveaux national et cantonal.
C’est ce qui a conduit la Commission
fédérale pour les problèmes liés à l’alcool, organe consultatif du Conseil
fédéral présidé par Christine Beerli, à
publier, au mois de novembre 2000,
un plan national d’action alcool
(PNAA) global. Ce document formule des objectifs et des mesures dans
les secteurs de la prévention, de la
thérapie, de la réduction des dommages et des mesures d’action aux
niveaux fédéral, cantonal et communal, et s’appuie sur le Plan européen
d’action alcool de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS).
De nombreuses mesures contenues
dans le PNAA sont du domaine de
compétence des cantons. C’est pourquoi la Commission fédérale pour les
problèmes liés à l’alcool a soumis le
PNAA aux cantons, en été 2001, en
leur demandant de se prononcer.
L’accueil majoritairement positif a
incité la Commission à élaborer un
concept destiné à soutenir le développement des plans cantonaux d’action alcool. L’objectif de ce projet est
d’apporter conseil et information aux
cantons pendant le processus de mise
en place de leurs propres plans d’action.
Deux journées régionales, organisées en été 2003 à Genève et à Zurich, ont montré que les cantons
manquent souvent à la fois de temps
et d’argent et que les petits cantons
sont les plus concernés par ces difficultés de mise en place d’un projet
PCAA. Il est donc nécessaire que la
Confédération s’engage davantage
pour
• légitimer le travail fait au niveau
cantonal,
• répondre au besoin de plate-forme
d’échange intercantonal et au
besoin d’information sur les projets
en cours et prévus, aux niveaux
cantonal et intercantonal,
• donner une impulsion
conceptuelle sous forme de
transfert de connaissances et
• inciter à plus long terme les
cantons pauvres en ressources à
agir davantage dans le domaine
de la prévention de l’alcoolisme,
en tissant par exemple davantage
de liens avec d’autres cantons.
cacité et le coût raisonnable de ce
type d’interventions pour réduire la
consommation d’alcool et les dégâts
dus à l’alcool.
Les brèves interventions faisaient
partie intégrante du programme national d’alcool «ça débouche sur
quoi?». Actuellement ce projet est
soumis à une analyse de situation,
afin de décider de sa poursuite et de
la forme sous laquelle il sera continué. En Suisse les brèves interventions n’ont joué, jusqu’à aujourd’hui
qu’un rôle insignifiant auprès des
médecins de famille ou dans les cen-
tres de conseil en alcoolisme.
La journée du 17 novembre a fait
avancer les choses dans cette direction.
Contact: Liliane Bruggmann, OFSP,
3003 Berne, tél. 031 322 57 81,
[email protected]
suite de la page 2
plus efficaces et les moins coûteuses
pour réduire la consommation d’alcool. En Suisse, le succès de cette
mesure est très bien démontré par
l’impact de l’impôt spécial sur les alcopops. Les organisations de prévention envisagent une augmentation de
la taxation de la bière dans le cadre de
la révision de la loi sur la bière.
L’OFSP soutient cette initiative, car la
bière est la boisson alcoolique la plus
consommée, et que les jeunes hommes, notamment, en consomment
des quantités dangereuses pour la
santé.
En 1999, les conventions du GATT
imposaient l’harmonisation de la fiscalité sur les spiritueux suisses et
étrangers, soumis jusqu’à ce moment
à une taxation différente selon qu’il
s’agissait de produits suisses ou
étrangers. La décision prise a entraîné une réduction sensible de la fiscalité sur un grand nombre de spiritueux étrangers (par ex. les whiskys)
et une légère augmentation de celle
sur les spiritueux suisses (notamment les alcools de fruits comme le
kirsch). Cette baisse des prix a entraîné, comme prévu, une augmentation appréciable de la consommation de spiritueux.
Potentiel des
brèves interventions
Par brèves interventions, on entend des interventions préventives
ou un traitement prophylactique
avant ou après l’apparition de problèmes dus à l’alcool. Elles peuvent
être pratiquées par des médecins formés et par d’autres intervenants de la
prévention primaire (par ex. dans les
services d’urgence) avec pour objectif de faire baisser la consommation.
Plusieurs études ont démontré l’effi-
Ces résultats seront intégrés dans
le développement du Programme
national alcool, compte tenu de la
situation politique en Suisse.
1) Babor et al. «Alcohol: no ordinary
commodity. Research and public policy»
Oxford University Press 2003
Contact:
Anne Lévy, OFSP,
3003 Berne, tél. 031 325 12 66,
[email protected]
Succès de la conférence nationale sur les drogues de
synthèse et sur la cocaïne
La première Conférence nationale
sur les drogues de synthèse et sur
la cocaïne, qui s’est tenue les 3 et 4
juin 2004 à Berne, a suscité un très
vif intérêt: 313 au lieu de 150 personnes prévues à l’origine ont participé à la conférence. Un tiers d’entre elles a utilisé les questionnaires
d’évaluation distribués et manifesté
sa satisfaction ou grande satisfaction (91%) par rapport à la Conférence, ainsi que sa satisfaction par
rapport au contenu (bon à très bon,
93%).
Prochaine étape
Les expériences faites lors de la
conférence seront rassemblées
dans un catalogue de recommandations et de mesures que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP)
doit préparer pour début 2005. Les
recommandations reposent sur les
papiers de thèses distribués par
l’OFSP avant la conférence et qui
avaient alimenté les débats. Le domaine relativement peu abordé
dans le programme de la conférence, celui de la réduction des risques
notamment pour les cocaïnomanes
fortement dépendants, se verra accorder une importance particulière
lors de l’élaboration du catalogue de
recommandations et de mesures.
D’éventuelles mesures mises en
oeuvre par l’OFSP lui-même, en particulier dans le domaine de la coordination, seront réalisées à partir de
février 2005. La documentation finale détaillée sur la conférence sera
disponible en juin 2005.
Contact: Manuela Schmundt, OFSP,
plate-forme de coordination et des
services dans le domaine des
dépendances, 3003 Berne,
tél. 031 322 58 00,
[email protected]
En Suisse, un million de personnes environ ont une consommation d’alcool à
risque et mettent, par là, non seulement
leur propre personne en danger, mais
également les autres. La consommation
abusive d’alcool fait partie des problèmes
majeurs de santé publique en Suisse.
