Exposition Joel-Peter Witkin. Enfer et ciel - Dossier

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Exposition Joel-Peter Witkin. Enfer et ciel - Dossier
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Richelieu Paris 02e
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DOSSIER DE PRESSE
Sommaire
Communiqué de presse
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Renseignements pratiques
4
Iconographie
5
L’auteur et son œuvre
8
Présentation
10
Parcours de l’exposition
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Publication
13
Champagne Louis Roederer
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Exposition à la galerie baudoin lebon
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Richelieu
COMMUNIQUE DE PRESSE
27 mars I 1er juillet 2012
Joel-Peter Witkin
Enfer ou Ciel
Né en 1939 à New York, Joel-Peter Witkin est à l’apogée de sa carrière. Sa mythologie
personnelle, son goût de l’art classique, l’audace de ses partis pris en font un artiste
unique de la scène photographique mondiale. L’exposition propose un dialogue entre
les photographies de Witkin et son choix personnel d’estampes précieuses issues de la
collection du département des Estampes et de la photographie.
« La rencontre du sacré et du profane, fondatrice de l’œuvre de Witkin, trouve son équivalence
chez les maîtres de l’estampe. L’exposition offre une vision renouvelée de l’œuvre de cet artiste,
héritier du romantisme noir.» Bruno Racine, président de la BnF.
Witkin se proclame photographe mais il est aussi dessinateur, peintre, graveur. Il privilégie la
photographie d’atelier, met méticuleusement en scène des modèles non professionnels, aux
corps parfois abîmés, et qu’il engage au fil de ses voyages. Sans voyeurisme morbide, il propose
une réflexion sur la représentation du corps. Réflexion qui s’étend à tous les aspects de la chair,
y compris dans la déréliction, la mort, les pratiques érotiques extrêmes.
La prise de vue est préparée par des croquis à la précision millimétrique. Witkin produit peu
d’images et tire ses épreuves somptueuses en nombre limité. Ses méthodes de tirage, plutôt
iconoclastes, font appel à des procédés atypiques mais parfaitement maîtrisés : correction sur
le négatif, grattage, déchirure, abrasion, collage, rehauts de peinture ou d’encaustique… Witkin
donne à voir un sujet, certes, mais aussi la chair même du médium photographique.
Sa prodigieuse culture artistique et sa maîtrise du vocabulaire plastique se révèlent dans un
déploiement extrême, allant de la mythologie antique à la culture populaire américaine, de
l’iconographie religieuse à la peinture fin de siècle. Réinterprétation assumée des classiques
ou subtile imprégnation, la référence aux grandes œuvres picturales ou sculpturales est une
constante. Qu’il s’attache au portrait, au nu ou à la nature morte, son œuvre repose sur deux
thèmes fondateurs : l’Éros et le Sacré.
La mort, la souffrance, l’extase, de même que la vanité ou l’incarnation : autant de thèmes qui
alimentent son imaginaire et qui, subtilement imbriqués, traversent son œuvre. Son choix au
sein de la collection de la BnF en témoigne à l’évidence : Dürer, Goya, Ensor, Picasso, Rops et
d’autres grands maîtres de l’estampe... Quarante cinq gravures de la Renaissance au XXe siècle
sont ainsi exposées en contrepoint de quatre-vingt-une photographies de Witkin. Le visiteur
trouve ici l’occasion de mener une réflexion personnelle sur la circulation des formes et des
thèmes dans l’œuvre du photographe.
Cette exposition est rendue possible grâce aux prêts du Musée national d’art moderne, du
Fonds national d’art contemporain, du Fonds régional d’art contemporain de Lorraine, du Musée
d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, de la Maison européenne de la photographie, du
Musée Les Abattoirs (Toulouse) et à la participation de la galerie Baudoin Lebon (Paris).
