Les profils professionnels dans la construction Le

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Les profils professionnels dans la construction Le
Les profils professionnels dans la construction
Le conservateur/restaurateur de peintures murales
Document réalisé à l'initiative du Fonds de Formation professionnelle de la Construction
et avec le soutien du Fonds Social Européen – Objectif 4
Table des matières
Table des matières ............................................................................ 3
Introduction ......................................................................................... 5
1. Définition et description ............................................................ 6
1.1. Domaine ..................................................................................... 6
1.2. Définition ........................................................................................9
1.2.1 Dénomination du conservateur/restaurateur de peintures murales11
1.3. Contenu de la profession .............................................................12
1.4. Perspectives de carrière ..............................................................16
2. Tâches et compétences ......................................................... 16
2.1. Tâches d'exécution ..................................................................... 18
PHASE D'EXAMEN ........................................................................... 18
2.1.1 Effectuer l'examen scientifique................................................ 18
2.1.2 2.1.2 Rédiger un rapport de recherche .................................. 19
2.1.3 Poser le diagnostic.................................................................. 19
2.1.4 Propositions de mesures pour la conservation préventive ...... 20
2.1.5 Proposition de traitement de conservation/restauration ......... 21
2.1.6 Documenter la phase d'examen ........................................... 22
2.1.7 Documenter les mesures de conservation préventive .......... 22
TRAITEMENT DE CONSERVATION/RESTAURATION ................... 23
2.1.8 Planifier et organiser le traitement de conservation/restauration 23
2.1.9 Organiser et aménager le lieu de travail ............................... 23
2.1.10 2.1.10 Prévoir les matériaux et le matériel ............................. 23
2.1.11 Mettre nu la peinture murale .................................................. 24
2.1.12 Fixer et consolider la peinture murale .................................... 24
2.1.13 Nettoyer la peinture murale .................................................... 25
2.1.14 Combler et intégrer les lacunes .............................................. 26
2.1.15 Documenter le traitement de conservation/restauration ........ 26
2.1.16 Effectuer un contrôle de qualité .............................................. 27
2.2. Tâches de support ...................................................................... 28
2.2.1 Sécurité .................................................................................. 28
2.2.2 Environnement ...................................................................... 28
2.3. Professionnel débutant .............................................................. 28
3. Compétences .......................................................................... 29
3.1. Connaissance générale du métier .............................................. 29
3.2 Compétences clés……………………………………………………..31
3.3 Exigences spécifiques…………………………………………………32
4 Conditions particulières de travail ..………………………………..33
5 Organisation du travail …………………………… ……….…………34
6 Problèmes ………………………………………………………………..35
7 Évolutions futures ……………………………………….…….……….37
7.1 Généralités……………………………………………….….………….37
7.2 Tâches …………………………………………………………………..37
7.3 Compétences ……………………..……………………….…..……….38
8 Fiche professionnelle ……………………………………………….…39
Liste d'organismes et d'entreprises qui font partie des
"conservateur/restaurateur de peintures murales" .......................42
Annexe ..............................................................................................43
Sources - Bibliographie ...................................................................62
conférences
Introduction
Ce profil professionnel décrit la profession de conservateur/restaurateur de
peintures murales. Son agencement suit le format que le SERV utilise pour
tous ses profils.
Les profils professionnels du SERV sont toujours divisés en plusieurs
chapitres dont chacun analyse un aspect partiel de la profession. Au chapitre
1, nous trouverons une définition et une description de la profession. On
explore en premier lieu le domaine dans lequel travaille le
conservateur/restaurateur de peintures murales: le secteur de la conservation
et de la restauration. Ensuite nous définirons le domaine d'action du
conservateur/restaurateur avant de le développer davantage. Cette définition
montre, entre autres, avec quelques autres professions il ne faut pas
confondre la profession de conservateur/restaurateur de peintures murales.
Ensuite, on décrit la teneur de la profession et les perspectives de carrière. Le
chapitre 2 approfondit les tâches et les compétence du
conservateur/restaurateur de peintures murales. Le profil établit uniquement
une distinction entre tâches d'exécution et tâches de support. L'objectif sousjacent à cette analyse des tâches est de détecter les compétences exigées
pour l'exercice de cette profession. Ce profil professionnel expose l'exercice
moyen de la profession, raison pour laquelle nous avons fait abstraction, dans
la composition de ce document, des différences qui existent entre les
conservateurs/restaurateurs de peintures murales sur la base des projets,
organismes ou musées pour lesquels ils travaillent. Le chapitre 3 traite de
l'ensemble des compétences nécessaires pour exercer la profession de
conservateur/restaurateur de peintures murales. Ensuite vient un récapitulatif
des connaissances professionnelles générales, des compétences clés et des
exigences spécifiques nécessaires pour l'exercice de cette profession.
Les conditions de travail particulières relatives à cette profession sont traitées
au chapitre 4. Ce chapitre décrit également dans quelle mesure le travail peut
entraîner un stress physique et psychique, et les mesures de prévention
possibles. L'organisation du travail qui attend le conservateur/restaurateur de
peintures murales sera discutée au chapitre 5. Ici aussi, on fait abstraction du
caractère propre de chaque organisme, projet ou musée.
Le chapitre 6 traite des problèmes rencontrés par la profession dans les
entreprises. Les futures évolutions attendues pour la profession de
conservateur/restaurateur de peintures murales sont reprises au chapitre 7.
"Pour faciliter la lecture du texte, nous avons décidé d'employer la
forme masculine. Il va sans dire que par "il" ou 'lui", nous entendons
également "elle".
1. Définition et description
1.1. Domaine
Les monuments et les musées constituent le patrimoine d'une communauté donnée. Ce
patrimoine doit être maintenu en bon état pour être transmis aux générations suivantes:
cela peut aller d'une inspection régulière à des réparations ou restaurations de grande
ampleur. C'est pourquoi on parle de protection du patrimoine.
Font partie du patrimoine tous les vestiges matériels (mobiliers et immobiliers) et
immatériels de l'histoire de la civilisation auxquels notre société accorde de la valeur:
bâtiments, peintures, statues, mobilier, littérature...
Lors de la réforme de l'État en 1988, la compétence des 'monuments et sites' (y compris
le patrimoine archéologique immobilier) a été détachée de la 'culture', une compétence
communautaire, et confiée aux Régions. De ce fait, c'est la Région flamande qui est
compétente pour les monuments et sites sur son territoire.
Font partie de la protection du patrimoine la conservation et la restauration, qui effectuent
certaines actions sur des objets du patrimoine. La protection du patrimoine couvre
différents secteurs économiques, commissions paritaires et niveaux de qualification. Au
départ des principales phases du processus global de préservation matérielle, nous
pouvons distinguer six variables: encadrement, recherche, entretien, conservation,
restauration et reconstruction (Delmotte, 2000).
•
L'encadrement comporte la détermination des besoins de recherche et la
coordination des recherches, la détermination des options de conservation et de
restauration, la détermination et la description des actions à réaliser, la sélection de
l'exécutant, le suivi et le contrôle lors de l'exécution, le contrôle lors de l'achèvement
L'encadrement est important depuis le stade de la recherche jusque et y compris la
réception. Bien souvent, ce ne sera pas une seule personne qui assumera
l'encadrement, mais on formera une équipe d'encadrement.
•
La recherche est l'ensemble des procédures visant à comprendre l'objet sous tous
ses aspects. Les résultats de la recherche servent de base pour un diagnostic
cohérent et – ensuite – pour la détermination des options de restauration. La
recherche détermine encore les conséquences prévisibles de toutes les
interventions prévues. La recherche précède les interventions, mais se poursuit
encore pendant et après le traitement de l'œuvre d'art. Enfin, la documentation des
interventions et des découvertes faites pendant l'exécution fait aussi partie de la
recherche.
•
La recherche se subdivise grosso modo entre recherche historique, recherche sur
les matériaux et les techniques, et la recherche de la destination de l'objet.
La recherche historique est axée sur la genèse et la détermination du contexte
(histoire, histoire de l'art…) de l'objet et sur les modifications ultérieures éventuelles
apportées à l'objet et/ou à son contexte. C'est sur cette base qu'on détermine la
signification historique, documentaire et/ou artistique de l'artefact.
La recherche sur les matériaux et les techniques étudie les matériaux et techniques
utilisés, tant en ce qui concerne la structure que la finition de l'objet. Par ailleurs, elle
•
analyse l'importance de la dégradation, de la modification ou de la perte, ainsi que
l'état actuel (physique, chimique…) des objets dans leur environnement. Enfin, la
recherche étudie aussi les causes des dégradations et des altérations.
La recherche de destination détermine les possibilités et limitations actuelles pour
une destination pertinente du point de vue social du projet.
L'entretien regroupe les actions périodiques prévisibles ainsi que les interventions
provisoires en attendant une approche de fond. L'entretien vise à prévenir et à
empêcher la dégradation ou la déprédation des biens culturels.
•
La conservation peut se subdiviser en conservation préventive et conservation
curative. La conservation préventive est l'ensemble des mesures et actions visant à
créer et maintenir un environnement optimal pour la conservation des objets. Elle
cherche à maîtriser tant les caractéristiques climatologiques (température, humidité
relative, intensité lumineuse) que les conditions générales de conservation et
d'exposition. Elle a pour but de maintenir l'objet en l'état et de retarder ou éviter sa
dégradation ou sa déprédation éventuelles, afin de le maintenir aussi longtemps que
possible disponible pour une fonction sociale raisonnable, correspondant à sa valeur
historique et documentaire, et aux possibilités. En cas de conservation préventive,
on n'effectue aucune action sur l'objet proprement dit. La conservation curative est
le traitement des altérations ou autres formes de dommage constatées à la structure
existante et/ou aux couches de finition. En conservation curative, il s'agit d'actions
qui ne modifient pas ou peu l'aspect extérieur de la peinture.
•
La restauration concerne les actions qui ont pour but de rendre l'objet (à nouveau)
compréhensible, moyennant des interventions minimales ayant un caractère
d'authenticité esthétique, historique et matérielle, et de le mettre dans un état qui
permette une fonction sociale raisonnable correspondant à sa valeur historique et
documentaire ainsi qu'aux possibilités. En restauration, il s'agit d'actions
susceptibles de modifier l'aspect de la peinture.
La reconstruction est l'ensemble des actions par lesquelles l'objet est recomposé ou
par lesquelles des parties sont refaites et ajoutées ou intégrées dans l'ensemble.
•
La mesure dans laquelle la conservation, la restauration et/ou la restauration sont
nécessaires, souhaitables ou admissibles est déterminée objet par objet. Il faut encore
tenir compte, à cet égard, des conceptions courantes concernant la justification de la
protection du patrimoine du point de vue déontologique. La Charte de Venise (1964)
stipule que la restauration est une intervention qui doit avoir un caractère exceptionnel.