Selon des estimations prudentes, ses
effets ont un coût social direct et indirect
de 2,2 milliards de francs, auquel il
convient d'ajouter 4,3 milliards de
francs supplémentaires de coûts immatériels.La consommation excessive
d’alcool est responsable de plus de
2100 cas de décès chaque année et de
30'500 années de vie perdues.
Relativement récent pour la Suisse, le
problème des jeunes qui consomment
de l’alcool jusqu’à l’ivresse a pris une
nouvelle dimension avec l’apparition
des «alcopops». Cette consommation
épisodique à risques (au moins cinq
boissons en une seule occasion) met
gravement la santé en danger. L’état
d’ébriété accroît la tendance à la
violence et le risque d’accident. Cette
consommation d’alcool régulière chez
un nombre croissant de jeunes nous
incite à la réflexion et nous force à agir.
Pour canaliser et maîtriser ce problème,
il est urgent d’unir les forces en présence
et d’exploiter les synergies. La Confédération, représentée par l’Office fédéral
de la santé publique et la Régie fédérale
des alcools, veut renforcer la collaboration avec tous les partenaires, les cantons
et les communes ainsi qu’avec les organisations de prévention privées. C’est
pourquoi un «Programme national
alcool» est en préparation, au sein duquel les sujets importants pour la prévention, les objectifs en découlant et les
mesures ainsi que la répartition des tâches et des rôles sont débattus et fixés
entre les partenaires. Ce processus d’élaboration s’étendra probablement sur
deux années. Entre-temps, les projets
éprouvés lancés dans le cadre du programme national d’alcool «Ça débouche sur quoi?» se poursuivent, dans une
moindre mesure il est vrai, suite aux
programmes d’allègement de la Confédération.
L’important est que tous les acteurs
«accordent leurs violons». C’est en effet
la condition indispensable pour parvenir,
malgré des moyens restreints, à une
réduction à long terme de la consommation d’alcool afin que celle-ci devienne
un moment de plaisir présentant peu
de risque.
Anne Lévy
Cheffe de Section Alcool
Office fédéral de la santé publique
page 4
spectra no 48 • Janvier 2005
Consommation bridée
Impôt spécial sur les alcopops. Depuis quelques mois, les alcopops font moins parler d'eux. Les médias, qui faisaient encore des gorges chaudes de ce sujet en 2003, ne l'abordent plus guère. Que s'est-il passé? Simple effet de mode? Ou alors, l'impôt spécial sur les alcopops, dont certains
milieux ont mis en doute l'efficacité, aurait-il tout de même joué un rôle?
L
'impôt spécial sur les alcopops est
en vigueur depuis le 1er février
2004. Pour faciliter la compréhension de ce qui va suivre, il convient de
préciser que cet impôt est perçu au
moment de l'importation ou de l'achat de la marchandise par le revendeur et non au moment de la vente.
L'évolution des achats d'alcopops à fin
2003 et au début de 2004 doit être
interprétée à la lumière de ce décalage.
Au cours des trois mois précédant
l’entrée en vigueur de l’impôt spécial,
les réserves des entrepôts ont été lentement réduites ce qui a eu pour effet
d'infléchir la moyenne annuelle
2003. Cette donnée n'est toutefois
pas en corrélation directe avec les
comportements de consommation.
En janvier 2004, les importateurs ont
alors rempli au maximum leurs entrepôts de marchandise non encore
soumise à l'impôt spécial, créant ainsi
des réserves suffisantes pour ne plus
devoir importer au taux fort au cours
des mois suivants.
Un effet de la perte
d’image du produit
Pour la première fois, les importations d'alcopops ont reculé en 2003
avec 25 millions de bouteilles contre
39 millions en 2002. Cette évolution
doit être attribuée, d'une part, à l'attitude des importateurs dans la perspective du nouvel impôt. D'autre
part, le battage médiatique de manière générale favorable à l'introduction de mesures fiscales a joué un
rôle déterminant. Les études concernant les impacts de santé publique
ont bénéficié d'une large audience et
les spécialistes de la prévention ont
pu s'exprimer. Les établissements publics ont été sensibilisés à la problématique de la consommation juvénile, une thématique enfin reprise par
la classe politique.
On peut constater que de nombreux éléments critiques ont eu un
effet cumulatif érodant l'image très
tendance de la boisson alcoolisée en
2003. On peut avancer l'hypothèse
que les discussions autour de l'introduction d'un impôt supplémentaire
ont déjà largement anticipé l'effet
préventif attendu de la ponction fiscale. Il est vrai que ce lien est difficile à mettre en évidence. Cette constellation se situe toutefois dans la
droite ligne de la politique que la
Régie fédérale des alcools
s'est depuis toujours efforcée de mettre en
œuvre: information et
éducation, réglementation (l'imposition constituant l'élément central
des conditions-cadre accompagnant des limitations de la disponibilité et
la définition de taux limites d'alcoolémie dans le
trafic, par exemple) ainsi
que des mesures de thérapie.
L’industrie ne manque
pas d’imagination
En raison des répercussions complexes de l'impôt spécial, les alcopops
ont subi un sérieux coup de boutoir.
La consommation a sensiblement
baissé. Mais il est impossible de dire à
l'heure actuelle comment le marché
va évoluer. Les alcooliers essaient de
mettre sur le marché des produits
nouveaux qui contourneraient la loi.
C'est un indice supplémentaire montrant que le marché (juvénile) est en
attente d'alcopops bon marché. Le
lancement de tels produits de substitution est toutefois plus délicat qu'on
ne l'imagine. Les prémix et autres
ready to drink à base d'alcool fermenté sont également soumis à l'impôt spécial dès lors que celui-ci a été
soumis à la moindre modification
technique.
Par contre, il est peu probable que
des boissons élaborées avec de la
bière ou du vin à l'état d'origine correspondent au goût des jeunes. C'est
sans doute aussi le cas des alcopops
dont la teneur en sucre est inférieure
à 50 grammes par litre (limite définissant l'impôt spécial). L'industrie
lance de telles variantes au goût plus
amer en affirmant que ces produits
visent un segment de clientèle plus
âgé, ce qui reste à prouver. Il est également possible que les alcooliers
cherchent simplement à éprouver la
tolérance en matière de goût du public-cible déjà acquis aux alcopops.
Les taxes influent
sur la consommation
Le prix est le principal instrument
d'orientation du marché de l'alcool.