Exposition réalisée avec le soutien de Champagne Louis Roederer
Dans le cadre d’Art Paris Art Fair
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Joel-Peter Witkin
Enfer ou Ciel
Dates
27 mars I 1er juillet 2012
Lieu
BnF I Richelieu
5 rue Vivienne - Paris IIe
Métro : Bourse, Palais Royal, Pyramides
Bus : 20, 21, 27, 85, 74, 39
Horaires
Du mardi au samedi 10h-19h
Dimanche 12h-19h
Fermé lundi et jours fériés
Entrée : 7 euros, Tarif réduit : 5 euros
Réservations FNAC,
tél : 0892 684 694 (0.34 euros TTC/mn), www.fnac.com
Commissariat
Anne Biroleau, conservateur général au département des Estampes et de la
photographie, BnF
Coordination
Cécile Pocheau-Lesteven, chargée d’expositions, BnF
Scénographie
Julie Boidin
Graphisme : Arnaud Homann
Visites guidées
Renseignements et réservations au 01 53 79 49 49
Publication
Joel-Peter Witkin. Enfer ou Ciel. Heaven or Hell
Sous la direction d’Anne Biroleau, avec des textes de Jérôme Cottin et
Séverine Lepape
Bilingue français / anglais
Coédition BnF / Éditions de La Martinière
Relié cartonné, 22 cm x 30 cm, 240 pages, 141 illustrations dont 81
photographies de Joel-Peter Witkin
Prix : 45 euros
Contacts presse
Claudine Hermabessière
chef du service de presse et des partenariats médias
01 53 79 41 18 - [email protected]
Isabelle Coilly
chargée de communication presse
01 53 79 40 11 - [email protected]
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Iconographie
Iconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition et pendant la durée de celle-ci.
Les images ne peuvent faire l’objet d’aucune retouche ni d’aucun recadrage.
1/ Sélection de photographies de Joel-Peter Witkin
Joel-Peter Witkin,
Histoire du monde occidental : Arabie, 2008
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
Joel-Peter Witkin,
Trilogie parisienne : la lectrice, 2011
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
Cliché Malala Andrialavidrazana
Joel-Peter Witkin,
Autoportrait, évocation du portrait en vanité, NouveauMexique
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
Joel-Peter Witkin,
Portrait de Nan, 1984
© Joel-Peter Witkin
Cliché : Michel Urtado
BnF, département des Estampes et de la photographie
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Joel-Peter Witkin,
Fétichiste de Nègre, Paris, 1991
© Joel-Peter Witkin
Frac Lorraine, Metz. Photo Frac Lorraine
© Courtesy baudoin lebon
Joel-Peter Witkin,
Prudence, Paris, 1996
© Joel-Peter Witkin
Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris
Cliché Patrice Maurin-Berthier
Joel-Peter Witkin,
La Femme qui fut un oiseau, Los Angeles, 1990
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
Joel-Peter Witkin,
Moisson, Philadelphie, 1984
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
Joel-Peter Witkin,
Daphné et Apollon, 1990
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
Joel-Peter Witkin,
Poussin aux enfers,1999
© Joel-Peter Witkin
© Courtesy baudoin lebon
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2/ Sélection d’estampes issues des collections de la BnF
René Boyvin (vers 1525 ?-1625 ?)
La Chaste Suzanne
Burin
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
Monogramiste M (XVIe siècle)
La Mort surprenant une femme, d’après
Michel-Ange
Burin
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
Cornelis Bos (vers 1506 ?- vers 1564 ?)
Léda, d’après Michel-Ange
Eau-forte et burin
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
Francisco de Goya (1746-1828)
El Caballo raptor. Los Proverbios, 10, 1864. [La jeune femme emportée par un cheval qui se cabre. Les Proverbes, 10]
Eau-forte, aquatinte brunie et pointe sèche
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
Jacques Bellange (vers 1575 ? – 1616)
Piéta. 1er état
Eau-forte avec retouches au burin
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
Rembrandt (1606-1669)
Jupiter et Antiope, 1659
Eau-forte, burin et pointe sèche
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
Félicien Rops (1833-1898). Agonie
Héliogravure
BnF, dép. des Estampes et de la photographie
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L’auteur et son œuvre
L’auteur
© David-Paul Carr / BnF
Le photographe Joel-Peter Witkin est né en 1939
à New York, d’un père immigré lituanien de religion
juive et d’une mère catholique d’origine italienne.
