Anomalies de Chiari et syringomyélies de l`adulte : une série
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Anomalies de Chiari et syringomyélies de l`adulte : une série
Anomalies de Chiari et syringomyélies de l’adulte : une série consécutive de 157 cas N. Aghakhani, B. Baussard, F. Benoudiba, M. Tadié, F. Parker Service de Neurochirurgie, CHU Bicêtre, 78, rue du Général Leclerc, 94275 le Kremlin-Bicêtre cedex Bicêtre, pour tenter de dégager un certain nombre d’informations cliniques et radiologiques importantes pour la prise en charge de ces patients et surtout de discuter les modalités de cette prise en charge chirurgicale (quel patient opérer ? quand et comment l’opérer ? quel suivi proposer ?). L’analyse de nos résultats à long terme permettra de comparer la prise en charge proposée aux données de la littérature armi les malformations de la charnière cervicooccipitale, la malformation de Chiari occupe une place importante, d’abord par sa fréquence et ensuite par le fait que sa physiopathologie a été largement étudiée (2, 9, 20), essentiellement en relation avec la syringomyélie. Depuis le début du siècle plusieurs théories (2, 4, 9, 12, 18, 20, 21) ont vu le jour, concernant l’origine de la malformation de Chiari , sa responsabilité dans la formation et l’extension d’une cavité syringomyélique. L’avènement de l’IRM a permis des avancées importantes tant en ce qui concerne la compréhension physiopathologique de ces entités, qu’en ce qui concerne leur prise en charge thérapeutique (3, 5, 6, 14, 18). Des découvertes récentes sur le plan génétique et embryologique, nous éclaireront peut être de façon plus fondamentale sur la genèse de ces malformations. Dans le présent travail nous ne reprendrons pas l’ensemble des discussions concernant l’histo-embryologie et la physiopathologie des malformations de Chiari et des syringomyélies. Nous nous concentrons sur l’étude et l’analyse détaillée d’une grande série homogène (même institution, série consécutive, bilan clinique et en imagerie ainsi que chirurgie uniforme) de patients pris en charge à P RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 Matériel et méthode Ce travail est basé sur l’étude rétrospective de 157 patients opérés et pris en charge de façon consécutive à Bicêtre. Il s’agit uniquement de patients adultes porteurs d’une syringomyélie due à une malformation de Chiari et qui ont eu au moins une IRM pré opératoire et post opératoire et qui ont au moins un suivi de deux ans. Le diagnostic de malformation de Chiari est basé sur une étude de l’IRM. Le critère retenus sont la descente des amygdales cérébelleuses plus bas que le foramen magnum. L’importance de la descente de ces amygdales cérébelleuses a été classifiée en plusieurs 21 DOSSIER article original N. Aghakhani, B. Baussard, F. Benoudiba, M. Tadié, F. Parker Figures 1 et 2 : Un cas de Syringomyélie foraminale sur anomalie de Chiari avec vue opératoire après ouverture durale et écartement intertonsilaire pour vérifier la perméabilité de la filière ventriculaire (Magendie). - Grade 1 : foramen partiellement comblé, score inférieur à 5. - Grade 2 : foramen totalement comblé, score supérieur ou égal à 5. (se reporter au rapport) ainsi que l’étendue et l’importance du kyste Une classification a été proposée pour mieux analyser l’étendue du kyste : - Catégorie A : longueur égale ou supérieure à 15 cm, index de Vaquero (diamètre antéro-postérieur de la cavité/diamètre antéro-postérieur du cordon médullaire) supérieur ou égal à 50% et des ESA non visibles - Catégorie B : longueur entre 5 et 15 cm, index de Vaquero entre 10% et 50%, et ESA visibles mais amincis - Catégorie C : longueur inférieure ou égale à 5 cm, index de Vaquero inférieur ou égal à 10%, ESA normaux - Catégorie D : signal intramédullaire visible mais non mesurable, voire absence de tout signal pathologique. catégories : descendant plus bas que le foramen magnum, entre C0 et C1, dépassant C1 , entre C1 et C2 et dépassant C2. L’étude en IRM nous a permis aussi d’une part d’analyser un peu plus précisément le degré d’obstruction foraminale et d’autre part l’étendue et la tension au niveau du kyste. Un score visant à quantifier le degré d’obstruction