A\) Les acteurs en présence

Afin de clarifier la situation et pour permettre aux acteurs économiques du marché de l'Internet
d'opérer dans un environnement juridique stable, l'Association Française des Professionnels de
l'Internet (http://www.afpi.fr/) vise à mettre en place un statut légal pour les Prestataires de
Services Internet (PSI) en France. Selon l'AFPI, la dénomination PSI regroupe " toute entreprise
ou institution qui offre à une autre entreprise ou institution ou bien à un individu ou groupe
d'individus la possibilité d'accéder au réseau ou d'y être visible ". Ainsi on classera par la suite
les PSI en trois catégories :
- les fournisseurs d'accès
- les concepteurs/éditeurs de services Internet
- les hébergeurs de services Internet.
1) Les fournisseurs d'accès.
a) Accéder à l'Internet.
Il existe à l'heure actuelle plusieurs modes de connexions à l'Internet. Chacun d'entre eux répond
à des caractéristiques bien précises et s'adresse en général à une clientèle ciblée. Cependant dans
ce domaine l'offre n'est pas figée et il y a fort à parier que de nouvelles technologies viendront
encore la diversifier (on entend déjà parler de connexion par satellite). Pour le moment, voici les
principales et leurs caractéristiques respectives :
- accès IP permanent : connexion directe et permanente à l'Internet par une liaison spécialisée
permanente. Cette solution s'adresse à des entreprises désirant diffuser des informations en
continu et en temps réel, à de gros consommateurs d'informations dotés d'un réseau local
(ENSTB par exemple). Le coût d'une telle liaison est en principe indépendant des volumes
véhiculés.
- accès IP temporaire : connexion Dial-Up IP en passant par un fournisseur d'accès ou "
provider ". Cette solution permet de ne pas avoir à supporter les coûts d'une liaison permanente.
La connexion entre le modem de l'utilisateur et son fournisseur d'accès s'effectue à travers le
Réseau Téléphonique Commuté (RTC) au prix d'une communication téléphonique. Afin
d'améliorer le taux de transfert de cette connexion, il est aussi possible d'utiliser le réseau
Numéris (nom commercial du Réseau Numérique à Intégration de Services français). La
machine ainsi connectée se voit attribuer un numéro IP permanent ou dynamique (différent à
chaque connexion). Ce type d'accès est réservé à la connexion de machines isolées et à des
utilisateurs occasionnels.
- accès en Dial-Up simple : accès asynchrone temporaire, sans connectivité IP. Ce type d'accès
ne permet pas l'attribution d'un numéro IP et le raccordement direct à l'Internet. La connexion
s'effectue à l'aide d'un logiciel, d'un modem et du RTC vers une machine déclarée et raccordée à
l'Internet. La machine de l'utilisateur peut être un Minitel. Cette solution s'adresse à des
utilisateurs dont les besoins se réduisent essentiellement aux News et au courrier électronique.
- accès par le câble : c'est le mode de connexion le plus récent. Après une période test
concluante, France Télécom (http://www.francetelecom.fr), la Lyonnaise et la Générale des Eaux
sont en passe de généraliser l'expérience à l'ensemble de la France qui prend ainsi dans ce
domaine une longueur d'avance. Le principe est simple, le réseau câblé permet d'acheminer un
bouquet de services télématiques (dont l'Internet) jusqu'à l'ordinateur de l'utilisateur muni d'un
modem câble.
Les atouts de ce mode de connexion sont les suivants :
- une vitesse élevée (10 à 100 fois plus rapide que par RTC)
- un coût faible : abonnement mensuel forfaitaire
- disponibilité du téléphone pendant toute la durée de la connexion (ce qui n'est pas le cas avec
l'utilisation du RTC)
- un investissement réduit des câblo-opérateurs qui disposent déjà des infrastructures du réseau
câblé.
En revanche le coût du modem câble est plus élevé que celui d'un modem téléphonique et la
couverture du réseau câblé est encore limitée.
b) Les fournisseurs d'accès à l'Internet.
