Discours du 18 juin Le 16 juin 1940, à Bordeaux - Le Mesnil-le-Roi

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Discours du 18 juin Le 16 juin 1940, à Bordeaux - Le Mesnil-le-Roi
Discours du 18 juin
Le 16 juin 1940, à Bordeaux, où s’est réfugié le
gouvernement français, l’atmosphère est au
défaitisme : Reynaud a démissionné, Pétain lui
succède.
Le 17 juin, les Allemands sont sur la Loire. Ils
finissent d’encercler les armées de l’Est et
détiennent un million de prisonniers. Des millions
de réfugiés civils fuient la progression de l’armée
ennemie.
A 12h20, le maréchal Pétain annonce à la radio :
"…Sûr de l'affection de notre admirable armée,…
sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à
la France le don de ma personne pour atténuer
son malheur…. C'est le cœur serré que je vous
dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat".
Le 18 juin, Winston Churchill, célèbre à
manière, devant le Parlement britannique,
125ème anniversaire de la victoire de Waterloo
enjoignant ces concitoyens à « s’armer
courage pour faire face à ses devoirs ».
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le
en
de
Ce 18 juin, vers 19h, un général à titre temporaire
"naufragé de la désolation sur les rivages de
l’Angleterre", comme il l’écrira, lance un appel au
français sur les ondes de la BBC : " Le dernier
mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ?
La défaite est-elle définitive ? Non ! …Cette
guerre est une guerre mondiale… Quoi qu'il
arrive, la flamme de la résistance française ne
doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas".
Pour le général de Gaulle, ce n’est pas la carence
de l’armée qui explique la défaite mais la
déliquescence de l’Etat et la trahison de ses
élites politiques et militaires.
Rares sont ceux qui entendirent cet appel et, plus
rares encore, furent ceux qui auraient imaginé
que le 18 juin 1940 allait devenir le 18 Juin que
nous célébrons aujourd’hui, à la fois symbole du
refus, symbole de l'esprit résistant et symbole,
selon les mots du Général de " l'honneur, de la
raison et de l'intérêt national ".
A défaut d’avoir entendu l’Appel, les premiers
résistants ont su très tôt que de Gaulle avait été
le premier à dire « non » et à le faire savoir, grâce
au miracle de la radio ; qu’il avait été
apparemment le seul, puisque la brutalité de la
défaite avait tétanisé le peuple et que le
gouvernement du Maréchal Pétain avait contraint
au silence les rares protestataires potentiels.
La manifestation de milliers d’étudiants parisiens,
le 11 novembre 1940, à l'Arc de Triomphe,
précédée de deux perches en bois, deux gaules,
est l’un des premiers et éclatants témoignages de
cette prise de conscience de ce que représentait
le « non » du Général.
Cet Appel est visionnaire : la conscience d’une
guerre, non pas nationale, mais mondiale et la
nécessité de la résistance.
Le long, opiniâtre et périlleux travail de la
Résistance commençait.
Des ouvriers, paysans, ingénieurs, soldats,
décidèrent de répondre à cet appel et de relever
le défi : continuer le combat, faire la guerre à la
guerre jusqu'à la victoire.
Par le bouche-à-oreille, dans tous les milieux de
la société, dans l'ombre de la clandestinité et
prenant tous les risques, des femmes et des
hommes déterminés ont peu à peu dit NON, se
sont organisés et ont pris part à la victoire,
souvent au péril de leur vie.
C’est un acte fondateur qui jouera un grand rôle
pour l’affirmation de la France libre et sa
présence au rang des vainqueurs le 8 mai 1945.
Les
étapes
suivantes
sont
connues :
l'engagement de Français Libres sur tous les
théâtres de combat, la gloire de Bir Hakeim, la
création d'un Comité national de la Résistance,
puis, à partir de 1942 l'adhésion des mouvements
de résistance.
« Soldats de France, où que vous soyez,
debout ! » lançait de Gaulle le 19 juin 1940 à la
BBC.
Juin 1940 avait été le point le plus bas de
l'histoire française, sans doute depuis des
siècles. La perspective change : Juin 1940
apparaît comme le début de la remontée. La
libération de Paris et le sacre populaire du 25
août 1944 qui investit de Gaulle des Champs
Elysées à Notre Dame achèvent de donner son
sens au 18 Juin.
L'Appel incarne le refus, l’indignation mais aussi
l’espérance autour des valeurs de l'humanisme et
du dévouement aux autres, jusqu'au sacrifice
suprême.
Comment ne pas citer, une fois encore, André
Malraux : « L'appel apporte une affirmation,
presque une révélation, qui légitime ce
qu'espèrent et n'osent espérer presque tous les
Français, même ceux qui sont alors fidèles à
Pétain : "La France n'est pas morte. " L'essentiel
est là… Il s'agit moins de former un corps de
bataille que de témoigner, moins de prophétiser
la victoire finale que d'affirmer une réalité
présente. " La France n'est pas morte. " Une idée
toute simple, perceptible pour tous. Le 18 juin, il
s'agit de rendre confiance. Il répète trois fois : "
La France n'est pas seule ". Il prophétise la
victoire, mais ce qu'il veut, dès le 18 juin, c'est
d'abord délivrer la France de son propre
abandon. " Idée importante, fondamentale."
Le 18 juin est, pour nous, aujourd’hui, une leçon
mémorielle qu’il serait bon de retenir.
Vive la République ! Vive la France !