du foramen a été utilisé dans tous les cas où l’on disposait des informations suivantes: - anomalie osseuse de la charnière (2 points). - disparition des espaces sous arachnoïdiens antérieurs (1 point). - état anatomique de la grande citerne: partiellement comblée ( 1 point), absente (2 points). - ectopie amygdalienne: entre C0C1 (1 point), atteignant C1 (2 points), atteignant C2 et/ou le dépassant (3 points). - existence d’une arachnoïdite (2 points). Trois situations ont ainsi été différenciées: - Grade 0 : foramen libre, score à 0. RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 22 Anomalies de Chiari et syringomyélies de l’adulte : une série consécutive de 157 cas Figures 3 et 4 : IRM de flux : étude sagittale semi quantitative avec mesure des circulations de LCS en intrakystique et sous arachnoïdien. Etude dans le plan axial : flux systolique descendant en rouge et flux diastolique ascendant en bleu. IRM de flux : Il s’agit d’une technique d’IRM permettant d’étudier les mouvements du LCS (la dynamique et la vitesse de déplacement). En ce qui concerne la malformation de chiari et la syringomyélie, l’étude vélocimétrique a été efféctuée dans le plan axial, au niveau de la charnière cervico-occipitale, au niveau de la portion la plus large du kyste (en intrakystique) et au niveau des espaces sous arachnoidiens périkystiques (mesure des vitesses systoliques et diastoliques et le temps de survenus du pic systolique). Ceci nous a permis d’obtenir un profil de circulation du LCS au niveau de la charnière et au niveau rachidien et intrakystique. - syndrome sous lésionnel ou atteinte des voies longues (syndrome pyramidal, troubles de la sensibilité profonde et troubles génito sphinctériens) Le déficit moteur a été étudié selon la classification ASIA. Signes et symptomatologie clinique L’ensemble des patients ont été minutieusement examinés sur le plan neurologique. La symptomatologie clinique a été divisée en quatre grands groupes : - douleurs - syndrome centro médullaire ou suspendu associant une amyotrophie une atteinte de la sensibilité thermoalgique et une éventuelle abolition des reflexes ostéotendineux. - syndrome supra médullaire associant le syndrome cérébelleux, signes oculo moteur, le vertige, ataxie, atteinte des paires craniennes, hoquet) Résultats RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 Tous ces patients ont été opérés selon la même technique chirurgicale à savoir une décompression et un élargissement de la fosse postérieure. Nous rediscuterons donc des différents points opératoires importants en fin d’article. Entre 1987 et 2000, 157 patients adultes porteurs de Chiari avec une syringomyélie ont été opérés à Bicêtre. Il y avait 74 hommes et 83 femmes, âgés de 16 à 75 ans avec un âge moyen de 38.3 ans. Les premiers symptômes étaient apparus à l’âge de 30.9 ans en moyenne (+/- 14.9) et les patients avaient évolué à peu près 8 ans avant l’intervention (entre 6 mois et 41 ans). 4 patients nous avaient été adressés après une première intervention réalisée dans un autre centre. 23 N. Aghakhani, B. Baussard, F. Benoudiba, M. Tadié, F. Parker plus haut selon la classification ASIA donc classé entre 0 et 100. Le score d’ASIA moyen était de 91.7 (+/- 11.2) et était rangé entre 36 et 100. Plus de la moitié des patients avaient un score d’ASIA supérieur à 96 et restaient complètement indépendants. Seulement 3 % avaient un score ASIA inférieur à 50. Les troubles d’ordre végétatif étaient présents pour 13 patients (8.28% : hypotension orthostatique 3 cas, hoquet dans 3 cas, arythmie cardiaque dans 3 cas. Chez 10 patients nous avons constaté une aggravation lors des manœuvres de Valsalva. Antécédent Nous avons trouvé une forme familiale de Chiari, un patient opéré avait son frère, sa sœur ainsi qu’un cousin germain qui se présentaient avec la même pathologie. 8 patients (5.09 %) avaient une histoire de naissance difficile avec difficultés de naissance, utilisation de forceps et 3 autres avaient nécessité une réanimation néo natale. 