Évolution de la chasse à Gornac
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Évolution de la chasse à Gornac
Évolution de la chasse à Gornac La caille : Dans les années 1955-1960, en août, la caille était chassée dans les champs moissonnés de Gornac – comme on le faisait à Saint-Brice. En bas de Gonin, à Poulit et Laurès, quand on fauchait les blés, il était possible de voir les cailles s’envoler. La chasse à la caille a disparu autour de 1970. À Gornac, M. Ithier était un bon chasseur de cailles et de grives. Actuellement, la caille est très rare. Quand Michel Martin a acheté le domaine de Cazeau, il a cultivé des céréales – ce qui a permis de créer un biotope à cailles. Le perdreau et le faisan : À une époque, les chasseurs de Gornac ont pu chasser des perdreaux et des faisans sauvages. Actuellement, du gibier d’élevage est lâché avant l’ouverture de la chasse (deuxième dimanche de septembre). La grive : Roger Larquey chassait les grives en les faisant poser sur un « brinquèou », grâce à son sifflet à bouche. Après les années 1950, la grive était tirée au vol, le soir ou le matin, « à la passée ». A Gonin, Guy Moustié utilisait un « guet » et des appeaux pour chasser les grives qui venaient dans les buissons blancs et dans les boules de lierre. On pratiquait aussi la chasse des grives qui se levaient des rangs de vigne, pendant les vendanges. Le Tertre de Martinon servait également de poste de chasse. Par matinée, le tableau de quatre chasseurs était, en moyenne, de 40 grives que l’on cuisinait alors grillées en brochettes et séparées par des morceaux de ventrèche. Mais, pour Régis Casnabet, « Les brochettes de grives, c’est un souvenir… ». Dans le parc du château Martinon, une équipe de nemrods chassait les grives en automne (voir la photo). Les populations de grives migratrices ont très fortement diminué depuis 1980-1990. Autrefois, certains chasseurs vendaient des grives. Actuellement, cela est interdit. Depuis 1880, à Martinon, il y a toujours eu des chasseurs (même Odile Trolliet) ; la famille Trolliet allait aussi chasser le canard sur le Bassin d’Arcachon, à Audenge. Les petits oiseaux : « Quand on était drôle, on tendait des pièges pour attraper des petits oiseaux. » se souvient Régis Casnabet. Au milieu d’un piège rond, on fixait une fourmi volante pour attirer les « dalèts », les « restouillets ». Jérôme Trolliet possède un menu d’un banquet ayant eu lieu en 1908 et où il a été servi des « ortolans en caisse » avec un château Clos-Fourtet 1899. L’alouette : En bas de Gonin, MM. Magret et Seintourens possédaient une « pante » (filet horizontal) pour chasser les alouettes. M. Marquille a aussi chassé l’alouette en bas de Gonin. Yves Dumas avait aménagé une « pante » à Lacombe. Actuellement, Serge Lubin chasse l’alouette au lieu-dit « Tauzin ». Le vanneau : En hiver, quand il fait très froid dans le Nord de la France, des vols de vanneaux s’arrêtent dans la plaine allant de Saint-Pierre-de-Bat à Gornac. Mais ces oiseaux sont peu chassés. La bécasse : Régis Casnabet est un passionné de chasse à la bécasse. Il chasse la « dame au long bec » dans les bois de Terre-blanque, des Linces. Il connaît des « remises » près de la source de l’Engranne. La palombe : Actuellement, se trouvent deux palombières à Gornac (mises en place il y a une dizaine d’années) : à Beauces, celle de Nicolas Dupart et Guy Mousitié ; à Martinon, celle de Bernard Leroy. Par saison de migration automnale, les paloumayres de Beauces comptent plus de vols que ceux de Martinon (respectivement 1000 et 300 vols). Bernard Leroy a installé sa palombière dans la garenne du château Martinon, un bois d’un hectare où l’on peut encore voir des supports de bancs en pierre qui devaient être utilisés, autrefois, par les promeneurs. Les paloumayres de Beauces chassent dans un « jouquet » muni d’un ascenseur. Sous les chênes des appeaux de Martinon (*), nous pouvons voir un « sol » utilisé pour chasser au filet. (*) chênes centenaires, de 30 à 40 mètres de haut. Autrefois, dans la garenne de Martinon, Aristide Lafosse chassait la palombe en