Elle définit les principes généraux de la conservation/restauration du patrimoine culturel.
Plus récemment, ont été définis les 'Principes pour la préservation et la
conservation/restauration des peintures murales', particulièrement pertinents pour ce
profil professionnel.1
Sont également importants pour ce profil professionnel:
1
Le texte complet se trouve en annexe 1 et 3.
•
•
•
•
•
La Déclaration d'Amsterdam (1975): elle a introduit le concept de conservation
intégrale;
Le document NARA sur l'authenticité (1994) en rapport avec la diversité culturelle;
Le code éthique ICOM-CC (1984);
Le document de Pavie (1997);
Les directives professionnelles ECCO (1997).
Il arrive que des restaurations entraînent une perte de valeur irréparable à l'authenticité
du monument. À l'heure actuelle, on recourt avec plus de prudence à des travaux de
restauration et on met l'accent sur le professionnalisme de l'entretien, la conservation
préventive et les traitements de conservation. Ces principes se sont concrétisés de
manière formelle depuis 1993, dans la politique flamande des monuments, dans une
réglementation et un système de primes d'une part pour l'entretien et d'autre part pour la
restauration.
Il faut être bien conscient que tout traitement de conservation/restauration implique en soi
une certaine perte de substance historique et, du fait de l'apport d'une nouvelle matière,
une certaine altération de la substance historique. Cette intervention entraîne, au
minimum, un déplacement des accents dans l'expression de l'œuvre d'art. Le meilleur
résultat que puisse atteindre un traitement de conservation/restauration, est un équilibre
entre un maintien optimal de la "force d'expression" de l'œuvre d'art, la préservation de
l'intégrité physique actuelle et le ménagement de possibilités de traitement futur.
Une répartition du travail analogue à celle qui régit les compétences sur le patrimoine
culturel est appliquée pour la mise en valeur des monuments. Même si la mise en valeur
et la destination des bâtiments restent des matières culturelles et personnalisables, on
considère la réaffectation concrète et la mise en valeur des monuments comme un
élément fonctionnel de l'action de la Protection des monuments, une compétence
régionale. Elles sont d'ailleurs étroitement liées à des questions de conservation.
En conclusion de cette exploration du terrain, voici encore un bref récapitulatif des
organismes qui travaillent dans le domaine des monuments et sites flamands.
•
ICOMOS Flandre/Bruxelles
ICOMOS Flandres/Bruxelles assure, pour la Flandre et Bruxelles, les tâches
d'ICOMOS International (ICOMOS - International Council on Monuments and
Sites).
Il s'agit d'une organisation non gouvernementale internationale de professionnels
actifs dans la conservation de monuments et sites historiques dans le monde entier.
L'organisation est le principal conseiller auprès de l'UNESCO en matière de
conservation et de protection du patrimoine monumental et d'admission sur la liste
du Patrimoine mondial.
•
Ministère de la Communauté flamande – Division Monuments et sites (AML –
Adeling Monumenten en Landschappen) Cette division prépare et exécute la
politique gouvernementale au niveau des monuments et des sites. Ce service public
traite les dossiers d'entretien et de restauration. Il accorde également des
subventions pour les initiatives favorisant le professionnalisme des restaurations.
•
Asbl subsidiées
•
Erfgoed Vlaanderen: cherche une solution pour les monuments dont la gestion
pose problème et ouvre au public les sites qu'il gère lui-même. La Journée du
patrimoine (Open Monumentendag - OMD) est une initiative du Conseil de
l'Europe depuis 1989 et est organisée par le groupe de pilotage Open
Monumentendag Vlaanderen, à l'initiative des trois pouvoirs publics: les
communes, les provinces et le Ministère de la Communauté flamande. C'est
Erfgoed Vlaanderen qui en assure le secrétariat.
•
Monumentenwacht Vlaanderen (MOWAV): effectue des contrôles préventifs
des monuments, établit des constats de manquements et effectue lui-même de
petites réparations. Cet organisme recherche les causes des dommages et les
consigne dans un rapport intelligible adressé au propriétaire.
•
VCM-Contactforum voor Erfgoedverenigingen: est le forum de contact pour les
associations de défense du patrimoine qui travaillent au niveau de la protection
des monuments et des sites en Flandre et/ou dans la Région de BruxellesCapitale.
•
Centrum voor Religieuze Kunst en Cultuur CRKC: se donne pour objectif de
maintenir en état et de valoriser le patrimoine artistique et culturel
ecclésiastique et de favoriser également l'art et la culture religieux
contemporains dans toutes leurs expressions. Le CRKC s'adresse en premier
lieu aux communautés monastiques de Flandre, développe, entre autres, des
initiatives au niveau de l'inventorisation du patrimoine mobilier de ces
institutions et formule des avis pour une bonne gestion efficace.
1.2. Définition
Aucune structure professionnelle n'existe encore dans le secteur de la restauration et de
la rénovation. Une étude du HIVA visant à élaborer un aperçu systématique des métiers
de base est restée sans résultat. La protection du patrimoine couvre différents secteurs
économiques, commissions paritaires et niveaux de qualification. C'est en partie pour
cette raison qu'il existe une grande confusion quand à savoir qui exerce quelles activités
et sous quel nom. Le secteur a donc choisi d'analyser d'abord quelques métiers et
d'arriver ainsi à une définition.
Nous n'exposerons qu'une seule profession dans le processus de conservation et de
restauration, à savoir le rôle du conservateur/restaurateur de peintures murales. Les
peintures murales font partie intégrante de la structure architecturale: l'architecture est le
support de la peinture murale.
C'est pourquoi, dans la pratique une collaboration interdisciplinaire est indispensable
entre les conservateurs/restaurateurs et d'autres experts: historiens, historiens de l'art,
archéologues, architectes et ingénieurs.
Le profil professionnel du conservateur/restaurateur de peintures murales est parallèle à
celui du peintre-décorateur spécialiste de la restauration. Bien que ces professions aient
une base commune en ce que toutes deux traitent des murs peints2, elles se différencient
nettement par leur niveau de connaissances, leurs compétences et leurs tâches.
2
Le matériau dans lequel cette profession est spécialisée concerne, tout comme pour le spécialiste de la
restauration, toutes sortes de peintures appliquées sur des murs.
La formation académique du conservateur/restaurateur de peintures murales influence
fortement sa manière de penser et son interaction avec l'objet dans sa globalité. Ainsi un
examen scientifique approfondi est-il nécessaire avant qu'il commence à exécuter la
conservation/restauration. Il considère en effet la peinture murale en premier lieu comme
une donnée historique dont il faut conserver l'authenticité. Il combine ainsi étude
scientifique et exécution de la conservation/rénovation. Le conservateur/restaurateur de
peintures murales conserve/restaure tant des ensembles figuratifs que des peintures
décoratives quand celles-ci ont une connotation patrimoniale. Au contraire d'un
conservateur/restaurateur de peintures murales, un peintre décorateur spécialisé en
restauration a ses racines dans le secteur de la construction mais il aboutit souvent dans
le secteur de la protection des monuments en raison de ses vastes connaissances
spécialisées des techniques et matériaux historiques de peinture. Comme on l'a déjà dit,
le peintre décorateur spécialisé en restauration est un professionnel qui exécute des
tâches techniques dans la phase de reconstruction de la protection du patrimoine. Il fait
en quelque sorte du nouveau travail dans un contexte historique. C'est sur ce point qu'il
diffère du conservateur/restaurateur de peintures murales qui ne crée jamais de
nouveaux biens culturels dans son travail: il n'est ni artisan ni artiste. Le
conservateur/restaurateur de peintures murales collabore parfois avec le peintre
décorateur spécialisé en restauration. Dans ce cas, c'est le restaurateur/conservateur de
peintures murales qui fixe la limite du travail du peintre décorateur.
Vous trouverez ci-après une liste de professions qui se rapprochent étroitement du
conservateur/restaurateur de peintures murales du point de vue de la déontologie et du
niveau de formation, mais qui s'en distinguent en raison de la nature des objets qu'ils
traitent et de leur mission de conservation spécifique.
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Conservateur/restaurateur de sculptures sur bois
Conservateur/restaurateur de vitraux
Conservateur/restaurateur de documents graphiques, cuir, parchemin
Conservateur/restaurateur de céramique et de verre
Conservateur/restaurateur de métal
Conservateur/restaurateur de mobilier
Conservateur/restaurateur de peintures
Conservateur/restaurateur de matériaux pierreux
Conservateur/restaurateur de textiles
Conservateur/restaurateurs d'horloges
Conservateur/restaurateur de bois imprégné d'eau
Enfin, il faut encore distinguer la profession de conservateur/restaurateur de peintures
murales de la profession d'architecte, qui joue également un rôle important pour les
missions de grande ampleur. L'architecte assume l'encadrement, la coordination des
travaux et la préparation du cahier des charges. Le conservateur/restaurateur de
peintures murales peut toutefois se mettre au travail sans le projet de l'architecte. Un
conservateur/restaurateur de peintures murales peut, en outre, souvent être engagé par
un architecte pour préparer un descriptif des travaux (De Cuyper & Van den Berge,
2000).
1.2.1
Dénomination du conservateur/restaurateur de peintures murales
Dans ce document, nous appliquerons la dénomination européenne de
conservateur/restaurateur. Dans les pays anglo-saxons, on utilise pour désigner cette
profession, le concept de 'conservateur' et dans d'autres pays, celui de 'restaurateur'. Ces
concepts sont généralement admis et compris au niveau européen. Le terme
'conservateur/restaurateur' combine les deux concepts et est utilisé dans les contacts et
les documents internationaux.
Dans la dénomination des professions, le terme de conservateur/restaurateur renvoie
également à la double mission de cette profession: conserver et restaurer. De même, la
'Charte de Venise', la 'Convention de Copenhague' et les 'Principes pour la préservation
et la conservation/restauration des peintures murales' affirment qu'il faut appliquer toutes
les mesures de conservation préventive avant d'effectuer la moindre intervention sur le
patrimoine culturel. La restauration est une étape plus avancée à laquelle on ne passe
que pour des raisons bien fondées.
1.3. Contenu de la profession
La définition générale que donne le ICOM Committee for Conservation3 pour le
conservateur/restaurateur est:
"the activity of the conservator-restorer (conservation) consists of technical examination,
preservation, and conservation-restoration of cultural property.
Examination is the preliminary procedure taken to determine the documentary
significance of an artefact; original structure and materials; the extent of its decoration,
alteration and loss and the documentation of these findings.