Son frère jumeau, Jerome Paul Witkin, est peintre.
Après des études primaires à Brooklyn, Joel-Peter
Witkin poursuit son cursus secondaire à la Grover
Highland High School.
Lors de son service militaire, on lui confie diverses
opérations de reportage. Il documentera la vie
de régiments basés, entre autres, en Europe.
Il reçoit ainsi une formation technique à la photographie, qu’il pratiquait déjà depuis plusieurs
années. Démobilisé, il suit les cours d’arts plastiques de la Cooper Union où il obtient le diplôme
de Bachelor of Arts. En 1974, l’Université de Columbia lui attribue une bourse. Il s’installe
dès lors à Albuquerque (Nouveau-Mexique), où il vit actuellement, et s’inscrit à l’Université
du Nouveau-Mexique. Il obtient le grade de Master of fine arts. C’est alors que commence
sa carrière de photographe.
Joel-Peter Witkin choisit rapidement de privilégier la photographie mise en scène et l’appel à
des modèles non professionnels engagés au fil de ses rencontres ou par petites annonces.
Le récit de ses premières prises de vue dans un freak show et de l’amitié qu’il noua avec les
vedettes de ce spectacle est bien connu. Ce travail aura une forte influence sur l’élaboration
de son style. Sensible aux différentes cultures et aux atmosphères qu’elles engendrent, Witkin
voyage beaucoup, il photographie en maints pays, toujours selon le principe d’une rigoureuse
mise en place des dispositifs.
Son œuvre a donné lieu à de nombreuses expositions personnelles et collectives. Remarqué
dès ses débuts par Edward Steichen, alors directeur des collections de photographie du MoMA
(New York), qui le fit figurer dans l’exposition de 1959 «Great Photographs from the Museum
Collection», Witkin est présent dans de nombreuses collections internationales.
L’œuvre
Un processus de création lent et réfléchi
S’il est une voie que n’emprunte jamais Witkin, c’est celle du reportage. « L’instant décisif »
brillamment théorisé par Henri Cartier-Bresson, n’est pas son registre. L’acte photographique
est une étape avancée de son processus de création, il n’en est pas la conclusion.
Une photographie de Witkin existe d’abord sous forme de croquis, d’étude. Tout y est prévu,
esquissé d’un trait nerveux et précis : l’agencement des accessoires, la direction des éclairages,
la disposition spatiale des modèles, leur posture, leur taille, leur volume, leur costume...
La prise de vue dure moins d’une demi-journée et le moment est intense, la tension évidente,
car le photographe se limite à un seul film. Nous ne connaîtrons jamais vraiment le résultat de
cette phase, qui tient lieu de croquis perfectionné. De fait, un tirage réalisé d’une autre main
paraît inimaginable. L’œuvre witkinienne n’existe que tenue de bout en bout par son auteur.
Elle s’incarne véritablement dans le retrait du laboratoire, le secret des manipulations, des bains
et des formules chimiques. Witkin ne travaille pas l’image avec les techniques numériques.
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Il ne les pratique pas. Les transformations sont manuelles, faites directement sur l’épreuve
finale, les métamorphoses liées à ses techniques personnelles de tirage ont lieu lors du travail
en chambre noire.
Witkin s’est souvent expliqué sur les manipulations qu’il effectue sous l’agrandisseur, sur la
chimie des produits, sur les virages multiples. Son traitement du négatif et les risques extrêmes
qu’il prend avec la matrice même de l’image sont essentiels dans le processus de création.