Leur nombre est en pleine expansion. On en compte près de 200 en France répartis sur
l'ensemble du territoire (voir carte ci-dessous) et plus de 3500 aux Etats-Unis.
Cette carte montre bien que la répartition des fournisseurs d'accès est nationale et surtout qu'elle
ne se limite pas aux grosses agglomérations, ce qui traduit la présence sur le marché de petits
fournisseurs d'accès locaux. Là encore il convient de distinguer plusieurs catégories. Les
fournisseurs d'accès peuvent ainsi être classés suivant trois critères :
- le type de connexions qu'ils proposent
- leur taille, notamment en terme de moyens financiers
- leur rayon d'action.
Notons toutefois que ces critères se recoupent aisément, la taille d'un fournisseur d'accès national
n'ayant pas grand chose à voir avec celle d'un fournisseur d'accès local.
Classement par type de connexions :
- les opérateurs, qui disposent de connexions directes avec les Etats-Unis et fournissent des
liaisons spécialisées (LS) pour " accès IP permanents ". Ils peuvent ainsi raccorder le site
informatique d'une entreprise ou celui d'un fournisseur de services. Le prix de ce type de
liaison n'est en général pas fonction du trafic. Ces opérateurs sont en nombre restreint. En
France les principaux sont Oléane, Transpac, Renater et Eunet.
-
les fournisseurs d'accès individuels, qui sont raccordés aux sites des opérateurs. Leur
activité consiste à louer à ces derniers de la bande-passante afin de la sous-louer ensuite aux
particuliers auxquels ils proposent des " accès IP temporaires ". Au nombre de ces
fournisseurs d'accès individuels, on peut citer : Wanadoo, AOL, Club Internet, France
Explorer, Infonie, etc.
La plupart des opérateurs fournissent aussi des accès individuels et les fournisseurs d'accès
individuels peuvent également être des serveurs d'hébergement, voire même des éditeurs de
services en ligne. Certains fournisseurs d'accès actuels n'étaient à l'origine que des éditeurs de
services en ligne, parfois avec une norme différente de celle de l'Internet. C'est notamment le cas
d'Infonie (http://www.infonie.fr) qui avait tout misé sur son offre de services en ligne avant de se
résoudre à s'ouvrir sur l'Internet.
Classement par taille :
Sur ce marché très ouvert qu'est celui de l'Internet, les fournisseurs d'accès peuvent avoir des
raisons sociales très différentes. Cela va de la petite entreprise familiale à la grosse
multinationale ou filiale de multinationale. A l'évidence toutes n'ont pas les mêmes moyens
d'action quant à leur développement ce qui se traduit par une vision de l'avenir sans doute
différente. Certaines sont là pour profiter du marché florissant de l'Internet mais sans ambition de
croissance tandis que d'autres veulent s'imposer.
Classement par rayon d'action :
Un certain nombre de fournisseurs d'accès sont très localisés. Leur activité s'étend à une région,
un département, voire même une agglomération. Ce sont en quelque sorte les " artisans " de
l'Internet comparés aux fournisseurs d'accès nationaux. Cependant depuis la mise en service du
Kiosque Micro par France Télécom cette notion de fournisseur d'accès local a perdu de son sens.
En effet le principe du Kiosque Micro est le suivant : les fournisseurs d'accès quels qu'ils soient
ont la possibilité de souscrire ce service auprès de France Télécom qui leur fournit alors un
numéro d'appel national qui permet à leurs abonnés d'accéder à l'Internet au prix d'une
communication locale de n'importe où en France. Toutefois, il faut relativiser la portée d'un tel
service étant donné que les petits fournisseurs d'accès locaux n'ont bien souvent pas les moyens
en terme de communication et de publicité d'aller chercher des clients à l'autre bout de la France.
D'autre part, ce classement a aussi un sens au regard de l'inégale répartition des ressources du
réseau. En effet, pour un fournisseur d'accès, mieux vaut s'installer près de l'épine dorsale du
réseau (backbone) qu'en pleine campagne car celui-ci doit relier son site au réseau via une ligne
spécialisée dont le coût de location est proportionnel à la longueur (voir les tarifs d'EUnet donnés
précédemment).