4 patients (2.5 %) avaient des antécédents de méningite, 11 patients avaient des antécédents de traumatisme crânien ou cervical. Chez 5 patients nous avons trouvé une hernie cervicale associée. Les premiers symptômes découverts étaient pour 35% des cas la douleur (16 % de céphalées et 35 % de cervicalgies), le plus souvent aggravées par les mouvements brutaux. Le tableau ci-dessous montre la répartition des premiers signes de la maladie. Douleur Troubles sensitifs Troubles moteurs Troubles de la marche Scoliose Dysphagie Névralgie de V Nystagmus Hoquet Diplopie Vertige Nb de patient % 60 36 27 14 9 3 2 2 2 1 1 157 38.2% 22.9% 17.2% 8.9% 5.7% 1.9% 1.2% 1.2% 1.2% 0.6% 0.6% 100% Syndrome centromédullaire Douleur Syndrome sous lésionnel Syndrome supramédullaire Résultat final 91.7% 70% 48% 40.1% 70% 15% 47% 19.6% Analyse de l’IRM. 96.8 % des patients avaient une malformation de Chiari type I. Dans 17 % des cas les amygdales descendaient entre foramen magnum et C1, 61 % entre C1 et C2 et 22 % les amygdales descendaient plus bas que C2. En plus de cette descente des amygdales cérébelleuses, nous avons découvert une sténose durale dans quatre cas, un épaississement important du ligament atloïdo-occipital dans 15 cas, une impression basilaire dans 11 cas. 5 patients avaient une malformation de Chiari type II. Sur l’IRM nous avons pu constater dans 15 cas des signes d’arachnoïdite, des malformations vertébrale ou de la charnière ont été découvertes à l’occasion de ces IRM à savoir une assimilation de l’atlas dans 6 cas, un bloc C2 ou C3 dans 6 cas. Une hydrocéphalie a été notée pour 13 patiens (8.3 %). Chez 2 de ces patients il existait une communication entre le kyste et le IVème ventricule. Le degré d’obstruction foraminale a été analysé selon la classification proposée. 90 patients avaient une obstruction de grade I, 20 % grade II. Nous avons trouvé dans 4 % des cas une communication entre le IVème ventricule et l’extrémité supérieure du kyste qui se situait dans 92.6 % des cas entre C0 et C4. L’extension du kyste a été analysée ce jour avec la classification proposée et le tableau 2 résume donc cette classification. Dans 10 % des cas le kyste était limité à la région cervicale et dans 3.18 % des cas à la région dorsale. Dans Signes et symptômes au moment de la chirurgie 110 patients présentaient une symptomatologie douloureuse au moment de la chirurgie. Cette douleur pouvait prendre des caractéristiques différentes mais dans la plupart des cas il s’agissait de douleurs neurologiques à type de brûlures, dysesthésies douloureuses associées ou non à une perte sensitive dans le même territoire. Le syndrome centro médullaire était présent dans 91.7 % des cas (144 patients), l’amyotrophie dans 35 % des cas et concernait le plus souvent les membres supérieurs. La dissociation thermoalgique était présente dans 95 % des cas. L’atteinte des voies longues et les signes urinaires étaient présents dans 48 % des cas et l’atteinte supra médullaire dans 40 % des cas. Le déficit moteur a été analysé comme déjà dit RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 Avant chirurgie 24 Anomalies de Chiari et syringomyélies de l’adulte : une série consécutive de 157 cas 2 cas nous avons identifié deux kystes complètement séparés l’un de l’autre chez les patients, un en cervical, l’autre en dorsal, des kystes holocordes ont été retrouvés dans 12.1 % des cas L’étude de l’IRM de flux nous a permis de constater qu’il existait en préoperatoire une absencede flux ou un amortissement des vitesses au niveau du foramen magnum, associée à une hyperkinésie des amygdales. Notre étude confirme la pulsatilité du LCS dans les kystes et montre qu’il existe une corrélation claire entre l’intensité des vitesses systoliques intrakystiques et l’évolution clinique des patients ( plus cette vitesse est élevée, plus il y a des chances d’aggravation). Par ailleurs nous avons constaté que les courbes des vitesses sont modifiées en postopératoire et présentent une diminution de vitesse intrakystique systolique et diastolique. sinus latéral en hauteur et latéralement le plus loin possible en dégageant très largement le trou occipital. Ouverture de l’arc postérieur de C1. Ouverture de C2 est discutée selon le degré de descente des amygdales cérébelleuses. Ouverture habituelle de la dure mère en Y. Ouverture arachnoïdienne. Vérification de la perméabilité du