Preservation is action taken to retard or prevent deterioration of or damage to cultural
properties by control of their environment and/or treatment of their structure in order to
maintain them as nearly as possible in an unchanging state.
Restoration is action taken to make a deteriorated or damaged artefact understandable,
with minimal sacrifice of aesthetic and historic integrity."
Selon cette définition générale, un conservateur/décorateur s'occupe de recherche, de
conservation et de restauration de biens artistiques et culturels. Les verbes 'rechercher',
'conserver' et 'restaurer' sont les concepts centraux de la profession de
conservateur/restaurateur.
C'est pour concrétiser et expliquer ces actions de 'rechercher', 'conserver' et 'restaurer'
appliquées à la profession spécifique de conservateur/restaurateur de peintures murales
que l'ICOMOS a approuvé en 2003, lors de son assemblée générale de Victoria Falls
(Zimbabwe), un document spécifique, les 'Principes pour la Préservation et la
conservation/restauration des peintures murales'.4
Pour expliquer le contenu de la profession à des tiers, le SERV a subdivisé le document
en deux parties5:
•
Recherche
•
Traitement de conservation et de restauration
3
Le texte du Comité pour la conservation du Conseil international des musées est également (mieux)
connu sous le nom de 'Charte de Copenhague' de 1984.
4
Voir annexe 3.
5
La documentation se poursuit tout au long de ces deux parties.
Recherche
Un conservateur/restaurateur de peintures murales peut être contacté par différents
canaux au début d'un projet.
•
par le propriétaire/gestionnaire d'une peinture murale
•
par un architecte chargé de la conservation/restauration du bâtiment
•
par les appels des services publics (par exemple les communes)
Préalablement à la conservation/restauration de peintures murales dans un bâtiment, on
suppose d'abord un assainissement de ce bâtiment. Le bâtiment doit satisfaire à une
série de conditions quant à son état et aux facteurs d'environnement. Ces conditions, qui
ne rentrent pas dans le cahier des charges de la mission du conservateur/restaurateur,
sont très diverses et spécifiques au projet. Il s'agit, entre autres de: l'accessibilité de la
peinture murale, l'étanchement des toitures, l'adaptation des conditions climatologiques,
la résolution de problèmes d'humidité, etc. La conservation et la restauration de peintures
murales s'effectuent sur place et dépendent du bon état de conservation et d'entretien du
bâtiment dans lequel les peintures ont été réalisées.
Quand les conditions pratiques sont remplies, le processus de conservation/restauration
peut débuter, après une étude préliminaire. L'étude préliminaire vise à étudier et
comprendre la peinture murale en soi et dans le contexte architectonique global. L'étude
préliminaire scientifique se déroule selon la méthodologie en vigueur pour la recherche
scientifique: analyse des sources, analyse, interprétation et synthèse. L'étude scientifique
intégrale de la peinture murale revêt des aspects historiques, relatifs à l'histoire de l'art
ainsi qu'à la technique et aux matériaux. Pour favoriser une bonne collaboration, le
conservateur/restaurateur doit connaître certains contenus professionnels d'autres
disciplines. Ces connaissances sont surtout les bienvenues pour le diagnostic et un
questionnement précis.
Le conservateur/restaurateur réalise sur place une étude au niveau de la technique et des
matériaux, qu'il compare à d'autres recherches indispensables comme la recherche
archivistique, la recherche historique et la recherche relative à l'histoire de l'art ainsi que
la recherche en laboratoire, qui sont généralement réalisées par d'autres personnes dans
le cadre d'une recherche interdisciplinaire.
La recherche sur la technique et les matériaux donne des réponses décisives sur les
points suivants:
•
•
•
•
•
Étude du support (bâtiment, mur)
Étude du subjectile (enduit)
Étude du primaire et des couches de préparation.
Étude de la peinture ou du dessin sous-jacents
Étude de la peinture proprement dite:
•
composition de la peinture et stratigraphie des différentes couches
•
•
•
technique et matériaux de la peinture originale et des couches ultérieures,
modifications, adjonctions ou couches couvrantes
identification des dommages et de leurs causes: décolorations, sels, pelage ou
poudrage de la couche de peinture, dégradation du liant, produits de
restauration inadéquats, facteurs environnementaux néfastes comme la
température, l'éclairement, les problèmes d'humidité, la pollution
atmosphérique.
Propositions de traitement (options générales de restauration et possibilités
concrètes de réalisation) et conseils pour la conservation préventive.
La recherche se termine lorsque le conservateur/restaurateur a les idées claires pour
poser son diagnostic et déterminer ses options de conservation/restauration. L'ensemble
de la recherche est consigné par écrit par le conservateur/restaurateur de peintures
murales dans un rapport de recherche détaillé accompagné d'une proposition de
traitement. Le rapport contient des données factuelles provenant de la recherche et est
important pour formuler de manière rationnelle les options possibles de conservation ou
de restauration. Un rapport récapitulatif, comprenant la synthèse de la recherche, peut
comporter les éléments suivants:
•
l'historique de la peinture murale
•
les aspects techniques et relatifs à l'histoire de l'art de la peinture murale
•
l'état actuel de la peinture murale, l'état dans lequel on l'a trouvée et le tableau des
dommages
•
la note de diagnostic
•
la proposition de traitement
•
le métré
•
l'évaluation de la durée des travaux et du budget.
Le rapport de recherche est remis au maître de l'ouvrage, éventuellement avec une
proposition
de
traitement
argumentée,
après
quoi
on
décide
si
la
conservation/restauration sera exécutée tel que proposé. On a parfois le choix entre
plusieurs variantes: par exemple un choix entre une simple conservation ou une
restauration plus approfondie. Les procédures relatives aux travaux sur les monuments
protégés et les marchés publics sont établies par la loi. Dans ces cas, il faut suivre les
prescriptions pour l'adjudication des travaux à un exécutant.
.
Traitement de conservation et de restauration
La phase d'exécution succède à la recherche préliminaire. Le conservateur/restaurateur
qui en est chargé n'est pas nécessairement le même que celui qui a réalisé la recherche
préliminaire (cf. Loi sur les marchés publics).
L'exécution de la conservation/restauration peut comprendre les traitements suivants: la
réparation du support, la mise à nu d'une peinture murale, la fixation des différentes
couches, le nettoyage de la peinture, l'élimination des produits de restauration
dommageables du passé, l'enlèvement des couches de peinture ultérieures
dérangeantes, l'intégration des lacunes et la retouche, l'application d'une finition finale, le
complément et l'achèvement de l'étude préliminaire, et la documentation de l'intervention.
Le conservateur/restaurateur de peintures murales travaille avec des matériaux et des
techniques compatibles avec l'œuvre d'art tant du point de vue technique qu'esthétique,
et qui compromettront le moins possible un traitement ultérieur (la réversibilité des
matériaux et techniques de restauration est un idéal plutôt qu'une réalité, en raison de la
nature poreuse d'une peinture murale).
Les peintures murales font partie intégrante d'un bâtiment ou d'une structure. C'est dans
cette optique qu'il faut envisager leur conservation. Toutes les interventions, comme la
consolidation, le nettoyage et la réintégration doivent rester aussi minimes que possible
afin d'éviter la perte d'authenticité matérielle et picturale. Le vieillissement naturel et les
altérations chimiques irréversibles font partie de l'histoire de la peinture et doivent être
conservés en tant que tels. Il en va de même pour les restaurations, compléments ou
couches supplémentaires antérieurs, sauf si ceux-ci sont dommageables à l'intégrité
matérielle ou esthétique de l'œuvre.
Chaque conservation/restauration d'une peinture murale pose sa propre problématique,
et exige une réflexion et une approche axées sur l'objet. Les cahiers des charges types et
les traitements types sont peu utiles dans ce secteur. Le conservateur/restaurateur
travaille avec des originaux irremplaçables. Des traitements erronés ou inadaptés
peuvent endommager une peinture de manière irréparable, voire la détruire. Des
connaissances professionnelles théoriques et une large expérience sont des prémisses
indispensables pour pouvoir traiter ce patrimoine vulnérable.
Lorsque la conservation ou la restauration est terminée, un exemplaire de la
documentation est remis au propriétaire ou à l'administration donneuse d'ordre, et déposé
auprès d'un organisme public où ces informations doivent être consultables, sous réserve
toutefois du droit d'auteur.
En résumé:
Le conservateur/restaurateur étudie et traite des peintures murales. Toute
intervention débute par une étude préliminaire approfondie au cours de laquelle
des données sont rassemblées à propos de l'œuvre du point de vue historique
et matériel, de son état de conservation actuel, des causes des dommages, du
traitement proposé selon les nécessités techniques et esthétiques. L'étude
préliminaire sera de préférence interdisciplinaire.
Les peintures murales font partie intégrante d'un bâtiment ou d'une structure.
Leur conservation/restauration doit être effectuée in situ dans le respect du
support architectural. Les interventions du conservateur/restaurateur, comme la
consolidation, la fixation et la réintégration doivent rester aussi minimes que
possible afin d'éviter la perte d'authenticité matérielle et picturale. Toutes les
étapes de l'étude et du traitement doivent être documentées.
1.4. Perspectives de carrière
Comme la conservation/restauration exige de très grandes connaissances et capacités
professionnelles, le recyclage et le perfectionnement sont importants.
La profession de conservateur/restaurateur de peintures murales est souvent
combinée. Entre autres avec les spécialisations suivantes:
•
•
conservation/restauration de peintures murales et étude des couches de finition et
de la décoration intérieure des bâtiments
conservation/restauration de peintures murales et conservation/restauration de
sculptures sur pierre.
Certains conservateur/restaurateurs utilisent leur longue expérience dans l'enseignement.
2. Tâches et compétences
L'ensemble de tâches sera chaque fois subdivisé en tâches préparatoires, d'exécution et
de support. Les tâches préparatoires sont les tâches qui doivent être effectuées
préalablement aux tâches d'exécution. Il peut s'agir, entre autres, de planifier les activités
à exécuter, de préparer le matériel… Ce sont donc très spécifiquement des tâches
exécutées pour préparer son propre travail et non celui d'autres personnes. La plupart de
ces tâches préparatoires sont présentes dans toutes les professions. Ce n'est pas le cas
dans cette profession très spécifique.
Ce sont les tâches d'exécution qui constituent l'essence même de la profession.
Les tâches de support sont des tâches qui doivent être appliquées au cours de tout
l'ensemble de tâches et qui sont valables pour la plupart des professions. Il s'agit, entre
autres, de respecter les prescriptions générales en matière de gestion de la qualité, de
sécurité et d'environnement.