Grattage, arrachement, abrasion, inscription, incision : rien ne l’arrête dès lors qu’il veut créer,
sur « l’originel », les conditions de passage de l’imaginaire au réel. De même fait-il subir à
certains tirages des traitements peu communs : surcharges de peinture, retouches visibles,
découpages, collages, couverture d’encaustique. La nature de multiple de la photographie est
ici mise en déroute. Aussi Witkin réalise-t-il souvent des exemplaires uniques.
Ce qu’ainsi l’artiste donne à voir est certes un sujet, mais aussi la matière même, le corps de
la photographie.
Des sujets au plus près de l’humain
Witkin possède une ample culture artistique, visible dans le choix des sujets, le vocabulaire
plastique, le dispositif de prise de vue. Une partie de son œuvre s’adosse à la réinterprétation
de la sculpture antique ou de peintres classiques tels Goya, Courbet, Manet ou Rubens.
Il ne manque pas pour autant de convoquer les archétypes de la culture populaire américaine.
Cependant, déclare Witkin « Je n’accepterai jamais aucun symbole dans sa forme intentionnelle
première, en aucun cas. Cela s’applique à l’écriture, à la mythologie, et à toutes les formes
d’art, même les histoires simples des comics. Ainsi Superman devint le héros du bien, un
Christ séculier, Batman le dieu du monde des oiseaux et des ténèbres, l’Antéchrist, Wonder
Woman, l’Amazone de l’impuissance, la Vierge Mère. »
Que ces composantes soient clairement affirmées dans les titres ou présentes en filigrane,
il s’agit là d’un axe majeur de son œuvre. Il s’attache tant à la représentation du corps, au nu,
qu’à la nature morte, sans se départir de l’inquiétude philosophique et religieuse affirmée dès
ses débuts et jamais démentie.
La beauté normée ne l’intéresse qu’à la marge, et sa manière de recruter des modèles aux
physiques éloignés des stéréotypes en cours a parfois entraîné une forme d’incompréhension.
Certaines de ses photographies, en effet, se situent dans des milieux marginaux ou aux
pratiques extrêmes (transsexuels, adeptes du sado-masochisme). La vie et la représentation
de la mort sont, dans sa pensée, intimement imbriquées. S’il fait souvent figurer dans ses mises
en scène des restes humains ou animaux issus des morgues et des abattoirs, il y reprend des
motifs classiques, la Vanité, le memento mori ou les travaux d’artistes, tels Géricault, peignant
les corps démembrés des condamnés à mort. Ses méthodes de prise de vue et de tirage
engendrent une mise à distance et une méditation profonde sur la condition humaine. Les
notions d’écart et de distance caractérisent cet artiste qui, habité par une profonde inquiétude
religieuse, transcende brillamment l’anecdotique et le spectaculaire.
« Nous vivons aujourd’hui dans une culture du relativisme, du politiquement correct et du
sécularisme. Je suis en désaccord avec toutes ces idées. La vie est un combat et je la
montre telle qu’elle est réellement. La mort fait partie du cycle de la vie. Tout le monde a
peur de mourir, mais tout le monde doit mourir. Toutes les croyances des hommes sont
égales devant la mort. Pour moi, elle est la transition qui précède la vie éternelle. La mort est
un don sacré. Mon travail a toujours donné à voir la splendeur et la misère de la condition
humaine. C’est le sens de l’art depuis toujours. La difformité est présente dans l’art de Vinci,
de Velasquez, de Goya ou de Dix. La sexualité hors normes a toujours existé. Ces actes
ne font pas seulement partie de l’histoire, ils font partie de l’histoire des consciences, des
âmes. »
« Mon métier est de créer des images qui montrent notre époque. Des images qui apportent
de la lumière dans l’obscurité ». (Joel-Peter Witkin)
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Présentation
L’exposition Enfer ou Ciel ne se veut pas une rétrospective, mais un parcours au sein de l’œuvre
foisonnante et singulière de Witkin. Les photographies les plus récentes telle The Paris Triad :
The Reader ( 2011), voisinent avec des pièces emblématiques, Portrait of Nan (1983), ou moins
souvent montrées, par exemple Madam X (1981).
