Société des Vétérinaires Suisses Les vétérinaires et la protection

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Société des Vétérinaires Suisses Les vétérinaires et la protection
Les vétérinaires et la protection des animaux, hier et aujourd’hui
Texte pour le discours à l’occasion du bicentenaire de la SVS
mercredi, 5 juini 2013, BernExpo
de Heinz Lienhard
Président Protection Suisse des Animaux PSA
Nous célébrons aujourd’hui un anniversaire de taille: le bicentenaire de la SVS! C’est pourquoi je
souhaite évoquer le parcours conjoint des protecteurs des animaux et des vétérinaires, non pas au cours
des 200 mais des 150 dernières années. La SVS a en effet devancé la protection des animaux organisée
en Suisse. La PSA, ou «Association centrale Suisse pour la protection des Animaux», comme elle
s’appelait alors, a été fondée en 1861 seulement, soit 48 ans après la SVS.
Je ne peux donc passer en revue que 150 années d’histoire, ce qui toutefois s’avère assez simple pour la
PSA. Nous possédons en effet une collection pratiquement complète de nos publications, qui
constituaient à l’époque le premier journal de la protection des animaux organisée. J’ai ainsi trouvé la
première indication d’une alliance entre vétérinaires et défenseurs des animaux dans un exposé donné à
l’occasion d’une conférence sur la protection des animaux organisée à Aarau en 1876 sur le thème du
«transport des animaux par le train». Le délégué de l’association genevoise de défense des animaux
indiquait alors: du 1er mars 1874 au 1er mars 1876, le responsable du service vétérinaire de la
gare de Genève a compté et examiné le bétail importé suivant: 6368 bovins, 3677 veaux, 17 729
porcs et 10 046 moutons. Un grand nombre de chevaux et de mules ne sont pas comptabilisés
dans ces chiffres. Le conférencier faisait ensuite la liste des graves abus constatés lors du transport du
bétail: l’association genevoise soutiendra de toutes ses forces les efforts entrepris par Monsieur
le vétérinaire Jauger en vue d’améliorer la situation.
Voilà un vétérinaire officiel qui poursuivait les mêmes objectifs qu’une association de défense des
animaux.
J’ai trouvé une seconde indication dans le procès-verbal d’une conférence des associations de défense
des animaux suisses qui s’est tenue à Zurich en avril 1878. Le vétérinaire sanitaire Bornhauser de
Weinfelden s’y exprimait sur le sujet de l’abattage, et particulièrement celui des bœufs d’élevage ou,
comme il les appelait, les autres animaux récalcitrants. «Toute méthode d’abattage n’offre la
garantie d’une exécution rapide et sûre que lorsqu’elle n’est pas laissée aux bons soins du
premier apprenti venu. Les plaintes au sujet des sévices infligés aux animaux pendant l’abattage
ont leur raison d’être, essentiellement en raison du fait que les bouchers procèdent souvent de
manière brutale et sans aucun égard.»
Ce sont les mots d’un vétérinaire qui s’exprimait il y a 135 ans.
Je peux aussi citer une annonce de l’association argovienne de protection des animaux adressée le 14
novembre 1894 au «département militaire suisse à Berne»: …. le cheval blessé a été conduit à la caserne,
où il a été déchargé et poussé dans l’écurie. Il a ensuite été pendu à une poutre à l’aide de deux sacs et
de cordes. Le vétérinaire responsable est parvenu à la conclusion que le cheval pourrait
probablement être rétabli, et qu’il pourrait encore servir comme cheval de trait. Il est resté ainsi
du mardi au dimanche, jour où il a été abattu sur ordre de Monsieur le capitaine vétérinaire
Buser.
Société des Vétérinaires Suisses
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Il semblerait que le service vétérinaire de l’armée n’était, à l’époque, pas trop à l’écoute des
revendications de la protection des animaux.
