François Morel, une petite musique douce et absurde

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François Morel, une petite musique douce et absurde
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François Morel, une petite musique douce et
absurde
LE MONDE | 08.10.2015 à 07h24 | Par Sylvain Siclier (/journaliste/sylvain-siclier/)
Affiche du spectacle "Caroline Ferry chante François Morel" à L'Essaïon à Paris, jusqu'au 7 novembre 2015. DR
Ce brave Pedro Ramirez est têtu. Il a beau vieillir, avec des gestes de moins en moins sûrs, la vue
qui baisse, sa vie c’est « le théâtre, les tréteaux, la scène… ». Et plus particulièrement le lancer de
couteau avec partenaire. En l’occurrence, laquelle, fort justement prénommée Dolores, perd chaque
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soir, « un orteil, un nez, une oreille… », et souhaiterait bien qu’il prenne au plus tôt sa retraite. Mais il
persiste, et dans un grand finale, Pedro Ramirez finira par percer le cœur de Dolores. Ce qui vaudra
pour seule épitaphe à la belle que décidément « trouver du personnel/un peu serviable et fidèle/c’est
devenu impossible ».
Monsieur Pedro Ramirez est l’une des chansons du savoureux spectacle Caroline Ferry chante
François Morel présenté à L’Essaïon, à Paris, jusqu’au 7 novembre. Une comédie tragique écrite et
chantée par François Morel, que le grand public connaît d’abord probablement comme acteur révélé
avec la troupe des Deschiens de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. Caroline Ferry vient
rejoindre ainsi celles qui, comme Anne Baquet, Juliette, Norah Krief, Juliette Gréco… savent aussi
que Morel a constitué, notamment dans deux disques Collection particulière (2006) et Le Soir des
lions (2010), un plaisant répertoire. Un va-et-vient dans l’insolite, la tendresse (Se taire avec un
ami), l’évocation de solitudes (Les Documentaires), des rêveries.
D’UNE CHANSON
À L’AUTRE, UN
VA-ET-VIENT DANS
L’INSOLITE, LA
TENDRESSE,
L’ÉVOCATION DE
SOLITUDES, DES
RÊVERIES
D’une chanson à l’autre, autant de moments du quotidien, petites histoires
simples qui virent parfois à l’absurde, il y a des intermèdes, des textes de
Morel et Nicole Guillin, des sketches de Ferry et ses camarades de scène,
Nolwenn Tanet (accordéon, piano, voix) et Claire Deligny (contrebasse,
guitare, voix) dans le même esprit. Le grand-père, qui réveille au petit matin
le « gamin » pour lui montrer champs, arbres, ruisseaux, chemins, bétail…
et sa seule possession, le brouillard qui se lève. La chef de chœur, qui
parmi d’autres Recommandations va parvenir à faire reprendre au public
« apprenez par ailleurs/qu’il est déconseillé/de fumer car ça tue/de péter car
ça pue ». L’homme dans le métro, debout, son journal plié à la main, qui se
fait tout un cinéma d’un sourire d’une jeune fille, ravissante, assise, qui se
contentera de lui demander « vous voulez ma place, monsieur ? ».
Tout cela avec à peine quelques accessoires, une échelle qui se transforme en banc, en pupitre, en
balcon d’où sauter, deux ou trois changements de costume. Et des musiques de Reinhardt Wagner,
Juliette, Vincent Delerm et Antoine Sahler, jolie romance, valse pour mauvais garçon au parler
relâché et pourtant en ménage avec une professeure de français, fantaisies musicales teintées de
jazz, musette… Cela dure 75 minutes. Juste le temps qu’il faut. Avec un rappel, qui, comme de bien
entendu dans cet univers légèrement décalé, constitue le début de la soirée (Le Spectacle est fini).
Caroline Ferry chante François Morel, mise en scène de Freddy Viau, à L’Essaïon, 6,
rue Pierre-au-Lard, Paris 4e. Mo Hôtel-de-Ville, Rambuteau. Tél. : 01-42-78-46-42.
Jusqu’au 7 novembre, du jeudi au samedi, à 19 h 45. De 15 € à 20 €. www.essaiontheatre.com (http://www.essaion-theatre.com/spectacle-caroline-ferry-chante-francois-morel-672.html)
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