Elles offrent des formats et des rendus très divers : tirage aux sels d’argent, virages subtils,
tirages rehaussés de peinture ou traités à l’encaustique, images parfois agencées en triptyque
de très grand format, ainsi Pictures from the Afterworld : Countess Daru, Monsieur David,
Madame David, Paris (1994).
L’exposition présente dans la même dynamique 81 photographies de Joel-Peter Witkin et
un choix de 45 gravures du XVIe au XXe siècles, issues de la collection du département des
Estampes et de la photographie de la BnF : Andreani, Beckmann, Bellange, Boyvin, Campagnola,
Carracci, Dürer, Ensor, Goya, Picasso, Rembrandt, Rops, un sublime monotype du XVIIe siècle
par Castiglione...
Le visiteur pourra ainsi engager une réflexion libre sur la circulation et le savoir des formes et
des thèmes dans l’œuvre du photographe, sur la persistance ou la métamorphose des motifs
au-delà des lieux et des époques.
Le traitement du thème « Le peintre et son modèle », par exemple, est montré tant dans les
estampes de Rembrandt et Picasso que dans Poussin in Hell (1999). Les Vanités d’Andreani
(XVIe siècle) et de Morin (XVIIe siècle) dialoguent avec les natures mortes du photographe.
Les énigmes witkiniennes de Picasso en Los Disparates de Goya (1987) font écho aux œuvres
éponymes de Goya.
Une partie des photographies, outre celles de la BnF, proviennent des grandes collections
publiques françaises, qui ont largement collectionné les œuvres du photographe. Cette
exposition est rendue possible grâce aux prêts du Musée national d’art moderne, du Fonds
national d’art contemporain, du Fonds régional d’art contemporain de Lorraine, du Musée d’Art
moderne et contemporain de Strasbourg, de la Maison européenne de la photographie, du
Musée Les Abattoirs (Toulouse) et à la participation de la galerie Baudoin Lebon (Paris).
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Parcours de l’exposition
Le parcours entend rendre sensible le travail de création et d’interprétation mené par Witkin
au cours de sa recherche. Il permet d’établir une relation, discrète mais perceptible, entre
les œuvres du photographe et des gravures ayant leur source dans les mêmes problèmes
plastiques, les mêmes champs iconographiques.
La première salle, la préface, évoque plus particulièrement le thème de la Vanité, tant dans
la gravure que dans l’œuvre de Witkin. Elle ouvre la visite et dévoile le principe : celui de la mise
en rapport des formes et des thèmes. La Vanité constitue un exemple significatif et fécond.
La présence de la mort et les emblèmes de sa représentation continuent, de nos jours, à nourrir
l’inspiration des artistes les plus divers, et l’iconographie du crâne fait immédiatement signe au
spectateur.
Les photographies de Witkin se déploient ensuite sur les côtés de la galerie, les gravures sont
disposées au centre sur une série de cimaises en manière de stèles. Il est possible d’embrasser
ainsi du regard l’un ou l’autre des ensembles, de passer d’une image à l’autre ou d’un médium
à l’autre. Le style de Witkin, son traitement du tirage entrent en résonance avec les traits
puissants des burinistes ou les rendus profonds et vibrants des aquafortistes. La rencontre,
la collision et la reconnaissance d’œuvres entre elles, qui forment le principe de ce parcours,
dévoilent ainsi une relation profonde entre photographie et gravure, celle même qui constitue
l’originalité de la collection du département des Estampes et de la photographie.
Le premier ensemble : les photographies de Joel-Peter Witkin
Les allusions aux grandes périodes de l’histoire de l’art abondent dans l’œuvre du photographe.
Les références à la sculpture grecque et romaine, la Renaissance, l’art baroque ou néo classique
se mêlent à celles de grandes figures de l’histoire de la photographie, tels Muybridge, Rejlander
et Holland Day, entre autres.