Magendi. Vérification de l’absence d’arachnoïdite puis plastie durale faite soit à l’aide d’un prélèvement de fascia lata, soit à l’aide de matériel synthétique, suturé de manière la plus étanche que possible. Fermeture en plusieurs plans, musculaire aponévrotique sous cutanée et cutanée sans drainage. Constatations opératoires Dans 7% des cas une anomalie de C1 a été constatée (spina ou hémi arc) Une arachnoïdite a été constaté dans 36 cas : elle a été considérée comme modérée dans 20 cas et importante dans 16 cas. Dans 9% des cas une imperforation totale ou partielle de Magendie a été constatée. Dans le cas de ces atteintes importantes, une tentative d’arachnoïdolyse a été réalisée jusqu’à obtenir une circula- Figure 5 : Un cas d’arachnoïdite foramition considérée nale étendue avec un antécédent de traucomme normale à matisme obstétrical. travers le Magendie. L’importance de ces arachnoïdite nous a obligé à une résection amygdalienne. Progression des symptômes La durée moyenne d’évolution avant la chirurgie était de 8.2 ans (entre 6 mois et 41 ans). La majorité des patients (66.2 %) avait une évolution progressive avec une aggravation qui s’installait sur des années alors que 25 d’entre eux (16 %) avaient une aggravation rapide. Cette aggravation rapide était due soit à un traumatisme, des efforts d’éternuement ou de toux, un effort physique ou pour quelques patientes au moment de l’accouchement. Chirurgie Tous les patients ont été opérés à cause d’une aggravation de la symptomatologie. Quatre patients nous ont été transférés suite à une première intervention réalisée dans un autre centre avec des résultats négatifs, opérés 10, 16, 24 mois et 13 ans après la chirurgie initiale. La majorité des patients ont été opérés en position décubitus ventral, seuls 22 patients pour la majorité des patients anciens ont été opérés en position assise, position qui a été abandonnée très rapidement compte tenu des risques connus de cette position et de l’absence d’avantage évident pour le patient et pour le chirurgien Réintervention Les 4 patients qui ont été opérés dans un autre centre et qui nous été réadressés secondairement, dans 2 cas ils avaient d’abord eu une dérivation syringo péritonéale et dans 2 cas l’intervention initiale consistait en une décompression de fosse postérieure. Ces 4 patients ont eu une décompression de fosse postérieure dans le service. Dans les 2 cas où la première intervention consistait en une ouverture de la fosse postérieure, il nous semblait que cette décompression était Technique opératoire La technique opératoire classique proposée dans ce type de chirurgie : Anesthésie générale, antibiothérapie prophylactique , décubitus ventral tête en flexion et en rectitude. Abord habituel de l’écaille occipitale et du rachis cervical supérieur. Craniotomie occipitale le plus large que possible, remontant jusqu’au niveau du RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 25 N. Aghakhani, B. Baussard, F. Benoudiba, M. Tadié, F. Parker n’était pas modifiée de façon statistiquement significative même si une tendance à l’amélioration existait. insuffisante. Six autres patients ont été réopérés dans le service en moyenne 38 mois après l’intervention initiale. Ces patients ont été réopérés pour cause de persistance ou de progression des symptômes après la première intervention. Deux patients ont eu une nouvelle décompression de fosse postérieure puisque la première intervention semblait insuffisante au scanner et l’IRM post opératoires . Dans 3 cas une dérivation ventriculo-péritonéale a été posée compte tenu d’une hydrocéphalie qui n’était pas résolue après la décompression de fosse postérieure. Dans 1 cas un patient a eu deux interventions de drainage kysto péritonéal compte tenu de la persistance d’une cavité tendue et de l’augmentation des symptômes malgré une bonne décompression de la fosse postérieure. L’IRM Le tableau résume l’évolution de la cavité syringomyélique en pré et post opératoire. Chez 29 patients le kyste a complètement disparu et simplement dans 3 % des cas la syrinx montrait une évolution dans le sens de l’aggravation en post opératoire. Préoperatoire Nb patients % Nb patients % 91 51 15 0 157 57.97% 32.48% 9.55% 0% 13 59 55 29 156 (1 décès) 8.34% 37.82% 35.25% 18.59% Grade A Grade B Grade C Grade D Résultats de la chirurgie Résultats immédiats et complications : 1 patient est décédé dans les suites opératoires d’une embolie pulmonaire. 