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Nutrition et Mémoire
Jeudi 22 septembre 2016 – Cap Sciences à
Bordeaux
Conférence de Guillaume Ferreira,
Directeur de recherche nutrition et
cerveau en présence de Robert Jaffard,
Professeur émérite à l’Université de
Bordeaux
et
de
l’Institut
de
Neurosciences Cognitives et Intégratives
d’Aquitaine.
Un lien étroit existe entre l’alimentation, le fonctionnement cérébral et la mémoire. Certains apports
nutritionnels (oméga 3, polyphénols) participent au bon fonctionnement cérébral et ainsi favorisent
nos capacités de mémoire. A l'inverse, il est maintenant admis que la consommation d’aliments dits
obésogènes (riches en graisses saturées et en sucres) perturbe certaines capacités de mémoire dès le
plus jeune âge et représenterait un facteur de risque important dans le développement de la maladie
d’Alzheimer. En imagerie fonctionnelle, l’évolution et la maturation du cerveau s’observent de l’âge
de 5 ans à l’âge de 20 ans. Or les adolescents, en particulier, sont de grands consommateurs de sucres
et graisses. L’adolescence est-elle une période de vulnérabilité aux effets de l’alimentation sur la
mémoire ? Des tests de mémoire chez des pré-adolescents ont montré que les performances en
mémoire relationnelle (se rappeler d’une image en relation avec un paysage de fond) étaient
meilleures chez ceux qui consomment le plus d’omega 3 et les moins bonnes chez ceux qui
consommaient beaucoup de lipides saturés. Chez des rongeurs, la mémoire spatiale est perturbée
s’ils sont exposés à un régime hyperlipidique (« gras ») durant l’adolescence mais pas s’ils l’ont reçu à
l’âge adulte. Cette atteinte est liée à une inflammation accrue au niveau de l’hippocampe chez les
sujets jeunes.
www.observatoireb2vdesmemoires.fr
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Qu’en est-il de la mémoire émotionnelle, liée à une autre structure cérébrale, l’amygdale ?
Chez des souris, on teste la mémoire du dégoût en leur donnant à boire un liquide odorant, qui
provoque un malaise gastrique. Si les animaux sont exposés à un régime obésogène lors de
l’adolescence, l’aversion observée à long-terme vis à vis de cette odeur n’est pas perturbée mais au
contraire exacerbée ! Il en va de même pour la mémoire de la peur, qui est nettement accentuée chez
ces sujets. Ces réactions « d’aversion » sont donc plus intenses chez les sujets adolescents ayant
consommé un régime obésogène que chez ceux ayant consommé un régime normal. Cette
modification ne s’observe pas chez les souris soumises au même régime hyperlipidique à l’âge adulte.
Ainsi, l’obésité induite à l’adolescence a un impact double sur la mémoire: elle dégrade les fonctions
liées à l’hippocampe, structure primordiale de la mémoire (souvenirs personnels, concepts, mémoire
relationnelle et spatiale) et exacerbe les fonctions amygdaliennes, liées aux émotions d’aversion.
L’adolescence est donc une période de vie critique vis à vis des effets cognitifs et émotionnels de
régimes obésogènes. L’obésité juvénile peut donc avoir des effets considérables et encore méconnus
du grand public sur les fonctions cognitives et émotionnelles des jeunes.
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