On mentionnera également, pour chaque tâche, les compétences nécessaires pour
exécuter cette tâche particulière. Nous entendons par compétences la capacité réelle et
individuelle d'appliquer ses connaissances (théoriques et pratiques), ses aptitudes et ses
attitudes dans l'action, en fonction de la situation de travail concrète, journalière et
changeante, et en fonction d'activités personnelles et sociales6.
Dans ce profil, nous discuterons de l'ensemble de tâches d'un conservateur/restaurateur
de peintures murales chevronné, qui mène les différents aspects de sa profession de
manière indépendante.
Ce conservateur/restaurateur part d'une peinture murale. Comme il s'agit d'un objet total,
il est difficile de fragmenter7 ou de standardiser les tâches. Nous n'avons pas repris de
tâches préparatoires pour cette profession, mais uniquement des tâches d'exécution et de
support. Chaque peinture murale a ses particularités et les tâches à effectuer différeront
d'une peinture murale à l'autre. Nous avons toutefois respecté une certaine chronologie
dans ce qui suit.
On peut distinguer les groupes de tâches suivants:
Tâches d'exécution
•
•
6
RECHERCHE
•
Réalisation de l'étude scientifique (tableau 2.2.1.)
•
Préparation du rapport de recherche (tableau 2.2.2)
•
Établissement du diagnostic (tableau 2.2.3)
•
Proposition de mesures de conservation préventive (tableau 2.2.4)
•
Proposition d'un traitement de conservation/restauration (tableau 2.2.5)
•
Documentation de la phase de recherche (tableau 2.2.6)
•
Documentation des mesures de conservation préventive (tableau 2.2.7)
TRAITEMENT DE CONSERVATION ET DE RESTAURATION
•
Planification et organisation du traitement de conservation et de restauration
(tableau 2.2.8)
•
Organisation et aménagement du lieu de travail (tableau 2.2.9)
•
Approvisionnement en matériaux et matériel nécessaires (tableau 2.2.10)
•
Mise à nu de la peinture murale (tableau 2.2.11)
•
Fixation et consolidation de la peinture murale (tableau 2.2.12)
•
Nettoyage de la peinture murale (tableau 2.2.13)
Voir texte groupe de travail EVC.
Par exemple: le nettoyage et les retouches sont des tâches complémentaires. On ne pourra souvent
passer à la phase finale de nettoyage qu'en l'envisageant par rapport aux retouches.
7
•
Comblement et intégration de lacunes (tableau 2.2.14)
•
Documentation de la phase de conservation/restauration (tableau 2.2.15)
•
Réalisation d'un contrôle de qualité (tableau 2.2.16)
Tâches de support
•
Sécurité (tableau 2.3.1)
•
Environnement (tableau 2.3.2)
2.1. Tâches d'exécution
PHASE D'ÉTUDE
2.1.1 Effectuer l'étude scientifique
Tâches
Compétences
• Étudier la mission
• Connaître la méthodologie d'une
étude scientifique en général
• Connaissance d'une étude
préliminaire archivistique,
historique et relative à l'histoire
de l'art, et capacité de comparer
ces études aux résultats de sa
propre étude de la technique et
des matériaux
• Connaissance des possibilités
d'analyse (étude du mortier, des
couches de peinture, des sels,
des couches de finition, des
pigments, des liants, étude
chimique, étude physique, etc.)
et capacité de comprendre les
résultats de ces études et de les
interpréter.
• Pouvoir déterminer quel type de
recherche complémentaire est
exigée pour une mission donnée
• Connaître la composition et les
techniques d'exécution d'une
peinture murale au cours des
siècles
• Connaître les matériaux dont se
compose une peinture murale
• Connaître les styles et les
caractéristiques d'exécution des
peintures murales au cours des
siècles
• Connaître l'histoire de la
restauration des peintures
murales
• Connaître les différents tableaux
de dommages et pouvoir en
•
Effectuer une étude de la
technique et des matériaux
retrouver les causes
• Savoir réaliser des fenêtres
d'essai et des fenêtres
stratigraphiques, et pouvoir en
déduire l'historique des couches
de finition ou de peinture
successives, en utilisant à cette
fin les résultats de l'étude
archivistique et relative à l'histoire
de l'art.
• Savoir communiquer avec les
exécutants de recherches
parallèles (archivistiques,
relatives à l'histoire de l'art,
chimiques et physiques)
Pouvoir communiquer avec les
donneurs d'ordre et argumenter
les options de restauration et le
traitement proposé
2.1.2 Rédiger un rapport de recherche
Tâches
Compétences
• Rédiger le rapport de recherche • Connaître les méthodes de
rapport scientifique afin de
pouvoir établir un rapport d'étude
synthétique
• Connaître les techniques de
documentation (techniques
graphiques: dessins, mesures,
calques, techniques
photographiques;
photogrammétrie, etc.) et savoir
les (faire) exécuter
• Pouvoir décrire l'état de
conservation d'une peinture
murale, son tableau de
dommages et ses causes
2.1.3 Poser le diagnostic
Tâches
• Poser le diagnostic
•
•
Compétences
Pouvoir poser le diagnostic sur la
base de toutes les études
préliminaires
Pouvoir évaluer un processus de
dégradation et ses causes
2.1.4 Propositions de mesures pour la conservation préventive
Tâches
Compétences
• Proposer des mesure de
• Connaître les instruments de
conservation préventive
mesure climatologique et savoir
les utiliser (température, humidité
relative, lumière…)
• Savoir interpréter quels sont
l'influence et les dommages
possibles des paramètres
climatologiques
• Pouvoir proposer et prescrire des
mesures en vue d'optimaliser les
conditions d'environnement
(température, humidité relative,
éclairement, utilisation de
l'espace, etc.)
Pouvoir communiquer avec les
donneurs d'ordre ou les
utilisateurs à propos des
conditions d'environnement et de
leur amélioration
2.1.5
Propositions de traitement de conservation/restauration
Tâches
• Élaborer une proposition de
conservation/restauration
• Déterminer les techniques,
produits et outils de
conservation/restauration
Compétences
• Pouvoir évaluer et exécuter des
conservations urgentes avant de
commencer le travail
• Pouvoir déterminer l'urgence de
l'intervention et pouvoir
l'argumenter
• Pouvoir prescrire et argumenter
les traitements de
conservation/restauration
nécessaires dans ce cas précis:
mise à nu de la peinture, fixation
et consolidation, nettoyage,
remplissage et intégration
• Pouvoir évaluer si la mise à nu
d'une peinture murale se justifie
par rapport à ce qui peut venir au
jour, dans la perspective de
l'environnement dans lequel la
peinture doit fonctionner du point
de vue esthétique et technique,
en proportion du dommage que
cause la mise à nu, et dans
l'ensemble de la politique de
restauration
• Pouvoir juger de la nature et de
la gravité du dommage Pouvoir
situer la consolidation et la
fixation dans le cadre de la
problématique éventuelle des
sels, de l'hypothèque que le
traitement fait peser sur l'avenir
et des problèmes esthétiques
• Pouvoir établir une description
exhaustive et claire de la
conservation/restauration à
exécuter
• Pouvoir appliquer la déontologie
par rapport à la
conservation/restauration
• Connaissance des matériaux et
techniques de restauration, de
leur comportement et de leur
mode de vieillissement
• Connaissance des principales
propriétés et possibilités
d'application des matériaux
• Connaître la compatibilité des
composants de la peinture
murale avec les produits de
restauration
• Déterminer une éventuelle couche • Connaissance des couches de
de finition ou de protection
protection et de finition finale
• Pouvoir déterminer la nécessité
éventuelle d'une méthode de
finition
• Exécuter une restauration d'essai • Pouvoir exécuter la conservation
ou la restauration proposée sur
une surface d'essai exemplative
de la peinture, et ainsi pouvoir
visualiser le résultat final visé
• Préparation d'un dossier de
• Pouvoir préparer une description
restauration
des travaux à effectuer
• Pouvoir établir une évaluation de
la durée des travaux et des coûts
2.1.6 Documenter la phase d'étude
•
•
•
•
• Tâches
Documenter l'étude technique
des matériaux
Documenter l'étude réalisée
Traiter des informations tirées
d'une collaboration
interdisciplinaire
Documenter les conclusions et
les options
•
•
•
•
•
•
Décrire la méthode de
recherche suivie
•
•
Préparer une documentation
graphique et photographique
•
•
Si opportun, rendre la
•
documentation accessible et/ou
la publier
•
2.1.7
•
•
• Compétences
Connaître les techniques de
documentation et de rapport
Pouvoir établir un rapport de
recherche
Pouvoir résumer les
informations, la documentation
Pouvoir utiliser la terminologie
exacte
Pouvoir travailler de manière
interdisciplinaire
Pouvoir expliquer les résultats
de l'étude préliminaire aux
différents intéressés
Connaissance de la
documentation iconographique
et de la présentation
(photographie, dessin)
Connaissance de la manière de
déposer, d'archiver la
documentation
Pouvoir rendre la
documentation consultable et
disponible
Documentation des mesures de conservation préventive
Tâches
Documenter les mesures de
protection et les mesures
préventives nécessaires
'Si opportun, rendre la
documentation accessible et/ou
la publier
•
•
•
Compétences
Connaissance des mesures de
prévention, processus chimicophysique, H.R. et température,
problématique des sels
Connaissance de la manière de
déposer, d'archiver la
documentation
Pouvoir rendre la
documentation consultable et
disponible
2.1.8
Planifier et organiser le traitement de conservation/restauration
Tâches
• Déterminer la stratégie, la
méthode de traitement et les
moyens, la succession des
traitements
Compétences
• Pouvoir planifier les tâches
d'exécution, le délai d'exécution,
la coordination
2.1.9
•
•
•
Organiser et aménager le lieu de travail
Tâches
Compétences
Vérifier si les conditions
• Pouvoir contrôler si le bâtiment
pratiques relatives aux facteurs
se trouve dans un état
d'environnement sont remplies
acceptable du point de vue de la
physique du bâtiment, condition
nécessaire pour qu'une
conservation puisse débuter
• Connaître les mesures
préventives, les processus
chimico-physiques, l'humidité
relative et la température, et
pouvoir contrôler et évaluer ces
conditions climatologiques
• Pouvoir prendre les mesures
Prendre des mesures de
nécessaires de protection et de
protection
sécurisation des peintures
murales, et les mesures
préventives
• Connaissance des règles de
Installer des échafaudages
roulants
base du montage et du
démontage d'échafaudages
simples
2.1.10 S'approvisionner en matériaux et en matériel
•
Tâches
S'approvisionner en matériaux et •
matériel nécessaires
•
•
Compétences
Connaissance des produits et
des matériaux
Connaissance des
producteurs/distributeurs
Pouvoir préparer les produits et
les matériaux
2.1.11 Mise à nu de la peinture murale
•
Tâches
Mise à nu de la peinture murale •
•
•
•
•
•
Compétences
Pouvoir enlever les couches de
peintures supplémentaires
gênantes et/ou les couches de
plafonnage ultérieures
Pouvoir utiliser un scalpel, un
ciseau, une fraise de dentiste
et autres outils appropriés
Pouvoir faire disparaître le voile
blanc qui subsiste après la
mise à nu de la peinture murale
Posséder une expérience et
des connaissances suffisantes
de la composition picturale des
peintures murales
Connaissance de la nature et
de l'aspect des couches de lait
de chaux
Pouvoir établir une stratégie:
combien de couches enlever
par opération, quel instrument
utiliser, pouvoir respecter une
bonne proportion entre
préfixation et mise à nu,
pouvoir évaluer l'importance de
la perte pendant la mise à nu
2.1.12 Fixation et consolidation de la peinture murale
Tâches
Compétences
• Connaître le cadre
• Fixer et consolider la peinture
déontologique et pouvoir
murale
l'appliquer
•
•
•
•
•
Connaissance de l'histoire de
la fixation et de la
consolidation, connaissance
des produits et techniques
utilisés lors de traitements
antérieurs
Connaissance des techniques
d'exécution et des matériaux
originaux
Pouvoir adapter les produits et
techniques aux problèmes
spécifiques (produits
anorganiques, produits
organiques naturels, produits
synthétiques, possibilités de
mélanges, injections,
compresses, spray, application
directe au pinceau ou à la
brosse, irrigation, pression ou
non (différents systèmes)
Pouvoir évaluer les effets des
produits et techniques quant à
leurs qualités optiques et
pouvoir les situer dans le cadre
des valeurs intrinsèques de
l'œuvre d'art
Pouvoir résoudre le problème
des sels ou, si c'est impossible:
stabiliser la situation
2.1.13 Nettoyage de la peinture murale
Tâches
Compétences
• Nettoyage d'une peinture murale • Pouvoir déterminer le degré de
nettoyage en fonction de la
distinction entre encrassement et
patine, de la valeur de l'âge et du
rapport entre les différents
éléments et l'ensemble
• Connaissance des méthodes de
• Nettoyage mécanique de la
nettoyage mécanique
peinture murale
• Pouvoir choisir le produit de
nettoyage approprié en fonction
du but à atteindre
• Pouvoir nettoyer soigneusement
une peinture murale avec les
produits appropriés (p. ex.