La recherche plastique de Witkin trouve sa cohérence en deux grands ensembles : gloire et
misère du corps /recherche spirituelle et inquiétude religieuse.
La thématique de la présentation du corps nu domine l’ensemble, y compris dans la déréliction, la
mort, les aspects extrêmes de l’érotisme et leurs relations évidentes avec l’extase, la souffrance
et la jouissance. La relation au sado-masochisme, si elle est indéniable dans certaines images,
se situe plus clairement dans la composante claustrophobe du cadrage, évoquant les espaces
claquemurés des grands romans sadiens, que dans les postures des modèles ou la mise en
scène. Il s’agit là d’une réflexion sur les limites : limites de la transformation et du dépassement
de soi, recherche des points de tangence de l’esprit et du corps.
Une tension s’instaure entre l’image idéale et canonique du corps humain, et la réalité des
corps qu’élit Witkin. Ce sont des modèles aux formes plus ou moins prohibées par l’esthétique
courante de la perfection obligatoire, des êtres aux corps endommagés ou mutilés, aux
anatomies cabossées. Il peut s’agir de restes humains, de cadavres d’animaux, de cires
anatomiques. Réalité ou artefact ? Witkin donne à réfléchir sur l’infini des possibles du corps,
sur la manière dont l’art peut transcender le terrible, l’informe, se défaire des stéréotypes pour
nous ouvrir le monde intérieur d’un créateur. Le corps outrepasse alors les conventions et les
limites, pour donner à voir non les apparences d’un idéal inatteignable, mais les occurrences
d’une chair triomphante ou déchue, le poids de sa réalité.
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« Je me révolte contre le mysticisme afin d’en être submergé et d’être vaincu par lui. C’est
insondable, cependant j’essaie de comprendre. C’est invisible, cependant j’essaie de rendre
objectif, espérant toujours trouver la révélation et la vérité. » écrit Witkin.
La thématique religieuse travaille autrement la notion de limites. Elle est classiquement voisine
de la thématique érotique, les écrits des grands mystiques n’en font pas un secret, les deux
se mêlent de manière subtile dans tout l’art occidental. Il n’est que de constater la fortune
des scènes de torture, de souffrance et d’extase dont l’iconographie chrétienne a fait usage
dans ses représentations jusqu’au XVIIIe siècle. L’inspiration religieuse est présente par ses
emblèmes dans le grand thème classique de la Vanité, mais aussi dans les séries consacrées
à la figure du Christ. La représentation du divin, la relation du divin et de l’humain dans ses
tensions les plus fortes sous-tendent l’œuvre du photographe depuis toujours. Le visiteur
pourra en considérer les variations et les déviations : Enfer ou Ciel.
Le second ensemble :
gravures précieuses du département des Estampes et de la photographie
L’ensemble d’estampes rares et précieuses présenté en contrepoint des photographies
de Joel-Peter Witkin s’articule autour de ces mêmes thèmes. De l’Ecole de Fontainebleau à
Max Beckmann et Picasso, en passant par Goya, Rembrandt, Rops, ou les graveurs des Ecoles
du Nord, c’est une rare et exceptionnelle collection d’images du XVIe au XXe siècles qui dialogue
avec les photographies. Ces œuvres montrent la persistance de formes et de thèmes travaillés
non seulement par l’imaginaire du photographe, mais, avec d’autres moyens d’expression, par
les grands graveurs.
« Le sujet iconographique de « Léda et le Cygne » devient célèbre avec le tableau de MichelAnge, aujourd’hui disparu, mais connu par une peinture du Rosso, différents dessins du maître
et plus tard diffusé par plusieurs graveurs italiens ou flamands. Il garde aujourd’hui un pouvoir de
fascination et d’évocation encore intact… » souligne Séverine Lepape1. La présence – à deux
reprises - de ce même sujet chez Witkin atteste de cette persistante fascination et l’on pourra
comparer ses visions de Léda avec celles de Michel-Ange et d’Enea Vico.