se cachant dans différents « guets ». En 1830, les grives et les ramiers (palombes) étaient guettés ainsi par le meunier Antoine Bourdet. La tourterelle : Dans le passé, au mois de mai, la tourterelle a été chassée en se postant sur le Tertre de Martinon ou bien à Laurès ; cette chasse de retour de migration est maintenant interdite. La tourterelle est seulement chassée fin août, près des champs de céréales. Le lièvre : Joseph Coiffard possédait une petite vénerie (chiens courants de race bigle) ; il chassait sans fusil, à pied, en parcourant de longues distances. L’arrière grand-père de Jérôme Trolliet, Léonce Coiffard, était chasseur de lièvre (voir la photo). Le père Larquey, Gilbert Casnabet et Marius Maury ont chassé le lièvre à Gornac ; ces chasseurs poursuivaient le gibier parfois jusqu’à Daubèze ou Romagne. « Actuellement, il y a du lièvre ! » nous a dit Régis Casnabet. Photo prise en 1885 - de gauche à droite : Léonce Coiffard, Suzanne, François. Le lapin : À Gornac, autrefois, le Tertre de Martinon était réputé pour être un repère de lapins. Guy Moustié se souvient y avoir tué son premier lapin. Au Tertre et à la Garenne de Martinon, le grand-père de Jérôme Trolliet faisait des tas de pierres et des buttes en terre (entourés de grillage que l’on peut encore voir à côté de la fontaine du Tertre), pour retenir les lapins. Mais, actuellement, les lapins ont pratiquement disparu du territoire de la commune. Le grand gibier : La chasse au sanglier et au chevreuil est une chasse relativement récente (début vers 1990-1995). Il y a quelques années, des banquets de chasseurs de Gornac ont été organisés en cuisinant du chevreuil. Le sanglier est traqué dans le creux de Martinon et à Beauces. Les nuisibles : Le renard est chassé en battue ; le blaireau, la fouine avec des pièges. « Au Bois », la volaille de Sylvain Cauhapé reçoit souvent la visite du renard. Depuis 1985, Bernard Leroy est un passionné de la chasse aux nuisibles qu’il chasse avec des lieutenants de louveterie, dans une grande partie de l’Entre-deux-Mers, de Blasimon à Saint-Laurent-duBois et Cadillac ; la moyenne annuelle de son tableau de chasse est de 50 renards. A Gornac, les trous de renard sont situés à Dambert et au Tertre de Martinon. Fabrication des cartouches : Autrefois, les chasseurs fabriquaient leurs propres cartouches. Guy Gallès possède encore tout le matériel. Mme Leroy se souvient avoir fabriqué des cartouches avec son père ; il en est de même pour Guy Moustié. Jacques GAYE paloumayre à Escoussans L’auteur remercie pour leurs témoignages Jérôme Trolliet, Guy Moustié, Bernard Leroy, Guy Gallès, Régis Casnabet, Alain Jean-Louis. BIBLIOGRAPHIE « La chasse et la pêche à Escoussans » article de Jacques Gaye dans le livre « Escoussans » (ASPECT, 2002) « L’évolution de la chasse à Cantois » article de Jacques Gaye dans le livre « Cantois » (ASPECT, 2007) « Terreblanque ou le Piège » de Jean-Max Eylaud (Les Lettres Modernes à Paris, 1963) Chasseurs de grives à Martinon (octobre 1973) Petit lexique « à la passée » : Le soir, les grives étaient chassées « à la passée », c’est-à-dire quand elles arrivaient des pièces de vigne et allaient se coucher dans les sous-bois. « brinquèou » : branche sèche, sans feuilles. En gascon, brinca signifie « brindille ». « dalèt » : En Benauge, le gobemouche noir est appelé « dalèt » ; le gobemouche gris « batale ». Le « dalèt » est un oiseau insectivore ; le bruant ortolan un granivore. « restouillèt » ou « rastouillèt » : C’est le traquet tarier ; on le trouve dans les friches, « rastouils » en gascon. « sol » : terrain plat d’une palombière, aménagé pour installer deux filets horizontaux qui se rabattent à l’aide de puissants ressorts. « guet » : petite cabane faite de branchages, utilisée par le chasseur pour chasser les grives. « remise » : endroit d’un sous-bois qu’affectionnent les bécasses « drôle » : jeune garçon « jouquet » : cabane perchée sur des poteaux ou dans un arbre « appeau » : appelant « paloumayre » : chasseur de palombes ; palomaire, en gascon (ai : prononcer comme « ail », le légume)