1 patient est grabataire et a été hospitalisé pour une longue périodecompte tenu d’une défaillance pulmonaire. La première évaluation neurologique qui a été réalisée au cours du premier mois après l’intervention montrait que 88 patients (56.5 %) étaient stabilisés 54 (34.4 %) étaient améliorés et 14 (8.91 %) aggravés. L’aggravation neurologique concernait essentiellement une atteinte des paires crâniennes dans 3 cas, aggravation du déficit moteur dans 3 cas, apparition d’une ataxie ou de troubles urinaires dans 1 et 2 cas respectivement. Chez 5 patients les douleurs cervicales et des membres étaient aggravées après l’intervention. Nous déplorons 6 cas de méningite bactérienne , 2 méningites aseptiques et dans 6 autres cas une fièvre inexpliquée a été constatée chez les patients. Une collection sous cutanée du LCR a été constatée dans 5 cas, dans 1 cas nécessitant une intervention pour évacuer la collection et rétablir l’étanchéité durale. Résultat final 100 pré-opératoire 90 post-opératoire 80 70 60 50 40 30 20 10 0 A B C D Résultats à long terme La durée moyenne de suivi est de 81.7 mois. A la fin de l’étude 99 patients (63.5 %) étaient améliorés, 48 (30.58 %) étaient stabilisés et 9 (5.17 %) étaient aggravés. Résultats en terme de symptôme clinique avant et après la chirurgie L’amélioration des douleurs et de la symptomatologie supra et centro médullaire est statistiquement significative ( p<0.0001 pour la douleur, p<0.001 pour le syndrome supra médullaire, p< 0.0001 pour le syndrome suspendu) L’atteinte des voies longues (syndrome sous lésionnel) RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 Figure 6 : IRM de contrôle post-opératoire avec reconstitution d’une néo-grande citerne circulante. 26 Anomalies de Chiari et syringomyélies de l’adulte : une série consécutive de 157 cas La comparaison des résultats cliniques obtenus en fonction du type d’intervention utilisée montre une différence significative en faveur de l’intervention de décompression de la fosse posterieure (p=0,002). Il en est de même en ce qui concerne les résultats obtenus sur le kyste (P=0,001). Corrélation Avec les résultats obtenus il était logique de rechercher l’absence ou l’existence de lien entre les grands items caractérisant la maladie Le niveau de l’atteinte clinique au moment de la prise en charge thérapeutique évaluée à l’aide de l’échelle que nous avons proposée n’est pas influencé par : l’âge au moment du premier signe, l’âge au moment du diagnostic, le délai d’évolution avant l’intervention, le degré d’obstruction du foramen (p=0,06), l’importance de la formation kystique évaluée dans ses critères morphologiques à l’aide de la classification proposée. En ce qui concerne l’âge et la durée d’évolution préopératoire, il semble néanmoins que (tendance statistique, non significative) plus l’évolution est longue, plus les patients sont atteints (évolution naturelle de la maladie), et moins spectaculaire sont les résultats à long terme après intervention. Cette atteinte fonctionnelle et clinique était, par contre influencée par l’existence d’une arachnoïdite qui était un facteur de gravité (p=0,03). L’existence d’une arachnoïdite ou d’une anomalie osseuse de la charnière était clairement corrélée (p=0,0001 et 0,03 respectivement) à une obstruction importante du foramen (grade 2). La taille du kyste était corrélée de façon significative (p=0,04) au degré d’obstruction foraminale. La taille du kyste n’influençait pas l’existence d’un syndrome sous-lésionnel . L’existence des antécédents obstétricaux ou d’arachnoïdite n’influençait pas la qualité des résultats obtenus, par contre les patients qui avaient une arachnoïdite avaient un état fonctionnel plus dégradé que les autres (p=0,03). En fait l’existence d’une arachnoïdite influençait donc indirectement les résultats définitifs, puisque les patients partaient d’un état plus détérioré que la moyenne de la population . C’est probablement cet élément qui exprime