Les gravures sont de formats divers, plus modeste que celui des photographies, et proviennent
du cœur historique du département des Estampes et de la photographie de la BnF : collections
Béringhen, Marolles, bibliothèque royale….
Certaines, telles Le Squelette allongé, font apparaître, dès le XVIIe siècle, une spectaculaire
recherche du « grand format », très prégnante de nos jours. Quelques-unes des célèbres
planches anatomiques de Gautier d’Agoty, tous premiers essais de manière noire en couleurs,
issues de la collection royale sont également présentées.
Ce qui apparaît à l’évidence encore de nos jours c’est que le médium de la gravure, peu contrôlé,
relativement neuf encore au XVIe siècle a sans doute incité certains artistes à produire des
œuvres à la témérité rare.
Les grands graveurs du passé, dont le lent et rigoureux travail s’inspirait des œuvres de grands
peintres ou donnait libre cours à leur imaginaire ont toute légitimité à voisiner ici avec les
œuvres de Joel-Peter Witkin, lui-même auteur de plusieurs recueils de gravures et qui affirme
la proximité plastique de la gravure et de la photographie.
1 Séverine Lepape est l’un des auteurs de l’ouvrage co-édité à l’occasion de l’exposition (voir p.14)
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Publication
Joel-Peter Witkin
Enfer ou Ciel
Heaven or Hell
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heaven or hell
É D I T I O N S D E L A M A RT I N I È R E
B I B L I O T H È QU E N AT I O N A L E D E F R A N C E
Sous la direction d’Anne Biroleau
Ouvrage bilingue français / anglais
Coédition BnF / Éditions de La Martinière
Relié cartonné, 22x30 cm
240 pages, 141 illustrations dont 81 photographies
de Joel-Peter Witkin
Prix : 45 euros
Dans cet ouvrage qui accompagne l’exposition, soixante gravures précieuses de la BnF
dialogueront avec 81 photographies réalisées par Joel-Peter Witkin depuis le début des années
1980, proposant ainsi une réflexion sur la circulation des formes dans cette œuvre singulière.
Les auteurs :
Anne Biroleau, commissaire de l’exposition, est conservateur général au département des
Estampes et de la photographie de la BnF, où elle est chargée de la photographie du XXIe siècle.
Jérôme Cottin, professeur des universités (faculté de théologie protestante de l’université de
Strasbourg), travaille sur les relations du christianisme aux images, et plus particulièrement à
l’art contemporain.
Séverine Lepape est conservateur au département des Estampes et de la photographie de la
BnF, où elle dirige le service de l’Estampe ancienne et de la Réserve. Elle est spécialiste des
gravures des XVe et XVIe siècles.
Tirage d’artiste :
Joel-Peter Witkin. Daphne and Apollo
Portfolio réalisé par les ateliers Dermont Duval. 35 cm x 34 cm, Impression platinium
54 exemplaires numérotés et signés par l’artiste
Prix : 950 euros
Editions de la BnF
Salon du livre de Paris 2012
Joel-Peter Witkin sera présent sur le stand BnF du Salon du livre de Paris pour une séance de signature
de l’ouvrage, le samedi 17 mars 2012 de 15h à 16h30 (Paris, Porte de Versailles, Stand H24).
Contacts presse
BnF :
Claudine Hermabessière, chef du service de presse et des partenariats médias,
01 53 79 41 18 - 06 82 56 66 17 - [email protected]
Isabelle Coilly, chargée de communication presse
01 53 79 40 11 - [email protected]
Éditions de La Martinière :
Sophie Giraud, Responsable des Relations Presse
01 41 48 82 40 - [email protected]
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Le Champagne Louis Roederer est heureux d’accompagner la BnF depuis huit ans au cœur de
ses missions fondamentales d’acquisition, de recherche et de valorisation du patrimoine.
