pointe du grouin
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pointe du grouin
www.pouyat.sitew.fr POINTE DU GROUIN Dans un linceul pourpré disparaît le soleil qui dore l’océan et l’âpre sommet de la pointe du Grouin. Aux pieds du voyageur, brillante par sa barre d’écume la mer, sans fin, commence où la terre finit et dessine un cap effilé qui marque la frontière entre les immensités des grèves de la baie du mont Saint-Michel et les côtes découpées de l’Armorique. Ici débute la Bretagne, là-bas s’achève la Normandie désormais enveloppée par l’ombre du rocher… (doc.) Profondément carié par le sel, les schistes, redressés tels des mégalithes voici 580 millions d’années par le plissement du Massif Armoricain, dominent de quarante mètres le flot des vagues et offrent un formidable belvédère pour observer le phénomène naturel des plus grandes marées d’Europe, les marnages atteignant une hauteur de treize mètres… Lustrés par le vent, les roches sombres contrastent fortement avec l’orange et le gris des lichens, la bruyère pourprée en hiver, le jaune éclatant des genêts, les boutons violacés de l’armérie maritime. Au sommet une vue circulaire se dégage. Vers l’ouest, les perspectives s’ouvrent sur les grèves et la formidable pyramide à l’horizon du Mont. Le regard perdu dans l’immensité de l’estran, le voyageur comprend alors la magie qui anime ses lieux depuis plus de 1 300 ans. Plus loin encore, la colline d’Avranches se dessine, les côtes normandes jusqu’à Granville délimitant la baie au nord-est. Le visage tournée vers le large, au-delà du phare du Herpin qui veille sur la côte, une tâche furtive suggère la présence de l’archipel des îles de Chausey, tandis qu’à l’ouest, en direction du cap Fréhel visible par temps clair, le feston de la côte révèle une succession de pointes rocheuses et de plages de sable (doc.). Dans le dos du voyageur dorénavant c’est la nuit, le silence, seul face à lui le clapotis d’un bateau de pêcheur ébranlé par la houle s’unit à la vaste rumeur de l’océan. Les nids de l’île des Landes, dorsale parallèle à la Pointe, se sont tus. Réserve ornithologique, le jour, goélands, cormorans, tadornes de Belon et quelques rares couples d’huitriers-pie, remplissent l’atmosphère de leurs cris. Envahisseurs braillards, ils annoncent de leurs voix stridentes et discordantes leur présence aux curieux et aux marins, format souvent un véritable nuage. Mais à présent que le soleil mourant a fermé les branches d’or de son rouge éventail, le mutisme s’est fait, la nuit s’abaisse et l’univers s’endort…