LIMS : du processus productif aux processus collaboratifs
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LIMS : du processus productif aux processus collaboratifs
L ’état de fragmentation du marché du LIMS, souligné dans le dossier publié en 2004 par Spectra Analyse (n° 242, décembre 2004) nous avait conduit à nous interroger sur les acteurs à même de se maintenir sur ce terrain au fil des années qui allaient suivre… Aujourd’hui encore, un observateur rigoureux ne saurait véritablement trancher la question, toutefois, les récentes productions des éditeurs de LIMS dégagent des caractéristiques communes qui permettent de redéfinir le profil de la solution en phase avec les attentes des utilisateurs. Le rétrécissement du marché du contrôle qualité en production et la concurrence de plus en plus âpre entre les nombreux acteurs ont finalement conduit plusieurs éditeurs majeurs à revoir en profondeur leur offre afin d’aborder des marchés émergents en terme de contrôle analytique. Cette évolution a également été favorisée par la bonne visibilité de ces nouveaux marchés et des prévisions de revenus satisfaisantes. Au bénéfice des éditeurs de LIMS, le passage de la plupart des projets d’intégration de progiciel de gestion intégré (PGI ou ERP pour les anglosaxons) de la phase d’implémentation à celle d’exploitation et de maintenance a permis aux entreprises de retrouver une capacité certaine à investir humainement et financièrement dans la mise en place de solutions à caractère technique et scientifique, ou attachés aux métiers de la recherche et du développement. Cette situation n’a pas échappé aux éditeurs de PGI qui tentent aujourd’hui une entrée sur le marché du LIMS en présentant leurs produits comme des alternatives aux applications de contrôle qualité les plus anciennes. Ces éléments, associés à une diminution, depuis deux ans, du nombre de solutions en concurrence, due aux rachats successifs et à l’obsolescence technologique de solutions encore bien cotées en 2004, ont autorisé – ou forcé parfois – les éditeurs à mobiliser leurs équipes de développement sur des refontes technologiques et fonctionnelles de leurs solutions. Une vraie prise de risque, alors qu’il y a encore peu de temps de cela leur feuille de Tribune Jean-Baptiste RIO* LIMS : du processus productif aux processus collaboratifs route s’orientait principalement sur l’extension des fonctionnalités. L’analyse de ces marchés émergents montre qu’ils sont majoritairement en demande de trois types différents d’application : les applications supportant les activités de la recherche et du développement, les applications mises en œuvre par les entreprises de biotechnologie, et les applications centralisant les activités analytiques dans un contexte multi-sites, que ce soit des activités de service analytique (expertise, support au développement, …) ou de production (contrôle uniformisé des matières premières, transmission de résultats aux distributeurs,…). Ces trois catégories partagent une caractéristique commune : l’informatisation de processus de travail ayant une forte composante collaborative, interne à l’activité (nécessité de définir en commun les analyses et de partager les résultats) ou consubstantielle à l’analyse (workflow analytique complexe impliquant des acteurs de compétences diverses), motivée par les gains recherchés de productivité ou l’intégration plus forte dans le système d’information global de l’entreprise. En conséquence, les solutions aujourd’hui leaders sur le marché du LIMS se parent des atours les plus séduisants pour gagner la faveur de ces nouveaux débouchés : construction des processus fonctionnels sur un modèle collaboratif, workflows nativement intégrés, modules ou solutions spécifiques pour les laboratoires de biotechnologie, architecture Web incluant les technologies Java et l’accès par Web services. Même si parfois ces atours ne sont que des habillages cosmétiques sur des solutions structurellement dédiées au contrôle qualité en production, ces évolutions ont un mérite inattendu : celui de nous ouvrir de nouveaux processus collaboratifs de mise en œuvre grâce à la possibilité de travailler conjointement entre intégrateurs et futurs utilisateurs, à distance et par l’agrégation successive de modules fonctionnels. Il apparaît, du coup, tentant de penser que la fondation d’un projet open-source majeur reste la dernière étape à franchir pour que le LIMS puisse complètement prétendre à satisfaire tous les critères des processus collaboratifs. *SPC Consultants – Le Kiaora – 52, avenue Chanoine Cartellier – 69230 Saint-Genis Laval – E-mail : [email protected] SPECTRA ANALYSE n° 253 • Décembre 2006 3