Lycée Rive Gauche - Sciences Po Toulouse

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Lycée Rive Gauche - Sciences Po Toulouse
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6ème Colloque des lycéens de première "L'engagement".
Lycée Rive Gauche: Défendre une cause.
L’ENGAGEMENT A TRAVERS LA RELIGION.
Le pasteur et auteur Robert H. Schuller a dit « Les gens célèbres sont des gens ordinaires
qui se sont engagés vers des buts extraordinaires. »
L’engagement ? Accomplir quelque chose, tenir une promesse, respecter une convention ou un
contrat. Il s’agit de prendre parti, d’assumer ses valeurs et convictions qui ne sont pas seulement
politiques, civiques ou morales, mais qui peuvent être aussi religieuses. En effet, la religion et les
croyances ont depuis toujours permis aux hommes de comprendre le monde, d’étudier son
rapport aux autres et donc de s’engager personnellement ou collectivement. Depuis la loi du 9
décembre 1905 portant sur la séparation des Eglises et de l’Etat, les convictions religieuses
relèvent d’un engagement personnel. La religion est aujourd’hui un sujet de débats.
Nous ne voulions pas faire une étude de la religion mais essayer de comprendre comment, au
sein de la société, les personnes peuvent s’engager à travers la religion, individuellement,
collectivement, par des moyens divers et variés.
Dans quelle mesure la religion peut-elle induire à l’engagement
1. Notre opinion. Dès le début de nos recherches, nous nous sommes demandé dans quelle
mesure l’on peut dire qu’un croyant est « engagé ». Suffit-il de croire en Dieu, qui représente un
engagement spirituel et individuel ou faut-il mener des actions concrètes ? Alors quelles sont les
différentes manières de s’engager et d’envisager la religion ? Nous en sommes venu à diverses
démarches et à fonder notre propre opinion. En effet dans notre groupe de travail, plusieurs
religions sont pratiquées et il y a également des athées. Chacun à son propre avis à ce sujet
certains pensent que c’est inutile mais respecte l'autre. D’autres pensent que c’est indispensable
et que cela fait partie de leur vie et de leur bien être. Pour la plupart des croyants, cela les aide à
surmonter leurs problèmes, à trouver la paix, à refléchir dans leur vie personnelle, à respecter
autrui. Certaines personnes n’associent pas les notions d’engagement et de religion et par
conséquent ne trouvent pas de définition à l'engagement religieux. En revanche d’autres pensent
que la religion passe par le partage, faire comprendre aux autres son engagement sans forcément
les inciter à s’engager. Pour toute les personnes dites engagées, elles se disent heureuses dans
leur engagement et pour la plupart de pratiquer leurs religions ne leur prend pas de temps. Bien
que l’interrogation « Doit-on être croyant pour s’engager ? » et « Qu’est-ce que l’engagement
selon vous ? » a obtenu des réponses quelque peu différentes. On remarque que les personnes
se qualifiant de non croyante ne pensent pas qu’il faut croire en une certaine religion pour
s’engager alors que du coté des croyants peu importe la religion qu’ils pratiquent pour la majorité il
faut être croyant pour s’engager. Pour ensuite définir qu’est-ce que l’engagement, divers
arguments sont revenus et d’autres diffèrent.
Nous en sommes d’ailleurs venus à nous interroger sur les valeurs personnelles ? Certains sont
nés avec une religion; cela a fait parti de leur éducation et ont pris la décision de continuer à la
pratiquer. D’autres ont pris l’initiative de ne croire en rien, ou non jamais réellement été plongés
dans la spiritualité. Enfin beaucoup pensent que ces valeurs se retrouvent chez les croyants, les
non-croyants et les athées. Chacun de nos regards et des regards extérieurs nous a permis
d’élaborer une nouvelle opinion de l’engagement religieux notamment grâce aux entretiens que
nous avons pu mener.
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2.Celui de ceux qui s'engagent pour la religion.
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Une religion porteuse de valeurs au sens fort :
« Je pense que la religion porte des valeurs que les gens non croyants peuvent trouver
ailleurs.»
Président de la Synagogue de Tournefeuille
« La transmission d'amour aux personnes qui en ont besoin c'est aussi un engagement. »
Diacre rattaché à Plaisance du Touch, Mr Breteau
« L'engagement de bénévole correspond à mes valeurs : à travers la personne que j'aide, je
rencontre l'image du Christ.(...) La valeur la plus importante de l'Association pour moi est
de reconnaître l'autre comme un frère et son égal. »
Monique Bellis, bénévole au Secours Catholique
« Aider les gens, c'est une manière d'aider Dieu. » « La religion transmet un message de
paix et de bonheur »
Pasteur David Rampaud, Église évangélique de Toulouse, Minimes

Garante du lien et de la cohésion sociale :
« Ma synagogue permet aux gens de se réunir dans un lieu de culte, par exemple le jour du
shabbat. »
Président de la Synagogue de Tournefeuille
« En étant au service des gens, à travers ça, on se met au service de Dieu. Il ne faut pas
passer à coté des gens qui ont besoin de vous. »
« Pour ce qui est de l'Islam, je dirais que notre point commun est la paix ordonnée par
Dieu. Cette paix est essentielle pour le bien-être de tous. »
Diacre rattaché à Plaisance du Touch, Mr Breteau