la gravité particulière des syringomyélies avec arachnoïdite plutôt qu’une moins bonne réponse au traitement. Il existe une bonne corrélation entre la taille du kyste en postopératoire et l’état clinique en postopératoire (p=0,002) : si un gros kyste persiste, les patients sont fonctionnellement plus atteints et à l’inverse un patient classé dans une catégorie élevée (classe 2 ou 3 par exemple) a plus de chance d’avoir un grand kyste qu’un autre patient en classe 0 ou 1. Ceci permet de dire que la taille du kyste en postopératoire est un bon indicateur du résultat obtenu et que l’un des objectifs du traitement doit être la diminution ou même l’affaissement du kyste. RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 Discussion Nous n’allons pas revenir dans cet article sur l’ensemble des discussions et des données actuellement disponibles en littérature et sur la pathogénie et la physiopathologie de la malformation de Chiari et de la syringomyélie. Actuellement il est clairement admis par différents auteurs que la syringomyélie dans ces pathologies est due à un obstacle à la circulation du liquide céphalo rachidien au niveau de la charnière cervico occipitale. Il est donc logique de proposer une intervention à ce niveau en cas de Chiari symptomatique. Les points importants qui restent à discuter au jour d’aujourd’hui sont donc les techniques opératoires proposées ( 1, 7, 15, 16) et les critères permettant de choisir les patients qu’il faut opérer (12, 13, 14, 18), quand il faut les opérer et que faire en cas d’échec pour la première intervention. Technique opératoire proposée Historiquement plusieurs types d’interventions étaient proposées pour les syringomyélies malformatives, à savoir les différents types de drainage kystique (kysto sous arachnoïdien, kysto péritonéal ) dérivation ventriculo péritonéale, et les décompressions de la fosse postérieure avec différentes modalités de cette intervention. Compte tenu des progrès de la physiopathologie et l’apport de l’IRM et surtout de l’IRM de flux comme dit précédemment, l’obstacle initial de la circulation du liquide céphalo rachidien qui cause cette syringomyélie se situe au niveau de la charnière cervico occipitale donc on s’oriente plutôt vers cette région pour proposer une intervention chirurgicale. Différents auteurs ont décrit différentes modalités de cette intervention à savoir juste une décompression osseuse avec ou sans ouverture de la dure mère, dédoublement de la dure mère, ouverture ou non de l’arachnoïde, résection systématique des amygdales cérébelleuses ou pas (1, 7, 15, 16). Dans notre expérience, le traitement a consisté en pratiquement toujours en le même type d’intervention, à savoir une décompression osseuse la plus large que possible, 27 N. Aghakhani, B. Baussard, F. Benoudiba, M. Tadié, F. Parker leurs, soit de la symptomatologie neurologique ou alors si d’emblée les douleurs ou la symptomatologie neurologique sont parlantes, une intervention est proposée et réalisée le plus rapidement possible. ouverture large de la dure mère, ouverture arachnoïdienne, exploration de la sortie du Magendi et vérification du bon écoulement du LCR puis une plastie durale d’élargissement à l’aide de fascia lata ou de matériel synthétique. Avec ce type d’intervention nous avons obtenu les mêmes résultats, sinon de meilleures résultats que la plupart des séries publiées dans la littérature qui regroupaient un nombre moins important de patients. Ceci permet de dire que ce type d’intervention peut être proposé sans aucune arrière pensée pour des syringomyélies malformatives. Ceci étant dit plusieurs points restent à respecter lors de ces interventions L’ouverture osseuse doit être large et donc intéresser l’ensemble de la fosse postérieure, aller en hauteur jusqu’au relief du sinus latéral et latéralement ouvrir largement le trou occipital le plus loin possible. La résection de C1 est systématique et C2 doit être réséquée si l’amygdale cérébelleuse descend plus bas. Une résection amygdalienne n’est pas nécessaire et surtout pas systématique. Une exploration de l’orifice de sortie du IVème ventricule est nécessaire ce qui permet de vérifier le bon écoulement du LCR et l’absence