De nombreuses études internationales viennent confirmer ce fait. Le
principe de causalité fonctionne encore plus drastiquement auprès des
jeunes qui disposent d'un pouvoir
économique plus restreint. L'impôt
sur l'alcool est un élément incontournable sur le plan de la santé
en général et pour la protection de la
jeunesse en particulier. Les expérien-
ces faites en Suisse depuis l'introduction de l'impôt spécial sur les alcopops confirment une nouvelle fois
ces faits connus de longue date.
Les Suisses ont toutes les raisons
d’être fiers d’avoir instauré l’impôt
spécial sur les alcopops (d’autant plus
que celui-ci a été adopté par le Parlement avec une rapidité très peu helvétique). C'est en tous cas l'opinion
d'experts, de ministères de la santé et
de représentants de gouvernements
européens qui nous prennent volontiers pour modèle. Mais il n’y a pas de
quoi pavoiser, dans la mesure où des
éléments intempestifs pourraient
faire tomber tout l’édifice.
Source (article et photos): Communica,
septembre 2004, Régie fédérale des
alcools
Contact: Marc Huber, Régie fédérale des
alcools, case postale, 3000 Berne 9,
tél. 031 309 12 63,
[email protected]
Eurosport renonce à la publicité pour l’alcool
Sport sans alcool. La chaîne de télévision Eurosport, qui offre à 98 millions de ménages dans 54 pays en 19 langues une grande variété de reportages sportifs, renonce, depuis mars 2004 (presque entièrement) à la publicité pour l’alcool. Werner Starz, responsable de communication de la chaîne, explique pourquoi.
spectra: Peu
avant l’Euro 04,
votre chaîne a
rendu publique
sa décision de renoncer désormais à la publicité pour l’alcool…
Werner Starz: C’est exact. Nous ne
diffusons plus de publicité pour l’alcool sur les programmes paneuropéens, à l’exception de la fenêtre
allemande (visible en Suisse également), où des contrats longue durée
nous conduisent à garder la publicité
pour la bière.
Vous contenterez-vous d’honorer
le contrat pour la durée restante
ou pensez-vous conclure d’autres
contrats pour la bière?
Nous observons très attentivement la
situation en Allemagne. Toutefois,
étant donné que nous vivons exclusivement du financement publicitaire en Allemagne, contrairement à ce
qui se passe dans d’autres pays européens, nous examinerons les choses
au cas par cas.
Qu’est-ce qui a motivé Eurosport à
renoncer à la publicité pour l’alcool?
C’est le résultat d’un long processus
de réflexion sur l’incompatibilité
entre sport et alcool. En outre, nous
supposons que l’harmonisation du
droit publicitaire européen va se
poursuivre au cours des prochaines
années, interdisant définitivement la
publicité pour l’alcool et le tabac.
Nous prenons donc les devants et renonçons dès aujourd’hui à ce type de
publicité.
C’est donc davantage pour suivre
les changements politiques et lé-
gislatifs que par conviction sociale
que vous avez pris votre décision?
Nous avons voulu à la fois nous positionner clairement et prendre une
certaine avance sur la concurrence.
nement publicitaire a gagné en attractivité pour un certain nombre de
clients – comme la branche du tourisme – grâce à la disparition de la publicité pour l’alcool.
Renoncer à la publicité pour l’alcool entraîne aussi de grosses
pertes financières. Comment faites-vous?
La publicité pour l’alcool était très
importante pour le budget de certaines disciplines sportives. Les nouveaux contrats étaient prêts à la signature, pourtant, nous avons choisi
de renoncer. Ce choix n’a pas été
simple, surtout dans les années publicitaires difficiles que nous vivons
actuellement. Mais nous observons
et essayons d’influencer l’évolution à
long terme, ce qui fait que nous
avons pu largement compenser les
pertes. Je crois même que l’environ-
On peut donc dire que l’aspect
économique ne vous cause pas
trop de souci. La protection de la
jeunesse signifie-t-elle quelque
chose pour vous?
Tout à fait. La protection de la jeunesse joue un rôle important dans
nos réflexions. Nous nous engageons
à plusieurs niveaux, dans la campagne UE contre le tabagisme, par
exemple, ou en tant que sponsor de
la plus grande association sportive
pour la jeunesse en Allemagne «Jugend trainiert für Olympia». Nous assumons notre responsabilité sociale.
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spectra no 48 • Janvier 2005
HaLT – lorsque les jeunes boivent jusqu’au coma
«HaLT - Hart am Limit» (stop, c’est la limite). Un modèle de prévention et d’intervention développé à Lörrach, suite au nombre croissant
d’enfants et d’adolescents hospitalisés pour une intoxication alcoolique, fait école dans toute l’Allemagne. «HaLT» est la réponse à ce type d’excès.
L
e nombre d’enfants et d’adolescents hospitalisés entre 1999 et
2002 à la clinique pédiatrique de Lörrach suite à une intoxication alcoolique a plus que triplé, passant de 16
à 56. Devant cette augmentation dramatique, le médecin chef de la clinique décidait alors de s’adresser directement à la presse locale. Heidi
Kuttler, directrice de la Villa Schöpflin (centre de prévention des dépendances) s’est alarmée de cette situation et a développé le projet pilote
«Hart am LimiT – HaLT» afin de prévenir la consommation d’alcool à
risque chez les enfants et les adolescents. Les experts constatent dans
toute l’Allemagne (ainsi qu’en Suisse) une tendance comparable à celle
de Lörrach: l’âge de la première ivresse baisse, le nombre d’états d’ivresse
chez les enfants et les adolescents
augmente, de même que le problème
des intoxications alcooliques dans les
hôpitaux. Toutefois il n’y avait pas,
jusqu’ici, de données fiables sur les
hospitalisations, ni de stratégie globale permettant de stopper cette tendance inquiétante. Le projet de Lörrach a donc reçu le soutien du
«Bundesministerium für Gesundheit
und Soziale Sicherung» ainsi qu’un
accompagnement scientifique. Depuis
l’été 2004, les expériences de Lörrach
sont exploitées dans plusieurs endroits dans toute l’Allemagne.
HaLT est peut-être que nous avons
développé une stratégie globale applicable aussi bien aux jeunes concernés qu’aux écoles, au commerce de
détail et aux organisateurs de fêtes.
