LA « PETITE EGLISE » DE VILLEFRANCHE 1771
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LA « PETITE EGLISE » DE VILLEFRANCHE 1771
LA « PETITE EGLISE » DE VILLEFRANCHE 1771-1838 Les innovations économiques et les changements politiques vont permettre l'émergence lente, mais résolue d'une nouvelle communauté réformée à Villefranche. Les Indienneries Villefranche jouit d'une tradition séculaire de fabrication et de commerce de toiles et très naturellement des indienneurs viennent y installer leurs fabriques à la fin du XVIIIO siècle : - des protestants suisses : en 1771, Samuel Dardel de Neuchâtel succède à Abraham Jornot au faubourg Sainte Marie. - des protestants de Mulhouse : en 1772, Théodore Braun, technicien, rejoint les Caladois Humblot et Burion à la Quarantaine avec quarante imprimeurs et trente tisseurs alsaciens tous protestants. Bien intégré, il est chevalier de l'Arc et maire de Béligny de 1791 à 1806. Sa femme et lui sont des intimes de Jean - Marie et Manon Roland de la Platière. Mais en 1776, Samuel Darde1 abjure et en 1806, Théodore Braun, ayant fait faillite, retourne à Mulhouse. L'aventure de Benjamin Cuendet pendant la période révolutionnaire Nous avons retrouvé le Journal plein d'intérêt que ce bourgeois suisse a écrit de 1769 à 1811.11 a tenu une horlogerie à Lyon, rue St Côme, de 1770 à1796. Protestant, épris de liberté, il est un partisan fervent des idées républicaines. En 1791, il entre dans la Garde Nationale et neuf mois après il est capitaine ! Lors de la réaction royaliste de 1793, il se rend à Villefranche, y reste deux mois et en garde un si bon souvenir que le 1" juin 1796, il s'y installe définitivement, ouvrant une nouvelle affaire d'horlogerie. Il est bien accepté à V i l l e h c h e lui aussi. - 11 - Il a eu cinq enfants. Sa fille Julie, née à Lyon en 1777, a été baptisée par manque de pasteur dans l'église catholique SaintNizier ; elle est par son mariage à l'origine du fameux « plat de nouilles » protestant. Sa petite fille Louise a été vaccinée le 3 1 mai 1805 par le docteur Balloffet (c'est une des premières filles vaccinées de la région lyonnaise) Arrivée d'autres artisans suisses protestants En 1812, vient un pâtissier des Grisons, Monsieur Couradin (on disait à l'époque que chaque ville française possédait son pâtissier des Grisons) Il s'installe à Villefranche et s'y marie. En 1827, Monsieur Maillet de Neuchâtel fonde avec Monsieur Jarguet une fabrique d'indiennes peintes à Chervinges et amène une quarantaine d'ouvriers allemands protestants (le même phénomène se produit à Tarare vers 1820) En 1835, Monsieur Campiche fonde une maison d'horlogerie. Arrivée d'un bourgeois du duché de Bade : Jean Walde vers 1830 L'accroissement considérable de la population badoise a cette époque, les pressions fiscale et douanière poussent ce fabricant de chaises à quitter son pays et à s'installer dans notre ville. Il est à l'origine du deuxième « plat de nouilles » protestant. Ralliement d'un catholique peu catholique : Monsieur Berchoud Cet officier retraité dCsirait épouser sa nièce, mais refusait de payer les 600 francs nécessaires à la dispense papale. Il se maria donc civilement. Plus tard, leur couple est choisi comme parrain et marraine d'un enfant catholique, mais le prêtre refuse. 11 rejoint alors le « petit troupeau protestant ». -13- Grâce i ces arrivées multiples, la « petite Eglise » peut se développer : Des cultes réguliers et les actes pastoraux sont assurés par les pasteurs de I'Eglise réformée de Lyon. C'est alors que germe, pour la première fois, l'idée de la construction d'un temple à Villefranche : cc projet émane d'un riche catholique : Monsieur Chabert dit le Russe ! « Monsieur Chabert était un homme loyal, désintéressé, aimant les principes protestants, quoique catholique et comme il occupait une certaine position sociale et jouissait de quelque influence, il avait mis en avant ce projet de la construction d'un temple pour les quelques Réjormés de la contrée )) (Extrait de nos archives écrites par le pasteur Marcellin Dadre en 1862) Mais les protestants inquiètent : « Les protestants sont des ouvriers insaisissables en cas de troubles » déclare Jeail Gabriel Desarbier, maire de Villefranche le 28 juillet 1828. L'archevêché de Lyon renchérit : les réunions des protestants sont deinandées dans un but politique plus que par zèle religieux )) Marque apposée sur le chef des pièces sortant de la fabrique de Théodore Braun à BCligny. - 15 -