d’arachnoïdite. En cas d’arachnoïdite à ce niveau une dissection arachnoïdienne est nécessaire jusqu’à l’obtention d’un bon écoulement du LCR. La dure mère doit être fermée le plus étanchement que possible pour empêcher les complications post opératoires à type de méningocèle ou fuite de LCR. Quand réoperer et quels patients réopérés ? La question de réintervention se poste pour un certain nombre de patients qui continuent leur évolution clinique après une intervention, c’est à dire continuent à progressivement s’aggraver ou gardent la même symptomatologie importante et gênante dans la vie de tous les jours ou alors des patients qui après une période d’amélioration revoient de nouveau une aggravation apparaître. Avant de discuter à proprement parler les indications de réintervention et les types d’intervention à proposer nous pensons qu’il est nécessaire de revoir un certain nombre de résultats et le détail et corrélation que nous avons obtenus après l’étude de ces malades. Nous avons vu que la taille du kyste était corrélée de façon significative au degré d’obstruction foraminale et donc plus l’obstruction est importante plus il y a de chance d’avoir un kyste de taille importante. Il existait aussi une bonne corrélation entre la taille du kyste en post opératoire et l’état clinique en post opératoire ce qui veut dire que si un gros kyste persiste, les patients ont plus de chance à être fonctionnellement plus atteints et à l’inverse, un patient classé dans une catégorie élevé à plus de « chance » d’avoir un grand kyste qu’un autre patient. Ceci permet de dire que la taille du kyste en post opératoire serait un bon indicateur du résultat obtenu et qu’un des objectifs du traitement doit être la diminution, voire l’affaissement complet du kyste. D’autre part, et probablement le plus important est l’objectif qui était de rétablir une circulation normale du liquide céphalo rachidien au niveau de la charnière cervico-occipitale au prix d’une décompression ostéo durale la plus large que possible. Dernier point, il s’agit d’une maladie à évolution très longue et lente et donc les courts suivis ne présagent pas de l’évolution ultérieure de la maladie. Il est nécessaire de suivre les patients sur de longues durées avant d’ affirmer une stabilisation de la symptomatologie. Ces suivis doivent être cliniques, en résonance magnétique nucléaire aussi bien morphologique que de flux. La mesure des vitesse intra kystiques systoliques et diastoliques est une aide supplémentaire : en cas VIKS > 2.3 cm/s ou VIKD >1.5 cm/s une surveillance très attentive sera proposée (plus de risque d’aggravation et d’évolution défavorable). Quels patients faut-il opérer, quand intervenir et comment ? Nos résultats cliniques à long terme ont montré que la majorité des patients (93 % des patients) s’améliore ou reste stable après une telle intervention. Ces résultats nous poussent vers des interventions plus précoces. Quoi qu’il en soit il s’agit d’intervention sur la fosse postérieure avec certaines possibilités de complications et de séquelles et donc il est difficile de proposer d’emblée à tout patient porteur d’une syringomyélie avec malformation de Chiari. Un autre élément qu’il faut considérer et garder présent à l’esprit pour poser les indications opératoires c’est que rester stable pour un patient qui est gravement atteint, voire grabataire n’est pas forcément un bon résultat. Tout ceci nous pousse à proposer l’intervention chirurgicale à ces patients dès qu’une évolutivité clinique ou une gêne importante est constatée et infirmée. A partir du moment donc où le diagnostic est posé et qu’on constate une évolution et une aggravation, soit des douRACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 28 Anomalies de Chiari et syringomyélies de l’adulte : une série consécutive de 157 cas Plusieurs évolutions sont possibles en cas d’amélioration nette et d’affaissement du kyste et la normalisation du flux au niveau de la charnière, le résultat peut être considéré comme satisfaisant et un suivi simple pourra être de mise. Si l’état du patient est stabilisé mais le kyste reste tendu et présent et le flux non synchrone, il faut être très vigilant sur l’évolution clinique