gommages, éponges grattantes,
microsablage…)
• Nettoyage à l'aide de solvants,
• Connaissance de ces différents
enzymes, gels, détergents, etc.
solvants
• Connaissance des effets
chimiques de ces produits, et de
leurs effets à court et à long
terme
2.1.14 Comblement et intégration des lacunes
•
Tâches
Comblement des lacunes
•
Retoucher
Compétences
• Connaissance du comblement
des lacunes sur le support
• Connaissance des différentes
techniques d'enduisage et de
préparation
• Pouvoir adapter la lacune à la
structure environnante
• Connaissance des différentes
périodes stylistiques au cours de
l'histoire
• Connaissance des différentes
sortes de lacunes qu'une
peinture murale peut présenter
(usure, manque de couche de
peinture et/ou de plafonnage…)
• Connaissance des différentes
techniques et méthodes de
retouche
• Connaissance des matériaux de
retouche (réversible)
• Différence entre lacunes
intégrables et non intégrables
• Pouvoir compléter des lacunes et
des parties manquantes
• Connaissance de la manière de
rétablir l'unité et l'aspect visuel de
l'objet
• Connaissance de la déontologie
• Pouvoir rétablir l'unité visuelle et
la lisibilité moyennant une
intervention de retouche
minimale
• Pouvoir exécuter la retouche (p.
ex. à l'aquarelle)
2.1.15 Documenter le traitement de conservation/restauration
Tâches
Compétences
• Documenter le processus de
conservation et de restauration:
• documenter le traitement de
conservation et de restauration
effectué
• compléter les documents avec
les données provenant de la
collaboration interdisciplinaire
• documenter les conclusions
adoptées
• organiser la documentation de
manière à ce que d'autres
utilisateurs retrouvent ce qu'ils
cherchent
•
•
•
•
•
•
Connaissance des exigences du
secteur (voir annexe 2 et
annexe 3)
Connaître les techniques de
documentation et de rapport
Pouvoir établir des rapports, des
dessins et des schémas
Pouvoir utiliser la terminologie
exacte
Pouvoir résumer précisément la
documentation de l'information
Pouvoir travailler de manière
interdisciplinaire
•
Décrire la méthode de
traitement suivie
•
•
•
•
Préparer une documentation
graphique et photographique
•
•
•
•
•
Si opportun, rendre la
•
documentation accessible et/ou
la publier
•
Pouvoir décrire, entre autres, les
matériaux et les méthodes
utilisés
Pouvoir décrire la manière dont
les souillures ont été éliminées
Pouvoir désigner les méthodes
et les matériaux avec lesquels
les travaux ont été exécutés
Connaissance de la
documentation iconographie et
de la présentation
Pouvoir appliquer des méthodes
photographiques spécifiques
Pouvoir photographier selon des
normes spécifiques de projet
avant, pendant et après le
traitement
Pouvoir réaliser des
dessins/illustrations qui donnent
une idée de la structure et de la
composition
Connaissance de la manière de
déposer, d'archiver la
documentation
Pouvoir assurer la transparence
et la disponibilité de la
documentation
2.1.16 Effectuer un contrôle de qualité
Tâches
Compétences
•
Contrôler et évaluer les parties
restaurées et l'exécution
•
•
•
•
•
•
•
Consulter des collègues
pendant l'exécution du travail
•
•
Connaissance des exigences
du secteur (voir annexes 2 et 3)
Connaissance des critères de
qualité auxquels le travail doit
répondre
Pouvoir évaluer la qualité du
travail effectuer (également de
son propre travail)
Pouvoir reconnaître
visuellement les écarts et les
défauts de surface
Pouvoir évaluer quelles
peuvent être les conséquences
des erreurs (même petites)
Pouvoir admettre ses propres
erreurs et les réparer
Pouvoir demander conseil à
d'autres
conservateurs/restaurateurs
Pouvoir discuter des problèmes
et de leurs solutions avec des
collègues
2.2. Tâches de support
2.2.1
•
Sécurité
Tâches
Prendre des mesures de
protection pour la sécurité et la
santé des autres et de soimême
•
•
•
•
•
•
Appliquer les prescriptions de
sécurité en vigueur
2.2.2
•
•
Environnement
Tâches
Appliquer les prescriptions en
matière d'environnement
Trier les déchets et les
matériaux de récupération
•
Compétences
Connaître et pouvoir utiliser les
moyens de protection
individuelle et collective pour
exécuter le travail
Connaissance de la toxicité des
produits de restauration
Pouvoir reconnaître les
situations potentiellement
dangereuses
Connaître et appliquer les
postures de travail
ergonomiques
Connaissance du danger et des
conséquences de l'utilisation de
certaines matières premières•
Connaissance des prescriptions
de sécurité
Compétences
• Connaissance des prescriptions
en matière d'environnement
• Connaissance de la toxicité des
produits de restauration
• Pouvoir utiliser de manière
économique les produits
toxiques
2.3. Professionnel débutant
La formation de conservateur/restaurateur de peintures murales exige une formation
académique complète. Une fois le diplôme décroché, le conservateur/restaurateur n'est
toutefois pas encore capable – loin de là – de traiter une peinture murale de manière
autonome, encore moins de diriger un chantier. Comme, en conservation/rénovation,
chaque mission constitue un cas particulier et impose donc des exigences
exceptionnelles, l'expérience pratique acquise pendant les études n'est pas suffisante.
On peut dire qu'il faut une expérience pratique de quatre années après les études pour
pouvoir mener à bonne fin un petit chantier de manière autonome. Il faut au moins autant
d'expérience pratique pour pouvoir diriger une équipe capable de s'attaquer à un plus
grand chantier.
3. Compétences
Par compétences, nous entendons l'ensemble cohérent de connaissances, d'aptitudes et
d'attitudes visiblement tirées des actions et/ou tâches concrètes qui se présentent dans
l'exercice de la profession de conservateur/restaurateur de peintures murales.
Dans ce chapitre, nous décrirons successivement la connaissance générale de la
profession, les compétences clés et les exigences spécifiques que doit posséder le
conservateur/restaurateur de peintures murales.
3.1. Connaissance générale de la profession
La conservation/restauration se situe à la frontière entre l'art, la science de l'art et les
sciences naturelles. Le conservateur/restaurateur de peintures murales doit connaître les
particularités et les méthodologies de ces disciplines.
1. Pouvoir évaluer une peinture murale sur son essence. Posséder une connaissance de:
•
la philosophie des arts
•
l'histoire de l'art (y compris les méthodologies relatives à l'histoire de l'art)
•
la technologie artistique (effet, matériaux, techniques, outillage)
•
l'histoire de la culture
2. Pouvoir identifier les modifications physiques qu'une œuvre d'art subit au cours du
temps, indiquer leurs causes et les traiter éventuellement. Posséder une connaissance
de:
•
la chimie
•
la physique
•
la biologie
•
la climatologie
tant en ce qui concerne les matériaux utilisés initialement, les produits à utiliser pour la
conservation/restauration, les mécanismes de vieillissement et les produits que les
méthodes de recherche.
3. Pouvoir évaluer quelles mesures typiques de la profession il peut (faire) prendre pour
éliminer les causes du dommage, ou les atténuer, et conserver l'œuvre d'art comme
telle et comme objet physique de la manière la plus "authentique" possible. Il
complètera à cette fin les connaissances citées aux points 1 et 2 par des
connaissances en matière de:
•
déontologie et éthique de la profession
•
théorie de la restauration et histoire de la restauration
•
techniques, matériaux et outillages spécifiques à la profession en ce qui concerne:
•
les interventions sur l'œuvre d'art proprement dites
•
la documentation des interventions et des caractéristiques de l'œuvre d'art
•
le monitoring
4. Connaître différentes langues pour pouvoir consulter la littérature professionnelle et
assister à des congrès à l'étranger.
3.2. Compétences clés
Les compétences clés font référence aux aptitudes et aux attitudes nécessaires pour
l'exercice de la profession de restaurateur/conservateur de peintures murales. Les
compétences clés ci-dessous ont été identifiées comme les plus importantes pour cette
profession.