Un soutien fidèle pour lequel il a récemment été décoré par le Ministère de la Culture et de la
Communication, au titre de Grand Mécène de la Culture.
La maison Roederer soutient la Bibliothèque nationale de France depuis 2003. Dans ce cadre,
elle a suivi le travail de nombreux artistes dans leur « recherche de l’Œuvre », tels Bettina
Rheims ou encore Sophie Calle et Jean-Michel Alberola, véritables artisans d’images et de
mots.
Le Champagne Louis Roederer a été le mécène de plus de vingt-cinq expositions sur les collections photographiques de la Bibliothèque, dont les incontournables Cartier-Bresson, Capa,
Seventies, Controverses, La France de Raymond Depardon et récemment Richard Prince, American Prayer…
La maison champenoise a souhaité compléter ces actions par une incitation à l’excellence
de la recherche dans le domaine de la photographie : c’est depuis 2006, la raison d’être de la
Bourse Louis Roederer de la photographie qui permet à de jeunes chercheurs de mener à bien
leurs travaux sur des sujets aussi variés que la photographie amateur, les négatifs sur papier,
ou encore les images de la presse quotidienne.
Le Champagne Louis Roederer a également participé à l’acquisition d’œuvres photographiques
et patrimoniales pour les collections de la BnF, notamment à l’occasion du Dîner annuel des
mécènes.
Cet engagement de Louis Roederer derrière cette exposition tient à ce que l’œuvre de Witkin,
au-delà de sa dimension parfois indûment perçue sous un aspect sensationnel, s’inspire en
réalité d’un humanisme extrême. Rien, en fait, de ce qui constitue l’humain n’est ainsi étranger
à Witkin. Rien de ce qui marque l’humanité, qui la tord et la plie, n’échappe au regard, qu’on
dirait amical et serein de Witkin. Ce sentiment de « fraternité » qui peut même chercher le dieu
dans l’homme et justifie qu’on lui compare des gravures « sacrées », touche et emporte l’adhésion. Ce souffle là ne pouvait manquer de porter Champagne Louis Roederer à appuyer cette
démarche.
« Prolonger chaque geste jusqu’à cet instant de parfaite harmonie où l’exigence est enfin satisfaite, dénicher l’exception et la poursuivre à nouveau, chercher plus loin et puiser encore dans
des trésors de patience », telle est l’histoire de Louis Roederer depuis 1776, histoire aujourd’hui
partagée avec les châteaux Pichon-Lalande, Pez et Haut-Beauséjour à Bordeaux, les Domaines
Ott* en Provence, Ramos Pinto au Portugal, et Roederer Estate en Californie.
Pour en savoir plus : www.champagne-roederer.com
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baudoin lebon présente
« HISTOIRE DU MONDE OCCIDENTAL »
« History of the white world »
Photographies de Joel-Peter Witkin
28 mars - 19 mai 2012
Nous aurons le plaisir de vous accueillir au vernissage de l’exposition
le mardi 27 mars 2012 de 18h à 21h
Joel Peter Witkin, Leda Giving Her Lover a Condom, 2011© Witkin
Joel-Peter Witkin poursuit sa quête, quotidienne et obsessionnelle, d’une beauté différente,
mise en scène, qui renvoie le spectateur à sa propre étrangeté. L’artiste nous livre ses œuvres
les plus récentes. Witkin retrace l’histoire du monde occidental. Ses photographies sont à la
fois empreintes de divers passages bibliques et mythologiques mais aussi ponctuées de
références littéraires et philosophiques qu’il théâtralise en dégageant une sérénité de plus en
plus prononcée.
8 rue Charles-François Dupuis
75003 Paris
M° République
Ouverture au public du mardi au samedi, 11h-19h sans interruption.
Contact galerie : t +33 1 42 72 09 10
[email protected]
Silvia Pillon : [email protected]
8 rue charles françois dupuis paris 75003 tél + 33 (0) 1 42 72 09 10 fax + 33 (0)1 42 72 02 20 [email protected]
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