Enfin, voici encore le rapport consécutif à un jugement de 1911: «une plainte a été déposée à
l’encontre de l’agriculteur P. d’Engelsburg près de Bubendorf pour cruauté envers les animaux.
Le vétérinaire a constaté la présence de six vaches et de deux chevaux gravement sousalimentés. L’agriculteur P. s’est vu infliger une amende de 200 francs.»
Comme le montrent ces exemples et ces anecdotes, les vétérinaires ont été mentionnés quelques fois
dans les publications de la Protection Suisse des Animaux. Toutefois, il n’est pas encore possible de
parler de destinée conjointe voire même de collaboration jusqu’au milieu du 20e siècle. Cela peut
paraître surprenant au premier abord. Mais les temps étaient alors différents, et en partie très difficiles.
Les soucis étaient nombreux. On pouvait s’estimer heureux de parvenir à faire survivre sa famille et à
nourrir ses enfants. Les animaux, tous les animaux n’étaient alors réellement que des choses. Les
exemples cités l’illustrent également. Tous concernent des animaux de rente. Il n’était pas encore
question d’animaux domestiques.
Ce n’est qu’à partir du milieu du siècle dernier environ que le rapport de la population vis-à-vis des
animaux s’est mis à changer. Les individus ont pris conscience que les bêtes avaient des besoins propres
à leur espèce, qu’il pouvaient ressentir de la joie à leur manière, et qu’ils pouvaient donc aussi souffrir.
Enfin, on s’est mis à reconnaître qu’ils n’étaient pas seulement un instrument de travail, mais qu’ils
avaient le droit, pour eux-mêmes, d’être protégés. Et qu’ils méritaient des soins vétérinaires lorsqu’ils en
avaient besoin. C’est ainsi qu’a débuté une collaboration toujours plus étroite entre la protection des
animaux et les vétérinaires. De nombreux exemples montrent qu’elle s’est muée en succès:
La première loi suisse sur la protection des animaux est entrée en vigueur en 1981 avec l’ordonnance
sur la protection des animaux. A cette époque, il s’agit d’une loi révolutionnaire, en faveur de laquelle
deux hommes se sont tout particulièrement engagés: Hans-Peter Haering, alors directeur de la PSA, et le
professeur de médecine vétérinaire Andreas Nabholz, alors directeur de l’Office vétérinaire fédéral. Liés
par une étroite amitié, ils ont prouvé que la coopération entre vétérinaires et défenseurs des animaux
menait au succès.
En 1992, les trois grandes associations SVS, SCS et PSA ont créé ensemble l’ANIS, l’Animal Identity
Service SA.
Depuis 1995, la PSA et la SVS organisent conjointement des actions annuelles de castration des chats à
l’échelle nationale.
Pour le reste, la SVS soutient régulièrement les revendications importantes de la protection des animaux,
par exemple pour faire en sorte que les animaux domestiques ne soient plus considérés comme des
choses en Suisse, ce qui représente un immense progrès.
A la base de la protection des animaux, dans nos sections et nos refuges, une étroite collaboration avec
les vétérinaires est également une évidence. Un grand nombre de praticiens sont aujourd’hui
présidentes, présidents ou membres des comités dans nos sections. Ce qui n’existait pas par le passé est
aujourd’hui un fait avéré: médecine vétérinaire et protection des animaux suivent une voie commune et
poursuivent le même objectif: le bien-être des animaux.
Au nom de la Protection Suisse des Animaux, j’en remercie chaleureusement la Société des Vétérinaires
Suisses SVS ainsi que toute la profession suisse. J’espère, et je suis convaincu, que nous poursuivrons
notre étroite collaboration.
Je félicite en ce sens la SVS pour son vénérable anniversaire. Toutes mes félicitations et encore bien du
succès!
--Heinz Lienhard est né en 1936. En 1996, il a été élu au comité central de la Protection Suisse des Animaux
PSA. Heinz Lienhard est président de la PSA depuis 2000.