Compétence clé
• Être disposé à apprendre
• Être créatif
• Persévérance
• Sensibilité pour la substance
historique
• Être inventif8
8
Description
Être disposé et être en mesure
d'étoffer ses compétences et de les
approfondir. Rechercher activement
les situations où améliorer et
approfondir ses compétences. Un
conservateur/restaurateur de
peintures murales doit être disposé
à se développer constamment afin
de faire un usage optimal des
nouvelles idées dans le domaine
professionnel.
Le conservateur/restaurateur doit
suivre les évolutions de son
domaine professionnel. Il est
nécessaire de consulter la littérature
professionnelle.
Il doit disposer d'une empathie
artistique suffisante pour maintenir
une unité artistique perturbée dans
sa signification optimale.
Chercher à atteindre un but malgré
les difficultés. Savoir mener à
bonne fin un projet de longue
haleine.
Le conservateur/restaurateur est
attentif à la signification stylistique
et relative à l'histoire artistique de
l'objet.
Ces idées influenceront
partiellement l'exécution.
Pour un conservateur/restaurateur
cette qualité s'entend au niveau de
la technique professionnelle. Il doit
rechercher des solutions à des
circonstances imprévues. Il
rencontre toujours d'autres
Être inventif ne veut pas dire, dans le contexte de cette profession, qu'il doit créer de nouveaux objets
culturels. Il ne va jamais reconstruire ce qui n'existe plus ou ce qu'on ne peut plus conserver.
• Avoir l'esprit critique.
Travailler dans le souci de la
qualité
problèmes en cours d'exécution et,
de ce fait, une inventivité judicieuse
et la capacité d'improvisation sont
importantes. Au besoin, il doit
pouvoir s'écarter des plans. Cela ne
permet pas une méthode de travail
standardisée.
Être en mesure de remettre en
question les choix et la méthode de
travail et de les évaluer de manière
critique de manière permanente.
Pour pouvoir garantir la qualité du
travail, il est important d'avoir l'esprit
critique par rapport à son propre
travail et aux choix posés. Chaque
fois qu'il aborde une nouvelle
peinture murale, il devra travailler
selon les exigences et les besoins
de l'objet. Pouvoir accepter la
critique.
Connaître ses propres limites et les
respecter.
Il doit apporter beaucoup de soin à
sa manière d'agir et à l'objet à
conserver/restaurer. Il travaille en
effet sur des artefacts uniques qui
ont une valeur particulière pour
l'héritage culturel. Une mauvaise
restauration est irréversible. La
gestion intégrale de la qualité est un
concept clé. Outre l'exécution du
travail préparatoire, il est
responsable, durant tout le
processus, du contrôle de la qualité
dans les différentes phases de la
mission. Ainsi, la qualité du rapport
d'étude et de la proposition de
traitement, par exemple, est-elle
capitale pour la qualité du produit
fini. Conserver la peinture murale
de telle sorte à être satisfait de sa
prestation sur le travail accompli. Il
fournit un travail de qualité et se
sent responsable de son travail.
L'apport du
conservateur/restaurateur est
subordonné à la valeur historique et
culturelle de l'objet.
3.3. Exigences spécifiques
Le conservateur/restaurateur de peintures murales doit aussi répondre à
plusieurs exigences spécifiques pour exercer sa profession:
•
Posséder des aptitudes motrices et de la perspicacité: il doit pouvoir
effectuer avec ses mains des manipulations motrices fines lors de la
conservation d'un artefact.
•
Il doit avoir une bonne vue, pouvoir distinguer les couleurs et les
nuances.
4. Conditions particulières de travail
Par conditions particulières de travail, nous entendons les conditions de travail qui sont
typiques du travail et les risques éventuels qui y sont liés.
Les conditions typiques dans lesquelles on travaille sont les suivantes:
•
Le conservateur/restaurateur travaille in situ sur une peinture murale qui fait partie
d'un bâtiment. Cela implique qu'il faut tenir compte de ce qui suit:
•
les distances souvent longues entre le domicile et le lieu de travail, impliquant
de longs déplacements ou un logement sur place;
•
le déplacement de beaucoup de matériel sur le chantier;
•
les conditions climatologiques. Un arrêt hivernal est souvent nécessaire dans
les bâtiments non chauffés ou en cas de travail à l'extérieur. La température et
les conditions climatiques sont aussi souvent déterminantes pour l'emploi de
certains produits. C'est important pour le planning du travail.
•
un confort qui laisse éventuellement à désirer, comme un accès difficile à l'eau
et à l'électricité, l'absence de sanitaires ou leur manque d'hygiène, l'absence de
locaux propres ou chauffés pour la pause de midi;
•
l'utilisation du bâtiment, p. ex. les services religieux. En outre, il faut souvent
déplacer l'échafaudage pour le week-end; il faut ranger complètement le
chantier, etc. Les jours de fête sont souvent fixés comme date limite parce que
les échafaudages déparent;
•
on peut être confronté avec des personnes qui sont contre leur gré
propriétaires d'une peinture murale dans leur immeuble. Ces gens ne voient
souvent pas l'utilité des coûts élevés qu'ils sont forcés de payer pour l'étude ou
la restauration;
•
l'accessibilité du chantier au public. Il faut tenir compte de la sécurité des
visiteurs et du conservateur/restaurateur (vol de matériel);
•
la coordination de travaux simultanés dans le bâtiment. Une concertation
approfondie avec les autres entrepreneurs est indispensable pour que les
travaux s'enchaînent sans problèmes et de manière logique sans qu'on se
marche sur les pieds;
•
on travaille généralement sur des échafaudages et des échelles. L'organisation
du travail doit tenir compte du fait que toutes les zones de travail ne sont donc
pas accessibles en même temps. D'autres entrepreneurs doivent parfois aussi
utiliser l'échafaudage. Travailler en même temps sur des plateaux différents
peut ne pas être pratique ou dangereux.
•
certains chantiers peuvent être extrêmement bruyants et désordonnés.
Voici également un récapitulatif d'une série de risques spécifiques à la profession et de
leur prévention possible.
•
Les produits de restauration peuvent être très toxiques. À court terme, ces produits
peuvent être irritants (voire provoquer des dommages qui passent inaperçus). En
cas d'usage prolongé, ils peuvent provoquer des dommages à la santé.
Prévention: le conservateur/restaurateur possède une connaissance suffisante de
la toxicité des produits tant traditionnels que modernes avec lesquels il travaille, et
porte des vêtements de protection.
•
Les conservateurs/restaurateurs travaillent souvent penchés ou à des endroits
difficiles d'accès. Cela peut être préjudiciable pour leur colonne vertébrale.
Prévention: le conservateur/restaurateur adopte régulièrement une attitude sûre
et ergonomique. On tient compte de ces aspects lors de l'installation des
échafaudages.
•
Les conservateurs/restaurateurs de peintures murales travaillent parfois avec des
outils et/ou des produits traditionnels qui ne répondent pas aux normes de sécurité
en vigueur mais qui sont nécessaires parce qu'ils assurent un résultat optimal dans
le cadre de la mission de conservation.
Prévention: être conscient des dangers qu'il court lorsqu'il manipule des outils et/ou
des produits traditionnels.
5. Organisation du travail
Les donneurs d'ordres de missions de conservation peuvent être très différents: ce
peuvent être des propriétaires particuliers, les musées, des pouvoirs civils ou religieux…
Cependant, le conservateur/restaurateur travaille principalement pour les pouvoirs publics
et les institutions religieuses. C'est pourquoi il s'agit souvent de travaux subventionnés, et
il faut donc respecter la législation et les procédures administratives.
La majorité des conservateurs/restaurateurs de peintures murales travaillent en tant
qu'indépendants. Comme les entreprises sont très petites (presque jamais plus de cinq
travailleurs), le secteur se caractérise par une structure en réseau. Cela implique qu'un
conservateur/restaurateur entretient des relations de collaboration temporaire avec
d'autres conservateurs/restaurateurs pour des projets de trop grande ampleur pour une
seule personne et/ou dont la complexité exige l'apport de disciplines complémentaires.
À côté de la majorité d'indépendants, il y a aussi quelques conservateurs/restaurateurs
qui travaillent dans des institutions publiques comme l'Institut royal du patrimoine
artistique (IRPA) et la division Monuments et sites de la Communauté flamande.
C'est une profession à fort coefficient de travail et le travail est généralement effectué in
situ. Le travail est chaque fois organisé en fonction du projet concret, compte tenu des
particularités des matériaux utilisés. Étant donné la nature de son travail, le
conservateur/restaurateur entre en contact avec des projets de construction plus étendus.
Il est plus facile, pour les responsables d'un projet, d'attribuer un projet de construction
plus important à un seul entrepreneur principal qui répartit le travail entre des soustraitants. Un conservateur/restaurateur travaille donc souvent en sous-traitance. Le
secteur de la restauration n'est pas d'accord avec un tel mode de fonctionnement. On
essaie donc, du côté des autorités compétentes, d'attribuer directement des missions de
conservation au conservateur/restaurateur.
6. Problèmes
1. Les jeunes diplômés manquent avant tout d'expérience pratique. En outre, il est difficile
pour de jeunes diplômés de se lancer comme indépendants. Bien souvent, ils ne
connaissent pas suffisamment les procédures administratives qu'exige le travail de
conservateur/restaurateur de peintures murales. Les missions subventionnées exigent
une procédure administrative standardisée: le dossier doit être établi sous une forme
acceptable par les pouvoirs publics Il est également en rapport avec les pouvoirs
locaux Quand il prépare le dossier et qu'il supervise le chantier, il dit assurer la
subvention des travaux et la contribution financière des provinces et des communes.
2. La profession de restaurateur ne jouit pas d'une protection légale9. Cela veut dire que
des restaurateurs non qualifiés peuvent travailler sur le patrimoine culturel immobilier,
en l'occurrence les peintures murales. Cette situation est dangereuse parce que le
patrimoine culturel est unique et qu'un traitement incompétent ne peut jamais plus être
supprimé.
Le problème de la protection de la profession dépend étroitement de la
reconnaissance des diplômes et donc des possibilités de formation dans des
établissement d'enseignement reconnus. À l'heure actuelle, on peut obtenir un
diplôme légalement reconnu de "Maîtrise en restauration de peintures murale" à la
Haute école d'Anvers, département Conservation et Restauration. L'existence d'une
telle formation spécialisée de conservateur/restaurateur de peintures murales est tout
à fait unique. Elle n'existe par exemple pas dans la partie francophone du pays ou
dans la Région bruxelloise. La formation est habituellement combinée avec la
restauration de peintures ou de pierres, ou elle est organisée sous la forme de
spécialisation en post-graduat ou par des stages. Par ailleurs, il faudrait lutter contre la
prolifération de formations incomplètes et non qualifiées (hobby) en cours du jour ou
du soir.