Le concept fonctionne et trouve un
bon écho. Je suis donc très heureuse
qu’il soit désormais appliqué à l’échelle de tout le pays.»
La méthode qui consiste à prendre
contact avec les jeunes concernés à
l’hôpital, permet de toucher un groupe-cible auquel il est habituellement
difficile d’offrir la prévention nécessaire. Plus l’abus d’alcool est détecté
précocement, plus les interventions
ont lieu tôt, et plus les chances de réussite sont élevées et durables.
Dire «stop»
et apporter son soutien
HaLT s’adresse non seulement aux
jeunes concernés par une consommation d’alcool à risque, mais réveille également la conscience et la
responsabilité des adultes, en particulier là où on vend et où on sert de
l’alcool: dire «stop», c’est aussi apporter son soutien. Dans un premier
temps, la Villa Schöpflin avait mis en
place un système d’alarme avec des
médecins de l’hôpital pédiatrique.
Une collaboratrice de la Villa Schöpflin prend contact avec les jeunes
pendant leur séjour à l’hôpital. Il
s’agit, au cours d’un premier entretien, d’apprendre à
connaître les enfants
et les adolescents,
d’aborder les raisons
et motifs possibles
de l’intoxication alcoolique et d’établir
un contact avec les
parents. Après plusieurs entretiens individuels, la collaboratrice propose un
«check risques» de
12 heures, en groupe. Il s’agit de réfléchir sur son propre
comportement en
matière de boisson,
seul ou en groupe,
et d’adopter une attitude plus critique
face à l’alcool. Les
professionnels de la
prévention de la
Villa Schöpflin essaient
également
d’aborder avec les
jeunes les risques de
la consommation excessive d’alcool. Un
système intégré de
modules pédagogiques conduit les
jeunes à confronter
leurs expériences et
Heidi Kuttler, directrice de la Villa Schöpflin, se réjouit de voir son projet
leurs actes avec les
mis en œuvre dans toute l'Allemagne.
objectifs centraux
de la prévention des
dépendances: réfléchir avant de
Des modèles suisses
plonger, être responsable, pour soi et
«Nous n’avons pas tout inventé»,
pour les autres.
explique Heidi Kuttler de la Villa
Schöpflin. «Nous avons aussi repris
La protection des jeunes
de bonnes idées que d’autres avaient
est l’affaire de tous
eues avant nous, comme celles du
programme suisse «Les communes
Pour agir en amont déjà, il faut acbougent», mis sur pied par Radix et
corder une importance particulière à
financé par l’Office fédéral de la santé
la protection de la jeunesse, principapublique et la Régie fédérale des allement en incitant les adultes à
cools. Ce qui fait la particularité de
respecter la loi existante sur la pro-
Villa Schöpflin à Lörrach: ce que des jeunes pensent de l'alcool: «Il détruit les cellules du cerveau»
«C'est dégeulas!»
tection de la jeunesse. La Villa Schöpflin a développé des documents
spécifiques pour les écoles, pour le
commerce de détail et pour les organisateurs de fêtes, pour rappeler ce
qu’est la protection de la jeunesse et
soutenir les responsables dans la mise
en œuvre. Un grand nombre d’organisateurs de fêtes exigent, depuis, un
engagement personnel spontané
(pour une vraie belle culture festive),
développé en concertation entre la
société carnavalesque, des associations, la ville, le district, la police, des
représentants des élèves et la Villa
Schöpflin. Des soirées d’information
pour les organisateurs de fêtes, des
formations pour le personnel du
commerce de détail et des séminaires
pour les parents et les enseignants
garantissent une large base au travail
fourni.
Amélioration sensible
Depuis le démarrage du projet au
printemps 2003, 38 enfants et adolescents ont été abordés, 134 entretiens de conseils ont été menés, avec
eux et avec leurs parents. Quatre entretiens de groupe «Check risques»
ont été menés, plusieurs centaines de
parents, d’enseignants et de professionnels ont été sensibilisés au problème dans le cadre de séances d’information et de séminaires. De
même, de plus en plus de médecins
ainsi que le service de la jeunesse dirigent des jeunes vers la Villa Schöpflin. Depuis le début du projet, environ 200 personnes travaillant dans le
commerce de détail ont été formées à
l’aide de documents d’information et
de jeux de rôle pour un meilleur
respect de la protection de la jeunesse. Les stratégies et documents de
HaLT ont été présentés à plus de
200'000 visiteurs au cours de douzaines de manifestations. Ces efforts
portent désormais leurs fruits: le
nombre d’enfants et d’adolescents
hospitalisés avec une intoxication alcoolique à Lörrach a nettement régressé pour passer de 56 (en 2002) à
39 (en 2003).
Un exemple pour
l’Allemagne toute entière
Le projet n’a pas uniquement pour
but des interventions de prévention
secondaire auprès des enfants et des
adolescents qui attirent l’attention
par leur comportement, il veut également informer les jeunes dès le
début sur l’alcool – en cohérence
avec les objectifs formulés par l’OMS
et le conseil des ministres de la santé
de l’UE; il s’agit aussi, dans le cadre
d’un setting local, de créer un environnement de soutien et, enfin, de
réduire la propension et la fréquence
des habitudes de boisson à haut
risque chez les jeunes.
La structure du projet pilote de
Lörrach sert véritablement de modèle aux projets réalisés dans le cadre
du programme national, qui porte le
même nom (HaLT – «Hart am
Limit»). A ce jour, neuf institutions
réparties dans huit «Länder» participent au programme. Des réseaux
fonctionnant au niveau local sont nécessaires à une mise en œuvre efficace. Le manque d’organisation dans la
collaboration requiert une grande
discipline de la part des services engagés pour parvenir aux objectifs
fixés avec des moyens raisonnables.
C’est pourquoi la collaboration et
l’organisation des points de jonction
entre les services sont au centre de
l’accompagnement scientifique du
programme national, accompagnement confié à Prognos SA, Bâle.