et l’apparition de la moindre détérioration clinique, rediscuter une intervention. Dans ce cas, si l’IRM morphologique montre l’absence d’une décompres- sion suffisante au niveau de la charnière cervico occipitale et/ou absence d’une néo grande citerne, et l’IRM de flux ne montre pas de rétablissement normal à ce niveau, une nouvelle intervention au niveau de la charnière sera proposée pour tenter un agrandissement encore plus important et un rétablissement d’un flux normal à ce niveau. Par contre si ces deux examens montrent une décompression satisfaisante au niveau de la charnière, il faudra éventuellement discuter le recours à une dérivation kysto-péritonéale. Conclusion On peut dire que les syringomyélies malformatives liées aux malformations de Chiai au niveau de la charnière restent une pathologie complexe et difficile à prendre en charge. Le traitement reste chirurgical. Nous pensons qu’il faut proposer une intervention chirurgicale dès que la symptomatologie est gênante pour la vie de tous les jours et empêche une vie normale ou alors si l’évolution est certifiée. Au jour d’aujourd’hui nous ne pouvons plus nous passer de l’apport de l’IRM et surtout de l’IRM de flux au niveau de la charnière cervico-occipitale ou au niveau du kyste, aussi bien pour l’indication opératoire que pour le suivi de ces patients. La chirurgie donne de très bons résultats notamment sur les douleurs en post opératoire avec des complications et des aggravations qui sont de l’ordre de l’acceptable. Un long suivi est nécessaire avant de pouvoir parler d’une stabilisation et nous devons être toujours attentif au discours et aux plaintes des patients puisqu’une aggravation est toujours possible, même très tardivement par rapport à l’intervention ou à la prise en charge initiale. Les réinterventions peuvent se discuter en cas d’aggravation secondaire selon le schéma que nous avons proposé et à l’aide d’une corrélation anatomo-clinique et l’utilisation de l’imagerie de flux. ■ RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 29 RACHIS - Vol. 17, n°1, Mars 2005 30 24 56 32 11 14 75 70 28 52 98 29 54 17 10 36 30 40 54 1991 1993 1986 1993 1991 1998 1995 1990 1983 1989 1993 1992 1991 1994 1993 1990 1993 1993 2004 Batzdorf Blagodatsky Cahan Firsching Fuji Guyotat Hida Isu Levy Matsumoto Milhorat Morgan Pillay Sahuquillo VanVelthoven Vaquero Versari Williams Total moyenne Notre série 35,96 38.3 34 40 44 38,5 35 40 27 41 30 29 33 38 38 Age 60% 70.06% 64% 66% 73% 39% 65% 37% 71% 61% 35% 40.12% 63% 64% 23% 43% 18% 24% 21% 25% Douleur Supraméd 39% 50% 70% 43% 56% 48% 55% 60% 91.7% 53% 90% 77% 64% 43% 52% Suspendu 61% Souslés 0 27 37 28 11 6 9 0 8 1 7 0 11 8 100% 57% 63.5% 46% 30% 94% 83% 53% 80% 56% 27% 63% 83% 54% 61% 14% 27% 57% 36% 75% 88% 82% 97% 26% 30.58% 27% 30% 6% 9% 35% 20% 36% 40% 23% 9% 0% 42% 21% 46% 37% 29% 28% 13% 12% 17% 5.17% 27% 40% 0% 8% 12% 0% 8% 33% 15% 8% 3% 4% 14% 40% 36% 14% 32% 12% 0% Drainage Améliorés Inchangés Aggravés 647 (81%) 153(19%) 2 117 90 3 54 17 10 27 15 40 54 24 56 26 0 13 50 8 8 33 DFP 0,6% 0,63% 4% 4% Décès 43% 3.82% 21% 34% 675% Réop. 49,33 81.7 12 168 40 12 38 75 45 6 70 52 50 24 Recul * Tableau : Séries de la littérature. Supraméd: Syndrome supramédullaire, Souslés: Syndrome souslésionnel, Réop: Réintervention, *: recul en mois DFP: Décompression de la fosse postérieure, DVP: Dérivation ventriculopéritonéale, RA: Résection amygdalienne, T: Voie trans-orale, S: Syringostomies, P: Plugging obex. 157 730 Nb Année Auteur N. Aghakhani, B. Baussard, F. Benoudiba, M. Tadié, F. Parker Anomalies de Chiari et syringomyélies de l’adulte : une série consécutive de 157 cas Bibliographie 1. Aghakhani N, Parker F, Tadie M. Syringomyelie et anomalie de Chiari. Neurochirurgie 1999 Jun;45 Suppl 1:23-36. 2. Batzdorf U. Syringomyelia: current concepts in diagnosis and treatment. in Williams and Wilkins1991, Los Angeles California, USA. 3. Brugieres P, Iffenecker C, Hurth M, Parker F, Fuerxer F, Idy-Peretti I, Bittoun J. Apport de l’exploration vélocimétrique en IRM dans l’exploration des kystes syringomyéliques. Neurochirurgie 1999 Jun;45 Suppl 1:115-29. 4. Cahan L.D, Bentson J.R. 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