3. Un des problèmes parfois cités est la séparation légale entre la recherche et le
traitement de restauration/conservation proprement dit. L'article 78 de l'AR du 8
janvier 1996 interdit la concession de marchés publics de travaux, de fournitures et de
services aux entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires de services qui ont été
chargés de l'expérimentation, de l'étude ou du développement de ces travaux,
fournitures et services. Cette disposition vise à éviter la confusion d'intérêts et à
garantir des chances égales aux soumissionnaires.
9
En Flandre, il existe actuellement une seule formation reconnue de conservateur/restaurateur (haute
école d'Anvers Antwerpen). Pour la partie francophone du pays, la formation est assurée à La Cambre.
Cela veut dire qu'un conservateur/restaurateur de peintures murales qui a effectué
l'examen (et est donc au courant) doit céder la phase d'exécution à un collègue. Il en
résulte qu'une fois qu'ils ont procédé à l'examen et à l'étude de l'objet du marché
indiqué dans le concours, ils sont exclus de l'exécution du marché. La séparation
stricte constitue un problème parce que la recherche est très complexe en
conservation/rénovation et qu'elle exige souvent beaucoup de temps. Un
conservateur/rénovateur qui reçoit l'adjudication dans la phase suivante devra souvent
procéder lui-même à un certain travail de recherche avant de pouvoir entamer la
phase d'exécution. Une application trop stricte de cet article ne s'indique pas non plus
pour le pouvoir public adjudicateur.. De la sorte, beaucoup de potentiel est perdu pour
le pouvoir public donneur d'ordre et on peut même imaginer qu'il ne reste pas de
candidats compétents. Dans l'état actuel de la réglementation, seule existe la
possibilité de régler la problématique des incompatibilités, sauf pour les entreprises
liées pour lesquelles la non-influence peut être démontrée, en annonçant
immédiatement un marché portant sur l'étude et l'exécution.
4. Le secteur de la restauration se compose de petites entreprises qui collaborent
souvent de manière multidisciplinaires sur le même chantier. Un coordinateur de
sécurité est, dans ce cas, source de frais généraux élevés. Cela pose parfois un
problème pour les petites entreprises qui collaborent.
5. Le chantier de restauration est un lieu de travail très spécifique. Parfois certains
problèmes peuvent surgir parce que différents entrepreneurs ou leurs travailleurs
n'harmonisent pas leur exécution (par exemple éviter autant que possible la
poussière, clôturer les travaux…) Il en résulte parfois des dommages supplémentaires
aux peintures murales. Ce problème peut être évité grâce à une bonne concertation et
à des accords clairs.
6. La restauration de peintures murales est souvent exécutée en sous-traitance, avec
tous les problèmes que cela pose, par exemple en ce qui concerne le suivi et le
contrôle de l'exécution.
7. Lors de la restauration d'un bâtiment, le volet "peintures murales" n'est souvent abordé
qu'à la fin. Le choix du traitement des couches de finition environnantes a déjà été fait
et même exécuté, ce qui peut poser des problèmes pour la conservation des peintures
murales.
8. Problème de responsabilité des travaux qui ont un impact sur le bâtiment, leur
interaction avec la peinture.
7. Évolutions futures
7.1. Généralités
La profession de conservateur/restaurateur de peintures murales est en constante
évolution. D'une part, l'évolution est entraînée par la science qui apporte de nouvelles
connaissances sur les peintures, le matériel et les matériaux utilisés initialement. Et de
nouvelles techniques font lentement leur chemin dans cette profession: ainsi est-on en
train de tester les lasers, la projection hydropneumatique, les compresses chimiques,
etc. et il n'est pas impensable que le recours à ces techniques prenne encore de
l'ampleur. Tout dépend de leur utilité pratique et de leur coût.
À côté des développement de la science de la restauration, la société et le contexte de
l'époque influencent les conceptions sur la manière d'aborder le patrimoine. Les codes
déontologiques constituent, pour le conservateur/restaurateur de peintures murales, la
base et le fil conducteur d'un exercice responsable de sa profession. La responsabilité qui
pèse sur lui dans la restauration/conservation de peintures murales prendra davantage
d'importance.
7.2. Tâches
En se basant sur les tableaux des tâches ci-dessus, on peut dégager les tendances
suivantes pour la profession de conservateur/restaurateur de peintures murales. Par
tendance, nous entendons ici l'importance tant croissante que décroissante de certaines
tâches à l'avenir. En outre, des tâches entièrement neuves peuvent entrer en ligne de
compte.
Tendance croissante (la tâche deviendra plus importante à l'avenir)
•
La conservation préventive (éviter l'apparition de dommages en
intervenant sur les conditions d'environnement)
•
Les traitements de conservation curative
•
Missions de recherche
Tendance décroissante (la tâche deviendra moins importante à l'avenir)
•
Restaurations drastiques et très poussées, surtout en ce qui
concerne la mise à nu de nouveaux ensembles, la retouche
poussée et la reconstruction de parties disparues.
7.3. Compétences
Malgré que l'on observe des tendances décroissantes dans l'ensemble des tâches, cela
ne veut pas dire qu'il ne faudra pas posséder les compétences relatives à ces tâches
décroissantes. On n'observe pas de tendances décroissantes dans les compétences.
Tendance croissante (la compétence deviendra plus importante à l'avenir)
• La mission de recherche est plus large qu'auparavant: les connaissances deviennent
plus importantes pour une approche scientifique.
• L'entretien de la peinture murale prend de l'importance. Les compétences
correspondantes présentent une tendance à la croissance.
8. Fiche professionnelle
Conservateur/restaurateur de peintures murales (H/F)
AUTRES APPELLATIONS POSSIBLES
NE PAS CONFONDRE
AVEC
GROUPE
DESCRIPTION
ll examine et traite des peintures murales. Chaque intervention débute par une
étude préliminaire approfondie, au cours de laquelle il rassemble des données sur
la genèse historique et matérielle de l'œuvre, son état de conservation actuelle et
les causes des dommages, le traitement proposé selon les besoins techniques et
esthétiques. L'étude préliminaire sera de préférence interdisciplinaire.
Les peintures murales font partie intégrante d'un bâtiment ou d'une structure. Leur
conservation/restauration doit être effectuée in situ dans le respect du support
architectural. Les interventions du conservateur/restaurateur, comme la
consolidation, la fixation et la réintégration doivent rester aussi minimes que
possible afin d'éviter la perte d'authenticité matérielle et picturale. Il doit
documenter toutes les étapes de l'étude et du traitement.
TÂCHES
RECHERCHE
•
Effectuer l'étude scientifique
•
Rédiger le rapport de recherche
•
Poser le diagnostic
•
Propositions de mesures pour la conservation préventive
•
Propositions de traitement de conservation/restauration
•
Documentation de la phase d'étude
•
Documentation des mesures de conservation préventive
TRAITEMENT DE CONSERVATION ET DE RESTAURATION
• Planifier et organiser le traitement de conservation/restauration
• Organiser et aménager le lieu de travail
• Prévoir les matériaux et le matériel nécessaires
• Mettre nu la peinture murale
• Fixer et consolider la peinture murale
• Nettoyer la peinture murale
• Combler et intégrer les lacunes
• Documenter le traitement de conservation/restauration
• Être responsable de l'environnement, de la sécurité, de la santé au travail.
COMPÉTENCES
CONNAISSANCES
• Connaissance de techniques, matériaux et outillages propres à la
profession en ce qui concerne des interventions sur l'œuvre d'art,
documentation d'interventions et particularités de l'œuvre,
monitoring
• Connaissance de la philosophie de l'art, de l'histoire de l'art, de
l'histoire de la technologie.
• Connaissance de la chimie, de la physique, de la biologie, de la
climatologie
• Connaissance de la déontologie et de l'éthique propres à sa
profession
• Connaissance de la théorie de la restauration et de l'histoire de la
restauration
• Connaissance des langues pour pouvoir consulter la littérature
professionnelle et assister à des congrès.
COMPÉTENCES CLÉS
• Être disposé à apprendre
• Être créatif
• Persévérance
• Sensibilité pour la substance historique
• Être inventif
• Avoir l'esprit critique.
• Travailler dans le souci de la qualité
EXIGENCES SPÉCIFIQUES
• Capacités motrices: pouvoir poser des actes de fine motricité
• Avoir une bonne vue: pouvoir distinguer les couleurs et les nuances
FORMATION ET EXPÉRIENCE
• Il a une formation académique en conservation/restauration
• Il faut une expérience pratique de quatre ans après les études pour
pouvoir mener à bonne fin un petit chantier de manière autonome. Il
faut au moins autant d'expérience pratique pour pouvoir diriger une
équipe capable de s'attaquer à un grand chantier.
POSSIBILITÉS D'EMPLOI
• Il travaille comme indépendant ou sous contrat de travail
• • Dans les institutions publiques, comme l'Institut royal pour le patrimoine artistique,
la division Monuments et sites de la Communauté flamande, les musées
PERSPECTIVES DE CARRIÈRE
• Comme la conservation/restauration exige de très grandes connaissances
professionnelles et une très grande aptitude, le recyclage et le perfectionnement sont
importants.
• Certains conservateur/restaurateurs utilisent leur longue expérience dans
l'enseignement.
ORGANISATION DU TRAVAIL
• Comme les entreprises sont très petites, le secteur se caractérise par une structure
en réseau.
• Le travail est organisé chaque fois en fonction du projet concret in situ.
CONDITIONS DE TRAVAIL
• Il travaille in situ à la conservation/restauration de la peinture murale qui fait partie du
bâtiment
• Il travaille souvent sur des échafaudages pendant le traitement de
conservation/restauration.
PROBLÈMES
• Jeunes diplômés qui manquent d'expérience pratique
• La profession n'est pas protégée légalement
• La distinction légale entre la recherche et le traitement de restauration/conservation
• Le chantier de restauration est un lieu de travail spécifique: les entrepreneurs et les
travailleurs doivent adapter leur manière de travailler
• Le problème de la sous-traitance
• Lors de la restauration d'un bâtiment, le volet "peintures murales" n'est souvent
abordé qu'à la fin.
ÉVOLUTIONS FUTURES
• Évolution entraînée par les connaissances accrues qui ouvrent de nouvelles
perspectives dans le domaine de la technologie de l'art, des sciences de l'art et de la
conservation/restauration.
• Évolutions entraînées par la société et le contexte de l'époque qui exercent une
influence sur les conceptions relatives à la manière de traiter le patrimoine.
Liste d'organismes et d'entreprises qui font partie des conférences
"conservateur/restaurateur de peintures murales"
Ministère de la Communauté flamande.
