Good bye Lenin! - l`Institut d`Histoire sociale
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CINEMA_117-124:CINEMA 04/12/09 06:49 Page118 histoire & liberté Good bye Lenin! de Wolfgang Becker par Charles-Michel Cintrat G OOD BYE LENIN !, film de la nostalgie de la R DA ? Conclusion rapide, si l’on ne retient que les rabâchages d’un vieil homme sur un hier mieux qu’aujourd’hui, l’évocation des bons moments par les uns, les difficultés des autres à trouver un emploi. L’essentiel est ailleurs. Prise par hasard à Berlin-Est dans une manifestation durement réprimée, jetée brutalement à terre, une femme tombe dans un coma profond. Lorsque, un an plus tard, elle reprend connaissance, tout a changé: il n’y a plus de mur, plus de frontière séparant les deux Allemagnes, plus de RDA. Son fils, effrayé par le choc que va subir sa mère, militante communiste ardente (et cependant critique), réussit à convaincre sa sœur de lui cacher la vérité en fabriquant un énorme simulacre. Ce ne sera pas facile. Comme, dans l’ivresse du renouveau, les enfants ont complètement transformé l’appartement, il faut retrouver les meubles éliminés et reconstituer la chambre de la mère à qui le médecin interdit désormais de sortir. Il va falloir aussi retrouver les anciens produits, alimentaires et autres, que le commerce ne fournit plus, et, plus difficile encore, réaliser aussi bien de faux journaux télévisés qu’une fête d’anniversaire avec de faux pionniers. 118 JANVIER 2010 DVD CINEMA_117-124:CINEMA 04/12/09 06:49 Page119 D V D Réalisateur: Wolfgang Becker Acteurs: Daniel Brühl, Kathrin Sass, Chulpan Khamatova, Maria Simon, Lukas Florian, Alexander Beyer, Burghart Klaussner, Michael Gwisdek Scénario: Wolfgang Becker, Bernd Lichtenberg Musique: Yann Tiersen Production: Stefan Arndt Durée: 121 minutes Sortie en DVD : 22 avril 2004 On imagine le caractère cocasse des acrobaties qu’exigent ces situations mensongères. Pourtant, derrière cette cocasserie, le propos est sérieux. Les fausses informations sont-elles plus mensongères que n’étaient les informations fournies par le régime défunt? La convalescente croit à ces mensonges. Elle s’étonne même que la Trabant, commandée et payée il y a trois ans, soit déjà livrée. Les choses vont plus loin encore lorsqu’elle révèle à ses enfants qu’elle leur avait menti, que leur père, passé à l’Ouest, ne les avait pas abandonnés comme elle le leur avait fait croire. En réalité ils devaient tous le rejoindre, mais elle n’avait pu y parvenir. Son militantisme était donc lui-même un mensonge, destiné à les défendre, elle et ses enfants, en écartant tout soupçon de complicité avec un traître à la patrie socialiste. Peut-être s’étaitelle prise au jeu? Faisant les gestes de la foi, la foi lui était peut-être venue? Foi en ce socialisme qui apporterait une vie meilleure… Au moment même où elle va s’éteindre, ses enfants lui font croire à une RDA ouverte, accueillant des Allemands de l’Ouest à la recherche d’autres idéaux que celui de la consommation. Ambiguïté du film, que la voix off tempère : « C’est l’image d’un pays qui n’a sans doute jamais existé ». Il est vrai que le film évoque les défauts du système capitaliste (consommation à-tout-va, tromperie publicitaire, liberté débridée) et les difficultés d’une population qui en a rêvé et y entre de plain-pied, sans cependant s’y être préparée. Qu’un tel discours puisse être tenu ne signifie-t-il pas que la dictature totalitaire, qui ne saurait admettre qu’un discours unique, celui d’une idéologie légiférante, est bien liquidée? Depuis la chute du Mur, les Allemands de l’Est sont entrés dans un système où la liberté n’est pas toujours facile à assumer, mais où des voix discordantes ont le droit de se faire entendre. w w w. s o u v a r i n e . f r N° 40 119