Contact: Heidi Kuttler, Villa Schöpflin,
Franz-Ehret-Str. 7, D-79541 Lörrach
Brombach, tél. 0049 7621 9 14 90 91,
[email protected]
Augmentation alarmante
L’augmentation dramatique du
nombre d’enfants et d’adolescents
hospitalisés à Lörrach suite à une
intoxication alcoolique n’est pas
une exception. Entre 2000 et 2002,
les traitements d’enfants et d’adolescents hospitalisés après des
excès d’alcool ont augmenté de
26% à l’échelle nationale. En 2002,
un jeune sur 1’000 entre 10 et 19 ans
a été hospitalisé suite à une intoxication alcoolique. L’augmentation
la plus forte touche les 15 –17 ans
et les 13 –14 ans. L’augmentation
des intoxications alcooliques est
particulièrement élevée chez les
filles qui représentent déjà 50%
des cas en 2002.
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spectra no 48 • Janvier 2005
Enfants d’alcoolodépendants: une souffrance souvent oubliée
Journée de solidarité. La souffrance des enfants qui grandissent avec un parent alcoolique est grande et les accompagne parfois tout au long
de leur vie. A l’occasion de la 8e Journée suisse de solidarité avec les personnes touchées par l’alcool qui s’est tenue le 11 novembre dernier, des institutions du secteur de la prévention, des centres de consultation et de thérapie ont organisé des manifestations partout en Suisse pour sensibiliser
la population à ce sujet délicat et inciter à la réflexion sur les moyens d’aider les enfants touchés et leurs familles.
L’
Institut suisse de prévention de
l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA) estime qu’il y a en Suisse
entre 50'000 et 110'000 enfants qui
grandissent avec un parent alcoolique. La peur, la honte, la culpabilité font partie de leur quotidien. Ils
taisent souvent leur situation et se
sentent isolés. Ils traduisent leur vécu
sous diverses formes, comme des
problèmes de sommeil, des états
d’anxiété, voire des pensées suicidaires. Adultes, ils souffrent souvent de
dépressions et présentent un risque
jusqu’à six fois plus important de
tomber eux-mêmes dans le cercle vicieux de la dépendance.
Brochure «Enfant dans
une famille alcoolique»
A l’occasion de la Journée de solidarité, l’ISPA a publié une brochure
sous le titre «Enfant dans une famille
alcoolique» (en allemand, français et
italien). L’objectif est d’instaurer le
dialogue et d’apporter des sugges-
tions aux adultes concernés et à leurs
personnes de confiance. La journée
de solidarité a offert à de nombreux
services du secteur des dépendances
la possibilité de se présenter et de
faire connaître les domaines qui méritent d’être encouragés afin que ces
enfants puissent se développer malgré la maladie de leurs parents: une
meilleure détection précoce, une formation professionnelle continue, le
développement de possibilités de
soutien spécifiques. En même temps
le 11 novembre était aussi l’occasion
de rappeler l’importance du système
familial et son rôle dans la guérison.
L’ISPA a organisé la journée d’action
en collaboration avec le Fachverband
Sucht, le GREAT, l’Ingrado et la
Croix-Bleue.
Adresse de commande de la brochure:
ISPA, case postale 870, 1001 Lausanne,
[email protected], www.sfa-ispa.ch
www.solidaritaetstag.ch
Un manuel sur l’hépatite, pour les professionnels
Danger pour les toxicomanes. Compte tenu de leur situation de vie difficile, les consommateurs de drogues sont particulièrement exposés aux
infections virales par contamination, notamment au VIH et aux virus de l’hépatite. Un nouveau manuel destiné aux professionnels livre des informations approfondies et une aide pratique.
L
es consommatrices et les consommateurs de drogues semblent accepter une contamination par les
virus de l’hépatite comme un effet
secondaire inhérent à leur consommation de substance. Cette attitude
n’est pas due au hasard: pour la majorité des personnes consommant de
la drogue, une contamination par
plusieurs virus de l’hépatite (co-infection) fait partie de la réalité.
40 à 70%
des consommateurs de
drogue par voie intraveineuse en Suisse sont
atteints de l’hépatite B,
50 à 95%
30 à 40%
50 à 60%
Ce taux de contamination effrayant impose de renforcer à la fois
les mesures de prévention visant à
empêcher les transmissions du VIH
et les efforts pour empêcher les
contaminations par les virus de
l’hépatite ainsi que pour améliorer
la protection vaccinale et le traitement.
Impressum
«spectra – Prévention et
promotion de la santé»
est un bulletin d’information de l’Office fédéral
de la santé publique qui
paraît six fois par an en
français, en allemand et
en anglais. Il publie également des opinions qui
ne coïncident pas avec
la position officielle de
l’office.
Editeur: Office fédéral
de la santé publique
3003 Berne
Tél. 031 323 54 59
Fax 031 322 24 54
www.bag.admin.ch
Réalisation: Pressebüro
Christoph Hoigné,
Allmendstr. 24, 3014 Berne
[email protected]
(selon la durée de
consommation) de
l’hépatite C et
de l’hépatite B et C.
ont déjà été atteints
d’une hépatite A.
No 48, Janvier 2005
Responsable de la commission de rédaction:
Markus Allemann,
markus.allemann@bag.
admin.ch
Textes:
Collaborateurs de l’OFSP,
Chr. Hoigné et d’autres
auteurs
Traduction:
Marie-Françoise DörigMoiroud
Photos:
Communica,
Christoph Hoigné,
Keystone Press
Graphisme:
Lebrecht typ-o-grafik
3147 Aekenmatt
Impression:
Beag Druck AG
Emmenbrücke
Tirage:
7000 ex. allemands,
4000 ex. français,
1500 ex. anglais
Il est possible de commander des numéros
séparés et des abonnements gratuits à:
Office fédéral de la santé
publique, Section campagnes et marketing
3003 Berne
Tél. 031 323 87 79
Fax 031 322 24 54
[email protected]
Le prochain numéro
paraîtra en février 2005.
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a réagi dès l’automne
2001 et soutenu une campagne nationale visant à améliorer l’information sur l’hépatite C auprès des personnes consommant de la drogue.
Parallèlement à la campagne, des
journées de formation/information
ont été organisées pour les professionnels. Sur mandat de l’OFSP, le
Bureau Suisse pour la réduction des
risques liés aux drogues BRR a conçu
un manuel qui sera publié au mois de
janvier 2005 en allemand, en français
et en italien. L’ouvrage informe sur
les voies de contamination et les me-
Une nouvelle structure
pour aborder l’avenir
L’office fédéral de la santé publique
(OFSP) s’est doté d’une nouvelle
structure mi-octobre. Désormais,
l’Office comporte quatre unités
opérationnelles: assurance maladie
et accidents, politique de la santé,
santé publique et protection des
consommateurs. Viennent s’y ajouter les divisions Etat-major de la direction, Affaires internationales,
Droit et Gestion des ressources.