Département Monuments et sites
Beroepsvereniging voor conservatorsrestaurateurs van kunstvoorwerpen
Association professionnelle de
conservateurs-restaurateurs d'œuvres
d'art, BRK APROA
Institut royal pour le patrimoine artistique,
IRPA
Madame Nathalie Vernimme,
adjointe au directeur
Madame Marjan Buyle,
adjointe au directeur
Monsieur Bernard Delmotte
Monsieur Jan Verbeke
Madame Linda Van Dijck
Monsieur Hugo Vanden Borre
Madame Goedele Reyniers
Madame Marjan Buyle
Monsieur Walter Schudel
Madame Sarah De Smedt
Annexe
ANNEXE 1
Charte de Venise (1964)
1. Définitions
Art. 1. La notion de monument historique comprend la création architecturale isolée aussi
bien que le site urbain ou rural qui porte témoignage d'une civilisation particulière, d'une
évolution significative ou d'un événement historique. Elle s'étend non seulement aux
grandes créations mais aussi aux oeuvres modestes qui ont acquis avec le temps une
signification culturelle. Art. 2. La conservation et la restauration des monuments
constituent une discipline qui fait appel à toutes les sciences et à toutes les techniques
qui peuvent contribuer à l'étude et à la sauvegarde du patrimoine monumental.
2. Objet
Art. 3. La conservation et la restauration des monuments visent à sauvegarder tout autant
l'œuvre d'art que le témoin d'histoire.
3. Conservation
Art. 4. La conservation des monuments impose d'abord la permanence de leur entretien.
Art. 5. La conservation des monuments est toujours favorisée par l'affectation de ceux-ci
à une fonction utile à la société; une telle affectation est donc souhaitable mais elle ne
peut altérer l'ordonnance ou le décor des édifices. C'est dans ces limites qu'il faut
concevoir et que l'on peut autoriser les aménagements exigés par l'évolution des usages
et des coutumes
Art. 6. La conservation d'un monument implique celle d'un cadre à son échelle. Lorsque le
cadre traditionnel subsiste, celui-ci sera conservé, et toute construction nouvelle, toute
destruction et tout aménagement qui pourrait altérer les rapports de volumes et de
couleurs seront proscrits.
Art. 7. Le monument est inséparable de l'histoire dont il est le témoin et du milieu où il se
situe. En conséquence le déplacement de tout ou partie d'un monument ne peut être
toléré que lorsque la sauvegarde du monument l'exige ou que des raisons d'un grand
intérêt national ou international le justifient.
Art. 8. Les éléments de sculpture, de peinture ou de décoration qui font partie intégrante
du monument ne peuvent en être séparés que lorsque cette mesure est la seule
susceptible d'assurer leur conservation.
4. Restauration
Art. 9. La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a
pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et
se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle
s'arrête là où commence l'hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout
travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques
relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. La
restauration sera toujours précédée et accompagnée d'une étude archéologique et
historique du monument.
Art. 10. Lorsque les techniques traditionnelles se révèlent inadéquates, la consolidation
d'un monument peut être assurée en faisant appel à toutes les techniques modernes de
conservation et de construction dont l'efficacité aura été démontrée par des données
scientifiques et garantie par l'expérience.
Art. 11. Les apports valables de toutes les époques à l'édification d'un monument doivent
être respectés, l'unité de style n'étant pas un but à atteindre au cours d'une restauration.
Lorsqu'un édifice comporte plusieurs états superposés, le dégagement d'un état sousjacent ne se justifie qu'exceptionnellement et à condition que les éléments enlevés ne
présentent que peu d'intérêt, que la composition mise au jour constitue un témoignage de
haute valeur historique, archéologique ou esthétique, et que son état de conservation soit
jugé suffisant. Le jugement sur la valeur des éléments en question et la décision sur les
éliminations à opérer ne peuvent dépendre du seul auteur du projet. Art. 12. Les éléments
destinés à remplacer les parties manquantes doivent s'intégrer harmonieusement à
l'ensemble, tout en se distinguant des parties originales, afin que la restauration ne falsifie
pas le document d'art et d'histoire.
Art. 13. Les adjonctions ne peuvent être tolérées que pour autant qu'elles respectent
toutes les parties intéressantes de l'édifice, son cadre traditionnel, l'équilibre de sa
composition et ses relations avec le milieu environnant.
ANNEXE 2
Code éthique – Règles professionnelles d'ECCO
(Bruxelles, 1999)
1 Principes généraux d'application du code
Article 1: Le code éthique énonce les principes, les devoirs et obligations et le
comportement que tout Conservateur-Restaurateur appartenant à une organisation
membre d'ECCO s'efforcera de respecter dans l'exercice de la profession.
Article 2: La profession de Conservateur-Restaurateur constitue une activité d'intérêt
public et doit être exercée dans le respect des lois et des conventions nationales et
européennes, en particulier celles qui concernent les biens volés.
Article 3: Le Conservateur-Restaurateur intervient directement sur les biens culturels, il en
est donc personnellement responsable vis-à-vis du propriétaire et de la société. Le
Conservateur-Restaurateur est en droit d'exercer en toute liberté et indépendance.
Le Conservateur-Restaurateur peut refuser en toute circonstance une requête qui lui
semble contraire aux règles ou à l'esprit du code d'éthique.
Article 4: Tout manquement aux principes, obligations et interdictions du code constitue
une faute professionnelle et porte atteinte à la réputation de la profession.
II Obligations envers les biens culturels
Article 5: Le Conservateur-Restaurateur doit respecter la signification esthétique et
historique et l'intégrité physique des biens culturels qui lui sont confiés.
Article 6: Lors de ses interventions, le Conservateur-Restaurateur doit prendre en compte
les exigences d'utilisation sociale des biens culturels en collaboration avec d'autres
partenaires de la conservation-restauration.
Article 7: Lors de ses interventions, Conservateur-Restaurateur doit appliquer les normes
les plus élevées en dépit de toute opinion personnelle, notamment sur la valeur
marchande du bien. Lorsque des circonstances limitent l'étendue de l'intervention du
Conservateur-Restaurateur, le respect du Code ne doit pas être compromis.
Article 8: Le Conservateur-Restaurateur doit prendre en compte tous les aspects de la
conservation préventive avant d'intervenir directement sur les biens culturels. Il doit
limiter son intervention au strict nécessaire
Article 9: Le Conservateur-Restaurateur doit chercher à n'utiliser que des produits,
matériaux et procédés qui, correspondant au niveau actuel des connaissances, ne nuiront
pas aux biens culturels ni à l'environnement et aux personnes. L'intervention et les
matériaux utilisés ne doivent pas compromettre, dans la mesure du possible, les
examens, traitements et analyses futurs. Ils doivent également être compatibles avec les
matériaux constitutifs du bien culturel et être, si possible, facilement réversibles.
Article 10: Le traitement d'un bien culturel doit être documenté par un dossier comprenant
écrits et images relatifs à l'examen diagnostique, à toute intervention de conservation
et/ou de restauration et à toutes autres informations pertinentes. Le dossier demeure la
propriété intellectuelle du Conservateur-Restaurateur et doit rester accessible.
Article 11: Le Conservateur-Restaurateur ne doit entreprendre que les interventions pour
lesquelles il est compétent. Le Conservateur-Restaurateur ne commence ni ne poursuit
un traitement qui ne soit dans l'intérêt du bien culturel.
Article 12: Le Conservateur-Restaurateur doit chercher à enrichir ses connaissances et
compétences dans le but d'améliorer la qualité de ses prestations.
Article 13: Lorsque cela est nécessaire ou approprié, le Conservateur-Restaurateur doit
consulter historiens et spécialistes de l'analyse scientifique et échanger librement avec
eux des informations.
Article 14: En cas d'urgence, le bien culturel étant en danger immédiat, le ConservateurRestaurateur, sans tenir compte de sa propre spécialisation, doit apporter toute son
assistance.
Article 15: Le Conservateur-Restaurateur doit respecter l'intégrité du bien culturel. Des
arguments valables du point de vue de la conservation, d'un point de vue historique ou
esthétique peuvent cependant justifier la suppression d'éléments lors de l'intervention.
Dans la mesure du possible, les matériaux enlevés doivent être conservés. La procédure
devra être entièrement documentée.
Article 16: Lorsque l'usage social du bien culturel apparaît incompatible avec sa
préservation, le Conservateur-Restaurateur doit en avertir le propriétaire ou le
responsable juridique Lorsqu'une reproduction de l'objet est envisagée, le ConservateurRestaurateur doit recommander des procédés de reproduction sans danger pour
l'original.
III Obligations envers le propriétaire ou le responsable juridique
Article 17: Le Conservateur-Restaurateur doit informer avec précision le propriétaire de
l'étendue des interventions requises, et spécifier les meilleures conditions de conservation
du bien culturel.
Article 18: Le Conservateur-Restaurateur est tenu à une certaine discrétion
professionnelle. Avant de faire spécifiquement référence à un bien culturel il convient d'en
informer le responsable juridique.
IV Obligations envers les confrères et l'ensemble de la profession
Article 20: Le Conservateur-Restaurateur doit maintenir un esprit de respect pour
l'intégrité et la dignité de ses confrères et de l'ensemble de la profession.
Article 21: Le Conservateur-Restaurateur doit, dans les limites de ses connaissances, de
ses compétences, de son emploi du temps et de ses moyens techniques, contribuer à la
formation des stagiaires et des assistants. Le Conservateur-Restaurateur est responsable
du suivi du travail confié à ses assistants et stagiaires et en porte en dernier ressort la
responsabilité.
Article 23: Le Conservateur-Restaurateur doit contribuer au développement de la
profession en partageant son expérience et ses informations.
Article 24: Le Conservateur-Restaurateur s'efforce de promouvoir une meilleure
connaissance de la profession et doit sensibiliser les autres professionnels et le public à
la conservation-restauration des biens culturels.
Article 25: Les comptes-rendus des interventions de conservation- restauration effectuées
sous sa responsabilité sont la propriété intellectuelle du Conservateur-Restaurateur
(soumis aux termes de son contrat de travail).
Article 26: L'implication dans le commerce des biens culturels n'est pas compatible avec
l'activité du Conservateur-Restaurateur.
Article 28: Pour contribuer à la dignité et la crédibilité de la profession, le ConservateurRestaurateur doit se tenir à des formes de publicité informatives en rapport avec son
activité.
La Confédération Européenne des Organisations de Conservateur-Restaurateurs
(ECCO) a préparé les orientations professionnelles d'ECCO. en se basant sur l'étude des
documents d'organisations nationales et internationales qui s'occupent ou non de
conservation.

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