Journée d`études en littérature de jeunesse IUFM de Basse

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Journée d`études en littérature de jeunesse IUFM de Basse
Journée d’études en littérature de jeunesse
IUFM de Basse-Normandie, centre d’Alençon
19 avril 2011
« La littérature de jeunesse, des histoires pour l’Histoire :
raconter, évoquer, se souvenir… »
La littérature de jeunesse s’est emparée depuis quelques années déjà de questions
mémorielles en favorisant la transmission de l’Histoire en direction des enfants. En plaçant
l’enfant au centre de cette transmission, elle l’a positionné comme un passeur de mémoire,
chargé de se construire une identité ancrée dans un passé, assumant celui-ci afin de le
transcender et de se projeter dans le futur. Faire le lien entre passé et présent, se construire
dans une culture mémorielle, voilà autant d’enjeux qui lui sont dévolus et qui le dépassent
aussi parfois.
Au cœur de ces enjeux mémoriels, la passation d’un discours historique stabilisé se
pose : que dire aux enfants et comment ? Quelle(s) vérités historiques leur sont audibles ? Au
travers des grandes barbaries de notre époque liées à la Grande guerre, à la montée des
fascismes, à la Seconde guerre mondiale et à la Shoah, aux guerres d’Indépendance, quels
faits historiques sont compréhensibles ? Comment se construire une idée de l’Histoire ? Quels
liens peuvent être faits entre la grande Histoire et la petite histoire, celle des individus dont les
destins touchent particulièrement les enfants ?
Comment la littérature de jeunesse est-elle devenue vecteur de ces enjeux, par quels
types de textes, autour de quelles problématiques historiques ? Comment participe-t-elle à une
reconfiguration mémorielle1, propre à notre époque où la somme des mémoires éclatées et
palimpsestes2 creuse de nouvelles lectures du passé. La production, très développée depuis les
années 2000 avec foison d’albums, de romans, de livres-CD, de bandes dessinées, développet-elle de nouvelles approches dans la transmission d’un discours historique ? Avec quels choix
et quelle(s) esthétique(s) ? Le statut de l’image permet-il de nouvelles explorations, de
nouvelles transmissions mémorielles ; sous quelles formes ? Autant de questions qui relèvent
à la fois du champ de la littérature et de celui de l’enseignement, outil et relais de la lecture
des textes, de cet ancrage historique et de cette passation culturelle.
Notre journée d’étude aura pour but de s’interroger sur la transmission d’une mémoire
commune par la littérature de jeunesse: où ? Par qui ? Comment ? Dans un cadre européen,
nous interrogerons les textes qui véhiculent une historicisation maximale à destination des
enfants, qui construisent une mémoire collective3 où les figures enfantines, vecteurs de
mémoire présentes dans la littérature de jeunesse, deviennent elles-mêmes « des lieux de
mémoires. »4
1
Voir le colloque international de Paris 13, « Mémoires fluctuantes, histoires fondatrices dans les mondes
francophones et anglophones, 19-21e siècles », 22-23 octobre 2010.
2
La mémoire comme palimpseste en littérature de jeunesse, sous la direction de Noëlle Sorin, Editions Nota
Bene, 2005
3
Halbwachs, La mémoire collective, 1950, réédition 1967, PUF et Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, 1925
réédition PUF, 1952
4
Pierre Nora, Les lieux de mémoire, Gallimard, Paris, 3 tomes, La République, (1984), La Nation (1986), Les
France, (1992)
Cette journée d’étude prendra la forme d’un ensemble de conférences universitaires.
Elle sera suivie d’une deuxième journée en octobre 2011 réunissant des auteurs et des
illustrateurs de littérature de jeunesse autour de la question de la transmission mémorielle et
de la narration de l’Histoire à destination des enfants.
En 2012, un colloque sur ces questions pourra être envisagé à l’IUFM de Basse
Normandie en association avec différents partenaires.
Axes de recherches :
La question de « la patrimonalisation du passé », présente à tous les niveaux de cette
problématique, peut être envisagée selon trois axes :
-L’axe historique :
L’enseignement de l’Histoire à l’école élémentaire : la question des méthodes, des supports,
des objectifs.
Les difficultés et ambiguïtés de cet enseignement
Les résistances institutionnelles par rapport à l’enseignement de l’Histoire
La réception de l’Histoire par les élèves
La transmission de l’Histoire dans les différents pays européens
-L’axe littéraire :
Narration et représentation à destination des enfants :
Albums et romans
L’image
Héros/personnages
Editeurs, collections
Transmettre ces « passés qui ne passent pas » (Ricoeur):
La seconde guerre mondiale : la Shoah, la Résistance ; l’Italie fasciste, les guerres de
décolonisation
La question des valeurs
- L’axe mémoriel
La place de l’Histoire événementielle par rapport à la construction d’une mémoire
Les supports de la mémoire : figures héroïques et lieux mémoriels
Le devoir de mémoire
Mémoires éclatées, palimpsestes, reconfigurées,
Mémoires individuelles au service de la mémoire collective (Halbwachs)
Commémorations et célébrations au service de la mémoire collective (P. Nora)
La construction d’une mémoire européenne
Organisation : [email protected], IUFM de Basse-Normandie,
[email protected], IUFM de Basse-Normandie
JOURNEE D’ETUDES
EN LITTERATURE DE JEUNESSE : 19 AVRIL 2011
Centre d’Alençon
« La littérature de jeunesse, des histoires pour l’Histoire :
raconter, évoquer, se souvenir… »
MATIN : « Problématiques mémorielles »
9 h : Ouverture de la journée d’études : Stanislas Hommet, Directeur du l’IUFM
9 h 15 : Contribution du laboratoire LASLAR : Brigitte Diaz, directrice du laboratoire
LASLAR
9 h 30-10 h : Stanislas HOMMET, Université de Caen/IUFM : « Histoire et mémoire dans
l’enseignement de l’Histoire en France et en Europe : ambiguïté d’une relation au service
d’un usage public de l’Histoire »
10 h-10 h 30 : Mariella COLIN, Université de Caen, ERLIS : « Comment le fascisme a
colonisé l’Italie par la littérature enfantine. »
11 h 00-11 h 30: Anne SCHNEIDER, Université de Caen/IUFM, LASLAR : « Missak
l’enfant de l’Affiche rouge et Missak, le groupe Manouchian, des immigrés entrent en
résistance »
11 h 30-12 h : Béatrice FINET, Université de Caen/IUFM : « La double désincarnation de
l’enfant dans la littérature de jeunesse sur la Shoah. »
12 h 00 -12 h 30 : Serge MARTIN, Université de Caen/IUFM, LASLAR : « Tomi Ungerer, la
mémoire à l’œuvre »
AM : « Didactique de l’Histoire et littérature de jeunesse »
14 h 30- 15 h : Anne SCHNEIDER : « Le traitement de l’imaginaire colonial à partir d’une
lecture intégrale d’Un train pour chez nous, d’Azouz Begag »
15 h- 15 h 30 : Béatrice FINET : « Enseigner la Shoah à partir de Grand-père de Gilles
Rapaport en classe de CM2 : un pari impossible entre littéracie et Histoire ? »
15 h 30-16 h : Serge MARTIN : « Gisèle Pineau ou trois générations de femmes en relation :
la Guadeloupe en mémoire vive »
16 h 30: Dominique ESTEVE, Université de Cergy-Pontoise/IUFM « Regards croisés :
Histoire et littérature de jeunesse »
17 h Clôture : Jean-François THEMINES, Directeur de la recherche, IUFM de BasseNormandie