Les noms des différents nouveaux
responsables, l’organigramme et
d’autres explications complémentaires sur les unités opérationnelles
peuvent être consultés en ligne
sous:
www.bag.admin.ch/d/Auszug_
NeueStruktur_f_neu2.pdf
Commande: ces informations sont
également disponibles sur papier et
peuvent être commandées auprès de:
OFSP, Communication, 3003 Berne,
tél. 031 322 95 05
sures de prévention nécessaires, ainsi
que sur la mise en application et les
perspectives de réussite des vaccins et
des thérapies.
Connaissances de base
et détails
Le manuel doit permettre à tous les
professionnels d’accéder à des informations et à des recommandations
claires et pragmatiques. Les praticiens doivent se sentir encouragés et
soutenus dans leurs efforts de renforcer leur travail dans le domaine
de la prévention et du traitement de
l’hépatite.
Le manuel, conçu en collaboration
avec des spécialistes de tous les domaines de travail importants dans
l’aide aux dépendances, contient des
informations générales sur l’hépatite,
des chapitres sur l’hygiène, les règles
de consommation et le traitement,
ainsi qu’une partie consacrée aux
réglementations assurant la sécurité
au travail. Les chapitres sont divisés
en informations de base, en informations approfondies et en informations
spécifiques. Les spécialistes peuvent
ainsi trouver ce qu’ils recherchent
selon leur domaine de travail et les
besoins y afférents.
Le nouveau manuel, son application et son développement seront
présentés au début de 2005 lors
d’une journée nationale.
Commande: Bureau Suisse pour la
réduction des risques liés aux drogues,
BRR, rte des Arsenaux 9, 1700 Fribourg,
[email protected],
www.infoset.ch/inst/oseo,
www.hepc.ch
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spectra no 48 • Janvier 2005
Taux de 0,5 pour mille à partir de 2005
Le nouveau tableau des «pour mille». A partir du 1er janvier 2005, les personnes ayant un taux d’alcoolémie supérieur à 0,5 pour mille
seront considérées comme inaptes à conduire. En matière de drogue, la tolérance zéro s’applique. Une campagne du Bureau suisse de prévention
des accidents en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique ranime le débat.
ment, le nombre des accidents avec
dégâts corporels a baissé.
Le risque d’accident augmente dès
0,5 pour mille. Environ 1 tué sur la
route sur 5 en Suisse – soit plus de
100 tués par an – est victime d’un
conducteur en état d’ivresse. Si l’on
approfondit les choses, environ 30%
de tous les accidents de la circulation
avec blessés ont lieu sous l’emprise
de l’alcool, la proportion augmente
jusqu’à 50% les week-ends.
Un c’est o.k.
Le risque d’accident augmente dès
0,5 pour mille. La règle du seul verre
vaut donc pour qui veut à la fois
conduire un véhicule à moteur et
boire de l’alcool malgré tout. Le
message est clair: «0,5 pour mille =
1 verre, un seul» ou «Un c’est o.k.»
Par 1 verre, il faut entendre un verre
normal de bière (3 dl) ou de vin (1dl);
le deuxième pourrait déjà coûter le
permis de conduire. Le Bureau suisse
de prévention des accidents (bpa)
lance donc, conjointement avec l’Office fédéral de la santé publique
(OFSP), une campagne de sensibilisation sur plusieurs semaines
(www.un-cest-ok.ch), qui a débuté
début décembre par une action d’affichage. Suivront à mi-janvier 2005,
des spots à la télévision et à la radio
sur toutes les chaînes et stations de
SRG SSR idée suisse.
Affiches, brochures
d’information, Internet
culation dans lequel l’alcool est en
cause n’a pas diminué au cours des
dernières années alors que, parallèle-
La campagne d’information du
bpa et de l’OFSP a démarré début
décembre 2004 par des affichages
dans les communes. Le message «0,5
pour mille = 1 verre, un seul» est
accompagné des sujets familiers de
l’Office fédéral de la santé publique.
La brochure «0,5 pour mille =
1 verre, un seul» et le site Internet
logie sortent vainqueurs avec, pour
résultat, une politique qui non seulement est ressentie par la population
comme contradictoire et inconséquente, mais qui l’est effectivement.
En voici la preuve éclatante: le 14 juin
2004, en début d’après-midi, le
Conseil national levait l’interdiction
sur l’absinthe et le même jour, en fin
d’après-midi, il a enterré la révision de
la loi sur les stupéfiants, y compris la
dépénalisation de la consommation
de cannabis.
Autre exemple: quelques mois auparavant, le Conseil national avait débattu de la révision de la Loi fédérale
sur la radio et la télévision (LRTV). Ici
encore, la majorité parlementaire a
succombé à la tentation de pratiquer
unilatéralement une promotion de l’économie en occultant les aspects de
politique en matière de dépendances: le Conseil a levé l’interdiction de
la publicité pour l’alcool dans les médias électroniques privés. Après le
ralliement, à la fin du mois d’août 2004,
de la Commission du Conseil des
Etats au Conseil national sur ce point,
il ne reste plus qu’à espérer un retournement de situation lorsque le Conseil
des Etats traitera de cette question.
Le résultat: une pléthore de messages politiques à double sens dont il
est impossible d’extraire la moindre
ligne d’action praticable sans se
contorsionner l’esprit. Cette situation
est particulièrement inquiétante pour
les jeunes. Revenons sur les messages qu’ils reçoivent: «Vous ne devez
pas sniffer, c’est interdit. Mais si vous
enfreignez l’interdiction, il ne vous arrivera rien, car c’est un délit mineur et
la police n’a pas le temps de s’en occuper. A moins que vous n’habitiez
dans tel canton ou telle commune où
les choses sont radicalement différentes bien qu’il s’agisse du même délit.
Vous pouvez boire de l’alcool, ce
n’est pas interdit. Mais, dans le fond,
nous aimerions que vous n’en buviez
pas, du moins pas à l’excès. Ce dont
nous sommes sûrs, c’est que nous
aimerions que vous ne vous laissiez
pas influencer par la publicité pour
l’alcool. Mais vous devez aussi comprendre que l’économie a besoin des
fonds de la publicité. Pourtant, ne
vous laissez pas séduire.»