Un engagement multiple : individuel mais aussi collectif :
« J'ai construit moi même la synagogue, je considère ce geste comme un engagement
personnel envers la communauté juive. (…) Malgré les contraintes et les difficultés, c'est
une immense satisfaction de voir que le nombre de familles croyantes accueillies a été
multiplié par dix depuis la création de la synagogue. (…) Je suis très heureux dans mon
engagement. » « Ce qu'aime le plus les pratiquants qui viennent ici, c'est l'esprit familial et
convivial qui y règne. »
Président de la Synagogue de Tournefeuille
« Pour moi ce n'est pas la religion, mais une relation personnelle avec le Christ qui est un
engagement. »
Diacre rattaché à Plaisance du Touch, Mr Breteau
« Le secours catholique est très lié à l’Église, sa mission est d'assurer une solidarité qui
vient en aide à tous. »
Secours catholique
«Je m'engage à visiter les personnes et prie pour leurs besoins. Particulièrement pour les
malades. »
Pasteur David Rampaud
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3.Les dérives. Cependant l'engagement religieux peut devenir nuisible à autrui lorsqu'il prend des
formes extrêmes. Certains croyants peuvent adopter une attitude qui se base sur le refus de
toutes évolutions et veulent conserver leurs traditions. Cette intransigeance a pour conséquence
de maintenir l'injustice et les discriminations qui génèrent des mouvements de manifestations
violentes ou encore de terrorismes. L'engagement religieux dans ce cas est un embrigadement
qui mène à la radicalisation de la pensée et des actions. Ces dérives existent dans toutes les
religions. L'Institut Civitas est une association catholique intégriste qui s'oppose violemment au
mariage homosexuel. Les attentats du 7 janvier 2015 contre le journal Charlie Hebdo et du 9
janvier contre l'hypermarché casher ont montré la violence de l'islamisme. Dans le cas de l'attaque
du journal, c'est la liberté d'expression qui est remise en cause. Ces mouvements intégristes
chrétiens, musulmans ou juifs orthodoxes présentent une attitude obscurantiste. Ils s'opposent à
la diffusion du savoir et nient l'évolution sociale et intellectuelle.
Parmi les entretiens que nous avons menés, le directeur de la synagogue de Tournefeuille
considère ces idéologies comme « un cancer de la religion ». Mr Breteau, diacre à Plaisancedu-Touch définit plutôt ces actes comme une déviation de l'engagement : « on peut s’engager
sans limites mais tuer au nom de dieu ce n'est pas un engagement ».
CONCLUSION.
Pour conclure, à travers toutes ces questions que nous nous sommes posées, à nous
mêmes, aux croyants et aux bénévoles de différentes religions, nous avons pu voir que
l’engagement peut être compris de différentes manières. Ces croyances peuvent mener à un
engagement, simplement pour soi-même sans impliquer nécessairement autrui, ou bien à des
actions plus concrètes. Parfois même, ces actions dérivent et sortent alors de l’idéologie initiale.
Nous pouvons alors nous demander : cela reste-t-il un engagement ?
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PRESENTATION DE LA DEMARCHE/
Dès le début de l’année, nous avons cherché à définir le terme d’engagement, à partir de
nos définitions personnelles, et la définition du dictionnaire. Nous avons dégagé plusieurs thèmes
d’engagement : politique, religieux, écologique, militaire ou encore professionnel. Réunis autour
d’une même table, nous n’étions pas d’accord sur le thème à l’origine, mais suite à des débats
suivis d’un vote, nous sommes parvenus à un compromis : celui d’aborder le thème de
l’engagement religieux. Cette démarche nous a donc appris à concilier nos différents points de
vue.
Nous nous sommes alors repartis le travail de recherche. Nous avons cherché des
informations sur : les religions dans l’histoire de France (guerres, lois…), les différentes catégories
de religion (monothéiste, sectes…), les différentes religions (judaïsme, christianisme, islam…), les
associations religieuses ou non, qui s’engagent dans l’humanitaire. Notre travail nous a conduit à
nous interroger sur l’intégrisme et l’extrémisme religieux, les limites donc de la religion.
Vers la moitié de l’année, nous avons fait le point, pour dégager une problématique et les
grandes lignes du plan. Pour enrichir notre réflexion, nous avons décidé de rencontrer les
personnes qui vivent leur engagement au nom de leurs convictions religieuses.
ENTRETIENS:
 Pasteur David RAMPAUD, Eglise Evangélique, Minimes, Toulouse;
 Monique BELLIS, bénévole au Service Accueil, Secours Catholique, Toulouse;
 Le président de la synagogue de Tournefeuille;
 Jean-Louis BRETEAU, diacre à Plaisance-du-Touch, Oustal jean XXIII.
 Nous n’avons pas pu rencontrer un représentant de l’islam mais nous nous sommes
intéressés à l’engagement de Latifa Ibn Ziaten. C’est la mère du premier soldat tué
par Mohamed Merah en 2012. Elle rencontre des adolescents tentés par l’intégrisme
religieux.
SOURCES/
http://www.legifrance.gouv.fr
Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat.
WILLAIME Jean-Paul, « L’approche sociologique des faits religieux », p.64-91, Religions et
modernité, Actes de l’université d’automne de Guebwiller, 27-30 octobre 2003, sous la direction
de Jean-Marie HUSSER, Université Marc Bloch, Strasbourg.
http://eduscol.education.fr/cid46656/l-approche-sociologique-des-faits-religieux.html
BOUZAR Dounia, Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l’enfer. Les éditions de l’Atelier, 2014,
174p.