Ces messages présentent un double
langage. Les jeunes ne sont plus
dupes depuis longtemps et considèrent ce type de politique comme incohérente et peu crédible.
L’association «Fachverband Sucht»
lutte contre cette double morale. Au
risque de paraître démodé, j’ose af-
La campagne du bpa rappelle la règle «un verre, un seul» au volant.
L
es statistiques sont claires: la proportion des personnes accidentées
ou tuées lors d’un accident de la cir-
Forum
Ne pas privilégier
l’économie aux dépens
de la santé
Les spécialistes savent bien quelle
politique serait nécessaire en matière de dépendances pour soutenir efficacement l’aide aux dépendances.
Ce genre de politique met un terme
définitif au traitement inégal des
substances, repose sur la prévention et sur la protection des jeunes,
encourage la responsabilité personnelle des consommateurs et mesure la dangerosité des substances addictives à la même aune. Un dernier
point, le plus important sans doute:
cette politique des dépendances
guide le «marché» et ne se laisse
pas porter par lui. Le rapport Spinatsch commandé par l’OFSP esquisse les points forts d’une telle politique en matière de dépendances.
Mais la réalité est toute autre. La politique conduite actuellement en matière de dépendances est une lutte
entre des arguments économiques
et sanitaires, entre une idéologie et
des arguments professionnels. En
règle générale, l’économie et l’idéo-
www.bpa.ch contiennent des informations détaillées sur le problème
de l’alcool au volant. Les sanctions
légales y sont clairement expliquées:
une peine privative de liberté et/
ou une amende sanctionne toute
conduite sous influence de l’alcool (à
partir de 0,5 pour mille), ainsi que
des mesures administratives qui peuvent aller jusqu’au retrait du permis.
La campagne du bpa attire également l’attention du public sur les
contrôles de l’air expiré qui seront
possibles à partir de 2005 sans qu’il y
ait d’indice d’ébriété.
Qui veut tenir
le haut de l’affiche?
Pour illustrer la réalité de la limite
du 0,5 pour mille et le fait que chacune et chacun devrait s’en tenir à
la règle du seul verre, le bpa veut
tourner des spots testimoniaux. Rien
d’extraordinaire à cela, si ce n’est
le fait que les actrices et les acteurs
seront recrutés au moyen d’une
annonce et sur les lieux de tournage,
où se déroulera le casting.
Les futurs actrices et acteurs trouveront toutes les informations détaillées sur les conditions à remplir
pour participer aux spots TV du bpa
sous www.un-cest-ok.ch.
Le tournage débutera le 6 janvier
et pourra être suivi en direct, le 6 janvier à Berne, le 7 janvier à Zurich, le
8 janvier à Genève, le 10 janvier à
Coire et le 13 janvier à Lugano (entre
14h et 21h),
Une somme totale de 700'000
francs sera investie dans la campagne
du 0,5 pour mille, mise à disposition
par le Fonds pour la sécurité routière.
www.bpa.ch
www.alles-im-griff.ch/f/
firmer qu’une politique en matière
de dépendances ne peut être crédible que si elle est prête à faire passer les intérêts économiques à l’arrière-plan au profit d’une attitude cohérente en politique
sanitaire. On invoquera que certaines
contraintes
politiques n’autorisent
pas cette attitude
dans chaque cas.
Pour nous, faire systématiquement passer la santé au second plan sous des
prétextes
économiques, c’est faire
preuve d’indélicatesse et d’exploitation. Notre association lutte avec détermination contre
cette manière d’agir.
Nous sommes tous concernés et
devons soutenir activement nos
idées au niveau politique.
Bruno Erni, président de l’association
«Fachverband Sucht»
1) Spinatsch M.: Une nouvelle politique en matière de dépendances pour la Suisse?, rapport
à l’attention de l’Office fédéral de la santé
publique, mai 2004
page 8
spectra no 48 • Janvier 2005
Prévention durable du tabagisme
Fonds de prévention du tabagisme. Avec ses 32% de fumeurs, la Suisse caracole dans le groupe de tête des pays européens. Chaque année,
8'000 personnes décèdent des suites du tabagisme dont le coût social direct dépasse 5 milliards de francs. Le Fonds de prévention du tabagisme est
l’expression de la volonté du Parlement et du Conseil fédéral de renforcer la prévention du tabagisme. Alimenté par une redevance de 2,6 centimes par paquet de cigarettes vendu, le fonds pourra investir 18 millions de francs par an dans la prévention du tabagisme.
L
e 5 mars 2004, le Conseil fédéral
a décidé l’entrée en vigueur de
l’ordonnance sur le Fonds de prévention du tabagisme. Le Fonds sert
notamment à financer des mesures
de prévention visant à empêcher le
début de la consommation de tabac,
à promouvoir son arrêt et à protéger
la population du tabagisme passif. En
collaboration avec l’Office fédéral du
sport (OFSPO), l’Office fédéral de la
santé publique (OFSP) a créé un Service de gestion du Fonds, opérationnel depuis le 1er avril 2004.
Service
Le Service du Fonds de prévention
du tabagisme entretient des contacts
avec des partenaires internes et externes dans le sens d’un réseau de
prévention du tabagisme; il a pour
tâche de développer les objectifs du
Fonds et de permettre leur réalisation
en soutenant des projets appropriés.
Le Service remplit son mandat en
collaboration avec d’autres administrations, en particulier l’unité de direction Politique de la santé, le programme national de prévention du
tabagisme de l’OFSP ainsi qu’avec
l’OFSPO. La Commission fédérale
pour la prévention du tabagisme peut
être impliquée à titre consultatif.
Communication
Le Service du Fonds de prévention
du tabagisme a mis en place un
moyen d’information essentiel, la
plate-forme Internet www.prevention-tabagisme.ch. La page d’accueil
offre notamment
• des informations sur la philosophie du Fonds de prévention du
tabagisme,
• un résumé des projets qui bénéficient du soutien du Fonds,
• les informations et les formulaires
nécessaires au dépôt de demande,
• une description de la procédure
d’évaluation des demandes,
• la possibilité de s’abonner à la
Newsletter.
La description des projets bénéficiant d’un soutien suit les principaux
domaines d’activités du Fonds de
prévention du tabagisme, à savoir:
• empêcher le début de la consommation du tabac et encourager
son arrêt,
• protéger la population du
tabagisme passif,
• sensibiliser et informer le public,
• mettre en réseau des organisations
actives dans la prévention du
tabagisme et créer les conditionscadre soutenant la prévention,
• promouvoir la recherche.
Les projets sont accompagnés
d’une brève description comprenant
les objectifs et les mesures, ainsi que
les organismes responsables et les
adresses de contact. Par ailleurs, le
Service publiera des comptes annuels
et un rapport d’activités.
Ce qui fait la réussite
d’un projet de prévention
Le Fonds de prévention du tabagisme permet de financer des mesures
de prévention destinées à réduire
de manière efficace et durable la
consommation de tabac. Pour y parvenir, les projets doivent satisfaire à
des exigences de grande qualité.
La future réussite du résultat et de
l’impact d’un projet dépend souvent
de son développement qui doit donc
faire l’objet de tous les soins. Pour faciliter cette étape, le Fonds de prévention du tabagisme met un formulaire de demande à la disposition des
auteurs des projets pour les soutenir
dans la structuration du processus de
développement: tous les volets indispensables de la gestion de projet
sont abordés, de la situation actuelle
à la situation souhaitée, des objectifs
mesurables pour vérifier l’efficacité à
la définition du groupe-cible, de la
démarche adoptée pour atteindre les
objectifs à la procédure d’évaluation
et de communication jusqu’à la planification et à l’organisation du projet. Les critères de qualité conduisant
à une gestion de projet réussie selon
les normes de «quint-essenz» ont été
intégrés dans les différents chapitres
afin d’encourager systématiquement
la mise en place d’une best practice.
Un document présente ces critères et
les indicateurs y relatifs. Avant de le
soumettre au Fonds, les auteurs des
projets peuvent ainsi contrôler la cohérence de leur projet à l’aide du
même instrument que celui utilisé
par le Fonds.
La présentation
des demandes
Toute demande de financement
fait l’objet d’un examen par le Service, selon une procédure d’évaluation
définie. Une attention particulière est
accordée à l’adéquation du projet
avec l’objectif du Fonds, à l’existence
des critères de qualité, ainsi qu’à celle
d’une véritable contribution à la politique nationale en matière de tabagisme. Chaque demande est en outre
soumise à une expertise externe.
Cette procédure a lieu sous le plus
strict anonymat afin de protéger la
personnalité des demandeurs ainsi
que celle des experts externes. Pour
les demandes touchant au domaine
du sport et de l’activité physique, le
Service du Fonds de prévention du
tabagisme consulte l’Office fédéral du
sport.
Le Service du Fonds de prévention
du tabagisme offre également des
prestations de conseil auxquelles les
demandeurs peuvent recourir soit
avant, soit pendant la phase de développement de leur projet. Lorsque les
résultats de la procédure d’évaluation démontrent que le financement
est possible, mais que certains aspects
doivent être remaniés, le Service
prend contact avec les demandeurs
pour convenir avec eux de la marche
à suivre.
Entre le 1er avril 2004, date à laquelle le Fonds de prévention du tabagisme a démarré son activité, et le
1er décembre 2004, plus de 50 demandes de financement ont été soumises, 16 d’entre elles ont pu être approuvées, quelques-unes se trouvent
en phase de remaniement par les auteurs des projets et 19 sont actuellement en cours d’évaluation.
Contact: Yves Sandoz, responsable du
Fonds de prévention du tabagisme,OFSP,
3003 Berne, tél. 031 323 87 81,
[email protected]
www.prevention-tabagisme.ch
Mises en garde, déclaration et teneurs
maximales
Tabac. Le Conseil fédéral a fixé au 1er novembre 2004 la mise en vigueur
de la révision totale de l’ordonnance sur le tabac dont les éléments-clés sont
l’introduction de mises en garde explicites sur les produits du tabac ainsi
que l’obligation de déclarer les additifs utilisés. Il est désormais interdit
d’utiliser les qualificatifs «light» ou «mild». Enfin, de nouvelles teneurs maximales en goudron, en nicotine et en monoxyde de carbone ont été fixées,
prescription qui ne concerne toutefois pas les cigarettes d’exportation.
La nouvelle ordonnance sur le tabac
exige un agrandissement sensible
des mises en garde sur les paquets
de cigarettes qui, désormais, devront couvrir 35 à 50% des deux
côtés de l’emballage, être encadrés
et écrits dans les trois langues nationales. L’ajout de photographies
en couleur pour renforcer les avertissements pourra être prescrit ultérieurement.
carbone – en sus des teneurs en
goudron et en nicotine – est couplée à la fixation de valeurs maximales pour chacune de ces trois
substances. Le Conseil fédéral renonce toutefois à fixer des valeurs
maximales pour les cigarettes d’importation et laisse aux pays importateurs la responsabilité du choix et
des conditions liés à l’importation et
à la diffusion de ces produits.
L’interdiction d’utiliser les termes
«light» et «mild» correspond à un
alignement sur les réglementations
de l’UE. Les autorités veulent éviter,
par là, que les consommateurs puissent avoir l’impression que ces
produits sont moins nocifs.
Cette révision totale répond aux
exigences de la Convention-cadre
de l’OMS pour la lutte antitabac, signée par la Suisse le 25 juin 2004 à
New York, et reprend pratiquement
les réglementations en vigueur
dans l’UE.
L’obligation de mentionner la teneur
des cigarettes en monoxyde de
Récompense européenne pour «voilà»
Début octobre 2004, le programme
«Voilà – Promotion de la santé et prévention des dépendances dans les
associations de jeunesse» a reçu le
1er «European Prevention Prize»
dans le cadre du Forum européen sur
la prévention des toxicomanies à Ekaterinbourg (Fédération de Russie).
Voilà est un programme du Conseil
suisse des activités de jeunesse
(CSAJ) qui bénéficie du soutien de
l’Office fédéral de la santé publique
(OFSP) et de Promotion Santé Suisse.
Le prix, octroyé par le Groupe Pompidou du Conseil de l’Europe, a ho-
noré en «Voilà» un programme de
prévention novateur, qui offre une
participation de grande qualité et
poursuit des objectifs clairs. Deux
autres projets ont également été
récompensés, le projet slovène
«Be Aware» et le britannique
«Young Leaders in the Community».